Le lion devenu vieux - 1926-1927


Les Fables ne fournissent à Chagall que le point de départ

Même la morale qui les accompagne ne l'intéressait pas particulièrement

Les gouaches sont d'une imagination jaillissante et transposent les histoires de La Fontaine en scènes fabuleuses orientalisantes

L'imagerie chagallienne fait toujours de l'animal un complice des sentiments humains

Par ses origines Chagall est l'héritier de la tradition orientaliste du conte fabuleux


Malgré les valeurs multicolores violentes : le bleu de l'âne et le violet du taureau, l'harmonie des couleurs est incluse dans un grand accord fondamental

L'accord du brun-rouge du lion, du cheval et de la partie supérieure avec l'ocre doré du plan médian crée une lumière homogène

La souris métamorphosée en fille - 1926-1927


En 1923 Chagall changeant de pays doit s'assimiler

C'est lui qui a eu l'idée de ces illustrations et non Vollard qui a accepté de les éditer

Attiré par le monde rural Chagall n'illustre pas les Fables, il s'en inspire

La Fontaine fait parler les animaux, Chagall aime les peindre : ils devaient s'entendre


Un sorcier fit d'une souris une fille de l'âge de quinze ans et fort jolie

Elle devait épouser le plus puissant personnage de la création

Le soleil se trouva indigne car un nuage pouvait l'arrêter

Le nuage déclina l'offre car le vent pouvait le chasser de contrée en contrée

Le vent accourait mais un mont l'arrêta

Finalement elle épousa un rat

Morale : on tient toujours du lieu dont on vient

Il en faut revenir toujours à son destin c'est-à-dire à la loi par le ciel établie

La silhouette féminine se confond avec celle des montagnes et les couleurs utilisées pour la peindre sont les mêmes que celles employées pour son environnement

Chagall souligne ainsi la relation qui existe entre l'homme, l'animal et l'univers

Selon sa représentation du monde tous les éléments pouvaient communiquer entre eux


La chatte métamorphosée en femme - 1928-1929


Chagall installé à Paris depuis septembre 1923 tente de s'intégrer dans la réalité française avec ce monument de la littérature

Chagall fut victime de propos xénophobes en réalisant les illustrations des Fables

Vollard le défendit : "L'esthétique de Chagall et proche de celle de La Fontaine à la fois dense et subtile, réaliste et fantastique"


"La chatte métamorphosée en femme" conte la transformation d'une chatte aimée en femme adulée que son instinct malheureux reprend lorsque des souris viennent perturber sa nouvelle félicité conjugale : des souris venant grignoter le tapis sur laquelle elle se trouve, elle redevient chatte

Cette jeune personne a un mélancolique visage de chatte, comme une fatalité

Elle semble méditer sur l'impossibilité de contrer le naturel

"qu'on lui ferme la porte au nez, il reviendra par la fenêtre"

Le curé et la mort - 1926


Un curé s'en allait gaiement enterrer un mort au plus vite

"Monsieur le mort, j'aurai de vous tant en argent, et tant en cire, et tant en autres menus coûts …"

Il fondait là-dessus l'achat du meilleur vin des environs

Un heurt survient

Le curé du choc de son mort a la tête cassée

Tous deux s'en vont de compagnie


Tonalité triste et froide composée de gris, de vert et de bleu pâle

Ces couleurs expriment l'omniprésence de la mort

Le grand désordre traduit la sensation d'une catastrophe incontrôlable qui va se produire

Le prêtre est dans une position instable, les bras et les mains ouverts exprimant sa surprise

Le cheval se cabre de peur

Le carrosse se met à dévaler la pente et contrebalance le mouvement ascendant de la partie gauche

Dans la confusion des objets tombent : couronne, bouquet de fleurs et missel

Dans la partie inférieure des lignes souples et blanches accompagnent la chute du carrosse

La mort du curé est suggérée par la translucidité de ses mains similaires à celle du mort dont une partie est visible à travers le cercueil

Le personnage semble commencer à se désagréger

Le loup et l'agneau - 1926


La raison du plus fort est toujours la meilleure

Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure

Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure

Et que la faim en ces lieux attirait …

Le soleil et les grenouilles - 1926


Le soleil songeait à se marier

Les citoyennes des étangs de se plaindre "que ferons-nous s'il lui vient des enfants ? Un seul soleil à peine peut se souffrir. Une demi-douzaine mettra la terre à sec et tous ses  habitants. Adieux joncs et marais; notre race est détruite"


Le lion et le moucheron - 1926


"Va-t-en chétif insecte, excrément de la terre"

C'est en ces mots que le lion

Parlait un jour au  moucheron

L'autre lui déclara la guerre


Entre nos ennemis les plus à craindre sont souvent les plus petits;

Aux grands péril tel a pu se soustraire, qui périt pour la moindre affaire.

Le meunier, son fils et l'âne - 1926


J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils,

L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,

Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,

Allaient vendre leur âne,  un certain jour de foire …


"… que dorénavant on me blâme, on me loue;

Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien;

J'en veux faire à ma tête"


Allez, venez, courez …

Les gens en parleront, n'en doutez nullement.

La fenêtre - 1924


Le 1er septembre 1923 après un séjour de plus d'un an à Berlin, Chagall était de retour à Paris

Son premier séjour en France était marqué par la nostalgie de son pays natal

Son regard est désormais serein

Chagall s'ouvre maintenant à l'étendue de la campagne française

Au mois de juin 1924 il s'installe quelque temps dans l'île de Bréhat au nord de la Bretagne

Contraste entre l'intimité de l'intérieur et l'éclat de la nature libre à l'extérieur

Il s'établit une continuité traduite par le reflet du paysage sur les vitres de même couleur que le ciel


Une douce lumière gris argent illumine la pièce

Une lumière délicate relie les deux zones

Le gris clair et le bleu de la zone de la fenêtre enferment comme dans un cadre la vue sur la fenêtre

Le bleu de la partie supérieure de la fenêtre répond au bleu du nuage

Le gris clair de la fenêtre trouve son écho dans le gris du ciel

Le paysage est peint avec la densité d'une coloration forte et d'un dessin précis

Sur le devant de la prairie des arbres gracieux dans la lumière

Puis le poids plus sombre de la ferme dans la vallée, entourée d'arbres

A l'arrière la pointe se fond dans le plan horizontal de la mer

Légère influence de Cézanne

Idylle - 1925


A cette époque (1925) de nombreux tableaux de fleurs illuminent les tableaux de Chagall

Taille obsédante du bouquet et faible dimension des éléments environnants

A droite un paysage russe où figurent la maison familiale de l'artiste à Vitebsk et la cathédrale orthodoxe

A gauche un intérieur à la fenêtre ouverte

Le bouquet est le lien entre le dedans et le dehors

Un ange en haut à gauche rappelle que l'inspiration de l'artiste est d'ordre divin

Un autre ange plane au-dessus de Vitebsk

La basse-cour du premier plan est un souvenir du foyer russe symbolisé par la chèvre dans l'enclos, chèvre nourricière de chaque maison juive

Une silhouette dans l'arbre est confondue avec le feuillage; c'est le peintre qui marque son goût pour toutes les expressions de la nature

Lors de son séjour à Toulon en 1926 Chagall sera ébloui par la découverte du marché aux fleurs

Un maître du hassidisme "Lorsqu'on prie dans les champs les fleurs s'associent à la voix de la  prière"

Jeu non réaliste de l'artiste avec les proportions

Ce goût des disproportions s'explique par l'étude des icones orthodoxes

La vie paysanne - 1925


Chagall aimait la vie de campagne et cherchait à acquérir un coin de terre

Au premier plan un jeune paysan joyeux portant la blouse blanche des paysans français et la casquette à visière russe donne une betterave à manger à son aimable cheval

Derrière le panorama circulaire du paysage et du ciel dont chaque scène suit la courbure

A gauche une maison russe en rondins rouges

On voit la lampe suspendue et un petit groupe d'hommes qui discutent


Un monsieur s'en va dans une carriole

Un petit couple de paysans danse en sautillant

C'est le bleu soyeux du ciel français qui domine

C'est la lumière du paysage de France qui couvre la toile de son éclat

La maison située obliquement gagne sa ligne de gravitation à partir de la diagonale du cou du cheval

Sa couleur rouge répond au rouge de la casquette

Le jaune de la tête du cheval annonce le jaune du toit

Le cou du cheval, sa crinière et les feuilles de la betterave forment une pyramide de vert

Bella à Mourillon - 1926


Au printemps 1926 Chagall était parti avec Bella au bord de la Méditerranée dans le petit village de Mourillon, aujourd'hui englobé par Toulon


L'atmosphère crépusculaire du bleu modulé jusqu'au blanc remplit tout l'espace d'une lumière monochrome dans laquelle s'intègre la silhouette de Bella

Une aura de tranquillité se dégage de ce bleu

L'imprécision du détail suggère plus qu'elle ne décrit le personnage de Bella


Le simple bouquet de fleurs dans un simple vase célèbre cette tranquillité

Les fleurs créent un subtil passage du violet-bleu au pourpre et au rose clair

Le vert crée le contraste

La peinture très mince laisse subsister de larges morceaux de fond blanc : hommage à Cézanne

Après le Mourillon Chagall fit un court voyage à Nice

Ce fut la première rencontre avec la Côte d'Azur

Quand il revint en France en 1948 après les années de guerre il fut de nouveau attiré par cette région

L'auge - 1925


Une paysanne courbée met en place la mangeoire d'un porc au regard drôle et méchant

Un arbre de grande envergure étend son ombre sur la scène

Paysage du bleu outremer de l'arbre au violet

Le violet se retrouve dans les parties ombrées du vêtement de la paysanne

Vert émeraude du cochon

La grande forme blanche au découpage abstrait donne une lumière antinaturaliste

Note inattendue d'orange sur le flanc du porc

Petit oiseau féérique en bas à droite

Le village russe - 1929


Chagall réussit à rendre naturelle l'échappée du traîneau dans le ciel

Les images de Noël nous ont familiarisé avec la vision de l'émissaire aérien voyageant au-dessus des villages assoupis sous la neige


La route enneigée qui zigzague entre les maisons crée l'illusion de la profondeur

Ainsi la ligne ascendante du traîneau semble être le prolongement du jeu d'obliques contrariées qui s'enfoncent dans le village et que redoublent les toitures


Même si le ciel est parcouru par un traîneau cette toile peut être qualifiée de "réaliste" par l'insistance sur les effets de la perspective classique et par le choix d'une palette homogène à peine rehaussée par le rouge sombre d'une façade de bois

Fruits et fleurs - 1929


La rencontre avec la nature de France avait modifié l'attitude de Chagall vis-à-vis des couleurs

La tonalité violente inspirée par le folklore russe fit place à une collaboration plus subtile

Les contrastes dramatiques des couleurs complémentaires cèdent aux paysages de teintes progressives à partir d'un ton fondamental


Il en résulte une lumière suspendue qui n'est pas un éclairage dirigé par une source lumineuse (le soleil ou une lampe) mais s'écoule des valeurs de l'enveloppe colorée elle-même


L'influence de Cézanne se remarque

L'art de la peinture consiste non à "modeler" mais à "moduler"


Le tableau est un déploiement progressif des teintes du violet (la table) par le vert bleuté (le bouquet) au bleu (le fond)

La tonalité fondamentale est le bleu qui ou bien se refroidit en un vert bleuté ou bien se réchauffe en violet


La lumière bleue rayonne de toute la toile

La couleur matérielle est transformée en lumière colorée immatérielle

Du fond bleu se dégage la silhouette charmante d'une jeune fille au-devant de laquelle se pressent deux génies pour lui rendre hommage

Nu au-dessus de Vitebsk - 1933


Le nu est traité dans une manière qui doit beaucoup au retour à l'ordre de début des années 30 en France

Nu collé arbitrairement au-dessus du paysage urbain

Vitebsk et Bella sont réunis à égalité, se partageant chacun une moitié du tableau

Vitebsk en bas qui appartient à l'enfance et vient du passé

Bella en haut qui appartient au présent et émerge du monde des souvenirs (ils se sont mariés il y a 18 ans)

Une femme nue de dos blottie dans un drap

Référence à un épisode de sa vie : sa mère découvrit, épinglé au mur de sa chambre un nu de Bella qu'elle lui fit décrocher aussitôt

On peut voir dans le bouquet de fleurs isolé une image de Chagall. Dans les années qui suivent l'installation en France les fleurs se substituent parfois aux autoportraits


Les œuvres des années 20 et 30 rendent essentiellement compte de sa découverte, au cours de multiples voyages, de la nature française dont il capte la lumière et qu'il superpose à des évocations de la campagne russe

Mais il réintroduit progressivement une étrangeté dans sa peinture, étrangeté qui se traduit par des distorsions d'échelles, des miniaturisations de personnages, des confusions entre intérieur et extérieur, l'intrusion de bouquets apparemment anodins qu'il charge de présence

Dans ce "Nu" la référence à sa ville natale est posée comme une certitude apaisée

Solitude 1933-1934


En 1931 Vollard a commandé à Chagall une série d'illustrations de la Bible


Chagall s'est embarqué sur le Champollion à destination de la Palestine

Durant le voyage il a eu de longues conversations avec l'écrivain Edmond Fleg qui a publié un essai "Pourquoi je suis juif" et qui a rafraîchit les connaissances de Chagall en matière de judaïsme


Il fut séduit par la lumière de la Palestine et ému par le rayonnement historique et religieux des sites qu'il visita

Son identité juive fut avivée par ce voyage de quatre mois


Un rabbin songeur enveloppé de son châle est assis dans la nature, tenant la Torah sur son cœur

Une vache blanche est couchée près de lui, souriante, un violon posé à côté d'elle


Un ange vole au-dessus d'un village à l'arrière-plan

Le village est paisible et ce n'est pas un drame qui aurait pu causer la solitude


La solitude du rabbin ne peut se jauger que dans sa relation avec Yaweh qui ne s'empresse pas toujours de répondre aux appels des hommes

Solitude de l'homme qui médite sur sa condition

Ce rabbin est moins réaliste que d'autres peints auparavant

Il est plus empreint de souci métaphysique


Le charme du tableau est fait de la juxtaposition silencieuse et paisible du vieux juif, l'air songeur, avec à ses côtés une vachette étendue sur l'herbe

A la méditation humaine répond la présence ingénue du ruminant


En donnant ce tableau au musée de Tel Aviv Chagall a sans doute voulu indiquer symboliquement que la rêverie de son personnage était tournée vers la Terre Promise

La solitude naît d'une attente éternelle au regard de quoi tout n'est que décors tels les toits de Vitebsk qui se profilent à l'horizon

La Révolution - 1937


Au début Chagall était favorable à la révolution en tant que fils d'ouvrier, de juif peu soucieux de s'enfermer dans sa religion

Mais il comprit vite que la dictature était plus forte que la liberté et les bureaucrates que les artistes


Dépité de ne pas avoir été payé pour sa décoration du Théâtre juif il se replia sur son œuvre et son amour en attendant de pouvoir quitter le pays

Chagall n'était pas un peintre d'histoire, l'actualité et la politique n'étaient pas son fort


Ici, deux mondes s'opposent :

- à droite le monde de la vie ordinaire, une famille heureuse sur un toit, des musiciens, un peintre et quelques animaux

- à gauche une masse qui s'avance, armes pointées sous les drapeaux rouges

- au centre un homme aux airs de Lénine fait l'acrobate en se transformant en hampe d'un drapeau russe, sur une table à laquelle est accoudé un juif, porteur des rouleaux de la Torah


Prière et pitrerie sous les yeux d'un âne tranquillement assis sur une chaise

Le monde est une tragi-comédie à laquelle il est difficile de donner un sens

La présence divine ne déserte pas le monde et l'humour renverse les idoles

Mais le chemineau qui passe devant la maison suggère que quelquefois il vaut mieux que le juif s'exile


Si à Paris les milieux artistiques se réclament de thèmes révolutionnaires et que Picasso peint Guernica, l'ancien commissaire aux Beaux-Arts de Vitebsk se lance dans une vaste fresque où le peuple en révolte se rassemble autour de Lénine

Mais le Lénine de Chagall est un Lénine acrobate, tête en bas, pieds en l'air, prenant appui d'une seule main sur une table


La scène est nettement séparée en deux :

- d'un côté la foule compacte

- de l'autre la troupe d'artistes avec le peintre et son chevalet, l'homme violon et, juché sur un toi, un couple avec un enfant

Les deux groupes sont nettement dissociés comme si Chagall voulait montrer que la Révolution n'est pas parvenue à faire fusionner les aspirations individuelles et sociales


Après avoir reconnu aux juifs le droit de citoyenneté à part entière et avoir fait souffler un vent de liberté sur le pays des tsars, la Révolution s'est changée en dictature dont Chagall a très vite senti les premiers dangers

La crucifixion blanche - 1938


Vers 1933 les persécutions des juifs s'annonçaient

L'antisémitisme sévissait également dans certains milieux français

Au printemps 1931 Chagall avait visité la Terre Sainte

De son voyage en Espagne en 1934 et de sa rencontre avec l'œuvre de Greco, Chagall avait conçu le désir de réaliser des grands formats avec des personnages multiples


Au printemps 1935 il séjourne en Pologne où les explosions de haine contre les juifs l'effrayent

En 1937 trois de ses œuvres figurent à l'exposition de l'Art dégénéré à Munich. Il a la prémonition du malheur qui va s'abattre sur l'Europe et sur les juifs


La figure du Christ s'impose à lui

Chagall fréquentait des cercles chrétiens dont celui de Jacques et Raïssa Maritain


Ce tableau rassemble l'horreur et la souffrance en scènes isolées autour de l'image du Christ

Il est le symbole absolu de la douleur

Au milieu dans une raie de lumière blanche l'image gigantesque du crucifié non en tant que sauveur mais en tant que symbole de l'homme juif martyrisé

L'inscription hébraïque "Jésus de Nazareth, roi des juifs" et le châle de prière qui lui ceint les reins indiquent son origine juive


Au pied de la croix, ni Vierge, ni Saint Jean, ni Marie Madeleine mais le chandelier du temple juif (la menorah) et au-dessus de la croix les hommes saints de l'ancien testament

A gauche une bande de soldats se précipite vers le haut d'une colline à l'assaut d'un village en flammes aux maisons bouleversées. Cette horde est accompagnée de deux drapeaux rouges. Hitler prépare la guerre mais Chagall a aussi pensé au pays de Staline où les juifs n'ont pas la vie belle

Un petit groupe de soldats et de femmes poussant des cris traverse la rivière dans la grande barque

A droite un attaquant brûle la synagogue et arrache le rouleau de la Torah

Une femme s'enfuit en protégeant son enfant

Au premier plan à droite un juif avec son sac se précipite vers la Torah qui brûle dans un geste de lamentation

A gauche un homme terrifié regarde la synagogue en flammes pressant contre sa poitrine un rouleau de la Torah

Les scène s'organisent selon un mouvement centrifuge

Seule la croix, éclairée par un rayon lumineux et ponctuée par le chandelier à sept branches marque une certaine stabilité

C'est à la couleur blanc-neige qui noie l'ensemble de la toile qu'est dévolu le rôle d'unifier le désastre


Le thème de la Crucifixion a été abordé par Chagall pour la première fois en 1912 avec Golgotha


L'idée de rédemption au cœur des représentations catholiques (le Christ souffre seul pour le salut de tous) est absente ici


Le Christ est un fils d'Israël et c'est à ce titre qu'il a sa place au centre d'une tourmente dont sont victimes les juifs


Pendant l'été 1939 Chagall vivait dans la région de la Loire

A Pâques 1940 il déménagea à Gordes dans une école désaffectée

Invité à quitte la France par le Museum of Modern Art il refusa d'abord puis devant le sérieux de la situation il s'embarqua à Marseille en avril 1941

Le 23 juin 1941, le jour même où les troupes allemande envahissaient la Russie, Chagall et Bella arrivaient à New-York

L'ange bleu - 1938


Souvent les ciels de Chagall sont parcourus par des anges, intercesseurs du royaume invisible de l'imagination

L'Ange Bleu dont l'attitude rappelle les Annonciations chrétiennes s'incline devant la magnificence d'un bouquet déposé en offrande

A l'arrière-plan à droite l'artiste face à son chevalet peint des croissants de lune alors que se profilent des corps flottant dans l'espace

L'Ange Bleu exprime l'optimisme de Chagall qui devant la montée des périls, qu'il sut également invoquer, affirme sa volonté de continuer à peindre des fleurs

Ecuyère au cheval rouge - 1957


Pour Chagall le cirque n'est pas seulement la représentation amusante d'un monde merveilleux

C'est la représentation de la vie dont les saltimbanques sont les acteurs comme l'étaient les prophètes de la Bible

Pour Chagall le clown est un poète en action


Sur ce tableau, malgré le titre, il ne s'agit pas d'un cheval mais d'une chèvre

Graphisme plein d'entrain et de mouvement

Derrière la jupe de l'écuyère un petit clown espiègle avec le sourire de Chagall

Le cirque à l'étoile - 1965


Cette lithographie fait penser aux plats de céramique que Chagall créait dans les ateliers de Provence

Forme de plat soulignée par la ligne bleue entourant la composition

Belle évocation du monde du cirque avec dans sa partie inférieure gauche un bouquet mis en couleur et qui fait contrepoint à l'astre rouge rayonnant dans la partie supérieure droite

Belle disposition de la couleur jaune d'or

Le Cirque - Frontispice - 1962-1967


Un coq bleu à double tête d'oiseau et de cheval chagallien a  sa queue qui se redresse sur une croupe de vache dont on voit les pis

A gauche un arlequin rose, tête nue, tient un bouquet de fleurs

Une écuyère très aérienne caresse le cou de l'oiseau

En bas un Pierrot fait le grand écart en saluant

Dans le coin supérieur droit une trapéziste au corsage rose surplombe les spectateurs et un clown au visage jaune

Le Cirque -  Ecuyère, clowns et équilibriste - 1962-1967


Cette lithographie est un microcosme où évoluent certains des archétypes de l'univers chagallien

Dans ce monde la couleur explose

La musique est présente par un violoniste en bleu à gauche et un clown flûtiste en gris à droite

La musique pour Chagall est indissociable du cirque et de la vie

Le Cirque -  Le dompteur, la dompteuse, les lions - 1962-1967


Somptuosité des couleurs

Trois lions au travail, un bleu et deux roses, à visage humain, regardent le dompteur ou plus exactement les évolutions de son bâton

Une dompteuse en robe rouge, à cheveux et jambes vertes, attend patiemment que la représentation se termine, se relaxant et soutenant sa tête

Elle est couchée sur un quatrième lion, lui-même étendu, à visage jaune et humain

Derrière la cage de  nombreux spectateurs suivent la scène

Deux clowns suggérés à droite et à gauche


Le Cirque -  L'Ecuyère et le clown amoureux - 1962-1967


Dans le saut le corps reste un moment suspendu dans l'espace

C'est cet instant qui intéresse Chagall quand la pesanteur n'a pas encore obligé le corps à redescendre

Le duo de l'écuyère en vol et du clown qui, fleurs aux bras, semble lui dire son amour, est une rhapsodie en bleu que le clown flûtiste interprète

Le Cirque à l'ange - 1968


Corps entièrement jaune de l'ange qui semble chuter tel Icare

Un clown équestre offre un bouquet devant les gradins des spectateurs

Effets de papiers découpés et collés

Les Saltimbanques - 1969


1969 fut une année de consécrations officielles pour Chagall

Le 4 février pose de la première pierre du Musée National Message Biblique à Nice

En juin inauguration du nouveau parlement à Jérusalem pour lequel il a réalisé une mosaïque murale : Le mur des Lamentations


Cette lithographie des saltimbanque présente :

- une partie inférieure réaliste avec ses quatre saltimbanques évoluant

- une partie supérieure de pur surréalisme chagallien avec des sujets appartenant à la mythologie de l'artiste

Le renard et les raisins - 1926


Mais comme il n'y pouvait atteindre :

"Ils sont trop verts, dit-il, et bons pur des goujats"

Le héron - 1926


Un jour sur ses longs pieds,

Allait je ne sais où

Le héron au long bec emmanché d'un long cou.

Il côtoyait une rivière

L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ….

Le rêve - 1927


A la renverse sur le dos d'un quadrupède à la fois âne et lièvre, une jeune fille contemple, au lieu du ciel, un paysage nocturne identifié en bas à gauche par le disque blanc de la lune


Climat envoûtant créé par la confusion du haut et du bas, par la présence incongrue de l'animal aux longues oreilles et son étrange fardeau

Gamme colorée inhabituelle et facture d'une grande spontanéité, proche des gouaches des fables

Très attiré par le thème aérien de la monture Chagall peindra de nombreuses écuyères portées par des chevaux de cirque et qui seront comme des versions diurnes du rêve

Bella à l'œillet - 1927


Le classicisme de ce portrait est renforcé par l'austérité de l'ample costume noir à grand col blanc

Importance du buste au premier plan comme un socle pour la tête

La gravité du visage de Bella contribue à l'impression générale d'austérité


Richesse du rouge du fond en profonde harmonie avec le noir

Discret rappel de ce rouge au cœur de l'œillet

Durant les années 20, par le rejet de l'horreur des tranchées, l'art revient à des formes néo-classiques

Retour à l'ordre caractérisé par des compositions centrées, la primauté rendue au dessin et un faire lisse et naturaliste

Le Cirque -  Les cyclistes - 1962-1967


Dans le projecteur de lumière trois personnages en équilibre sur un vélo

En haut à droite un orchestre

En bas à droite un clown jonglant avec un cerceau


Le Cirque -  Le clown - 1962-1967


Pour Chagall il n'y a pas de cirque s'il n'y a pas de clown

C'est le personnage central

Le clown c'est aussi la couleur tonitruante en liberté

Le clown est à la fois un acteur comique, un musicien, un acrobate, un équilibriste et un jongleur


Le Cirque -  Les équilibristes aériens - 1962-1967


Cette lithographie est un festival de couleurs par :

- la richesse et l'éclat des couleurs

- le mouvement parallèle des trois équilibristes

- les diagonales des lumières

- les cercles de feu


Les diagonales sont colorées comme des rayons laser

L'échelle allant jusqu'au ciel rappelle le thème biblique de l'échelle de Jacob où les équilibristes seraient les anges

Lignes courbes de la piste et des gradins des spectateurs

Mouvements homothétiques des deux équilibristes

La dimension irréaliste du clown sur la gauche introduit la poétique de Chagall

Oiseau bleu au-dessus du clown

A droite deux têtes, une en vert et l'autre inversée en bleu

La surface de la piste reflète tous les tons employés par l'artiste

MARC  CHAGALL  3/7

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