Van Gogh     LA   HAYE  1

Se disputant sans cesse avec son père il part pour La Haye où il rejoint un cousin, le peintre Mauve, qui est un peintre estimé et apprécie les premières peintures à l'huile de Vincent

Mais en dehors de l'atelier de Mauve, La Haye n'est pour Vincent que solitude.


A La Haye il se lance dans une aventure avec une femme : Sien

Plus âgée que lui elle avait une fille et était enceinte d'un deuxième enfant

"Quand j'ai rencontré Christine, elle était enceinte et malade, elle marchait dans le froid, et moi, j'étais seul"


Il défend son amour "envers ces femmes si maudites, condamnées et méprisées par les pasteurs qui les considèrent du haut de leurs chaires"

"quand on se réveille et que l'on n'est pas seul, le monde devient tellement plus agréable"

Sa famille ne l'aide pas et se distancie de ce bon à rien qui vit avec une prostituée

Sien portant une longue robe blanche est assise en face d'un poêle

Ce dessin crée une ambiance intime soulignant le caractère du personnage


Portrait exécuté sur du papier épais ce qui a permis à l'artiste en augmentant la pression du crayon de réaliser des ombres variées

La robe ample de Sien cache sa grossesse

Sien devient sa muse

"cette femme laide et fanée est belle; la vie a glissé sur elle et la peine et le malheur l'ont marqué"


A Théo :

"Cet hiver j'ai rencontré une femme enceinte, abandonnée par l'homme dont elle portait l'enfant dans son corps.


Une femme enceinte qui en hiver errait par les rues, qui devait gagner son pain, tu sais bien comment.


J'ai pris cette femme comme modèle et j'ai travaillé avec elle tout l'hiver.


Je n'ai pu lui payer le plein salaire d'un modèle mais cela n'empêche pas que je lui ai payé ses heures de pose, et que j'ai pu la sauver grâce à Dieu elle et son enfant, de faim et de froid, en partageant mon propre pain avec elle"


Quand Sien (Classina Maria Hoornik 1850 -1904) rencontra Van Gogh en 1882 elle était ouvrière couturière et occasionnellement prostituée.

Elle attendait son second enfant

Vincent était attaché à Sien pour deux raisons :

Il pouvait exprimer sa sympathie pour les pauvres et les défavorisés comme il l'avait fait en tant que prédicateur auprès des mineurs du Borinage

Après les disputes avec son père cette "vie familiale" lui apportait la sécurité affective

Théo réussit à le dissuader d'épouser Sien


Au fil du temps la famille de Sien qui vivait dans la même maison eut une influence négative sur leur relation et Vincent mettait ses ambitions artistiques au-dessus de la vie de famille


Sien est alcoolique

Vincent doit rentrer à l'hôpital pour y faire soigner une maladie vénérienne qu'il doit à Sien

En septembre 1883 il partit pour les landes de la Drenthe


Sien cherche à se placer dans un bordel

Des années plus tard (1904), une nuit elle se jettera dans un bassin du port


"Peu à peu et lentement naquit entre elle et moi un besoin certain l'un de l'autre, si bien qu'elle et moi ne pouvions plus nous séparer, que nous nous insinuions de plus en plus dans nos vies réciproques, et alors ce fut l'amour. Ce qui existe entre Sien et moi, est réel, ce n'est pas un rêve, c'est la réalité"




Mais en 1914 la femme de Théo écrivit :


" Quand leur vie commune fut devenue une réalité et qu'il fut continuellement uni avec une femme vulgaire, sans éducation, marquée par la petite vérole, qui parlait avec un accent vulgaire et avait un caractère vindicatif, qui était alcoolique et fumait des cigares, dont la vie passée n'avait pas été irréprochable et qui le mêlait à toutes sortes de disputes avec sa famille, il n'écrivit plus pour raconter sa vie familiale"


En septembre 1883 il abandonna Sien et partit pour la Drenthe


Vincent représente Sien en ménagère avec un bonnet blanc semblable à ceux portés par les femmes qui font des travaux domestiques

Pour Vincent le costume avait une forte vérité symbolique

Le sceau de l'authenticité était donné par le costume


Il ne put admettre que Sien retombât dans la réalité antérieure de sa vie de prostituée après l'avoir représentée comme sa compagne et sa muse


" Qu'est-ce que dessiner ? C'est l'action de se frayer un passage à travers un mur de fer invisible, qui semble se trouver entre ce que l'on sent, et ce que  l'on peut "

Cette jeune fille serait la plus jeune soeur de Sien qui aurait dix ans


Pour réaliser le dégradé d'ombres noires Van Gogh utilisait un crayon de charpentier dont la mine large lui permettait de réaliser tout cet éventail de tons gris


Il voulait obtenir du modelé dans le volume, spécialement dans le visage


Ombre noire sous les yeux et brillante lumière sur la joue

Les contours sont accentués : forme plutôt angulaire du menton et du nez

Van Gogh n'a pas dessiné de pêcheurs avant de posséder lui-même un suroît


Le 13 janvier 1883 il écrit à Théo :

"Demain on me fera don d'un suroît - pour les têtes : je songe depuis longtemps déjà à dessiner des têtes de pêcheurs vieux et jeunes... mais je n'ai pu disposer d'un suroît. On m'en donnera  un en toute propriété, un vieux suroît qui a essuyé bien des tempêtes et bien des coups de mer"


Le suroît était "vieux et avait traversé les mers et vu de nombreux orages"

Vincent avait une grande admiration pour les dessins des artistes anglais publiées par le magazine "The Graphic"


Il voulait faire des dessins analogues qui "offrirait la même profondeur d'effet, la même richesse de valeur de tons dans le dessin que pourrait donner la peinture"


Il voulait obtenir un grande variété de tons "depuis la plus haute lumière jusqu'à l'ombre la plus profonde et ceci avec les moyens les plus simples"


Ce pensionnaire d'une maison de retraite a posé pour Van Gogh plusieurs fois


L'artiste possédait une collection de vêtements  dont il habillait ses modèles pour créer des portraits types

Les marines et le plages ont toujours fait partie des sujets favoris de la peinture hollandaise

La beauté de la mer est redécouverte au début du XIXème siècle


Le pittoresque village de pêcheurs de Scheveningen est tout près de La Haye et attire les artistes

La rue de La Haye, rue Schenkweg, où Van Gogh élit domicile donne rapidement accès à la mer


Cette plage est l'un des premiers tableaux de Van Gogh et il est le premier surpris du résultat

"Je m'attendais à ce que mes premiers essais de peinture ne ressemblent à rien"


Le mauvais temps ne le gênait pas pour travailler en plein air

Il a peint cette plage juste avant "une mauvaise tempête" lorsque la mer était "de couleur lavasse"

"La tempête était tellement rude que je pouvais à peine me tenir sur mes jambes et à cause du sable tourbillonnant, je ne pouvais presque rien voir"


Les sauvages traînées de peinture épaisse, la craquelure de la surface rendent presque palpable la plage

Vincent avait été marqué par la publication par un journal anglais d'une série d'oeuvres intitulées "Têtes des gens du peuple"


Il veut produire ses propres séries d'une "oeuvre paysanne"

Il choisit ses modèles parmi les pensionnaires de maisons de retraite, les ouvriers et les pauvres gens


"Dans l'idéal je voudrais travailler des modèles de plus en plus nombreux, une foule de gens pauvres qui pourraient venir s'abriter à l'atelier durant les jours d'hiver"

"Quand j'ai rencontré cette femme j'ai été frappé par son air malade.

Je lui ai fait prendre des bains et des fortifiants autant qu'il était en mon pouvoir, elle est devenue bien plus saine.


Il me semble que chaque homme qui vaut le cuir de ses souliers, se trouvant devant un cas pareil, aurait agi de même.


Poser lui était difficile, pourtant elle l'a appris, j'ai fait des progrès dans mon dessin parce que j'avais un bon modèle. Cette femme est maintenant attachée à moi comme une colombe apprivoisée...


Elle n'a pas d'argent mais elle m'aide à gagner de l'argent par mon travail"


"Christine n'est pas un boulet à mes pieds, ni une charge pour mes épaules ; c'est plutôt une auxiliaire. Seule, elle sombrerait peut-être; une femme ne peut rester seule à notre époque. Surtout dans une société comme la nôtre qui n'épargne pas les faibles mais les piétine, et écrases sous ses roues les créatures sans défense tombées par terre"


En janvier 1883 Van Gogh réalisa plusieurs dessins de pêcheurs dont ce "Vieux loup de mer"

L'image grandeur nature est puissante et directe.

Le visage ridé, les joues creuses, la bouche serrée et sans doute édentée montrent qu'il s'agit d'un vieillard

La lumière qui tombe de la gauche souligne le nez fort ainsi que les autres traits

La texture grenue donne à la peau un aspect marbré

A gauche une touffe de cheveux blancs (dessinée à la craie blanche) s'échappe du suroît, le couvre-chef habituel des pêcheurs

La jugulaire bien serrée sous le menton, le pêcheur se prépare à affronter la tempête

Le peintre veut nous faire croire qu'il s'agit d'un homme réel, exposé à la rigueur des éléments comme le suggère la tenue de gros temps


Mais le modèle n'est pas un pêcheur et le suroît appartenait à Vincent

Vincent mêle l'invention (le pêcheur fictif, fruit de son imagination) et la réalité (la copie du modèle qui posait pour lui)


Ce dessin est une "tronche", une étude de tête faite d'après modèle.

Le portrait représente un modèle dans le rôle qu'il joue dans la vie sociale

La représentation d'une tête impliquait une accentuation de l'expression du visage et surtout l'utilisation d'accessoires et de déguisements.

Le costume n'était pour Van Gogh un simple accessoire théâtral mais un emblème d'authenticité

"La seule bonne manière de réussir : travailler d'après un modèle lorsqu'on dispose d'un grand choix de costumes"


J'ai reçu hier soir un cadeau qui m'a fait un plaisir énorme... C'est un pourpoint, un vrai pourpoint de Scheveningue, avec le col droit, pittoresque, déteint, rapiécé"


Il en résultat "Le loup de mer", un dessin en pied où l'on voit la nouvelle acquisition (une vareuse) et l'ancienne (le suroît) transformer un vieillard de l'hospice en pêcheur


Le costume approprié était un élément essentiel

Les pièces d'habit exerçaient sur lui un véritable pouvoir magique


La réception de la vareuse l'incita à dessiner "une chose que j'ai soudain senti devoir faire"

Vincent écrit en octobre 1882 :

"Je suis de plus en plus fasciné par la figure humaine qui nous touche bien plus directement et personnellement que les prairies ou les nuages"

"Cette curiosité à propos de la loterie nous semble puérile mais cela devient sérieux si l'on considère le contraste entre la misère et cet effort désespéré des pauvres diables qui imaginent que leur salut passe par la privation de nourriture pour pouvoir acheter un billet de loterie"

Les touches de couleur font vivre les tons sombres de cette masse de gens souillons qui s'agglutinent à la porte


A propos de la peinture de groupes il écrivit :

"Qu'il est difficile de donner de la vie et du mouvement au groupe et de mettre les figures à leur place tout en les séparant les unes des autres"

Les figures sembles raides et maladroites


A Théo : " Te souviens-tu du bureau de la Loterie nationale au début de la rue Spuistraat ? Un matin, sous la pluie, je passais devant une foule de gens qui attendaient pour acheter un billet de loterie .... J'ai été frappé par l'expression qu'ils avaient en faisant la queue et pendant que je dessinais cette sensation prenait pour moi une signification encore plus importante, plus profonde qu'au premier moment."

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