Annonciation (San Martino alla Scala)
1481 Offices
Composition scandée verticalement par les trois pilastres peints en grisaille et horizontalement par les lignes fuyantes des pavements en perspective
Derrière Marie agenouillée on aperçoit l’intérieur de sa chambre à coucher.
L’ange robuste et pourtant vibrant dans les airs se détache devant un paysage où l’on retrouve le jardin clos, allusion à la virginité de Marie
La position oblique de l’ange en lévitation anticipe celle que l’artiste adoptera pour Zéphir et Aura, les vents de la Naissance de Vénus
Naissance de Vénus 1484 Offices
Ce tableau a été réalisé pour Lorenzo Pierfrancesco dei Medici
Il s’agit moins de la naissance de la déesse que de son arrivée par la mer à Chypre, son île natale
Politien, poète de la cour des Médicis écrivait :
« … voilà que naît, toute de grâce et de joie, une jeune fille au visage plus qu’humain poussée vers la rive par de voluptueux zéphirs, debout sur une coquille …
Et l’on croirait l’écume réelle, et réelle la mer, réelle la coquille et réel le souffle du vent »
C’est une Vénus pudique qui dissimule ses seins sous sa main droite et de sa longue chevelure blonde masque sa nudité
Debout sur une grande coquille Vénus est poussée vers le rivage par Zéphir qu’enlace la nymphe Chloris
A droite, l’une des trois Heures, personnification du Printemps, vient au devant de la déesse et lui présente un manteau semé de fleurs que le vent gonfle de mille plis
Elle est vêtue d’une robe ornée de bleuets, la taille ceinte de rameaux de roses et son abondante chevelure est coiffée avec élégance
Elégante et sinueuse la figure de Vénus qui incline gracieusement la tête comme si elle s’opposait doucement à la brise qui soulève sa longue chevelure d’or
La philosophie néoplatonicienne fait de Vénus la divinité tutélaire des humanistes
Portrait de Jeune Femme 1484 Francfort
Un des plus beaux portraits idéalisés de Botticelli
Une jeune femme coiffée de manière fort savante : un diadème fermé par une plume de paon est associé à des tresses postiches, attachées par des nœuds rouges et ornées de perles qui retombent sur les épaules de la jeune femme et se rejoignent sur sa poitrine selon une mode que les fêtes données par les Médicis avaient mises à l’honneur
Le bijou gravé à l’effigie d’Apollon et de Marsyas appartenait aux Médicis
Vénus offrant des présents à une jeune femme
1485 Louvre
cette fresque a été réalisée selon un carton de Botticelli
une jeune femme reçoit des fleurs de Vénus, déesse de l’amour, accompagnée de trois grâces
le charme des grâces rappelle celui des figures féminines des fresques de la Sixtine
La Vierge et l’Enfant et huit anges 1485 Berlin
Huit anges portant chacun un lys symbole de pureté, entourent une vierge mélancolique
Ils lisent ou ils chantent tandis que l’Enfant cherche à atteindre le sein maternel
Portrait de jeune homme 1485 Londres
C’est le portrait d’un adolescent au regard doux et pénétrant, coiffé de rouge et vêtu d’un habit bordé d’un mince liséré de fourrure
C’est sans doute le portrait d’un des nombreux apprentis de son atelier
Portrait empreint de sévérité et de réalisme
Vierge à l’Enfant avec les deux Saint Jean
Madone Bardi 1485 Berlin
Les figures sont silhouettées avec une précision de graveur et chaque détail est scrupuleusement défini
Petite image du crucifié appuyé contre le vase
Ecuelle de Jean-
Rinceaux de la marche et de la balustrade en marbre du trône
Essences minutieusement explorées de la haie de verdure
Volumétrie accentuée et précision des contours de la figure de Saint Jean Baptiste
Adoration de l’Enfant
Madone de Wemiss 1486 Edimbourg
Visage de la Vierge au menton pointu
Longues mains jointes dessinées d’un trait continu
Modelé des vêtements et transparence des voiles impalpables
Intense lumière qui incarne les carnations, couleur ivoire, de la mère et du fils
Grand espace laissé à la roseraie qui entoure le pré fleuri sur un arrière plan rocheux
Retable de Saint Barnabé 1487 Offices
Ce retable a été réalisé pour l’église Saint Barnabé construite en 1322 pour commémorer deux victoires militaires remportées à vingt ans d’intervalle le 11 juin 1269 et 1289, le jour de la fête de ce saint.
C’est la corporation des médecins et des apothicaires qui a commandé ce tableau ; elle était chargée de l’entretien et de l’embellissement de l’église
Les personnages, de gauche à droite :
Ste Catherine, patronne des barbiers
St Augustin, patron de l’ordre qui officiait dans l’église
St Barnabé
St Jean Baptiste, le patron de Florence
St Ignace, évêque d’Antioche, patron des chirurgiens
L’archange Michel, protecteur des apothicaires à cause de la balance qui lui est associée et sur laquelle il pèse les âmes
Chaque figure semble saisie dans son individualité et être presque prisonnière de sa perfection formelle
Deux anges présentent à Marie la couronne d’épines et les clous de la Passion
Les saints ne dialoguent ni entre eux ni avec le spectateur
Pâle St Michel, St Jean Baptiste a la peau cuite par le soleil
Catherine royale et comme isolée des autres
Barnabé rustique au visage barbu
Augustin dans son riche vêtement d’évêque d’Hippone
Ignace absorbé dans ses pensées
Sur le degré du trône s’inscrit le premier vers de la prière de saint Bernard à la Vierge dans le dernier chant de la Divine Comédie de Dante : « Vierge mère, fille de ton fils »
Dante avait participé à la bataille contre Arezzo le 11 juin 1289
Vierge à l’Enfant avec six anges
Madone à la grenade 1487 Offices
Une Vierge au long cou et aux traits fins constitue l’axe central du tondo
La figure de la Vierge renvoie à celle de Vénus dans la Naissance
La tristesse se lit sur son visage
Dans la main gauche, elle tient une grenade, allusion à la passion du Christ, sur laquelle l’Enfant aussi pose sa main
La grenade est un symbole d’immortalité et de résurrection
Visage couleur ivoire des anges
Chevelures divisées en grosses mèches
Elégants plissés de vêtements
Ampleur et fermeté du cercle des anges déployés autour de la Vierge
Grande variété des attitudes et des expressions
Annonciation de Cestello 1489 Offices
Tableau commandé par Benetto Guardi, riche banquier qui par son dévouement aux Médicis accède aux plus hautes charges de l’Etat (blason des Guardi)
Simplification des formes et limitation des détails descriptifs au profit d’un rendu monumental de l’espace
Emotion contenue et atmosphère d’attente
Virage vers un style plus religieux qui semble annoncer la dernière phase d’activité de Botticelli
Le 1er août 1489 Savonarole commence à prêcher ses sermons enflammés sur l’Apocalypse au couvent San Marco
Palette sombre aux tons plombés
Formes bien modelées
L’ange paraît fixé comme sur un instantané, et est enveloppé dans un vêtement aux plis soignés sur lesquels flottent des voiles diaphanes
La Vierge plus en retrait que de coutume se penche vers lui dans une élégante révérence
La pièce dans la pénombre ouvre sur un arbuste dont le feuillage se découpe contre le ciel limpide d’une ville fortifiée imaginaire
Les lignes de fuite des dalles du pavement conduisent vers la porte ouverte
Retable de Saint Marc 1490 Offices
L’œuvre fut commandée par la corporation des orfèvres
Elle apporte une nouveauté capitale dans la structure du retable de dévotion, anticipant un schéma de composition qui ne deviendra courant qu’au 16ème siècle
La scène s’articule en deux registres distincts : le registre inférieur où se trouvent les saints et le registre supérieur où se déroule le miracle
Le tableau s’inscrit dans le climat culturel de la fin du 15ème quand le mouvement d’insécurité et la crise des valeurs civiques poussent les gens vers une redécouverte des valeurs religieuses
Sur un ciel d’or archaïque Dieu le Père bénit la Vierge au milieu d’une cohorte de chérubins qui dansent joyeusement
Le ton déclamatoire et agité est éloigné des œuvres de 1480-
Pose théâtrale et déclamatoire de Saint Jean qui présent l’Apocalypse dont il est l’auteur
Saint Jérôme, la main sur la poitrine, vêtu de pourpre lève vers la splendeur céleste un visage tourmenté
Seul, Saint Eloi, patron des orfèvres, nous regarde.
Portrait de jeune homme 1490 Washington
La légère inclinaison de tête et le regard intantinet moqueur montrent que le style de Botticelli a évolué, passant de la sévérité à une plus grande liberté créatrice qui rapproche ce jeune homme des anges qui entourent la Vierge de cette période
Annonciation 1490 Glascow
Une architecture majestueuse qui domine les figures des protagonistes
Cette grande architecture contraste avec les dimensions réduites du panneau (50*60)
Annonciation 1492 New York
Les plus petits détails sont rendus avec soin
comme les plis du rideau blanc
le voile transparent qui tombe sur le lutrin
ou derrière la Vierge le petit lit, avec ses caissons, ses volutes sculptées
et sa corniche encombrée d’objets, que l’on dirait tout droit sortis de chez un menuisier florentin.
Saint Augustin dans son cabinet d’études
1492 Offices
Les ombres et les lumières qui définissent la belle architecture classique et la figure d’Augustin sont faites de subtiles coups de pinceau et de touches d’or d’enlumineur
Sous le lourd manteau d’évêque Saint Augustin porte la robe du moine ermite et derrière le rideau vert il rédige ses écrits, pensif et absorbé
Morceaux de papier griffonnés et déchirés qui jonchent le sol
De part et d’autre de l’ouverture, profils d’empereurs romains à l’époque de Saint Augustin
Arcadius empereur d’Orient
Honorius empereur d’Occident
Pieta avec Saint Jérôme,
Saint Pierre et Saint Paul 1492 Munich
Personnages situés au premier plan comme sur une scène de théâtre alors que s’ouvre dans leur dos une cavité profonde
Vierge évanouie et soutenue par Saint Jean
Une sainte femme presse son visage contre celui du Sauveur
Une autre se penche sur ses pieds
Une troisième montre les clous de la croix
Saint Jérôme torse nu, tenant la pierre avec laquelle il se frappait la poitrine
Saint Paul avec son attribut caractéristique, l’épée
Figure isolée de Saint Pierre à droite
Beauté du visage de la sainte femme aux pieds du Christ et du visage de Saint Pierre détaché dans la lumière
Il émane de ce tableau du pathos et de l’émotion visant comme les prédications de Savonarole à susciter la participation du fidèle
Vierge à l’Enfant aux trois anges 1493 Milan
Tableau peint avec le concours de l’atelier mais attribué à Botticelli car :
La Vierge en dépit de l’évidente disproportion de la tête
Le baldaquin rouge dont les pans sont levés sur un lointain paysage
Le dessin des trois anges
La Vierge est représentée en « Madone au lait » pressant son sein pour nourrir l’Enfant
Symboles de la dévotion mariale :
Le jardin clos (virginité)
Vase d’élection
Lys (pureté)
La disproportion des personnages sera caractéristique des œuvres de la période tardive de Botticelli
Déploration 1495 Milan
Composition resserrée dans un format vertical
Le point de vue rapproché oblige le spectateur à pénétrer dans le tableau
Structure pyramidale de la composition qui évoque la forme d’une croix obtenue par l’entassement des figures
Joseph d’Arimathie exhibe les clous et la couronne d’épines
Les courbes des corps chargent l’espace de leur poids
Ce tableau est un des meilleurs exemples de la phase « savonarolienne » de Botticelli et avait été commandé par un partisan de Savonarole
En 1494 le frère aîné de Sandro, Giovanni, meurt.
L’autre frère , Simone qui n’a que deux ans de plus que Sandro rentre à Florence et devient un partisan farouche de Savonarole
Sandro, lui, ne s’est jamais compromis par un soutien ardent de Savonarole et n’a pas dû fuir Florence après la mort de Savonarole
Vierge à l’Enfant avec le petit Saint Jean
1495 Palais Pitti
Effusion sentimentale des trois protagonistes
Marie, disproportionnée et comprimée par le format de la peinture
Jésus, les paupières baissées comme celles de sa mère semble plongé dans une réflexion silencieuse sur son propre destin
Le tapis d’herbe évoque davantage une tapisserie qu’une prairie parsemée de fleurs comme dans les œuvres des années 1480
Le buisson de rose est l’attribut de Marie, « rose mystique »
Le motif des têtes étroitement rapprochées donne à l’ensemble un ton pathétique
La Calomnie 1495 Offices
Savonarole veut faire abolir les magistratures et les conseils instaurés par les Médicis
Les troubles politiques provoquent de nombreuses dénonciations
De droite à gauche :
Le roi Midas prête l’oreille, d’où ses longues oreilles d’âne, aux insinuations de la Suspicion et de l’Ignorance
Il tend la main vers un homme dissimulé sous un capuchon et vêtu de sombre, l’Envie, qui tient par la main une jeune fille incarnant la Calomnie
Alors que la Traîtrise et la Fausseté orne sa tête de fleurs et de rubans la Calomnie traîne par les cheveux un jeune homme nu qui est sa victime
A gauche la Pénitence sous les traits d’une vieille femme vêtue misérablement et la tête couverte se tourne vers la Vérité, nue, dont le regard et la main droite sont levés vers le ciel
Belle architecture savamment mise en perspective
La calomnie constitue le tout dernier témoignage de la culture laurentienne et l’adieu à un monde qui a sombré avec la mort de Laurent et les visées réformistes de Savonarole
L’œuvre fait référence à un tableau perdu du peintre de l’antiquité « Apelle » qui vécut au 4ème siècle av JC
Le chromatisme et les jeux de lumière confèrent de l’animation à la scène
La profusion des statues et des bas reliefs crée un contexte classique mais leur caractère imperturbable et lointain marque chez Botticelli un adieu à la philosophie qu’ils incarnent