1886 -
Les toiles qu'il exécute à Belle Ile sont parmi les plus fortes de son oeuvre
Arrivé dans l'île le 15 septembre il est allé s'établir dans un village de la côte sauvae
Il se rend sur le motif par tous les temps, peignant en pleine tempête revêtu d'un ciré marin, son chevalet lesté par des pierres
Il aime le spectacle de l'océan battu par la houle
Il emploie des tons très forts
A l'auberge du village il se gave de crustacés et de coquillages
Un soir d'octobre à l'auberge il rencontre le critique Geffroy qui deviendra son chantre attitré et lui fera retrouver Clémenceau
Clémenceau sera son ami intime et le soutien moral de sa vieillesse
Monet quitte Belle Ile le 25 novembre avec 39 peintures
Il est conscient du contraste avec son oeuvre antérieure vouée aux reflets et aux jeux de l'atmosphère
1886 -
En octobre 18896, Gustave Geffroy, futur biographe de Monet et critique d'art au journal de Clémenceau "La Justice" s'asseyant pour dîner à l'auberge de Kervilhaouen s'aperçoit qu'il avait par mégarde occupé la table réservée à un peintre qui fait bientôt son entrée
"Un rude homme, hâlé, barbu, fortement botté, vêtu de grosse toile, un béret marin sur les yeux, une pipe en bois dans une grosse barbe et, au milieu de tout cela, un fin profil, un oeil intelligent"
Geffroy avait déjà écrit sur Monet mais il ne le connaissait pas. Leur amitié devait durer leur vie entière
Monet explora les bords du plateau battu par les vents pour peindre le gouffre rugissant, les immenses formations de rochers et l'abîme béant
La haute mer écumante a rongé très profondément les surfaces tendres des mica-
Monet souligne l'opposition des silhouettes sombres contre l'horizon
Il a amplifié la diversité chromatique de l'eau bleue et verte
Il a dramatisé le mouvement de flammes des "aiguilles"
1886 -
En 1886 Monet reprend le thème de La Promenade de 1875
Camille qui est morte sept ans plus tôt y est remplacée par Suzanne Hoschedé, sa préférée parmi les filles d'Alice, sa compagne puis sa seconde épouse
La jolie Suzanne qui devait épouser le peintre américain Théodore Butler mourut à 31 ans en 1899 et sa disparition plongea sa mère et sa famille dans une immense tristesse : elle était la gaité de Giverny
Son mari se remaria avec Marthe, sa soeur aînée
En promenade dans la campagne de Giverny avec les enfants d'Alice, Monet s'était soudain rappelé la pose de Camille dans La Promenade
La duplication de l'image dans les deux tableaux de 1886 n'a pas pour but de transcrire l'effet instantané de la lumière mais de transmettre le sentiment de la durée
C'est la relation entre ce tableau et celui de la version "A gauche" qui indique les variations entre les deux moments
1886 -
Madame Hoschedé avait annoncé qu'elle quitterait immédiatement la maison si un modèle y entrait
Ce tableau est le second de la paire
Les tons sont délicats et transparents
La lumière tombe de la droite, découpant subtilement la ligne de la jambe
Le nuages aussi se déplacent de droite à gauche
L'ombrelle, la femme et le voile montrent le vent latéral et la direction du soleil comme le ferait une girouette
Le traitement de la couleur et les ombres lumineuses sont légers
Le champ horizontal s'est mué en un complexe vertical de rythmes d'herbe
1887 -
Monet voulait exprimer les silhouettes claires se détachant sur un fond sombre de verdure et les moirures que créaient dans l'eau transparente les herbes agitées par le courant
Il était fasciné par le spectacle de l'eau avec de l'herbe qui ondule dans le fond. Il pouvait ainsi rester immobile durant de longs moments
Les trois jeunes filles sont Blanche, Suzanne et Germaine Hoschedé (il ne manque que Marthe)
Son épouse refusait l'emploi de modèles professionnels
1887 -
Monet voit ses deux belles-
La proche disparition du canoë vers la droite est retardée par la diagonale de la rame soulevée ainsi que par la pose et le regard de la rameuse
Un réseau d'angles et de parallèles relie les lignes de la coque et de la longue
rame en vis-
L'eau d'un bleu violet semble presque noire
Opposition de nuances différentes de rose à de touches de turquoise clair et de vert dans le feuillage
1887 -
Blanche Hoschedé peint sa soeur Suzanne lisant, assise dans l'herbe
Blanche accompagnait souvent son beau-
Elle se met à peindre à son tour au cours de l'été 1882
Ayant cessé de peindre à la mort de son mari en 1914 elle reprend ses pinceaux douze ans plus tard, à la mort de Claude Monet et ne cessa de peindre jusqu'à sa mort en 1947
Elle fut pendant plus d'une décennie l'ange gardien de son beau-
Clémenceau l'avait baptisé "L'ange bleu"
Monet aimait ces jeunes filles charmantes et gaies et dans ces moments de détente il jouait au croquet avec elles
1887 -
Blanche Hoschedé peint sa soeur Suzanne lisant, assise dans l'herbe
Blanche accompagnait souvent son beau-
Elle se met à peindre à son tour au cours de l'été 1882
Ayant cessé de peindre à la mort de son mari en 1914 elle reprend ses pinceaux douze ans plus tard, à la mort de Claude Monet et ne cessa de peindre jusqu'à sa mort en 1947
Elle fut pendant plus d'une décennie l'ange gardien de son beau-
Clémenceau l'avait baptisé "L'ange bleu"
Monet aimait ces jeunes filles charmantes et gaies et dans ces moments de détente il jouait au croquet avec elles
1889 -
En juin 1888 Monet séjournait dans la Creuse chez son ami poète, Maurice Rollinat, au sud de Berny
Corot et Courbet avaient représenté des formations rocheuses avec monumentalité
Cézanne avait observé de près les surfaces minérales
Avec cette paroi Monet fait un rapprochement téléscopique
Il modèle la pierre massive de la falaise en saillie avec des tons orangés de la terre sous le soleil et l'argent du roc éclairé
1890 -
De la fin de l'été 1890 au printemps suivant Monet réalise la série des meules
Il s'agit pour lui de saisir l'aspect le plus fugitif des choses telles que les change la lumière
Cette lumière est elle-
Pour mieux traquer l'effet avant qu'il ne se dissipe il travaille sur plusieurs toiles successivement, parfois pendant seulement quelques minutes
Comme il faut faire vite, c'est sa belle-
" ... Plus je vais, plus je vois qu'il faut beaucoup travailler pour rendre ce que je recherche : "l'instanténéité, la même lumière répandue partout"
La critique approuva quasi unanimement
Le succès financier des meules effaça définitivement les difficultés financières de Monet et lui permit d'acheter la propriété de Giverny
1891 -
Pour peindre les meules travaillait sur plusieurs toiles, travaillant à chaque version
seulement quand le même effet se reproduisait, de façon, dit-
Il se plaint " Le soleil décline si vite que je ne peux le suivre "
Il voulait saisir "l'enveloppe" de lumière colorée qui confère à une scène entière l'unité d'un instant
Malgré le découragement et les rhumatismes, Monet peignit les meules par tous les temps, gris ou ensoleillé, dans le brouillard et couvertes de neige
Ici, la colline, les arbres, les maisons et les champs sont baignés dans des nuances de couleur qui éclairent la meule par derrière
Le dessus de son sommet se contorsionne comme s'il allait fondre
1891 -
Pour Monet, la série est la conception d'une oeuvre impossible à embrasser d'un seul coup d'oeil, mais à appréhender selon un parcours et une durée différents de ceux traditionnellement associés à l'observation d'un tableau
En 1891 Monet expose chez Durand-
Il ne s'agit jamais de meules de foin mais de blé ou d'avoine, deux ressources alimentaires plus importantes que le fourrage des animaux
Dès la fin des années 1870 Monet préfère le monde rural aux grandes villes
Monet s'intéresse aux sujets liés à une notion de temps différente de celle des villes
La nature se fait le reflet des variations lumineuse sur une portion de réalité donnée, toujours la même, où rien ne change sinon la saison, le moment de la journée et la nature de l'atmosphère
Pour Monet sa peinture a pour but de saisir "l'enveloppe" lumineuse des choses et
non les choses elles-
Les objets en tant que tels perdent leur consistance matérielle comme jamais auparavant dans la peinture de Monet
Kandinsky dira que dans ce tableau la dissolution des objets dans la couleur lui a fait entrevoir pour la première fois la possibilité d'un art totalement abstrait