Sainte famille dite à la baignoire 1650 (Cambridge)
Poussin a peint plusieurs "Sainte Famille"
Les regards se portent tous sur la Vierge (sauf deux enfants qui font exception) et jouent un rôle essentiel
Poussin a donné une place primordiale au paysage, au grand lac du second plan dans lequel se reflètent les collines, le ciel bleu et quelques nuage et ces "fabriques" chères à l'artiste
Il privilégie l'importante construction de blocs de pierre savamment agencés aux arêtes vives devant laquelle se détache la robuste figure de Joseph
Vivacité des coloris dans les bleus, les blancs et rouges de la robe de la Vierge
Certains détails :
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Importance accordée à l'eau, au bain, symboles de purification et de rédemption
Paysage à l'arbre frappé par la foudre
dit L'orage 1651
exécution rapide et nerveuse
nature déchaînée "saisie d'une violence toute pareille à celle des passions humaines"
"L'air était obscurci de telle manière qu'on y découvrait plus rien"
"Nous vîmes que tout d'un coup le ciel se changea et que les nuages s'assemblant de toutes parts il en fut couver en un instant"
Moïse sauvé des eaux 1651 (Londres)
Troisième composition sur ce thème
1638 Louvre -
C'est la composition la plus "égyptienne"
Le Nil placé en retrait
Les palmiers
Poussin voulait respecter la vérité historique, cette "vraisemblance", essentielle à ses yeux
Les suivantes nombreuses (9) sont diversifiées : surprise, étonnement, admiration
Visage grave et réservé de la fille de Pharaon
Présence d'une servante noire (rare chez Poussin)
Sur la droite une suivante se tourne vers nous comme pour nous inviter à participer à l'allégresse générale
Inhabituel sentiment de gaité, d'émulation joyeuse, d'excitation même
La belle suivante vêtue de blanc aux cheveux défaits, qui lève la tête vers la fille
de Pharaon est-
Miriam a proposé à la fille de Pharaon d'aller chercher une nourrice parmi les Hébreux et la jeune fille alla chercher Jocabed, la mère de l'enfant
Moïse était pour Poussin une nouvelle occasion de s'interroger sur les choix de la providence et sur les hasards de la destinée humaine
La Sainte Famille à onze figures 1651
Nouveauté de la mise en page
Poussin décentre la composition, moins frontale
Le groupe de la Sainte Famille et du petit saint Jean est déporté sur la gauche ce qui permet à Poussin de donner plus d'importance encore au paysage avec son large fleuve, au groupe de cavaliers et à la barque qui se reflète dans l'eau
Importance également des six enfants nus qui se tournent et de dirigent vers la scène centrale
Geste d'adoration d'un des enfants, le seul couronné de fleurs, qui croise les bras sur sa poitrine et baisse respectueusement la tête
Audacieuse tache rose du linge au premier plan sur la droite
Joseph dont l'expression est à la fois amusée et méditative contemple Jésus et Jean qui s'enlacent et semblent vouloir s'embrasser
Elisabeth et la Vierge s'interrogent du regard
Un dialogue silencieux s'établit
La Vierge qui intercède entre Dieu et les hommes occupe le centre de la composition
Paysage orageux avec Pyrame et Thisbé 1651
"J'ai essayé de représenter une tempête sur terre, imitant le mieux que j'ai pu l'effet d'un vent impétueux, d'un air rempli d'obscurité, de pluie, d'éclairs et de foudres qui tombent en plusieurs endroits, non sans y faire de désordre"
Certaines figures fuient suivant le vent, d'autres au contraire vont contre le vent
Un berger, voyant un lion, court et abandonne son troupeau
Sur le devant du tableau l'on voit Pirame mort et étendu par terre et auprès de lui Thisbé qui s'abandonne à la douleur
Poussin peignit les figures après avoir exécuté le paysage
Ovide raconte l'histoire :
Thisbé, princesse de Babylone, attendait son amant Pyrame sous un mûrier blanc
Une lionne s'approche qui venait d'égorger des bœufs, la gueule encore ensanglantée
Thisbé prend peur, s'enfuit abandonnant son voile blanc à l'animal qui furieux s'en empare et le déchire
Pyrame arrive sur le lieu du rendez-
Thisbé revient sur ses pas et découvre son amant en train d'expirer et elle se suicide à son tour sous le mûrier dont les fruits auront désormais la couleur sombre qui convient au deuil
Image de Thisbé figée à l'arrêt dans son geste, les bras écartés, hurlant sa douleur
Le déchaînement des forces de la nature accompagne le déchirement humain
La Nativité 1653
Cette Nativité est un des rares nocturnes de Poussin sans véritable source lumineuse, si ce n'est l'Enfant Jésus
Tendresse et intimité
Geste de Joseph, ébloui par Jésus, et se protégeant les yeux
Le Christ et la femme adultère 1653
Le centre du tableau est occupé par la petite figure d'une mère avec son enfant dont la silhouette se détache en sombre sur un plan reculé
La pitoyable femme adultère est à genoux devant le Seigneur attendant le verdict
Sur la droite les pharisiens tentent de déchiffrer les signes mystérieux écrits par le Christ sur le sol
"Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierr"
Quelques pharisiens s'étonnent ou s'en vont
Poussin a réuni sur le tableau plusieurs moments de l'histoire
Sévère architecture cubiste dépouillée
Les gestes sont heurtés
Plus on s'écarte du centre de la composition, plus le mouvement s'accroît
Le geste du bras droit du Christ est répété par celui du pharisien qui, au premier plan, se penche vers le sol et il est accompagné par la longue rampe de l'escalier qui conduit au palais
Les bras des deux pharisiens les plus proches de la femme adultère semblent poursuivre la ligne
Cette agitation et cette grandiose architecture minérale sont là pour isoler le Christ et la femme adultère et accentuer la tension de leur dialogue
L'Annonciation 1653
Tableau sur bois
Les figures sont placée au premier plan du tableau, ce qui a surpris
Audace de la composition
Intensité de l'émotion
La mort de Saphire 1654
Les Actes des Apôtres : les premiers chrétiens offraient leurs biens aux apôtres. Ananie et Sophie, sa femme, vendirent des terres mais ne donnèrent qu'une partie de la somme obtenue aux apôtres
Pierre en fit le reproche à Ananie qui tomba et rendit l'esprit
Trois heures après sa femme rentra, ignorant ce qui s'était passé et assura à Pierre qu'ils avaient bien donné toute la somme reçue
Elle tomba aux pieds de Saint Pierre et expira
Poussin voulut rivaliser avec la mort d'Ananie de Raphaël
Les architectures fascinent par leur rigueur géométrique quasiment abstraite
La limpidité de l'air et du ciel, la lumière cristalline permettent de distinguer dans le lointain de nombreux promeneurs
Poussin a peint deux autres paysages urbains :
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Sur la droite les trois apôtres condamnent du haut des deux marches d'un pavement géométrique
Pierre d'un doigt autoritaire terrasse le coupable d'un mensonge par avarice
Paul lève les bras et les mains vers le ciel pour bien marquer que Pierre n'est que l'instrument du miracle
Sur la gauche Saphire s'effondre
Autour d'elle tous témoignent de leur stupeur, de leur indignation, de leur effroi
Une jeune mère se détourne du drame et sort du tableau tenant son enfant, qui suce le pouce, sous son bras
Au centre du tableau un homme fait l'aumône à un mendiant
C'est un appel à la charité en contrepoint à la condamnation de l'avarice
Esther devant Assuérus 1654
Esther, choisie pour sa beauté, se présente devant le roi des Perses, Assuérus, son époux, pour implorer sa clémence et demander la grâce de son peuple qu'il a condamné à mort …
Il lava son visage au comble de la colère …
La reine s'effondra … et obtiendra la grâce de Mardochée, le sauveur du roi et de son peuple
Thème cher à Poussin des hasards de la destinée humaine
Poussin a rigoureusement divisé sa composition en deux parties :
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Les figures disposées dans un espace clos sont monumentale
Beau dessin du pavement de marbre dans cet imposant décor de colonnes
Grand V formé par le sceptre et la reine défaillante
Quatre touches de couleur : manteau rouge et blanc du roi, robes jaune et bleu d'Esther et de sa suivante
La tension entre les deux groupes est accentuée par le vide central
Les expressions des conseillers d'Assuérus accentuent la force dramatique du récit
Le Baptême du Christ 1654 (Midllothian)
"Tu est mon fils; moi, aujourd'hui je t'ai engendré" Luc
Le paysage fluvial est plus dégagé que dans la toile de Philadelphie
Poussin a peint sur la droite un septième baptisé qu'il supprimera de la version américaine
Cette figure écoute la voix venue du ciel avec émerveillement et étonnement
Enchaînement des bras et des jambes
Un homme s'habille dont on ne distingue que les mains qui agrippent la robe
Le vieil homme à genoux est inspiré d'une sculpture antique qui passait pour figurer Sénèque
Le Baptême du Christ 1655 (Philadelphie)
"Et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une
colombe et venir surlui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait : Celui-
Dans cette version Poussin a voulu ramasser la composition et insister sur le bloc compact formé par les nouveaux baptisés, tous tournés vers la gauche et tous vus de profil
Isolement du Christ et de saint Jean qui ne semblent apercevoir la colombe divine
Les néophytes, eux, se tournent vers la source du miracle
Saint Pierre et saint Jean guérissant le boiteux 1655
Saint Pierre guérit un paralytique (ou un boiteux) à la porte du temple de Jérusalem
Pierre fixe les yeux sur lui … Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche, et le saisissant par la main droite il le releva
A l'instant ses pieds et ses chevilles s'affermirent
Savante construction géométrique : tout un jeu de courbes et de droites, de colonnes rondes et d'arêtes vives
Architectures vues du sol selon une perspective ascendante
Richesse et variété des couleurs :
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Façade inachevée de l'arrière plan
La lumière se glisse entre les deux colonnes de marbre
Barbu aux cheveux blancs
Deux jeunes femmes vues de profil répétées à l'extrême droite et à l'extrême gauche
Elles portent sur la tête des paniers d'osier
Composition pyramidale avec les hommes qui montent et descendent les marches du temple
Ils se croisent et s'interrogent du regard
La main gauche de Jean est pointée vers le ciel, source du pouvoir miraculeux
Derrière Pierre et Jean un homme fait l'aumône à un vieillard, doublant l'acte de charité du premier plan
Expressif visage reconnaissant de la mendiante
L'œil est conduit vers les mains de Pierre et du paralytique comme celles d'Adam et de Dieu au plafond de la Sixtine
Coriolan supplié par les siens 1655
En 492 av JC, Coriolan a été exilé de Rome par les tribuns de la plèbe auxquels il s'était opposé après son échec au consulat
En 488 il s'est allié aux Volsques et haïssant Rome et surtout ses tribuns marche sur Rome
Mais il cède aux prières de sa mère et de sa femme et remet son épée au fourreau
On peut reconnaître dans ce tableau un écho de la Fronde des princes (1650-
Les sentiments humains et le devoir envers Rome, personnifiée par la guerrière impassible de gauche, vont l'emporter sur la colère et le désir de vengeance
Frise de gestes entrecroisés, de bras ouverts, de mains tendues
La peinture ne cherche pas à séduire : les figures sont des mannequins sans grâce, les visages des masques simplifiés qui rappellent le théâtre antique
Le coloris juxtapose des bleus, des rouges et des verts
Ce tableau dit les malheurs de la guerre civile, rejetant toute anecdote, tout paysage, même au second plan
Paysage aux trois hommes 1651
Deux voyageurs demandent leur route à un homme allongé sur le talus
Certains ont reconnu Diogène abandonnant Sparte pour Athènes
Ce serait l'explication de son geste qui pointe le doigt vers la droite
Poussin décrit une nature idyllique et idéalisée
Il mêle les fabriques et la campagne : quelques arbres, un pauvre feuillage, un tronc, un lac, des cavaliers à l'exercice et des collines étagées
Les éclats du soleil viennent souligner les plans
Paysage au château dit le Temps calme 1651
Qualité de la lumière poudreuse
Maîtrise de la composition rythmée par des architectures d'une rigueur cubiste qui se reflètent dans une eau froide d'une limpidité cristalline
Accord entre le bleu de l'étang et le ciel nuageux d'un bleu laiteux
Composition lisse et unie
Qualité et sérénité d'une nature impassible
Achille parmi les filles de Lycomède 1652 (Boston)
Poussin peignit deux "Achille parmi les filles de Lycomède" ( à Boston et Richmond)
Afin de lui épargner une mort qu'elle sait certaine, Thétis, mère d'Achille, l'habille en fille et le cache à Scyros, à la cour de Nicomède, parmi les filles du roi
Ulysse et son compagnon Diomède se déguisent en marchands et proposent aux jeunes filles des bijoux
L'une d'entre elles marchande un bijou
Des doigts de la main droite Diomède en précise le prix. Dans le coffre des bijoux Ulysse et son compagnon avaient également dissimulé une épée et un casque
Devant Ulysse fasciné, Achille se précipite sur l'épée, dévoilant son sexe et son identité
Une des filles de Nicomède, Deidamie, qui éprouvait quelque sentiment inavoué pour la jeune fille déguisée en qui elle n'avait su reconnaître Achille, se retourne stupéfaite
Construction spatiale d'une grande clarté appuyée par le puissant accord chromatique
Bonheur émerveillé d'Achille à la découverte de l'épée qu'il tire du fourreau
Confusion de Deidamie qui peut maintenant avouer sans honte son amour
Ulysse satisfait et amusé par le succès de son stratégème
Achille à la cour de Scyros était surnommé Pyrrha, la Rousse, à cause de la couleur de ses cheveux
Poussin ne néglige pas ce détail
Achille parmi les filles de Lycomège 1656 (Richmond)
Première version en1652 (Boston)
Les trois filles de Lycomède se parent de bijoux apportés par Ulysse et Diomède, déguisés en marchands
Ceux-
Achille s'est coiffé d'un beau casque à plumet (qui était au sol dans le tableau de Boston)
Il contemple son image dans un miroir, celui qui était marchandé par une des filles de Lycomède (Boston)
On distingue plus difficilement Deidamie, l'amoureuse d'Achille
Grande importance accordée à la nature et au paysage (au centre un miroir d'eau)
Sur la droite le temple de la fortune à Preneste
Composition plus statique
Il n'y a pas de lien entre les figures
Chacun des protagonistes paraît isolé, concentré sur lui-
Les jeunes filles se parent de perles et de bijoux
Achille dans son déguisement regarde avec un plaisir narcissique son image dans le miroir, inconscient du piège qu'Ulysse lui a tendu
La vieille femme sur la droite (Thétis, la mère d'Achille ?) contemple avec effroi le geste d'Achille qu'elle sait condamné à mourir devant Troie
Calchas avait prédit que la participation d'Achille était indispensable à la prise de Troie.
Sa mère Thétis le cache donc chez les filles du roi Lycomède sous le nom de Pyrrha
Il s'éprend de Deidamie qui lui donnera un fils Pyrrhus
Ulysse dépose des armes et des objets précieux devant la maison du roi
Les filles s'emparent des bijoux mais entendant un cor d'alarme Achille s'empare des armes dévoilant son identité
Il se rendra avec Ulysse à Troie
La naissance de Bacchus 1657
Junon, jalouse de Sémélé et de l'enfant qu'elle portait de Jupiter, son époux, avait
poussé celle-
Sémélé le pria de se montrer dans toute sa gloire, ce qu'il fit, la réduisant instantanément en cendres
A temps, Jupiter déroba Bacchus, l'enfant qui allait naître et le cacha dans sa cuisine
Poussin a choisi l'épisode suivant :
Mercure vient d'apporter Bacchus à Dircée et aux nymphes de Nysa. Il pointe le doigt vers le ciel où Jupiter se repose de ses fatigues
Sur la gauche cinq naïades contemplent avec curiosité la scène
Sur la droite Echo et Narcisse (vêtu d'une belle robe lavande) se meurent
Pan, dans les hauteurs d'un bosquet, annonce au son de sa flûte la venue de Bacchus qui somnole
Composition peinte dans une sorte de contre-
Echo qui se transforme en pierre et Narcisse qui expire, symboles des "amours stériles" et de la "mort solitaire" se détournent de la scène de la vie
La nappe d'eau avec ses reflets occupe tout le premier plan
Grande lumière du soleil levant
Sur le tard de sa vie, Poussin hésite entre :
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La vision de sainte Françoise Romaine 1657
En 1656 une épidémie de peste avait ravagé Rome, où disparurent une belle-
Le tableau montre la Vierge sur un nuage apparaissant à sainte Françoise qui la supplie d'écarter le fléau
On voit le cadavre d'une femme enveloppée dans un linceul
A l'arrière-
L'accent est mis sur le face à face des deux personnages principaux traités comme des statues au milieu d'un sobre décor d'architecture
L'Annonciation 1658 (Londres)
Tableau fait pour orner une chapelle de Santa Maria Minerva à Rome
L'effet de perspective du pavement donne bien le sentiment d'un tableau placé en hauteur et conçu pour une architecture funéraire
Le tableau est dédié au pape Alexandre VII, pape de 1655 à 1667
La scène se déroule sur une sorte d'estrade
La Vierge qui a abandonné son livre, assise les jambes croisées, à l'orientale, sur un coussin, ferme les yeux et ouvre largement les bras dans un geste d'acceptation
Au 17ème siècle la règle était de joindre les mains sur la poitrine
La colombe céleste volète au-
Gabriel aux belles ailes bleu, blanc, orange et au visage radieux, pointe un doigt vers elle, l'autre vers le ciel pour bien indiquer l'origine du message céleste
On a rapproché ce tableau de l'extase de Sainte Thérèse du Bernin à Rome
Le hiératisme figé de la composition, sa froideur, sa sécheresse, la dureté et la violence des couleurs ne sont qu'apparence
L'émotion qui saisit le spectateur renoue avec le monde de Chartres et de Reims
Paysage avec Hercule et Cacus 1659
Cacus, un monstre effroyable, habitant une grotte inaccessible aux rayons du soleil avait volé le troupeau d'Hercule
Il les avait cachés dans ses cavernes mais les mugissements des animaux le trahirent et Hercule se décide à reprendre son bétail
Armé de sa masse Hercule étrange Cacus et son hideux cadavre est traîné dehors
En haut à droite on distingue les vaches dérobées
Paysage harmonieux et pacifié
Deux des quatre naïades paraissent indifférentes à l'héroïque bataille
Deux bateliers animent les eaux calmes d'un grand lac
Un dieu fleuve contemple les naïades
La victoire d'Hercule est celle du bien qui écrase le mal
Prééminence de la nature avec les bosquets et les nuages, les rochers abruts et les buissons
Une nature grandiose, apaisée, sereine, comme l'artiste à la veille de sa mort
Paysage avec Agar et l'ange 1660
Sarah n'avait pas donné d'enfant à Abraham
Elle le poussa vers sa servante Agar, l’égyptienne
Celle-
Sarah, jalouse, maltraita Agar à tel point qu'elle s'enfuit dans le désert
L'ange de Dieu la rencontra et lui ordonna de retourner chez sa maîtresse
Par la suit Agar donne naissance à Ismaïl
Le format en hauteur est rare dans l'œuvre de Poussin
Agar s'écarte des rochers sauvages et inhospitaliers
Elle se tourne pleine d'espoir vers le ciel
De grands nuages couvrent le ciel ensoleillé
L'ange, vêtu d'une robe jaune paille, est éclairé par la lumière du soleil, source de vie, symbole de la fertilité d'Agar
Dans cette nature immense celle-
Le Printemps 1664
Ces quatre tableaux furent peints pour le duc de Richelieu mais gagnés au jeu de paume par Louis XIV qui le dédommagea généreusement
Le jeune duc était le petit-
Il était nouveau de symboliser les saisons par des paysages
Poussin avait choisi la lumière des heures matinales pour peindre le printemps, le soleil de midi pour l'été, les teintes assourdies du couchant pour l'automne, un nocturne pour l'hiver mais le public fut surpris de l'absence de neige
Le printemps et illustré par Adam et Eve, nus au paradis terrestre
Eve pointe le doigt vers la pomme tandis que dans le ciel Dieu bénit sa création
Equilibre harmonieux des paysages
Le vert tendre est adapté au printemps
L'automne 1664
Bleus lavande de l'automne
La grappe de Canaan évoque la Terre promise par Dieu aux Hébreux : Moïse a envoyé ses messagers explorer le pays de Canaan et ils reviennent chargés de fruits de cette terre fertile qui bientôt sera la leur
L'hiver 1664
Gris glaciaux de la pluie interminable du déluge
L'hiver illustré par le déluge fait allusion à la fin du monde
On remarque en haut à gauche, l'Arche de Noé, symbole d'espérance
Chateaubriand "Ce tableau rappelle quelque chose de l'âge délaissé et de la main
du vieillard : admirable tremblement du temps ! Souvent les hommes de génie ont annoncé
leur fin par des chefs-
Apollon amoureux de Daphné 1664
A cette composition manquent les derniers coups de pinceaux, par l'impuissance et le tremblement de la main
Les figures sont plus ou moins laissées à l'état d'ébauche
Apollon est assis sous un grand chêne
Il contemple Daphné à l'autre extrémité de la composition qui s'accroche au cou de son père, le fleuve Pénée
Cupidon, debout devant Apollon, décoche à Daphné une flèche émoussée qui lui interdira de connaître l'amour
Apollon venait de railler Cupidon en se moquant de ses armes d'enfant
Pour se venger Cupidon avait tiré sur Apollon une flèche d'or qui l'avait enflammé d'amour pour la belle Daphné
Sur la gauche, Mercure, le demi frère d'Apollon lui dérobe une flèche dans son carquois
La nymphe perchée sur l'arbre est Mélia qui avait été enlevée et violée par Apollon
Deux groupes distincts de naïades se tournent vers Apollon
Au second plan les troupeaux gardés par Apollon que Mercure s'apprête à dérober
Le corps du serpent Python qu'Apollon vient de tuer s'enroule autour du chêne
La destruction de Python symboliserait la puissance du soleil réduisant l'humidité et la moisissure
Tableau nostalgique avec son évocation envoûtante de la beauté, aperçue et désirée mais inaccessible
Un des amis de Poussin écrit le 22 mai 1665 "Poussin ne fait aujourd'hui plus rien que parfois boire par plaisir un petit verre de bon vin avec Claude Lorrain"
Quelques mois plus tard, le 19 novembre 1665, Poussin mourait
Le Christ ressuscité apparaissant à Madeleine
ou Noli me tangere 1653
tableau sur bois
poussin s'intéresse avant tout à l'échange des regards, aux gestes et aux expressions du Christ et de Madeleine
austérité et dépouillement
intensité du dialogue muet devant l'apparition miraculeuse
force des expressions qui évite toute sentimentalité
Moïse exposé sur les eaux 1654 (Oxford)
La mère de Moïse le dissimula pendant trois mois puis prit pour lui une corbeille de bitume … y plaça l'enfant et la déposa dans les roseaux sur la rive du Nil
Le père de Moïse, Amran s'éloigne, affligé, suivi du petit Aaron et au centre la sœur de Moïse, Miriam, qui porte un doigt à la bouche pour faire silence et pointe la main vers la fille de Pharaon que l'on aperçoit au lointain avec ses compagnes
Caractère romain du décor architectural
Seuls le Sphinx et le fleuvre Nil sur la droite nous rappellent que la scène se déroule en Egypte
En arrière-
L'atmosphère de l'œuvre est oppressante
Impression générale d'humidité et d'une végétation luxuriante qui menace de submerger aussi bien les êtres humains que l'architecture
Chacun des personnages, immobiles et comme figés, paraît seul et absorbé dans son drame
On entend le cri de douleur de Jocabed, la mère de Moïse. Son masque de théâtre se reflète dans les eaux du Nil
Amran semble quitter le tableau
Tout se joue sur le triangle des regards et rien ne laisse supposer l'heureux dénouement
Sainte Famille 1654 (Louvre)
Cinq figures se regroupent autour d'un axe vertical marqué par les arbres
Le petit saint Jean joue avec Jésus ce qui donne un caractère intime au tableau
Le silence méditatif prend une qualité presque angoissante
Fusion des corps dans une forme centrée, triangulaire, leur conférant une allure sculpturale
Le repos pendant la fuite en Egypte 1657
Poussin "J'ai voulu montrer que la Vierge qui est là représentée est en Egypte"
"J'ai mis en ce tableau toutes ces choses-
Poussin veut instruire et plaire
L'Egypte : les obélisques, (il en existait plusieurs à Rome), le plat de dattes, les égyptiennes et le Nubien
Tache orangée du baluchon de Joseph qui s'appuie sur une colonne couchée
Ane qui s'abreuve à une vasque
Noblesse des attitudes
Poussin veut montrer la réception du Christ par le monde païen
Le passé est observé pour mieux faire vivre le triomphe de Rome et de la religion chrétienne
Paysage avec Orion aveugle cherchant le soleil 1658
Le chasseur géant Orion, autrefois aveuglé par le roi Oenopion pour avoir tenté de violer sa femme et sa fille avait été averti par un oracle que les rayons du soleil le guériraient
Orion vu de dos marche à travers les nuages orageux vers les rayons du soleil
Cedalion juché sur ses épaules et Vulcain du sol dirigent ses pas vers l'Orient
Diane, accoudée à un nuage, le regarde du haut du ciel (Diane tuera par la suite Orion qui avait tenté de la violer)
Un paysage luxuriant et grandiose d'arbres et de collines enveloppe la scène
Les grandes traînées nuageuses grises empêchent les rayons du soleil de toucher les yeux du géant
Poussin veut peindre la nature dans sa fécondité toujours renaissante, dans sa force créatrice, le soleil comme source de vie
Baudelaire "Celui dont les pensers, comme des alouettes, vers les cieux le matin prennent un libre essor, qui plane sur la vie et comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes"
Eliezer désaltéré par Rébecca 1664 (Cambridge)
Poussin a peint cette scène une première fois en 1648
Le patriarche Abraham pria son vieux serviteur Eliezer de se rendre à Ur en Chaldée, sa terre d'origine, pour y choisir une femme pour son fils Isaac
Eliezer se mit en marche avec les chameaux de son maître
L'élue sera celle qui dira "Bois et j'abreuverai aussi tes chameaux"
Au centre de la composition Eliezer se désaltère devant Rébecca
Sur la gauche un serviteur tient en laisse un chameau lourdement chargé
Sur la droite la servante de Rébecca semble sortir de la scène
On compte sept cruches ou seaux
L'ombre longue d'Eliezer sur la margelle du puits indique bien l'heure du soir
L'agitation indifférente du chamelier et des servantes contraste avec le groupe statique et recueilli d'Eliezer et de Rébecca, inquiète de son destin
Poussin use de couleurs passées et comme fondues : bleu lavande, rose, vert pâle
Construction plus chaotique pour exprimer une méditation sur la destinée humaine
L'été 1864
Blés blonds de l'été
L'été est symbolisée par l'histoire de Ruth et de Booz
Ruth, venue du pays de Moab, demande à Booz l'autorisation de glaner dans ses champs
Il donne à un serviteur appuyé sur sa lance l'ordre d'accéder à la requête de Ruth
De la descendance de Ruth, la pauvre mais belle servante étrangère, choisie par le riche et puissant Booz, naîtra David, ancêtre du Christ