L'Apparition de la famille de l'artiste - 1947


En 1947 Chagall a 60 ans et vient d'être père d'un fils David

Il se penche sur son passé

Sa famille lui apparaît

Il lui est difficile de reconnaître les frères et sœurs qu'il n'a pas revus depuis qu'il a quitté la Russie


Les visages ne sont pas très individualisés, quasiment identiques les uns aux autres

Le peintre flotte dans le ciel assis sur une chaise

Le ciel est celui d'une nuit sur le village de Vitebsk

Un autre ciel est d'un rouge vif

La famille se partage entre les deux ciels

Le père tient la Torah dans ses bras, la mère est maternelle


Une jeune femme au visage vert et en robe rouge se distingue des autres comme un collage

Elle survient dans la scène de famille comme une étrangère

De ses bras ouverts elle appelle le peintre qui appartient encore à Vitebsk et à sa famille

Un petit bonhomme jaune a l'attitude d'un Enfant Jésus dans la crèche

A droite une épouse céleste que la mort n'a pas fait disparaître

En robe rouge c'est Virginia et le petit bonhomme en jaune c'est leur fils, le jeune David


Les toits rouges - 1953


Trois registres superposés, différenciés par la couleur, en diagonales montant de gauche à droite, donnent son caractère dynamique à la composition

- en haut, dans une atmosphère sombre jaillissent de larges zones de couleurs acides

Le motif parisien est réduit à une vision évoquant les rives de la Seine près de Notre Dame au milieu d'arbres en fleurs

- en bas du tableau s'étend une plaine blanche aux couleurs assourdies par la neige des hivers russes

A droite le couple soudé par la taille c'est Chagall et sa femme

La mariée est plus blanche que la neige

Le bouquet aux notes vives ramène le regard vers la  partie centrale du tableau

- la partie centrale en monochrome rouge est une évocation des la ville de Vitebsk où dansent les maisons

La grande silhouette rouge du peintre s'incline devant la ville de son enfance et salue dans le cercle d'une auréole un saint homme juif portant le rouleau de la Torah qui s'élève vers le soleil composé de deux cercles chromatiques

Au centre le Christ en croix, sacrifié, comme l'ont été tous les habitants du quartier juif

La couleur est posée en grande zones plates relativement continues


Tout a disparu de ce monde qu'il évoque

Chagall donne avec ce tableau deux autoportraits

- l'un en rouge, avec la palette et les pinceaux du peintre

- l'autre rappelant son amour pour sa femme

L'équilibre est formé à partir des bandes de teintes de la grande auréole et de la courbure rouge de la silhouette du peintre

Les ponts de la Seine - 1954


Dans les années 50 Chagall peint de nombreuses vues de Paris


La destruction de Vitebsk pendant la guerre et son éloignement définitif de la Russie que tempère son remariage avec Valentine Brodsky, contribuent à distendre ses liens avec son pays natal


Ici le peintre donne une véritable vue aérienne de la ville endormie sur laquelle se détachent une mère et son enfant auréolés par les ailes déployées d'un coq, un âne aux sabot fendus et un couple d'amants


Le tableau est partagé en deux parties, chacune reproduisant couple et animal


Amour maternel et désir amoureux se répondent ainsi d'une rive à l'autre alors que le ciel nocturne enveloppe Paris dans son sommeil

La ferme  -  1954-1962


Dans les toiles tardives de Chagall on constate une plus grande massivité de la forme et un étalement de la couleur en surfaces plus grandes


Pour Chagall l'animal représente "la tranquillité" de l'univers, à laquelle l'agitation de l'homme, le "perturbateur" du cosmos, oppose un fâcheux contraste


Une grande vache jaune aimable, avide de fourrage, s'avance vers sa mangeoire derrière les fermes russes

Une forte paysanne apporte le fourrage

Un coq se précipite pour attraper aussi sa part

La grande surface jaune se répand comme une lumière chaude sur le fond bleu

Accent de rouge de la crête du coq



Portrait de Vava - 1966


Les portraits n'ont jamais intéressé Chagall qui refusa même en 1914 de faire le portrait de son maître Bakst qui voulait par cette commande l'aider financièrement

Il peignait les êtres proches qu'il aimait vraiment

En 1952 Chagall épouse Valentine Brodssky, nommée amicalement Vava


Ce portrait est moins porté sur la vraisemblance que sur sa signification de protectrice et de muse

Bel ovale du visage vert au regard ferme surmontant la colonne puissante du cou

Attentive et recueillie elle est assise en buste au premier plan et semble protéger le monde rêvé du peintre

Chagall place en elle un petit couple d'amoureux, abréviation du bonheur familial

A gauche Vitebsk la nuit avec un poussin volant dans le ciel lunaire

A droite Paris avec l'Opéra qu'il a décoré et la Tour Eiffel

Une tête d'animal rouge et un profil de jeune fille

Le rouge feu de la tête d'animal confère à l a toile sa force de couleur

C'est ce rouge qui met en valeur le vert du visage de Vava

Pour Chagall le vert signifie la lumière spirituelle

Les monnaies du pape - 1967


En 1967 Chagall quitte Vence pour sa nouvelle maison de Saint Paul de Vence située dans un épais bois de jeunes pins

La tranquillité est complète


Grand bouquet de fleurs remplissant toute la surface de la toile, sans personnage et sans accessoires anecdotiques

On aperçoit l'atelier rempli de lumière avec sa grande fenêtre s'ouvrant sur les  bois

La lumière est modulée en gradations claires et subtiles

Feuilles et rameaux se dessinent autour de l'éclat du blanc

La lumière anime toute la surface du tableau

En bas un pot de cyclamens pourpres

A gauche un panier aux fruits jaune d'or

La couleur transforme la réalité en poésie

Le visage bleu  -  1967


Le peintre divise la toile en deux moitiés à peu près égales

A gauche une zone bleue avec au premier plan une forme triangulaire d'un bleu profond

A droite la surface blanche et claire est animée par des taches colorées de jaune de terre, de rose lumineux et de vert champêtre

A gauche le visage lève la main vers la zone multicolore

Derrière lui un visage de femme et une petite cabane russe

En bas à gauche le peintre est à son chevalet

Au-dessus de la main se forme un magnifique bouquet champêtre

Une paysanne tient son enfant dans les bras

Un jeune paysan joue de la flûte

Chagall veut célébrer la simple et naturelle beauté du monde

Pâques  -  1968


C'est le noir et le blanc qui donnent le ton fondamental rehaussé par la lumière rouge du haut brillant comme une lumière sombre

Elle s'ouvre comme une fenêtre sur un astre rouge sang réchauffé par le vert froid complémentaire


On retrouve le village russe, les maisons de bois dont une fenêtre est éclairée par une petite lampe

Une femme s'avance devant la porte

Une lune blanche gigantesque verse sa lumière froide

A gauche quatre juifs âgés prennent leur repas pascal

Ils sont assis en plein air


Un ange s'élève au-dessus d'eux et cache de ses ailes la menace rouge de l'astre ensanglanté

Une tête d'animal jaune regarde avec étonnement l'apparition de l'ange

On peut penser que l'exécution des vitraux d'églises ait conduit Chagall vers le pathétique de la couleur


Notre-Dame en gris - 1955


Chagall disait de Paris "Paris, reflet de mon cœur. Je voudrais m'y fondre, ne point être seul avec moi-même"

L'Opéra de Paris - 1974


En 1963 Malraux demanda à Chagall de peindre le plafond de l'Opéra

Chagall, ému et troublé par cette demande, ne se décidait pas

Sa femme Vava lui conseilla de faire une esquisse


"J'ai voulu refléter en un bouquet les rêves, les créations des acteurs et des musiciens"

Maternité rouge - 1980


La mère, de rouge habillée, présente dans ses bras son enfant nu avec fierté

A ses pieds le peintre avec sa palette dans une main, salue de l'autre en la posant sur sa poitrine et en inclinant la tête

Dans le coin gauche un couple d'amoureux


Par des taches et des traits verts, jaunes, bleus et gris Chagall a brossé un Paris au printemps étendu au pied d'une Tour Eiffel qui monte dans le ciel bleu rejoindre un coq chagallien

Le plafond de l'Opéra de Paris  -  1964


Malraux demanda à Chagall de décorer la coupole de l'Opéra


Il partagea les 220 m2 en cinq zones de couleurs différentes, consacrant chacune d'elle à deux musiciens célèbres, entourés des personnages de leur création

Il réalisa 12 toiles peintes à l'huile, collées sur des panneaux de polyester fixés de façon à ne pas endommager les peintures de son prédécesseurs Lepneveu qui avait fait voler des chérubins


- rouge pour Ravel et Stravinsky (où il se représente lui-même au travail) - Daphnis et Chloé

- blanc cassé de jaune pour Rameau et Debussy - Pelleas et Melisande

- vert pour Berlioz et Wagner - Tristan et Isolde

- bleu pour Moussorgski et Mozart - Boris Godounov

-  jaune pour Tchaïkovski et Adam (auteur du ballet Gisèle) - Le lac des cygnes


Dans le petit cercle de la voûte, autour du lustre, l'artiste a regroupé Beethoven, Gluck, Bizet et Verdi


Les personnages peint dans un mouvement centrifuge semblent flotter dans l'espace et dans la couleur


Pour l'artiste qui affectionne particulièrement l'état d'apesanteur, le plafond de l'Opéra assimilé à la voûte céleste, constitue un lieu d'élection


Il y avait aussi des anges, des amoureux et des monuments de Paris

Le magicien - 1968


Agé de 80 ans Chagall développe ses thèmes à partir des suggestions de la couleur

Il nous montre sur un fond bleu presque monochrome, brisé en prismes multiples comme un cristal magique, un vaste panorama de la ville de Paris

Les ponts, la place de la Concorde, Montmartre …

Au centre un couple d'amoureux est allongé


Chagall pose sur le fond bleu des zones multicolores fortement délimitées comme découpées aux ciseaux


A droite, à partir de formes colorées, se construit un personnage étrange : le magicien ou un peintre avec sa palette

A gauche un quadrilatère d'un rouge profond équilibre les couleurs

Le magicien peintre transforme le monde visible en pure poésie

Le soleil de Poros - 1968


La toile exécutée en 1968 rappelle les jours heureux dans l'île grecque de Poros

Chagall était allé à Poros en 1952 et en 1954

Poros était l'île natale de Daphnis et Chloé dont il illustrai les lithographies

Il fut captivé par la lumière grecque au-dessus de la structure simple du paysage


Il reconnut que le monde grec était l'autre pilier sur lequel reposait notre humanité occidentale dissimulé jusqu'alors à ses yeux par le Temple de Jérusalem


Ordonnance presque géométrique de plans colorés

Le bleu du ciel, le pourpre du disque solaire, les fleurs champêtres de Vence sur un fond vert


Une dormeuse allongée nue et émanant de son rêve un couple d'amoureux, symbole de Daphnis et Chloé

Dans le plan noir une vache fabuleuse mugit en direction de l'astre grec : le soleil de Poros


Le Baou de Saint-Jeannet - 1969


Le Baou de Saint-Jeannet est une saillie rocheuse à pic dans la chaîne de montagne qui domine les collines de Vsence

A ses pieds le hameau de Saint-Jeannet avec en son centre un clocher

Chagall  ne peint jamais devant le motif mais en atelier à partir d'esquisses et du souvenir


Le paysage apparaît dans la lumière nocturne

Sur le bleu sombre du ciel le contour noirâtre de la montagne qui englobe dans son ombre le visage et la vallée

Une petite vache bleue pâture

A gauche un bouquet de fleurs géant éclate vers le haut

A droite un bouquet de fleurs circulaire rayonne la chaleur du jour passé


Le sommet de la montagne prend la forme de deux visages humains appuyés l'un à l'autre (Vava et Marc)

C'est la couleur qui crée le poème visuel : la trame sombre du fond noirâtre, le froid épanouissement du blanc, la lumière chaude du jaune

Fleurs et fruits devant une fenêtre - 1975


Si Chagall a peint de nombreux bouquets de fleurs, ce sont rarement des natures mortes

Une présence éclaire la scène en la faisant apparaître comme un objet d'émerveillement


Ici, Fleurs et fruits, expriment par l'éclat de leurs couleurs et leur abondance le sentiment amoureux

Le motif de la nappe est repris sur la jupe de la jeune fille

Le rouge de son corsage est pareil à celui d'un fruit

Ainsi le bonheur du couple participe directement de la nature généreuse

Adam et Eve chassés du paradis - 1954-1967


L'attention se concentre sur l'arbre de vie, sur l'ange vengeur et sur le couple originel par le jeu des contrastes, le jaune et le rouge se détachant sur le fond vert


L'ange aux ailes déployées montre à Adam et Eve le chemin de l'exil

La maternité représentée en bas à droite est l'image de la douleur mais aussi de l'espoir


Le manteau de Noé - 1931


A la suite des Fables de La Fontaine, Vollard propose à Chagall d'illustrer la Bible

Chagall va visiter la Palestine avec sa famille, s'imprégnant de la lumière et des paysages de la Terre Sainte


Le Manteau de Noé relate le moment où le patriarche s'étant enivré se dévêt par une involontaire impudeur

Détournant son regard de cette nudité, un de ses fils le revêt d'un manteau

Visage empourpré de Noé, étendu avec deux fioles dont une déjà vidée

Air effaré de son fils


Le graphisme malhabile des personnages et les gribouillages colorés du manteau et du paysage vu comme toile de fond confèrent à cette estampe la rudesse primitive propre aux temps de la Genèse

Le Cantique des cantiques - 1960


Pour Chagall le Cantique des cantiques est la célébration poétique de l'amour qui unit l'homme à la femme

Pour Chagall l'amour de l'homme et de la femme ne les enferme pas sur eux-mêmes mais les ouvre à l'immensité de la création


La femme est présente grâce aux lignes de son corps, ventre et poitrine, qui découpent dans le tableau de vastes espaces tournoyants

Dans le ciel où sont célébrées les noces deux personnages tendent un dais au-dessus des époux suivant la coutume hébraïque tandis qu'un ange apporte un chandelier allumé

En haut à droite un acrobate marche sur les mains : il évoque le cirque, thème majeur de la peinture de Chagall


A gauche le peintre s'est représenté au chevalet devant des enfants ce qui évoque les cours qu'il donnait à Vitebsk dans les années 1920-1922 aux enfants défavorisés


Au centre, Vence derrière ses remparts et, en miroir, Vitebsk

Abraham et les trois anges - 1954-1967


L'effet du fond rouge dont un procédé cubiste renforce l'éclat est de repousser les anges vers le spectateur

On a l'impression par un effet d'optique que les ailes des anges battent en dehors du tableau


Toute l'attitude d'Abraham évoque l'acceptation de la volonté divine


Le rêve de Jacob - 1960-1966


Jacob, c'est Israël.

Ce nom devient celui du peuple dont les douze tribus étaient celles de ses douze fils

Alors qu'il partait chercher une femme au pays de sa mère il eut un songe

Une échelle lui apparut dressée vers le ciel sur laquelle montaient et descendaient sans fin des anges

Les anges n'empruntent pas l'échelle mais exécutent autour d'elle de gracieuses circonvolutions

Ces anges acrobates créent une parenté avec les personnages du cirque, thème cher à Chagall

Cette échelle hantera l'œuvre de Chagall et sa quête d'un monde ouvert


Yahvé annonça à Jacob qu'il lui ferait don de la terre sur laquelle il avait dormi

"Je te garderai partout où tu iras et je te ramènerai sur ce sol"


Tableau construit en deux parties:

- à gauche l'échelle fait communique ciel et terre dans les ténèbres avec un désordre d'anges qui vont et qui viennent

En rouge, au centre, flamboyant, un homme qui est l'image de Jacob

On voit aussi Jacob allongé, à peine esquissé, dans le coin inférieur droit du tableau

- à droite un ange emplit le ciel portant une menorah, le chandelier à sept branches qui porte la lumière d'Israël


Une place discrète est faite au Christ dans cette évocation du peuple juif

La lutte de Jacob et de l'ange - 1938


L'hommage de Chagall à la Bible culmine dans la fondation en 1969 du musée niçois consacré au Message Biblique


La lutte de Jacob et de l'ange appartient au cycle du message biblique


Si l'épisode évoque une lutte solitaire se déroulant dans la pénombre, Chagall prend la liberté d'y ajouter une foule et quelques personnages de sa mythologie, fidèle à sa volonté de faire du peuple le témoin de l'histoire biblique

Moïse recevant les Tables de la Loi - 1950-1952


Chagall a le projet de léguer un "message biblique" dans un lieu détaché de tout lien confessionnel dans lequel l'homme pourrait contempler les vieilles légendes religieuses sur son origine

Chagall visite la Terre Sainte en 1931 (avec Bella) et en 1951 (avec Vava) puis en 1957 et en 1962


La composition est dominée par le sombre rocher devant lequel Moïse le visage éclairé de vert reçoit les Tables dorées

A droite un astre sombre surplombé par un oiseau rouge éclaire la moitié droite du tableau d'une lumière surnaturelle dorée comme un reflet des Tables de la Loi

Le peuple juif regarde la scène avec piété

Dans l'ombre du rocher à droite un juif porte le rouleau de la Torah qui renferme et complète la loi primitive

A gauche le gauche le peintre s'est représenté lui-même

Moïse brisant les Tables de la Loi - 1955-1956


A son retour des Etats-Unis, après son installation à Valence, Chagall conçoit l'idée d'un cycle spécifique autour de thèmes bibliques

Il veut substituer un commentaire visuel au commentaire verbal du texte


Chagall voit en Moïse une incarnation du destin du peuple juif

Il dira "Moïse est la source d'où tout provient, même le Christ"


Ce tableau illustre la colère de Moïse

Etirement, agitation, éclairage souligné d'une sorte de halo, couleurs sombres et bizarres font penser au Greco


A droite l'épisode du Veau d'or qui provoque la colère de Moïse

A gauche quatre visages en plan rapproché évoquant les donateurs des tableaux chrétiens du Moyen-Age, dont une maternité porteuse de l'avenir de l'humanité

A droite le tumulte païen à l'origine de la colère de Moïse, à gauche le monde futur soumis à la loi

La lecture du présent au futur se fait de droite à gauche comme on lit l'hébreu

Les Tables de la Loi ne sont pas détruites, contrairement au texte biblique, ce qui anticipe, dans l'imagination de l'artiste le renouvellement de l'Alliance

Ce tableau s'inscrit dans une suite des illustrations de la Bible par Rembrandt plutôt que dans la proximité des recherches formelles des contemporains de Chagall


La nuit - 1953


Au mois de mai 1946 après une absence de six ans Chagall s'est installé à Paris pour trois mois

Il revint définitivement en France en août 1948

A l'automne 1949 il se fixe à Vence


Il veut célébrer son amour pour Paris

Sur un fond nocturne presque monochrome un couple vole dans le ciel accompagné d'un coq qui cabriole

Une fenêtre s'ouvre sur la droite

Une table avec une corbeille de fruits, un bouquet de fleurs, une bouteille et un verre suggèrent un intérieur comme si le couple quittait la table et s'envolait par la fenêtre dans le ciel de Paris


A l'extérieur la Tour Eiffel et l'arc doré d'un pont symbolisant "La ville lumière"

Les saltimbanques dans la nuit - 1957


Après l'éclat lumineux de la piste le cortège des saltimbanques s'avance dans l'espace nocturne que recouvre un ciel de tempête

Le cortège est conduit par le jeune violoniste blême qui lève vers nous un regard perdu comme un masque de tragédie

Il nous regarde fixement en penchant l'oreille vers sa compagne qui  joue de la flûte


Un personnage à tête d'oiseau, presque englouti par l'obscurité, porte une jeune fille chantant à pleine voix

C'est pour symboliser les heures sombres de l'artiste que Chagall connaît bien qu'il a créé la métaphore des Saltimbanques dans la nuit


Le fond d'un bleu noirâtre est presque monochrome

Le noir et blanc acquiert une force colorée

Le magicien de Paris - 1969


Ce magnifique Arlequin offrant d'humbles fleurs des champs à Paris - un Paris superbement dessiné - c'est Chagall faisant don de ses œuvres à la capitale de son cœur qui l'avait accueilli


"J'ai quitté mon pays natal en 1910. A ce moment-là j'ai décidé que j'avais besoin de Paris"

Vue sur Notre-Dame - 1980


En 1980 Chagall a 93 ans

La cathédrale de Paris est vue par son abside

C'est dans ce paysage parisien qu'il habite lorsqu'il séjourne à Paris


Il le transforme en vert paysage feuillu

Suivant sa poétique personnelle il métamorphose ce lieu en un site champêtre

Il y place la superbe nudité d'une jeune beauté qui délaissant sa lecture semble s'offrir à l'amour d'un coq chagallien porteur d'un bouquet et venant du ciel lui rendre son hommage


Harmonie des tons roses et verts dominants mais aussi des jaunes et des bleus qui ajoutent une douceur qui fait rêver à la jeunesse

Soleil sur le village - 1980


Porté par un coq docile, le couple est en harmonie avec l'univers

La lune et le soleil s'unissent aussi en écho de la rencontre amoureuse et illuminent la terre


Chagall respecte ici une distribution rationnelle de l'espace qui s'étage en trois parties distinctes :

- le premier plan où évolue le couple et son étrange monture

- le groupe des maisons

- le ciel que hantent les figures du monde chagallien


La masse plus sombre du village, placée au centre de la composition permet, par contraste, d'éclairer le ciel et la prairie, donnant ainsi à cette gouache une grande fraîcheur


L'artiste a 93 ans


Le Paradis - 1962


La Bible fut toujours pour Chagall moins le texte fondateur d'une religion qu'un immense réservoir poétique


Présence importante des anges et des animaux


Alors que la tradition judéo-chrétienne fait de la femme une coupable dans le prélude de la Chute, Chagall en fait l'objet de  la sollicitude amoureuse de l'homme et partage entre les deux êtres le choix de la réponse à donner au serpent tentateur

L'Arc en ciel, signe d'Alliance - 1931


"Voici que je conclus mon alliance avec vous et avec vos descendants … Il n'y aura plus de déluge pour ravager la terre"


"Je mets mon arc dans la nuée et il deviendra un signe d'alliance entre moi et la terre"

Abraham prêt à immoler son fils - 1931


"Abraham élèva l'autel et disposa le bois, puis il lia son fils Isaac et le mit sur l'autel"


"Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m'as pas refusé ton fils unique"


Le roi David - 1960-1966


David est le prénom du frère de Chagall qu'il peignit en 1914/1915 et qui mourut peu après de la tuberculose en Crimée

C'est aussi celui de son fils, dont il n’avait pas souhaité la venue, alors qu'il aurait bien aimé un fils de Bella

Il fit circoncire son fils David alors que sa mère Virginia n'était pas juive. Il se détacha de son fils plusieurs années après le départ de sa maîtresse Virginia


Dans la nuit qui pèse sur Jérusalem le soleil se lève tandis que le roi David, splendide dans sa robe rouge, la couronne brillante et l'œil vif, joue du luth


Une vision fameuse au double visage :

- une face aimable sur deux seins ronds

- une face sévère

C'est une tentatrice venue tenter le roi musicien et poète qui n'était que berger avant de devenir le roi d'Israël. Ce ne peut être que Bethsabée dont il fut amoureux en la voyant prendre son bain

Un vieux juif s'incline devant le roi après avoir déposé la Bible à ses pieds

Chagall s'est mis en haut à droite dans un coin du tableau


La Bible fut toujours pour Chagall moins le texte fondateur d'une religion qu'un immense réservoir poétique



Le roi David - 1962-1965


Selon une idée hassidique, quand le flot d'amour de Dieu déferla sur le monde, celui-ci éclata en morceaux innombrables et chaque objet conserva une parcelle de l'amour divin

Le peintre doit exprimer cette aura par la "chimie" des formes colorées


David était aussi un grand chanteur qui avait soulagé par son chant la douleur du roi Saül et qui chanta une complainte funèbre pour son ami Jonathan tombé devant les philistins et entra à Jérusalem devant l'Arche de l'Alliance en dansant et chantant


David apparaît en géant de rêve, jouant de la harpe

En bas dans une lumière crépusculaire violette, devant le décor de Vence, une procession de juifs pieux s'avance avec des gestes d'allégresse

A droite un couple de mariés fait penser aux personnages étirés du Greco


A l'arrière-plan devant le décor de Vitebsk qui se dessine sur un ciel d'orage un cortège nuptial s'avance sous un dais rouge

Deux processions qui célèbrent l'amour dans le mariage et l'amour de Dieu

Il appartient au roi David de conduire la procession comme autrefois devant l'Arche de l'Alliance


Bethsabée  - 1962-1963


David agenouillé devant Bethsabée


En arrière-plan la place de la Concorde

Le fils prodigue - 1976


Chagall peint ce tableau en 1976 à 89 ans


Le Fils prodigue c'est lui, qui revient en rêve dans son pays natal à Vitebsk

Tous ceux de jadis sont là pour fêter l'entant du pays

Un coq s'envole dans l'éclat du soleil


Ni père ni fils ne sont dans une position stable

Ebranlés par la même émotion ils semblent se soutenir mutuellement

Aucune démonstration exubérante

L'émotion est intérieure

MARC  CHAGALL  5/7

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