Possibilités sur mer 1932
Cette peinture est la transposition de dessins géométriques
Dès lors qu’il transposa des dessins géométriques Klee cesa définitivement de s’intéresser à toute construction exacte
La flèche indique la gravité ou la direction. La ligne ondulée est le symbole du
mouvement fluide. Les cercles et les demi-
La forme géométrique posée sur l’angle en-
Collection de pierres 1932
Par ce tableau Klee exprime sa liberté dans la disposition des éléments formels
La juxtaposition horizonale semble échapper à toute contrainte comme si elle émanait d’une intention ludique
Chant arabe 1932
Face à une réalité quotidienne de plus en plus brutale en Allemagne Klee prit ses distances et se retira dans un monde imaginaire
Pour ce tableau Klee choisit un support pictural en jute pour matérialiser l’étoffe et le crépi du mur. La texture du jute devait devenir l’une des caractéristiques de bon nombre de ses tableaux des dernières années
Ce tableau lié à l’évocation de l’Orient est une sorte de « fiction de souvenir matérialisé »
Rayé de la liste 1933
Ce tableau illustre l’exclusion de Klee par les nazis
Le 30 janvier 1933 Adolf Hitler fut nommé chancelier. Klee ressentait le dédain de l’artiste et de l’intellectuel pour le démagogue primaire et le populiste assoiffé de pouvoir
Le 1er avril un journal nazi « … Il raconte à tout un chacun qu’il possède du pur sang aryen mais c’est un juif galicien typique. Il peint de façon de plus en plus frénétique, il bluffe et déconcerte… »
Son domicile fut perquisitionné pendant l’une de ses absences
Il refuse de s’abaisser à prouver sa qualité d’aryen. « Je préfère subir des contrariétés
plutôt que de jouer la figure tragi-
Fin avril 1933 Klee fut licencié sans préavis de l’Académie de Düsseldorf
Son marchand ferma sa galerie et émigra en Angleterre
Klee connut de graves soucis financiers
En octobre 1933 il décida d’émigrer en Suisse
A la mi-
Europe 1933
Dans la production de Klee en 1933 la couleur est de moins en moins posée en pointillés et aboutit à un tapis de taches irrégulières sans le moindre raffinement pictural
La surface fragmentée de l’aquarelle évoque une mosaïque détériorée et devient le miroir brisé du déclin, souligné par le point d’exclamation
Le trait est schématique et réduit à sa plus simple expression
La croix en diagonale au milieu devient l’espace vide d’une négation
Pays dévasté 1934
Paste, aquarelle et huile sur coton 8*31
Klee colle un morceau damassé sur du coton qu’il fixe sur une soierie puis il place le tout sur un carton
On pense à des murs ravagés par des intempéries
On surmonte grâce à la peinture le déchirement du chiffon bleuâtre et effrangé
Dans le quadrilatère en damas reposant sur la pointe Klee inscrit une croix, y ajoute deux jambes pour qu’il courre comme un skieur qui aurait des voiles
Des verts printaniers, des points et des traits rouges
A droite il y a une fenêtre où se reflète un paysage
Les lignes brunes à droite pourraient être les contours d’une maison, les lignes rouges pourraient être les tuiles, les angles supérieurs des parterres de fleurs
Klee veut que le paysage ait aussi des jambes car c’est à peine si, en bas, la palissade pourrait passer pour une clôture de jardin
Floraison 1934
Cette esquisse sur papier noir laisse voir le fond si bien que les carrés ressemblent aux pierres de taille d’une construction cyclopéenne
Différenciation de la couleur dans une gamme de teintes assez sombres
Deux taches rose carminé courent en avant et une tache orange vers la droite
A gauche un dégradé allant du bleu au bleu violacé et au violet avec une pointe de vert émeraude
Les différents bruns forment à droite une gamme ascendante aboutissant à l’ocre et à l’orange
On peut suivre les carrés selon une verticale, une horizontale et une diagonale
Les vides où apparaît le noir sont irréguliers et une fois même le noir baille comme un trou dans un mur fait de blocs colorés
Les crayons de pastel tracent les contours des carrés qui restent sans délimitation stricte
Village de montagne en automne 1934
Thème spatial en surfaces polygonales qui s’imbriquent comme un puzzle, suggérant maisons et places, dans des tons correspondants à l’éclat du feuillage automnal
Partant de l’orange, passant par le vermillon et le carmin, la gamme va jusqu’au bleu et au violet
Des taches brunes peluchées interrompent la suite colorée comme des champs traversent une zone habitée
Le soleil déclinant fait ressortir les teintes qui brillent sans être criardes
L’illusion de l’espace est supprimée, le volume est projeté sur la surface, les couleurs sont réduites à un nombre limité de teintes
Le rythme des formes et la mélodie des couleurs rappellent Delaunay
Les grandes surfaces sont en bas ; les plus petites et les plus animées en haut (triangles, formes pointues)
La mélodie des couleurs culmine dans les deux carrés bleus et dans les polygones violets
Floraison 1934
C’est dans les figures les plus élémentaires de la géométrie, dans les matrices et les formes rythmiques que Klee trouve un principe d’organisation
La géométrie végétale et sensorielle incluse dans ce carré composé de carrés, intitulé Floraison, évoque les jeunes fleurs jaillies des bourgeons éclatés
Les éléments les plus grands ont une couleur assez diffuse ; les plus petits au contraire sont revêtus d’une matière arborée plus compacte
En se divisant les carrés semblent se soulever, se bousculer comme sous la poussée d’une force incompressible
Il suffit que le coloris s’éclaircisse et s’allège pour que nous ayons la sensation de percevoir une éclosion, un jaillissement de fleurs
La douceur de la floraison est environnée par l’obscure énergie dont est le produit
Ad parnassum 1932
Œuvre divisionniste ou le rapport avec l’objet est un peu plus marqué que dans « Lumière et autre »
Soleil matinal orangé
Au pied d’un mont divin le reste d’un temple
Les points sont de petits rectangles blancs, jaunes orangés, bleus et verts
On distingue nettement des plans séparés, appliqués sur le fond
Aux points colorés se mêlent des points blancs et aux points orangés des points bleuâtres
Nous suivons la naissance et l’évolution de la lumière du matin à midi
Le triangle étroit au-
Le coin blanc au-
Le titre « Ad parnassum » est une invitation à escalader dans la lumière le mont mythique et non à se contenter de l’admirer
La porte de la ruine du temple au bord inférieur du tableau marque peut-
Les contours du mont et de la ruine sont si nets que Klee semble avoir voulu les réunir en un tout
Forte clarté au somment de la forme pyramidale : la neige qui couvre le sommet ?
Klee avait beaucoup admiré les mosaïques de Venise, Ravenne et Palerme
La Vrille 1932
Au début des années 1910 à Paris, Braque et Picasso ont renoué avec ce format ovale traditionnellement réservé au portrait
Cette Vrille est le seul tableau ovale de Klee
Il se rattache à sa période divisionniste qui se situe entre 1930 et 1933 ( Ad Parnassum)
Plus que Seurat, les mosaïques de Ravenne, redécouvertes durant l’été 1926, ont pu susciter l’attrait de ces semis de points colorés
L’impression de chaos chromatique est tempérée par le fait que les touches sont regroupées en plages de différentes nuances qui ne se mêlent pas
Action fluide et fugitive de la lumière
Klee rétablit l’horizon par une ligne de sable autour de laquelle se love une spirale « forme de mouvement la plus pure que l’on puisse imaginer »
En bas du tableau une autre ligne prend librement ses ébats autour de quelques îlots de sable
Un soleil, de sable lui aussi, irradiant des points rouges, sommé d’un accent bleu, surplombe calmement l’horizon
Qui plane 1930
Klee veut mettre en mouvement des éléments géométriques dans un milieu délivré de la pesanteur
Il relie les formes quadrangulaires selon les règles de sa « libre esthétique géométrique » d’un angle à l’autre, sans laisser apparaître un principe logique
Klee « Les formes ont une allure résultant de la façon de mettre en mouvement les groupes d’éléments choisis »
Dans cette œuvre qui présente des formes cubiques instables, la spatialité n’est pas soumise à un principe constructif logique mais à un mouvement dynamique fluctuant
Mais on ne trouvera plus dans son œuvre que quelques compositions bi-
Carrés au rythme ternaire 1931
Travail au couteau sur papier et carton 44*61
Polyrythmie qui naît de l’imbrication des carrés
Carrés à l’horizontale, à la verticale et en diagonale
Quelle que soit la couleur que l’on suive il se dégage toujours un rythme limpide vers la droite, vers la gauche ou vers le haut
Le « rythme ternaire » supprime le caractère d’échiquier et transforme l’esquisse en moment musical
L’irrégulariré des surfaces -
Impression aussi de sonorité qui fait appel à des associations musicales du domaine de la musique polyphonique
Klee a-
Le large bord brun dont Klee a entouré l’ensemble crée une plus grande intimité et confère de la chaleur à cette oeuvre
Nature morte à la colombe 1931
La colombe fait partie d’une « nature morte », d’un ensemble qui avec le haut calice, la lette pliée, le mortier à droite et une forme (de tête ?) à gauche donne l’impression de se situer dans un monde de noumènes plutôt que sur terre
Des rideaux roses largement tirés des deux côtés n’atténuent pas le sentiment de supraterrestre
La flèche en haut indique la coupe de fruits et le pilon du mortier et plus loin à droite la direction de l’extérieur vers laquelle est aussi tournée la tête de la colombe
Formes rondes et pointues, indépendantes ou liées à des objets, à deux ou à trois dimensions se dressent en face des autres sans toutefois se heurter dans l’espace
Les couleurs suppriment toute substantialité : le rose pâle des rideaux, le bleu pâle de la colombe, le vert du mortier et de la nappe, le brun clair des fruits
La lumière et autre 1931
Klee qualifie de divisionnistes des tableaux comme celui-
Il ne s’agit pas pour lui de savoir comment obtenir pour l’œil du spectateur le mélange de la couleur, il ne s’agit pas non plus d’harmonie des contrastes ni de construction de l’espace mais d’espace lumineux coloré
Klee peint des lignes serrées de points de couleurs et d’intensités diverses mais de façon que les tons bleus et roses, les verts et le bleus restent groupés et ne se mêlent pas pour l’œil du spectateur
Interruption de la surface divisionniste par des lignes constructives verticales et horizontales se coupant généralement à angle droit
Un soleil dominateur et une demi-
Une forme de drapeau et un obélisque
Le bas du tableau suggère-
Franchi 1931
Dans ce tableau Klee transforme les volumes en une projection en plan
Klee façonne des figures en soulignant certaines lignes dans un assemblage de formes de base imbriquées les unes dans les autres et le plus souvent géométriques
Le funambule est devenu le symbole de sa qualité d’artiste. Klee le stylisa pour
en faire un artiste souverain, détaché, qui préserve son équilibre en dépit du chaos
sous-
Mesure individuelle des niveaux 1930
Klee dans un cours sur le Sentiment d’Equilibre, élément de création artistique : « Lorsque la base s’élargit, l’horizontale s’élargit avec elle aux dépens de la verticale »
L’équilibre n’est atteint qu’au moment où la balance s’immobilise, par exemple dans le cas du rythme le plus primitif de la structure où il existe uniquement des horizontales et des verticales
Dans un ensemble où dominent les roses, les bruns et les verts éclate au centre, décalé à droite, un vermillon dont Kandisky disait qu’il « résonne sale et mat sur le blanc, tandis que sur le noir il déconcerte par son éclat vif et brillant »
C’est pourquoi Klee le juxtapose avec un noir et un brun
Ad marginem 1930
Le travail très réfléchi de Klee se concentre entièrement sur l’évolution des thèmes formels si bien que toute forme figurative doit en rester à l’échelon primaire expressif du signe voisin du pictogramme
« Ad marginum » (en marge), part de cette idée purement formelle de faire pousser des plantes et des cristaux des quatre bords du cadre vers l’intérieur du tableau à la rencontre d’un soleil assombris
Semble surgir tout un monde fabuleux, lointain, englouti, couvert de rouille et de lichens, moucheté de taches
Après 1933 Klee a retouché son aquarelle et étendu sur elle un voile de mélancolie, accordé à l’altération de son état d’âme, comme à celle du monde qui l’environnait
Une chambrette à Venise 1933
Des lignes libres et mélodiques qui se croisent et déterminent ainsi des surfaces
Un tableau onirique sur un papier bleu absorbant
Rose fascinant
Bleu royal profond
Des rideaux dans les découpes roses triangulaires
Une fenêtre et une échappée dans le bleu qui s’y encadre
Deux yeux qui regardent dehors ou dedans ?
La croix à droite et la lune à gauche représentent la ville et le firmament
Les formes en coupoles stylisées évoquent saint Marc
Klee vivait sur un plan spirituel distinguant à peine entre le dedans et le dehors
Feu à la pleine lune 1933
Des dessins inspirés d’échiquiers déformés côtoient des traits en forme d’escalier tourné vers l’observateur
Placée dans un rectangle d’un violet éteint sur le bord supérieur du tableau, la lune jaune citron éclaire faiblement les couleurs, vert, bleu, brun tirant vers le gris
Dans la moitié droite du tableau, quelques touches d’un violet blanchâtre, d’un vert clair, d’un vert foncé jettent leur éclat sur le vermillon du brasier
Le rouge vif est aussi émouvant qu’un feu dans la nuit
Certaines parties de la scène sont mises en valeur par la lueur de l’incendie tandis qu’inversement le jaune de la lune tend à supprimer le relief
Le cercle jaune plonge dans la mélancolie nocturne tout ce que sa lumière atteint
Le rouge brûlant éveille des échos d’incertitude
Les bandes noires et les formes polygonales ne servent pas de liaison : elles séparent et s’interposent
PAUL KLEE