1864 – Rue de la Bavolle à Honfleur (Mannheim)
Il ne s’agit pas de deux versions d’un même tableau
Il s’agit de regarder une même scène à différents moments de la journée.
L’évolution de la lumière est en corrélation avec le temps qui passe
L’intervalle qui sépare les deux toiles est réduit comme en témoignent les ombres situées au même endroit et le ciel dont la seule variante est la disparition d’un nuage en haut à gauche
En fixant deux instants dans un intervalle court et des conditions de luminosité analogues l’artiste donne à voir le passage du temps par le mouvement des figures
La représentation du temps restera le principal motif de Monet, même après l’impressionnisme : les séries des années 1890 ( Meules, Peupliers, Cathédrale) sont le développement du thème abordé pour la première fois par cette paire de la rue de Bavolle
1865 – La Charrette
L’hiver 66/67, Monet, presque sans ressources, avait été bloqué à Honfleur.
Sa famille ayant appris la présence de Camille à ses côtés ne lui versait plus qu’au
compte-
Il avait dû quitter en hâte la maison de Sèvres où il était installé avec Camille : son propriétaire auquel il devait plusieurs termes menaçant de le faire saisir
Monet était sensible aux paysages hivernaux
La ferme que nous voyons était une auberge tenue par la mère Toutain et qui régalait Corot, Jongkind, Courbet, … et Monet qui à sa table prit goût à la bonne chère qui allait devenir son « péché mignon »
Il peignit cette neige en plein air
Un journaliste le surprit au travail « … Il faisait un froid à fondre les cailloux. Nous apercevons une chaufferette puis un chevalet, puis un monsieur emmailloté dans trois paletots, les mains gantées, la figure à moitié gelée : c’était M. Monet étudiant un effet de neige »
Monet était acharné à peindre par tous les temps, même par les froids les plus cruels
1865 – La pointe de la Hève à marée basse
Portrait atmosphérique de la plage aux environs du Havre où Monet a grandi.
Ce tableau a été élaboré à partir d’études peintes en plein air
Il est exposé au Salon de 1865 où la similitude de leurs noms pousse Monet et Manet à faire connaissance
1865 – L’embouchure de la Seine à Honfleur
Ce tableau exposé au Salon de 1865 est une composition puissante avec ses touches vigoureuses et son atmosphère houleuse
Il révèle l’influence de Boudin et de Jongkind sur Monet
1866 – La femme à la robe verte
Au printemps 1866, désespérant de terminer à temps « Le Déjeuner sur l’herbe » pour le Salon il peignit en quatre jours le portrait de Camille Doncieux, sa jeune maîtresse
Il la vieillit pour faire croire qu’il s’agit d’une « grande cocotte » alors qu’elle a 19 ans
Des critiques confondirent Monet et Manet. Manet prit mal la chose mais Zacharie Astruc organisa une rencontre pour arranger les choses et Manet devint l’un des plus dévoués protecteurs de Monet
Zola « … il a su rendre chaque détail sans tomber dans la sécheresse … La robe est souple et solide. Elle traîne mollement, elle vit et elle dit tout haut ce qu’est cette femme »
Monet pensait alors qu’une brillante carrière de portraitiste s’ouvrait devant lui
1866 – Le Déjeuner sur l’herbe
Œuvre de jeunesse la plus importante de Monet qui avait été impressionné par « Le Déjeuner » de Manet
Au printemps 1865 Monet s’installe à Chailly avec sa fiancée Camille Doncieux. Il
travaille à des études de paysage dans la forêt où il compte camper la scène de pique-
Le tableau est si grand qu’il ne peut être réalisé qu’en atelier. A l’origine il devait mesurer 4.6 m sur 6.0 m mais il a été découragé par les critiques de Courbet.
Il nous reste deux tableaux : (418*150) et (248*217), visibles au Musée d’Orsay
Frédéric Bazille pose pour toutes les figures masculines, Camille pour les figures féminines
Manquant de temps pour pouvoir présenter le tableau au Salon il interrompt son travail et réalise une version de dimension modeste (130*181) au musée Pouchkine
Monet remanie ensuite le grand format : le personnage masculin du groupe central devient un homme corpulent, tiré à quatre épingles
A l’origine c’est Courbet qui a eu l’idée d’insérer des figures dans le paysage représenté à une échelle monumentale propre à la peinture d’histoire ( les personnages représentés au premier plan rappellent « L’enterrement à Ornans » )
Monet garde « Le Déjeuner » en sa possession pendant plus de dix ans avant de le
laisser en gage à son propriétaire en 1878 contre un loyer impayé. Il ne récupère
la toile qu’en 1884. Il supprime la partie endommagée pour ne conserver que deux
sections en bon état : la partie centrale figurant le pique-
Monet interprète la lumière et l’ombre mouchetée de la forêt au moyen de surfaces plates de couleur, de touches rompues et d’accents vifs.
1866 – Jardin en fleurs
Cette toile a été réalisée dans le jardin de sa tante Lecadre à Sainte Adresse. Veuve d’un important négociant, elle était fortunée et veillait sur les études de son neveu
Elle était peintre amateur et encouragea les débuts de Claude Monet
Elle souhaitait pour lui une carrière classique et fut déçue lorsqu’elle comprit qu’il tournait le dos à l’académisme
Elle subventionna néanmoins ses études jusqu’en 1868
Cette vue des jardins est typique des jardins tels qu’on les aimait sous le Second
Empire : buissons touffus, larges bordures de géraniums, rosiers-
L’ensemble ne laisse pas deviner le peintre fou de lumière et de transparence qu’il deviendra
Dès sa jeunesse il s’intéressait aux fleurs et aux jardins, intérêt qui allait devenir passion dans sa vieillesse
1866 – Femmes au jardin
Ce tableau fut peint dans le jardin d’une maison louée à Ville d’Avray
Camille, avec la même toilette que pour « Le Déjeuner » fut l’unique modèle
Elégantes jeunes femmes aux toilettes claires dans le jardin fleuri
Scène de la vie moderne inspirée par des illustrations de mode
Les illustrations des journaux sont un des principaux vecteurs de la représentation de la vie moderne
Les mouvements des personnages sont artificiels et figés
Pour pouvoir peindre le haut de cette grande toile (2.55*2.05) Monet dut creuser une tranchée dans laquelle on descendait la toile à l’aide de cordes et de poulies
Courbet, amusé par l’appareillage, s’étonnait que Monet ne veuille pas toucher au
feuillage de l’arrière-
Réaction spontanée de l’artiste à un instant T de la lumière
Le tableau sera achevé en atelier
La peinture en plein air exige la rapidité d’exécution et la correspondance entre la taille des objets tels qu’ils se présentent au regard et celle qu’ils ont dans le tableau
Pour les contemporains ce tableau constituait une provocation car il avait introduit l’effet véritable de la lumière sur le corps
Le traitement des figures et des robes est aussi stylisé qu’une « Fête galante » de Watteau
Une série d’ovales autour des genoux de la femme assise
La jeune rousse à droite, par son mouvement tournant, suggère une courbe
La toile fut refusée au Salon de 1867 mais achetée par Bazille pour 2.500f payables par mensualités de 50f
Revenue en possession de Monet elle fut acquise par l’Etat en 1921 pour 200.000f, Monet voulant se venger des refus du Salon pendant sa jeunesse