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Première  Page  de  GAUGUIN

1873 – PAYSAGE

En 1873 Gauguin peint peint pendant ses loisirs avec Marguerite Arosa, la fille cadette de son tuteur.

S’inspirant des paysages de l’école de Barbizon il manifeste d’emblée une grande assurance.

Cette vue encore très conventionnelle est brossée à larges touches de couleurs claires.

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1888 – NATURE MORTE  « FÊTE GLOANEC »

Gauguin représente des objets sur un plan sans recourir aux méthodes traditionnelles de restitution de l’espace

Le tableau cadre une portion de guéridon vermillon recouverte d’objets évoquant des festivités : un bouquet de fleurs, un gâteau breton, des fruits

Cette disposition d’objets était peu conventionnelle

Gauguin avait dû la faire passer pour l’œuvre d’une débutante en la signant Madeleine B (Bernard) afin que sa destinataire (Mme Gloanec) l’accepte en cadeau pour le 15 août et daigne l’accrocher aux murs de la salle à manger de son auberge


1888 – NATURE MORTE AUX TROIS PETITS CHIENS

Gauguin obtient ce qu’il appelle de la « peinture d’enfant » par des lignes et des couleurs synthétiques, des formes cernées et des références explicites aux estampes japonaises

Le modèle est une estampe japonaise montrant des chatons à la place des chiots

Simplification du dessin et de la couleur, quasiment limitée au blanc et au bleu

Suppression presque totale des ombres et du modelé

Traitement fort peu réaliste des objets sur la table


1888 – MADELEINE BERNARD

Ce portrait reflète le caractère de la jeune sœur d’Emile Bernard, gracieuse, mystique et passionnée

Malgré leur différence d’âge, Gauguin, sensible à ses inclinations intellectuelles et à son indépendance qui aurait pu faire d’elle une femme hors du commun, en était très épris

Elle se fiancera toutefois à Laval et en 1895 mourra comme ce dernier de la tuberculose

Gauguin la montre assise, simplement vêtue d’un chemisier bleu à col montant et d’une ample veste négligemment posée sur ses épaules avec un visage aux traits accusés et stylisés


1888 – LA VAGUE

Les paysages bretons de cette période sont tous caractérisés par un radicalisme extrême dû à des contours appuyés et à une forte synthèse entre forme et couleur

Ce tableau est une des marines les moins naturalistes de Gauguin avec :

- un usage arbitraire de la couleur

- sa plage de sable vermillon

- la prédominance des arabesques décoratives

- l’abolition de la ligne d’horizon

- les spectaculaires écueils noirs du Pouldu sont au centre de cette vue plongeante


1888 – MARINE AVEC VACHE

    AU DESSUS DU GOUFFRE

Une vue du haut d’une falaise à pic près du Pouldu

Les rochers et la mer y sont résumés en quelques plages ce couleur, encastrées les unes dans les autres comme les pièces d’un puzzle et traitées en aplats ou remplies de petites touches compactes

Unique note blanche, l’écume des vagues se détache sur une violent harmonie de couleurs plutôt sombres : orangé, vert, bleu, brun


1888 – VIEILLES FEMMES A ARLES

    DANS LE JARDIN DE L’HOPITAL D’ARLES

Gauguin part de croquis de la fontaine et de femmes emmitouflées dans leurs châles

Sur la toile ces éléments seront disposés et stylisés suivant un ordre abstrait et décoratif

Le point de vue surélevé supprime l’horizon mettant au premier plan la palissade et le buisson avec leur opposition de vert et de rouge vif

Les arbustes, paillés pour les protéger du gel, sont réduits à de simples cônes orangés qui contrastent par leur forme et leur couleur avec les silhouettes sombres des arlésiennes et le triangle blanc de leurs châles

De larges aplats de couleurs vives alternent avec des zones remplies de petites touches (le bassin)

Gauguin privilégie la suggestion par la couleur avec les moyens propres au synthétisme


1888 – FERME A ARLES

La forme massive de la meule sert de pivot central et garantit la solidité d’un agencement complexe d’éléments géométriques

Dans la région où vivait et travaillait Cézanne, Gauguin subit l’influence de cet aîné, à qui il doit la stabilité de ses vues et la touche constructive en traits parallèles


1888 – MISERES HUMAINES, LES VENDANGES

Gauguin décrit ce tableau à Bernard « Des vignes pourpres forment triangle. A gauche bretonne du Pouldu en noir. Deux bretonnes baissées à robe bleue et corsage noir. Au premier plan pauvresse en cheveux orange et jupe de terre verte.

Gros trait rempli de tons presque unis avec le couteau très épais sur de la grosse « toile à sac ». C’est un effet de vignes que j’ai vu à Arles. J’y ai mis des bretonnes. Tant pis pour l’exactitude »

La malheureuse à la mine découragée, synthèse d’extrême misère humaine et féminine, semble avoir été inspirée par une momie péruvienne


1888 – LES ARBRES BLEUS

Un critique a écrit «  De ce qu’un paysage montre des troncs d’arbres bleus et un ciel jaune, on conclut que Monsieur Gauguin ne possède pas les plus élémentaires notions du coloris. J’avoue humblement ma sincère admiration pour l’un des coloristes les plus raffinés que je connaisse et le peintre le plus dénué des trucs coutumiers qui soient »

Ce tableau est le prototype des paysages simplifiés et décoratifs chers aux futurs nabis.

S’opposant à la haute ligne d’horizon, les verticales des troncs arbitrairement teintés de bleu confèrent à cette vue une qualité décorative et antinaturaliste

Ces verticales servent de contrepoint synthétique et de point d’ancrage à de larges aplats de vert, d’orange, de jaune et aux champs qui s’étendent à perte de vue


1888 – LES ALYSCAMPS

L’antique nécropole des Alyscamps est le premier motif que Gauguin et van Gogh peignirent ensemble durant l’automne 88

Cette antique nécropole romaine avait aussi abrité des sépultures chrétiennes et était un lieu chargé de souvenirs

Au fond l’église romane Saint Honorat avec sa coupole surmontée d’une tour lanterne hexagonale

Les lignes de fuite du talus et du canal convergent sur l’église et le groupe de femmes

Le buisson vermillon et le rideau de peupliers orangés traduisent, par leurs couleurs arbitraires, l’éclat de la lumière du Midi


1888 – AU CAFE

Peu captivé par l’atmosphère de ce café de la gare où Vincent avait ses habitudes Gauguin souhaite rendre hommage à son ami en mettant en scène des personnages dont van Gogh avait fait le portrait ( Madame Ginoux, le facteur Roulin, le zouave Milliet ) et en employant comme lui les couleurs vert, rouge et ocre

Gauguin suggère par ses volutes de fumée bleutées une réflexion sur la vérité des passions humaines

Le dessin de Madame Ginoux a servi pour le personnage principal de ce tableau


1888 – VINCENT PEIGNANT DES TOURNESOLS

Ce tableaux exécuté peu avant le terme dramatique du séjour de Gauguin à Arles vise à saisir l’univers pictural de son ami et sa personnalité profonde

Son principal protagoniste est moins le visage hésitant et fuyant de Vincent que le bouquet de tournesols, un de ses motifs préférés


1989 – LA FAMILLE SCHUFFENECKER

Le portrait de groupe en intérieur avec figures en pose est un nouveau genre pour Gauguin

Au centre de la composition,  Madame Schuffenecker, revêtue d’un manteau d’hiver, s’inscrit dans une structure pyramidale englobant ses deux enfants, Jeanne et le petit Paul,  que le rouge de leurs vêtements met en contraste avec l’opposition primaire de jaune et de bleu du sol et des murs

La femme de Schuffenecker arbore les caractéristiques négatives qui ressortaient des témoignages épistolaires de son mari : âpre, dominatrice, un peu harpie

Petit, relégué à l’écart et soumis « le bon Schuff » est représenté de façon caricaturale comme le personnage de comédie du mari ridicule devant un chevalet dont le tableau est masqué, signe du peu d’estime que Gauguin avait pour l’art de son ami peintre.

Schuffenecker a été un ami fidèle pour Gauguin l’aidant financièrement et l’hébergeant pour de longues périodes.

Madame Schuffenecker n’aimait pas cet hôte encombrant

Schuffenecker a chassé Gauguin de chez lui quand il a commencé, croit-t-on à tourner autour de sa femme.


1889 – SOYEZ AMOUREUSES

Fin 1989 Gauguin a réalisé en Bretagne des œuvres d’un primitivisme mêlé d’exotisme

Parmi ces œuvres, les reliefs en bois tiennent une place importante

Ce bas relief exprime la luxure et la lutte de la pensée et de la chair

Gauguin a écrit « un monstre qui me ressemble prend la main d’une femme nue »

Le renard, en bas à droite, symbole indien de la perversité est associé à l’amour charnel


1889 – EVE ET LE SERPENT

Dans ce relief Gauguin a présenté Eve un bâton à la main tournée vers le serpent qui s’enroule autour du tronc d’arbre

Au-dessus d’elle une tête d’animal pourvu de grandes cornes et à droite un arbre stylisé avec une fleur épanouie

Sur la cime de l’arbre une grande lune dorée pourvue de nez, d’yeux et de bouche

Eve représentera souvent dans son œuvre la quête du « primitif »

Avec son corps trapu et son large bassin l’Eve de ce bas-relief incarne l’Eve originelle

Gauguin depuis le 2 octobre 1889 était installé au Pouldu dans l’auberge de Marie Henry avec Jacob de Haan qui était l’élève de Gauguin mais aussi le mécène du petit groupe de peintres

Marie Henry était si jolie qu’on l’appelait Marie Poupée, de Haan eut une liaison avec elle ce qui suscita la jalousie de Gauguin

Jacob de Haan était cultivé, formé à la spéculation abstraite et eut une grande influence sur Gauguin


1889 – FEMME COUCHEE AVEC UN EVENTAIL

La femme qui se repose dans un paysage arcadien est un thème classique de l’histoire de l’art

- le repos de Diane

- Gauguin admirait Olympia de Manet et possédait une reproduction du « repos de Diane » de Lucas Cranach

La végétation est un encadrement et les têtes mystérieuses à l’arrière plan sont sans relation avec la figure centrale


1889 – VASE EN FORME DE TÊTE DE FEMME

L’émail et les rehauts d’or confèrent une qualité précieuse à ce vase-portrait chargé d’un sens symbolique : avec ses oreilles pointues de faunesse et le serpent enroulé autour de sa tête en guise de couvre chef, Madame Schuffenecker y fait en effet figure de tentatrice

Gauguin ne s’est pas privé de courtiser la femme de son ami et on dit que cela a été la cause de la rupture des deux peintres en 1891


1889 – POT EN FORME DE TÊTE (AUTOPORTRAIT)

Force et pouvoir suggestif de cette effigie qui tient à la fois du bock populaire et des vases anthropomorphes péruviens

La tête coupée évoque Saint Jean Baptiste

Gauguin est l’artiste martyr, incompris, persécuté, prompt à s’identifier au Christ

Gauguin est aussi le créateur extra lucide, les yeux sont clos mais il est doté de la vision intérieure


1889 – LE JAMBON

Ce tableau a été suggéré par la nature morte « Le jambon », de Manet

Au centre le jambon sur son plat ovale devant un mur décoré

Influence de Cézanne pour la disposition du verre et des oignons

Gauguin insiste sur une dominante verticale, équilibrée par les courbes de la table, du plat et du jambon

Il reprend les couleurs solaires de ses toiles d’Arles


1889 – NATURE MORTE A L’ESTAMPE JAPONAISE

Un exemple de  peinture pure de l’époque

- chaude et claire harmonie des couleurs

- simplicité de la composition agencée autour de la ligne horizontale du mur

- le vase autoportrait est ici ramené à sa fonction première de vase conçu pour contenir des fleurs

- Gauguin s’amuse volontiers à contredire ce que le symbolisme pouvait comporter de trop dogmatique


1889 – LE CHRIST AU JARDIN DES OLIVIERS

Gauguin voyait en cette toile une œuvre intime, privée, qui avait fort peu de chances d’être comprise

« c’est mon portrait que j’ai fait là … Mais cela veut représenter aussi l’écrasement d’un idéal, une douleur aussi divine qu’humaine, Jésus abandonné de tous, ses disciples le quittent, un cadre aussi triste que son âme »

Couleurs sourdes, froides, avec pour unique note vive le rouge des cheveux et de la barbe

Le 8 novembre 1889 il écrivait à Vincent van Gogh une lettre avec un dessin de ce tableau


1889 – LE CHRIST VERT, CALVAIRE BRETON

Ce tableau montre un calvaire breton typique, celui de Nizon, et la teinte verdâtre que la mousse confère à la pierre donne la tonalité de ce tableau

Tableau structuré autour de diagonales

Choix d’une coloration dominante

Utilisation d’une ancienne œuvre d’art religieuse populaire

Gauguin écrit à Théo van Gogh « Bretagne, superstition simple et désolation. La colline est gardée par un cordon de vaches. J’ai cherché dans ce tableau que tout respire croyance, souffrance passive, style religieux primitif et la grande nature avec son cri »


1889 – LE CHRIST JAUNE

Ce tableau manifeste le synthétisme et le primitivisme breton de Gauguin marqué par les thèmes religieux et le style archaïsant

Il transpose l’image de la crucifixion dans le contexte naturel et humain de Pont-Aven à partir d’une œuvre d’art populaire local, le Christ en bois polychrome de Tremalo (17ème siècle)

Tableau structuré verticalement

Coloration dominante

Utilisation d’une œuvre d’art populaire

Des paysannes en demi cercle au pied de la croix remplacent les pieuses femmes

Elles évoquent par leur disposition, leurs coiffes décoratives, leurs couleurs arbitraires et leur traitement cloisonniste les bretonnes de la « Vision après le sermon »

Les survivances en Bretagne d’un christianisme ancien font irruption dans le présent à travers le style très moderne de l’œuvre


1889 – AUTOPORTRAIT EN CHRIST JAUNE

Gauguin se montre ici sous son aspect ordinaire, l’air réservé, un peu tendu, entre deux de ses œuvres récentes censées représenter les deux versants de sa personnalité

-Le Christ Jaune vu à l’envers car dans un miroir

-Le vase autoportrait en forme de tête grostesque


1889 – DANS LES VAGUES

L’utilisation de la vague comme forme ornementale provient des estampes japonaises

La combinaison de la vague et du nu préfigure les tableaux tahitiens

La puissance suggestive de cette sobre image introduit un des thèmes essentiels de l’art de Gauguin : l’innocence de l’être humain dans son état originel


1889 – LA VIE ET LA MORT, FEMMES SE BAIGNANT

Gauguin a rapproché la figure négative de ce tableau, la femme assise dans une attitude prostrée rappelant celle du tableau « Misères humaines » de la baigneuse de dos du tableau « Dans les vagues »

Symbole de mort : le nu aux chairs bleuâtres de noyé adossé à la diagonale des rochers du Pouldu

Symbole de vie : la baigneuse rousse contre le sable rose, modelée avec réalisme


1889 – DOUBLE PORTRAIT D’ENFANTS

Ce tableau représente la fille et le fils du peintre Schuffenecker qui fut un ami intime de Gauguin et l’un de ses plus fidèles soutiens

Jeanne a sept ans et demi et Paul quatre ans

Les enfants évoquent des poupées et sont disposés et peints comme des objets dans un environnement très abstrait

L’espace est une fiction et seul le dos de la chaise d’enfant relie l’espace de la réalité et celui du tableau

Grands aplats de couleur et dominante des lignes courbes


1889 – LA BELLE ANGELE

Ce tableau de l’été 1889 est un portrait antinaturaliste et symbolique

Marie Angélique Satre y apparaît de face, en buste, dans son costume des jours de fête

Le refus du réalisme de l’image est signifié par le titre en capitales et le cercle en partie coupé qui entoure le personnage

C’est un procédé souvent utilisé par les artistes japonais pour réunir dans une même composition des objets différents sans les mêler

La femme est représentée comme une icône et la poterie d’inspiration péruvienne placée sur la gauche suggère un parallélisme entre deux formes de l’âme primitive : l’antique religiosité bretonne et la mentalité sauvage exotique

La couleur, avec le bleu splendide des deux fonds, sert d’élément unifiant au tableau

Angélique refusa de garder le tableau. Elle avait 21 ans

Ses parents tenaient un bistrot non loin de la pension Gloanec

Elle dira vers 1920 :

« Gauguin était bien doux et bien misérable ; nous l’aimions bien. Pendant qu’il travaillait il ne voulait jamais me laisser regarder sa toile.

Quand il me l’a montrée je lui ai dit « quelle horreur ! » et qu’il pouvait bien le remporter »


1889 – LA PLAGE DU POULDU

Le tracé ornemental des vagues et celui des ondulations du paysage s’inspire d’estampes japonaises que les frères van Gogh avaient contribué à mieux faire connaître à Gauguin


1889 – LES RAMASSEUSES DE VARECH

Ce tableau est le produit d’un processus d’analyse du réel et de l’abstraction

Les femmes récoltent du goémon et le transporte vers le champ pour fertiliser la terre

Ce tableau exprime :

- sensations formelles (couleurs, silhouettes, attitudes)

- sensations émotionnelles (tristesse face à ce  pénible travail toujours recommencé)

- subtils rapports de teintes sombres et délicates

Gauguin écrit « tout est dans les tableaux tout à fait conventionnel, voulu … »

La mémoire et le travail en atelier lui permettent d’agencer les éléments

Les bretonnes sont réparties en trois groupes :

- la file de femmes qui vient de la mer et dont les corps s’amenuisent pour donner l’illusion de la profondeur

- le couple figé qui manie la fourche

-la paysanne assise au premier plan, perdue dans sa rêverie

La  charge émotionnelle réside dans la couleur :

-fumier, couleur ocre avec des reflets jaunes

-sables roses et non jaunes à cause de l’humidité

-mer sombre


1889 – LA GARDEUSE DE VACHES

La jeune paysanne se découpe sur un paysage horizontal et grandiose avec des formes simplifiées et cernées de bleu

Elle est peinte à coups de petites touches hachées

Gauguin exprime la placide résignation des paysannes du Pouldu à travers une simplification des formes et une monumentalité qui ont leur source dans l’intérêt qu’il manifeste alors pour Giotto et les primitifs italiens


1889 – PETITES BRETONNES DEVANT LA MER

En situant ses figures au premier plan devant une portion de la côte du Pouldu traitée en formes synthétiques et en lignes japonisantes, Gauguin leur a conféré une dignité monumentale.

Un critique a écrit « Deux fillettes bretonnes, presque naines, dans des vêtements trop grands, ayant déjà comme des airs de veuves »

Leur coiffure ( la « marmotte ») semblable à un voile monacal donne aux têtes une forme triangulaire et quelque chose d’asiatique.


1889 – AUTOPORTRAIT A L’AUREOLE

Ce panneau a été peint sur la porte d’une armoire de l’auberge de Marie Henry au Pouldu.

Couleurs arbitraires où dominent le jaune et le rouge vif.

Les attributs de Gauguin : l’auréole du martyr, le serpent et les pommes

Le rouge du fond symboliserait l’enfer et l’esprit démoniaque de Gauguin.

Le jaune où s’enfonce la tête d’une façon anormale indiquerait les ailes d’un ange stylisées

Les pommes et le serpent sont une allusion au paradis perdu

Les pommes symboliseraient la tentation : au début la verte, et au moment de la chute, la mûre

En s’associant au serpent, Gauguin se présente aussi en tentateur

Les deux pommes sont sans doute une allusion sexuelle à des plaisanteries dans la maisonnée, provocation liée à la jalousie de Gauguin pour les amours de Marie Henry et de l’ami disgracié : Jacob de Haan


1889 – MEYER DE HAAN

Ce portrait charge du hollandais ornait au Pouldu la salle à manger de l’auberge de Marie Henry.

On y voit de Haan passionné de lectures et de spéculations intellectuelles devant ses livres favoris à la lueur de la lampe de la connaissance.

Il faut rapprocher ce tableau de l’autoportrait de Gauguin à l’auréole car il ornait l’autre porte de l’armoire

Grandes plages de couleurs vives et le même rouge unit le vêtement de de Haan et le fond de l’autoportrait

Le même jaune unit le livre au centre et le buste de Gauguin

On retrouve les mêmes pommes et les deux visages sont également caricaturaux

Le livre jaune est « le paradis perdu » de Milton, un poème religieux sur la connaissance qui valut aux hommes de perdre le paradis, et sur la révolte de Satan et des ses anges contre Dieu


1889 – BONJOUR MONSIEUR GAUGUIN

Dans ce tableau (inspiré par Courbet) Gauguin montre l’autre facette de sa personnalité

Ce n’est plus le mage de la peinture moderne, saint et tentateur, mais l’artiste solitaire et nomade, salué du bout des lèvres par une modeste paysanne

La petite paysanne dit bonjour en passant au peintre arrêté dans sa promenade par une barrière

Le ciel sombre et la lumière d’orage sur la maison indiquent que nous sommes juste avant ou après la pluie

Gauguin est emmitouflé dans sa houppelande et son cache nez bleu et porte son habituel béret de l’époque

Seul portrait où Gauguin se soit peint en pied

Visage solitaire plongé dans de sombres pensées


1890 – NIRVANA, PORTRAIT DE MEYER DE HAAN

Le souvenir tourmenté de son ami devait toujours hanter Gauguin

Dans cette peinture sur soie il présente le peintre hollandais en traditionnel rabbin, savant juif qui transmet la connaissance

Il présente son ami avec des yeux plus bridés devant l’image conjointe de deux tableaux récents

De Haan mourut en 1895 à 43 ans

Il avait fondé une biscuiterie devenue prospère qu’il avait vendu à ses frères contre une rente lui permettant de consacrer son temps à la peinture


1890 – LES CHAMPS AU POULDU

En octobre 1889, délaissant Pont-Aven, « plein de monde étranger abominable » Gauguin s’installe à quelques kilomètres, au Pouldu. « Je suis au bord de la mer dans une auberge de pêcheurs près d’un village de 150 habitants ; je vis là comme un paysan sous le nom de sauvage »

Il séjourne dans la buvette de la plage de Marie Henry

« il me vient comme une bouffée de tristesse que je cherche à mettre sur la toile en exagérant certaines couleurs sombres »

Ce tableau est un bon exemple du style synthétiste appliqué par Gauguin au paysage en 1890

Le site représenté est le vallon de Kerzellec que l’on découvre aux abords immédiats du Pouldu, aux champs entrecoupés de petits bosquets.


1890 – MARTINIQUE

Le voyage de Gauguin à la Martinique est évoqué dans ce bas relief au moyen d’un luxuriant décor de végétation tropicale et à travers la relation entre la séduction et la femme indigène que Gauguin a souvent suggérée dans ses œuvres et dont il a eu l’intuition pendant ce premier séjour dans les îles


1890 – LES MEULES

Paysage exécuté lors de son séjour au Pouldu

Conception rythmique de l’espace organisé selon un étagement concerté des plans successifs

Premier plan traité en frise décorative

Ciel à l’horizon très remonté

Entre les deux des bandes horizontales de factures très différenciées

La paysanne et ses vaches sont réduites à des silhouettes aplaties nettement cernées dont les contrastes de valeurs sombres et claires mettent en relief la variété du second plan


1890 – SOYEZ MYSTERIEUSES

Le modèle tahitien est en train d’apparaître avant la lettre

Le corps de l’ondine bretonne s’est ombré par la patine du bois

Le visage et la mains sont ceux des natives des îles qui l’ont fait rêver, rencontrées à l’exposition universelle

Le visage de droite incarne la lune avec les cheveux rouges de l’ondine, la lune qui régit les liens mystérieux entre la nature et les femmes

A gauche, visage d’une petite bretonne maladive dont le geste ressemble autant à une mise en garde qu’à une prière

Le décor sculpté et peint en vert qui entoure le nu symbolise les vagues et l’écume


1890 – PAYSANNE AU PUITS, AU POULDU

On retrouve les couleurs éclatantes, les formes cernées et les surfaces divisées du synthétisme

Mais Gauguin a tempéré ses théories et reprend la manière impressionniste qu’il avait rejeté pendant deux ans

Sur les murs de pierre, il rend les nuances de teinte et de matière

Il accorde sa touche à la surface : il rend l’herbe, le roc, le chaume et les buissons

Le ciel cache les arbres lointains par une forme floue qui absorbe la lumière

Construction simple et bien ordonnée de l’espace

Les plans horizontaux de l’herbe, de la route et de la cour sont nettement séparés par des divisions verticales construites en perspective ce qui est inhabituel chez Gauguin

Compositions rectangulaires accentuées

Sensation d’un espace cubique qui rappelle Cézanne


1890 – PORTRAIT DE FEMME A LA NATURE MORTE DE

            CEZANNE ( MARIE HENRY )

Gauguin admirait Cézanne et avait acquis la nature morte qui figure au fond de ce tableau avant de rencontrer Cézanne pendant l’été 1881 sous l’égide de Pissaro

Fiers et distants les deux hommes ne se sont pas liés

Parenté de cette toile avec Cézanne par :

Pose en diagonale du modèle dont les bras étendus (l’un plus que l’autre) retiennent l’espace

Visage sans expression

Le volume et la densité du corps sont inaccoutumés chez Gauguin

Les contours brusquement rompus par des parties plus sombres sont caractéristiques de Cézanne

Cézanne disait que Gauguin n’était pas un peintre mais un faiseur « d’images chinoises », c'est-à-dire de figures plates et sans densité

L’identité du modèle est incertaine. Certains considèrent qu’il s’agit de Marie Henry, propriétaire de l’auberge du Pouldu


1890 – LA PERTE DU PUCELAGE, L’EVEIL DU PRINTEMPS

Paysage familier du Pouldu peint de mémoire, résumé en plages de couleurs aux tons sourds et horizontalement rythmé par leurs contours

Le nu couché du premier plan, pour lequel a posé sa maîtresse Juliette Huet, est volontairement grossier, rigide comme un morceau de bois

Symbolisme de l’ensemble renforcé par :

Cortège nuptial au loin dans le paysage désert

Fleur rouge entre les mains de la jeune fille

Le renard, symbole indien de la perversité, qui pose une patte sur son sein en guise de possession et se trouve également associé à l’amour charnel dans le panneau relief « Soyez amoureuses, vous serez heureuse »


1888 – AUTOPORTRAIT DIT « LES MISERABLES »

Avant de séjourner à Arles avec van Gogh de fin octobre à fin décembre 1888 lui envoie son autoportrait

Gauguin se présente en buste de trois quarts contre un fond parsemé de bouquets enfantins avec dans un coin une ébauche du portrait d’Emile Bernard

Les traits sont accentués pour exprimer l’abattement et la tristesse

C’est Gauguin incompris et persécuté comme Jean Valjean, le personnage de Victor Hugo

La teinte rougeâtre du visage entend suggérer la flamme intérieure qui nourrit  la création artistique

Gauguin écrit « le sang en rut inonde le visage et les tons en feu de forge qui enveloppent les yeux indiquent la lave de feu qui embrase notre âme de peintre »

« le petit fond de jeune fille est là pour attester notre virginité artistique »


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