Sainte famille dite à la baignoire  1650   (Cambridge)

Poussin a peint plusieurs "Sainte Famille"

Les regards se portent tous sur la Vierge (sauf deux enfants qui font exception) et jouent un rôle essentiel

Poussin a donné une place primordiale au paysage, au grand lac du second plan dans lequel se reflètent les collines, le ciel bleu et quelques nuage et ces "fabriques" chères à l'artiste

Il privilégie l'importante construction de blocs de pierre savamment agencés aux arêtes vives devant laquelle se détache la robuste figure de Joseph

Vivacité des coloris dans les bleus, les blancs et rouges de la robe de la Vierge

Certains détails :

- curieux tripode métallique

- corbeille de vannerie

Importance accordée à  l'eau, au bain, symboles de purification et de rédemption

Paysage à l'arbre frappé par la foudre

dit L'orage   1651

exécution rapide et nerveuse

nature déchaînée "saisie d'une violence toute pareille à celle des passions humaines"

"L'air était obscurci de telle manière qu'on y découvrait plus rien"

"Nous vîmes que tout d'un coup le ciel se changea et que les nuages s'assemblant de toutes parts il en fut couver en un instant"

Moïse sauvé des eaux     1651   (Londres)

Troisième composition sur ce thème

1638 Louvre - 1647 Louvre - 1651 Londres

C'est la composition la plus "égyptienne"

Le Nil placé en retrait

Les palmiers

Poussin voulait respecter la vérité historique, cette "vraisemblance", essentielle à ses yeux

Les suivantes nombreuses (9) sont diversifiées : surprise, étonnement, admiration

Visage grave et réservé de la fille de Pharaon

Présence d'une servante noire (rare chez Poussin)

Sur la droite une suivante se tourne vers nous comme pour nous inviter à participer à l'allégresse générale

Inhabituel sentiment de gaité, d'émulation joyeuse, d'excitation même

La belle suivante vêtue de blanc aux cheveux défaits, qui lève la tête vers la fille de Pharaon est-elle Miriam, la sœur de Moïse, ou sa mère Jocabed ?

Miriam a proposé à la fille de Pharaon d'aller chercher une nourrice parmi les Hébreux et la jeune fille alla chercher Jocabed, la mère de l'enfant

Moïse était pour Poussin une nouvelle occasion de s'interroger sur les choix de la providence et sur les hasards de la destinée humaine

La Sainte Famille à onze figures   1651

Nouveauté de la mise en page

Poussin décentre la composition, moins frontale

Le groupe de la Sainte Famille et du petit saint Jean est déporté sur la gauche ce qui permet à Poussin de donner plus d'importance encore au paysage avec son large fleuve, au groupe de cavaliers et à la barque qui se reflète dans l'eau

Importance également des six enfants nus qui se tournent et  de dirigent vers la scène centrale

Geste d'adoration d'un des enfants, le seul couronné de fleurs, qui croise les bras sur sa poitrine et baisse respectueusement la tête

Audacieuse tache rose du linge au premier plan sur la droite

Joseph dont l'expression est à la fois amusée et méditative contemple Jésus et Jean qui s'enlacent et semblent vouloir s'embrasser

Elisabeth et la Vierge s'interrogent du regard

Un dialogue silencieux s'établit

La Vierge qui intercède entre Dieu et les hommes occupe le centre de la composition

Paysage orageux avec Pyrame et Thisbé  1651

"J'ai essayé de représenter une tempête sur terre, imitant le mieux que j'ai pu l'effet d'un vent impétueux, d'un air rempli d'obscurité, de pluie, d'éclairs et de foudres qui tombent en plusieurs endroits, non sans y faire de désordre"

Certaines figures fuient suivant le vent, d'autres au contraire vont contre le vent

Un berger, voyant un lion, court et abandonne son troupeau

Sur le devant du  tableau l'on voit Pirame mort et étendu par terre et auprès de lui Thisbé qui s'abandonne à la douleur

Poussin peignit les figures après avoir exécuté le paysage

Ovide raconte l'histoire :

Thisbé, princesse de Babylone, attendait son amant Pyrame sous un mûrier blanc

Une lionne s'approche qui venait d'égorger des bœufs, la gueule encore ensanglantée

Thisbé prend peur, s'enfuit abandonnant son voile blanc à l'animal qui furieux s'en empare et le déchire

Pyrame arrive sur le lieu du rendez-vous, découvre le voile rougi de sang, s'imagine le pire et de désespoir se frappe de son épée

Thisbé revient sur ses pas et découvre son amant en  train d'expirer et elle se suicide à son tour sous le mûrier dont les fruits auront désormais la couleur sombre qui convient au deuil

Image de Thisbé figée à l'arrêt dans son geste, les bras écartés, hurlant sa douleur

Le déchaînement des forces de la nature accompagne le déchirement humain

La Nativité   1653

Cette Nativité est un des rares nocturnes de Poussin sans véritable source lumineuse, si ce n'est l'Enfant Jésus

Tendresse et intimité

Geste de Joseph, ébloui par Jésus, et se protégeant les yeux

Le Christ et la femme adultère   1653

Le centre du tableau est occupé par la petite figure d'une mère avec son enfant dont la silhouette se détache en sombre sur un plan reculé

La pitoyable femme adultère est à genoux devant le Seigneur attendant le verdict

Sur la droite les pharisiens tentent de déchiffrer les signes mystérieux écrits par le Christ sur le sol

"Que celui d'entre vous qui est sans péché lui jette la première pierr"

Quelques pharisiens s'étonnent ou s'en vont

Poussin a réuni sur le tableau plusieurs moments de l'histoire

Sévère architecture cubiste dépouillée

Les gestes sont heurtés

Plus on s'écarte du centre de la composition, plus le mouvement s'accroît

Le geste du bras droit du Christ est répété par celui du pharisien qui, au premier plan, se penche vers le sol et il est accompagné par la longue rampe de l'escalier qui conduit au palais

Les bras des deux pharisiens les plus proches de la femme adultère semblent poursuivre la ligne

Cette agitation et cette grandiose architecture minérale sont là pour isoler le Christ et la femme adultère et accentuer la  tension de leur dialogue

L'Annonciation   1653

Tableau sur bois

Les figures sont placée au premier plan du tableau, ce qui a surpris

Audace de la composition

Intensité de l'émotion

La mort de Saphire   1654

Les Actes des Apôtres : les premiers chrétiens offraient leurs biens aux apôtres. Ananie et Sophie, sa femme, vendirent des terres mais ne donnèrent qu'une partie de la somme obtenue aux apôtres

Pierre en fit le reproche à Ananie qui tomba et rendit l'esprit

Trois heures après sa femme rentra, ignorant ce qui s'était passé et assura à Pierre qu'ils avaient bien donné toute la somme reçue

Elle tomba aux pieds de Saint Pierre et expira

Poussin voulut rivaliser avec la mort d'Ananie de Raphaël

Les architectures fascinent par leur rigueur géométrique quasiment abstraite

La limpidité de l'air et du ciel, la lumière cristalline permettent de distinguer dans le lointain de nombreux promeneurs

Poussin a peint deux autres paysages urbains :

- Le Christ et la femme adultère (Louvre)

- Saint Pierre et Saint Jean guérissent le boiteux (New York)

Sur la droite les trois apôtres condamnent du haut des deux marches d'un pavement géométrique

Pierre d'un doigt autoritaire terrasse le coupable d'un mensonge par avarice

Paul lève les bras et les mains vers le ciel pour bien marquer que Pierre n'est que l'instrument du miracle

Sur la gauche Saphire s'effondre

Autour d'elle tous témoignent de leur stupeur, de leur indignation, de leur effroi

Une jeune mère se détourne du drame et sort du tableau tenant son enfant, qui suce le pouce, sous son bras

Au centre du tableau un homme fait l'aumône à un mendiant

C'est un appel à la charité en contrepoint à la condamnation de l'avarice

Esther devant Assuérus   1654

Esther, choisie pour sa beauté, se présente devant le roi des Perses, Assuérus, son époux, pour implorer sa clémence et demander la grâce de son peuple qu'il a condamné à mort …

Il lava son visage au comble de la colère …

La reine s'effondra … et obtiendra la grâce de Mardochée, le sauveur du roi et de son peuple

Thème cher à Poussin des hasards de la destinée humaine

Poussin a rigoureusement divisé sa composition en  deux parties :

- à droite les hommes, le roi et ses conseillers

- à gauche les femmes, Esther et ses suivantes

Les figures disposées dans un espace clos sont monumentale

Beau dessin du pavement de marbre dans cet imposant décor de colonnes

Grand V formé par le sceptre et la reine défaillante

Quatre touches de couleur : manteau rouge et blanc du roi, robes jaune et bleu d'Esther et de sa suivante

La tension entre les deux groupes est accentuée par le vide central

Les expressions des conseillers d'Assuérus accentuent la force dramatique du récit

Le Baptême du Christ   1654   (Midllothian)

"Tu est mon fils; moi, aujourd'hui je t'ai engendré" Luc

Le paysage fluvial est plus dégagé que dans la toile de Philadelphie

Poussin a peint sur la droite un septième baptisé qu'il supprimera de la version américaine

Cette figure écoute la voix venue du ciel avec émerveillement et étonnement

Enchaînement des bras et des jambes

Un homme s'habille dont on ne distingue que les mains qui agrippent la robe

Le vieil homme à genoux est inspiré d'une sculpture antique qui passait pour figurer Sénèque

Le Baptême du Christ   1655    (Philadelphie)

"Et voici que les cieux s'ouvrirent : il vit l'Esprit de Dieu descendre comme une colombe et venir surlui. Et voici qu'une voix venue des cieux disait : Celui-ci et mon fils bien-aimé qui a toute ma faveur" Matthieu

Dans cette version Poussin a voulu ramasser la composition et insister sur le bloc compact formé par les nouveaux baptisés, tous tournés vers la gauche et tous vus de profil

Isolement du Christ et de saint Jean qui ne semblent apercevoir la colombe divine

Les néophytes, eux, se tournent vers la source du miracle

Saint Pierre et saint Jean guérissant le boiteux   1655

Saint Pierre guérit un paralytique (ou un boiteux) à la porte du temple de Jérusalem

Pierre fixe les yeux sur lui … Au nom de Jésus Christ le Nazaréen, marche, et le saisissant par la main droite il le releva

A l'instant ses pieds et ses chevilles s'affermirent

Savante construction géométrique : tout un jeu de courbes et de droites, de colonnes rondes et d'arêtes vives

Architectures vues du sol selon une perspective ascendante

Richesse et variété des couleurs :

- accord jaune et mauve de l'habit du garçonnet sur la droite

- accord vert bronze, lilas, bleu outremer du costume de l'homme de gauche qui fait l'aumône

Façade inachevée de l'arrière plan

La lumière se glisse entre les deux colonnes de marbre

Barbu aux cheveux blancs

Deux jeunes femmes vues de profil répétées à l'extrême droite et à l'extrême gauche

Elles portent sur la tête des paniers d'osier

Composition pyramidale avec les hommes qui montent et descendent les marches du temple

Ils se croisent et s'interrogent du regard

La main gauche de Jean est pointée vers le ciel, source du pouvoir miraculeux

Derrière Pierre et Jean un homme fait l'aumône à un vieillard, doublant l'acte de charité du premier plan

Expressif visage reconnaissant de la mendiante

L'œil est conduit vers les mains de Pierre et du paralytique comme celles d'Adam et de Dieu au plafond de la Sixtine

Coriolan supplié par les siens   1655

En 492 av JC, Coriolan a été exilé de Rome par les tribuns de la plèbe auxquels il s'était opposé après son échec au consulat

En 488 il s'est allié aux Volsques et haïssant Rome et surtout ses tribuns marche sur Rome

Mais il cède aux prières de sa mère et de sa femme et remet son épée au fourreau

On peut reconnaître dans ce tableau un écho de la Fronde des princes (1650-1652)

Les sentiments humains et le devoir envers Rome, personnifiée par la guerrière impassible de gauche, vont l'emporter sur la colère et le désir de vengeance

Frise de gestes entrecroisés, de bras ouverts, de mains tendues

La peinture ne cherche pas à séduire : les figures sont des mannequins sans grâce, les visages des masques simplifiés qui  rappellent le théâtre antique

Le coloris juxtapose des bleus, des rouges et des verts

Ce tableau dit les malheurs de la guerre civile, rejetant toute anecdote, tout paysage, même au second plan

Paysage aux trois hommes   1651

Deux voyageurs demandent leur route à un homme allongé sur le talus

Certains ont reconnu Diogène abandonnant Sparte pour Athènes

Ce serait l'explication de son geste qui pointe le doigt vers la droite

Poussin décrit une nature idyllique et idéalisée

Il mêle les fabriques et la campagne : quelques arbres, un pauvre feuillage, un tronc, un lac, des cavaliers à l'exercice et des collines étagées

Les éclats du soleil viennent souligner les plans

Paysage au château dit le Temps calme   1651

Qualité de la lumière poudreuse

Maîtrise de la composition rythmée par des architectures d'une rigueur cubiste qui se reflètent dans une eau froide d'une limpidité cristalline

Accord entre le bleu de l'étang et le ciel nuageux d'un bleu laiteux

Composition lisse et unie

Qualité et sérénité d'une nature impassible

Achille parmi les filles de Lycomède   1652  (Boston)

Poussin peignit deux "Achille parmi les filles de Lycomède" ( à Boston et Richmond)

Afin de lui épargner une mort qu'elle sait certaine, Thétis, mère d'Achille, l'habille en fille et le cache à Scyros, à  la cour de Nicomède, parmi les filles du roi

Ulysse et son compagnon Diomède se déguisent en marchands et proposent aux jeunes filles des bijoux

L'une d'entre elles marchande un bijou

Des doigts de la main droite Diomède en précise le prix. Dans le coffre des bijoux Ulysse et son compagnon avaient également dissimulé une épée et un casque

Devant Ulysse fasciné, Achille se précipite sur l'épée, dévoilant son sexe et son identité

Une des filles de Nicomède, Deidamie, qui éprouvait quelque sentiment inavoué pour la jeune fille déguisée en qui elle n'avait su reconnaître Achille, se retourne stupéfaite

Construction spatiale d'une grande clarté appuyée par le puissant accord chromatique

Bonheur émerveillé d'Achille à la découverte de l'épée qu'il tire du fourreau

Confusion de Deidamie qui peut maintenant avouer sans honte son amour

Ulysse satisfait et amusé par le succès de son stratégème

Achille à la cour de Scyros était surnommé Pyrrha, la Rousse, à cause de la couleur de ses cheveux

Poussin ne néglige pas ce détail

Achille parmi les filles de Lycomège 1656 (Richmond)

Première version en1652 (Boston)

Les trois filles de Lycomède se parent de bijoux apportés par Ulysse et Diomède, déguisés en marchands

Ceux-ci se tournent vers Achille qui tient de la main droite l'épée qu'il a choisie, trahissant ainsi son sexe et son identité

Achille s'est coiffé d'un beau casque à plumet (qui était au sol dans le tableau de Boston)

Il contemple son image dans un miroir, celui qui était marchandé par une des filles de Lycomède (Boston)

On distingue plus difficilement Deidamie, l'amoureuse d'Achille

Grande importance accordée à la nature et au paysage (au centre un miroir d'eau)

Sur la droite le temple de la fortune à Preneste

Composition plus statique

Il  n'y a pas de lien entre les figures

Chacun des protagonistes paraît isolé, concentré sur lui-mêm, détaché de la scène

Les jeunes filles se parent de perles et de bijoux

Achille dans son déguisement regarde avec un plaisir narcissique son image dans le miroir, inconscient du  piège qu'Ulysse lui a tendu

La vieille femme sur la droite (Thétis, la mère d'Achille ?) contemple avec effroi le geste d'Achille qu'elle sait condamné à mourir devant Troie

Calchas avait prédit que la participation d'Achille était indispensable à la prise de Troie.

Sa mère Thétis le cache donc chez les filles du roi Lycomède sous le nom de Pyrrha

Il s'éprend de Deidamie qui lui donnera un fils Pyrrhus

Ulysse dépose des armes et des objets précieux devant la maison du roi

Les filles s'emparent des bijoux mais entendant un cor d'alarme Achille s'empare des armes dévoilant son identité

Il se rendra avec Ulysse à Troie

La naissance de Bacchus   1657

Junon, jalouse de Sémélé et de l'enfant qu'elle portait de Jupiter, son époux, avait poussé celle-ci à demander à Jupiter d'exaucer ses vœux les plus chers

Sémélé le pria de se montrer dans toute sa gloire, ce qu'il fit, la réduisant instantanément en cendres

A temps, Jupiter déroba Bacchus, l'enfant qui allait naître et le cacha dans sa cuisine

Poussin a choisi l'épisode suivant :

Mercure vient d'apporter Bacchus à Dircée et aux nymphes de Nysa. Il pointe le doigt vers le ciel où Jupiter se repose de ses fatigues

Sur la gauche cinq naïades contemplent avec curiosité la scène

Sur la droite Echo et Narcisse (vêtu d'une belle robe lavande) se meurent

Pan, dans les hauteurs d'un bosquet, annonce au son de sa flûte la venue de Bacchus qui somnole

Composition peinte dans une sorte de contre-jour ombreux où éclate la tache rouge du manteau de Mercure

Echo qui se transforme en pierre et Narcisse qui expire, symboles des "amours stériles" et de la "mort solitaire" se détournent  de la scène de la vie

La nappe d'eau avec ses reflets occupe tout le premier plan

Grande lumière du soleil levant

Sur le tard de sa vie, Poussin hésite entre :

- un hymne à la nature

- le perpétuel retour de la nature qui est vitalité

- la certitude du triomphe fatal de la mort

La vision de sainte Françoise Romaine   1657

En 1656 une épidémie de peste avait ravagé Rome, où disparurent une belle-sœur et un nièce de Poussin

Le tableau montre la Vierge sur un nuage apparaissant à sainte Françoise qui la supplie d'écarter le fléau

On voit le cadavre d'une femme enveloppée dans un linceul

A l'arrière-plan un ange chasse la Peste qui emporte un enfant mort

L'accent est mis sur le face à face des deux personnages principaux traités comme des statues au milieu d'un sobre décor d'architecture

L'Annonciation   1658  (Londres)

Tableau fait pour orner une chapelle de Santa Maria Minerva à Rome

L'effet de perspective du pavement donne bien le sentiment d'un tableau placé en hauteur et conçu pour une architecture funéraire

Le tableau est dédié au pape Alexandre VII, pape de 1655 à 1667

La scène se déroule sur une sorte d'estrade

La Vierge qui a abandonné son livre, assise les jambes croisées, à l'orientale, sur un coussin, ferme les yeux et ouvre largement les bras dans un geste d'acceptation

Au 17ème siècle la règle était de joindre les mains sur la poitrine

La colombe céleste volète au-dessus de sa tête

Gabriel aux belles ailes bleu, blanc, orange et au visage radieux, pointe un doigt vers elle, l'autre vers le ciel pour bien indiquer l'origine du message céleste

On a rapproché ce tableau de l'extase de Sainte Thérèse du Bernin à Rome

Le hiératisme figé de la composition, sa froideur, sa sécheresse, la dureté et la violence des couleurs ne sont qu'apparence

L'émotion qui saisit le spectateur renoue avec le monde de Chartres et de Reims

Paysage avec Hercule et Cacus   1659

Cacus, un monstre effroyable, habitant une grotte inaccessible aux rayons du soleil avait volé le troupeau d'Hercule

Il les avait cachés dans ses cavernes mais les mugissements des animaux le trahirent et Hercule se décide à reprendre son bétail

Armé de sa masse Hercule étrange Cacus et son hideux cadavre est traîné dehors

En haut à droite on distingue les vaches dérobées

Paysage harmonieux et pacifié

Deux des quatre naïades paraissent indifférentes à l'héroïque bataille

Deux bateliers animent les eaux calmes d'un grand lac

Un dieu fleuve contemple les naïades

La victoire d'Hercule est celle du bien qui écrase le mal

Prééminence de la nature avec les bosquets et les nuages, les rochers abruts et les buissons

Une nature grandiose, apaisée, sereine, comme l'artiste à la veille de sa mort

Paysage avec Agar et l'ange   1660

Sarah n'avait pas donné d'enfant à Abraham

Elle le poussa vers sa servante Agar, l’égyptienne

Celle-ci se trouva bientôt enceinte

Sarah, jalouse, maltraita Agar à tel point qu'elle s'enfuit dans le désert

L'ange de Dieu la rencontra et lui ordonna de retourner chez sa maîtresse

Par la suit Agar donne naissance à Ismaïl

Le format en  hauteur est rare dans l'œuvre de Poussin

Agar s'écarte des rochers sauvages et inhospitaliers

Elle se tourne pleine d'espoir vers le ciel

De grands nuages couvrent le ciel ensoleillé

L'ange, vêtu d'une robe jaune paille, est éclairé par la lumière du soleil, source de vie, symbole de la fertilité d'Agar

Dans cette nature immense celle-ci paraît vulnérable, abandonnée de tous, livrée à son destin dont elle ignore encore la fortune

Le Printemps  1664

Ces quatre tableaux furent peints pour le duc de Richelieu mais gagnés au jeu de paume par Louis XIV qui le dédommagea généreusement

Le jeune duc était le petit-neveu du cardinal

Il était nouveau de symboliser les saisons par des paysages

Poussin avait choisi la lumière des heures matinales pour peindre le printemps, le soleil de midi pour l'été, les teintes assourdies du couchant pour l'automne, un nocturne pour l'hiver mais le public fut surpris de l'absence de neige

Le printemps et illustré par Adam et Eve, nus au paradis terrestre

Eve pointe le doigt vers la pomme tandis que dans le ciel Dieu bénit sa création

Equilibre harmonieux des paysages

Le vert tendre est adapté au printemps

L'automne 1664

Bleus lavande de l'automne

La grappe de Canaan évoque la Terre promise par Dieu aux Hébreux : Moïse a envoyé  ses messagers explorer le pays de Canaan et ils reviennent chargés de fruits de cette terre fertile qui bientôt sera la leur

L'hiver   1664

Gris glaciaux de la pluie interminable du déluge

L'hiver illustré par le déluge fait allusion à la fin du monde

On remarque en haut à gauche, l'Arche de Noé, symbole d'espérance

Chateaubriand "Ce tableau rappelle quelque chose de l'âge délaissé et de la main du vieillard : admirable tremblement du temps ! Souvent les hommes de génie ont annoncé leur fin par des chefs-d'œuvre : c'est leur âme qui s'envole"

Apollon amoureux de Daphné   1664

A cette composition manquent les derniers coups de pinceaux, par l'impuissance et le tremblement de la main

Les figures sont plus ou moins laissées à l'état d'ébauche

Apollon est assis sous un grand chêne

Il contemple Daphné à l'autre extrémité de la composition qui s'accroche au cou de son père, le fleuve Pénée

Cupidon, debout devant Apollon, décoche à Daphné une flèche émoussée qui lui interdira de connaître l'amour

Apollon venait de railler Cupidon en se moquant de ses armes d'enfant

Pour se venger Cupidon avait tiré sur Apollon une flèche d'or qui l'avait enflammé d'amour pour la belle Daphné

Sur la gauche, Mercure, le demi frère d'Apollon lui dérobe une flèche dans son carquois

La nymphe perchée sur l'arbre est Mélia qui avait été enlevée et violée par Apollon

Deux groupes distincts de naïades se tournent vers Apollon

Au second plan les troupeaux gardés par Apollon que Mercure s'apprête à dérober

Le corps du serpent Python qu'Apollon vient de tuer s'enroule autour du chêne

La destruction de Python symboliserait la puissance du soleil réduisant l'humidité et la moisissure

Tableau nostalgique avec son évocation envoûtante de la beauté, aperçue et désirée mais inaccessible


Un des amis de Poussin écrit le 22 mai 1665 "Poussin ne fait aujourd'hui plus rien que parfois boire par plaisir un petit verre de bon vin avec Claude Lorrain"

Quelques mois plus tard, le 19 novembre 1665, Poussin mourait


Le Christ ressuscité apparaissant à Madeleine

ou Noli me tangere    1653

tableau sur bois

poussin s'intéresse avant tout à l'échange des regards, aux gestes et aux expressions du Christ et de Madeleine

austérité et dépouillement

intensité du dialogue muet devant l'apparition miraculeuse

force des expressions qui évite toute sentimentalité


Moïse exposé sur les eaux   1654  (Oxford)

La mère de Moïse le dissimula pendant trois mois puis prit pour lui une corbeille de bitume … y plaça l'enfant et la déposa dans les roseaux sur la rive du Nil

Le père de Moïse, Amran s'éloigne, affligé, suivi du petit Aaron et au centre la sœur de Moïse, Miriam, qui porte un doigt à la bouche pour faire silence et pointe la main vers la fille de Pharaon que l'on aperçoit au lointain avec ses compagnes

Caractère romain du décor architectural

Seuls le Sphinx et le fleuvre Nil sur la droite nous rappellent que la scène se déroule en Egypte

En arrière-plan le mausolée d'Hadrien (château Saint Ange)

L'atmosphère de l'œuvre est oppressante

Impression générale d'humidité et d'une végétation luxuriante qui menace de submerger aussi bien les êtres humains que l'architecture

Chacun des personnages, immobiles et comme figés, paraît seul et absorbé dans son drame

On entend le cri de douleur de Jocabed, la mère de Moïse. Son masque de théâtre se reflète dans les eaux du Nil

Amran semble quitter le tableau

Tout se joue sur le triangle des regards et rien ne laisse supposer l'heureux dénouement

Sainte Famille   1654   (Louvre)

Cinq figures se regroupent autour d'un axe vertical marqué par les arbres

Le petit saint Jean joue avec Jésus ce qui donne un caractère intime au tableau

Le silence méditatif prend une qualité presque angoissante

Fusion des corps dans une forme centrée, triangulaire, leur conférant une allure sculpturale



Le repos pendant la fuite en Egypte   1657

Poussin "J'ai voulu montrer que la Vierge qui est là représentée est en Egypte"

"J'ai mis en ce tableau toutes ces choses-là pour délecter par la nouveauté et la variété"

Poussin veut instruire et plaire

L'Egypte : les obélisques, (il en existait plusieurs à Rome), le plat de dattes, les égyptiennes et le  Nubien

Tache orangée du baluchon de Joseph qui s'appuie sur une colonne couchée

Ane qui s'abreuve à une vasque

Noblesse des attitudes

Poussin veut montrer la réception du Christ par le monde païen

Le passé est observé pour mieux faire vivre le triomphe de Rome et de la religion chrétienne

Paysage avec Orion aveugle cherchant le soleil  1658

Le chasseur géant Orion,  autrefois aveuglé par le roi Oenopion pour avoir tenté de violer sa femme et sa fille avait été averti par un oracle que les rayons du soleil le guériraient

Orion vu de dos marche à  travers les nuages orageux vers les rayons du soleil

Cedalion juché sur ses épaules et Vulcain du sol dirigent ses pas vers l'Orient

Diane, accoudée à un nuage, le regarde du haut du ciel (Diane tuera par la suite Orion qui avait tenté  de la violer)

Un paysage luxuriant et grandiose d'arbres et de collines enveloppe la scène

Les grandes traînées nuageuses grises empêchent les rayons du soleil de toucher les yeux du géant

Poussin veut peindre la nature dans sa fécondité toujours renaissante, dans sa force créatrice, le soleil comme source de vie

Baudelaire "Celui dont les pensers, comme des alouettes, vers les cieux le matin prennent un libre essor, qui plane sur la vie et comprend sans effort le langage des fleurs et des choses muettes"

Eliezer désaltéré par Rébecca   1664  (Cambridge)

Poussin a peint cette scène une première fois en 1648

Le patriarche Abraham pria son vieux serviteur Eliezer de se rendre à Ur en Chaldée, sa terre d'origine, pour y choisir une femme pour son fils Isaac

Eliezer se mit en marche avec les chameaux de son maître

L'élue sera celle qui dira "Bois et j'abreuverai aussi tes chameaux"

Au centre de la composition Eliezer se désaltère devant Rébecca

Sur la gauche un serviteur tient en laisse un chameau lourdement chargé

Sur la droite la servante de Rébecca semble sortir de la scène

On compte sept cruches ou seaux

L'ombre longue d'Eliezer sur la margelle du puits indique bien l'heure du soir

L'agitation indifférente du chamelier et des servantes contraste avec le groupe statique et recueilli d'Eliezer et de Rébecca, inquiète de son destin

Poussin use de couleurs passées et comme fondues : bleu lavande, rose, vert pâle

Construction plus chaotique pour exprimer une méditation sur la destinée humaine

L'été   1864

Blés blonds de l'été

L'été est symbolisée par l'histoire de Ruth et de Booz

Ruth, venue du pays de Moab, demande à Booz l'autorisation de glaner dans ses champs

Il donne à un serviteur appuyé sur sa lance l'ordre d'accéder à la requête de Ruth

De la descendance de Ruth, la pauvre mais belle servante étrangère, choisie par le riche et puissant Booz, naîtra David, ancêtre du Christ

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