Van Gogh     NUENEN  1

Le presbytère de Nuenen

Le père de Van Gogh était pasteur dans un village à majorité catholique. Seulement quatre pour cent de la population de Nuenen était protestante


En décembre 1883 Vincent apprécie la beauté naturelle de la Drenthe et sa population de paysans simples, mais le mauvais temps, la solitude, l'absence d'atelier et de matériel pour peindre et dessiner l'incitent à rentrer à Nuenen dans la demeure familiale le 5 décembre


Ses parents lui réservent un accueil cordial tout en se demandant si ce drôle de gaillard qui pour rien au monde ne voulait se dépouiller de son bonnet de fourrure ou de son sarrau de lin bleu ne serait pas pour sa famille une source d'ennuis

Rentré chez lui il note "On hésite à m'accueillir à la maison, comme on hésiterait à accueillir un grand chien hirsute. Il entrera avec ses pattes mouillées. Il gênera tout le monde"

"Le chien comprend que si on le gardait ce serait pour le supporter; le tolérer dans cette maison; par conséquent il va essayer de trouver une niche ailleurs"

Il se dispute avec son père et veut s'en aller mais craignant qu'il aille vers de nouvelles catastrophes on décide de lui permettre d'aménager un débarras en atelier


Mais si le pays est beau les habitants le rejettent, ils le considèrent "comme un fou, comme un assassin, comme un chemineau"

Le jardin du presbytère de Nuenen


La tour est le vestige d'une église gothique

Les poteaux de la barrière, une haie et une rangée d'arbres s'alignent sagement


A Nuenen il vivait dans la plus profonde des provinces et n'inspirait pas grande confiance aux gens tout en bénéficiant, du moins pendant un certain temps durant la vie de son père, d'une certaine aura d'artiste


Ce tableau est une métaphore de la mort


La verticale de la tour est un point d'exclamation rappelant les ultimes choses en contraste avec le début de l'éclosion du printemps dans les plates-bandes

Le jardin du presbytère sous la neige

Van Gogh voulait vivre et travailler comme les paysans de son entourage

Le sujet des oeuvres de Van Gogh sont en concordance avec la saison de leur réalisation


Comme il fait un froid mordant Vincent installe son chevalet dans la neige pour explorer l'unité immédiate du motif en peignant sur place

Il met en image le sentiment d'inaccessible gelé dont l'hiver pare les choses

Il se soumet sans retenue à l'atmosphère désolante, chemine dans la neige et s'enfonce dans  le blanc sale

Il s'imagine ainsi faire pénétrer dans son tableau la puissance des éléments

Au prix de sa santé il passe outre son confort pour reproduire le motif sur sa toile


Cette toile est une des premières peintures de Van Gogh réalisées à Nuenen "Sortie de l'église"

La petite église où le pasteur officiait a été construite en 1824


Vincent a fait ce tableau pour sa mère


Ce que son père aurait nommé le lieu de son action spirituelle tombe chez Vincent dans la catégorie du lieu de travail, d'un endroit où on réalise des prestations comme on le fait aussi à l'aide des métiers à tisser dans les cabanes des paysans


Illustrant la messe dominicale l'artiste présente la simple chapelle en gros plan mais en se tenant suffisamment éloigné du lieu de réunion pour éviter d'avoir à procéder à des identifications

Il refusait d'accompagner ses parents à l'église ce qui mettait son père en colère


Son zèle de prédicateur est bien loin même s'il consent à accomplir son service " à ce que certains nomment Dieu, d'autres l'Etre suprême et d'autres encore la Nature"

Dans une de ses lettres Vincent a décrit cette allée de peupliers


"La dernière chose que j'ai faite est une étude assez grande représentant une allée de peupliers jonchée de feuilles jaunies par l'automne, où le soleil ici et là fait des tâches lumineuses sur le tapis de feuilles, coupé par l'ombre des troncs d'arbre. Au bout de l'allée il y a une maison de paysans et le ciel bleu par-dessus passe à travers le feuillage d'automne"


Vincent a choisi son point de vue avec soin, adoptant un juste milieu entre la proximité et l'éloignement


Le regard de l'artiste n'est ni distant, ni passionné; il est équilibré

Paysage peint à Nuenen où Van Gogh vivait chez ses parents qui eurent la paroisse en charge de 1883 à 1885

L'artiste aimait la campagne et se référait à la tradition hollandaise du paysage mais aussi à l'école de Barbizon

Le sujet est d'une apparence banale; aucun édifice important n'y est inséré

Il n'a pas choisi de perspective spéciale mais une simple vue de campagne

Vincent s'est inspiré d'Anton Mauve qui fut quelque temps son maître

Harmonie des couleurs locales et exécution sans aucun effet de bravoure

Composition équilibrée avec une grande simplicité : l'espace est partagé en deux par la ligne d'horizon que souligne une bande brune de taillis


La moitié inférieure plus sombre est dominée par la présence centrale du fossé partiellement rempli d'une eau miroitante qui introduit une note lumineuse

La partie supérieure joue sur la tonalité claire du ciel dont la masse vide est rythmée par les silhouettes fines et élancées des arbres

Les arbres sont répartis de façon asymétriques donnant une organisation soigneuse des pleins et des vides

C'est de cette grande simplicité que naît la suggestion de l'oeuvre

Van Gogh resta toujours attaché au motif de la chaumière

Il comparait les pittoresques petites maisons à des nids d'oiseaux, qu'il collectionnait et peignait à cette époque, et parlait des cabanes comme de "nids d'hommes"


C'est la femme à l'entrée de la maison qui donne à la chaumière sa signification : la modeste cabane est son foyer


Van Gogh associait la cabane solitaire dans la lumière du soir au poème "Seule" dans lequel le peintre-poète Jules Breton qu'il admirait propose une description sobre et mélancolique de cabanes au crépuscule

Ce tableau est une vue extérieur d'une chaumière traditionnelle, l'une des dernières que l'on peut alors voir dans les environs de Nuenen


Van Gogh l'aborde sous un angle oblique - une manière de tester sa maîtrise de la perspective - et à la tombée du jour


La lourde couverture de chaume contribue à marquer fermement le volume


Dans l'embrasure sombre de la porte se tient la maîtresse de maison, une paysanne en coiffe blanche vue de dos

L'échelle du personnage permet d'apprécier la faible hauteur des murs et des portes de la chaumière

Cette peinture représentant la tour et un cimetière est l'aboutissement d'une série d'études de cette construction isolée au milieu des champs

Il donna à cette toile un titre français le "Cimetière de paysans"


Les nuages gorgés de pluie et les corbeaux tournoyant autour de l'édifice donnent au sujet un air de désolation

Le vieux clocher qui a déjà perdu sa flèche est entouré du cimetière parsemé de simples croix éparses


"J'ai voulu dire la banale simplicité de la mort et de la mise en terre, aussi légère que la chute de la feuille d'automne - rien qu'un peu de terre remuée - une petite croix de bois. Les champs aux alentours ... comme un horizon marin"


Les ruines du clocher lui racontaient " comment devenait vermoulue une foi, une religion - même solidement fondée - et comment, au contraire, la vie, et la mort, des petits paysans reste immuable, et continue de germer et de se fâner uniment, comme l'herbe et les fleurettes qui poussent sur le sol de ce cimetière.

Les religions passent, Dieu demeure, est un mot de Victor Hugo, qu'ils viennent aussi d'enterrer"

Le "aussi" évoque le décès du père de Vincent


Le cimetière paysan, simple et rustique, était un motif familier chez les romantiques pour qui la campagne apportait le témoignage "d'une vie douloureuse et fraternelle"

La chaumière


Entourée d'arbres et recouverte de paille, la chaumière forme une unité organique avec le paysage


Elle s'offre dans son naturel rustique comme une sorte de portrait en plein air

La femme, la chèvre et les poules n'ont aucune valeur propre. Elles fixent la cabane dans son milieu paysan


"La cabane au toit de mousse me rappelait  les nids de roitelets"

Nature morte : chapeau et pipe


A la fin de 1884 Van Gogh se portait avec une attention croissante vers les problèmes de la couleur


Il souhaitait trouver un passage harmonieux des tons clairs aux tons sombres sans perdre la fraîcheur et la densité de la couleur propre aux objets qu'il avait jusque là noyée dans le brun de l'ensemble


Ce tableau est encore dominé par l'ocre de la table et le fond obscur

Dans les éléments les plus lumineux les tons chauds émergent

Les objets distincts par leur couleur sont finement reliés entre eux :

Les touches de vermillon pur sur la bouteille à gauche sont proches du rouge brique du pot

Les ombres du chapeau sont proches de celles de la cruche à droite


Van Gogh donnait des leçons de peinture (natures mortes) à des amateurs qui en contreparties lui donnaient des tubes de couleur

Nature morte avec trois nids d'oiseaux


Il s'agit d'une nature morte car Van Gogh respecte trop toute chose vivante pour détruire des lieux de couvaison


Il a commencé une collection de nids à partir de laquelle il assemble constamment de nouveaux exemplaires entre eux

Vincent met les motifs de sa nature morte devant un fond sombre monochrome


Il veut concilier l'amoncellement et l'aération, la quantité et la pièce unique, l'aspect superficiel et la précision du détail


Son admiration pour les nids d'oiseaux est liée à l'enthousiasme qu'il a éprouvé en lisant "L'oiseau" de Michelet non seulement en raison des informations sur la vie aviaire mais aussi pour l'éclairage qu'il donne sur la nature humaine

Il établit un parallèle entre sa propre transition socialement malaisée, d'évangéliste à artiste et l'oiseau au moment de la mue


Il recopiera un long passage romantique sur le rossignol, où sa sublimation de sa souffrance à travers le chant est comparée à l'âme de l'artiste

Ce portrait de paysanne a été réalisé à la craie pour obtenir des variations de tons en variant la pression sur la craie

Pendant six mois Van Gogh se concentra sur le dessin des visages et des mains

Dans ce dessin l'effort a été porté sur l'ovale de la tête et sur les plis du visage

La tête est très détaillée par comparaison avec le bas de l'étude où le vêtement est seulement esquissé


Il envisageait de publier dans "The Graphic" une série de "Têtes de Gens"

Le visage est dessiné avec un style de caricaturiste

Il cherchait des modèles ayant un visage très marqué avec un front bas, des lèvres épaisses et du style des paysans de Millet

Il ne recherchait pas l'exactitude mathématique du visage mais il voulait donner une impression convaincante de vie


Cette femme avec son regard dans le vide et ses traits grossiers symbolise la dure vie des paysans

Vincent avait été très mécontent des critiques de Théo et de Van Rappard des "Mangeurs de pommes de terre" et pour surmonter cette déception il se consacra à une série de dessins de paysans au travail

On lui avait reproché de ne pas bien rendre le volume de ses figures

Avec ce dessin Van Gogh se concentre sur l'expression du corps

Il veut rendre l'étoffe grossière et les plis raides du vêtement


Ce dessin est une préparation à une peinture plus importante; il pensait probablement à une grande scène de moisson qu'il n'a pas réalisée

La moisson était un des thèmes principaux du genre de la peinture rurale, comme l'avait montré Millet que Van Gogh admirait


Vincent voulait exprimer l'action mais il éprouvait des difficultés et reconnaissait son inexpérience

Il réussissait davantage à dessiner une forme convaincante qu'à exprimer le dynamisme du mouvement


A Nuenen les paysans de Vincent n'ont pas le pied léger, ils sont lourds et comme enracinés dans la terre                           

Il aurait suivi deux peintres du monde rural qu'il admirait : Jean-François Millet (1814-1875) et Jules Breton (1827-1906) à qui il avait voulu rendre visite mais qu'il avait renoncé à rencontrer en raison de son environnement "bourgeois"

Pour bien décrire les paysans Van Gogh avait la conviction qu'il fallait travailler à l'extérieur ou dans les humbles demeures des simples paysans


Durant l'été 1885 il réalisa des études de près des paysans

Son ambition était de "mettre l'action dans mes petites figures, d'exprimer leur être au travail pendant qu'ils sont actifs"

Cette insistance sur l'action est visible dans ce dessin de bûcheron


Mais la position des mains du bûcheron est étrange car il paraît difficile de couper le bois avec des mains sur la hache aussi éloignées

Le bûcheron a des pieds très larges et le pied gauche semble plus long

"Pour rendre les grandes lignes et les masses il faut considérer les contours en dernier"

Des meules et un moulin


En août 1885 Théo rendit visite à Vincent à Nuenen mais Vincent l'avait prévenu qu'il avait peu de temps "Je suis plutôt occupé car ils moissonnent le blé dans les champs et comme tu le sais cela ne dure que quelques jours et c'est une des plus belles choses"


Vincent a utilisé une structure pour fixer sa composition

Il donne la profondeur en diminuant la taille des meules du premier plan au fond


Pour lui ce motif des meules de blé avait une connotation religieuse

Il considérait la vie à la campagne et le travail rural comme l'expression de "l'infini, dont le semeur et la meule de blé sont les symboles"


Pour lui le semeur est le symbole d'une nouvelle vie et la meule de blé représente la dernière étape de la moisson et évoque la fin de la vie

Paysan et paysanne plantant des pommes de terre


Silhouettes insaisissables et schématiques


Les paysans qui se nourrissaient péniblement à l'aide des fruits de leur terre lui offrent une métaphore décrivant ses propres efforts mais aussi l'espoir de parvenir un jour à survivre pauvrement grâce à son travail artistique

Laboureur et planteuse de pommes de terre


Un peintre amateur d'Eindhoven, Hermans, lui avait commandé six esquisses à partir desquelles il peindrait six tableaux destinés à sa salle à manger

Van Gogh récupéra ses esquisses et les développa pour son propre compte en s'inspirant de Millet


Toile réussie grâce à la relative simplicité de la composition

L'horizon bas l'aide à donner à ses personnages se détachant sur le ciel une monumentalité à la Millet

Le regard porte complètement sur la concentration tendue dans le travail



Platitude désertique du paysage qui débouche dans l'horizon

Les personnages semblent avoir pris racine dans la terre dont ils vivent

On a l'impression que le sol s'abaisse sous leurs pieds comme s'ils glissaient dans une profondeur qui deviendra leur tombeau


Le boeuf, le laboureur et la femme s'avancent parallèlement au plan du tableau, de droite à gauche, comme en une procession, ce qui donne à la composition un caractère décoratif

Le paysage est divisé en plages horizontales et seul l'arbuste rachitique et la tête du laboureur dépasse de l'horizon

L'audacieux trait orangé de la lumière solaire donne un fort accent au tableau

Ce dessin montre de façon très expressive les ramifications des branches d'un arbre dans le jardin du presbytère de Nuenen


Aspect mélancolique donné par l'impression d'une exécution rapide

Les branches et les brindilles se détachent sur un maillage serré de hachures donnant à l'ensemble un aspect plus pictural

Les arbustes et au premier plan le coq se détachent du reste de la végétation comme des tâches résultant d'un réseau serré de hachures plutôt que comme des formes objectives


Van Gogh espérait vendre ses dessins et les a confié à Van Rappard espérant qu'il trouverait des acheteurs car à cette période il était un peu en froid avec son frère pour des raisons financières

Ces saules pleureurs étêtés ont été dessinés en mars 1884

Il voulait améliorer sa technique du dessin et espérait les vendre et les envoya à Van Rappard pour qu'il les montre à des amateurs d'art


Van Gogh a réussi à créer un effet de profondeur entre les arbres

Traits fins de hachures exécutés avec maîtrise


Les branches des saules couvrent entièrement la partie supérieure de la composition ce qui fait contraste avec l'aspect ouvert de la partie inférieure et accentue la profondeur entre les arbres


Les arbres sont très présents dans l'oeuvre de Van Gogh qui aimait particulièrement les saules et les chênes

Vincent comparait une telle rangée d'arbres à une procession de mendiants

A droite un berger avec son troupeau, motif habituel dans l'art de la deuxième moitié du 19ème siècle

A gauche une femme avec un râteau sur l'épaule


La différence de taille entre les figures et les arbres qui diminuent avec la distance accentue la profondeur

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