PORTRAIT DE PAUL GUILLAUME
Le poète Max Jacob présenta Modigliani au marchand Paul Guillaume en 1914. Guillaume ouvrit sa galerie rue du Faubourg Saint Honoré en 1915.
Il acheta et vendit quelques tableaux de Modigliani pourtant il ne se consacra pas au jeune artiste avec la ferveur poussée jusqu’à l’oubli de soi-même qui devait caractériser son prochain et dernier marchand, Léopold Zborowski.
Modigliani dessina et peignit Guillaume plusieurs fois.
Dans un autre portrait apparaissent les mots « novo pilot » qui doivent être pris comme un compliment, une comparaison du marchand d’avant-garde avec les pionniers de l’aviation.
Ce tableau est une réminiscence des portrait de la Renaissance vénitienne que l’artiste devait avoir vus durant ses études.
Par de petits détails, l’inclinaison du chapeau et la cravate légèrement décentrée, Modigliani caractérise son marchand comme un bon garçon sans façons, ce qu’il était assurément.
Mais il y a quelque chose de détaché et de subtilement arrogant dans l’attitude et l’expression de cet homme d’affaires qui se suicida par la suite d’une balle de révolver.

Peint dans une palette plus claire qu’en 1915 Paul Guillaume se présente vêtu de façon identique, dans une pose où l’affectation de nonchalance le dispute à l’assurance du personnage.
Les yeux attirent l’attention.
« Pourquoi m’as-tu fait dans mon portrait un seul œil ? Parce que tu regardes le monde avec l’un ; avec l’autre tu regardes en toi «
Tout en gardant un détachement réfléchi par rapport au personnage il donne un portrait flatteur du marchand avec qui il cherche à établir une complicité.


PORTRAIT D’UN HOMME AU CHAPEAU JOSE PACHECO
José Pacheco (1885-1934) quitte Lisbonne et s’installe à Paris en 1910.
Avec Modigliani, son ami, il organise une exposition où Modigliani présente sept sculptures, ébauche du « temple de la beauté » qu’il rêve de réaliser.
Pacheco : esprit juvénile, rebelle, amoureux de la poésie sera plus tard en contact avec Sonia et Robert Delaunay.

TÊTE D’HOMME OU PORTRAIT D’UN POETE
On pense qu’il s’agit d’un autre portrait de José Pacheco.
Modigliani peint souvent deux tableaux du même modèle toujours dans la même attitude mais de formats différents : en buste et en plan rapproché


LA BELLE CHOCOLATIERE
On ne connaît pas l’identité du modèle


VICTORIA
Le cheveu sombre, le regard fier, elle se détache sur le fond
Economie de couleurs mais parfaite reconnaissance de son modèle.
Jean Cocteau : « Chez Modigliani, la ressemblance est si forte qu’il arrive que cette ressemblance s’exprime en soi et frappe ceux qui n’ont point connu les modèles »
Œuvre en pâte représentative du travail expressionniste de Modigliani
Travail sombre en matière, issu du travail sculptural de l’artiste

MARGUERITE ASSISE
Elle serait la sœur de Modigliani, donc un portrait de mémoire car il n’est pas retourné en Italie après l’été 1913.
Plus probablement un modèle de rencontre, les modèles professionnels étant chers et difficiles à trouver depuis la guerre, dont il aurait italianisé le prénom en souvenir de sa sœur.

PORTRAIT DE MARGUERITE
La chambre est à peine indiquée par ce qui ressemble à une porte et seule la perspective de la chaise suggère l’espace.
Alors que de nombreux modèles masculins de Modigliani nous sont connus et comprennent des individus qui ont acquis une grande réputation dans l’art ou la littérature, il n’en est pas de même des modèles féminins souvent identifiés par un seul prénom.
Marguerite était l’une des nombreuses jeunes femmes qui fréquentaient Montmartre et Montparnasse, essayant d’améliorer leur vie. L’artiste lui donna une force de caractère. Nous remarquons la taille excessive des yeux éclatants et l’élégante ligne ininterrompue qui cerne le tracé du nez et du sourcil.

NU COUCHE, LES BRAS REPLIES DERRIERE LA TÊTE
Le modèle ne dégage pas de magnétisme particulier.
Quand le modèle choisi par Zborowski ne lui plaisait pas il protestait en déclamant durant toute une séance des passages de Dante qu’il savait par cœur ou de Rimbaud ou de Verlaine

PETITE SERVANTE
Jeanne Modigliani la fille de l’artiste a évoqué avec émotion ces « servantes idiotes et dignes, les yeux vides dans l’ovale parfait posé en biais sur leur cou cylindrique » dont ce tableau est un exemple réussi.



RENEE LA BLONDE
Dans ce portrait réalisé dans un camaïeu d’ocre, la couleur importe moins que le trait d’une grande précision.
Jean Cocteau a écrit : « le trait curviligne est souvent si fin, si léger qu’il semble n’être qu’un esprit de trait ; il ondule avec la souplesse et la grâce d’un chat siamois et ne court jamais le risque de s’épaissir ou de devenir disgracieux »


MANUEL HUMBERT ESTEVE
Né à Barcelone il séjourne à Paris à partir de 1909 et par la suite préside des manifestations de peinture catalane.
Austérité toute ibérique de ce visage en lame de couteau, aux traits un peu mélancoliques est renforcée par le rouge foncé du fond
Cette harmonie des tons noir et rouge et une constante des tableaux de cette période


CHAÏM SOUTINE
Né en Biélorussie d’une famille de tailleurs juifs il arrive à Paris en 1913
Le pathétique du jeune artiste encore mal aimé est souligné par l’expression du regard, la mèche en bataille, les traits lourds et rougeauds.
Le contraste entre les dominantes très sombres du fond et le beige ocré de la veste accentue l’impression de désarroi du modèle
Chaïm Soutine (1893-1943) était un paysan juif originaire de Minsk.
Il avait vécu dans un dénuement tel, qu’en arrivant à Paris, il ne savait même pas se servir d’une fourchette et d’un couteau.
Modigliani – un homme bien éduqué et cultivé – le prit sous son aile et fit de grands efforts pour l’aider. Il lui apprit à manger correctement et à se moucher dans un mouchoir plutôt que dans ses doigts.
Le style de peintre de Soutine était radicalement opposé à celui de Modigliani : son travail était sauvage, expressionniste et souvent macabre.
Modigliani lui accordait une dignité qui transparaît dans ce portrait.
Vêtu d’un manteau marron sans forme, Soutine est assis dans une pose un peu gauche, les mains à plat sur ses genoux.
Ses traits n’ont pas été embellis, Modigliani n’hésite pas à peindre son nez large et aplati et ses lèvres pleines.
Cependant la franchise qui émane du portrait et du regard attendrissant de Soutine, détourné du spectateur, lui donne de la dignité.


PORTRAIT DE MAX JABOB
Max Jacob ( 1876-1944), poète, peintre et critique d’art naquit en Bretagne de parents juifs mais, jeune homme, embrassa le catholicisme.
Venant d’une famille de tailleurs, il était capable, malgré sa pauvreté de conserver sa garde-robe en bon état, et dans un autre tableau peint par Modigliani il apparaît en chapeau haut-de-forme comme un parfait dandy.
A noter le dôme du vaste front.
Bien que Jacob n’ait que 40 ans, ses cheveux clairsemés sont déjà blancs.
L’intuition de Modigliani a cerné la nature compliquée de son modèle décrite par un autre ami : « La malice, l’ingénuité, la cupidité, la mélancolie, l’ironie, la douceur, la bonté, la cruauté, la lubricité, tout ce que voulez, sauf l’innocence, la simplicité, le cœur léger … »
Dans ce visage réticent on sent intensément la sensibilité et l’intelligence du poète. Jacob périt dans un camp de concentration nazi.


TÊTE DE FEMME AVEC UN CHAPEAU (LOLOTTE)
Lolotte était une des innombrables filles, la plupart de province, qui se rassemblaient dans le quartier des artistes à la recherche de sensations fortes et de nouvelles manières de vivre.
En voyant son modèle dans la solitude de son atelier ( Modigliani ne tolérait pas de visiteurs lorsqu’il travaillait ), l’artiste a étudié soigneusement chaque détail.
Alors qu’il donnait à la plupart de ses modèles féminins un peu de beauté spirituelle il y a au sujet de ce modèle une légère médiocrité.


FEMME A LA CRAVATE NOIRE
Dans ce portrait de femme exécuté en 1917 Modigliani va droit à l’essentiel écartant tout détail superflu mais la personnalité du sujet est toujours subtilement suggérée.
Max Jacob a écrit « Pour Dedo tout dans l’art devait conduire à la pureté … tout cela n’était que l’expression d’une exigence absolue de pureté cristalline »


LEOPOLD ZBOROWSKI
La déclaration de guerre trouve ce jeune poète polonais récemment arrivé à Paris pour poursuivre ses études, coupé de ses amis et de sa famille.
Il entreprend pour vivre de vendre des tableaux « en appartement »
Son voisin est Moïse Kisling qui lui fait rencontrer Modigliani
A partir de 1916 il prend par contrat la suite de Paul Guillaume
Ce premier tableau, éxécuté avant leur collaboration, le présente les bras croisés, manifestant une assurance et une confiance dans l’avenir, ( l’avenir artistique de son nouveau « poulain » ?).
Couleurs contrastées, matière épaisse caractéristiques de la fin de cette époque
Identité du modèle en larges capitales au-dessus de sa tête

Zborowski était originaire de Cracovie en Pologne et vivait à Paris depuis 1914. Il devint un marchand d’art prospère et en 1916 il succéda à Paul Guillaume comme agent de Modigliani.
C’était un romantique ce qui lui valut les faveurs de Modigliani avec qui il passa un accord : en échange du paiement d’honoraires réguliers Modigliani devait produire un nombre précis de toiles.


PORTRAIT DE JACQUES LIPCHITZ ET DE SA FEMME
Lipchitz et sa femme abordèrent Modigliani en 1916 pour lui demander de faire leurs portraits.
Il répondit : « Mon prix est de 10 francs la pose et un peu d’alcool »
Il fit beaucoup de dessins préliminaires, l’un à la suite de l’autre avec une vitesse et une précision folles. Il fut décidé d’une pose inspirée par notre photo de mariage.
Lichpitz « Je ressentis quelques scrupules à avoir le tableau pour la somme modique de dix francs car je ne pensais qu’il pouvait faire deux portraits sur toile en une seule séance »
« Vous savez, répondit-il, si vous voulez que je l’abîme je peux continuer. ».


NU ASSIS AU COLLIER
Modigliani produisit la majorité de ses nus en 1917 et 1918.
Bien qu’ils aient suscité le scandale ils ne sont qu’une petite partie de la totalité de sa production picturale.
Ils varient mais ont tous en commun le fait que contrairement aux portraits de ses amis ou connaissances aucune des femmes dépeintes n’est présentée comme un individu.
Modigliani s’intéressait au caractère universel du corps féminin et non pas à une lecture psychologique du caractère de son modèle.
Ce tableau est un exemple de délicatesse et de sérénité.
Les cheveux noirs de la femme disparaissent quasiment dans l’arrière plan obscur.
Ses yeux sont clos et ses traits simplement dessinés.
Elle est assise mais semble à l’aise plutôt que figée dans une pose formelle.
D’une main elle effleure son collier, l’autre est placée entre ses cuisses.
Son corps n’est pas allongé mais plutôt solide et lourd, se détachant nettement sur le fond sombre.
Il émane d’elle une grande sérénité, ainsi qu’une tension sexuelle subtile et délicate, créée par la position de ses mains et par son expression distante et rêveuse.

Le collier introduit une note de civilisation dans ce qui autrement serait un tableau de splendeur animale, de même que la main inhabituelle chez Modigliani dirigée dans le geste classique de pudeur.
Le visage a beaucoup du caractère austère d’un masque africain.
Ici comme dans les autres nus des dernières années de Modigliani la forme est couverte uniformément et platement dans une teinte à la dominante orange-rouge, sans aucune tentative de modelé pour la couleur et l’ombre.


PETITE FILLE AUX NATTES
C’est un des tableaux de Modigliani les plus populaires.
Les distorsions et les exagérations sont moins sensibles.
Les motifs géométriques sont soigneusement équilibrés.
Le petit visage est dessiné et peint d’une manière plus naturaliste que dans d’autres portraits : la lumière est reflétée dans les pupilles.
Mais les épaules tombent d’une manière plutôt anormale et le torse devient une sorte de stèle pour le cou et la tête.
Modigliani semble avoir beaucoup aimé les enfants car il a peint pas mal d’écolières et de petits garçons.
Cette petite fille gaie avec ses nattes, aux sourcils relevés, dont les dents blanches répètent le blanc vigoureux des yeux, n’est pas encore touchée par la sordidité du milieu dans lequel elle vit.
La porte à l’arrière plan est un motif favori.


NU COUCHE AUX BRAS OUVERTS ( NU ROUGE )
Ce tableau rappelle « La Maja nue » de Goya.
C’est une image à caractère ouvertement sexuel : le modèle est couché sur le dos, appuyé sur un coussin, un sein de profil, les bras tendus derrière la tête. Le torse est allongé, le bassin tourné vers le spectateur.
Les jambes sont coupées à la hauteur des cuisses de façon à mettre l’accent sur les éléments sexuels du corps de la femme.
Les cheveux et les lèvres sont dépeints en détails et les yeux, bien que noirs et inexpressifs, sont maquillés, conférant une allure moderne au visage de la femme.
Ses yeux vides la dépersonnalisent fortement de sorte que, même si elle nous observe d’un air de provocation sexuelle, on ne trouve aucune expression de sa personnalité dans son regard.


PORTRAIT DE JEAN COCTEAU
Délicat portrait de l’élégant jeune poète Jean Cocteau (1889-1963) alors bien connu pour son association avec les Ballets Russes.
Cocteau posa ici comme un parfait dandy (mouchoir soigneusement arrangé dans la pochette)
Le haut dossier arrondi de la chaise rappelant un trône a peut-être été choisi par l’artiste pour indiquer l’emprise que le poète en dépit de sa jeunesse exerçait sur les milieux littéraires de Paris.
Cocteau appelait Modigliani « notre aristocrate »
Tous les deux devinrent des amis intimes pendant l’exécution de ce portrait.
Dans ce portrait angulaire, quasi cubiste, Modigliani prouve à nouveau combien il peut, à travers de subtiles observations, mettre en évidence des traits de caractère importants.


NU AU COLLIER
Le pinceau glisse d’une façon particulièrement régulière le long du corps peint dans des tons orangés chauds, le ventre et les seins étant rehaussés de notes plus pâles.
La pose allongée diffère d’autres tableaux dans la manière dont l’artiste a dépeint la partie supérieure du torse.
D’habitude il montre un sein de profil, l’autre pointant directement vers nous et il oriente le bassin de manière à attirer l’attention du spectateur.
Dans ce tableau c’est le corps tout entier qui est tourné vers nous, une pose improbable qui dément les yeux fermés et la mine détendue de la femme.
Le modèle a les bras derrière la tête et les yeux clos comme si elle dormait ou du moins se détendait, alors que son corps est tourné de façon précaire sur un flanc, ses jambes disgracieusement coupées par le bas du cadres.
Ses traits sont simplement dessinés et son visage a un aspect oriental.


PORTRAIT DE CHAIM SOUTINE
Modigliani présenta au peintre Soutine son marchand Zborowski et le peignit plusieurs fois.
Soutine est montré ici dans une atmosphère pacifique et méditative inhabituelle à ce jeune homme inquiet.
Pour changer, des accessoires – une table et un verre – ont été introduits, tant pour les besoins de la composition que pour suggérer le milieu.
La manière de peindre de Soutine, fougueuse et sauvage, était étrangère à Modigliani qui mortellement malade faisait remarquer à Zborowski « Ne vous inquiétez pas, en Soutine je vous laisse un homme de génie »


NU COUCHE
Le corps de la femme occupe toute la diagonale du tableau, le coupant en deux.
Un bras est placé derrière la tête du modèle afin de mieux en exposer les seins tandis que l’autre bras a disparu mystérieusement.
Notre attention est totalement focalisée sur le torse et les hanches de la femme que l’on remarque à peine l’étrange absence du bras gauche.
Les seins sont présentés comme à l’accoutumée chez Modigliani, l’un de profil, l’autre dardant vers nous.
Le torse est allongé et forme un pli à la taille pour souligner la courbe généreuse des hanches orientées vers le spectateur.
Les jambes sont coupées juste au-dessus du genou.
Il n’y a pratiquement aucun décor, seulement un fond noir, une couverture rouge et un coussin blanc ; rien ne peut nous distraire de la tension interne de la toile.
Les yeux, ni vides ni sombres n’expriment rien de personnel, ils sont grands et lourds, caractéristiques propres aux figures de la Grèce antique ou de l’Inde.
Leur expression est universelle plutôt que singulière et le regard indolent et rêveur.


LE COMTE WIELHORSKI
Cette œuvre d’une grande force représente le peintre polonais Wielhorski, dont le musée de Rouen conserve quatre paysage


NU
Ce nu de Modigliani est l’un de ceux dont le caractère est le plus franchement sexuel.
C’est aussi l’un des plus stylisés et géométriques par la division du corps en une série de formes courbes, lourdement soulignées, qui le font ressembler à un découpage.
Le corps de la femme s’étale à travers la toile, bras et jambes déployés.
Le torse est allongé et au lieu d’orienter le bassin vers le spectateur comme il le fait souvent, Modigliani choisit de le montrer de profil, accentuant le dos arqué.
Le visage est stylisé à l’extrême nous présentant un masque inexpressif et dépersonnalisant de la femme au point de la rendre presque inhumaine.
Elle s’offre au spectateur sans aucune émotion, sans personnalité, renforçant ainsi la nature sexuelle de l’image.


CHAÏM SOUTINE
Faute de toile, ce portrait grandeur nature de Soutine a été peint sur la porte de l’atelier où il travaillait dans l’atelier loué pour lui par Zborowski.
Madame Zborowska, qui n’aimait pas Soutine, rebutée par ses manières frustes et sa saleté, se plaignit d’avoir tout le temps ce portrait sous ses yeux.


NU ASSIS
Le décor inhabituel de ce tableau, Modigliani a coutume de dépeindre ses nus hors de tout contexte, ressemble vaguement à un bain turc : on aperçoit un bassin plein d’une eau bleue entouré d’un sol recouvert de mosaïque et sur les jambes du modèle, un drap ou une chemise blanche drapé pudiquement comme une serviette.
La pose est inhabituelle et offre moins de possibilités d’étudier les formes féminines qu’une posture allongée.
Il a créé une figure petite et volumineuse.
Les jambes sont maladroitement dessinées, particulièrement le mollet gauche dont les contours épais suggèrent des modifications et qui disparaît avant le pied.
L’expression du modèle, qui a les yeux sur une chose fixée à l’extérieur et qui n’est pas le spectateur, les lèvres dépourvues de sourire rendent cette image moins érotique que la majorité de ses nus.


PORTRAIT DE JEANNE HEBUTERNE
Jeanne Hébuterne naquit à Paris en 1898. Elle était étudiante dans la classe de croquis où elle rencontra Modigliani.
Elle avait des dons considérables.
De 1917 jusqu’à son suicide le lendemain de la mort de Modigliani elle posa pour lui à plusieurs reprises.
Jeanne était petite et maigre.
Elle était surnommée Haricot Rouges à cause de ses cheveux qui étaient châtain avec des lueurs rougeoyantes et d’ordinaire coiffés en un haut chignon.
Un autre surnom, Noix de Coco, était une référence à la pâleur de son teint.
Dans tous les portraits elle apparaît douce, délicate, soumise, dans une pose languide.
Ceux qui la connaissaient la décrivent comme une personne timide, patiente et douce.
Ici, les formes ovales du visage et de la partie supérieure du corps réunie à la tête par le cou cylindrique typique de Modigliani produisent un motif intéressant.
A noter la manière dont les doigts et la main droite se courbent.
A noter aussi les yeux. Il y a en elle quelque chose d’une Madone de Boticelli.


HANKA ZBOROWSKA
Pureté et classicisme sont les caractéristiques du portrait officiel chez Modigliani.
Style intemporel ; aucun accessoire, peu d’éléments de décor viennent distraire notre contemplation
Toute d’équilibre, la composition rigoureuse reflète la beauté lisse de Hanka, dont la plastique conserve le souvenir des têtes sculptées.
Le grand col blanc qui s’épanouit en large corolle, ponctué d’une broche en cabochon fait écho à la tenture rayée jaune sur le mur
Les traits de la jeune femme, souveraine et le regard lointain sont stylisés
Anna, en polonais Hanka, Cirowska appartenait à une vieille et riche famille aristocratique polonaise.
Elle rencontra son futur mari, le poète et marchand Léopold Zborowski aussitôt après son arrivée à Paris en 1914.
Elle donna souvent à manger à Modigliani, le soigna pendant sa dernière maladie et prit soin de sa fille en bas âge, Jeanne.
Anna, est écrit dans le coin supérieur droit du tableau en grandes lettres majuscules noires, à peine perceptibles, contre le fond marron.
Son visage, en tons émaillés, surgit du cou de cygne en une articulation rigide de durs volumes.
Le brun foncé de sa chevelure est balancé par le noir de sa robe.
Le grand col blanc décrit un motif intéressant.


NU COUCHE AUX CHEVEUX DENOUES
Modigliani n’utilisait pas de décor, se concentrant presque exclusivement sur le corps.
Il ne peignit jamais de nus de ses amis ou de ses compagnes durables.
Il essayait de créer une image universelle et non pas personnelle de la femme.
Dans ce tableau, le corps de la femme domine tellement l’œuvre que le tableau ne le contient pas complètement : la tête est écourtée sur le haut, le genou gauche est coupé au bord et la jambe droite disparaît dans le coin de la toile.
Le dos de la femme est légèrement arqué ; elle regarde le spectateur, la tête surélevée par un coussin, le regard calme et rieur


PORTRAIT DE LUNIA CZECHOWSKA
Amie des Zborowski elle était venue vivre chez eux lorsque son mari fut envoyé au front.
Modigliani fit d’elle une dizaine de portraits.
Elle a dit « Il éprouva aussitôt un sentiment si vif qu’il aurait voulu que j’abandonne tout pour le suivre … »
Le tableau ne semble pas confirmer ces sentiments supposés car le peintre décrit sobrement le visage terne qui ne traduit aucun enthousiasme.


NU BLOND
Ce tableau a été exposé chez Berthe Weill en décembre 1917 contribuant à l’énorme scandale causé par ces nus « impudiques » et à la fermeture de l’exposition dès le premier jour par un commissaire de police zélé.
La blondeur du modèle illumine la toile dont la couleur vibre sous la touche tamponnée, presque pointilliste
Fond inusité, coloré et tourmenté qui met en relief la fraîcheur et l’éclat laiteux de la jeune fille


CONSTANT LEPOUTRE
Constant Lepoutre, encadreur et marchand, ému par le talent et les difficultés financières de Modigliani décida de l’aider.
Modigliani « Il me fournit le matériel, le modèle aussi, me donne vingt francs chaque fois et sur la table toujours un quart de rhum. Lepoutre est un gentleman »
Le portait avait déplu à sa famille car Modigliani lui avait demandé de poser en bonnet et veste de travail et il le céda pour 100 francs


MADAME GEORGES VAN DER WUYDEN
Portrait de commande d’Henri Van Muyden, peintre suisse
De tous les portraits de femme peints par Modigliani, celui-ci est l’un des rares d’une femme en robe de soirée.
L’élégance de la tenue s’harmonise à celle du modèle.
Noir drapé de la robe souligné d’une ceinture fait ressortir l’aristocratique pâleur de la peau, la profondeur du décolleté et l’arrondi des épaules.
Le visage qui respire douceur et dignité est éclairé par le regard bleu tendre et se détache sur le fond gris
Sous le vernis des conventions sociales transparaît le charme et la grâce de la jeune femme


FILLETTE EN BLEU
Ce tableau peint dans le sud de la France, montre une petite fille debout dans le coin d’une chambre.
Les nuances lumineuses du bleu pastel et la présence de l’ombre de la fillette sur le sol suggèrent une journée chaude et ensoleillée.
Il est très rare que Modigliani montre le sol dans ses tableaux et ici il le peint pour nous montrer que la petite fille se tient dans l’angle de la pièce.
Le sol est incliné vers le haut, ses pieds pointent vers le bas – on dirait qu’elle flotte.
Elle a les mains étroitement serrées, sa robe bleue formant un bel écho avec les murs bleus, ses yeux également azur regardant le peintre avec une grande franchise.
Ce portrait est bienveillant sans être sentimental.
On raconte que l’artiste avait envoyé l’enfant chercher du vin mais elle lui avait rapporté de la limonade ; c’est pourquoi le peintre l’aurait envoyée dans le coin de la pièce. Son regard sérieux ne suggère ni contrition ni peur ; elle a plutôt l’air de désapprouver la dépendance de l’artiste à l’alcool.

Une petite fille de huit-dix ans
La robe et le mur constituent une subtile étude de bleu tendre, éclairée par la lumière des yeux et la grande collerette blanche.
La scène, baignée de douceur et d’innocence échappe à toute mièvrerie
Le relief est donné par la composition en angle, l’ombre portée et le dallage sombre et il est rythmé par le noir des bottines et l’acajou des cheveux, retenus par un ruban rouge.

Le détail des pupilles est digne d’être remarqué car très souvent les yeux sont réduits à des fentes bleues ou noires.
Cette petite fille porte une jolie robe, peut-être la seule correcte qu’elle possède.
Il n’y a aucune gaîté, aucune bonne humeur dans son visage.
L’expression est aussi désolée, même résignée, que celle de ses modèles plus âgés.
Les tableaux d’enfant de Modigliani évoquent un véritable sentiment de tendresse.


JEANNE HEBUTERNE AU GRAND CHAPEAU
Modigliani peignit de nombreux portraits de sa compagne Jeanne.
Cet exemple date de l’année où ils se rencontrèrent et c’est peut-être pour cette raison qu’il dévoile peu de choses sur sa personnalité.
C’est une peinture élégante mais les yeux bleus vides du modèle et l’utilisation du noir pour ses cheveux qui en réalité étaient roux nous rappelle que ce portrait est surtout un exercice sur la forme.
La palette des deux nuances, rose orangé et noir, (rappelant Matisse), divise l’espace en deux grands blocs de couleur tandis que le cou étiré, le long visage ovale, les épaules exagérément tombantes et la main incurvée donnent son rythme et sa forme à une image avant tout dominée par le chapeau.
Le modèle est légèrement décalé par rapport au centre.
Ainsi le bord ovale du chapeau s’étend au-delà du tableau, soulignant sa taille importante qui couvre complètement le visage.


NU SUR COUSSIN BLEU
C’est un nu relativement personnel : le visage de la femme est dépeint en détail, notamment ses yeux qui affichent une expression de détente et de bonne humeur.
Le haut du corps est lui aussi bien observé : elle repose en appui sur un coude, laissant pendre lourdement l’un de ses seins vers le coussin et son torse s’incurve de façon assez réaliste.
Les jambes sont coupées aux genoux, plus bas que l’habituel milieu des cuisses, ce qui est moins seyant. Elles se balancent d’une manière peu convaincante dans le coin inférieur du tableau où elles semblent suspendues.
La franchise avec laquelle Modigliani peignait ses nus lui valut de nombreux scandales.


JEUNE FILLE A LA FRANGE –
FEMME ASSISE A LA ROBE BLEUE
Cette jeune inconnue arbore une coupe particulièrement moderne soulignée par Modigliani qui donne à ses cheveux une couleur sombre sans relief, assortie à ses vêtements noirs à la mode.
Ce portrait ressemble beaucoup à une gravure de mode de l’époque par la simplicité de la coupe stylisée des vêtements et par la délicatesse des traits du visage et des contours.
La femme est assise sur une chaise noire, sa présence domine le cadre, sa tête effleurant à peine le haut de la toile.
Sa peau est pâle, ses yeux vides sans expression.
Ce tableau n’a pas un caractère très personnel : rien à l’arrière plan ne donne la moindre indication sur le contexte ou sur le genre de personne qu’elle pourrait être.


NU AU COLLIER
Ce n’est pas le nu le plus réussi de Modigliani.
Comme d’autres nus peints à la même époque, le corps de la femme repose dans la diagonale de la toile, ses jambes coupée au-dessus des genoux, sa tête écourtée sur le haut.
Le drap blanc sur lequel est allongé le modèle occupe la moitié de la peinture.
Le résultat est une nuance d’ensemble plus froide et donc moins tentantes.
Au lieu de s’abandonner à la chaleur du lit, la femme semble avoir froid et être peu à son aise.
Cet effet est renforcé par un visage dont les traits sont légèrement arrogants et par la présence du collier, un reliquat de vêtement incongru qui sert à souligner sa nudité.
Les tétons sont deux taches de couleur, agrandissement des perles du collier


PORTRAIT DE BLAISE CENDRARS
Le poète Blaise Cendrars (1887-1961) était l’ami de nombreux artistes de Paris et en particulier de Chagall qui l’appelait « une flamme, une lumière ».
Ilya Ehrenbourg décrivit ainsi Cendrars :
« On pourrait l’appeler aventurier romantique si le mot aventurier n’avait pas perdu son sens réel. Fils d’un écossais et d’une suissesse, poète français éminent qui influença Apollinaire, homme qui connaissait chaque métier et avait voyagé par tout le monde, il était le levain de sa génération.
A seize ans il alla en Russie, puis en Chine et en Inde, revint en Russi, alla en Amérique et au Canada, servit comme volontaire dans la légion Etrangère et perdit son bras droit à la guerre ; il alla en Argentine, au Brésil et au Paraguay, il fut mécanicien à Pékin, prestidigitateur ambulant en France, fit le film La Roue avec Abel Gance, acheta des lapis lazuli en Perse, fut apiculteur, conducteur de tracteur et écrivit un livre sur Rimsky-Korsakov. Je ne l’ai jamais vu déprimé, démonté ou sans espoir. »


PIERRE-EDOUARD BARANOWSKI
Membre de la colonie polonaise de Paris, dit Bara, ce jeune peintre exposa entre 1920 et 1929 des peintures de fleurs, natures mortes et paysages
Le modèle à la grâce androgyne occupe tout l’espace du tableau
Maniérisme ? : sourire à peine esquissé dans le visage penché, main gauche pendant souplement et coupe de cheveux à l’artiste
Mais maniérisme tempéré par la rigueur des couleurs : noir de la veste et de la cravate, bleu clair du regard et du fond du tableau, pâleur de la peau soulignée par la blancheur de la chemise

Ce tableau est peint en courbes sinueuses, composition serpentine basée sur le S.
Pour éviter une lourde symétrie, la tête est tout à fait de biais acquérant ainsi une expression que les sculpteurs sur bois de la fin de l’époque gothique donnaient à leurs madones par une tête légèrement inclinée ou une hanche rejetée de côté.
Baranowski était un soi- disant peintre, l’un des artistes et intellectuels qui affluaient à Paris, venant d’Europe centrale dont les talents devaient rester méconnus et les rêves insatisfaits.
Modigliani disait : « Pour faire n’importe quelle œuvre, je dois avoir une personne vivante, je dois la voir en face de moi »
Il évitait toujours le côté caricature, ne permettant jamais à la méchanceté de pénétrer dans le tableau.
Baranowski devait être un homme sensible et introspectif du type de ceux auxquels Modigliani aimait à s’associer.
Mais il dotait toujours ses modèles du charme et de la grâce de son attrayante personnalité.


JEUNE FEMME ROUSSE EN CHEMISE – LA JEUNE LAITIERE
Cette peinture fait partie d’une série que Modigliani réalisa dans le Sud de la France vers la fin de sa vie.
Le modèle est probablement une jeune fille de la région plutôt qu’un modèle professionnel : pendant son séjour dans le midi il ne disposait que de peu de modèles et ils étaient chers, donc il utilisait des personnes des environs ce qui peut expliquer la gaucherie de la pose.
La pièce est claire, la fille est assise de façon inconfortable au bord du lit, tenant une chemise contre elle dans un geste de pudeur, une main tenant un de ses seins ( Vénus de Boticelli).
Elle regarde l’artiste, la tête penchée sur le côté, des mèches de cheveux pendant de façon dérisoire le long de son visage, les yeux bleus et inexpressifs, la bouche ouverte révélant ses dents.
Elle est bien en chair, a la peau claire et les joues roses.
L’impression qui s’en dégage est celle d’une fille de village, simple et maladroite, mal à l’aise face au désir de nudité de l’artiste.

Plusieurs versions de cette jeune laitière
Modigliani la représente toujours assise dans des poses presque identiques, en chemise de jour, un sein dénudé
Jeune fille potelée à la base du nez très large, dont la couleur des yeux s’harmonisent au fond de la toile


PETITE FILLE DEBOUT EN TABLIER NOIR
Au cours de l’année 1918 toute une série d’enfants apparaît dans l’œuvre de Modigliani
Faute de modèles payés par Zborowski pendant son séjour dans le midi le peintre laissa libre cours au choix de ses sujets
Ses premières années à Livourne s’étaient déroulées au milieu de familles aux nombreux enfants
La petite fille aux grands yeux prend ici la pose, raide et un peu gauche
Son sarreau noir d’écolière est égayé par quelques broderies discrètes sur le buste
La tranche d’un livre, sur le meuble derrière elle, lui donne l’attribut d’une enfant sage et studieuse et marque une ligne horizontale de plus ( coutures du sarreau, tiroirs de la commode, cimaises du mur ) pour structurer la composition


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VERS 1ère Page  de MODIGLIANI

MADEMOISELLE HUGUETTE
Identité du modèle inconnue
Les petites mèches rapportées sur le front datent de 1918


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