Portrait de Charlotte-Madeleinte Taurel   1825

Elle est la fille du graveur Taurel

Portrait d’une grande sentimentalité qui annonce toute une litanie de Jésus sulpiciens accompagnés de l’agneau sacrificiel






Madame Marcotte de Sainte-Marie   1826

Mme Marcotte de Sainte-Marie (née Salvaing de Boissieu) était la belle-sœur de M. Marcotte, protecteur du peintre

Aura de mélancolie et de fragilité

Beaucoup de choses dans ce portrait rappellent celui de Mme de Senonnes : la pose, les tonalités de brun et or, le canapé recouvert de soie, le châle, le mouchoir et la longue chaîne

Femme de santé fragile que les longues séances de pose fatiguaient beaucoup

Ses mains étaient si agitées qu’Ingres fut obligé de les modeler d’après celles de sa femme

Les grands yeux anxieux, le nez long, les lèvres pâles qui ne sourient pas sont loin des charmes séducteurs que chez Ingres nous attendons des visages de femmes

Image d’effacement accentuée par la complète dissimulation du corps par la dicrète robe marrons très légèrement ouverte au col

La grande boucle de la ceinture, les bracelets et le monocle font plus l’effet de joaillerie religieuse que de parure féminine

Les courbes complexes de la haute et lourde coiffure créent une enceinte protectrice en couvrant la plus grande partie du front

Col large avec de beaux dessins linéaires

Ingres évite les rythmes trop mous et voluptueux

Les courbes des extrémités des doigts sont cachées

Les plis étroits et anguleux de la robe empêchent toute forme féminine de se dévoiler

Le chatoiement de la soie jaune, le miroitement de l’or, la chaleur des bruns foncés, créent une harmonie qui enveloppe le modèle d’une tristesse obscure


L’Apothéose d’Homère    1827

Ce tableau symbolise la foi que portait Ingres à une hiérarchie de valeurs éternelles basées sur un précédent classique

La stricte symétrie des ses personnages et de son architecture évoque les fresques murales de Raphaël : « L’Ecole d’Athènes » ou « Le Parnasse »

Ingres veut déifier un génie à qui sont redevables toutes les générations suivantes

Comme Zeus au mont Olympe, Homère est placé dans un superbe isolement au sommet d’une pyramide ascendante de personnages historiques qui sont venus le vénérer

A ses pieds deux femmes personnifient l’Iliade et l’Odyssée

Au-dessus plane une victoire ailée qui le couronne de lauriers

Le décor architectural rehausse cette apothéose car le poète est assis comme une statue de culte devant un temple dérivé de l’Erchthéion et sur le fronton duquel est inscrit son nom

Les personnages classiques sont placés dans la sphère supérieure

Eschyle avec son rouleau de parchemin est réfléchi sur la droite par Pindare avec sa lyre

Apelle avec ses pinceaux et sa palette par Phidias et son maillet

Seuls deux modernes sont admis : Raphaël qui est conduit par Apelle et Dante qu’accompagne Virgile

Plus bas : Poussin, Corneille et La  Fontaine à gauche et Boileau, Molière et Racine à droite

On reprocha à ce tableau une détermination obstinée de préserver des traditions moribondes face aux expériences nouvelles du monde moderne

Certaines formes semblent plus juxtaposées que fondues (portrait de Poussin par lui-même) comme dans les illustations composites pour les pages d’une encyclopédie

Les figures semblent planer dans un espace ascendant peu profond, plutôt que d’obéir à la force de la gravité

Les blancs brillants des draperies d’Homère et de la Victoire jaillissent de l’arrière-plan et s’opposent aux sombres costumes des modernes qui donnent l’impression de s’enfoncer dans le tableau

La peinture d’Ingres suscita des variations

Influence sur «  L’Atelier » de Courbet en 1855

Degas parodia le tableau

Intérieur de harem  1828

Il réalisa cette petite toile (35*27 cm) pour honorer la promesse qu’il avait faite à un ami lors de son séjour à Florence

L’importance de cette toile tient à son statut d’état intermédiaire entre la Baigneuse Valpinçon et le plus tardif Bain Turc

Autour de la jeune femme de dos, revenant comme un leitmotiv, de nouvelles figures apparaissent près d’un bassin

Portrait de Pierre Baillot     1829

Ingres célébrait Baillot comme le « Poussin des violons »

Louis-François Bertin   1832

Manet disait de ce tableau que c’était « Le boudha de la bourgeoisie »

Par son réalisme sobre et aggressif ce portrait symbolise le règne de Louis-Philippe

Louis-François Bertin (1766-1841) était un des chefs de la grande bourgeoisie

Homme d’affaires et journaliste, il dirigea dès 1799 le « Journal des Débats » qui en 1930 soutint activement la Monarchie de Juillet

Ingres éprouva quelques difficultés à trouver une pose appropriée à cet homme de forte carrure, actif, âgé de 66 ans

Il projeta d’abord de le montrer en pied

Intense confrontation avec une personnalité réelle, décrite en microscopique détail

Fort modelage de tonalités gris brun

Forte présence du modèle obtenue par la compression de l’espace qu’il occupe

A droite le dossier du fauteuil, comme une énorme pince, essaye vainement de contenir cet ample volume

Puissance des bras qui semblent avec leur aspect de ressort tendu prêts à  nous happer

Les mains donnent une impression d’énergie enroulée sur elle-même

Les doigts trapus pressent les cuisses largement ouvertes

Serrée dans un étroit col empesé et couronnée par des boucles effilées de cheveux blancs la densité de la tête assaille presque le spectateur

Le regard et la position de la tête sont décalés par rapport à l’axe vertical

Etonnante reproduction des rides, des cheveux et des plis des vêtements

Influence de ce tableau :

Portrait d’Ernest Renant par Léon Bonnat

Portrait de Gertrude Stein par Pablo Picasso

Etude pour le « Martyre de saint Symphorien » 1830-1831

Pour le Martyre Ingres travailla près de six années au cours desquelles il accumula des centaines d’études pour ses très nombreux personnages

Nous avons dans cette étude des fragments : des bras, des mains, des doigts

Etude pour le « Martyre de saint Symphorien » 1830-1831

Cette étude présente des personnages entiers

On ne sait pas comment saint Symphorien est mort. Mais le jeune derrière le licteur nu qui tient la foule en respect ramasse une pierre pour une éventuelle lapidation


Autoportrait à mi-corps   1835

La période du directorat de la Villa Médicis coïncide avec un ralentissement de l’activité graphique

Il a abandonné la vente de portraits dessinés et n’en effectue plus que pour des amis

Ingres s’est représenté bien  juvénile pour ses 55 ans, un crayon à la main, une feuille de papier devant lui, affirmant par là son credo classique du primat du dessin

Ce qui frappe dans cette effigie, virile, décidée, positive c’est moins l’introspection que la volonté

Un critique à écrit « Réactionnaire, doctrinaire et sectaire, misonéiste (peur profonde, superstitieuse de la nouveauté), misogyne, voire misanthrope, Ingres est sans doute l’artiste le plus haïssable de l’Ecole française »

Portrait de Victor Baltard   1837

Le futur architecte des Halles de Paris est debout devant la colonnade de Bernin et les bâtiments du Vatican

Prix de Rome d’architecture en1833 Baltard avait précédé Ingres à Rome et les deux ménages y vécurent  jusqu’en 1838 dans une parfaite harmonie

Portrait de Franz Liszt   1839

Liszt fut introduit auprès d’Ingres, directeur de l’Académie, par sa maîtresse, Marie d’Agoult


Portrait d’Elisa Viollet-le-Duc (1812-1897)

1837

Un voyage d’études avait mené Eugène Viollet-le-Duc en Italie où il se lia avec Ingres qui critiqua plus tard ses audacieuses restaurations de châteaux et de cathédrales

Portrait de son épouse dite Elisa ou (par son mari) « La mouche »

La princesse Mathilde a évoqué les relations difficiles de ce couple « Ce cocu a toujours tiré bénéfice des liaisons de sa femme »

Toujours en quête d’hommages masculins, la jolie Elisa connut pourtant des difficultés avec son propre aspect physique puisqu’elle eut la malchance de perdre à plusieurs reprises ses cheveux ce qui explique le bonnet qu’elle porte

Roger délivrant Angélique   1839

L’héroïne de cette scène est menacée par un monstre

Le sujet trouve sa source dans le poème épique d’Arioste, « Roland furieux »

Complètement nue, enchaînée à un rocher dans « L’île des pleurs », Angélique est laissée en pâture à l’orque, monstre marin visqueux

Nous la voyons au moment précis où Roger arrive à son secours, monté sur son hippogriffe, créature hybride, moitié cheval,  moitié aigle, capable à la fois de galoper et de voler

Ingres montre Roger en train de porter un coup de sa longue épée à la gueule du monstre

Avec ce tableau Ingres pénètre dans un territoire étranger : celui du romantisme

La scène est une côte de rochers sauvages, battus par une mer écumante

Opposition des protagonistes :

Un chevalier dans sa brillante armure face à une jeune fille dévêtue

Un monstre répugnant des profondeurs et une bête fabuleuse

Ingres fige l’action avec une précision qui détache chaque personnage pour un examen individuel minutieux

A gauche on peut compter les plumes de l’aigle et sentir la différence de texture entre l’armure dorée et le manteau de soie qui s’envole

A droite Angélique est isolée comme une statue glacée

Sa chair lisse mais flexible, opposée aux cheveux de soie, aux plumes hérissées et aux roches déchiquetées, apporte une note érotique

Angélique est une créature sans défense dont la tête retombe avec une anxiété pitoyable et dont la gorge se gonfle

Ses grands yeux roulent dans la direction du héros

Ses bras sont d’une grande élasticité

Les cuisses se joignent au genou et s’effilent à la cheville

L’Odalisque à l’Esclave    1839-1840

Depuis la Grande Odalisque de 1814 le thème du harem au Proche-Orient avec sa sensualité et son exotisme n’a cessé de fasciner Ingres

Tableau commandé par son ami M. Marcotte

Le caractère voluptueux du nu doit lutter pour attirer l’attention avec une esclave faisant de la musique et un eunuque noir

Les motifs décoratifs de l’environnement visuel rapellent les miniatures persanes

Prolifération de détails : les géométries du mur du haut, la fontaine, les balustres, le sol en carrelage, les costumes de l’esclave et de l’eunuque et le coussin sur lequel repose le nu

Juxtaposition du rouge froid de la colonne à gauche et de la chaleur du rideau à droite

L’abandon ondulant de l’odalisque contre les géométries de surface en devient d’autant plus lascif

Rythme caressant du corps qui court du bout de ses orteils au coude plié parmi le flot de la chevelure dorée qui va s’élargissant

Emoustillante fusion des contours des seins arrondis et du ventre

Surface parfaite de chair sans ride et sans ossature

Les jambes à l’extension relâchée riment avec celles de l’esclave derrière

L’inclinaison moëlleuse de son torse et de sa tête s’élève à l’unisson du fin manche du luth oriental

Ingres avait vu au Salon de 1834  « Les femmes d’Alger » de Delacroix

Cette vision d’une Arcadie érotique inspirera Renoir et Matisse

Portrait de Madeleine Ingres, son époux derrière elle  1830

Ingres qui n’a pas dessiné plus de deux ou trois effigies du même modèle en consacra dix à son épouse

En bonne modiste Madeleine prenait elle-même le soin de ses coiffures

Ingres se représente derrière Madeleine coiffée d’un large chapeau, ses stricts bandeaux dérangés par une mèche rebelle

Agé de 50 ans l’artiste en paraît plutôt 30

Par sa position discrète à l’arrière-plan il affirme son rôle de gardien d’une épouse dont l’opulente poitrine règne au premier plan


Don Pedro de Tolède baisant l’épée d’Henri IV 1832

Ingres a été très tôt attiré par le genre « troubadour », tentative élaborée par un groupe d’artistes, pour une grande part formés dans l’atelier de David

Ils voulaient renouveler la tradition classique en abandonnant les références antiques et en mettant à la mode le goût pour le Moyen Age et l’histoire de France

Ils voulaient s’appuyer sur un style réaliste, une documentation historique rigoureuse, une facture colorée et une description théâtralisée des personnages

La chute de l’Empire s’était accompagnée d’un regain d’intérêt pour la vie des rois de France et les grands moments de la monarchie

Don Pedro de Tolède, passant par Paris pour aller dans les Pays Bas, rencontre au Louvre un officier qui portait l’épée d’Henri IV

Il s’avance, met en genou en terre et la baise, en disant « Rendons honneur à  la plu glorieuse épée de la chrétienté »

Quelques jours auparavant ce personnage avait eu un démêlé avec le roi qui lui avait dit « Enfin, Monsieur l’Ambassadeur, vous êtes Espagnol, et mois Gascon ; ne nous échauffons pas »

Le Martyre de saint Symphorien   1834

Le prélat de la cathédrale d’Autun demanda au Ministère une œuvre dédiée à saint Symphorien, patron de la ville, ayant vécu sous Commode entre 160 et 180 ap. J-C.

Il fut envoyé au martyr pour avoir refuser d’adorer les dieux païens

Ingres fit peindre par un architecte les remparts de la ville en les mettant de biais. Le temple païen est suggéré sur la droite par la colonne

La foule est reléguée sur le fond comme l’empereur, le bras levé pour ordonner la pein

Saint Symphorien, au centre avec le vêtement blanc, dessine avec son propre corps un X

Le bras droit et le visage sont tournés vers la mère  qui se penche par-dessus les remparts en allongeant un bras vers son fils et l’autre vers le ciel pour fortifier ainsi l’esprit de son fils soumis au supplice

La correspondance des bras tendus, visant à créer un dialogue intime, a tendance à calmer la brutalité des visages empressés autour du martyr

Le geste ferme et l’acceptation du martyr contrastent avec l’agitation de la foule

La brutalité des sbires et le dos exagérément musclé du licteur furent fortement contestés au Salon de 1834. Ingres fut défendu par Théophile Gautier qui écrivit que la beauté étant le but, la forme devait si nécessair dominer la réalité du sujet

Pour s’éloigner Ingres dédida alors de concourir au poste de directeur de l’Académie de France à Rome

Le Comte Mathieu-Louis Molé (1781-1855)   1834

Avant de partir pour Rome où il allait succéder à Horace Vernet à la direction de l’Académie de France, Ingres acheva le portrait peint du comte Molé.

Effigie sombre et glacée où seul un effet de lumière vient illuminer un morceau du dossier du fauteuil vide où le ministre du roi appuie son coude

En dehors du fauteuil ne sont éclairés que le visage triste et les mains

De façon inhabituelle le regard du spectateur est conduit vers une partie très secondaire du tableau

Le comte Molé s’entremettra pour empêcher un duel avec un certain Pommereux qui avait  critiqué un portrait d’Ingres en présence du peintre

Il fut trois mois ministre des Affaires Etrangères en 1830

Il fut président du Conseil de 1836 à 1839

Angélique, étude   1919

Ce tableau est une étude pour « Roger délivrant Angélique »

Longue chevelure blonde

Par comparaison avec une étude antérieure, Ingres a modifié la position des bras d’Angélique, croisés au-dessus de la poitrine

Long bras droit

Un critique a écrit « Un  troisième sein tient la place de la gorge, amoureusement modelé à l’image des deux autres, dodu, petit, comme il les aime ; la pomme d’Adam est devenue mamelon »

La Vierge adorant l’Enfant endormi   1839

Ingres a toujours affectionné les figures en qui pureté et sensualité se conjuguaient : ce sont Vénus et la Fornarina dans le monde païen, Marie ou Jeanne d’Arc dans le monde chrétien

Belle comme les anciennes déesses de l’antiquité, la Vierge incarnait l’amour chrétien à travers sa maternité et une forme de ferveur religieuse dont Ingres ressentait le besoin et la nostalgie

Depuis le début du 15ème siècle les peintres avaient souvent représenté Marie adorant son enfant avec ravissement

Ce tableau fut commandé par le futur tsar Alexandre II en 1836 lors de son pasage en Italie

La Vierge, les mains jointes, semble adorer l’Enfant Jésus endormi couché devant elle

Ingres était mécontent de son œuvre et fit un autre tableau


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