JEUNE FILLE AU BERET
Modigliani resserre le champ de vision du spectateur et rassemble les cheveux de la petite fille sous un chapeau noir, qui contraste avec la fraîcheur de l’enfant et fait de ce portrait une œuvre achevée.
La chaise déplacée sur la droite, les panneaux brun clair dont les moulures forment un cadre à l’intérieur du tableau, le fond doux et le rose enfantin de la robe donnent une véritable intimité à ce portrait.
Un éclair blanc dépasse du chapeau, rappel du sourire juvénile aux dents encore irrégulières


LEOPOLD ZBOROWSKI
Stylisé, comme rajeuni, le modèle reste parfaitement identifiable mais le peintre en sublime le caractère sans chercher à restituer un quelconque réalisme
Il atteint la représentation idéalisée, presque romantique, du jeune poète qu’il était à son arrivée à Paris
Le col ouvert écarte toute solennité alors que Zborowski affichait volontiers une mise très soignée
Halo de lumière gris bleuté qui entoure le visage très juvénile à la barbe christique
La force de ce portrait réside dans le contraste avec le fond travaillé dans un dégradé de gris vert


JEUNE FILLE ROUSSE - JEANNE HEBUTERNE
Modigliani rencontra Jeanne Hébuterne en 1917 à l’Académie Colarossi, où ils suivaient tous deux des cours de dessin d’après modèle.
Jeanne avait dix neuf ans, Modigliani trente-trois.
C’était une étudiante talentueuse qui abandonna tout pour se vouer à Modigliani et demeura à ses côtés jusqu’à sa mort prématurée en 1920 : elle se suicida le lendemain de la mort de Modigliani, enceinte de huit mois de leur second enfant.
Les précédentes compagnes de Modigliani étaient des femmes fortes, passionnées, sûres d’elles et provocantes.
Au contraire, Jeanne était dévouée, confiante et passive.
C’est un portrait plutôt naturaliste aux couleurs sourdes ; les courbes douces de l’arrière plan accentuent la douceur des traits du modèle, de ses cheveux et de ses vêtements.
Il n’y a pas une seule ligne droite dans tout le tableau.
Les yeux de Jeanne étaient bleus, et même si Modigliani décida de les peindre en marron ici, il les rend bien plus expressifs que les regards vides de nombre de ses toiles.
Bien qu’il ait allongé son cou et son visage, la plupart des éléments – les cheveux, le nez, les yeux et la bouche – diffèrent exceptionnellement peu de la réalité.

Expression d’une grande tendresse
La jeune femme, de trois quarts, se tourne vers le spectateur dans une attitude pleine de naturel et d’élégance et capte son attention en l’enveloppant de son regard
La pureté de l’ovale du visage et l’éclat de la chevelure laissée libre complètent


JEANNE HEBUTERNE
Pour peindre ce petit profil – pose assez rare chez Modigliani – le peintre se rapproche de son modèle et la place en avant de la porte qui sert d’arrière plan


NU ASSIS
Dans cette esquisse brute, dessinée de la main sûre de Modigliani, la fille est affaissée sur une surface courbe qui ressemble à une grosse pierre.
Comme dans nombre de ses dessins, Modigliani trace une ligne pour suggérer l’angle d’une chambre.
Nous sommes bien loin des poses détendues et sensuelles de ses nus peints : le corps du modèle traduit la lassitude et l’ennui.
Elle s’affaisse sur son siège, le dos voûté, les épaules tombantes, le ventre relâché.
La moitié de son visage a été représenté de façon naturaliste dans certains détails. Un œil pourtant est décalé et n’est pas correctement rempli, gâtant le joli visage de la jeune fille.
Modigliani ne retravaillait pas ses croquis.


PORTRAIT DE JEANNE HEBUTERNE
Les portraits de Jeanne varient beaucoup en termes de style et d’ambiance.
D’habitude elle est dépeinte avec un cou et des bras extrêmement longs.
Ici, nous la voyons pendant sa grossesse, assise sur une chaise dans une pose languide.
Courbes gracieuses et élégantes de ses bras et de son cou.
La palette de couleurs chaudes suggère qu’elle pourrait avoir été peinte dans le sud de la France.
Ce portrait nous dévoile peu du caractère de Jeanne.
Ses yeux bleus sont vides et sa pose est d’une élégance plutôt passive : elle est le sujet d’un tableau plutôt qu’une personne à part entière.
Nous constatons à quel point la différence est grande lorsque Modigliani donne une expression aux yeux.


NU FEMININ DEBOUT
Ce simple dessin au trait est réalisé d’une main sûre, comme tant de croquis de Modigliani : pas de trace de gommage, aucun signe d’indécision.
C’est une ébauche exécutée avec agilité et maestria.
L’artiste dessine une figure en pied debout sur une jambe, tandis que l’autre genou repose sur un appui.
C’est une position incommode sans érotisme.
Le ventre gonflé est généreusement souligné, comme ses solides jambes, bien que comme d’habitude elles disparaissent au bord de la feuille, tandis que les mains sont à peine esquissées.
Le profil et les cheveux sont dessinés avec un naturalisme remarquable et ne montrent aucun allongement, même pas du nez.


PORTRAIT DE JEANNE HEBUTERNE
Ce portrait fut peint lorsque Jeanne était déjà à un point avancé de sa grossesse.
Modigliani n’essaie pas de masquer son état, choisissant plutôt de le souligner en ceignant sa taille d’une bande de tissu rayé, afin d’attirer l’attention sur son ventre rond.
Harmonie de couleurs dans ce portrait : la masse sombre de la robe et de ses cheveux est équilibrée par les rayures autour de sa taille et de ses bras, trouvant eux-mêmes un écho dans le mur de gauche et la chaise sur laquelle elle est assise.
Le rectangle d’une chaude couleur orange sur le côté droit du tableau contient des éléments du bleu-vert tandis que le bleu-vert de la chaise contient des éléments du mur orange.
Les yeux de Jeanne lancent un regard d’un bleu éclatant au spectateur.
Bien que son cou soit allongé à l’extrême on aperçoit un soupçon de double menton qui suggère la lourdeur des derniers mois de grossesse.
Sa posture, le bras droit incurvé et la tête penchée, sa présence massive et presque royale dans le cadre, la font ressembler à une Madone, symbole de fertilité.


PAYSAGE DANS LE MIDI
En 1919 Modigliani laissa Jeanne et leur bébé à Nice se rendit à Cagnes où il partagea un atelier avec Chaïm Soutine et peignit ce paysage.
Par le choix du sujet et son exécution, l’hommage à Cézanne est évident.
On constate que cet artiste préoccupé en premier lieu de la forme humaine a choisi le format vertical du portrait même pour le paysage plutôt que la forme horizontale plus typique.
Il ne s’agit pas d’une scène idyllique : le ciel est rempli de nuages gris dont les formes rondes trouvent un écho dans les groupes d’arbres élancés et grêles qui masquent le village à l’arrière plan.
Le paysage entre les arbres et le village, également grisâtre, est arboré, créant un sentiment de distance et de désordre à la fois.
En tranchant à travers le premier plan du tableau, une bande rouge foncé représente soit une route, soit le bord du pont sur lequel se tient l’artiste.
La couleur rouge fait écho aux toits du village mais elle intensifie également la densité du tableau et le sentiment de claustrophobie qui s’en dégage.


LEOPOLD ZBOROWSKI A LA CANNE
Présentation plus classique et moins romantique du marchand de tableaux
La canne, signe d’une réussite sociale qui se fait encore attendre et de l’image que Zborowski cherchait à donner de lui avec la complicité de Modigliani


ARBRES ET MAISONS
Modigliani passa plus d’un an dans le midi, du printemps 1918 à fin mai 1919
De mars à août 1918 les parisiens subirent les bombardements de la Grosse Bertha d’une portée de plus de 100 kilomètres
L’engin tuait au hasard et terrorisait la population
Zborowski et ses amis peintres partirent pour le Midi ( et la mère de Jeanne Hébuterne ) où ils retrouvèrent d’autres habitués de Montparnasse
Ils s’installèrent d’abord à Cagnes puis à Nice
L’artiste n’a jamais semblé attiré par la campagne
L’harmonie des bleus du ciel et de l’échappée vers la mer dans le lointain vibre comme un écho nostalgique de l’enfance livournaise au bord de la Méditerranée

Sous l’influence de son premier professeur à Livourne, Modigliani étudia le paysage (route de campagne exécutée vers 17 ans)
A un âge plus avancé il accorda très peu d’attention à autre chose qu’au personnage humain. Il prétendait même détester le paysage.
En règle générale Modigliani montrait les gens à l’intérieur d’une chambre
Seuls trois paysages de Modigliani sont répertoriés.
L’artistes peignit celui-ci durant la période qu’il passa dans le sud de la France à Nice et à Cannes.
La scène suggère une petite rue de village conduisant à la plage.


ELVIRE
Tableau peint dans le sud de la France.
La luminosité du fond évocatrice d’un chaud soleil est assez atypique des nus de Modigliani.
Il avait plutôt l’habitude de les nimber de couleurs foncées et chaudes comme le rouge, le noir et l’orange.
La position debout est extrêmement inhabituelle.
Le modèle est présenté face au spectateur, ses mains tenant une étoffe blanche sensée préserver sa pudeur.
Sa pose est raide et quelque peu formelle.
Son corps est soigneusement souligné et il n’est ni allongé, ni tordu d’aucune manière.
Les tons de la peau sont relativement pâles, suggérant sa jeunese.
Son expression est sérieuse et bien que ses yeux soient vides, la gravité et la franchise de son regard lui donnent un caractère un peu plus personnel que dans ses autres nus.
Elle se tient de façon un peu gauche, pas de façon provocante.
Cette jeune fille est sans doute originaire de la région ce qui expliquerait son humilité et le formalisme relatif de sa posture.


PORTRAIT DE DEDIE
Surnommée Dédie, Odette Haydn fut à trois reprises le modèle de Modigliani. Sa position assise donne ici au peintre l’occasion de construire le réseau de lignes ascendantes du corps en tant que support de la tête dont la position extrêmement penchée paraît de ce fait naturelle.
Le caractère désaxé de cette tête lui confère une expression mélancolique tandis que la précision irréprochable du dessin du visage s’oppose au caractère volontairement schématique des mains croisées.


LE GRAND NU
Ce nu est curieusement stylisé.
Modigliani, ignorant les lois de la gravitation le fait reposer parfaitement horizontal dans un espace indéterminé.
La vue plongeante permet la représentation du dos allongé avec le bassin redressé sur le côté.
Cette torsion ajoute au caractère abstrait, hiératique de la composition.
Le visage, vu de profil et les yeux fermés, rapproche davantage ce nu d’un gisant que des créatures sensuelles qui l’ont précédé


FEMME AUX YEUX VERTS
Emouvante sérénité dégagée par ce deux portrait de femme, extrêmement sobre dans ses tonalités et par la stricte limitation des indications spatiales.


JEUNE APPRENTI
Portrait traité avec une remarquable douceur apitoyée.
Il est épuisé par une journée de travail le visage enfantin appuyé contre la grosse patte rouge, l’autre main abandonnée sur le genou, engourdie et vacante.

La toile est prétexte à une étude de gris, vert, beige et roux traités en camaïeu, juste éclairés par le blanc de la chemise sans col.
La scène respire le calme et la simplicité.
La modestie du garçon se lit jusque dans l’usure du pantalon.
Le visage jeune, lisse et rond, contraste avec la main droite trapue et rouge.
Rien ne subsiste de l’identité de ce modèle de rencontre.


LE PETIT PAYSAN
Exécuté dans le midi de la France ; le caractère anonyme du modèle permet à Modigliani de peindre moins un individu précis qu’un type humain.
La physionomie ne recèle rien de caricatural à l’inverse des portraits de personnalités.
Tout dans la simplification des formes rappelle la leçon de Cézanne.

Peint dans le sud de la France, ce tableau fut un des premiers tableaux de Modigliani à entrer dans une collection anglaise ( vendu par Zborowski en 1919)
Nous voyons dans ce petit campagnard la même dignité simple que Cézanne donnait au modeste peuple de Provence. Les deux artistes, malgré leur fond bourgeois, aimaient tout ce que l’on appelle l’Homme Commun.
Chez Modigliani une tendance socialiste est peut-être entrée en jeu.
Modigliani disait à Soutine « Les personnages de Cézanne, tout comme les plus belles statues de l’antiquité, ne regardent pas. Les miens, au contraire, regardent. Ils voient même si j’ai choisi de ne pas dessiner les pupilles ; mais, comme les personnages de Cézanne, ils ne veulent pas exprimer autre chose qu’une muette acceptation de la vie »
Ce jeune campagnard est traité sans ornement ni aucun embellissement.
Ce petit paysan a peut-être vécu vieux sans se douter qu’un portrait de lui était une possession de valeur de l’un des plus grands musées du monde.


PORTRAIT DE BEATRICE HASTINGS
Elle écrivit le 5 novembre 1914 « Quelqu’un a fait un magnifique dessin de moi. Je ressemble à la plus belle des Vierges Marie sans aucun accessoire de ce bas monde ».
Image spirituelle et raffinée de cette femme connue pour ses accoutrements extravagants et son caractère fantasque.


PORTRAIT DE « MECHAN » , OSCAR MIETSTCHANINOFF
Tout en restant fidèle au modèle, un ami sculpteur, Modigliani exploite son don inné de caricaturiste dont témoigne le cercle presque parfait de la tête.


PORTRAIT DE MADAME ZBOROWSKI
Le couple Zborowski était installé dans le même immeuble que Kisling, rue Joseph-Bara.
Ils avaient transformé une chambre en atelier pour Modigliani à qui il était fourni matériel et modèle outre 15 francs par jour pour l’exclusivité de sa production.


PORTRAIT DE MONSIEUR ZBOROWSKI

Comme sa femme, il est habillé avec une sobre élégance et adopte un maintien légèrement distant.
Modigliani pratique la stylisation avec discrétion et réalise deux portraits de représentation qu’il sait correspondre au goût profond de ses modèles.


JEANNE HEBUTERNE AU JERSEY JAUNE
La matière picturale est fluide, le corps est soumis à une élongation marquée et l’espace environnant est clairement indiqué
Le traitement du visage l’assimile à une icône : ne cherchant nullement à saisir une ressemblance ou la vérité d’une expression Modigliani entend surtout incarner un idéal féminin.


LA FILLE DU PEUPLE
Il s’agit de la fille de la concierge de Max Jacob.
Elle est solidement campée, impassible, l’artiste insistant sur ses fortes mains de travailleuse manuelle posées sur les genoux.


JEUNE FILLE ASSISE LES MAINS SUR LES GENOUX
Modigliani installe son modèle à l’extérieur, la chaise campagnarde appuyée contre un arbre
Aux teintes habituelles de sa palette, chair, havane et noir bleuté, le peintre ajoute le vert pré du fond dont la luminosité printanière répond à la jeunesse de son modèle


JEUNE HOMME OU L’ETUDIANT
Peinture d’autochtones que Modigliani exécuta dans le sud de la France, l’année précédent sa mort.
Le cou est excessivement allongé, élément souligné par les cheveux courts du jeune homme.
Le tableau est quasiment monochrome : la porte ou le cadre de la fenêtre renvoient à la veste noire du garçon, tandis que le fond bleu trouve un écho dans le col de sa chemise et dans son regard bleu, éclatant mais vide.
Le visage du jeune homme est délicat, presque féminin : ses joues sont légèrement rosies, ses lèvres sont d’un vrai rouge et ses sourcils forment une fine ligne courbe.
Ce jeune homme exhale une indolence qui contraste fortement avec la solidité et la force des paysans que Modigliani peignit à la même époque.
Son statut d’étudiant explique peut-être cela, ainsi que son air légèrement hautain.

Rare portrait de jeune homme en buste.
Identité du modèle inconnue
Superbe de maîtrise et de sobriété
Hiératique élégance et stricte économie de la palette, puissamment éclairée par le roux des cheveux et le halo lumineux sur lequel le portrait se détache
Fond travaillé en nerveuses touches de gris-vert


NU
La femme est endormie, la tête reposant sur un bras.
Son autre bras comme dans d’autres nus de Modigliani est invisible.
Son corps, exceptionnellement représenté dans sa totalité, s’étire en travers de la toile dans une pose langoureuse, sa partie inférieure formant une courbe unique, du haut du coude jusqu’au genou.
Comme d’habitude son bassin est tourné vers nous et son torse est allongé.
Sa taille est fine, soulignant les courbes de ses hanches et de ses seins, effet accentué par le lit noir sur lequel elle repose et dont le bord nettement dessiné crée une ligne d’horizon.
La femme semble extrêmement paisible, la tête posée sur un grand oreiller confortable.
Cette attitude, combinée aux teintes délicates de sa carnation, en fait une œuvre plus élégante qu’érotique.

Les nus et le scandale suscité par l’exposition chez Berthe Weill ont consacré le succès public de Modigliani dès 1917
Deux ans plus tard Modigliani propose deux variations sur le même thème, de format identique, où le modèle repose, couché sur un coussin, le bras droit replié derrière la tête
Le modelé harmonieux du corps s’inscrit dans le rectangle sombre du fond
Contrairement au regard crânement affirmé des modèles de 1917, droit dans les yeux des spectateurs, les yeux sont baissés, peut-être endormis, conférant à la scène tendresse et douceur


PORTRAIT DE JEUNE FEMME
Portrait peint sans doute dans l’urgence pour compenser les déboires financiers de Modigliani à la suite du vol de son portefeuille à Nice dans les premiers jours de 1919
Originalité de la coiffure avec les deux accroche-cœurs sur le front


LE GRAND NU
Ce tableau fit partie de l’exposition que Modigliani eut à la galerie Berthe Weill.
Un officier de paix déclara le tout scandaleux et arrêta Madame Weill et l’artiste.
Mais les nus de Modigliani ne sont pas sexuellement provocants.
Ils sont loin d’être naturalistes et ont quelque chose d’irréel.
Ils sont plus près de Giorgione que de Titien.
La « Vénus endormie » de Giorgione a quelque chose d’un rêve, impression rehaussée par le paysage idyllique de l’arrière plan.
« La Vénus d’Urbino » du Titien n’est plus une déesse ; c’est une femme, une forte part du monde de la réalité.
Les nus de Modigliani ne sont ni des déesses ni de jeunes parisiennes.
Par leurs couleurs non naturelles, elles sont des pièces de sculpture taillées dans une étrange pierre orange.
Il est difficile de comprendre le scandale que les nus de Modigliani causèrent à Paris qui avait tant de tableaux franchement plus érotiques.

Cette œuvre incarne la quintessence des nus de Modigliani.
Le corps coupe la toile horizontalement, occupant la partie supérieure du cadre.
Le torse est allongé dans une proportion inhabituelle, encore accentuée par le noir profond du dessous, donnant l’impression que le modèle est suspendu au-dessus d’un abîme.
Ceci crée une tension entre le visage complètement détendu du modèle – ses yeux clos, ses bras étendus et relâchés – et l’effort apparent requis pour maintenir le milieu de son corps au-dessus du vide.
Ceci est une peinture décorative bien plus qu’érotique malgré la technique de Modigliani d’attirer l’attention du spectateur en orientant son bassin vers nous et en coupant ses jambes au-dessus du genou.
Sa peau est pâle et délicate, bien différente des teintes chaudes d’orange et de rose coutumières de l’artiste.
Son visage et ses cheveux sont peints en détail ; les yeux sont ferméS, elle est perdue dans un rêve.
Tous ces éléments s’associent pour créer une peinture belle, délicate et mystérieuse plutôt que franchement érotique.


PORTRAIT DE JEUNE FEMME
Fond très travaillé et détails du col blanc
Une des œuvres les plus travaillées de la période niçoise de l’hiver 1918-1919 où il rencontre des problèmes d’argent


PORTRAIT DE FEMME AU COL BLANC
Fait partie de la série de portraits exécutés à Nice au tout début de 1919


LE ZOUAVE
Les zouaves : troupe d’élite créée au lendemain de la conquête de l’Algérie en 1830 par le général de Lamoricière
« Ils s’étaient crus tenus d’incarner toutes les vertus de l’infanterie française. Ils furent d’inégalables soldats »
Le soldat est sans doute à Nice en permission
Il porte la calotte et la tenue « moutarde » des soldats de l’armée d’Afrique
Le croissant et le chiffre 3 indiquent son régiment
Le très jeune homme est prétexte à une étude coloriste

Les Zouaves étaient membres du corps d’infanterie légère, à l’origine recrutés uniquement dans les tribus Berbères.
Bien qu’au cours du temps le corps des Zouaves fut constitué par des Français, l’uniforme nord-africain fut conservé.
A Arles, Vincent Van Gogh peignit deux fois son ami le sous-lieutenant Milliet dans cet uniforme.
Le Zouave de Modigliani porte l’uniforme du poilu courant.
Il a un visage indéfinissable et suave, sans caractère particulier, si différent des expressions clairement définies dans les portraits des modèles plus distingués.
La décoration militaire sur la poitrine du soldat tend à dissiper la monotonie de la grande surface de brun.


PORTRAIT DE LEOPOLD ZBOROWSKI
Léopold Zborowski ( 1889-1932) qui descendait de l’aristocratie polonaise arriva à Paris, venant de Cracovie en juin 1914.
En tant qu’étranger avec un passeport autrichien il fut interné pour quelques temps après la déclaration de la première guerre mondiale.
Après sa libération il recommença sa vie comme libraire.
Dès le début, le poète devenu marchand trouva la tâche de vendre Modigliani très difficile. Mais il était infatigable. Rien ne le décourageait.
Modi devait avoir suffisamment de nourriture et par-dessus tout du matériel de peinture.
Zborowski se privait lui-même de tabac pour que Modi puisse boire, reconnaissant que l’alcool lui était nécessaire pour travailler.
Quand les choses empirèrent il alla jusqu’à vendre, pour l’amour de Modi, ses vêtements et les quelques objets de valeur qu’il possédait. Sa femme était aussi enthousiaste et dévouée que lui.
Modigliani peignit son marchand et sa femme à plusieurs reprises.
Le modèle est révélé dans toute la noblesse de cœur et d’esprit qu’il possédait vraiment.
Ce tableau est un véritable acte d’amitié.
Homme grand et élégant à la moustache tombante, à la nette barbe en pointe et aux épaules tombantes, il aurait pu être un grand d’Espagne peint par le Greco.

Pour la dernière fois le marchand pose pour l’artiste qu’il a défendu de toute sa foi et de toute son énergie, envers et contre tous.
Elégance et sobriété président à cette composition : la moulure dorée du fauteuil fait ressortir l’acajou du costume et des cheveux ; la porte constitue une étude de blanc dont les ombres bistres et bleutées répondent au beige composite du mur sur la gauche.


ROGER DUTILLEUL
Roger Dutilleul (1873-1956) a acquis une quinzaine de toiles de Modigliani parmi des dizaines de Braque, Derain, Vlaminck, Picasso, Matisse, Léger, Miro ..
Grand bourgeois et véritable amateur, il acheta ses premiers tableaux très bon marché.
En 1907 il ne pouvait pas acquérir des Cézanne, déjà hors de prix
Cette toile installe le collectionneur dans une attitude toute d’élégance aristocratique comparable au mécène des jeunes années, Paul Alexandre de 1909.
Ce tableau a été peint en trois séances d’un total de sept heures et demie.
Les couleurs assourdies, la matière très diluée et la tête légèrement penchée marquent l’autorité bienveillante de l’amateur


LA BLOUSE ROSE
Couleur rare chez Modigliani pour un modèle adulte
Le rose illumine la scène d’un éclat inhabituel
La blondeur opulente de la jeune femme, le corsage rose vif et les carreaux de la jupe claire donnent une tonalité aérée à l’œuvre


NU SUR UN COUSSIN
Somnolente et tranquille, la jeune femme s’étire sur le sofa, son corps formant une longue diagonale à travers le tableau.
Il n’y a pas de fausse modestie chez les modèles anonymes de Modigliani qui, conscients de la présence de l’artiste, s’exhibent entièrement pour lui et pour nous.
Pour étudier la volupté sans contrainte, Modigliani faisait de nombreux croquis au crayon, soulignant chaque membre avec tendresse.
Puis il se remettait à la toile sur le chevalet, remplissant les gracieuses arabesques qui définissent la forme de tons terre cuite.
Le corps élongué tranche contre les combinaisons de rouge, bleu, noir, blanc et marron de l’arrière plan.


HOMME A LA PIPE
Ce tableau d’un flegmatique barbu est aussi connu sous le nom de « Le Niçois ».
Il fut peint durant le séjour de Modigliani dans le sud de la France.
Pour des raisons esthétiques, il y a une bande à droite contrastant avec le fond orange.
Pour mettre plus nettement en relief la blancheur du col, un petit peu d’orange plus sombre est placé à sa gauche.
Il n’oubliait jamais son intérêt pour les gens et les peignait, pour ainsi dire, avec abandon, poussé par l’intensité de son sentiment et de sa vision.
Il avait adopté certains éléments d’art primitif sans sacrifier son intérêt pour la personnalité individuelle.


NU ASSIS

Pour faire un équilibre entre la tête et les larges hanches,  Modigliani supprimes les parties inférieures des jambes.

Le corps est nettement une combinaison de formes élémentaires, cylindres, sphères, cônes et cubes, mais les nus de Modigliani sont plus réalistes, moins stylisés que ses portraits.

Ici la notion de nudité est renforcée par le morceau de vêtement blanc qui  ne cache vraiment rien de ce corps de jeune femme.

La sensualité du personnage est renforcée par la cuisse exagérément grande près de l’œil du spectateur.

La volupté est toujours gardée sous contrôle par la dignité du style irréprochable.

Modigliani aimait les femmes sans réserves et les fait aimer au spectateur.


LE CHANDAIL JAUNE – JEANNE HEBUTERNE
Cette pose d’une femme assise avec la tête un petit peu de côté, les mains reposant sur les genoux, apparaît souvent chez Cézanne.
Jeanne Hébuterne ne semble pas trouver à redire à son rôle de modèle et elle ne semble jamais fatiguée ou ennuyée.
Ici nous avons un aperçu sur quelques-uns des simples objets du foyer du couple : une chaise, une commode et en bas à gauche ce qui semble être un petit canapé.
Le modèle est saisi selon la formule que Modigliani dans ses dernières années développa à la perfection : le corps a la forme courbe d’un S et est composé de plusieurs formes rondes, s’enroulant doucement en lignes mélodieuses.
Ici, le visage est plus fin et plus atténué que jamais.

« Déformer, c’est corriger la nature en fonction de la sensibilité de l’artiste »
Lipchitz a rappelé l’apparence « très gothique » de Jeanne.
Ici, les cheveux sont rougeoyants et arrangés en une coiffure élégante.
Elle s’habillait de robes drapées qu’elle confectionnait elle-même avec un sens esthétique sûr pour la ligne et la couleur.


BOHEMIENNE AVEC UN BEBE
Nous ne savons rien de cette femme avec un col marin.
Peut-être sa raide chevelure noire, se terminant en une courte natte, est-elle une indication de son origine.
Ce tableau est le favori de ceux qui préfèrent Modigliani lorsqu’il penche vers un traitement plus conventionnel.
Ce groupe en effet est meublé de beaucoup de détails.
La juxtaposition de couleurs chaudes et froides, système chromatique que l’artiste apprit de Cézanne est peut-être responsable du choix de la couleur de l’œil, car les yeux bleus sont inattendus chez un modèle si brun, mais le bleu fait écho à la froide couleur du foulard et tranche avec la chaleur des tons de la peau.


PORTRAIT DE LUNIA CZECHOWSKA
Le modèle, une amie des Zborowski, rencontra l’artiste pour la première fois en juin 1916.
Elle essaya dans la mesure du possible d’aider Modigliani et par la suite Jeanne Hébuterne aussi.
L’artiste dessina et peignit ses aristocratiques traits slaves à plusieurs reprises (un autre tableau la représente dans une robe jaune, tenant un éventail)
Dans ses mémoires en 1953 elle dit : « Je fus frappée par son aspect, son rayonnement et la beauté de ses yeux … Modigliani ne voyait que ce qui était beau et pur … Il était résolu à capter le caractère de son modèle et à l’implanter dans son œuvre. Quant au modèle, il avait l’impression d’avoir l’âme mise à nu et être dans l’étrange position de ne rien pouvoir faire pour déguiser ses sentiments »
Le personnage est dessiné fermement, à grands traits incisifs, contre le mur nu.
Il maintient un équilibre entre le naturalisme et l’abstraction.
Sa passion pour la beauté, son désir d’éviter l’ordinaire et sa recherche de la grandeur intellectuelle n’étaient pas en contradiction avec son désir ardent de trouver la vérité de son modèle.
On admire l’élégance spirituelle et la perfection cristalline de ce tableau et on est conscient de la dignité de Madame Czechowska, de sa sérénité teintée d’une touche de tristesse.


THORA KLINCKOWSTRÖM
Thora, jeune suédoise de 20 ans était venue étudier l’art à Paris
Elle rencontre Modigliani à la Rotonde en octobre 1919
Il dessine sur place son portrait sur du papier quadrillé fourni par le café et lui propose de poser pour cette toile
La jeune fille est très impressionnée par le regard et la beauté de Modigliani malgré le désordre de son atelier et le négligé de sa mise
Elle l’est également par la toux persistante de l’artiste très malade
Modèle de hasard elle perd rapidement de vue ce portrait dont elle entend à nouveau parler lorsqu’il réapparaît sur le marché de l’art dans les années 1970


ANNIE BJARNE
C’est une amie de Thora
Un des derniers témoignages de l’art de Modigliani


LA BOURGUIGNONNE
C’est la version en buste d’un plus grand tableau


JEANNE HEBUTERNE
En ce dernier hiver 1919 Modigliani peint Jeanne presque en entier, assise les mains croisées sur les genoux, à nouveau enceinte.
Sa robe est peut-être l’une de ses créations : on retrouve les mêmes mancherons et la large ceinture à rayures sur un autre corsages de Jeanne
Le lit et la table de chevet soulignent l’intimité de la scène, baignée d’une lumière douce et solaire, dans l’attente prochaine de l’enfant à venir.


MATERNITE
Cette œuvre marque, quelques semaines avant sa mort, le dernier changement stylistique de Modigliani
Cette œuvre d’apparence rigide, sculpturale, est conçue comme un retour vers la matière, à la fois plus coloriste mais donnant une impression monochrome générale
Le sujet de maternité est rare chez Modigliani
Aux deux ou trois teintes classiques en dehors du blanc et du noir (brun, roux, gris-vert), Modigliani ajoute le bleu outremer du chandail de l’enfant, le vert franc de son bonnet, le rose de l’encolure de la mère et les touches de bleu clair des yeux.
Tout concourt dans cette scène rigoureusement construite à l’équilibre et à la sérénité
Les personnages sont figés dans une raideur de poupée pour l’enfant, de madone populaire pour la mère, apparemment dénuée de tendresse et d’échange.
Modigliani insuffle vie et présence par la simple vibration de la couleur qui anime cette composition intemporelle
Œuvre peinte dans le sud de la France lorsqu’il utilisait des modèles locaux.
Divisé en surfaces de couleur verticales, le fond rappelle les premières œuvres de Modigliani, influencées par le cubisme.
La stature sculpturale de la mère et de l’enfant est bien plus proche des représentations médiévales ou du début de la Renaissance de Vierges à l’Enfant.
C’est un portrait générique et symbolique qui possède aussi un contexte social : nous pouvons voir qu’il s’agit d’une paysannne.
Elle porte un simple châle gris, son visage est rouge, dépourvu d’expression, ses mains sont rougies par le labeur.
L’enfant repose sur ses genoux, raide comme une poupée, et arbore le fichu et les bottes d’une petite paysanne.
Comme les premières madones, la masse de la femme est plate, triangulaire, elle est assise, dépeinte sans perspective, l’enfant flottant sur son giron.
Ces portraits rustiques expriment une solennité innocente, un formalisme évoquant les premiers portraits photographiques.
Modigliani donne de la dignité à ses sujets.

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VERS 1ère Page  de MODIGLIANI

JEANNE HEBUTERNE
Ici, le modèle est posé devant une porte.
C’est peut-être le dernier tableau de Modigliani.
Jeanne révèle les premiers signes de la maternité prochaine ; elle attendait le second enfant qui avec son suicide ne devait jamais voir le jour.
On a dit que ce tableau à l’élégance de toute la Toscane « l’eleganza tutta Toscana »
Cette femme souffrante mais patiente est peinte avec une chaleur et une compréhension évidentes, dans tout son repli en elle-même contre un monde hostile.
Ce tableau atteint un haut degré de spiritualisation


AUTOPORTRAIT
Modigliani peignit ce rare autoportrait au cours de la dernière année de sa vie, alors qu’il était malade, appauvri et désespéré en dépit du fait que ses toiles commençaient à atteindre des prix corrects.
Il se dépeint comme l’archétype de l’artiste : muni de son pinceau et de sa palette devant son chevalet, la tête inclinée en arrière dans une position théâtrale.
Mais il n’y a pas de toile sur le chevalet, les airs de jeunesse qu’il prétendait nous offrir ont disparu, ses yeux sont vides.
Cette peinture n’exprime rien sur l’artiste ou sur son art.
L’épais foulard qu’il porte autour du cou est peut-être l’unique élément de sincérité : il suggère à la fois le froid de l’hiver qui accentuait la maladie de Modigliani ainsi que la pauvreté de l’artiste, incapable de chauffer suffisamment son atelier pour combattre le froid.
Le reste n’est que le panache d’un homme sur le déclin.

Dernière œuvre du peintre, seul autoportrait à l’huile
De profil il tourne vers le spectateur un regard pathétique dans un visage émacié proche du masque mortuaire que dans quelques semaines, Lipchitz, l’ami de toujours, relèvera.
La palette à la main, Modigliani incarne pour l’éternité la phrase qu’il avait adressée à Paul Alexandre une dizaine d’années plus tôt : « Le bonheur est un ange au visage grave ».


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