97 Saint-
Le chrétien Denis, après avoir été décapité à Montmartre, prit sa tête dans ses mains et marcha vers le nord avant de s’écrouler. Sainte Geneviève fit bâtir une chapelle à cet emplacement, chapelle qui devint plus tard, basilique et nécropole des rois de France
Sujet du tableau elle est pourtant reléguée au loin de l’autre côté de la Seine. Turner l’inclut dans une scène nocturne. Les soirs de pleine lune lui permettent de brosser une ambiance mystérieuse.
Il joue avec les silhouettes des personnages au premier plan, qui se détachent en
contre-
Des bateliers déchargent des fûts sur des brouettes, en présence de leurs épouses et de leurs enfants
L’éclairage soigné dégage une forte intensité en dépit de la simplicité de la scène
Cette aquarelle fait partie des 40 études qui furent ensuite gravées pour un ouvrage « Vues sur la Seine », publié dès 1834
107 Marseille, le vieux port 1838
Marseille : le Vieux-
Aquarelle de 14cm sur 19cm
A la fin de l’été 1828 Turner décide de se rendre à Rome. Il passe par Paris, Orléans,
Clermont-
Puis il passa par la côte sud de la France et trouva que « toute la côte de Nice à la Spezzia est remarquablement accidentée et splendide»
« Dans le sud de la France j’ai failli succomber de chaleur, en particulier à Nîmes et Avignon ; avant de me plonger dans la mer à Marseille, je me sentais si faible que seuls les changements du paysage m’incitaient à poursuivre vers ma lointaine destination »
1838 Le phare de Marseille depuis la mer
Il s’agit d’une aquarelle et d’une gouache sur papier bleu. Turner a adopté ce medium comme un hommage à la lumière et à la chaleur du Midi.
14 Coucher de soleil au-
Turner avait réalisé des vues de la Seine et de la Loire. Il répondait ainsi à une demande croissante d’albums illustrés par une clientèle qui aspire à découvrir le monde sans quitter le confort de son salon. Ces aquarelles sont traduites en gravures.
En 1833 il décide d’étudier d’autres fleuves européens. Il est particulièrement enchanté par le cadre naturel de la Meuse et de la Moselle. Il déploie dans ces aquarelles des effusions de couleur pure.
A cette époque le mouvement romantique connaît sa plus grande extension. Dans toute
l’Europe les œuvres de nombre d’écrivains, artistes et poètes, exaltent le culte
des ruines, considérées comme les vestiges d’histoires nationales prestigieuses.
On pense qu’il s’agit du château de Beilstein sur la Moselle. La majesté des ruines
est soulignée par l’usage du contre-
Turner exploite également la couleur bleue du support, qui lui permet de faire ressortir les couleurs de sa palette : le rouge, l’orangé, le jaune mais aussi l’indigo et le violet
Ruskin écrira « De telles choses existent bien que l’on puisse en douter »
117 Un col en Suisse (36*51)
Au cours de ses nombreux périples Turner fait plusieurs haltes en Suisse
Sur la page vierge il dispose d’abord les grandes masses colorées de sa composition, en appliquant de larges zones de lavis transparents, avec trois ou quatre couleurs seulement.
Le lavis est une technique picturale consistant à n’utiliser qu’une seule couleur qui sera diluée pour obtenir différentes densités de couleur
Les tonalités choisies dépendent du moment de la journée et des conditions atmosphériques qu’il souhaite évoquer. Il peut ensuite frotter l’ensemble de la feuille pour adoucir et éclaircir la couleur, avant d’appliquer un nouveau lavis transparent, obtenant un effet translucide et brillant.
Ensuite quelques coups de pinceaux plus sombres achèvent d’indiquer les volumes, et d’équilibrer les zones d’ombre et de lumière. Cette dernière étape est visible dans cette aquarelle : de vigoureux coups de pinceau recouvrent des zones plus claires, où transparaissent les traits de crayon de l’esquisse ;
Le paysage représenté est un col montagneux en Suisse. Au cours du 19ème siècle les jeunes aristocrates et artistes perpétuent la tradition du Grand Tour, voyage initiatique à la découverte du patrimoine européen. Pétris d’idées romantiques ils incluent à leur périple quelques haltes dans les montagnes. Devant des sommets encore inexplorés, ils éprouvent la dimension du « Sublime », que beaucoup de peintres et de poètes tenteront ensuite de traduire dans leurs œuvres. Turner est particulièrement sensible à cette notion de Sublime
Par Richard Doyle (1846) (9*11)
Doué d’un talent précoce Turner ne tarde pas à s’attirer de vives critiques en raison de son emploi peu conventionnel de la couleur
Il est l’objet de caricatures qui se moquent de sa manière de peindre. On parle à son propos de « chromomanie » ou de « fièvre jaune » devant l’usage prétendument inconsidéré qu’il fait du jaune, du chrome et du vert viridien
Le vert viridien est une couleur pour artiste appréciée pour sa transparence à l’aquarelle et en glacis. Le glacis est une couche de couleur posée en fin de travail pour augmenter la profondeur des teintes et régler l’harmonie colorée du tableau
Cette caricature est une gravure sur bois réalisée par un célèbre illustrateur de l’époque, Richard Doyle, plus connu pour ses illustrations de contes
Il s’appuie sur le vif contraste entre la mise soignée du peintre respectable, coiffé
d’un haut de forme, et son comportement rustre face à la toile : au lieu de tenir
sa palette, il brandit un vulgaire balai-
Les ragots sur Turner vont bon train : on suggère qu’il mélange les couleurs directement sur la toile, ou bien qu’il l’agresse avec toutes sortes de projectiles, dont des œufs, ou même qu’il se rend à l’Académie la veille des expositions annuelles avec des toiles inachevées, qu’il macule au dernier moment …
Turner ne se laisse pas démonter et poursuit ses recherches qui le mènent à des visions chromatiques qui confinent à l’abstraction
127 Soir du déluge 1843 (79*79)
Vers la fin de sa vie Turner revient sur le thème du Déluge.
Sur cette toile le Déluge est décrit avec des couleurs sombres et boueuses, dans un esprit proche de ce qu’on a appelé le « Sublime historique » des premières toiles de l’artiste
Les deux images sont emportées dans un vaste tourbillon, d’où les coups de pinceau circulaires
Turner venait de lire « Farbenlehre » (La Théorie des couleurs) de Goethe et ses annotations sur le livre montrent qu’il fit un gros effort pour la comprendre.
Il était sceptique sur de nombreuses affirmations de Goethe. Mais plus tard il reconnut que Goethe « laisse faire le génie dans ce livre ».
Turner est tout à fait content quand Goethe donne au jaune, la couleur préférée de Turner, une place prédominante démontrant que c’est la première dérivation de la lumière la plus intense et qu’il a un effet tranquillisant et légèrement excitant.
L’analyse de Goethe est basée sur un cercle chromatique qui comprend des couleurs «positives » et des couleurs « négatives ». Les rouges, les jaunes et les verts sont des couleurs positives qui s’identifient avec le bonheur, la gaité et la joie et expriment la chaleur. Bleu, couleur froide, exprime l’obscurité. Bleu et ses dérivés, les pourpres et les violets suggèrent le chagrin et la tristesse.
Il se dégage de ce tableau une atmosphère lugubre.
Le dessin en tourbillon exprime le profond pessimisme de Turner. La sensation d’une catastrophe imminente est donnée par le ciel arqué chargé d’eau et le rideau de pluie balayant le paysage.
Les animaux en cortège cherchent le chemin de leur refuge.
Un vol d’oiseaux formant aussi un arc s’éloigne dans le lointain, augmentant l’impression d’abandon et de désolation
127 Matin du Déluge
Cette œuvre peut se lire comme une interprétation personnelle des théories exposées par Goethe dans son « Traité des couleurs ». S’il se montre sensible à ses théories sur les relations entre l’ombre et la lumière, Turner refuse de considérer que l’obscurité est l’absence de lumière comme le prétendait Goethe. Il estime même que l’obscurité n’existe pas à l’état naturel. En marge de son exemplaire du traité de Goethe, Turner avait même écrit « Un rayon suffit à illuminer le monde »
Le jaune domine comme si Turner cherchait à contredire Goethe qui voyait le jaune comme une couleur positive et active. Turner en use ici pour décrire la tragédie de l’humanité.
Turner a utilisé les couleurs « positives » de Goethe, peut-
Ce tourbillon nous entraîne vers la figure de Moïse, occupé à rédiger la Genèse.
Noé qui aurait été, ne serait-
Au centre de la composition on voit le bâton de Moïse transformé en Serpent d’airain. Ce bâton est le sujet principal de la composition.
Les bulles de la terre qui ont une figure humaine sont une allusion à la théorie de Goethe qui disait que l’on peut voir l’origine des couleurs prismatiques sur la surface d’une bulle.
Elles indiquent aussi la nature transitoire de l’existence comme le montrent les vers que Turner publia dans le catalogue de l’Académie :
« L’arche tenait bon sur l’Ararat ; le soleil de retour exhalait les bulles humides de la terre, et émule de la lumière,
Réfléchissait ses formes perdues, sous le masque prismatique »
Ce tableau illustre la tristesse fondamentale de Turner, car comme l’écrivit Ruskin « Sans maison accueillante dans son enfance, sans ami dans sa jeunesse, sans amour dans l’âge d’homme et sans espoir dans la mort » Turner fut presque contraint de devenir pessimiste.
Ruskin « Il n’y eut jamais solitude plus terrible que celle de ce grand homme … Turner n’était pas sûr qu’après sa mort il serait mieux compris que de son vivant … Les louanges qu’il reçut furent pauvres et superficielles »
129 Départ pour le bal (San Martino) 1846
Turner a 72 ans lorsqu’il peint cette toile. Le peintre a découvert Venise pour la première fois en 1819. Il y séjourne à trois reprises, produisant des dizaines d’aquarelles et une trentaine de toiles. Toutes sont d’une grande simplicité. C’est le cas de cette toile à dominante jaune, où des embarcations conduisent quelques noceurs vers un des bals masqués de la ville
Alors que Turner a peint à maintes reprises les éléments déchaînés des tempêtes, il est intéressant de noter que ses vues de Venise sont toujours calmes, propices à l’étude des reflets sur l’eau. Ce qui l’intéresse c’est la qualité soluble de la lumière dans la lagune. Les formes et la matière semblent se dissoudre dans le soleil couchant. Cette toile inachevée semble préfigurer le mouvement impressionniste
131 Plage de Calais à marée basse
Dès la signature du traité d’Amiens en 1802, Turner se rend sur le continent. Cette vue de Calais fut exposée à l’Académie en 1830
Sur la gauche on aperçoit dans le prolongement de la jetée la masse sombre du Fort Rouge. Construit par Vauban, ce bastion en bois sur pilotis sera démantelé en 1864.
A marée basse, de nombreux pêcheurs courbés en deux récoltent des appâts pour leurs lignes
Cette toile est un exemple de coucher de soleil devenu un thème récurrent du peintre. Il domine la moitié de la composition et éclaire les étendues de sable, d’eau et de ciel, unies par de subtils mélanges de couleur
Turner a toujours montré le plus vif intérêt pour les nouveaux pigments. Dès l’apparition du jaune de chrome en Angleterre il l’adopte sans réserve au point d’être moqué pour son usage excessif de cette couleur. L’intensité des jaunes lui permet de traduire l’ambiance particulière qui règne au coucher du soleil, quitte à s’éloigner de la réalité
1803 BONNEVILLE, SAVOIE AVEC LE MONT BLANC
Dans cette vue une rivière s’incurve sans grand effort en direction d’un pont et de montagnes. Nous nous déplaçons d’un pas tranquille à travers le paysage
En France, Turner a été influencé par Poussin
La tasse de thé renversée
Turner avait malencontreusement renversé une tasse de thé sur la robe de prix, car de tissu rare, de la petite fille de son hôte et pour se faire pardonner il réalisé cette petite aquarelle
1831 PETWORTH
Lors d’une visite à Petworth il réalisa des esquisses à la gouache et à l’aquarelle destinées à son usage personnel en souvenir de cet environnement « solide, libéral, riche et anglais » où il se sentait particulièrement à l’aise.
Elles offrent des aperçus sur la vie qu’on menait dans la demeure de lord Egremont
Un récital en soirée dans la bibliothèque blanche
Les invités de Petworth dont Turner faisait partie appréciaient l’intimité des soirées conviviales dans des pièces grandioses
Le comte d’Egremont témoignait de son sens de l’hospitalité à des artistes et écrivains aussi bien qu’à ses amis aristocrates
Turner savourait la liberté qui lui était donnée de faire des explorations et de peindre
1793 Turner a 18 ans et il se fait un nom dans le milieu artistique en exposant des aquarelles d’architecture très abouties comme cet « Intérieur d’un réfectoire en ruine du prieuré de Saint Martin
1806 Les ponts de Walton
En 1806 prépare son support sur une couche de couleur claire au lieu des tons terreux et chauds traditionnels pour la peinture à l’huile. Cela donne de la fraîcheur et de la luminosité à ses toiles
115 Le soleil écarlate (14*19) 1835
Tuner a brossé ce coucher de soleil sur du papier bleu pâle, dont la couleur transparaît clairement dans le bas de la composition
Turner employait des papiers à moyen ou fort grammage, tissés dans des fibres de lin, plus difficiles à travailler que les papiers courants à base de coton
Le papier était trempé dans une solution à base de gélatine pendant sa fabrication, puis mis à sécher, ce qui le rendait relativement peu absorbant. Il suffisait alors de l’humidifier juste avant de le peindre pour le libérer de cette couche externe et rendre au papier sa capacité d’absorption. La première couche d’aquarelle appliquée par le peintre séchait donc très rapidement et gardait des contours nets
Le pont et les bâtiments gris-
Ces couches de couleur très diluées, presque transparentes, ont pour effet de souligner la présence des détails, ajoutés par des empâtements de pigments opaques
Sur le bras de terre, à gauche, les éléments comme la charrette et les chevaux ont été figurés avec de l’ocre brun sur un lavis jaune. De même le jaune pur des reflets du soleil recouvre un lavis rouge à la surface de l’eau
Ainsi, à partir d’une palette restreinte, Turner obtient de puissants contrastes en jouant sur les trois couleurs primaires : le magenta, le jaune et le bleu du papier
Est souvent posée la question : Turner était-
On ne peut l’intégrer dans un mouvement qui s’affirmera dans quarante ans mais si un impressionniste est celui qui recrée le monde en saisissant les nuances de couleur qui évoluent selon l’heure de la journée et les conditions atmosphériques on peut considérer qu’il fut un précurseur
Monet était un admirateur de Turner dont il a dit qu’il « peignait les yeux ouverts ». Le célèbre Soleil levant de Monet a un air de famille avec ce Soleil couchant
1819 1er voyage à Venise
Il consigna une somme considérable de références dans vingt carnets
1833 2ème voyage à Venise
Le peintre accentue l’éclat des constructions qui bordent le canal en allongeant leurs reflets sur l’eau.
1840 3ème voyage
Vers la fin de sa vie Turner fut obsédé par la beauté de Venise. Il était fasciné par les palais et les églises gris perle qui se reflètent dans les canaux et se dissolvent dans l’atmosphère brumeuse
1840 Lever de soleil
Pour Turner le soleil n’était pas seulement un objet physique. On dit qu’il a affirmé que le soleil était Dieu
Le soleil de Turner brûle dans le ciel comme la source ultime de la vie sur la Terre
1803 CHATEAU DE SAINT MICHEL BONNEVILLE SAVOIE
Turner réalisa deux vues du même lieu : Bonneville
Dans ce tableau la route rectiligne à gauche mène de manière dynamique le regard vers le lointain
1819 La campagne à l’est de Rome
Turner est le premier artiste à expérimenter le jaune de chrome présent en Angleterre à partir de 1814
1838 Gênes Turner visite Gênes en 1828 et y retourne dans les années 1830. Il produit une série d’études dans des couleurs vives
EXPOSITION TURNER A L’HOTEL CAUMONT D’AIX EN PROVENCE
EXPOSITION TURNER A L’HOTEL CAUMONT D’AIX EN PROVENCE