1873 – Impression, soleil levant
On doit le terme « impressionniste » à Louis Leroy, critique du quotidien « Le Charivari »,
qui reprenait avec dérision le titre de ce tableau : « Puisque je suis impressionné,
il doit y avoir de l’impression là-
« le papier peint à l’état embryonnaire est encore plus fait que cette marine-
Du mot qui se voulait méprisant les impressionnistes firent leur étendard
Le terme « impression » désigne une façon de peindre qui consiste à représenter la réalité en transcrivant les effets produits par la lumière
Le mot définit le rendu de la perception individuelle de tel ou tel effet de lumière
sur la réalité extérieure, c'est-
L’accent mis sur le regard individuel nie les conventions de la perception académique que pratiquent les artistes reconnus au Salon
Monet se limite à deux tons complémentaires, le bleu et l’orange
Depuis les études d’Eugène Chevreul on sait que deux couleurs complémentaires s’exaltent par juxtaposition
Le tableau a été peint au cours d’une seule séance, à l’aube, d’une fenêtre donnant sur le port du Havre
L’absence de relief est une marque distinctive de Monet
Peu de division systématique des couleurs, caractéristique pourtant associée à l’impressionnisme
L’effet de brouillard masque sans les cacher entièrement les bateaux marchands et les installations du plus grand port français de la Manche
Le disque du soleil et sa trace pigmentée de lumière sont les seuls éléments solides
Monet représente au lever du soleil un port florissant dans une période de reprise économique, la France se remettant de la guerre et de la Commune
1873 – Les coquelicots
Ce tableau réunit toutes les caractéristiques de l’impressionnisme : le plein air, le sujet pris dans la vie quotidienne – Camille et Jean dans une pente herbue – la couleur claire et le rendu atmosphérique
Les coquelicots par les couleurs délicatement posées en couche mince diffèrent de la plupart des Monet de la période d’Argenteuil
Les fleurs de l’avant-
Pour Monet, l’homme n’est qu’une partie de la nature. Pour lui « chaque feuille de l’arbre est aussi importante que le visage du modèle »
Bien que les tâches écarlates soient évocatrices du coquelicot elles sont néanmoins abstraites
L’absence de détail intime et l’importance accordée au ciel rend le monde de Monet peu accessible
La décroissance des tâches conduit l’œil vers l’arrière-
Grandissement apparent des tâches de couleur vive et chaude placées sur un fond complémentaire plus terne
Durant les sept ans où il vécut à Argenteuil Monet aborda de nombreux thèmes ( on compte 237 peintures pour cette période )
1873 – Le boulevard des Capucines
Thème de la vie moderne : les allées et venus de la foule sur un grand boulevard du Paris moderne créé par le baron Haussmann
A l’extrême droite personnages en habit sur le balcon où peint l’artiste
Le tableau est peint du 35 boulevard des Capucines. C’est l’ancien atelier de Nadar où les impressionnistes organisèrent leur première exposition
Le peintre joue sur le rapport entre le mouvement des figures et la stabilité des bâtiments
Traitement des arbres pour rendre le scintillement de la lumière
Les artistes, le public de l’exposition impressionniste tenue en ce lieu et la foule qui se promène appartiennent au même milieu et partagent les mêmes goûts et les mêmes coutumes
L’impressionnisme se présente comme un mouvement capable de s’accorder avec la réalité du présent
La rapidité d’exécution est un moyen d’être en adéquation avec le rythme trépidant de la vie moderne
Débarrassé des contraintes d’un jury et des institutions publiques en charge de l’art, le peintre peut s’adresser directement à son public avec lequel il partage le nouveau visage du progrès : le divertissement et les loisirs
Certains critiques ont cru que ce tableau était une ébauche alors que c’est une œuvre finie
1873 – Boulevard des Capucines
Format vertical du boulevard
Spectacle de promeneurs et de fiacres
Les critiques reprochaient à Monet de représenter les promeneurs par « d’innombrables lichettes noires »
Le spectateur était habitué à des représentations dans lesquels des objets éloignés étaient définis avec une exactitude de détail
Il ne pouvait comprendre que de telles données sont fournies par la mémoire ou l’imagination plutôt que par la perception immédiate
1874 – L’été
Ce tableau peint en plein montre Camille lisant assise dans l’herbe
Elle porte un chapeau car une jeune femme « comme il faut » ne peut sortir sans chapeau, même à la campagne
Impression de calme et de félicité
Moment rendu spontanément, de manière légère et fluide
Peinture exécutée comme du bout du pinceau avec un ciel limpide et des arbres à peine esquissés (souvenir de Corot)
La jeune femme est plus suggérée que représentée réellement
Cézanne « Monet, ce n’est qu’un œil, mais quel œil ! C’est le plus fort d’entre nous »
1874 – Le bateau-
En 1874 Monet peint souvent à Gennevilliers avec Manet et Renoir
Monet peignait au milieu de la Seine sur un bateau aménagé en atelier
Il s’est fabriqué une sorte de barque agrémentée d’une cabine qu’il peut amarrer à son gré sur les rives de la Seine
Ainsi il ne faisait qu’un avec le motif
Monet travaille au calme en disséquant parfois un même thème du matin au soir
Navire vide traité dans des tons de vert et noir, entouré d’une ombre doucement mouvante
L’eau, le ciel et les feuillages des arbres semblent tourmentés comme si un être vivant manquait
A cette époque, Monet a une réelle influence sur Manet qui commence à employer une gamme chromatique plus claire et plus sensible qu’avant à la lumière naturelle
1874 – Le pont d’Argenteuil
Il s’agit du pont routier
Le pont est un symbole de modernité dans le paysage d’Argenteuil
Mouvement de la nature évident dans le rendu des feuillages et dans la réfraction de la lumière à la surface de l’eau
Le pont est dominé par la vaste étendue d’eau et les bateaux vides du premier plan qui indiquent l’absence de toute activité humaine
Monet applique sur un fond plat la couleur divisée mais là seulement où elle peut le mieux traduire un passage particulier de la lumière
Elle donne de la transparence aux ombres du pont et de la tour inondée de soleil
Le ciel et l’eau calme du premier plan sont rendus dans des tons presque plats
Les trois bateaux à voiles sont à peine suggérés par des coulées épaisses ; Monet ne s’intéressait ni au volume ni au détail mécanique
Composition ordonnée par les verticales inclinées des mâts, la voile serrée qui coupe le bord de la toile à gauche, les triangles des gréements et la maison et son reflet dans l’eau
1874 – Le pont d’Argenteuil
Il s’agit du pont de chemin de fer. Monet représente le passage d’un train et son panache de fumée qui se confond presque avec les nuages
Le chemin de fer exerce une fascination chez Monet et change sa façon de vivre et celle de ses contemporains
1875 – Argenteuil
Cette toile brillante où les barque rutilantes se reflètent dans l’eau fut peinte
près du pont d’Argenteuil, Monet travaillant dans son bateau-
Dans sa cabine assez haute il pouvait peindre à l’abri du soleil, de la pluie et du froid
Monet aimait beaucoup son bateau
Tableau commencé sur le motif mais terminé en atelier : on remarque qu’il a donné beaucoup de soin pour rendre le détail des embarcations
1875 – La promenade
Le tableau représente l’épouse et le fils du peintre dans un pré aux environs d’Argenteuil
Camille et Jean sont vus en contre-
Le vent qui soulève la robe, les nuances de l’ombre portée par l’ombrelle verte sur le corps de la jeune femme et les ombres sur le pré soulignent l’instantanéité de la lumière
Touche large dans le ciel et dans le pré, appliquée à la hâte pour transmettre la spontanéité du geste
L’artiste veut saisir le cours des nuages par un jour de grand vent
Monet ne s’attarde pas sur les traits du visage mais en peuplant le paysage par des membres de sa famille il confère à la nature une dimension intime
La grâce et l’élégance font de cette toile une peinture typique de l’impressionnisme
C’est une des plus charmantes figures féminines peintes par Monet
Il a cherché à rendre la fraîche beauté et l’élégance désinvolte de Camille
La figure traitée avec un brio nerveux se détache sur un ciel nuageux
L’herbe que foule Camille a été retravaillée en atelier
Ce sont les derniers beaux jours de Camille
Bientôt elle sera enceinte de Michelle et tombera gravement malade