LA FENAISON
LA FENAISON
Cette peinture fait partie d’une série de six, intitulée « les mois »
(il en reste cinq)
La tradition de représenter les mois ou les saisons remonte aux
miniatures qui enluminaient les calendriers des Livres d’Heures
La Fenaison est consacrée
aux mois de juin et juillet
Vaste paysage décliné dans les tons jaunes et vert frais
Quelques
touches d’un rouge chaud mais sans violence
C’est la moisson du début de l’été
Au centre
des paysans chargent le foin dans une charrette
Dans le coin inférieur gauche un homme
aiguise sa faux
Trois jeunes femmes portent un rateau ; leur visage de profil, de
face et de trois quarts
Des paysans portent des paniers de fraises et de cerises
Présentation
des scènes par de tranquilles bandes parallèles
Le chemin au premier plan donne le
rythme
On voit se succéder
Le repos, l’homme qui aiguise sa faux
Un mouvement vers la
gauche, les trois femmes
Un mouvement vers la droite avec animation mais sans hâte
Etonnante
unité du groupe des trois femmes due en partie au rythme vif du pas des trois femmes
Breugel
a perçu une harmonie complète des êtres humains avec la nature
Ils sont rayonnants
de bonheur car ici ils échappent à la fois à l’oisiveté et au poids du travail
LA MOISSON
LA MOISSON
Bruegel nous fait ressentir le poids des travaux des champs à travers
ce paysage doré sous le soleil d’été
Deux paysans coupent le blé mûr avec une faux
Un
autre avec une cruche d’eau s’avance vers ses compagnons
Des femmes rassemblent les
épis coupés et les lient en gerbe
Pour d’autres c’est la pause sous l’arbre
Illustration
des mois d’août et de septembre
Après le dynamisme de La Fenaison on ressent une certaine
pause justififée par la chaleur torride
La grande masse centrale des blés domine d’autres
champs plus petits et écrase presque tout de son jaune souverain
Seul le grand poirier
isolé fait équilibre aux étendues de blé qui sur la gauche semblent engloutir les
moissonneurs
Dans le coin où l’on mange, boit et dort Bruegel fait apparaître l’homme
comme l’esclave de ses besoins
A gauche un paisible paysage de campagne avec des prés
Sur
le pré communal des paysans s’amusent
A droite sur une colline boisée une église au
toit bleu
En arrière la brume se confond avec le ciel
LA MOISSON
LA RENTREE DES TROUPEAUX
Evocation des mois d’octobre et novembre
Montagnes et rochers
car Bruegel a puisé dans ses souvenirs des Alpes
Transhumance : on ramène dans la
vallée les troupeaux qui ont passé l’été sur les alpages
Ciel sombre et menaçant
Arbres
dénudés de toute feuille
Près de la rivière la roue, le gibet et le pendu ajoutent
au caractère sinistre
La nature s’assombrit et se replie sur elle-
Au second plan
à droite scènes de vendanges
Le cortège du troupeau et le fleuve en diagonales parallèles
conduisent l’œil de la droite vers la gauche
Le paysan de gauche et les deux vaches
qui arrivent dans la même direction que lui reéquilibrent vers la droite
La marche
de la masse du troupeau évoque le moment culminant du retour
Brun doré des bêtes qui
se marie avec les champs et les arbres
Un taureau blanc au premier plan résume le
troupeau, sa force et son retour
Le cavalier, ses deux compagnons à pied, le troisième
homme à pied et l’arbre solitaire ferment la marche
RETOUR DES CHASSEURS DANS LA NEIGE
RETOUR DES CHASSEURS DANS LA NEIGE
Evocation des mois de décembre et de janvier
Le
blanc est la couleur prédominante
Trois chasseurs rentrent chez eux avec un modeste
butin
A gauche des gens font un grand feu de bois, sans doute pour flamber un cochon
Vaste
paysage enneigé émaillé de rivières, de hameaux et d’étangs gelés sur lesquels jouent
les enfants
Un oiseau noir vole haut dans le ciel
Au fond la neige est sale et boueuse
Palette
de blancs nuancés en contraste avec la couleur uniformément sombre des arbres
Bruegel
est attaché à une tradition médiévale qui considère la vie de l’homme comme dépendant
du cycle de l’année
Dans « Dénombrement de Bethléem », il a peint le cochon que l’on
tue et que l’on saigne ; ici, il s’agit du moment où l’on flambe le cochon
Bruegel
a remplacé la chasse au lapin, usage courant, par la chasse au renard
Au loin un microcosme
hivernal est dépeint avec une richesse de détails (des pompiers éteignent un feu
de cheminée)
Monumentalité de l’architecture du tableau
Le cortège des chasseurs et
de leurs chiens est disposé en une diagonale ininterrompue, accentuée par les arbres
majestueux, qui se prolonge jusqu’à l’arrière plan du tableau
Cette diagonale avec
celle de la pente de la colline du premier plan donne de la force au premier plan
du tableau et crée l’équilibre sans lequel la richesse des détails donnerait de la
confusion
Avec son coloris réduit à quelques teintes étouffées et la netteté hivernale
du trait ce tableau offre un fort contraste avec la richesse des couleurs de la moisson
LA JOURNEE SOMBRE
LA JOURNEE SOMBRE
Ce tableau évoque les mois de février ou mars
A droite : un paysan
élague un bouleau, un autre ramasse les branches coupées et en fait des fagots, dans
le village un homme retape la façade de sa maison
Deux joyeux lurons mangent des gauffres
Un
enfant porte une lanterne (allusion à la fête de Mardi Gras)
Le soleil de l’auble
éclaire la façade blanche de la maison
En bas à gauche, un cocher s’affaire, une femme
et un enfant aident le père éméché, un musicien joue de la musique
Un toit en mauvais
état est en cours de réparation
La tempête de la nuit a laissé des traces comme ces
bateaux qu’elle a fait chavirer
Vaste panorama d’eau, de montagnes et de ciel
Les vagues
ont du creux et les navires sont en danger
Le ciel reste noir
Tout le coloris est obscurci
par le temps sombre à l’exception des teintes gaies qui signalent le travail et les
réjouissances
Remarquable filigrane des arbres au centre du tableau qui se détache
sur des maisons, une langue de terre, de l’eau, des montagnes et le ciel nuageux
LES PATINEURS
LES PATINEURS
Paysage d’hiver intimiste ; petit format : 38*56
On a l’impression d’un
paysage peint d’après nature sans intention symbolique
Sérénité de ce paysage baignant
dans une lumière veloutée et tamisée
La glace menace de céder sous le poids des enfants
qui patinent
Une trappe menace les ébats des oiseaux ; la trappe symbolise l’œuvre
du diable cherchant à faire valoir son emprise sur l’âme de l’homme souvent représentée
sous la forme d’un oiseau
La vie est plus périlleuse qu’on ne le croit
Pour l’homme
du 16ème siècle la nature était pleine de dangers
Deux corbeaux placés sur la branche
en avant plan évoque la mort qui guette à chaque tournant
Prépondérance de noir, blanc
et gris brun
Pas de figure directrice
Le décor est paisible et trompeur
Le corbeau en
haut à droite se détache comme un avertissement aux oiseaux qui s’ébattent près de
la planche
Il faut tenir compte des avertissements : ceci s’applique aussi aux hommes
Les
hommes au centre du tableau sont représentés de la même taille apparente que les
deux oiseaux perchés sur une branche
LE MASSACRE DES INNOCENTS -
LE MASSACRE DES INNOCENTS -
Le massacre est situé dans un village flamand
de l’époque de Bruegel, mais Bruegel n’a pas atténué les aspects d’horreur du récit
biblique
Le massacre est représenté comme une scène d’hiver car il a lieu tout de
suite après la naissance du Christ
Le groupe des guerriers cuirassés est conduit par
un homme barbu à cheval qui fait penser au duc d’Albe ; certains pensent que dans
cette peinture Breugel a voulu évoquer le climat de terreur de l’inquisition
Ce tableau
peut aussi illustrer la soumission des villages flamands à l’impôt et sa perception
forcée par la gendarmerie
On force l’entrée des maisons et on les fouille pour y retrouver
d’autres victimes
Au second plan une phalange de chevaliers en cottes de maille forme
un barrage décisif et terrible
Derrière eux il n’y a que des maisons sur lesquelles
est tombé le silence, des arbres nus et un ciel d’hiver couleur de plomb
Il existe
une autre version du massacre expurgée du corps des victimes remplacés par des animaux
ou des sacs