1878 – La rue Montorgueil pavoisée


En mars 1878 naquit son second fils Michel

Le 30 juin se déroula la première fête nationale depuis la guerre

1878 : année de l’exposition universelle

Monet fut frappé par l’aspect joyeux et frémissant des rues pavoisées

Monet dira « J’aimais beaucoup les drapeaux … la rue était pavoisée, mais un monde fou, j’avise un balcon, je monte et je demande la permission de peindre’

Il a su transférer à  la  toile son excitation et celle de la scène

L’impressionnisme était un art de mouvement : dans une multitude en fête les sensations visuelles convergent dans une palpitante confusion

Le peintre concentre son attention sur l’alternance serrée des minuscules figures en mouvement qui occupent toute la rue


1878 – La rue Saint Denis


Les parlementaires débattaient de la date de la fête nationale à fixer : la gauche voulait le 14 juillet et la droite le 4 août

La même journée, le 30 juin 1878, Monet exécute cette toile, pendant de « La rue Montorgueil pavoisée »

La ville est vue du dessus comme dans « Le boulevard des Capucines »

Les drapeaux (comme dans Terrasse à Sainte Adresse ou L’hôtel des Roches noires) ont une valeur nationaliste mais soulignent aussi dans leur mouvement l’instantanéité de la vision et la vitesse du temps qui passe

1878 – Parisiens au parc Monceau


Monet avait dû quitter Argenteuil en hâte sous la menace d’être saisi par ses créanciers

Avec Camille et Jean il se réfugia dans un pied à terre rue d’Edimbourg dans le quartier de l’Europe

C’est là que Camille allait accoucher de Michel dans des conditions rendues pénibles par le manque d’argent

Camille était la proie d’ennuis de santé qui allaient empirer

Cette toile est sans doute la dernière toile parisienne de Monet

Quelques mois plus tard il installera les siens à Vétheuil et il ne reviendra plus à Paris que pour de brefs séjours

Il étudie les taches de soleil jouant dans les feuillages, un thème qui le passionnait depuis sa jeunesse (Déjeuner sur l’herbe et Femmes au jardin)

1878 – Effet de neige à Vétheuil


En janvier 1878 Monet quitte Argenteuil pour Vétheuil

Les paysages de 1878- 1881 sont calmes, déserts et faits souvent sur un mode mineur

La silhouette de Vétheuil est coiffée par l’église du village qu’il peignit aussi vue de près

Ce tableau a probablement été peint de l’atelier flottant

La technique morcelée est utilisée pour noter le silence froid d’un hiver de campagne

A part les tons sombres des arbres notés avec vivacité, l’homme en bleu et un accent de terre rouge la toile est presque monochrome

1878 – L’église de Vétheuil, hiver


Les paysages peints au cours des trois années passées dans le village rural de Vétheuil marquent l’abandon des sujets de la vie moderne dans l’œuvre de Monet

Les critiques de l’époque ont vu un rapprochement à des modèles pré-impressionnistes comme ceux de l’Ecole de Barbizon

A Vetheuil Monet se concentre sur les variations lumineuses et atmosphériques d’une même scène

Monet réalise plusieurs œuvres sur le thème du dégel qui anticipent la peinture en série réalisée à partir de la fin des années 1880

Une vingtaine de tableaux évoque la catastrophe du dégel survenu début janvier 1880

Le banquier Charles Ephrusi, dont Proust était le secrétaire, achètera un des tableaux sur le dégel exposés à la  première exposition indépendante de Monet

Proust voit dans les plaques de glace peinte par Monet autant de miroirs où se reflètent les multiples facettes de la réalité, créant un espace équivoque où se confondent les limites de ce qui est vrai et de ce qui est mirage

1880 – La débâcle


La maladie et la mort de Camille marquent la fin d’une période dans l’art de Monet. C’est la fin de son étroite association avec le groupe impressionniste

« La petite église est devenue une école banale qui ouvre ses portes au premier barbouilleur venu … »

A Vétheuil Mme Hoschedé et ses enfants prirent soin de Camille jusqu’à sa mort et restèrent ensuite avec Monet

Les années 1880 et 1881 sont dominées par une sombre série qui représente la rivière en crue et prise par la glace

Atmosphère désolée de froid et de solitude

Pas d’autre signe de vie humaine que les maisons éloignées

Sur la surface de l’eau, par des mouvements soudains, Monet a transfiguré les masses de glaçons en touches épaisses. Sur l’île inondée un tronc d’arbre isolé forme un angle droit rigide avec le niveau de l’eau

Les autres sont tordus ou courbés par le débordement de l’eau et les blocs écrasants.

De l’autre côté du fleuve les maisons se blottissent les unes contre les autres dans un ciel plombé

1879 – Camille sur son lit de mort


« Je me surpris dans l’acte de chercher dans l’acte de chercher machinalement la succession, l’appropriation des dégradations de coloris que la mort venait d’impose à l’immobile visage »


1880 – Débâcle sur la Seine


Dans la nuit du 5 au 6 janvier 1880 la Seine, gelée depuis le 10 décembre, éclatait. Monet sortit dans la nuit pour sauver ses barques de l’écrasement

Il est fasciné par le spectacle qu’offre la Seine couverte de gros glaçons dérivant sous une lumière de fin du monde

Il faut faire vite avant que les blocs ne fondent : il représente donc ce qu’il voit depuis la berge de sa maison

Lignes verticales des arbres et horizontales des glaces dérivantes

A cette époque la vie pour la double famille Hoschedé-Monet et cruelle. Alice Hoschedé qui tenait la bourse commune n’avait pas de quoi acheter du charbon ou du bois et il faisait  -25° à Noël

Camille est morte, d’un cancer de l’utérus,  après de grandes souffrances, lui laissant la charge de deux jeunes enfants. L’argent manque plus que jamais

Mais Zola « … bientôt il vendra ses tableaux très chers et marchera à la tête du mouvement actuel »


1880 – Sentier, Île Saint Martin


Depuis la mort de Camille Monet vit avec Alice Hoschedé et ses cinq enfants

Cette femme encore jeune et élégante deviendra rapidement épaisse et négligée

Toujours mariée à Ernest Hoschedé, ruiné et qui essaie de rassembler à Paris les vestiges de sa fortune, elle n’est là officiellement que pour aider Monet à élever ses deux fils

Malgré la mort de Camille, Monet à Vétheuil ne cesse de  travailler pour faire vivre la double famille dont il a désormais la charge

Mais Durand-Ruel reprend ses achats et le banquier Charles Ephrusi lui achète cette vue de l’Île Saint Martin quelques jours après qu’il l’eût terminée

Proust s’inspirera de Charles Ephrusi pour créer son personnage de Swann

1880 – Jeune fille assise sous un saule


Le tableau représente Alice Hoschedé lisant assise dans l’herbe, dans une attitude familière à Camille

Quand le mari d’Alice annonce sa visite Monet juge préférable d’aller peindre sur la côte normande

Après la mort d’Ernest Hoschedé le couple renoncera à dissimuler sa liaison et le 10 juillet 1892 Monet épousera Alice devenue une épaisse matrone au caractère acariâtre et dominateur

Il ne la représentera plus, préférant prendre ses filles pour modèle

Ce tableau évoque « L’Eté », peint six ans plus tôt dont Camille était le modèle

1880 – Les falaises des Petites Dalles


Au début des années 1880 Monet revient sur les motifs de la côte normande si souvent peinte pendant les dix premières années de sa carrière

Autrefois ces paysages représentaient pour lui un cadre typique de la vie moderne

Il porte désormais son regard sur la grandeur et le charme de la nature

Les falaises sont vues d’en bas, l’artiste partageant ce point de vue avec le groupe de figures qui scrutent l’horizon, placées sur un petit bras de terre qui avance dans la mer

Monet ne se mêle pas à la foule qui fréquente ces lieux mais recherche des sites naturels plus fascinants mais aussi plus difficiles à atteindre

La scène se concentre sur la nature sauvage, sur les falaises sculptées par les vagues et sur la mer, tantôt calme, tantôt agitée

L’artiste choisit parfois des perspectives différentes comme s’il cherchait chaque fois un nouveau cadrage pour explorer la même bande de littoral

Monet porte de plus en plus l’accent sur la subjectivité de la vision

Grande subtilité de touche dans la transcription des variations de  la lumière

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