1875 – Train dans la neige
Baudelaire et les Goncourt prônaient la représentation de la vie moderne
Monet s’est intéressé aux chemins de fer : habitant tout près de la gare d’Argenteuil il avait fréquemment sous les yeux le spectacle des trains
Dans ce tableau il s’intéresse à l’effet de neige et à la fumée de la locomotive.
Dans deux ans il réalisera toute une série de tableaux sur « La gare Saint Lazare »
1875 – Madame Monet et un enfant
L’enfant n’est pas Jean qui avait huit ans ; Michel naîtra en 1878
Pour la première foi il représente des fleurs en masse comme il le fera quand il représentera le jardin devant la maison de Giverny
Sentiment d’intimité délicieux. Dernière toile de Camille aussi soignée.
Isolées par la barrière de roses les deux figures semblent oublieuses de tout ce qui n’est pas leur travail ou leur jeu.
Les fleurs (couleur chaude sur couleur froide) avancent jusqu’à entourer la figure de Camille. Etoffe blanche traduite dans une facture plus lâche
Les triangles de la jupe et de l’enfant deviennent des unités géométriques en accord
Technique de la couleur morcelée
Des touches attentives dégagent avec adresse la chevelure de Camille
Les trais délicats de la jeune femme sont évoqués avec légèreté
1875 – Neige à Argenteuil
Monet était intéressé par tous les phénomènes d’atmosphère, de lumière et de saison, de l’aube au crépuscule et du printemps à l’hiver
Protégés sous leurs parapluies contre une légère chute de neige plusieurs villageois se traînent avec peine le long de la rue paisible
Cette atmosphère tranquille provient d’une gamme de gris harmonieux qui réagissent les uns sur les autres prenant divers reflets
Quatre zones dans le tableau
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Chaque gros flocon de neige est représenté par une seule touche de blanc
Les plus petits flocons fusionnent avec la brume pour former un voile gris transparent
La texture du champ à droite est particulièrement riche : de la terre, des feuilles mortes et des flocons qui tombent en chute libre
1876 – Les dindons
Le grand tableau (1.72*1.75) a pour thème le parc de Montgeron, résidence de campagne du marchand Ernest Hoschedé, ami de Monet
On pense que c’est pendant son séjour passé à Montgeron en été 1876 qu’était née l’idylle entre Monet et Alice, la femme d’Hoschedé
Mais Monet reste fidèle à sa première épouse Camille jusqu’à la mort de celle-
En 1878 Hoschedé fait faillite et va vivre avec sa famille à Vétheuil chez les Monet
Les deux hommes espéraient qu’un riche protecteur des arts commande à Monet de grandes fresques murales
Motif prosaïque des dindons qui picorent dans le pré avec le château en arrière-
1876 – La Japonaise, Camille Monet en travesti
Monet aimait les objets et les arrangements décoratifs japonais
D’habitude Monet choisit un sujet « réel » et ne le modifie que pour mieux en dévoiler l’essence
Dans ce tableau le motif est entièrement inventé : le plancher est couvert d’une natte à dessins et le mur est décoré d’éventails en un aménagement bizarre
Monet est un peintre d’atmosphère mais l’espace de la Japonaises est sans air.
La pose de Camille inspirée d’une estampe japonaise ne ressemble à rien d’oriental
La robe ressemble à un lourd peignoir de laine
Le samouraï brodé semble faire saillie en relief réel et domine la composition
Monet dira « Ce n’était qu’une fantaisie »
Il avait coiffé Camille d’une perruque blonde
1876 – Le parc Monceau
De tout temps Monet eut un pied à terre à Paris proche du parc Monceau
Ce logis lui servait de réserve à tableaux
Il y donnait rendez-
Longtemps les loyers furent payés par Manet ou Caillebotte
Monet s’est intéressé au décor de frondaisons du parc Monceau créé par Napoléon III quelques années plus tôt et qui était fréquenté par un public élégant
Monet ne pouvait rester un seul jour sans travailler et ce tableau fut peint lors
d’un court séjour à Paris entre deux rendez-
Madame Hoschedé y venait chaque jour promener ses enfants et l’épouse de l’un de ses principaux amateurs commençait à compter dans sa vie
1877 – La gare Saint Lazare (étude)
En janvier 1877 Monet obtient des autorités ferroviaires la permission de peindre à l’intérieur de la Gare Saint Lazare
Grâce au soutien financier de Caillebotte il loue un atelier près de la gare
Monet a peint 12 tableaux de la gare, mais chaque tableau est traité comme une œuvre à part entière
Les gares ne constituent pas une série mais une séquence tournant autour du même thème
Les gares expriment une exaltation de la modernité et de la machine
1877 – La gare Saint Lazare vue de l’intérieur
En centrant les éléments, l’organisation de la composition fait de la gare une cathédrale moderne
La vapeur de la locomotive qui se teinte des couleurs de l’atmosphère possède la légèreté des nuages
Dans certaines gares la construction est moins cohérente et la dispersion des éléments donne l’impression d’un espace inhabitable
Les gares deviennent dans le débat public le cadre d’un conflit : d’un côté le progrès et la machine sont considérés avec optimisme, vus comme porteurs d’un élan positif et constructif ; de l’autre on sent poindre les premiers doutes
A partir de 1879 les thème liés à la métropole moderne, à l’industrie et à la machine disparaissent complètement
1877 – La gare Saint Lazare, Le Signal
Monet connaissait la gare depuis sa prime jeunesse. Il y débarquait du Havre. Depuis qu’il habitait Argenteuil c’était sa gare
Dans ce tableau où domine la machine nous avons l’impression d’un espace déshumanisé, inhabitable
Il voulait exprimer le jeu de la lumière, de la vapeur et de la fumée
Les personnages ne l’intéressaient guère : il les indique de façon sténographique
Cette toile remporta un grand succès
Monet travaillait sur les quais durant les heures creuses et terminait ses toiles à l’atelier
1877 – La gare Saint Lazare, arrivée d’un train
Un critique comparera la locomotive à une « bête impatiente qui secoue sa crinière de fumée qui se heurte à la toiture vitrée de la grande halle »
Monet était attiré par l’effet mouvant des buées impalpables et des nuages de fumée suspendus devant l’armature rigide de métal, de verre et de maçonnerie
1877 – La gare Saint Lazare, arrivée d’un train
Un critique comparera la locomotive à une « bête impatiente qui secoue sa crinière de fumée qui se heurte à la toiture vitrée de la grande halle »
Monet était attiré par l’effet mouvant des buées impalpables et des nuages de fumée suspendus devant l’armature rigide de métal, de verre et de maçonnerie
1877 – La gare Saint Lazare, vue du pont de l’Europe
Zola a écrit sur les tableaux de la gare de Monet « Là est aujourd’hui la peinture, dans ces cadres modernes d’une si belle largeur. Nos artistes doivent trouver la poésie des gares comme leurs pères ont trouvé celle des forêts et des fleuves »