Henri Matisse est né le 31 décembre 1869 au Cateau-
Son père le destinait à une carrière juridique
En août 1888 il étudie le droit à Paris sans visiter pendant un an un musée
Il devient clerc d'avoué à Saint Quentin
Après une appendicite il subit une hospitalisation prolongée
Son voisin de chambre copiait des chromos et il voulut l'imiter pour tromper son ennui. Sa mère lui offrit une boîte de couleurs
De retour à Saint Quentin il suivit des cours de dessin chaque matin avant de se rendre à son travail
Il s'initia tout seul à la peinture en lisant "La manière de peindre"
En octobre 1892 il revint à Paris pour suivre les cours du soir de l'Ecole des Arts Décoratifs
Forte amitié avec son condisciple Albert Marquet qu'il défendit des quolibets des autres car Marquet souffrait d'une légère claudication.
Il fut l'élève de Moreau qui était un excellent pédagogue
Selon Moreau "le but de la couleur n'est pas d'essayer de reproduire le réel; elle doit au contraire l'interpréter de façon à toucher non seulement l'oeil mais le cerveau"
Matisse "Tout ce qui n'a pas d'utilité dans le tableau est par là-
Il n'y a rien dans un tableau de Matisse qui ne soit strictement nécessaire
Matisse ne fut pas le chef d'une Ecole fauviste mais il était l'aîné parmi ses camarades et on le respectait : "le docteur"
Mourut en 1954 à 85 ans
MATISSE AVANT 1905
ROCHERS À BELLE-
Matisse est encore impressionné par l’étude directe de la nature, à peu près sans transpositions ni simplifications
Il use beaucoup de tons violacés et bleus dans ses lointains
En été 1896 Matisse séjourne à Belle-
Matisse a dit qu'il était rentré à Paris " avec la passion des couleurs de l'arc en ciel"
LA DESSERTE
Ce tableau qui est sa première composition importante est un hommage à son maître Moreau
Il introduit quelques traits nouveaux en donnant un éclat lumineux rendu par des blancs et surtout des tons vifs
La serveuse qui se penche sur la table porte la petite coiffe avec des tortillons en arrière
Matisse emprunta des verres, de la vaisselle et des sièges à l’épouse d’un de ses cousins
La vaisselle coûteuse de la classe moyenne aisée s’allie avec la simple tenue de travail d’une fille de la campagne
Pour acheter des fruits et des fleurs, Matisse dans l’hiver parisien dépensa au-
Pour conserver la fraîcheur des fruits, Matisse travaille en manteau, gants aux mains
Matisse avait entamé son travail avec sa palette traditionnelle de bruns de terre
Matisse fut surpris devant le résultat final qui donnait un grand rôle à la couleur
La tonalité générale de la toile est lumineuse
Cette clarté est exaltée par les tons chauds du vin rouge des carafes, du corsage marron de la servante et du fond vert bleuté
Ses amis, Camille au premier rang, convaincus qu’un tel tableau ne se vendrait jamais le suppliaient de peindre comme ses amis
Durand Ruel lui explique qu’il ne doit rien avoir de commun avec l’invendable Paul Cézanne
Seul Pisarro l’encourage “Très bien mon ami, vous êtes doué. Travaillez et n’écoutez personne”
Son maître Gustave Moreau est content car “les carafes sont bien d’aplomb” et qu’il
peut poser son chapeau sur les bouchons. “C’est l’essentiel” dit-
Matisse cédé pour 200 francs la toile à Vollard qui la revendit aussitôt 1.500 francs à un amateur berlinois
En 1898 il séjourne cinq mois en Corse, séjour qui lui apporte la révélation de la nature méridionale, notamment de sa lumière qui accélère l'évolution de sa peinture dans le sens de l'expression par la couleur
L'OLIVIER CORSE
Son enthousiasme pour la lumière méditerranéenne le conduit à peindre clair, souple et libre
Ce séjour est une étape importante qui le guide vers le fauvisme
LA COUR DU MOULIN CORSE
Certaines toiles corses montrent que Matisse s'oriente vers la négation du fini
Des taches colorées font éclater les formes
Ce qui compte pour lui c'est de traduire le choc ressenti devant la nature et non l'objet qui est à la source de cette émotion
Il disait que ses toiles corses contenaient "les lueurs du fauvisme"
NOTRE-
Rentré à Paris il veut réagir contre le style fougueux des paysages corses par une organisation rigoureuse de la surface
Il passe l'été 1904 à Saint-
LE GOLFE DE SAINT-
Il essaie mais il ne parvient pas à peindre dans le cadre des règle strictes de la théorie divisionniste
VUE DE SAINT-
Le dessin est secondaire
Matisse traduit son émotion essentiellement par la couleur utilisée sans le souci d'une application orthodoxe des règles divisionnistes
Les tons purs sans épaisseur se renforcent grâce à des contrastes et grâce au blanc du support qui sert de passage entre ces tons purs
Les contours apparaissent rarement
Quand il n'y a pas de blanc les contours s'affrontent directement
Matisse construit l'espace par le rapport des plans colorés contrastés
LUXE, CALME ET VOLUPTÉ
Cette oeuvre est un tournant de grande importance dans l’oeuvre de Matisse
Le tableau suit les règles du divisionnisme de Signac
Mais Matisse ne peut s'empêcher de dessiner, de marquer les contours d'un trait continu ainsi que de suggérer le modelé des corps par la direction des touches
Le style est néo-
Ce tableau ne correspond pas au tempérament de Matisse même si les couleurs employées sont celles qui seront utilisées pour les oeuvres fauves
Ce style est dû à l’influence de Signac avec lequel il passe l’été 1904 à Saint Tropez
Poème de Baudelaire “L’invitation au voyage” :”Là, tout n’est qu’est ordre et beauté, luxe, calme et volupté”
Au premier une plage qui s’étend vers la gauche tandis qu’à droite s’ouvre une baie
Le tronc d’arbre est lié par une technique presque cézannienne au mât du bateau échoué sur la plage
Un groupe de femmes dans des attitudes paresseuses et détendues occupe le rivage
Les restes d’un pique-
Les nymphes de Matisse évoluent en toute liberté dans un Eden fabuleux dont la composition parfaitement décorative marie les couches molles des collines à la diagonale sinueuse qui délimite la plage et au ferme contrepoint de la verticale de l’arbre à droite
Matisse ne présente que des femmes, pas de connotation érotique
L’ombre noire derrière le personnage proche de l’arbre et les ombres verdâtres sous les figures assises et couchées annoncent une technique qu’il emploiera plus tard
La touche qui ici est très travaillée sera remplacée par une plus grande spontanéité dans “ La joie de vivre”
Le divisionnisme apporte à Matisse une invitation pratique à la primauté de la couleur
Le principe fondamental du divisionnisme est que c’est l’oeil lui-
La technique pointilliste de Signac fait chanter les couleurs sur la toile en les imprégnant de lumière en un jeu continuel de reflets scintillants
Il ne peint pas comme Signac à l’aide de petites touches rondes
Il décompose et recompose les objets, les gens et les végétaux en employant des touches rectangulaires de couleur pure et flamboyante
Composition rigoureuse appuyée sur des triangles
Le tronc d’arbre vertical qui coupe l’horizon apporte un calme absolu
Nombreuses esquisses et études préparatoires
Le tableau rappelle “Le déjeuner sur l’herbe” de Monet
Signac a écrit qu’avec ce tableau Matisse s’arroge le pouvoir de transposer , de transformer “De cet arbre chevelu, supprimant branches est feuillages, il fait un cylindre nu, ne ressemblant en rien à ce que la nature lui offrait”
Ce tableau fit sensation au Salon des Indépendants de 1905 et Signac acheta la toile qui pendant 40 ans décorera la salle à manger de sa villa “La Hune” à St Tropez
Matisse écrira en 1929 : “Le morcellement de la couleur amena le morcellement de la forme, du contour. Résultat : une surface sautillante.
Il n’y a qu’une sensation rétinienne mais qui détruit la tranquillité de la surface et du contour. Les objets ne se différencient que par la luminosité qu’on leur donne. Je ne suis pas resté dans cette voie et je peignis par aplats en recherchant la qualité du tableau par un accord de toutes les couleurs plates”
FEMME AU CHAPEAU
La critique de 1905 est unanime à honnir cette toile
Marcel Sembat a écrit “Le bon public voyait en lui le Désordre incarné, la furieuse rupture avec toute tradition”
Elle figure au Salon d’Automne avec les toiles flamboyantes du groupe que Vauxcelles a appelé “Les Fauves”
Leo Stein “Voilà le plus vilain barbouillage que j’ai vu de ma vie”
Mais une semaine avant la fin du Salon la toile est achetée par Leo et Gertrude Stein qui demandent à Matisse de baisser le prix de 500 à 300 francs
La situation financière de Matisse n’a jamais été aussi critique mais Madame Matisse insiste pour ne pas céder sur le prix fixé
Pourtant ce tableau a surpris par:
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La couleur qui va du jaune au vert pour le visage, opte pour le rouge s’agissant des cheveux et vire au mauve et au violet quant au chapeau
Elle a pourtant un côté pastel et réjouissant, jamais brutal
Aujourd’hui ce tableau paraît comme un arc en ciel harmonieux, un bouquet champêtre séduisant
MADAME MATISSE, PORTRAIT À LA RAIE VERTE
La présence d’Amélie s’affirme avec force au centre de l’oeuvre de Matisse
Ici, elle est l’élément clé d’une composition colorée – orange et violet, vert turquoise et rouge – où sa tête est surmontée d’une masse de cheveux bleu noir, et son visage partagé en deux par une large bande verte qui donne son titre au tableau
Equilibre des couleurs totalement saturées
Peu de toiles fauves reposent aussi complètement sur la seule couleur
Puissante sérénité qui émane du regard tranquille du modèle, de la courbe bien dessinée de ses sourcils, de la fermeté de son menton et du haut chignon qui se dresse sur la tête
L’unité formée par la tête et les surfaces de couleurs qui l’entourent est maintenu par l’interférence des tons chairs : le côté gauche du visage répond au vert du côté droit du tableau; le côté droit plus rose correspond à l’orange du côté gauche
Mais malgré ces effets chromatique l’artiste veut faire un portrait ressemblant, il ne se contente pas d’étudier les plans et les structures
Il nous communique le port digne et l’équilibre assuré du modèle
LA SIESTE
L'espace intérieur uniquement traité en aplats occupe les trois quarts du tableau et le paysage découpé par la fenêtre se résume à quelques notes schématiques
Deux figures sont présentes, mais à peine, aplaties en silhouettes
L'intérêt du tableau tient au vocabulaire pictural nouveau qui se met en place :
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LA FENÊTRE OUVERTE À COLLIOURE
Ce tableau exprime le sentiment fort chez Matisse que le peintre donne accès à un autre monde : à travers une fenêtre ouverte se laisse entrevoir le mystère qu’il avait contemplé, adolescent, du fond d’une étude d’avoué à Bohain
Ce tableau est un des principaux chefs d’oeuvre du mouvement fauve
Matisse se libère des contraintes néo-
La vue du port de Collioure est une toile dans la toile
Le lierre qui s’accroche au balcon souligne les préférences de Matisse pour la nature cultivée
Différence de facture entre l’intérieur et l’extérieur pour séparer deux mondes distincts
Dans cette toile, le cadre est plus important que la vue
La diversité expressive de la touche est une riposte aux plaidoyers de Signac pour une trame régulière de petits coups de pinceau uniformes
VUE DE COLLIOURE, L’ÉGLISE
Le 16 mai 1905 Matisse arrive à Collioure
Avec 120 bateaux Collioure est un port de pêche actif et possède le monopole de fait de la vente d’anchois et de sardines conservés dans l’huile et la saumure
Surtout le coût de la vie y est modique
Le style néo-
Le point de vue élevé semble indiquer que Matisse s’était placé sur une terrasse
LES TOITS DE COLLIOURE
C’est l’un des paysages les plus lumineux et les plus fermement maîtrisés de Matisse en 1905
Dessin préalable très soigneux destiné à mettre en place les grandes lignes de la composition avant les couleurs
La combinaison du rouge et du vert offre la possibilité de transcrire les ombres et les lumières avec le plus petit écart de valeur
LA PLAGE ROUGE
Paysage peint de la fenêtre de l’atelier
A la différence de Derain avec qui il travaille à Collioure, Matisse introduit peu de personnages dans ses vues du port
A propos de ce tableau Matisse a écrit : “Vous vous étonnez sans doute de voir une plage de cette couleur, en réalité elle était de sable jaune. Je me rendis compte que je l’avais peinte avec du rouge. Le lendemain j’essayai avec du jaune. Ca n’allait plus du tout, c’est pourquoi j’ai remis du rouge”
JAPONAISE AU BORD DE L'EAU
Les couleurs sont posées de manière chaotique : une figure peut s'y cacher. La Japonaise est à peine discernable sur son rocher
Le caractère former résulte de la logique divisionniste et le chaos de Matisse répond à un principe appris auprès de Signac "aucun point n'est plus important qu'un autre"
LA MOULADE
Matisse substitue à la dissolution du contour un dispositif de rouge et de bleu posés en de vibrants aplats
Matisse s'installe le 16 mai 1905 à Collioure. Il y restera jusqu'au début septembre
Il veut arriver à cet état de condensation des émotions qui fait le tableau "au moyen d'un usage discontinu de la couleur à la fois constructive (créer les formes) et expressive (créer l'émotion)
PORTRAIT D'ANDRE DERAIN
Portrait irradié de soleil et d'une force explosive où les coups de pinceau s'affirment indépendamment de leur fonction descriptive
ARBRES A COLLIOURE
A Collioure Matisse finit par se laisser aller à une expression plus spontanée et à un lyrisme plus libre
"Nous étions devant la nature comme des enfants et laissions parler notre tempérament"
"Tout, même la couleur, ne peut être qu'une création. La couleur contribue à exprimer la lumière, non pas le phénomène physique, mais la seule lumière qui existe en fait, celle du cerveau de l'artiste"
Le tableau est un fait plastique traduisant un sentiment lyrique, ce qui est la définition du tableau fauve
BORD DE MER
Marcel Sembat "Cette petite étude du Midi était d'une exacte et vérédique violence. Pas pointillée du tout ! ... Il y avait une anse près de Cassis, où le vert du flot à l'horizon donnait pleine valeur aux bleus sombres et aux blancs écumeux de cette mer serrée entre les falaises et qu'on voyait bouger, entrechoquant ses lames courtes au grand soleil"
PAYSAGE DE COLLIOURE
ETUDE POUR LA JOIE DE VIVRE
Matisse fait vibrer toutes les couleurs
Il dira "Le fauvisme fut en premier lieu un bref mouvement lors duquel nous avons pensé qu'il était nécessaire d'exalter toutes les couleurs ensemble, sans en sacrifier aucune"
MOUCLADE
Matisse laisse libre cours à la couleur
Il dessine avec la couleur, multiplie les hachures, les coulées d'orange et de vermillon, ose des aplats rouges simplifiés et des contrastes violents entre couleurs claires et foncées
"Travaillant devant un paysage exaltant, je ne songeais plus qu'à faire chanter mes couleurs, sans tenir compte de toutes les règles et les interdictions"
Matisse excelle à saisir la lumière comme ambiance, comme vacillement des sensations
MATISSE EN 1905
PORT D'AVALL
Ce tableau est une étape dans l'oeuvre de Matisse
Après une toile aussi parfaitement libérée que La Raie Verte il peint ce tableau si méticuleusement pointilliste
Tout au long de cet été 1905 Matisse oscillera entre le réalisme sous sa forme pointilliste et le fauvisme
Cette rupture entre deux styles aura été pour lui "L'épreuve du feu"
Cette évocation de Collioure lui pose quelques problèmes
"J'ai obtenu un sursis du Salon d'Automne et je dois me dépêcher pour arriver à temps. Comme je fais des petits points c'est assez long; surtout qu'ils ne sont pas toujours réussis du premier coup"
VUE DE COLLIOURE -
Matisse est très attentif aux particularités du climat
Ce tableau qui peut paraître terne retrace l'un des orages auquel Matisse a assisté cette année là
COLLIOURE
Cette vue de Collioure nous éloigne des méticuleux calculs pointillistes
Cette vue avec ses verts acides et ses roses aigres évoque l'atmosphère d'un jour de tempête
Avec ces deux toiles de la vie de Collioure Matisse veut souligner l'ancrage de son art dans la perception du réel
Durant l'été 1905 Matisse écrit à Signac "C'était la première fois de ma vie que
j'étais content ... mes choses ne sont peut-
Auparavant le tableau était la représentation d'un motif : il s'agissait d'un circuit court soumis au contrôle de l'attention et de l'observation du peintre. Le tableau était une fenêtre ouverte sur le monde, encadrait une partie du monde.
Désormais le circuit est plus long, l'oeuvre est achevée non plus quand elle semble reproduire l'objet mais lorsque le peintre se sent déchargé de son émotion
Le tableau n'est plus seulement la fenêtre ouverte sur le monde, il est aussi l'homme derrière la fenêtre