Le Baptême 1642
Le tableau diffère des autres compositions de la série
Les figures occupent une place plus importante
Le paysage a avant tout valeur de décor
Les assistants, chacun dans une attitude différente, se déshabillent, rendent grâce au ciel, reconnaissent dans le Christ le Fils de Dieu
Influence de Raphaël et de Michel-
La Sainte Famille 1642
Ce tableau destiné au marchand de tableaux qui gère à Rome les affaires de Poussin durant son absence est la seule commande privée réalisée par Poussin durant son séjour parisien
La Vierge, vue de profil, assise devant un grand rideau drapé, se penche amoureusement sur l'Enfant Jésus, qui lui ouvre les bras et lui sourit joyeusement
Elle a placé son pied gauche sur un tripode sur lequel la bouillie est posée, unique note réaliste
A l'arrière-
Poussin s'attache à décrire les liens de tendresse qui unissent la Mère et l'Enfant
Un rayon de lumière éclaire le visage de Jésus et l'épaule de la Vierge, dont l'expression grave et souriante, absorbée et rêveuse, est dissimulée dans l'ombre
Construction rigoureuse
Le testament d'Eudamidas 1644
Un soldat de Corinthe, tombé dans la pauvreté, se sachant perdu, dicte en présence de sa mère et de sa fille éplorées et aussi de son médecin, qui lui touche le côté gauche afin de vérifier que le cœur bat toujours, ses dernières volontés à son notaire
Il prie ses riches amis de prendre soin de sa mère et de doter sa fille au moment de son mariage ce qui fait rire toute la ville
Mais ses deux amis, Arateus et Chariximus, exécuteront sa volonté
Ce bel hymne à l'amitié doit beaucoup à Montaigne
Importance pour Poussin de la pensée de Montaigne
Forte influence sur les écrivains qui s'attachaient à une peinture morale (Diderot)
Napoléon "Je ne connais la Mort d'Eudamidas que par la gravure que j'avais avec moi en Egypte mais quand une fois on a vu cette austère composition on ne l'oublie plus … Il faut ramener notre peinture à la pensée dans les voies de Poussin"
Tout y est direction horizontale : le moribond, son lit, sa lance … parce que tout doit exprimer le calme, le silence, l'approche du repos éternel
"La plus religieuse des peintures non religieuses de Poussin"
La Confirmation 1645
Le sénateur Pudens, accompagné de ses enfants, qui reçoit le sacrement est vêtu du latus clavus
Deux énormes sarcophages de part et d'autre de la porte centrale
Poussin "Le tableau contient vingt quatre figures … de manière qu'il ne faut pas moins de cinq ou six mois pour le bien finir … Ce ne sont pas des choses que l'on puisse faire en sifflant comme vos peintres de Paris qui en se jouant font des tableaux en vingt quatre heures" (allusion à Vouet ?)
"Il me semble que je fais beaucoup quand je fais une tête en un jour"
Le Bernin "Il a imité dans ce tableau le coloris de Raphaël … quelle beauté a cette jeune fille (longue robe en safran)"
Le Baptême 1646
Dans cette scène de plein air Poussin a nettement séparé les spectateurs
Sur la droite ils contemplent l'apparition de la colombe divine
Sur la gauche ils se rhabillent
Les spectateurs derrière le Christ semblent sceptiques
Pour étudier la composition Poussin a utilisé de petites figures qu'il déplaçait dans une boîte à perspective
L'Extrême-
Le Bernin "Cela fait l'effet d'une belle prédication qu'on écoute avec attention
fort grande et dont on sort après sans rien dire mais dont l'effet s'en ressent au-
Sources lumineuses à la fois naturelles et artificielles
Diversification des expressions et des attitudes
Le bouclier accroché au fond indique que le moribond est un officier romain
Division de l'espace grâce au large rideau
Habile articulation des plans
Selon le rite ancien le prêtre oint la paume de la main du mourant
La Crucifixion 1645
Seul tableau de ce sujet dans l'œuvre de Poussin
L'homme sur le devant de la composition à droite serait Adam sortant du tombeau et défaisant son linceul
La tombe d'Adam passait pour être sur le Golgotha
Opposition entre les différents groupes qui entourent le Christ qui vient d'expirer
Les Saintes Femmes et Saint Jean
Ceux qui vaquent à leurs occupations indifférents au drame : deux soldats manoeuvrent une échelle, deux autres s'apprêtent à détacher de sa croix le corps d'un des larrons, deux centurions jouent aux dés les vêtements du Christ
Certains se tournent vers le Christ et prennent conscience de l'évènement : celui à gauche qui s'apprête à prendre la barre de fer qui a brisé les jambes du larron, un autre à cheval à droite, un autre au centre, à genoux, qui se tourne vers nous
Poussin a joué de l'opposition entre l'émotion des femmes et l'indifférence des centurions
Horreur de la scène décrite avec rigueur sans détail pittoresque
Il décrit la nuit qui "se fit sur toute la terre" à partir de la sixième heure
La question des sentiments religieux de Poussin divise les spécialistes enclins à voir en lui un disciple de Montaigne
Moïse enfant foulant aux pieds la couronne de Pharaon 1645 (Woburn Abbey)
Sujet tiré des Antiquités Judaïques de Flavius Josèphe
Moïse aurait été sauvé des eaux par Thermusis, la fille de Pharaon
Le scribe Théreupon avait averti le pharaon qu'un enfant mâle né parmi les juifs ruinerait le pays
Il avait ordonné que tous les nouveaux nés de ce peuple soient noyés
La mère de Moïse, obéissant au Seigneur, confia pour le sauver l'enfant au cours du Nil
Le petit Moïse est adopté par Thermusis et présenté à Pharaon qui, pour plaire à sa fille, place sa couronne sur la tête de l'enfant
Mais Moïse l'arrache et la piétine
Théreupon se précipite sur l'enfant, le poignard à la main
Pharaon, à la requête de Thermeusis, donne l'ordre d'épargner l'enfant
Poussin a résumé en une image plusieurs moments de l'histoire
Moïse piétine la couronne
Le scribe se précipite
L'enfant effrayé se réfugie dans les bras d'une suivante qui repousse d'une main l'assaillant
Les conseillers de Pharaon, sur la droite, s'interrogent sur la décision de leur maître
Deux suivantes semblent implorer le pardon
Thermusis intervient
Pharaon lève la main droite afin que Moïse soit sauvé
Tableau acheté par Loménie de Brienne en 1660 car il avait été touché par la réflexion sur le thème de la destinée
Le mariage 1648
Mariage de saint Joseph et de la Vierge
Noblesse et attention des femmes introduites à la cérémonie
Trois ouvertures vers l'extérieur
Colonnes d'ordre corinthien
Entrecroisement des diverses sources de lumière
Ton joyeux de cette composition animée
Paysage avec un homme tué par un serpent 1648
Merveilleuse situation du lieu mais il y a sur le devant des figures qui expriment l'horreur et la crainte
Le corps mort et étendu au bord d'une fontaine est entouré d'un serpent
Un homme fuit avec la frayeur sur le visage
La femme assise est étonnée de le voir courir si épouvanté. Elle lave son linge
On a souvent relevé le goût de Poussin pour les serpents, ici un énorme python
Effets en chaîne provoqués par la découverte du cadavre au bord de l'eau : l'œil
va du mort au passant effrayé, de celui-
Coïncidence de la mort, de l'homme devant cette mort, de l'indifférence et de la vie qui continue
Paysage avec Orphée et Eurydice 1648
Apparition soudaine et brutale de la mort dans un paysage idyllique
Alors qu'Orphée célèbre ses noces au son de sa lyre, en présence de nymphes, Eurydice qui cueillait des fleurs pousse un cri, le talon percé par la dent d'un serpent
L'homme couronné figure l'Hymen
Au fond le château Saint Ange et le pont Milvius et la tour des Milices
Surpris un pêcheur se retourne
Mais Orphée, qui n'a rien vu, rien entendu, plongé dans sa musique, poursuit imperturbable
Paysage avec Polyphème 1649
Ce paysage évoque l'histoire du cyclope Polyphème épris de la nymphe Galatée et jalouse du bel Acis
Poliphème ayant surpris Galatée et Acis ensemble tue son rival en l'écrasant sous un rocher.
Galatée change alors le sang d'Acis en une rivière
Dans ce vaste paysage qui mêle la verdure, les montagnes et au loin la mer, les personnages se dispersent et se fondent
Au premier plan, au centre, un groupe de trois nymphes épiées par des satyres (à
droite) et un dieu-
Au loin, assis sur un rocher avec lequel il semble faire corps, le cyclope amoureux compose des airs sur sa flûte
Dans la plaine des hommes travaillent la terre
C'est une évocation virgilienne de l'âge d'or, d'une vie accordée aux forces naturelles
La Sainte Famille à dix figures 1649 (Dublin)
Poussin a réalisé plusieurs tableaux sur ce thème
La composition doit beaucoup à Raphaël
Vivacité des couleurs
Rigueur du décor architectural et de l'étagement des plans
L'espace joue sur le contraste entre les arêtes vives des marches et les courbes des fûts de colonne
L'essentiel réside dans l'attitude et les expressions d'Elisabeth, d'Anne, de Joseph et du petit Jean, tous ostensiblement tournés vers la Vierge et le Christ, à qui quatre putti présentent des fleurs
Atmosphère de paix
Recueillement dont les jeux des enfants ne parviennent pas à nous distraire
Les visages souriants font contraste avec les regards graves des protagonistes de la scène
Ils n'ignorent rien de la destinée du Christ, centre d'admiration et de vénération
Autoportrait 1649 (Berlin)
Tableau réalisé pour Pointel (celui de 1650 sera pour Chantelou)
Poussin n'estimait guère le genre du portrait
Il est rare qu'un artiste adresse son propre portrait à son mécène
Certes Poussin vit à Rome mais surtout il a voulu placer ses relations avec ses deux commanditaires sur le plan de l'amitié et du partage en commun de l'amour de la peinture
Il s'est représenté tourné vers nous de trois quarts, la tête légèrement jetée en arrière
Il croise les mains et tient de la gauche, non pas un pinceau, mais un porte-
Il appuie son autre main sur un livre d'un format allongé (un cahier de dessins ?)
Sa pose souple est quelque peu gauche
Son sourire incertain et mélancolique est flottant
Poussin se détache devant un bas-
"Je suis paresseux à faire cet ouvrage auquel je n'ai pas grand plaisir et peu d'habitude"
Autoportrait 1650 (Louvre)
Après l'autoportrait pour Pointel (1649) celui-
Sur une autre toile à gauche, la tête d'une femme de profil avec un œil en haut de son diadème
Poussin est dans son atelier, habillé d'une sorte de toge anthracite intemporelle
Il se tourne vers nous la tête haute
Son regard est un peu absent comme tourné vers lui-
L'expression du visage est sévère
Des rides barrent son front
Sa main droite est posée sur un portefeuille noué d'un ruban rouge
L'inscription latine précise son identité, sa date et son lieu de naissance et le lieu de l'exécution de l'œuvre
Le buste de Poussin se détache devant un châssis, une porte, un fond géométrique abstrait
La peinture est une muse qui manque au Parnasse et que Poussin veut honorer
La bague de diamant et son chaton pyramidal à l'auriculaire droit du peintre exprime la constance stoïcienne
"Je ne suis point homme léger ni changeant d'affection quand je l'ai mise en un sujet"
L'ombre est là pour rappeler que la peinture est illusion
Image comme fondue dans le bronze de la maîtrise de soi-
Malraux a trouvé que De Gaulle ressemblait à portrait de Poussin par lui-
L'Assomption de la Vierge 1650
Poussin voulait rivaliser avec Raphaël
Tableau souvent copié au 19ème siècle
Équilibre des formes
Ingénieuse articulation des figures
Fluidité des gestes
Composition à la fois statique et aérienne, inerte et en spirale ascensionnelle
Audace raffinée des couleurs que le bleu accentue
Les bleus du manteau de la Vierge jouent avec l'azur de la partie basse du ciel sur lequel se détache comme en silhouette la ville de Jérusalem
La tache rouge de la robe fait contraste avec les nuages ocre
La lumière qui modèle et anime les volumes leur ôte toute pesanteur
La lamentation sur le Christ mort 1650
Poussin a peint en 1626 une toile sur le même sujet
Le corps nu du Christ a été déposé sur un linceul par Joseph d'Arimathie qui s'apprête à le porter au tombeau
Sur la gauche le bassin et l'urne font allusion à l’embaumement du corps
Jean soutient la tête du Christ dont Madeleine baise la main
Dans un geste grandiose Joseph d'Arimathie se penche vers le Christ qu'il nous présente
Marthe, courbée sur elle-
La Vierge résignée et acceptant le sacrifice écarte le bras gauche
Un jour tombant, lugubre, baigne un paysage désolé
Simplicité de la composition faite d'horizontales (le Christ mort) et de verticales (la Vierge)
L'harmonie sourde des couleurs crée une atmosphère oppressante et poignante
Chacun des cinq participants du drame est isolé dans son silence
A l'arrière-
Le ravissement de Saint Paul 1650
Tableau peint pour le poète Paul Scarron (1610-
Encadré par un pilastre et par un mur percé d'une niche, Paul est ravi au ciel
Trois anges le supportent
Équilibre monumental de la composition
Précision géométrique
Subtilité des effets lumineux et des accords chromatiques
Ballet des jambes
Nature morte au premier plan devant un lointain paysage montagneux
Charles Le Brun consacra une conférence à cette œuvre "Le premier ange qui est vêtu de jaune présente l'effet de cette grâce que les théologiens appellent prévenante et efficace"
Par la couleur jaune "le peintre a représenté la lumière et la pureté de la grâce"
L'ange qui est dans l'ombre figure l'état de cette grâce concomittante ou aidante qui nous fait connaître notre infirmité
Il est vêtu d'un bleu brun parce que cette couleur représente celle de l'air lorsqu'il et agité ou brouillé
Le troisième qui nous fait face figure l'état parfait et constant de cet grâce abondante et triomphante
Le rouge du manteau du saint, sa robe verte sont symbole d'ardente charité et d'espérance
Le Brun "Les peintres ne travaillent pas seulement de la main … leurs ouvrages ne sont pas seulement pour le plaisir des yeux … ils peuvent encore satisfaire et instruire l'esprit par cette belle partie spirituelle que M. Poussin a fait entrer si heureusement dans tous ses ouvrages"
Mais Le Brun a peut-
Moïse changeant en serpent la verge d'Aaron 1648
Moïse, averti par Dieu, avait prié Pharaon de laisser sortir son peuple d'Egypte
Pharaon lui demande de donner un signe de sa mission divine en présence de ses huit magiciens
Moïse prie son frère Aaron de transformer sa verge en serpent
Les magiciens font de même mais le serpent d'Aaron dévore ceux des magiciens confondus
Moïse et Aaron lèvent la main droite vers le ciel en signe de miracle
Au centre un magicien couronné de lotus sauve son reptile
Pharaon assis est attentif à la requête des deux frères
Ibis noir et blanc sur un perchoir en forme de T porté par un prêtre
Vase contenant l'eau sacrée du Nil
Paysage avec les cendres de Phocion 1648
Le corps de Phocion banni fut transporté à Megare et fut brûlé
Ses cendres furent recueillies par sa femme et sa servante
Phocion fut rapidement réhabilité, ses compatriotes s'étant rendu compte qu'ils avaient fait mourir celui qui maintenait la justice et l'honnêteté à Athènes
Importance du paysage
En arrière-
Eliezer et Rebecca 1648 (Louvre)
Pour se libérer l'esprit des sujets tristes des Sacrements, Poussin choisit de peindre un "tableau agréable et gracieux rempli de plusieurs filles, dans lesquelles on pût remarquer différentes beautés"
Récit de la Genèse : Abraham décide de marier son fils Isaac à une fille de son pays d'origine, la Chaldée
À cette fin il envoie à Nakkor son fidèle serviteur, Eliezer. Ce dernier demande son aide à Dieu : la jeune fille destinée à Isaac se désignera en offrant à boire à Eliezer, ainsi qu'à ses chameaux
Poussin choisit le moment où ayant reconnu la future épouse d'Isaac, Eliezer présente à Rebecca des bijoux et la demande en mariage au nom de son maître
Poussin a peint sur ce thème deux autres tableaux (New York et Cambridge) présentant le moment où Rebecca offre à boire à Eliezer
Dans ces deux tableaux on voit les chameaux mais pas dans celui du Louvre
Pour Philippe de Champaigne "la laideur des chameaux aurait relevé l'éclat de tant de belles figures"
On a vu dans ce tableau une préfiguration de l'Annonciation
Claude Levy-
Les expressions des visages des douze compagnes de Rebecca sont observées avec un soin savant et amoureux : chacune réagit différemment au choix de l'envoyé d'Abraham
Geste de Rebecca qui marque sa surprise et sa reconnaissance avec réserve et gravité et un sourire recueilli
Habile jeu des courbes et des droites articulées autour des cruches de toutes les forme (10 cruches)
Raffinement des accords de couleurs (jaune paille et bleu lavande)
Jeu des regards
Élégance des gestes qui lient entre eux groupes et figures
La compagne de Rebecca qui tient des deux mains sa cruche sur la tête se tourne vers nous et nous regarde comme si elle ne participait pas à l'évènement
Sa voisine à droite, distraite par ce qui se passe, fait déborder le vase de sa compagne qui tente d'arrêter son mouvement
Paysage avec Diogène 1648
Voyant un jour un petit garçon qui buvait dans sa main, Diogène prit l'écuelle qu'il avait dans sa besace et la jeta en disant : "Je suis battu, cet enfant vit plus simplement que moi"
Beauté et diversité des bleus et des verts
Étagement savant des plans
Habile articulation des constructions et de l'abondante végétation, de l'eau et du ciel nuageux
Qualité des reflets dans l'eau
Qualité de la lumière
Sentiment de la nature que Poussin contemple comme de l'extérieur
La dimension morale du tableau s'accorde avec les idées stoïciennes que Poussin développe dans les années 1650
Diogène tourne le dos à la ville, à la "civilisation", comme pour se soumettre aux simples lois de la nature
Paysage à la route pavée 1648
L'espace en profondeur est organisé à partir du chemin rectiligne
Pour Poussin la qualité plastique doit répondre aux exigences de la raison
Sa sensibilité trouve à s'exprimer dans le site romain
L'idéal de la beauté de l'époque n'a pas encore glissé vers cette dramatisation que lui donneront les artistes du 18ème siècle
L'Eucharistie 1647
Composition impressionnante avec une seule source de lumière artificielle
Pour symboliser l'Eucharistie, Poussin a peint l'ultime Cène, le moment où le Christ consacre l'hostie qu'il donne aux onze apôtres fidèles
Son geste signifie "Ceci est mon corps"
Sur la gauche Judas, dont la lumière éclaire le manteau rouge, quitte la scène
La Pénitence 1647
Pour symboliser la Pénitence, Poussin a choisi de peindre la Madeleine aux pieds du Christ
Le triclinium, sorte de lit bas utilisé par les romains pour leurs repas était à partir du Bas Empire composé de banquettes soudées
Madeleine aurait lavé les pied du Christ, debout, et non agenouillée devant le Seigneur
Le jeune serveur du premier plan est absorbé dans son travail
Le centre d'intérêt est déporté sur la gauche
Poussin est animé d'une ambition de vérité archéologique
Moïse sauvé des eaux 1647
Moïse n'a cessé de fasciner Poussin qui lui a consacré plus de vingt tableaux
Une tradition associait Moïse et Saint Paul (que Poussin a aussi représenté plusieurs fois) comme les deux manifestations les plus hautes de la parole divine en action
Dans cette version le nombre de figures est important, le paysage devient un panorama allongé avec des pyramides et des obéliques
Coloris plus sombre
Décentrée sur la gauche la composition s'ordonne autour de la fille de Pharaon, statue parmi d'autres statues
Moïse enfant foulant aux pieds la couronne de Pharaon 1648 (Louvre)
Ici le drame se joue dans une pièce fermée (à la différence de la version de Woburn Abbey) devant un grand rideau orangé
Les contrastes sont plus marqués entre :
-
-
L'attitude de Moïse qui se retourne vers Pharaon, dans l'attente anxieuse d'une décision, donne une tension au tableau
Moïse sauvé des eaux 1647
Thème abordé en 1637 et qui sera repris en 1651
Ce tableau peint pour Pointel a suscité la jalousie de Chantelou qui avait reçu, lui, les Sacrements
Poussin "C'est la nature du sujet qui est cause de cet effet … c'est en cela que consiste tout l'artifice de la peinture …le bien juger est très difficile si l'on n'a en cet art grande théorie et pratique jointes ensemble. Nos appétits n'en doivent point juger seulement mais la raison"
"Je ne suis point de ceux qui en chantant prennent toujours le même ton"
Sistre égyptien posé sur le sol à gauche
Chasse à l’hippopotame à l’arrière-
La fille de Pharaon et Isis, fille d'Horus, cherchèrent et retrouvèrent leur fils le long du Nil
Couleurs chaudes et riches
Eclat du soleil sur l'eau qui éclaire la barque des chasseurs d'hippopotame
L'Ordre 1647
Pour symboliser l'Ordre, Poussin a représenté le Christ remettant les clés à Saint Pierre
Exécution sévère et solennellle
Le "E" gravé dans la pierre de la tour serait la première lettre du mot Ecclesia
La symétrie de la composition frappe par sa majesté et son austérité
Rythme des figures qui se détachent devant un paysage architectural
Beaux drapés des apôtres individualisés
Habile étude des effets de lumière
Paysage avec les funérailles de Phocion 1648
Le Bernin devant ce tableau, en montrant son front :
"Il signor Poussin e un pittore che lavora di la"
Poussin s'inspira de Plutarque
Phocion, glorieux général athénien du 4ème siècle av jc, fut contraint de soutenir une politique impopulaire qui le rendit odieux auprès de ses compatriotes
Ceux-
Il fut condamné à boire la cigüe
Ses ennemis firent ordonner par le peuple que son corps serait banni et porté hors du pays de l'Attique
Poussin accorde peu d'importance aux figures et donne la place essentielle au paysage
Cenopion et son compagnon qui portent le corps de Phocion couvert d'un linceul s'effacent devant le spectacle grandiose de la nature
De minuscules figurants, indifférents, vaquent à leurs occupations quotidiennes
En arrière-
Les constructions rigoureuses font allusion à Palladio
Dans le lointain, et proche de la ville, une procession de chevaliers accoutumés à honorer Jupiter le 19 mars, jour de la mort de Phocion
Contraste ente le sujet grave et solennel et l'air gai et riant du paysage
L'insignifiance de la vie et de la condition dérisoire de l'homme est soulignée par l'opposition marquée entre le calme de la nature et les obsèques du héros dans l'indifférence générale
Paysage à la route sablonneuse 1648
Poussin organise l'espace en profondeur
Il utilise l'artifice du chemin sinueux qui s'enfonce vers le lointain
Les armes suspendues à l'arbre seraient une allusion à des vers d'Horace sur le vieux soldat prenant sa retraite
La route offre l'image la plus simple du parcours de la vie, tantôt calme, tantôt périlleux
Le Baptême du Christ 1648 (New York)
Le commanditaire lui avait imposé la taille du tableau (31*23) ce qui pose des problèmes à Poussin habitué à des tableaux de grand format
Tableau exécuté sur un support, le bois, qu'il n’utilisera qu'exceptionnellement
Le thème du baptême du Christ n'est pas nouveau pour Poussin
Petit nombre de figures
Apparente simplicité de la composition
Investi par Dieu vers qui il tourne son regard, saint Jean s'agenouille devant son Seigneur, dont le visage recueilli exprime toute l'importance du moment
Il écrit à son commanditaire, lui, l'admirateur de Montaigne "Je ne vous l'ai dédié qu'à la mode de Michel de Montaigne, non pour bon, mais tel que j'ai pu le faire"
La Sainte Famille à l'escalier 1648 (Cleveland)
Il existe une version à Washington ce qui a donné lieu à un débat sur l'authenticité
L'original serait le tableau de Cleveland
La version de Washington a un voile de pudeur qui cache le sexe du petit saint Jean
Audacieuse composition en triangle qui se détache devant les marches
L'escalier donne la profondeur
Habile fusion entre les courbes et les droites
Articulation savante des plans
Jeu des verticales et des horizontales
Groupe disposé sur une plateforme légèrement surélevée
Monumentalité
Élargissement de l'espace
Agencement harmonieux des couleurs
Jean présente une pomme à Jésus
Belle nature morte au premier plan
Le jugement de Salomon 1649
L'autre femme dit "Ce n'est pas vrai ! Mon fils est celui qui est vivant, et ton fils est celui qui est mort ! … Partagez l'enfant vivant en deux … Qu'on lui donne l'enfant vivant …"
"Ils révérèrent le roi car ils virent qu'il y avait en lui une sagesse divine pour rendre la justice"
Poussin a regroupé sur sa toile plusieurs moment du récit : Salomon a ordonné de coupeur l'enfant en deux alors que son attitude permet de connaître son arrêt
Audace dans la juxtaposition des couleurs d'une vivacité crue qui accentue la tension du récit
Composition symétrique d'une grande rigueur
Chacun des protagonistes exprime des émotions différenciées : la méchante femme au
visage vert hurlant son accord à la cruelle sentence de Salomon, la mère véritable
aux bras écartés, douloureuse et pitoyable; Salomon, adolescent au visage impassible
tranchant du regard et d'un geste de juste à peine marqué, isolé sur son trône, seul
au-
Quelques fautes :
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Allusion aux tragédies de Corneille par l'aspect théâtral de l'œuvre
Mise en scène de la solitude et de l'isolement du pouvoir
Moïse frappant le rocher 1649 (Ermitage)
Poussin était attaché à l'histoire de Moïse
Durant la traversée du désert, à la prière de Moïse, Dieu envoie l'eau salvatrice aux Hébreux assoiffés
Le tableau ne fut pas bien accueilli car considéré comme manquant de réalisme
Vexé, Poussin répondit qu'il est "assez bien instruit de ce qui est permis à un peintre et qu'il ne travaille point au hasard"
Puissance et variété des couleurs
Sur la gauche Moïse frappe de sa verge le rocher
A ses côtés Aaron assiste au miracle
Deux hommes à genoux rendent grâce au Seigneur
Il y a ceux qui se précipitent égoïstement vers l'eau salvatrice et ceux et celles qui veulent désaltérer les plus éprouvés qui n'ont pas la force de se déplacer
Une femme assise à terre demande en ouvrant les mains de l'eau pour secourir sa fille
Chaîne formée par le jeune homme, penché vers l'eau, qui se retourne pour prendre un seau de la main d'une jeune femme qui le lui tend mais ne l'atteint pas et se retourne vers son vieux père
Poussin décrit :
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