L'adoration des mages   1633  (Londres)

Ce tableau qui est à Londres a été peint avant un autre sur le même thème qui est à Dresde

Une des rares œuvres que Poussin ait signée

A l'arrière-plan une annonce aux bergers entre deux belle colonnes cannelées

Sur le devant deux bergers, une bergère et une femme portant un plateau de fruits se tournent vers l'Enfant et la Vierge

Derrière ce groupe, Saint Joseph, l'âne et le bœuf semblent n'avoir guère inspiré l'artiste, plus à l'aise avec les chevaux

Format en hauteur inhabituel pour Poussin

L'artiste a  porté son effort sur l'architecture qui évoque plus Rome que Bethléem et sur les cinq angelots qui animent la partie haute de la toile

Les différents plans de la composition, l'architecture, le balancement des figures, l'agencement des colonnes et des arcades, des droites et des courbes, des horizontales et des verticale visent à l'équilibre parfait au détriment du sujet, abordé comme avec détachement

Poussin accorde la priorité à la construction rigoureuse de sa toile, à l'étude des gestes et des attitudes, à la fois en mouvement et comme à l'arrêt

Il transcrit les sentiments de surprise, d'étonnement, d'émerveillement, de respect et de bonheur qu'éprouvent les participants à la scène

L'adoration des Mages   1633 (Dresde)

Poussin réutilise le schéma d'une composition de Raphaël aux Loges du Vatican

Mais il diversifie les réactions des rois et de leurs suites devant la naissance du Sauveur : étonnement, respect, silence, humilité

Toutes les figures du premier plan présentées de profil sont liées entre elles par le réseau serré des gestes et des postures

Une ruine à l'antique sur la gauche et l'échappée du paysage à droite donnent toute son ampleur à la scène

Le triomphe de David   1633

Entre les colonnes du temple la figuration prend des allures de foule de théâtre

Toute action historique prend chez Poussin, du fait de la mise en situation comme un film à grand spectacle, un caractère solennel et souvent grandiose

Tableau scandé par l'architecture et construit sur deux registres superposés

Distinction des plans

Nette délimitation des groupes

Souci de trouver pour chaque figure le geste et l'expression exacts

A cette époque Poussin se convertit lentement au classicisme

Le triomphe de Pan   1634

Autour de la statue du dieu cornu et laid dansent les satyres et les nymphes séduits par sa flûte

Le rythme et les mouvements de franche empoignade peuvent faire penser à Rubens

Le dieu Pan est le bienfaiteur des bergers et le garant de la fécondité des troupeaux

Pan est un acteur important de la Nature qui se métamorphose sans cesse : le principe de la métamorphose est matérialisé par la présence de masques au premier plan

Organisation en profondeur

Peu à peu Poussin dispose ses figures parallèlement à la surface du tableau

Les personnages et les groupes n'entretiennent entre eux que des liens formels et non psychologiques ou dramatiques

Combinaison de mouvements violents et divergents dont le balancement se résout en immobilité


Le jeune Pyrrhus sauvé   1634

Tableau entré en 1665 dans la collection de Louis XIV

Poussin évite l'effet linéaire de la frise et recourt à une tonalité cuivrée pour renforcer le coloris

Le sujet est tiré de Plutarque

Pyrrhus,  né en 319 av JC,  fils du roi Eocide,  menacé au cours d'une sédition est emporté par les fidèles de son père, jeunes gens sûrs et robustes, Androcléion, Hippias et Néandros, qui voulaient mettre l'enfant de deux ans en sécurité à Mégare

Le soleil était déjà couché

Un fleuve les séparait de la ville (fleuve représenté allongé vu de dos sur la gauche de la toile)

A l'entrée de la ville on voit un terme en Mercure

L'ennemi approchait, repoussé difficilement sur la droite

Les sauveteurs de Pyrrhus aperçurent des gens du pays sur l'autre rive

Ils poussèrent des cris mais ne furent pas entendus à cause du courant

Ils firent alors passer un message écrit sur deux morceaux d'écorce fixés, l'un à une pierre, l'autre à un javelot

Poussin rassemble les personnages sur un même plan et résume l'action en isolant les corps et en répétant par trois fois une même attitude selon  les principes du Traité de Léonard de Vinci qui l'occupait à cette époque

Nous retrouverons ce principe dans le David du Serment des Horaces

Poussin adoucit la rigueur de la composition par le groupe des nourrices qui rappellent Raphaël, une des sources d’inspiration constantes de l'artiste

Poussin a souhaité exprimer les diverses étapes qui vont du danger sur la droite au salut à gauche en passant par l'effroi et la crainte (les deux femmes qui se retournent), l'appel (le soldat qui soulève Pyrrhus, son voisin qui le montre), l'espérance qui naît

Poussin a placé Pyrrhus éclairé par un rayon de lumière en plein centre de sa toile et au point de rencontre de la tension que créent les deux pôles d'intérêt de la composition

Beauté formelle de la  nature morte avec les boucliers, la gourde et le sac d'étoffe bleue

Confirmation   1636

Un prêtre oint le front d'un enfant à l'aide de l'huile sacrée qu'un acolyte lui présente sur un plateau

Au second plan un autre prêtre debout oint le front d'un enfant qui a déjà reçu la confirmation

Sur la gauche une fillette poussée par sa mère semble hésiter à se diriger vers le prêtre

Une autre mère, à genoux vue de dos, au premier plan, se tourne vers la fillette en tenant par l'épaule son enfant

Les figures disposées harmonieusement se détachent devant l'architecture

Poussin faisait usage de figurines de cire qu'il déplaçait dans une  boîte afin de composer sa toile

Le mariage   1636

Un des premiers tableaux de la série des sacrements

Poussin pour symboliser ce sacrement a choisi de représenter le mariage de la Vierge : le grand prêtre pose ses mains sur les épaules des époux agenouillés devant lui, se touchant l'un l'autre la main droite

Verge fleurie de saint Joseph qu'un assistant désigne  avec émerveillement

Poussin choisit l'ordre corinthien pour exprimer l'agréable et le gracieux

L'extrême-onction   1636

L'agonisant est oint d'huile par un prêtre qui lui soulève la paupière

Sa mère lui soutient délicatement la tête tandis que son épouse assise au pied du lit pleure en se dissimulant le visage

Chaque assistant participe à la scène en fonction de son degré d'intimité avec l'agonisant

Qualité de la lumière venant de la fenêtre de gauche qui baigne la composition et lui donne son unité

Les courbes et les droites, les ombres et les lumières sont agencées avec recherche

Élégance de la jeune servante sur sa droite qui franchit une porte et se retourne comme amusée vers le spectateur

L'enlèvement des Sabines   1637  (Louvre)

Il existe une autre version de l'Enlèvement des Sabines (1638) qui est à New York

La population de Rome, ville nouvellement fondée, était essentiellement militaire

Les soldats se devaient de trouver des épouses

Romulus invita ses voisins, les Sabins, à une fête

A son signal chaque romain devait s'emparer d'une Sabine

Romulus est au second plan, sur la gauche, accompagné de deux sénateurs, donnant le signal de l'enlèvement

A gauche une Sabine qu'emporte un vigoureux guerrier, tire d'une main les cheveux de son ravisseur et lève l'autre vers le ciel qu'elle semble implorer

A droite un romain arrête une Sabine qui veut fuir avec son mari

Le couple qui court à gauche rime avec le couple qui court à droite

La vielle femme agenouillée rime avec la vieille femme assise

Romulus n'est que l'instrument du Destin, le futur triomphe de Rome

L'arrière-plan architectural, encore partiellement en chantier, fait allusion à la toute récente fondation de Rome

Composition toute en profondeur

Poussin multiplie les groupes convergents ou divergents et insistes sur le mouvement

L'adoration du veau d'or   1637

Moïse (en haut à gauche) redescend du Sinaï où les Tables de la Loi lui ont été remises

Il  trouve son peuple en adoration (danses, invocations) devant un veau d'or confectionné à partir de tous les bijoux d'or qui ont été fondus par Aaron, le frère de Moïse, à qui le peuple a demandé de "faire des dieux qui marchent à note tête"

Colère de Moïse qui détruira les Tables et brûlera le Veau d'or

Le groupe réunit de nombreux personnages dans des attitudes diversifiées

Poussin utilise des éléments venus d'autres œuvres :

- le personnage féminin qui mène la danse est une sœur de Flore (L'empire de Flore)

- on retrouve la femme et l'enfant du premier plan dans "Le frappement du rocher" et "La récolte de la manne dans le désert"

- dans la partie droite influence des paysagistes flamands qui formaient à Rome une importante colonie que Poussin fréquentait

Paysage avec Saint Jérôme   1637

Ce tableau est une commande de Philippe IV d'Espagne pour son palais Buen Retiro

L'anachorète est immergé dans une nature touffue

Sur la gauche une échappée introduit de la lumière dans cette austère thébaïde

Le thème du saint méditant dans un paysage sera repris plus tard (Saint Jean à Patmos et Saint Mathieu et l'ange)

Le passage de la Mer Rouge   1637

Poussin peint l'instant qui suit l'injonction de Dieu "Et toi, lève ton bâton, étends la main sur la mer, fends-là"

Du premier plan jusqu'au pied du piton rocheux le peuple s'égrène comme une guirlande ponctuée de vives taches colorées

Moïse, à la jonction de la mer et de la terre, aux trois quarts tourné vers le ciel, s'adresse à Dieu dans une sorte d'action de grâces

Derrière Moïse, le peuple Hébreux est très animé

Les uns s'appliquent à récupérer armes et boucliers des Egyptiens, engloutis eux dans la mer, les autres remercient  le Seigneur

Camille et le maître d'école de Faleries   1637

Poussin lisait les histoires grecques et latines

Il annotait les sujets puis à l'occasion s'en servait

Camille, le général romain qui a assiégé Faleries (39 av JC) renvoie le maître d'école de la cité étrusque, venu proposer ses élèves en otages "Je livre Faleries aux romains en leur livrant ces enfants dont les pères gouvernent la ville"

C'est au contraire lui, que Camille abandonne à la vindicte des enfants

A la gesticulation désordonnée du maître aux prises avec les jeunes gens s'oppose le statisme du groupe réuni autour du général

Dans une attitude noble que souligne le rouge de la toge, il semble rendre une sentence

De son visage se dégage une certaine sérénité, comparé à celui grimaçant du maître d'école

Un soldat valeureux est un homme de devoir et de vertu. Il peut se montre aussi généreux et digne que les héros des pièces de Corneille

Moïse sauvé des eaux   1638

Moïse, le prophète qui conduira les Hébreux hors d'Egypte est abandonné sur les eaux du Nil par Jocabed, sa mère, qui le soustrait ainsi à la mort

Il est sauvé par Thermusis, la fille du pharaon qui persécutait le peuple juif

Poussin approfondit le thème des hasards de la Destinée et des desseins de la Providence

Rythme des formes d'une sérénité antique

Le geste de la fille de pharaon dont la taille surprend, s'appuyant sur sa compagne, est inspiré de plusieurs groupes romains

Clarté du coloris dominé par le gris (une certaine dureté et froideur ?)

Beauté du paysage auquel Poussin accorde une place importante

Reflets dans l'eau du fleuve des promeneurs, de la pyramide, du passeur et de sa barque

Volonté "monumentale" qui indique une nouvelle orientation de l'art de Poussin

Composition "frigide" : les sculptures sont disposées savamment le long du Nil figuré sur la gauche de la toile

La frise se déploie en une digne simplicité et une majestueuse noblesse

Le sourire grave qui se lit sur le visage de la fille de pharaon, qui n'ignore rien de l'importance de sa découverte, vient tempérer l'effet de distanciation souligné par Poussin

La reine Zénobie trouvée sur les bords de l'Araxe  1638

Le sujet est tiré des Annales de Tacite

Zénobie, reine d'Arménie, et son époux Rhadamiste sont poursuivis par les Parthes

Prise des douleurs de l'enfantement elle supplie son mari de l'abandonner afin qu'il puisse échapper à l'ennemi

Il lui donne un coup de hache et la jette dans les eaux du fleuve Araxe "pour ravir ainsi son corps à l'ennemi"

Des bergers la recueillent "et jugeant à la noblesse de  ses traits qu'elle n'était pas de basse extraction", la sauvent

L'un d'eux pointe le doigt vers les  poursuivants

Le tableau est resté à l'état d'ébauche


La Manne ou Les israélites recueillant la manne dans le désert   1638

C'est le premier tableau peint par Poussin pour Chantelou, son principal mécène français et son plus proche confident

Achevé à la veille du départ de Rome pour Paris

Le sujet est tiré de l'exode durant  la traversée du désert

"Le matin il y eut une couche de rosée autour du camp qui s'éleva et devint une mince croute comme le givre sur la terre … Moïse leur dit " C'est le pain que Jahvé vous a donné en nourriture"

Poussin " J'ai trouvé certaines attitudes naturelles qui font voir dans le  peuple  juif la misère et la faim où il était réduit et aussi la joie et l'allégresse où il se trouve"

Plusieurs groupes :

- groupe dit de "la charité romaine" sur la gauche

- deux garçons dont le plus grand repousse le plus jeune afin d'amasser lui seul la manne

- au centre au second plan Moïse lève les bras au ciel et Aaron, son frère, les mains jointes

- le vieillard couché sur la gauche est inspiré par la statue de Sénèque qui est à Rome dans la villa Borghèse

Poussin réunit :

- l'imitatio, miroir du passé qui nécessité érudition

- et l'inventio, poésie, dont le but n'est pas de faire voir ce qui se passe mais de le faire concevoir

Tout "honnête homme" du 17ème siècle reconnaissant dans le miracle de la manne la préfiguration de l'Eucharistie

Paysage avec Saint Jean à Patmos   1640

Poussin peignit ce tableau dans les mois qui précédèrent son départ pour la France en novembre 1640

Le paysage classique : un genre qui allait occuper une place de plus en plus importante dans sa production

Avant 1640 la nature accompagnait la scène mythologique, se fondait au récit, ornait la composition

Maintenant la nature est prépondérante

L'évangéliste est comme immergé dans la nature, non pas une campagne sauvage mais au contraire domestiquée, recréée par l'œil du peintre

L'obélisque, le temple, les fûts de colonne sont là pour symboliser les ruines du monde antique sur lequel se construit le Nouveau Testament

Poussin a choisi un point de vue qui surplombe les scènes, les domine

Nous les contemplons comme de l'extérieur; nous en sommes les spectateurs

Aucun souffle ne vient agiter les arbres, l'eau du fleuve paraît immobile

Le bloc de pierre aux arêtes nettes, les tronçons de colonne lisse rythment l'espace

La lumière exalte les couleurs éclatantes, cisèle les draperies, magnifie les reliefs des rochers


Paysage avec Saint Matthieu et l'ange    1640

On voit la  tour des Milices et le Tibre près d'Acqua Acetosa

La lumière magnifie les reflets des nuages dans l'eau dormante et cisèle la draperie posée devant Matthieu

L'évangéliste, comme un relief sculpté, participe au spectacle grandiose d'une nature ensoleillée et sereine, hors du temps, idéale, éternelle

Poussin s'intéresse particulièrement à la lumière, un lumière claire et vive qui enveloppe les compositions et leur confère une unité

Poussin se refuse à décrire la campagne; il la recrée sans lui ôter sa poésie; il invente le genre du paysage idéal


La continence de Scipion    1640

Tableau acheté par la Grande Catherine en 1779

Scipion, le vainqueur de Carthagène, renonce à sa part de butin et rend une belle captive à son fiancé

Allucius, le fiancé, s'incline devant le héros et le remercie de son acte généreux

Briseis porte la main à sa poitrine dans un geste de gratitude et de reconnaissance

Sur la gauche une victoire couronne de lauriers Scipion tandis que sur la droite  ses soldats le regardent avec respect

Le héros est maître de lui et sait contrôler ses passions. Il sait renoncer avec magnanimité. Vainqueur sur le champ de bataille, il sait encore maîtriser ses désirs, se vaincre lui-même

Cette leçon de stoïcisme serait une référence au théâtre contemporain de Corneille

Poussé et pressé de toutes parts de se rendre à Paris où tous les honneurs lui sont promis, Poussin veut peut-être indiquer qu'il sait lui aussi renoncer

L'œuvre s'impose par sa dignité et sa calme grandeur

Sévérité et rigueur de la mise en page : une longue frise qui se déploie devant un paysage composé

Noblesse et réserve des attitudes et des expressions

La danse de la vie humaine   1640

Le thème est le sentiment de la fuite du temps et de la précarité de tout bonheur

Gamme colorée assourdie où se détachent des notes claires de bleu, de jaune et de blanc

A gauche un terme (statue) de Janus et un putto qui souffle des bulles de savon

A droite, assisté d'un enfant tenant un sablier, est assis le Temps en personne qui joue de la lyre

Au centre un homme et trois femmes, vêtus et coiffés différemment, dansent au son de la musique

Il s'agit des quatre états que traverse l'humanité dans son histoire :

- la pauvreté

- le travail

- la richesse

- le plaisir


Le Temps soustrait la Vérité aux astreintes de l'Envie et de la Discorde   1641

Ce tableau est une des quatre commandes officielles qui occupent entièrement Poussin durant son malheureux séjour parisien (1640-1642)

Le tableau était à l'origine de format rectangulaire : il fut coupé et arrondi pour être placé en plafond

Tableau peint pour Richelieu

Il s'agit du seul plafond exécuté  par Poussin

Poussin ne se sentait pas de dispositions pour exécuter ce genre d'œuvre à destination décorative

L'insistance du cardinal l'obligea à accepter. C'est Richelieu qui lui imposa le sujet qui est une allusion à la destinée du cardinal, calomnié et haï de tous et dont l'histoire saurait découvrir les mérites, comme sur le tableau le Temps vient en aide à la Vérité

La Vérité, un des rares nus de Poussin, est enlevée au ciel par le Temps dont un génie tient les attributs

A l'Envie sur la gauche qui tient un poignard et un flambeau, répond la Discorde avec sa chevelure de serpents et sa grimace

Gamme chromatique puissante et contrastée

Vert profond, orange, bleu céleste et azur

Tableau inspiré par le tableau de Marie de Medicis de Rubens "Le triomphe de la Vérité"

Le miracle de François Xavier   1641

Tableau commandé pour le grand autel de la chapelle du noviciat des jésuites à Paris (actuellement rue Bonaparte)

Sublet de Noyers, surintendant des bâtiments du roi, voulait prouver que Paris pouvait rivaliser avec Rome

Nous sommes au Japon mais Poussin s'est montré discret sur la couleur locale

Saint François Xavier rend grâce au Christ d'avoir exaucé son vœu et d'avoir rendu la vie à la fille d'un habitant de Cangoxima, tandis que son compagnon, frère Juan Fernandez, devant l'évènement extraordinaire plie le genou et se tourne vers le ciel

Une femme soutient la tête de la jeune fille

Chaque membre de la famille exprime un sentiment différent : l'étonnement, la gratitude, la surprise, la douleur, l'émerveillement

Ce tableau est le plus grand que Poussin ait peint (444*234)

On reprocha au Christ d'avoir trop de fierté et de ressembler plutôt à un Jupiter tonnant qu'à un Dieu de Miséricorde

Poussin, rebuté d'avoir toujours à se défendre de ses ennemis et des envieux de sa gloire demande congé pour faire un voyage à Rome. Il ne devait plus revenir à Paris

Beauté du coloris et qualité des accords chromatiques : l'or du lit, le safran de la robe de la femme sur la droite, les robes jaune, blanche et verte des anges et du Christ

Poussin se souvient de Raphaël et de sa Transfiguration

L'artiste a voulu que chaque témoin expose son sentiment : alors que certains sont encore plongés dans le désespoir, d'autres déjà manifestent leur reconnaissance et leur joie

Ces mouvements ne sont pas simultanés

C'est par une synthèse intellectuelle que le peintre rapproche un personnage dans l'attente et tel autre dans l'allégresse

L'artiste n'offre pas une image ressemblante à ce qui se passe mais décompose la durée de l'histoire pour en retenir les divers moments dans une représentation où le principe de vérité est malmené

En brisant la cohérence temporelle, Poussin donne à son image une intelligibilité qui fait sa force

Bacchanale devant un terme    1633

Terme était le dieu qui présidait aux bornes et aux limites des propriétés

Les couronnes de fleurs du premier plan et les guirlandes qui ornent le terme sur la droite sont les attributs habituels de Priape, dieu des jardins et de la fête

Deux bacchantes et deux faunes dansent en rond

Une bacchante presse le jus d'une grappe qu'un putto recueille dans un bol.

Un troisième enfant est endormi sur le sol, victime du redoutable breuvage

Sur la droite, devant Priape souriant, un satyre poursuit de ses ardeurs une bacchante qu'une compagne tente de libérer et qui s'apprête à frapper le satyre avec une cruche

La composition en friche se développe comme un film au ralenti : les gestes s'enchaînent dans une séquence harmonieuse pleine d'allant et de vie

Les corps ne sont plus confondus mais nettement délimités et dessinés, ciselés avec soin

Les couleurs sont claires et franches

La lumière apporte à la composition sa dynamique

L'harmonie de la danse et du rythme se veut hors du temps

Tancrède et Herminie    1634  (Birmingham)

Même sujet que le tableau de l'Ermitage, antérieur de cinq ans

Plus grande clarté dans l'exposition du sujet

Herminie est à genoux et non plus debout

Vafrin soutient le corps de Tancrède blessé plus qu'il ne le soulève

Dans le premier tableau une exécution plus négligée, un paysage approximatif et des effets lumineux crépusculaires

Ici des couleurs plus intenses : des rouges et des jaunes orangés juxtaposés, des formes soigneusement délimitées, des détails (bouclier, armure, casque) dessinés avec précision, des plans plus nettement répartis et une composition construite avec rigueur

Mais la toile de l'Ermitage est plus lyrique : on passe de la poésie pure à une prose ciselée avec grand soin

Saint Jean baptisant le peuple   1635  (Louvre)

Poussin a peint à quelques années d'écart deux Saint Jean baptisant le peuple de formats comparables (Louvre et musée Paul Getty)

Cette version du Louvre est la première

Poussin a conçu sa composition comme une frise qui se détache devant un paysage, les bords du Jourdain, qui a un rôle de décor

Les attitudes de chacun des participants sont analysées

La composition d'un équilibre classique marque une volonté de simplification

Sur la droite le groupe de femmes fait contrepoint aux hommes sur la gauche (l'un porte un turban, allusion à l'Orient où se déroule la scène)

Grande attention de la mère à genoux, accompagnée de son enfant

Les deux hommes qui se dévêtent sur la gauche sont pour Poussin l'occasion de  peindre des nus à l'image ses sculptures antiques

Poussin a pris un soin particulier du beau cheval blanc

Harmonie des couleurs franches et éclatantes accordées aux effets de la lumière

Le triomphe de Vénus   1634

Ce tableau aurait été peint pour le cardinal de Richelieu

Poussin garde à l'esprit "Le triomphe de Galatée" de Raphaël (La Farnesine)

Le putto juché sur un dauphin en bas au centre est une copie littérale

L'adjonction sur la gauche de la toile d'un dieu marin oblige l'artiste à développer considérablement sa composition

A l'aide du grand nuage gris qui surplombe le groupe principal il met en valeur les putti

Œuvre des plus lumineuses de Poussin

Le soleil baigne les corps nus des dieux, éclaire les draperies, fait scintiller les corps humides des beaux chevaux marins et des dauphins

Volonté marquée de brise l'élan et d'immobiliser les gestes, de figer la composition dans l'instant et de l'éterniser

L'eucharistie   1636

Pour peindre la Cène, Poussin nous montre le Christs qui d'une main tient le pain au-dessus du calice et de l'autre bénit les apôtres réunis autour de lui, allongés selon le rite de l'église primitive

Les figures sont de petites dimensions par rapport à la taille de celles des autres sacrements

Trois sources de lumière artificielle : les deux flammes de la lampe et la chandelle posée sur le coffre, qui multiplient les effets d'ombre et de lumière et accentuent les angles qui s'entrecoupent et donnent un aspect "cubiste" à la composition

Atmosphère dramatique de la composition

L'ordre   1636

Pour symboliser l'Ordre, Poussin nous montre le Christ remettant les clefs à saint Pierre

Tout en s'inspirant de Raphaël, Poussin s'attache à individualiser chacun des participants à la scène et à varier leurs attitudes et leurs expressions

La nourriture de Jupiter

ou l'Enfance de Jupiter   1636    (Londres)

selon Ovide, le jeune Jupiter fut élevé parmi les nymphes du mont Ida et nourri :

- de lait par la chèvre Amalthée

- et de miel que la nymphe Adraspée recueille sur le tronc de l'arbre central

Poussin a réalisé un autre tableau sur le même thème (au musée de Berlin)

Beau paysage qu'un soleil matinal vient réchauffer

Accord entre les tons dorés de la nymphe Adraspée et de la robe bleue de la nymphe Nélissa

Le miel et le lait évoquent la fertilité et la fécondité de la nature

L'enlèvement des Sabines  1638  New York

Romulus soucieux de fournir à ses sujets les épouses qu'il leur fallait estime commode de faire enlever les femmes de ses voisins, les Sabins

Poussin reprend le tableau du Louvre

L'espace est allégé et éclairci

Le caractère déclamatoire est plus volontariste

Poussin met en opposition la "furia" des foules et l'espace strictement balisé par l'architecture

Nulle manifestation de cruauté dans cette foule furieuse, animale

Point d'armes qui menacent mais de furieuses empoignades

Climat d'une fête, d'un rite païen, d'une bacchanale

Les bergers d'Arcadie   1638

Poussin avait déjà abordé le thème en 1627

Monumentalité des figures disposées comme autant de sculptures

Sur le sarcophage, au centre de la composition, se lit l'inscription latine "Et in Arcadia ego", ("Même en Arcadie, moi, la mort, je règne"

Poussin peint la rencontre dramatique entre les bergers et la mort. La réflexion se tourne vers le passé. Les bergers ne sont pas en présence d'un mort mais méditent sur la mort"

Pour Claude Levy-Strauss "la jeune femme si statique … figure la mort, ou à tout le moins, la Destinée, sous cette apparence flatteuse qui lui convient quand elle veut s'imposer souveraine

Poussin s'est attaché aux expressions de chacun des bergers qui déchiffrent l'inscription : celui qui la lit sans en avoir compris la portée comme celui qui la montre interrogativement à sa compagne; la pensée de la mort suspend la joie de son visage

Une prenante impression de calme et de silence se dégage de la composition


La destruction du temple de Jérusalem   1638

Tableau commandé par Francesco Barberini pour être remis au nom du pape Urbain VIII à Ferdinand III

Poussin s'est inspiré des antiquités judaïques de Flavius Josèphe

Devant la colonnade du temple de Jérusalem, que pillent les vainqueurs, les romains emmènent les juifs en captivité

Le sol est jonché des têtes et des troncs des victimes (civiles et non des soldats)

Sur la droite Titus suivi de ses généraux se tourne vers le temple

Titus avait tenté de sauver le temple du pillage et de l'incendie mais quand il arriva il était trop tard

Equilibre de la composition

Goût des architectures

Etude savante des perspectives

Clarté de la composition en dépit du grand nombre des participants

La lucide rigueur mathématique de la mise en page est tempérée par une  note de cruauté


Vénus montrant ses armes à Enée   1639

Poussin présente un épisode de l'Enéide

Parvenu dans le latium, Enée doit pour accomplir son destin fonder Rome

Mais il faut d'abord combattre les Rutules opposés à son entreprise

Vénus, sa mère, apparaît pour lui montrer les armes qu'elle a fait faire à son intention par Vulcain, son époux

Enée, surpris, est intimidé et respectueux

La déesse est décidée mais veille avec affection sur celui qui a été choisi pour conduire les destinées de son peuple

Les trois figures assises sont les personnification fluviales ( à droite le Tibre )

Atmosphère sereine de ce paysage

A droite les armes sont disposées à la manière des butins et trophées des reliefs antiques et forment une belle nature morte

Pan et Syrinx   1640

Poussin met en scène l'échec du désir physique

La beauté fuit qui la poursuit

Mais c'est parce que Syrinx lui échappe et se transforme en roseau que Pan pourra inventer la flûte, donc la musique

Balancement des corps et des arbres

La rythmique gestuelle qui enveloppe la femme évoque l'Enlèvement des Sabines

Pan est renommé pour sa lubricité

Un jour qu'il poursuivait la nymphe Syrinx celle-ci s'enfuit auprès du fleuve Ladon et pour échapper aux assauts de Pan fut métamorphosée en roseaux

Pan en cueillit une poignée et en fit l'instrument qui porte le nom de la nymphe, une syrinx (flûte)

Paysage avec un homme buvant   1640

Un critique a évoqué la grandeur des paysages de Poussin "Ils sont comme arrêtés dans une immobilité éternelle … une refuge, le lieu solitaire où cette grande âme blessée par l'humanité et presque incapable d'amour, hormis pour l'art et la grandeur pratique de la nature, vient se réfugier"

Les arbres sont hauts et puissants

Ils sont sacrés. Pline a écrit "Les arbres furent les premiers temples"

Corot retrouvera cette calme grandeur de la nature

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