ACCUEIL


VOYAGES


PEINTRES


ECRIVAINS


CURIOSITES


HISTOIRE


Précédent (gauche) Suivant (droite)

VERS 1ère Page  de VERMEER

LE CHRIST CHEZ MARTHE ET MARIE - 1655

S’il n’y avait pas la signature de Vermeer sur le tabouret de Marie on aurait difficilement attribué ce tableau à Vermeer car ce grand tableau sombre au sujet biblique ne correspond pas à l’idée que l’on se fait de son style.
L’épisode illustré est la visite du Christ dans la maison de deux sœurs, Marthe et Marie.
On raconte que pendant que Marthe s’affairait pour recevoir leur hôte, Marie s’était assise aux pieds du Sauveur pour écouter ses paroles dans une attitude de dévotion. A Marthe qui se plaignait le Christ répondit “ Tu t’inquiètes et t’agites pour beaucoup de choses ! Pourtant une seule est nécessaire.”
Le thème est celui de l’opposition entre la vie active et la vie contemplative, entre les biens terrestres et les biens spirituels. Ce thème était traditionnellement prétexte à peindre une scène de cuisine avec des morceaux de nature morte.
Vermeer abandonne l’environnement domestique pour se concentrer sur les personnages. Le Christ est au centre du tableau par ses gestes et par l’auréole de lumière douce qui lui entoure la tête. La pénombre qui enveloppe l’arrière plan met en valeur l’unité du groupe.
Vermeer réduit au minimum l’évocation du cadre et limite à une petite niche de pain la représentation de la nourriture.
Cette référence au thème de l’Eucharistie permet d’apprécier différemment la signification du tableau.
Selon la doctrine catholique, en effet, le salut ne s’obtient pas seulement par la foi (de Marie) mais aussi par les œuvres et les actes de miséricorde (de Marthe) : cela pourrait expliquer l’attitude de rapport intime entre les trois personnages.
L’apologie de la vie contemplative correspond aux idéaux des Jésuites et fait partie des Exercices Spirituels écrits par Ignace de Loyola. Le choix d’un tel sujet reflète les sympathies de Vermeer pour l’Eglise catholique au milieu du 17ème siècle.
La dimension de la toile, le caractère imposant des figures, l’exécution technique, les tons ocres des fonds et le type italianisant du Christ sont très éloignés des caractéristiques de la production de maturité de Vermeer.
Les dimensions de la toile ( 160*142 ) permettent de supposer qu’elle lui fut commandée.


DIANE ET SES NYMPHES - 1655

L’attribution de cette œuvres reste controversée.
Le sujet de la toile fait référence au mythe de Diane qui est simplement représentée dans un paysage, avec quelques unes de ses nymphes.
La déesse est assise, pensive, cependant qu’une de ses compagnes lui lave les pieds.
On ne relève aucun élément qui fasse référence à sa nature de chasseresse (sauf le chien ?). Les peintres hollandais représentaient surtout Diane sous les traits de la déesse de la chasse.
Il semble plutôt que le peintre ait voulu la représenter comme une divinité nocturne, puisque son unique attribut évident est le croissant de lune porté en diadème sur la tête.
La lumière chaude et dorée suggère que la scène se déroule à la tombée du jour.
L’atmosphère rêveuse et mélancolique est accentuée par l’attitude des personnages qui paraissent absorbés. Ils sont représentés la tête basse, de dos ou dans l’ombre comme accablés par un immense chagrin.
Le peintre utilise une palette sombre où les jaunes, les oranges, les bleus et le pourpres dominent.
On a voulu suggérer pour cette œuvre une lecture symbolique, fondée sur l’association entre la nuit et la mort, voire une interprétation christologique : le rite du lavage des pieds peut être rapproché d’une thématique chrétienne – ce qui en ferait un lavement.
En tant que déesse de la Nuit, Diane est aussi associée à la mort. Le chagrin des personnages souligne cet aspect de la déesse. Il se peut que l’explosion d’une poudrière à Delf en 1654 soit à l’origine de la représentation de ce tableau.
La technique picturale à couleurs denses suggère Rembrandt.
La position et l’attitude absorbée de la déesse évoquent aussi la Bethsabée de Rembrandt de 1654
La lumière et les personnages ont quelque chose d’italien
Teintes chaudes et profondes de la palette de l’artiste, qui s’inspira sans doute de Carel Fabritius qui périt dans l’explosion de la poudrière.
Fabritius fut parmi les disciples de Rembrandt l’un des rares à comprendre la charge émotionnelle intense de l’oeuvre du maître.


VUE DE DELFT – 1660

Ce tableau est peut-être le plus bel hommage jamais rendu à une ville.
Le spectateur sent bouger le ciel au-dessus de sa tête et le bruit de l’eau devant les murs de la ville.
Les maisons plongées dans l’ombre au premier plan ou éclaboussées de soleil au second plan forment une mosaïque compacte de formes et de couleurs disparates.
Vermeer condensa le paysage urbain pour en faire une sorte de frise en simplifiant le profil de la ville et en étalant ses formes.
Il articule le paysage en distribuant les clairs et les ombres et en plaçant sur l’eau des reflets sélectifs.
Il augmenta la grandeur du tableau en opposant l’horizontalité de la ville à l’immensité du ciel et aux nuages qui la dominent.

Ce tableau (96*118 cm) est en effet plus grand que les autres peintures du Vermeer de la maturité.
Il offre une vue panoramique de la ville du côté du port.
On reconnaît les murailles, la porte de Schiedam avec son horloge, la porte de Rotterdam avec ses deux tours jumelles et au centre le clocher de la Nieuwe Kerk.
Ce sont les caractéristiques expressives qui déterminent la singularité de cette veduta : l’artiste a retravaillé les données réelles en les simplifiant et en redistribuant les volumes des édifices qui restent toutefois reconnaissables.
Il a obtenu une sorte de frise horizontale à laquelle s’opposent l’ampleur et le relief du ciel nuageux.
Recherche des effets de clair-obscur, accentués par la présence des reflets sur l’eau : la lumière est modulée en de multiples nuances et gradations.
Au premier plan de la ville situé dans l’ombre d’un banc de nuages s’opposent les toits éclairés des arrière-plans.
A l’instar de « La Ruelle », la Vue de Delft dégage et transmet une ambiance sereine


LA COURTISANNE – 1656

Les tons chauds, oranges, jaunes et rouges qui dominent ce tableau lui donnent une force suggestive. Les personnages sont serrés les uns contre les autres dans un espace limité derrière un tapis qui drape une balustrade.
Malgré le titre qui lui est conventionnellement attribué, certains inclinent à voir dans la Courtisane un tableau inspiré par un épisode du Nouveau Testament : Il s’agirait d’un moment de la parabole du Fils Prodigue, et plus précisément de celui où le jeune homme dilapide sa part d’héritage dans une taverne, en compagnie de femmes de mauvaise vie. Hypothèse renforcée par le contraste voulu entre le gentilhomme de gauche et le soldat en habit rouge.
Le personnage de gauche pourrait être également un autoportrait. Il regarde droit devant lui comme étranger à la scène qui se déroule à ses côtés, attitude caractéristique de ce type de portrait. Son habit bourguignon et non pas hollandais du 17ème siècle renforce l’hypothèse d’une représentation du passé plutôt que d’une scène contemporaine.
Dans l’oeuvre de Vermeer ce tableau représente le passage des scène mythologiques et bibliques aux scènes de genre.
Ce sujet unissait une leçon moralisante à la représentation d’une scène courante dans l’art hollandais, inspirée par la vie quotidienne.
Dans le tableau apparaissent, outre la fille et le client, une vielle femme (l’entremetteuse) et un jeune musicien qui regarde le spectateur et qui pourrait être un autoportrait du peintre.
Malgré la richesse incontestable des couleurs ce tableau n’est pas parfait. Le personnage à gauche du tableau reste isolé par rapport aux autres personnages. Les effets spatiaux sont obscurs et confus. On ne sait pas s’il faut placer le tableau au niveau du regard ou légèrement au-dessus. La position et la forme de la table sont imprécises.
On relève des échos de l’œuvre de Rembrandt dans les clairs-obscurs de la partie gauche.
Ce tableau est fort par les tensions créées par l’artiste et par la richesse des couleurs.


SOLDAT ET JEUNE FILLE RIANT – 1658

Ce tableau est un des plus lumineux de Vermeer. La lumière qui inonde le coin de la pièce où le couple est assis resplendit d’autant plus qu’elle s’oppose à la silhouette sombre de l’officier dont le chapeau noir et la veste rouge contrastent vivement avec l’arrière plan brillamment éclairé et la nappe vert-jaune.
La scène représentée se déroule dans une pièce où un soldat et une jeune femme devisent ensemble, assis à une table ; l’homme est vu de trois quarts arrière, dans une posture très informelle, tandis que la jeune femme arbore une expression avenante, rare dans les œuvres de Vermeer.
Les personnages se tiennent près d’une fenêtre ouverte : la lumière vive qui inonde la pièce se refléte sur le mur du fond, le plateau de la table, le visage et les habits de la jeune femme.
Au mur du fond de la pièce est accrochée une carte de la Hollande et de la Frise.Vermeer représente très fréquemment dans ses tableaux des cartes géographiques, forme de décoration très répandue à son époque. Cette carte de la Hollande et de la Frise occidentale fut dessinée en 1620 par Florisz.
Au premier plan, le soldat joue un rôle essentiel dans la composition : la tonalité sombre du contre-jour rehausse par contraste la clarté du reste de la scène, cependant que les proportions et la position du personnage accentuent la profondeur de champ.
Il peint le soldat de dos si bien que le spectateur découvre la scène par dessus son épaule ce qui donne du naturel au tableau.
Le traitement même de l’espace, avec la disproportion évidente entre le premier et le deuxième plan, semble découler de l’utilisation d’un instrument d’optique déformant ; aujourd’hui on dirait un grand angle d’appareil photographique.
Vermeer constuit son tableau en appliquant les lois de la perspective linéaire. Les lignes orthogonales fuyantes du cadre de la fenêtre donnent de la profondeur au tableau. Le point de fuite de la fenêtre se trouve entre l’homme et la femme au niveau de leur regard.


GENTILHOMME ET DAME BUVANT DU VIN – 1659

Vermeer dépeint ici un intérieur spacieux et place ses personnages vers l’arrière plan. Il respecte les lois de la perspective linéaire.
Le comportement des personnages est guindé et on peut douter d’une relation intime malgré la présence du luth et du verre de vin.
Pour donner une représentation appropriée de la bourgeoisie Vermeer renonce aux coups de brosse vigoureux et francs; ici, ils sont relativement doux et lisses en particulier sur les étoffes et les visages.
Le tableau représente l’angle d’une pièce dans une demeure cossue, dont on aperçoit deux fenêtres, une table recouverte d’un tapis d’Orient et un tableau richement encadré.
A la table est assise une jeune femme qui vide un verre de vin : son visage reste cachée par sa coiffe blanche, il est donc impossible d’en saisir l’expression.
L’attitude de l’homme debout à sa droite est aussi ambiguë : il tient encore en main la cruche avec laquelle il a versé du vin.
Malgré le style raffiné du tableau et l’attitude un peu guindée des personnages, le peintre a-t-il voulu représenter une scène de séduction, comme pourraient le confirmer le vin et la présence d’un instrument de musique posé sur la chaise, au premier plan car ces deux éléments renvoient à la sensualité ?
Le tableau est à déchiffrer d’un point de vue moral : dans le décor du vitrail apparaît une femme qui tient des rênes, symbole de la tempérance et de l’exhortation à la modération.


LA JEUNE FILLE AU VERRE DE VIN – 1659


On reconnaît les scènes de genre de Vermeer grâce aux fenêtres décorées, aux carrelages et aux murs.
Dans une pièce semblable à celle du Gentilhomme et dame buvant du vin sont figurés trois personnages.

Au premier plan est assise une jeune fille élégamment vêtue qu’un galant invite à boire dans le verre qu’elle tient de sa main droite ; l’homme la regarde avec une intensité flagorneuse, tandis que la demoiselle est tournée vers le spectateur avec un étrange rictus qui a été interprété de plusieurs façons.
Ce pourrait être le signe d’une légère ébriété ou bien l’expression du plaisir un peu naïf qu’elle prend aux attentions de son chevalier servant.
La situation du troisième personnage en arrière-plan n’est pas claire non plus : peut-être somnole-t-il sous l’effet du vin, ou peut-être son attitude désabusée traduit-elle la déception que lui cause le désintérêt de la jeune fille ?
Le tableau du fond représente un gentilhomme plein de dignité. Vermeer l’a peut-être inclus pour créer un contraste entre l’immobilité du portrait et le mouvement des personnages.
La connotation moralisante est manifeste : elle s’exprime par les allusions du vitrail décoré dont le médaillon central montre une figure féminine qui est une allégorie de la Tempérance.


LA RUELLE – 1657

La Ruelle est l’un des tableaux les plus enchanteurs de Vermeer. Il est à la fois pittoresque et plein de retenue.
Il ne nous conduit pas le long de la rue mais nous invite à la traverser.
Le spectateur placé devant la façade plate des maisons peut observer tout à loisir la variété de la scène et son unité.
La scène est dominée par la lumière grise du ciel nuageux ; de l’autre côté de la ruelle pavée qui a donné son titre à l’œuvre, le peintre a cadré une partie d’une grande maison, le corridor d’accès à une cour intérieure, la porte et la fenêtre d’une maison voisine.
Le sens de la profondeur de champ est donné par l’échelonnement d’autres maisons en arrière-plan et par l’alignement du caniveau qui part du premier plan.
Dans cet espace resserré se répartissent quelques personnages à peine esquissés, vaquant à leurs occupations : le tableau paraît représenter les idéaux de sobriété et d’application qui devaient présider, selon la morale hollandaise au bon déroulement de la vie domestique.
L’atmosphère d’intimité tranquille est en effet celle qui règne dans les tableaux de Vermeer représentant des scènes d’intérieur.
On ne sait pas encore vraiment si le peintre a figuré un lieu réellement existant ou bien s’il s’agit d’un mélange d’éléments réels et d’éléments inventés.
Une tradition non vérifiée identifie l’édifice principal au siège de la guilde des peintres.
L’usage de la technique « pointilliste » est ici limitée à la plante grimpante sur la gauche.
L’artiste montre une grande sensibilité à la lumière et à la couleur : grande virtuosité dans le traitement des murs de briques.


LA LAITIÈRE – 1659

La force, la simplicité et la netteté de cette oeuvre incarnent désormais l’essence du caractère holllandais.
Le personnage qui se détache sur un mur blanc nu donne pratiquement à lui seul toute la force du tableau.
Vermeer souligne les contours du dos de son personnage d’un trait blanc très fin. Ce procédé fait ressortir le personnage et met en valeur ses couleurs.
Cette œuvre a toujours été saluée comme l’une des meilleures de Vermeer. C’est par un vote spécial du Parlement hollandais qu’elle a été acquise pour les collections nationales.
La présence des éléments de décor est ici réduite au minimum : l’attention se concentre sur la figure d’une robuste servante qui verse du lait dans une marmite.
Généralement Vermeer peint des personnages appartenant à un milieu social plus élevé.
Les coups de pinceau sont hardis et vigoureux: le modelé est assez sommaire.
Les couleurs : jaunes, bleus, verts et rouges , sont fortes et terreuses.
La lumière entrant par la fenêtre, à gauche, éclaire cette femme, le mur qui se trouve derrière elle et la table du premier plan.
Sur celle-ci sont disposés quelques objets simples mais constituant un extraordinaire morceau de nature morte.
Sur la corbeille comme sur le pain et le pichet en bronze, on relève la technique à pointillés de lumière déjà utilisée par Vermeer pour certaines toiles et qui donne ici des résultats magistraux.
Sont traités de la même façon le corsage et le tablier de la domestique, le récipient de laiton accroché au mur du fond.
Le tableau de Vermeer se distingue de la tradition hollandaise des « scènes de cuisine » : l’atmosphère en est déterminée par le caractère du personnage.
L’attitude concentrée de la femme et son application à travailler aux besoins de la famille illustrent bien l’idéal hollandais des vertus domestiques.
Cette signification est renforcée par la présence d’un brasero sur le sol et de carreaux décorés d’amours sur la plinthe qui sont autant d’allusions symboliques à l’affection.


LA DENTELLIERE -  1669


Faire de la dentelle requiert une grande concentration et Vermeer dépeint l'intensité de cet effort.

Il place la jeune fille devant un mur blanc pour éviter que l'oeil ne se perde sur des détails

Penchée sur son travail elle déplace ses fuseaux et ses épingles pour faire de la dentelle

Au premier plan des fils rouges et blancs coincés sous un gros coussin bleu s'étalent sur la table

Le format réduit du tableau met en valeur le sujet. Pourtant Vermeer emploie autant de soin à rendre chaque détail que dans les compositions plus grandes

En plaçant le spectateur légèrement en dessous de la dentellière Vermeer met l'accent plus sur son travail que sur la technique du métier

Il crée des zones de couleurs floues au tout premier plan qui marquent différentes profondeurs de champ

Les fils blancs et rouges forment des taches de couleur abstraites

Vermeer trace des contours nets et précis comme l'ovale du visage

Le cadre est réduit au minimum : la vision de l'artiste est très rapprochée

Au premier plan se trouve l'angle d'une table sur lequel est posé un coussin à broder d'où sortent des fils blancs et rouges que le peintre a tracé de la pointe du pinceau

La lumière arrive par la droite et met en valeur le jaune du corsage de la dentellière mais aussi son front et ses doigts ce qui souligne sa concentration sur son travail manuel

Le personnage de la brodeuse est un symbole de vertu domestique. Cette interprétation moralisante est soulignée par la présence du petit livre qui est probablement un bible ou un ouvrage de piété

Vermeer "floute" les objets du tout premier plan : on le remarque dans l'écheveau des fils rouges et dans les pompons du coussin : ainsi le regard est focalisé sur le deuxième plan où se trouve la dentellière



LA FEMME A LA FENÊTRE – 1664

La scène est construite selon les modalités habituelles : la lumière entre par la gauche et éclaire l’angle d’une pièce.
La position des objets, la couleur, les reflets et les ombres dénotent une intuition artistique qui distingue Vermeer de ses contemporains.
Le tableau d’une grande simplicité représente une femme vêtue d’une robe bleue et jaune ornée d’un grand col blanc portant une coiffure également blanche.
Elle entr’ouve légèrement une fenêtre d’une main tandis que dans l’autre elle tient un pot en cuivre posé sur une table.
Malgré la simplicité du sujet cette image produit un effet vigoureux inattendu. La douce tranquilité du personnage s’étend sur toute chose. Son attitude fait pense à ses moments où absorbés par nos pensées nous perdons la notion du temps et de l’espace.
La femme légèrement en retrait de la fenêtre crée un lien entre les deux parties du tableau.
Les courbes gracieuses de sa silhouette contrebalancent les formes géométriques plus dures de la fenêtre, de la carte, de la cuvette et du pot.
Les ombres sur le mur contribuent à fondre le personnage dans son environnement tout en assurant la continuité de l’image.
La lumière douce donne à la scène un caractère irréel comme si le temps n’existait plus.
Vermeer applique un fond chaud ocre clair qui met en valeur toutes les nuances de couleur et qui lui permet d’exprimer les ombres de façon saisissante.
Le côté ombré de la veste de la jeune femme ne présente qu’une légère trace de pigment jaune: c’est le fond qui devient couleur. Pour marquer l’ombre des plis il applique au contraire de la peinture bleue qui accroît l’éclat satiné des étoffes.
Il souligne les contours de la robe bleue en appliquant une ombre blanche tré légère.

L’attitude méditative est soulignée par les yeux baissés qui paraissent regarder vers l’extérieur.
Aucune action précise n’est indiquée sur la toile : le broc, la cuvette et le mantelet de la jeune femme pourraient suggérer le moment de la toilette, mais aucun autre élément ne le confirme.
Dans la tradition des emblèmes le thème du lavage est associé à l’idée de la pureté et de l’innocence.
Dans plusieurs tableaux de Vermeer on a l’impression que l’objectif principal est de représenter l’effet de la lumière à travers la vitre bleutée d’une fenêtre.
En effet, la lumière est traitée avec une grande sensibilité : on le remarque dans la tonalité violâtre des reflets sur le mur et dans les passages en demi-tons du visage de la jeune femme.
Le bord de la robe est nuancé de légères touches de pinceau, de façon à adoucir l’incidence de la lumière sur la courbe du tissu.
Le peintre avait songé à faire figurer une chaise de profil sur la gauche : son élimination permet à la lumière d’arriver sur le personnage entier, presque isolé dans un espace immobile.


JEUNE FEMME ASSOUPIE – 1657

Il est impossible de définir avec précision la condition de la jeune fille représentée.
La femme est assise, les yeux clos, la tête appuyée sur la main, derrière une table recouverte d’un somptueux tapis d’Orient relevé sur le devant. Une chaise au premier plan délimite l’espace et augmente la distance entre le spectateur et la jeune femme.
L’attitude de la femme endormie correspond à la représentation de la Paresse et contient une morale implicite : il faut toujours agir avec tempérance et modération.
La femme endormie sous l’effet du vin symbolise aussi la Tristesse : on peut donc supposer tout aussi bien que l’état d’âme de la jeune femme est causé par une déception amoureuse.
Cette hypothèse trouverait une confirmation dans le tableau représenté derrière la jeune femme. Ce tableau est peu visible mais il s’agit de l’Amour. L’étude de ce tableau aux rayons X renforce cette interprétation. Ce tableau fait référence à un livre publié en 1608 : Amorum Emblemata; l’emblème qui s’intitule “L’Amour requiet la Sincérité”, symbolise l’amour trompé.
Cette toile partage avec la Courtisane un premier plan défini par un tapis d’Orient.
On remarque une incertitude de la définition des rapports spatiaux dans la perspective de siège et de la table, ce qui rattache ce tableau à la production de jeunesse de Vermeer.


LE COLLIER DE PERLES -1664

La scène représente une jeune femme qui met son collier de perles devant un miroir.
Debout derrière une table sa silhouette se détache sur un mur blanc inondé de lumière.
Elle est vêtue d’une élégante veste de satin jaune bordée d’hermine et ses cheveux s’ornent d’une rosette rouge.
Sur la table devant elle sont posés une houpette à poudre et une cuvette.
La scène – comme toutes celles de cette période - de déroule dans l’angle d’une pièce éclairée par une fenêtre à gauche.
Les mouvements du personnage sont réduits au minimum mais son regard expressif fixé sur le miroir fait vivre l’espace.
Les critiques divergent sur la signification de cette scène.
Pour certains, le thème de la vanité, traditionnellement associé à ce genre d’images, est en opposition avec l’atmosphère même du tableau : la figure de la femme n’est ni sensuelle, ni séduisante mais pudique et comme absorbée.
Pour d’autres, la jeune femme personnifie plutôt des valeurs positives telles que la pureté et la vérité.
La présence du miroir devrait alors être interprétée comme le reflet authentique de la vérité.
La construction du tableau est celle de La Peseuse de perles mais la gamme chromatique est plus soutenue et plus intense.


LA PESEUSE DE PERLES – 1664

Dans cette toile Vermeer a représenté une femme qui tient en équilibre un trébuchet ; sur la table devant elle sont posés des coffrets à bijoux et des colliers de perles.
Elle porte une veste d’intérieur bleue bordée de fourrure blanche et un foulard blanc dont les bords dénoués tombent sur ses épaules encadrant son visage pensif et serein en même temps.
La scène est éclairée par la lumière diffuse qui filtre à travers un rideau orangé.
Sur le mur du fond est suspendu un tableau terrifiant représentant le Jugement dernier. Le cadre noir rectangulaire aux lignes horizontales et verticales accentuées crée un fond stable sur lequel se détache le personnage.
Ce dernier élément, joint à la présence des bijoux et de la balance, a donné naissance à diverses interprétations allégoriques.
La jeune femme et le tableau retracent des thèmes parallèles: en effet juger signifie peser.
On a cru aussi que la femme était la personnification de la Vanité ou bien de la caducité des biens de ce monde : l’attachement aux choses matérielles est contraire aux principes de la religion, rappelés par la présence menaçante du Jugement.
Inversement, la peseuse pouvait être une figure positive, voire une transposition de la Vierge qui intercéda en faveur des pécheurs lors de ce même Jugement, les perles seraient alors des allusions à sa pureté.
Une analyse radiographique a révélé que les plateaux du trébuchet ne contiennent pas de perles : ils sont entièrement vides.
On a donc supposé que la scène constitue une exhortation à la tempérance : la femme « soupèse » ses propres actions avec la même sévérité que celle du Christ jugeant les hommes.
Les bijoux étalés sur la table n’ont pas l’air de tenter la jeune femme: elle n’a d’yeux que pour la balance. Elle respire la paix intérieur et la sérénité et ne craint pas le jugement dernier. La balance signifie qu’elle pèse et mesure ses actions.
Le miroir qui lui fait face représente la recherche de la connaissance de soi. Bien qu’elle n’ait à se reprocher aucune de ses actions, elle sait sans le redouter qu’elle devra se soumettre au jugement dernier.


L’ASTRONOME -1668

Avec le Géographe, ces deux tableaux représentent des personnages masculins.
Il s’agit de deux scientifiques, figurés avec précision parmi leurs instruments.
Ces caractéristiques insolites chez un peintre qui aimait peindre des personnages féminins occupés à de simples activités quotidiennes font supposer l’existence d’un commanditaire spécifiquement intéressé par ce genre de sujet.
La scène est construite selon les modalités typiques des portraits d’intellectuel.
L’astronome est représenté à l’intérieur de son cabinet de travail.
Autour de lui sont disposés ses instruments : livres, graphique, astrolabe et compas.
Le savant est assis à sa table sur laquelle est posée une sphère céleste qui reproduit avec fidélité celle publiée par Hondius en 1600.
L’interprétation théologique de l’Astronome se fonde sur la présence d’un tableau à sujet biblique figurant Moïse sauvé des eaux, sujet associé au motif de la Divine Providence qui guide le destin des hommes.
Le scientifique est debout et fait tourner le globe, comme pour vérifier quelque chose.
Ce geste naturel confère à l’œuvre une qualité narrative.
Ce tableau est avec « La Courtisane », le seul qui soit daté et signé par Vermeer.


LE GÉOGRAPHE -1668

Comme pour l’Astronome, dont il constituait le pendant, on suppose pour le Géographe un commanditaire de haute culture.
On a évoqué Leeuwenock, savant de Delft, célèbre pour ses recherches au microscope qui affectionnait l’astronomie et soutint en 1669 une thèse de topographie.
La scène est semblable à celle qui est peinte dans l’Astronome : le personnage est représenté dans le cadre de la même pièce lumineuse, meublée d’une table et d’une armoire.
Autour sont disposés négligemment les cartes et les livres utilisés pour l’étude ; d’autres volumes s’entassent au-dessus de l’armoire où apparaît aussi une mappemonde.
Le géographe est penché sur sa table et tient dans sa main droite un compas ; il semble qu’il vienne juste de lever les yeux de ses cartes pour regarder par la fenêtre.
On a supposé que l’Astronome et le Géographe renferment une signification symbolique : celui-ci s’occupe des choses terrestres, celui-là des choses célestes.
Leur attitude traduit la confiance dans leurs recherches : le premier touche la sphère céleste, le second regarde vers la lumière et le monde réel.
L’atmosphère n’est plus celle des année antérieures, tranquille et méditative, mais elle se ressent du dynamisme et de l’action concentrée dans le personnage.
La lumière se projette sur le mur avec des ombres et la robe de chambre du savant a des plis nets et contrastés.


LA JOUEUSE DE GUITARE – 1672

Cette toile est la deuxième donnée en 1676 au boulanger pour solder les dettes de Vermeer.
Cette toile à la même immédiateté que « La Dentellière » : dans un cadrage rapproché et apparemment informel est assise une jeune femme, occupée à jouer de la guitare.
Cette jeune personne vêtue de la liseuse de satin jaune bordée d’hermine, déjà vue dans de nombreuses œuvres, a un visage ouvert et souriant.
La direction de son regard, tourné vers l’extérieur de la composition, accentue l’effet dynamique obtenu en décalant la figure vers le bord gauche de la toile ;
La coiffure de la jeune femme est la même que celle de la Dentellière.
L’artiste est éloigné de tout intérêt pour le rendu des effets de matière de la veste ; il se concentre sur la couleur comme instrument pour modeler les plans et les figures.
Grande luminosité en certains endroits de la robe et dur les reliefs de l’encadrement doré du tableau accroché au mur.


LA  JOUEUSE  DE  LUTH -1664


Ce tableau est en mauvais état de conservation.

La scène est située dans l’angle du pièce éclairée par la gauche : derrière une table est assise une jeune musicienne qui porte la même veste que la jeune fille du Collier de perles ou que la Jeune femme écrivant une lettre.

La musicienne est saisie dans un moment de tension artistique, comme si elle était en train de vérifier le bon accord de l’instrument.

Sur le mur du fond est suspendue une grande carte géographique de l’Europe : il s’agit de celle du géographe Hondius publiée en 1613.

La profondeur de champ n’est pas suggérée à l’aide des ressources typiques de la perspective, mais par la seule juxtaposition des objets proches et lointains.


GENTILHOMME ET DAME JOUANT DE L’EPINETTE – 1662

Le tableau représente l’angle d’une vaste pièce inondée par la lumière du soleil : contre le mur du fond une jeune femme vue de dos joue de l’épinette tandis qu’un gentilhomme debout à sa droite la regarde avec attention.
Les deux figures sont immobiles comme si la musique s’était arrêtée subitement.
Les éléments du tableau apparaissent comme des motifs et des formes colorés ce qui donne à la composition un caractère abstrait qui caractérise l’art du xxème siècle.
Cette composition est en effet orchestrée selon des règles géométriques rigoureuses.
Le dessin des poutres, la répétition des formes noires sur le mur du fond, la position de la table, la chaise et la cruche, chaque objet est parfaitement à sa place.
Le couvercle est moins net sur la droite de la jeune fille pour éviter que le regard ne s’attarde trop à reconstituer le dessin dont il est orné.

Le visage de la femme, légèrement tourné vers la droite, se reflète dans un miroir suspendu au-dessus de l’épinette, où l’on aperçoit aussi une partie du chevalet utilisé par le peintre.
On suppose que Vermeer a voulu, de cette façon, attirer l’attention sur son propre rôle d’auteur.
Initialement le jeune homme se trouvait plus près de la jeune fille qui tournait la tête vers lui comme en témoigne encore l’image dans le miroir.
A travers un jeu serré de renvois, Vermeer illustre la comparaison entre la musique et l’amour, se fondant sur le principe de l’harmonie et offrant consolation et réconfort.
Sur l’épinette est peinte une maxime en latin « La musique est compagne de la joie – La médecine, des douleurs »
La présence d’une viole suggère aussi que cet instrument vibre par sympathie en écho au son de l’épinette, comme l’écho des sentiments de deux personnes qui s’aiment.
Et de fait, l’attitude de l’homme semble dictée par une harmonie semblable.
La consistance particulière des différentes matières est rendue par le traitement pictural comme les veinures du marbre sur le carrelage.


LE CONCERT – 1665

La musique qui représente l’amour et la séduction est un thème classique de la peinture hollandaise.
Similitudes évidentes avec le Gentilhomme et dame jouant de l’épinette : les personnages sont disposés dans une pièce, meublée d’une table partiellement recouverte d’un tapis.
L’instrument de musique, un clavecin cette fois, est installé contre le mur du fond ; on aperçoit dans les premiers plans des feuilles de musique, un instrument à cordes mal défini (sur la table) et une viole (posée au pie de la table).
Les personnages sont disposés dans le fond de la scène : une jeune femme est assise au clavecin, un homme vu de dos l’accompagne au luth et une seconde jeune femme, debout à droite, chante en battant la mesure.
Le gentilhomme élégamment vêtu ressemble plus à un visiteur qu’à un maître de musique.
Sur le mur du fond sont accrochés deux tableaux : celui de gauche représente un paysage de forêt et celui de droite un tableau de Baburen, « l’Entremetteuse », également reproduit dans la « Femme assise devant son virginal » ; ce tableau de Baburen figurait dans l’inventaire des biens de la famille dressé après la mort du peintre.
Selon la tradition la scène aurait une valeur symbolique : celle de l’association entre la musique et l’amour sensuel.
Toutefois l’attitude des personnages ne fait aucune allusion à des liens de ce type. Au contraire, l’harmonie tacite qui les unit renvoie plutôt à des significations spirituelles. La musique n’est-t-elle pas le symbole de l’harmonie et du salut de l’âme ?
En plaçant la jeune fille de profil Vermeer réussit à la mettre dans l’ombre et à supprimer toute relation avec le personnage masculin.
Le tableau de l’Entremetteuse du fond aurait donc plutôt une signification de contraste.


ACCUEIL


VOYAGES


PEINTRES


ECRIVAINS


CURIOSITES


HISTOIRE


Précédent (gauche) Suivant (droite)

VERS 1ère Page  de VERMEER