Le lion devenu vieux -
Les Fables ne fournissent à Chagall que le point de départ
Même la morale qui les accompagne ne l'intéressait pas particulièrement
Les gouaches sont d'une imagination jaillissante et transposent les histoires de La Fontaine en scènes fabuleuses orientalisantes
L'imagerie chagallienne fait toujours de l'animal un complice des sentiments humains
Par ses origines Chagall est l'héritier de la tradition orientaliste du conte fabuleux
Malgré les valeurs multicolores violentes : le bleu de l'âne et le violet du taureau, l'harmonie des couleurs est incluse dans un grand accord fondamental
L'accord du brun-
La souris métamorphosée en fille -
En 1923 Chagall changeant de pays doit s'assimiler
C'est lui qui a eu l'idée de ces illustrations et non Vollard qui a accepté de les éditer
Attiré par le monde rural Chagall n'illustre pas les Fables, il s'en inspire
La Fontaine fait parler les animaux, Chagall aime les peindre : ils devaient s'entendre
Un sorcier fit d'une souris une fille de l'âge de quinze ans et fort jolie
Elle devait épouser le plus puissant personnage de la création
Le soleil se trouva indigne car un nuage pouvait l'arrêter
Le nuage déclina l'offre car le vent pouvait le chasser de contrée en contrée
Le vent accourait mais un mont l'arrêta
Finalement elle épousa un rat
Morale : on tient toujours du lieu dont on vient
Il en faut revenir toujours à son destin c'est-
La silhouette féminine se confond avec celle des montagnes et les couleurs utilisées pour la peindre sont les mêmes que celles employées pour son environnement
Chagall souligne ainsi la relation qui existe entre l'homme, l'animal et l'univers
Selon sa représentation du monde tous les éléments pouvaient communiquer entre eux
La chatte métamorphosée en femme -
Chagall installé à Paris depuis septembre 1923 tente de s'intégrer dans la réalité française avec ce monument de la littérature
Chagall fut victime de propos xénophobes en réalisant les illustrations des Fables
Vollard le défendit : "L'esthétique de Chagall et proche de celle de La Fontaine à la fois dense et subtile, réaliste et fantastique"
"La chatte métamorphosée en femme" conte la transformation d'une chatte aimée en femme adulée que son instinct malheureux reprend lorsque des souris viennent perturber sa nouvelle félicité conjugale : des souris venant grignoter le tapis sur laquelle elle se trouve, elle redevient chatte
Cette jeune personne a un mélancolique visage de chatte, comme une fatalité
Elle semble méditer sur l'impossibilité de contrer le naturel
"qu'on lui ferme la porte au nez, il reviendra par la fenêtre"
Le curé et la mort -
Un curé s'en allait gaiement enterrer un mort au plus vite
"Monsieur le mort, j'aurai de vous tant en argent, et tant en cire, et tant en autres menus coûts …"
Il fondait là-
Un heurt survient
Le curé du choc de son mort a la tête cassée
Tous deux s'en vont de compagnie
Tonalité triste et froide composée de gris, de vert et de bleu pâle
Ces couleurs expriment l'omniprésence de la mort
Le grand désordre traduit la sensation d'une catastrophe incontrôlable qui va se produire
Le prêtre est dans une position instable, les bras et les mains ouverts exprimant sa surprise
Le cheval se cabre de peur
Le carrosse se met à dévaler la pente et contrebalance le mouvement ascendant de la partie gauche
Dans la confusion des objets tombent : couronne, bouquet de fleurs et missel
Dans la partie inférieure des lignes souples et blanches accompagnent la chute du carrosse
La mort du curé est suggérée par la translucidité de ses mains similaires à celle du mort dont une partie est visible à travers le cercueil
Le personnage semble commencer à se désagréger
Le loup et l'agneau -
La raison du plus fort est toujours la meilleure
Un agneau se désaltérait dans le courant d'une onde pure
Un loup survint à jeun, qui cherchait aventure
Et que la faim en ces lieux attirait …
Le soleil et les grenouilles -
Le soleil songeait à se marier
Les citoyennes des étangs de se plaindre "que ferons-
Le lion et le moucheron -
"Va-
C'est en ces mots que le lion
Parlait un jour au moucheron
L'autre lui déclara la guerre
Entre nos ennemis les plus à craindre sont souvent les plus petits;
Aux grands péril tel a pu se soustraire, qui périt pour la moindre affaire.
Le meunier, son fils et l'âne -
J'ai lu dans quelque endroit qu'un meunier et son fils,
L'un vieillard, l'autre enfant, non pas des plus petits,
Mais garçon de quinze ans, si j'ai bonne mémoire,
Allaient vendre leur âne, un certain jour de foire …
"… que dorénavant on me blâme, on me loue;
Qu'on dise quelque chose ou qu'on ne dise rien;
J'en veux faire à ma tête"
Allez, venez, courez …
Les gens en parleront, n'en doutez nullement.
La fenêtre -
Le 1er septembre 1923 après un séjour de plus d'un an à Berlin, Chagall était de retour à Paris
Son premier séjour en France était marqué par la nostalgie de son pays natal
Son regard est désormais serein
Chagall s'ouvre maintenant à l'étendue de la campagne française
Au mois de juin 1924 il s'installe quelque temps dans l'île de Bréhat au nord de la Bretagne
Contraste entre l'intimité de l'intérieur et l'éclat de la nature libre à l'extérieur
Il s'établit une continuité traduite par le reflet du paysage sur les vitres de même couleur que le ciel
Une douce lumière gris argent illumine la pièce
Une lumière délicate relie les deux zones
Le gris clair et le bleu de la zone de la fenêtre enferment comme dans un cadre la vue sur la fenêtre
Le bleu de la partie supérieure de la fenêtre répond au bleu du nuage
Le gris clair de la fenêtre trouve son écho dans le gris du ciel
Le paysage est peint avec la densité d'une coloration forte et d'un dessin précis
Sur le devant de la prairie des arbres gracieux dans la lumière
Puis le poids plus sombre de la ferme dans la vallée, entourée d'arbres
A l'arrière la pointe se fond dans le plan horizontal de la mer
Légère influence de Cézanne
Idylle -
A cette époque (1925) de nombreux tableaux de fleurs illuminent les tableaux de Chagall
Taille obsédante du bouquet et faible dimension des éléments environnants
A droite un paysage russe où figurent la maison familiale de l'artiste à Vitebsk et la cathédrale orthodoxe
A gauche un intérieur à la fenêtre ouverte
Le bouquet est le lien entre le dedans et le dehors
Un ange en haut à gauche rappelle que l'inspiration de l'artiste est d'ordre divin
Un autre ange plane au-
La basse-
Une silhouette dans l'arbre est confondue avec le feuillage; c'est le peintre qui marque son goût pour toutes les expressions de la nature
Lors de son séjour à Toulon en 1926 Chagall sera ébloui par la découverte du marché aux fleurs
Un maître du hassidisme "Lorsqu'on prie dans les champs les fleurs s'associent à la voix de la prière"
Jeu non réaliste de l'artiste avec les proportions
Ce goût des disproportions s'explique par l'étude des icones orthodoxes
La vie paysanne -
Chagall aimait la vie de campagne et cherchait à acquérir un coin de terre
Au premier plan un jeune paysan joyeux portant la blouse blanche des paysans français et la casquette à visière russe donne une betterave à manger à son aimable cheval
Derrière le panorama circulaire du paysage et du ciel dont chaque scène suit la courbure
A gauche une maison russe en rondins rouges
On voit la lampe suspendue et un petit groupe d'hommes qui discutent
Un monsieur s'en va dans une carriole
Un petit couple de paysans danse en sautillant
C'est le bleu soyeux du ciel français qui domine
C'est la lumière du paysage de France qui couvre la toile de son éclat
La maison située obliquement gagne sa ligne de gravitation à partir de la diagonale du cou du cheval
Sa couleur rouge répond au rouge de la casquette
Le jaune de la tête du cheval annonce le jaune du toit
Le cou du cheval, sa crinière et les feuilles de la betterave forment une pyramide de vert
Bella à Mourillon -
Au printemps 1926 Chagall était parti avec Bella au bord de la Méditerranée dans le petit village de Mourillon, aujourd'hui englobé par Toulon
L'atmosphère crépusculaire du bleu modulé jusqu'au blanc remplit tout l'espace d'une lumière monochrome dans laquelle s'intègre la silhouette de Bella
Une aura de tranquillité se dégage de ce bleu
L'imprécision du détail suggère plus qu'elle ne décrit le personnage de Bella
Le simple bouquet de fleurs dans un simple vase célèbre cette tranquillité
Les fleurs créent un subtil passage du violet-
Le vert crée le contraste
La peinture très mince laisse subsister de larges morceaux de fond blanc : hommage à Cézanne
Après le Mourillon Chagall fit un court voyage à Nice
Ce fut la première rencontre avec la Côte d'Azur
Quand il revint en France en 1948 après les années de guerre il fut de nouveau attiré par cette région
L'auge -
Une paysanne courbée met en place la mangeoire d'un porc au regard drôle et méchant
Un arbre de grande envergure étend son ombre sur la scène
Paysage du bleu outremer de l'arbre au violet
Le violet se retrouve dans les parties ombrées du vêtement de la paysanne
Vert émeraude du cochon
La grande forme blanche au découpage abstrait donne une lumière antinaturaliste
Note inattendue d'orange sur le flanc du porc
Petit oiseau féérique en bas à droite
Le village russe -
Chagall réussit à rendre naturelle l'échappée du traîneau dans le ciel
Les images de Noël nous ont familiarisé avec la vision de l'émissaire aérien voyageant
au-
La route enneigée qui zigzague entre les maisons crée l'illusion de la profondeur
Ainsi la ligne ascendante du traîneau semble être le prolongement du jeu d'obliques contrariées qui s'enfoncent dans le village et que redoublent les toitures
Même si le ciel est parcouru par un traîneau cette toile peut être qualifiée de "réaliste" par l'insistance sur les effets de la perspective classique et par le choix d'une palette homogène à peine rehaussée par le rouge sombre d'une façade de bois
Fruits et fleurs -
La rencontre avec la nature de France avait modifié l'attitude de Chagall vis-
La tonalité violente inspirée par le folklore russe fit place à une collaboration plus subtile
Les contrastes dramatiques des couleurs complémentaires cèdent aux paysages de teintes progressives à partir d'un ton fondamental
Il en résulte une lumière suspendue qui n'est pas un éclairage dirigé par une source
lumineuse (le soleil ou une lampe) mais s'écoule des valeurs de l'enveloppe colorée
elle-
L'influence de Cézanne se remarque
L'art de la peinture consiste non à "modeler" mais à "moduler"
Le tableau est un déploiement progressif des teintes du violet (la table) par le vert bleuté (le bouquet) au bleu (le fond)
La tonalité fondamentale est le bleu qui ou bien se refroidit en un vert bleuté ou bien se réchauffe en violet
La lumière bleue rayonne de toute la toile
La couleur matérielle est transformée en lumière colorée immatérielle
Du fond bleu se dégage la silhouette charmante d'une jeune fille au-
Nu au-
Le nu est traité dans une manière qui doit beaucoup au retour à l'ordre de début des années 30 en France
Nu collé arbitrairement au-
Vitebsk et Bella sont réunis à égalité, se partageant chacun une moitié du tableau
Vitebsk en bas qui appartient à l'enfance et vient du passé
Bella en haut qui appartient au présent et émerge du monde des souvenirs (ils se sont mariés il y a 18 ans)
Une femme nue de dos blottie dans un drap
Référence à un épisode de sa vie : sa mère découvrit, épinglé au mur de sa chambre un nu de Bella qu'elle lui fit décrocher aussitôt
On peut voir dans le bouquet de fleurs isolé une image de Chagall. Dans les années qui suivent l'installation en France les fleurs se substituent parfois aux autoportraits
Les œuvres des années 20 et 30 rendent essentiellement compte de sa découverte, au cours de multiples voyages, de la nature française dont il capte la lumière et qu'il superpose à des évocations de la campagne russe
Mais il réintroduit progressivement une étrangeté dans sa peinture, étrangeté qui se traduit par des distorsions d'échelles, des miniaturisations de personnages, des confusions entre intérieur et extérieur, l'intrusion de bouquets apparemment anodins qu'il charge de présence
Dans ce "Nu" la référence à sa ville natale est posée comme une certitude apaisée
Solitude 1933-
En 1931 Vollard a commandé à Chagall une série d'illustrations de la Bible
Chagall s'est embarqué sur le Champollion à destination de la Palestine
Durant le voyage il a eu de longues conversations avec l'écrivain Edmond Fleg qui a publié un essai "Pourquoi je suis juif" et qui a rafraîchit les connaissances de Chagall en matière de judaïsme
Il fut séduit par la lumière de la Palestine et ému par le rayonnement historique et religieux des sites qu'il visita
Son identité juive fut avivée par ce voyage de quatre mois
Un rabbin songeur enveloppé de son châle est assis dans la nature, tenant la Torah sur son cœur
Une vache blanche est couchée près de lui, souriante, un violon posé à côté d'elle
Un ange vole au-
Le village est paisible et ce n'est pas un drame qui aurait pu causer la solitude
La solitude du rabbin ne peut se jauger que dans sa relation avec Yaweh qui ne s'empresse pas toujours de répondre aux appels des hommes
Solitude de l'homme qui médite sur sa condition
Ce rabbin est moins réaliste que d'autres peints auparavant
Il est plus empreint de souci métaphysique
Le charme du tableau est fait de la juxtaposition silencieuse et paisible du vieux juif, l'air songeur, avec à ses côtés une vachette étendue sur l'herbe
A la méditation humaine répond la présence ingénue du ruminant
En donnant ce tableau au musée de Tel Aviv Chagall a sans doute voulu indiquer symboliquement que la rêverie de son personnage était tournée vers la Terre Promise
La solitude naît d'une attente éternelle au regard de quoi tout n'est que décors tels les toits de Vitebsk qui se profilent à l'horizon
La Révolution -
Au début Chagall était favorable à la révolution en tant que fils d'ouvrier, de juif peu soucieux de s'enfermer dans sa religion
Mais il comprit vite que la dictature était plus forte que la liberté et les bureaucrates que les artistes
Dépité de ne pas avoir été payé pour sa décoration du Théâtre juif il se replia sur son œuvre et son amour en attendant de pouvoir quitter le pays
Chagall n'était pas un peintre d'histoire, l'actualité et la politique n'étaient pas son fort
Ici, deux mondes s'opposent :
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Prière et pitrerie sous les yeux d'un âne tranquillement assis sur une chaise
Le monde est une tragi-
La présence divine ne déserte pas le monde et l'humour renverse les idoles
Mais le chemineau qui passe devant la maison suggère que quelquefois il vaut mieux que le juif s'exile
Si à Paris les milieux artistiques se réclament de thèmes révolutionnaires et que
Picasso peint Guernica, l'ancien commissaire aux Beaux-
Mais le Lénine de Chagall est un Lénine acrobate, tête en bas, pieds en l'air, prenant appui d'une seule main sur une table
La scène est nettement séparée en deux :
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-
Les deux groupes sont nettement dissociés comme si Chagall voulait montrer que la Révolution n'est pas parvenue à faire fusionner les aspirations individuelles et sociales
Après avoir reconnu aux juifs le droit de citoyenneté à part entière et avoir fait souffler un vent de liberté sur le pays des tsars, la Révolution s'est changée en dictature dont Chagall a très vite senti les premiers dangers
La crucifixion blanche -
Vers 1933 les persécutions des juifs s'annonçaient
L'antisémitisme sévissait également dans certains milieux français
Au printemps 1931 Chagall avait visité la Terre Sainte
De son voyage en Espagne en 1934 et de sa rencontre avec l'œuvre de Greco, Chagall avait conçu le désir de réaliser des grands formats avec des personnages multiples
Au printemps 1935 il séjourne en Pologne où les explosions de haine contre les juifs l'effrayent
En 1937 trois de ses œuvres figurent à l'exposition de l'Art dégénéré à Munich. Il a la prémonition du malheur qui va s'abattre sur l'Europe et sur les juifs
La figure du Christ s'impose à lui
Chagall fréquentait des cercles chrétiens dont celui de Jacques et Raïssa Maritain
Ce tableau rassemble l'horreur et la souffrance en scènes isolées autour de l'image du Christ
Il est le symbole absolu de la douleur
Au milieu dans une raie de lumière blanche l'image gigantesque du crucifié non en tant que sauveur mais en tant que symbole de l'homme juif martyrisé
L'inscription hébraïque "Jésus de Nazareth, roi des juifs" et le châle de prière qui lui ceint les reins indiquent son origine juive
Au pied de la croix, ni Vierge, ni Saint Jean, ni Marie Madeleine mais le chandelier
du temple juif (la menorah) et au-
A gauche une bande de soldats se précipite vers le haut d'une colline à l'assaut d'un village en flammes aux maisons bouleversées. Cette horde est accompagnée de deux drapeaux rouges. Hitler prépare la guerre mais Chagall a aussi pensé au pays de Staline où les juifs n'ont pas la vie belle
Un petit groupe de soldats et de femmes poussant des cris traverse la rivière dans la grande barque
A droite un attaquant brûle la synagogue et arrache le rouleau de la Torah
Une femme s'enfuit en protégeant son enfant
Au premier plan à droite un juif avec son sac se précipite vers la Torah qui brûle dans un geste de lamentation
A gauche un homme terrifié regarde la synagogue en flammes pressant contre sa poitrine un rouleau de la Torah
Les scène s'organisent selon un mouvement centrifuge
Seule la croix, éclairée par un rayon lumineux et ponctuée par le chandelier à sept branches marque une certaine stabilité
C'est à la couleur blanc-
Le thème de la Crucifixion a été abordé par Chagall pour la première fois en 1912 avec Golgotha
L'idée de rédemption au cœur des représentations catholiques (le Christ souffre seul pour le salut de tous) est absente ici
Le Christ est un fils d'Israël et c'est à ce titre qu'il a sa place au centre d'une tourmente dont sont victimes les juifs
Pendant l'été 1939 Chagall vivait dans la région de la Loire
A Pâques 1940 il déménagea à Gordes dans une école désaffectée
Invité à quitte la France par le Museum of Modern Art il refusa d'abord puis devant le sérieux de la situation il s'embarqua à Marseille en avril 1941
Le 23 juin 1941, le jour même où les troupes allemande envahissaient la Russie, Chagall
et Bella arrivaient à New-
L'ange bleu -
Souvent les ciels de Chagall sont parcourus par des anges, intercesseurs du royaume invisible de l'imagination
L'Ange Bleu dont l'attitude rappelle les Annonciations chrétiennes s'incline devant la magnificence d'un bouquet déposé en offrande
A l'arrière-
L'Ange Bleu exprime l'optimisme de Chagall qui devant la montée des périls, qu'il sut également invoquer, affirme sa volonté de continuer à peindre des fleurs
Ecuyère au cheval rouge -
Pour Chagall le cirque n'est pas seulement la représentation amusante d'un monde merveilleux
C'est la représentation de la vie dont les saltimbanques sont les acteurs comme l'étaient les prophètes de la Bible
Pour Chagall le clown est un poète en action
Sur ce tableau, malgré le titre, il ne s'agit pas d'un cheval mais d'une chèvre
Graphisme plein d'entrain et de mouvement
Derrière la jupe de l'écuyère un petit clown espiègle avec le sourire de Chagall
Le cirque à l'étoile -
Cette lithographie fait penser aux plats de céramique que Chagall créait dans les ateliers de Provence
Forme de plat soulignée par la ligne bleue entourant la composition
Belle évocation du monde du cirque avec dans sa partie inférieure gauche un bouquet mis en couleur et qui fait contrepoint à l'astre rouge rayonnant dans la partie supérieure droite
Belle disposition de la couleur jaune d'or
Le Cirque -
Un coq bleu à double tête d'oiseau et de cheval chagallien a sa queue qui se redresse sur une croupe de vache dont on voit les pis
A gauche un arlequin rose, tête nue, tient un bouquet de fleurs
Une écuyère très aérienne caresse le cou de l'oiseau
En bas un Pierrot fait le grand écart en saluant
Dans le coin supérieur droit une trapéziste au corsage rose surplombe les spectateurs et un clown au visage jaune
Le Cirque -
Cette lithographie est un microcosme où évoluent certains des archétypes de l'univers chagallien
Dans ce monde la couleur explose
La musique est présente par un violoniste en bleu à gauche et un clown flûtiste en gris à droite
La musique pour Chagall est indissociable du cirque et de la vie
Le Cirque -
Somptuosité des couleurs
Trois lions au travail, un bleu et deux roses, à visage humain, regardent le dompteur ou plus exactement les évolutions de son bâton
Une dompteuse en robe rouge, à cheveux et jambes vertes, attend patiemment que la représentation se termine, se relaxant et soutenant sa tête
Elle est couchée sur un quatrième lion, lui-
Derrière la cage de nombreux spectateurs suivent la scène
Deux clowns suggérés à droite et à gauche
Le Cirque -
Dans le saut le corps reste un moment suspendu dans l'espace
C'est cet instant qui intéresse Chagall quand la pesanteur n'a pas encore obligé le corps à redescendre
Le duo de l'écuyère en vol et du clown qui, fleurs aux bras, semble lui dire son amour, est une rhapsodie en bleu que le clown flûtiste interprète
Le Cirque à l'ange -
Corps entièrement jaune de l'ange qui semble chuter tel Icare
Un clown équestre offre un bouquet devant les gradins des spectateurs
Effets de papiers découpés et collés
Les Saltimbanques -
1969 fut une année de consécrations officielles pour Chagall
Le 4 février pose de la première pierre du Musée National Message Biblique à Nice
En juin inauguration du nouveau parlement à Jérusalem pour lequel il a réalisé une mosaïque murale : Le mur des Lamentations
Cette lithographie des saltimbanque présente :
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Le renard et les raisins -
Mais comme il n'y pouvait atteindre :
"Ils sont trop verts, dit-
Le héron -
Un jour sur ses longs pieds,
Allait je ne sais où
Le héron au long bec emmanché d'un long cou.
Il côtoyait une rivière
L'onde était transparente ainsi qu'aux plus beaux jours ….
Le rêve -
A la renverse sur le dos d'un quadrupède à la fois âne et lièvre, une jeune fille contemple, au lieu du ciel, un paysage nocturne identifié en bas à gauche par le disque blanc de la lune
Climat envoûtant créé par la confusion du haut et du bas, par la présence incongrue de l'animal aux longues oreilles et son étrange fardeau
Gamme colorée inhabituelle et facture d'une grande spontanéité, proche des gouaches des fables
Très attiré par le thème aérien de la monture Chagall peindra de nombreuses écuyères portées par des chevaux de cirque et qui seront comme des versions diurnes du rêve
Bella à l'œillet -
Le classicisme de ce portrait est renforcé par l'austérité de l'ample costume noir à grand col blanc
Importance du buste au premier plan comme un socle pour la tête
La gravité du visage de Bella contribue à l'impression générale d'austérité
Richesse du rouge du fond en profonde harmonie avec le noir
Discret rappel de ce rouge au cœur de l'œillet
Durant les années 20, par le rejet de l'horreur des tranchées, l'art revient à des
formes néo-
Retour à l'ordre caractérisé par des compositions centrées, la primauté rendue au dessin et un faire lisse et naturaliste
Le Cirque -
Dans le projecteur de lumière trois personnages en équilibre sur un vélo
En haut à droite un orchestre
En bas à droite un clown jonglant avec un cerceau
Le Cirque -
Pour Chagall il n'y a pas de cirque s'il n'y a pas de clown
C'est le personnage central
Le clown c'est aussi la couleur tonitruante en liberté
Le clown est à la fois un acteur comique, un musicien, un acrobate, un équilibriste et un jongleur
Le Cirque -
Cette lithographie est un festival de couleurs par :
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Les diagonales sont colorées comme des rayons laser
L'échelle allant jusqu'au ciel rappelle le thème biblique de l'échelle de Jacob où les équilibristes seraient les anges
Lignes courbes de la piste et des gradins des spectateurs
Mouvements homothétiques des deux équilibristes
La dimension irréaliste du clown sur la gauche introduit la poétique de Chagall
Oiseau bleu au-
A droite deux têtes, une en vert et l'autre inversée en bleu
La surface de la piste reflète tous les tons employés par l'artiste
MARC CHAGALL 3/7