Photo : ceci est la couleur de mes rêves 1925
Le rêve est le révélateur d’une frange de l’inconscient dans les théories psychanalytiques que Breton tentera d’appliquer à son mouvement artistique
Le petit nuage bleu souligné par Miro semble n’impliquer qu’une lecture minimale des théories de Breton qui vient de publier le manifeste du surréalisme
Le texte inscrit sous la tache est calligraphié à la manière dont écrivent les écoliers
Les pleins et les déliés sont sagement contenus entre deux lignes parallèles
Le peintre rêve-
Le mot « Photo » signale-
Le bleu est particulièrement aimé en Catalogne. Peint sur les portes des maisons il permet de lutter contre le mauvais œil et transforme le logis en sanctuaire
Tête de paysan catalan 1925
Ce tableau élimine presque tous les détails anecdotiques
Il se résume sur fond jaune et bleu transparent à la tache rouge de la beretina (coiffure populaire des paysans) et à des oriflammes doucement agitées
Ces sillons ocre peuvent être à l’image des labours ou évoquer les doigts de sang sur fond or du blason catalan
Miro a nourri l’ambition d’être un catalan international
Deux grands traits croisés tiennent en éveil une surface agitée d’un immense bleu
Sauf une, toutes les taches de couleur, rouge, blanche ou noire ont été concentrées au tiers supérieur
Deux dynamismes s’affrontent : l’un vif, les traits, l’autre lent, les nuages
Le dialogue des insectes 1925
Le peintre adopte une écriture minutieuse, d’une précision horlogère, proche du miniaturisme persan mais avec les formes et les figures de sa nouvelle mythographie
L’homme est absent et la vie s’exprime à fleur de terre dans l’élancement d’une herbe folle ou dans les désarrois d’une mouche prisonnière de la toile d’araignée
Ce tableau illustre le nouveau langage poétique de Miro, sa tendresse pour le monde des êtres minuscules auxquels il donne une revanche en les grandissant à des proportions insolites
Les insectes deviennent les égaux des hommes, absents de leur univers
Peinture 1925
L’année 1925 voit l’apparition de curieux personnages, à tête de haricot, qui vont désormais évoluer dans l’œuvre de Miro
Filiformes ils s’intègrent parfaitement à un espace indéterminé avec des passages en zones sombres comme celle qui coupe le tableau à droite
Cette zone sombre sépare le personnage d’un soleil hélicoïdal mais pas trop violent
Une autre zone noire assombrit le coin supérieur gauche. Une ligne épaisse lui confère une certaine présence et crée une impression spatiale même si elle est indéfinie
Une ligne pointillée incurvée fixe un horizon au personnage qui satisfait un besoin naturel sur la baguette du cadre
Ce personnage est résumé en un pied avec un talon bleu, des hanches rouges et un sexe ponctué de bleu et de jaune et une tête blanche, le tout relié par une ligne noire
Baigneuse 1925
Sur ce fond bleu profond évoquant la mer, la ligne acquiert une fonction toute particulière : elle n’est plus le contour d’une forme figée, elle est le mouvement qui guide le regard tout au long du tableau
La Sieste 1925
La reproduction du monde perd de l’importance; ce qui domine maintenant c’est la structure des choses : forme, couleur et ligne
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Peinture 1925
En 1925 Miro participe pleinement à la révolution surréaliste dont il sera le compagnon de route
Breton disait qu’il bénéficiait d’un « certain arrêt de la personnalité au stade enfantin »
Il explore un monde autre, le « lointain intérieur », peuplé de figures monstrueuses qui hantent les rêves
Le fond brun de cette peinture évoque-
Une tête couronnée de mèches de cheveux flamboyants écarte ses joues blafardes sur une bonne moitié de la longueur du tableau
La ligne d’une épaule conduit le regard vers deux curieux petits drapeaux, un rouge et un jaune aux couleurs de l’Espagne
La hampe du dernier perce un cercle bleu, comme si Miro pénétrait enfin la couleur de ses rêves
Bonheur d’aimer ma brune 1925
Miro fréquente le groupe surréaliste
La syntaxe des mots posés dans la peinture évoque l’écriture automatique chère aux surréalistes
Miro rédige ses poèmes en français « dès qu’il s’agit de réfléchir, de bâtir quelque chose, c’est le français »
Breton « Je crois à la révolution future de ces deux états que sont le rêve et la réalité, en une sorte de réalité absolue, de surréalité »
« Réduire l’imagination à l’esclavage, c’est se dérober à tout ce qu’on trouve, au fond de soi, de justice suprême »
Mais Miro ne se sent pas obligé d’adopter toutes les positions de Breton particulièrement sur le plan politique et dans le domaine de la peinture
« Il était trop dogmatique, trop fermé … Je crois qu’il voyait des idées derrière la peinture … Il attendait plutôt la preuve de ce qu’il avait écrit … Moi, ça m’échappe complètement une théorie »
Paysage bleu à l’araignée 1925
« Vers 1924 j’ai abandonné le réalisme pour l’imaginaire… J’ai pensé qu’il fallait abandonner le fait plastique pour la poésie … Je peignais comme en rêve dans la plus totale liberté »
Fond bleu largement brossé, aux aspects nuageux, la couleur de ses rêves
« J’ai remarqué en rangeant des toiles légèrement colorées à côté de toiles peintes
que celles-
Danseuse II 1925
La danseuse est résumée par un cercle noir et blanc qui figure la tête, reliée par une ligne à un cœur rouge, poitrine et hanches à la fois d’où partent un pubis noir et deux lignes dessinant les jambes
Légèreté du pubis qui rappelle la vertu supposée peu farouche des danseuses
La ligne droite terminée par un serpentin à gauche évoque un caducée
A la base du serpent noir démarre une série de points, d’abord rouges pour équilibrer le cœur, puis proches de l’ocre, ils composent des cercles entrelacés qui vont en s’agrandissant vers le bas
La diminution progressive de bas en haut établit une profondeur
Encadrement par le fond bistre laissé en réserve sur la toile
Le repas des fermiers 1925
Miro séjourne à Montroig et à Barcelone de juin à décembre 1924 et revient à Paris en janvier 1925
Il retrouve son atelier 45, rue Blomet
Aragon et Eluard lui rendent visite
Même sommaire et stylisé le dessin figure la scène introduite par le titre
Les deux personnages sont assis séparés par un trapèze qui peut évoquer une table
L’un tient une fourchette, véritable harpon pointé vers un poisson
L’autre, lève pour boire, un pichet de céramique (le porro), d’où s’échappe de grosses gouttes d’un liquide
« Je travaille toujours dans la maison et je ne tiens la nature que comme référence »
Composition 1925
Le bleu intense est la couleur des rêves de Miro
La brosse a-
Non, car Miro prend pour point de départ le châssis de la toile et ses entretoises qui serviront à construire l’image, la forme verticale du bois arrêtant momentanément le coup de brosse qui y laissera une trace
Cette verticale sépare le tableau en deux rectangles égaux
Une ligne noire rythmée à gauche par trois crêtes redescend vers la droite et remonte sur la gauche
A gauche un tourbillon noir se dégradant vers le bleu
A droite un blanc traversé d’une curieuse figure en T perçant un point noir et posé sur une forme rouge
A droite, pour équilibrer, un point noir dont trois filaments viennent s’insérer dans l’angle estampé par le fond bleu au coin intérieur du châssis
Chien aboyant à la lune 1926
Tableau divisé en deux zones, le sol en bas, le ciel nocturne en haut
Traitement en aplats lisses et réguliers
Le chien est un point de couleur dans la noirceur de la nuit
C’est un assortiment bizarre de touches jaunes, bleues, rouges ou blanches
Le croissant de lune s’offre des excroissances étranges
L’œil rouge et la tâche jaune reprennent les couleurs de l’animal loin dans un vide absolu
Une échelle prend appui sur le bord intérieur du châssis pour se poser contre le rideau de la nuit
De son sommet s’élance une forme tendue vers la lune
Ces quatre éléments permettent au regard de tourner dans le tableau
La lune symbolise la séduction et l’angoisse de tout ce qu’on désire et qui nous échappe
Nu 1926
Sur un fond sombre deux lignes croisées discontinues partagent la surface en deux zones inégales
L’axe vertical traverse une blancheur étrange qui semble perdue
Aux alentours, disposées en cercle, gravitent des formes bleue, blanche, jaune, rouge et terre de sienne
Elles semblent collées sur la surface, plates, fixes et pourtant fluantes
Tout est instable même si le contour est très net
Toutes ces formes font écran et ne disent pas ce qu’elles sont
Elles se préparent à s’enfoncer dan l’épaisseur de la nuit
Cheval au bord de la mer 1926
Horizon fortement marqué par une ligne calme partageant la terre du ciel rouge
Le cheval, silhouette blanche et gauche, tend le cou dans une longue torsion vers les feuilles d’un arbuste
L’encolure coupe l’horizon et se rattache à un portrait cylindrique qui rappelle un bouchon dans lesquels les enfants façonnent avec du fil de fer des personnages issus de leur imagination
A gauche une falaise penche dangereusement
Un cône noir figurant un tronc d’arbre s’appuie sur quatre plans angulaires, montagnes sur le flanc desquelles pousse un petit arbre vert
Le rouge éclatant du ciel et l’or de la plage forment une harmonie qui reflète la lumière chaude et sensuelle de l’été catalan
La Sauterelle, paysage 1926
Une ligne d’horizon tourmentée par des crêtes montagneuses sépare la terre du ciel que cherche à atteindre une sauterelle, bondissant vers un astre volcanique
La sauterelle tente de quitter une terre aux volcans éteints pour rejoindre une planète où ils sont encore en activité
Le blanc est commun à l’astre, à l’animal et à la partie de terre d’où il s’envole et qu’il semble emporter avec lui comme en témoigne la partie inférieure de son corps, molle, presque liquide, comme désireux de rejoindre le sol d’où on l’arrache
La signature participe à la construction du tableau avec un M désarticulé au jambage droit gigantesque, un I gras en caractère bâton surplombant le « ro »sagement calligraphié dans l’angle droit
L’astre est traversé par une échelle : c’est l’échelle de l’évasion qui symbolise le pouvoir de l’artiste de réunir deux mondes sans abolir l’un d’entre eux
Elle représente l’accession à la réalité supérieure sans renoncement à la réalité familière
Les barreaux de l’échelle sont à escalader et à redescendre, c’est à cette condition que la réalité totale est obtenue
Miro « Si, c’est une sauterelle ! J’étais dans la campagne à Montroig, je voyais les grillons, toutes sortes d’insectes … »
Peinture 1926
Le fond bleu suggère l’espace
Les personnages qui flottent dans ces limbes sont faits d’éléments simples : le point, la ligne et le plan
Figure au nez rouge adjointe de noir qui surgit d’une tache blanche
Le cou est posé en équilibre sur un trait rouge qui s’élargit progressivement puis redevient ligne avant de s’étendre de nouveau pour épouser une autre surface blanche
Pour rééquilibrer ce buste Miro a expédié de l’autre côté du tableau une fine ligne noire qui remonte le long du cou avant de retomber comme l’esquisse d’une épaule
Des ponctuations noires donnent de la densité au vide bleu ou à la figure blanche
Le cheval de cirque 1927
En 1927 Miro réalisa une série de toiles consacrées au thème du cheval de cirque
La forme de droite la plus importante pourrait être le cheval à cause de la partie rouge pendante terminée par un point
Sa tête est minuscule au bout d’un long cou
La ligne blanche pourrait être une chambrière, ce fouet très long qu’utilisent les dresseurs dans un manège
Les toiles peintes par Miro à cette période ont un fort degré d’abstraction
On croirait la silhouette blanche découpée dans du papier
Les années 1928-
Miro ne s’est pas particulièrement intéressé au cirque comme Picasso ou Chagall
Mais une de ses obsessions majeures est le mouvement circulaire, la tension qui s’établit entre un centre et un mobile tournant autour de lui
Lao Tseu « Bien que trente rayons convergent au moyeu c’est le vide médian qui fait marcher le char »
L’image de l’homme au centre dont le fouet fait tourner le cheval traduit ce thème avec une liberté telle qu’il est parfois impossible d’identifier le cheval, l’homme et le fouet
La toile insiste sur l’opposition pure et simple du cheval et de l’homme
Le cheval est mobile, léger, aérien, blanc, c'est-
L’homme est figuré seulement par son immobilité et sa position centrale. Il se résume en un quadrilatère noir puissant au centre de la toile
Paysage animé 1927
La construction se distribue de part et d’autre d’une ligne d’horizon qui coupe le tableau en son milieu
De l’extrémité droite surgit une curieuse bestiole rampante qui ondule vers un oiseau
Cet oiseau est comme une flèche tendant des ailes incurvées comme le bois d’un arc
Une feuille verte de déploie dans le ciel
Un croissant de lune jaune s’est déposé sur un fragment de sol bleu, lui-
La terre est brune, animée par le rythme de taches gruneleuses
Les couleurs sont vives, disposées en tons purs
Alternance de faux aplats et de détails subtils de personnages comme l’œil bleu du serpent qui s’incruste dans un masque vert
Ce vert correspond à celui des feuilles de la plante
Ces deux verts redoublent la sensation de mouvement lent introduite par l’horizon
La stabilité de la composition est compensée par la cohabitation de couleurs violentes
Les tons crus réveillent un paysage tranquille pour l’animer
Personnage lançant une pierre à un oiseau 1926
Le personnage d’une seule coulée blanche est d’un schématisme allusif
Son geste est seulement figuré par la métaphore graphique d’une ligne droite coupée par la ligne courbe en pointillé de la trajectoire de la pierre
Les couleurs ont une forte intensité : le disque bleu de la tête, la huppe écarlate, le bec vert
La mer noire sépare le ciel d’émeraude de la terre jaune citron
Intérieur Hollandais 1 1928
En 1928 Miro fait un voyage en Hollande et à son retour il entame la série des trois « Intérieurs hollandais »
Le premier s’inspire du « Joueur de luth » de Sorgh, peint en 1661
Un musicien conte fleurette à une jeune femme accoudée sur une table
Un chien et un chat allongés au sol renforcent une idée générale de douceur de vivre dans un confort propre et printanier
Miro transforme le tableau flamand
Le joueur de luth s’enfle démesurément, son sourire devient carnassier et de sa masse il écrase la femme réduite à une excroissance blanche de la table
Les formes de la table se confondent avec les plis de la nappe
Si le chat conserve des courbes félines le chien s’allonge et devient une silhouette avec des yeux implorants
C’est un procédé éprouvé de Miro d’agrandir ou au contraire de rapetisser des éléments
Miro par la fenêtre présente un monde animé
Vivacité de l’orange du luth et du vert du mur
Intérieur hollandais 2 1928
Miro avait acheté en Hollande des cartes postales reproduisant le tableau de Steen « Enfant enseignant la danse au chat »
Il ne subsiste presque rien de la carte postale si ce n’est une guitare accrochée au mur, un animal plus près de l’âne pétaradant que du chien
Des formes plates sur des fonds unis, divisés en deux grands aplats foncés et clairs
Pas de modelé, de perspective ou de lumière naturelle
Dominante du brun pour le personnage de gauche qui est reconnaissable et du bleu pour la jeune fille
Steen qui regardait depuis une fenêtre en haut est réduit à des yeux rouges
Sortant du corps du chien les deux parties d’un immense serpent qui enserre toute la composition
DLa reine Louise de Prusse 1929
Si l’espace appartient à la peinture, les formes auraient pu être découpées dans le papier et collées sur la surface
La silhouette du personnage se découpe sur le fond
Le tableau s’articule sur un rythme de papier : la bordure de la jupe fait avancer la tache noire de la jupe évasée
Seule agitation dans ces plans : le parrallépipède irrégulier marron avec une grande courbe
Eté (collage sur papier) 1929
Miro avait exprimé sa volonté d’assainir la peinture
Ce collage a été réalisé à Montroig peut avant son départ pour Palma de Majorque où il se marie le 12 octobre
Ces papiers collés n’ont rien de commun avec les papiers collés des cubistes
Sur de grandes feuilles sont disposés des morceaux de papier déchirés sans aucune recherche
Ces papiers proviennent de papiers d’usage courant
La simplicité du collage entraîne la simplicité du dessin
Mais Miro garde sa passion pour l’ordonnancement régulier de la composition, la précision et l’organisation des formes
Paysage méditerranéen 1930
En janvier 1930 Miro revient à Paris avec son épouse Pilar
Tableau d’une totale liberté de facture et d’expression
Miro veut dire « au revoir » à la peinture avant d’attaquer de nouveaux modes d’expression
Miro retourne en Espagne au mois de mai et sa fille Dobra naît à Barcelone le 17 juillet 1930
Miro connaît des difficultés financières suite à la situation économique résultant du krach de 1929
Au début de 1931, Pierre Loeb, son marchand, révise son contrat à la baisse
Pesants nuages rouge, bleu et vert sur fond blanc, nuages qui sont plutôt d’épaisses fumées à consistance d’intestins
Des étalements de couleur sans vie et les stries d’un graphisme exténué
Peinture d’après un collage 1933
Avec les grandes peintures faites d’après collages préalables que Miro réalise en 1933 les formes se diversifient, les personnages font leur réapparition et une technique s’impose qui deviendra caractéristique de l’œuvre de Miro
La couleur est fixée au gré de la fantaisie de Miro et des nécessités impérieuses pour lui de la composition
Netteté des éléments qui sent son découpage
Harmonie dans la disposition autorisée par le déplacement incessant des papiers dans la toile jusqu’à ce qu’ils aient trouvé leur juste place
Restitution précise des formes du collage, augmentée de traits légers qui densifient une zone trop aérée
Pour Miro le tableau construit sa propre logique au cours de son élaboration
Composition 1933
Tableau réalisé à partir d’un collage préliminaire. Début 1933 il réalise 18 collages d’où sont issus 18 grandes toiles réalisées à Barcelone du 3 mars au 13 juin 1933
Quelques éléments cocasses qui humanisent quelque peu la rigueur des formes principales
Une cheminée de poêle pourvue de son robinet de réglage
Un cœur percé d’épingles
La forme dans l’angle supérieur droit se courbe et comprime son « ventre » menacé par trois pointes noires agressives
Dans le collage d’origine les deux formes issues du carré noir sont une simple cuillère et une innocente fourchette
Miro « En 1933 je déchirais des journaux grossièrement, puis je collais ces formes sur des cartons. Jour après jour je les accumulais. Lorsque les collages étaient terminés ils me servaient de point de départ pour les peintures. Je ne copiais pas les collages. Je les laissais simplement me suggérer des formes »
Aucune forme n’est directement reconnaissable, donc limitée à une interprétation
De-
Traitées essentiellement en noir et blanc, rehaussées d’accents de couleurs pures, ces toiles évoluent sur des fonds nuancés aux transparences assourdies
Peinture 1927
Cette toile appartient à la série dite du « Cheval de cirque », inspirée par le spectacle des écuyers Fratellini
Toile d’un grand degré d’abstraction même si on peut deviner la matérialisation du déplacement de l’animal sur la piste
Le bleu unifié, vibrant qui impose son pouvoir à toute la toile exprime le vide absolu
Peinture sur fond blanc 1927
L’oiseau semble esquisser un mouvement de recul provoqué par le petit point rouge à droite, à hauteur de son œil
La courbure du bec entre dans celle, opposée, de la tête
Dessin de l’œil tout rond et écarquillé
Tête rouge et queue rouge d’où s’échappent trois flammes noires
Une forme vaguement triangulaire peinte à l’or
L’or repousse les autres couleurs et apparaît comme un collage
Les poils tracés au pinceau noir sur le côté droit permettent la liaison de l’or et du fond blanc
Le fond blanc pénètre tout le corps de l’anima et crée ce qui sera appelé plus tard « un vide actif »
Intérieur hollandais 3 1928
Ce tableau est une reprise par Miro d’un tableau de Jan Steen « Femme à la toilette »
La correspondance formelle n’est pas évidente
Sur le tableau de Steen les bas orange ont une grande importance que Miro rend par un grand aplat rouge
On retrouve la main qui va mettre le bas
Sur la gauche le dossier du siège
Vivacité du visage rendue par un profil au nez piquant
ition
Pomme de terre 1928
Le titre ne se réfère qu’à un des éléments du tableau, probablement l’un des organes internes de la grande femme blanche qui envahit le tableau
Elle se découpe sur un fond bleu et semble s’appuyer sur la surface brune devant laquelle est posé un chandelier
De son sein s’échappe une ligne noire sinueuse qui entraîne divers objets dans une sarabande autour du corps flasque
Le triangle noir serait un couteau surmontant une échelle que gravissent deux insectes
Une minuscule femme ailée qui tient un oiseau, lequel supporte un rameau où s’est posé un papillon
A droite un serpent se précipite vers deux insectes occupés à grignoter une feuille
La femme elle-
La main fortement grossie semble propulsée vers l’avant au-
Elle porte une marque en forme de M, le monogramme de son créateur
Flamme dans l’espace et femme nue 1932
Durant l’été 1932, de retour à Montroig, Miro entreprend une série de petits panneaux de bois
Peinture étincelante de couleur et monumentale par la forme
Corps de femme peint avec un rythme de grande autorité
Violent mouvement de la femme qui se renverse
Les changements de plans confiés à la couleur saisissent sur la surface les formes en déplacement
Miro plaque la figure dans un espace plat suggéré par la couleur
Les fresques romanes sont toujours présentes à son esprit
Personnages dans la forêt incendiée 1931
Miro s’appuie sur des structures géométriques souples qui éliminent toute possibilité de divagation de son trait et de dispersion de sa forme
Lignes et surfaces peintes laissent place à des vides sans vie
Les toiles de janvier à juin 1931 sont des œuvres de transition vers un style nouveau plus affirmé qui soumettra l’envolée lyrique au contrôle rigoureux du plasticien