LA DANSE DE LA MARIEE
LA DANSE DE LA MARIEE
L’heure est à la fête
Les paysans dansent allègrement au son
de la cornemuse, bavardent, boivent et s’embrassent
La mariée prend part aux festivités,
elle est au milieu de la foule, robe sombre et cheveux dénoués
Les coiffes et les
tabliers blancs des femmes forment un joli contraste avec le brun et le rouge qui
prédominent
Cette toile est la première d’une série de peintures dans lesquelles Breugel
a peint des paysans dansant et faisant la fête
(Danse de la mariée, Repas de noce,
Danse des paysans)
Breugel se plaisait à assister à des fêtes paysannes
Au 16ème siècle
la vie à la campagne n’était pas une sinécure ; les gens devaient travailler dur
et n’avaient pas souven assez à manger
Ils aspiraient à faire bombance, se saouler
pour oublier leurs soucis et attendaient avec impatience les fêtes de famille et
les kermesses qui étaient leur seule forme de divertissement
C’est pour ces frasques
que les citadins les méprisaient
Comme les citadins étaient les clients de Breugel,
certains pensent qu’il faille lire ces peintures comme une critique du comportement
des gens de la campagne
Les invités se laissent aller à la gloutonnerie et à l’appétit
sexuel (les trois hommes du premier plan)
La mariée qui a quitté sa place à la table
du fond (sous une couronne sur la tenture) danse avec un homme âgé, sans doute son
père car le marié n’était pas encore autorisé à danser avec elle
Gamme des couleurs
en crescendo constant depuis l’arrière plan jusqu’au centre et à l’avant du tableau
L’artiste
a introduit dans ce déploiement effréné une impression d’ordonnance avec les trois
couples du premier plan encadrés à droite par la silhouette du joueur de cornemuse
et à gauche par celle du spectateur
A droite un spectateur considère le laisser aller
des paysans avec plus de septicisme que de sympathie
LE DENOMBREMENT DE BETHHLEEM
LE DENOMBREMENT DE BETHLEEM
Le dénombrement de Behléem est un thème rarement abordé
en peinture
Breugel situe la scène dans un village brabançon aux prises avec l’hiver
; l’hiver 1564-
Cette peinture montre comment
on percevait les impôts aux Pays Bas : les paysans font la file devant une auberge
dont la fenêtre est surmontée d’une couronne verte et d’une enseigne avec les armoiries
de l’empereur. Ils sont là pour payer leur tribut aux percepteurs qui eux sont bien
au chaud à l’intérieur
On voit un homme qui paie son obole au collecteur tandis qu’un
scribe l’enregistre
La Vierge à dos d’âne et Joseph se perdent dans la foule
Cette
image de la vie d’un village plaisait car les gens de l’époque portaient intérêt
à tout ce qui était populaire et faisait partie de la vie du quotidien
Dans les œuvres
de Bruegel l’homme et la nature sont inextricablement mêlés
Vie quotidienne d’un village
flamand : les gens qui se pressent pour entrer et se mettre au chaud, les cochons
que l’on tue en prévision de l’appétit des voyageurs, l’arrivée des grands tonneaux,
les poules qui picorent activement
Au fond les gens se chauffent devant un grand feu,
un arbre creux sert de cabaret de fortune, les enfants se battent avec des boules
de neige, construction d’un hangar en bois, des enfants font du traîneau sur la glace
Beaucoup
de mouvement sur la glace de la rivière qui sert de voie de communication avec l’autre
partie du village dont on voit l’église à l’arrière plan gauche
Un soleil hivernal
rouge se lève, en partie caché par le grand arbre devant l’auberge
Joseph et Marie
ne sont que deux personnages comme les autres
A droite la petite hutte délabrée se
distingue par la croix qui surmonte le pignon : c’est la hutte où Marie devrait mettre
au monde l’Enfant
L’architecture visible à l’arrière plan évoque par les tours et
les portes la cité d’Amsterdam
LA PREDICATION
DE JEAN-
LA PREDICATION DE SAINT JEAN BAPTISTE
Dans un paysage boisé St Jean Baptiste s’adresse
à la foule et parle de l’arrivée du Messie : il le montre du doigt
Dans la foule toutes
les couches de la population : paysans, soldats, moines et civils
Le choix souligne
le caractère universel du message de St Jean Baptiste
Les esprits favorables à la
Réforme préconisaient des sermons en plein air
Certains pensent qu’il s’agit d’un
prêche protestant en plein air mais on ne sait si Bruegel était un adepte de la Réforme
Mais
Breugel était aussi lié avec le cercle des Erasmiens, catholiques anticléricaux favorables
à ces rassemblements en plein air
D’autres pensent que ce tableau doit être interprété
comme une dénonciation de la répression
Le Christ est reconnaissable à son vêtement
clair presque lumineux, à son isolement relatif et au bras gauche de Jean Baptiste
dirigé vers lui
Au centre un homme se fait dire la bonne aventure par un bohémien
; il est juste dans la verticale du Christ
Ceux qui se faisaient dire la bonne aventure
étaient frappés d’anathème
Tout le premier plan est laissé aux ennemis du Christ :
à droite, conversation de deux pharisiens et pose attentiste du soldat qui surveille
L’ADORATION DES MAGES DANS LA NEIGE -
L’ADORATION DES MAGES DANS LA NEIGE – WINTHERTUR
Scène biblique transposée dans un
paysage brabançon contemporain
L’étable de la Sainte Famille, à l’extrême gauche du
tableau passe quasiment inaperçue
Le véritable sujet de l’œuvre est la vie quotidienne
Les
bras chargés de fagots et la tête entre les épaules les gens ont hâte de rentrer
chez eux
Dans la glace de l’étang gelé ils ont creusé un trou pour y puiser l’eau
Ce
paysage sous la neige est le seul où il neige vraiment
Bruegel a représenté les flocons
de neige de façon à rendre le flou qu’ils jettent et qui brouille la vue
Petite toile
de 35*58 cm
Deux mages sont agenouillés devant la Vierge ; Joseph reste en arrière
Jusqu’à
la porte à l’arrière plan, la route couverte de neige est occupée par la suite des
Mages et leurs animaux de bât
L’édifice de droite suggère une église romane et par
sa fenêtre à trois ouvertures la présence de la Sainte Trinité
CONVERSION DE SAINT PAUL
CONVERSION DE SAINT PAUL
Saül faisant la chasse aux chrétiens fut frappé par la foudre,
terrassé au sol et interpellé par Dieu lui demandant de devenir un disciple de Jésus
Saül
tombant de cheval se perd dans la foule qui l’entoure. A droite, un cavalier vu de
face regarde le spectateur et montre Saül du doigt
Imposant paysage montagneux avec
d’énormes masses rocheuses qui évoquent les Alpes
Un régiment de soldat escalade les
rochers par d’étroits sentiers pour faire halte à l’endroit où Saül est tombé de
cheval
Saül, baptisé Paul, se mettra à prêcher la doctrine de Dieu
Le thème de la conversion
de St Paul et de la conversion en général était très actuel à cette époque de grande
confusion religieuse
Certains pensent que cette œuvre se réfère au duc d’Albe traversant
les Alpes sur sa route vers les Pays Bas, mais rien ne confirme cette hypothèse
Convention
maniériste qui consistait à reléguer à l’arrière plan le sujet principal de la composition
Saül
est représenté comme un rude capitaine barbu ; son uniforme bleu le fait ressortir
sur le sol
Longue ascension interminable sous les escarpements et le long des défilés
alpestres sinistres ; ce qui signifie que la conversion en apparence soudaine est
un chemin long et ardu vers la vérité
La fin du chemin semble n’être nulle part :
une immense armée serpente dans l’angle supérieur droit sous des nuages menaçants
Le
cavalier vêtu de jaune dans l’angle inférieur droit résume en une courbe symbolique
la direction de toute la troupe
Elément de stabilité fourni par la montagne au centre
et les magnifiques cyprès sombres
REPAS DE NOCE
REPAS DE NOCE
Cette peinture est exemplaire de l’iconographie bruegelienne
Dans une
grange trône une longue table à laquelle les convives ont pris place
Ils boivent de
la bière servie dans des cruches et s’envoient d’énormes portions de riz
La jeune
mariée est assise devant le rideau d’honneur accroché au mur des bottes de paille
Robe
noire et elle est la seule femme de l’assemblée à ne pas porter de coiffe
Son époux
n’est pas à ses côtés car la coutume veut qu’il serve les invités. C’est sans doute
lui qui prend des plats sur le plateau
Le plateau est une porte sortie de ses gonds
et portée par deux solides domestiques
Les trois hommes installés à droite de la table
ne sont pas des paysans : un moine et un noble avec une épée qui pourrait être le
propriétaire de la ferme
Un enfant assis au premier plan est très occupé à se lécher
les doigts
L’homme à gauche semble ne jamais devoir finir de remplir des pichets de
vin
Si Bruegel a voulu évoquer le miracle de Cana il l’a fait de façon à stigmatiser
ce qui se passe ici : toute la scène est dominée par la gloutonnerie plus que par
la solennité de l’heure
Tous, sauf la mariée, ses parents, le marié et les deux invités
ne pensent qu’au vin et à la nourriture
Un joueur de cornemuse fixe sur les porteurs
de nourriture un regard plein de convoitise
Le moine se plaint-
LA DANSE DES PAYSANS
LA DANSE DES PAYSANS
C’est la fête au village : le couple qui accourt entraîne le
spectateur dans son sillage. Les convives affluent ; certains dansent déjà. Un joueur
de cornemuse met de l’ambiance tandis qu’un homme déjà éméché lui tend une cruche
A
table trois individus impliqués dans une discussion animée (et arrosée)
Deux de ces
hommes semblent vouloir faire un pari que le troisième veut empêcher pour éviter
une bagarre
Derrière eux un homme et une femme se bécotent mais leur baiser est dépourvu
de joie
Mais les seuls qui semblent vraiment s’amuser sont les deux enfants qui jouent
dans le coin inférieur gauche
Un jeune homme seul regarde vaguement la danse
Les maisons
sont belles, tout est riche
Bruegel veut-
Les classes supérieures qui commandaient ce genre de tableau
avaient peu d’estime pour le comportement débridé des paysans
Bruegel porte sur les
acteurs un regard à la fois doux et légèrement accusateur
La danse est péché est c’est
sottise que de trop danser
Surtout que c’est peut-
Le seul bâtiment qui compte est l’estaminet
dont l’immense drapeau écrase la gravure de la Vierge
Un homme d’un certain âge avec
un visage peu agréable entraîne vers le centre du tableau une matrone d’un air stupide
sans même se retourner vers elle
Dans les coquilles de noix sur le sol on peut voir
une allusion symbolique à ceux qui abandonnent leur bien le plus précieux ( le salut)
« pour une noisette » comme les Deux Singes avaient abandonné leur liberté