Van Gogh SAINT REMY
ARBRES FLEURS CHAMPS
Sous-
Contraint par la maladie de travailler dans le jardin de l'asile Van Gogh reprit
le motif traditionnel du sous-
" ... le jardin désolé planté de grands pins sous lesquels croît haut et mal entretenue une herbe entremêlée d'ivraies diverses"
Manière souple et empâtée qui donne à l'oeuvre une apparence de tapisserie grossièrement tissée
Cette toile était la préférée de Jo, la femme de Théo, qui avait adoré "cette délicieuse
fraîcheur de sous-
Elle ne céda jamais cette toile qui passa directement de la famille au musée Van Gogh
Le mûrier -
Vifs contrastes de bleu, d'ocre et de jaune
Les Fauves se reconnaîtront en Van Gogh qui représente le Midi par un contraste simultané de couleurs et non par des formes ou des lignes ayant leur valeur en soi
Van Gogh a compris que la force du ton et son contenu passionnel étaient capables d'exprimer en même temps la forme, la matière, la lumière et de réaliser la synthèse entre l'émotion et la représentation
Sentier dans le jardin de l'asile -
En novembre Théo avait envoyé à Vincent plus de peinture que d'habitude, particulièrement des ocres compte tenu de la saison
Avec ce tableau il réalise un puissant effet spatial avec une grande économie de moyens
En arrière-
Au premier plan le sentier va comme un ruisseau de terre du haut à gauche au bas à droite
Le long du sentier les arbres sont quelque peu instables
Au centre un grand arbres semble étayé par un homme assis sur un muret et qui s'appuie contre lui
L'espace est fermé. Seulement à droite une petite lumière bleu clair à peine visible entre les troncs
Pour Vincent il n'y a plus d'optimisme dans cette oppressive absence de couleur d'un jour gris
Pins sur le ciel du soir -
Sa vie durant Van Gogh fut passionné par l'idéalisme de Delacroix
Il s'inspire du tableau de Delacroix "Le combat de Jacob avec l'ange" pour le traitement des branches et des feuillages
Van Gogh dans une lettre cite un article sur Delacroix " qui avait un soleil dans la tête et un orage dans le coeur "
Van Gogh transpose cette métaphore du combat de la vie dans son coucher de soleil qui présente une petite silhouette de femme luttant contre un vent violent
Les arbres, très expressément coupés par le cadre, symbolisent le caractère temporaire de la vie
Van Gogh emploie des tons sombres et oppose le noir et le rouge
Le "noir rouge" évoque le sentiment confus d'anxiété éprouvé par les patients de l'asile
Mais Van Gogh atténua ultérieurement l'effet des couleurs en retouchant le tableau : il apporta des tons clairs visibles dans le ciel, le sol et la masse des aiguilles de pins
Van Gogh était satisfait de cette toile car il la signa
La période de Saint Rémy ne compte que sept tableaux signés
Paysage avec arbres et figures -
Paysage simplifié à l'extrême
Zones ondulantes en brun, vert foncé et vert clair avec au fond des collines bleues
Les coups de pinceau horizontaux apportent la vie par leurs différentes nuances de couleur
Au premier plan le paysage est structuré par des arbres vert foncé dont le tronc est dressé hardiment
Derrière les arbres deux figures légèrement esquissées travaillent la terre
A droite une femme vêtue d'un bleu léger se met en route
Van Gogh a toujours eu l'ambition d'être le peintre des paysans au travail comme Millet qu'il admirait
Le ravin -
Saint-
Dans les plaines de fertiles oliveraies
Van Gogh était fasciné par ce nouveau paysage
Il pouvait sortir de l'hôpital pour peindre et dessiner cet environnement inhabituel
Il développa un style de dessin plus sinueux et une manière plus fluide de peindre
Progressivement il adoucit sa palette pour rendre les différents éléments du paysage, jouant sur les rapports entre les tonalités plus que sur de forts contrastes de couleur
Route à Saint-
Paysage uniquement composé de brefs coups de brosse
Il capture les conditions changeantes de la lumière et donne l'illusion d'un point de perspective
Parfois, comme dans le ciel, on aperçoit la toile non peinte. Van Gogh crée cet effet pour suggérer des nuages dans le bleu du ciel
La composition est entièrement réalisée par les coups de brosse proches les uns des autres
Dans le ciel et dans les buissons les coups de pinceau sont dirigés vers le centre et convergent vers la petite maison
L'espace et la profondeur sont créés par l'alternance des coups de pinceaux horizontaux noir et jaune clair
A gauche l'olivier vit d'une vie propre
Les lignes noires horizontales indiquant la route rehaussent les couleurs brillantes du buisson à droite et suggèrent une vive lumière du soleil
Troncs d'arbres dans l'herbe -
Vers la fin de son séjour à Saint-
Vincent était persuadé que son ardeur au travail le distinguait des autres patients, le rendait sensible à ce qui l'entourait et le mettait de bonne humeur
L'extrême simplicité de ce tableau est due à une composition claire
Les troncs des pins qui accrochent l'oeil par leur forme et leur coloris dominent au premier plan
L'absence de contrastes trop nets de tons et de couleurs donne à l'ensemble une apparence très décorative
Grands platanes -
Quand il ne souffrait pas de ses crises Van Gogh avait la permission de travailler sous surveillance en dehors de l'asile
Il évitait le village et ses habitants car l'agitation le troublait
Il fit une exception pour peindre la rue principale de Saint-
Les passants et les ouvriers sont à peu près perdus sous les énormes platanes
Van Gogh avait appris des estampes japonaises que des figures, même de dimensions modestes, sont importantes dans la composition
Pour Van Gogh si grand que soit le rôle du paysage ou de la vue de villes ce sont les personnages en mouvement qui leur donnent leur vraie valeur
Les platanes dominent le tableau
Cette toile est une réplique faite en atelier car si sur le motif on s'escrime à cerner "le vrai et l'essentiel", en reprenant l'étude en atelier "on arrange ses coups de brosse dans le sens des objets ... et on y ajoute ce qu'on a de sérénité et de sourire"
Les Iris -
Ce tableau a été peint durant la première semaine de Van Gogh à l'asile de Saint Paul de Mausole à Saint Rémy
Les iris sont nombreux dans le jardin de l'asile
L'artiste a cadré les plantes au tout premier plan en se plaçant presque au niveau du sol et en éliminant ainsi l'horizon
Il en résulte une vision extrêmement concentré, l'observateur se sentant littéralement plongé dans la représentation
Même si le tableau peut paraître chaotique l'artiste a organisé avec soin les masses et les couleurs
Le "plein" des iris en bas à droite est ainsi compensé par la bande de terre nue
qui lui fait contrepoint sur la gauche et dont la couleur rougeâtre est reprise par
les fleurs en arrière-
La petite bande de pré fleuri en haut à gauche représente un second élément de "vide" introduisant un facteur d'équilibre supplémentaire
Juxtaposition du vert brillant des feuilles lancéolées et du bleu intense des fleurs
Vincent remplit tout le champ pictural, les bords du tableau viennent même couper une partie de ce qui est représenté
Cette disposition typique de l'art japonais renforce le caractère décoratif de l'oeuvre
Ces Iris furent l'une des rares toiles de Van Gogh exposées de son vivant au Salon des Indépendants de septembre 89
Les Amandiers en fleurs -
Ces branches d'amandiers en fleurs porteuses du symbole de l'éclosion d'une vie nouvelle, Van Gogh les peignit pour commémorer la naissance du fils de Théo et de Jo, qui s'appelait Vincent comme lui
Après avoir achevé cette toile Van Gogh tomba malade et fut pendant longtemps incapable de travailler
Le dessin et la touche sont très soignées
Le peintre accorde toute son attention à chacune des fleurs séparément
Ciel bleu rendu avec virtuosité par de larges coups de pinceau
La composition influencée par les estampes japonaises s'écarte des arbres en fleurs peints auparavant
VASE D'IRIS -
De début février à fin avril 1890 Vincent fut terrassé par une crise
De fin avril à la mi-
Il amorça cette nouvelle période de création en peignant des natures mortes, le meilleur des exercices
Alors que les tournesols avaient été peints dans des teintes très rapprochées il s'agit ici d'une composition en couleurs complémentaires
Le bleu violet des iris tranche sur l'orange atténué du vase et de son support ainsi
que sur le jaune de l'arrière-
Il est possible que la branche cassée et déjà fanée qui pend à droite ait été ajoutée plus tard pour rompre la symétrie trop monotone de la composition
Cette branche témoigne en effet d'une technique picturale différente de celle appliquée au reste de l'oeuvre
VASE DE ROSES -
Dans une lettre du 12 mai 1890 Van Gogh annonçait qu'il travaillait sur une toile de roses avec un fond vert lumineux
Le dessin du pot est fin et délicat
Longs coups de pinceau de rose sur le fond vert ce qui intègre l'ensemble du bouquet dans le tableau
Deux branches sur la table équilibrent la composition en évitant que le bouquet constitue une masse sphérique
Champ de blé vert -
Ce champ clôturé d'un mur faisait partie de la propriété de l'asile
De sa chambre il voyait le soleil se lever dans cette perspective
Il n'avait pas le droit de sortir de sa chambre dans les premières semaines de son internement
La toile a été peinte début mai : le blé est encore vert et il y a profusion de coquelicots
Couleurs douces : turquoise, saumon-
Le mur ne présente pas d'anges aigus mais est calmement horizontal
Les lignes des sillons sont seulement sous-
Le point de vue est du sol, dans le champ, et non de la fenêtre de Van Gogh
Champ de blé sur fond de montagnes -
Durant les premières semaines de son séjour à Saint Rémy, Van Gogh ne put planter son chevalet à l'extérieur de l'enceinte de l'asile.
Il voulait pourtant travailler " devant la nature car c'est le sentiment du travail qui me tient"
De sa chambre il voyait un champ de blé entouré d'un mur "une perspective au-
Le champ de blé occupe la majeure partie de la toile; dans le lointain s'étendent les montagnes et le paysage est dominé par la masse monumentale d'un ciel nuageux"
Van Gogh a atténué la perspective du mur, créant ainsi une composition de bandes plus ou moins horizontales, avec le blé qui ressemble à une mer agitée
Il vit le champ comme "ravagé et flanqué par terre après un orage"
FLEURS
VASE D'IRIS -
Le 12 mai 1890 Vincent écrit " Je commence maintenant à aller mieux ... J'ai en train une toile représentant un grand bouquet de fleurs d'iris violets ... contre un fond rose où l'effet est harmonieux et doux par la combinaison des verts, roses et violets "
Bien qu'il réalisât ses tableaux d'un seul jet il y avait toujours à la base une phase préparatoire d'élaboration mentale.
Au moment où il se mettait à peindre il avait parfaitement à l'esprit le résultat qu'il voulait obtenir
Il saisit l'exubérance de la nature : les tiges difficilement contenues dans le vase semblent posséder leur propre vitalité; les fleurs se chevauchent l'une l'autre et le bouquet s'ouvre dans toutes les directions
Extrême concision du tracé des contours
Les fleurs lancéolées éclatent au bout de leurs longues feuilles raides
La rigueur linéaire du dessin jointe aux couleurs rappelle des vitraux d'église gothique
CHAMPS
Le champ clôturé -
Peinture déconcertante par sa forme instable et la division abrupte du paysage en régions proche et lointaine
Mais dans ce déséquilibre nous observons des marques de stabilisation : la tache vert sombre en bas à droite, les horizontales du champ rouge en haut à gauche et l'attraction du soleil décentré
Le champ clôturé c'est l'univers de l'artiste, un monde de végétation luxuriante et de chaude lumière
Cet univers est coupé du monde par un puissant courant de bleu lavande qui joint en diagonale les angles opposés du tableau par deux lignes brisées
Epaisse ombre qui serpente au bord inférieur du mur
Dans le lointain le ciel jaune s'élève au-
Les taches rouges et jaunes à l'arrière plan aident à rétablir l'équilibre car elles apparaissent comme des éléments horizontaux
A gauche du champ de vagues traces sombres de sillons sont en symétrie avec la clôture
de gauche et créent une perspective dirigée sur l'arbre solitaire au milieu de la
montagne, au-
Ce recentrement entre en compétition avec le soleil â côté
Il y a souvent chez Van Gogh ce combat entre le point de fuite et un objet éloigné voisin
Champ de blé au cyprès -
A l'approche de ses crises les ciels que représente Vincent se couvrent de nuages en volutes tourmentées
Après la crise les ciels redeviennent calmes, d'un bleu pur sans empâtement, ce qui est le cas de ce tableau
Ayant fait ce tableau Vincent demande à Théo de préparer son retour vers le nord et envisage de s'installer auprès de Pissarro qui le premier avait apprécié sa peinture
" Je viens de terminer un paysage ... un champ de blé jaunissant encaissé dans des ronces et des buissons verts ... Au bout du champ une maisonnette avec un haut et sombre cyprès qui se détache sur les lointaines collines violacées et bleutés et sur un ciel bleu myosotis strié de rose, dont les tons purs contrastent avec les épis déjà lourds aux tons chauds comme une croûte de pain"
Champ fermé avec laboureur -
Fin août 89, Vincent " J'ai commencé un travail sur un motif que je vois de ma fenêtre : un champ de chaume jaune qu'un paysan laboure. Contraste entre la terre labourée violette et les bandes de chaume jaune. Les collines au fond "
Tableau composé de mémoire : les deux arbres tristes à gauche n'existent pas; à
la place il y avait un champ d'oliviers. Les Alpilles ont été rendues insignifiantes.
La simple hutte au-
Le motif est présenté comme vu du sol alors que la chambre de Van Gogh était au premier étage
Les coups de pinceau ont une ampleur et une rigueur qui indique que ce tableau est le premier de Van Gogh après une interruption de cinq semaines
Le Faucheur -
Ce tableau est une copie réalisée par Vincent pour sa mère de la version du Faucheur au ciel vert (Amsterdam)
Ce motif du faucheur fait référence à Millet, l'un des rares artistes modernes selon Van Gogh capable de réussir une peinture religieuse
" La figure du Christ n'a été peinte comme je la sens que par Delacroix et Rembrandt ... et puis Millet a peint la doctrine du Christ "
A sa soeur Wil " Moi qui n'ai ni femme ni enfant, j'ai besoin de voir les champs de blé et difficilement je pourrai exister dans une ville longtemps "
" Que peut-
Champ clos au paysan -
Van Gogh s'étonnait de voir si peu de monde travailler aux champs du côté de Saint Rémy et il fut frappé au mois de juin par la vue d'un paysan fauchant sous la lumière du soleil levant et qui lui apparaissait par la fenêtre de sa cellule
" Je viens de rentrer une toile à laquelle je travaille depuis quelques temps représentant le champ du faucheur. A présent c'est des mottes de terre et le fond les terrains arides, puis les rochers des Alpilles. Un bout de ciel avec un petit nuage blanc et violet. Sur l'avant plan un chardon et de l'herbe sèche"
Couleur mauve dominante
La présence de l'herbe indique une association avec l'ivraie et le blé
Le tableau n'évoque pas la parabole de la distinction entre le bien et le mal mais la vie pénible du paysan qui doit débarrasser son champ de l'ivraie puis "lutte comme un diable" pour conduire à bien la moisson de blé
Champ de coquelicots -
Au moment de peindre ses premières oeuvres à Saint Rémy Van Gogh se trouve engagé dans un contexte d'émulation artistique avec Gauguin et Bernard
Inspiré par le "synthétisme" de ses amis il tend à obtenir des effets de stylisation
Il essaie d'exprimer la pureté du paysage au moyen de " la couleur et un dessin plus volontaire"
Le coup de pinceau change à chaque élément du paysage
Il considérait ce tableau comme une étude car selon lui il n'avait pas réussi à atteindre une harmonie d'ensemble
C'est le premier tableau de Van Gogh à l 'extérieur de l'enceinte de l'hôpital. Pour célébrer cette liberté il met l'accent sur la luxuriance croissante de l'été
On distingue les collines à l'arrière plan
L'espace ouvert n'est pas interrompu par des horizontales trop insistantes
Il a choisi un point de vue élevé, regardant les buissons au premier plan puis les champs et excluant le ciel
Monet admira le traitement rapide de ce tableau et sa texture élaborée
Le Faucheur -
Ce tableau montre un étonnant ciel vert pâle où le soleil se trouve placé très haut
" J'y vis alors dans ce faucheur -
Ce thème n'est cependant pas emprunt de tristesse car " tout cela se passe en pleine lumière avec un soleil qui inonde tout d'une lumière d'or fin "
" C'est une image de la mort tel que nous parle le grand livre de la nature mais ce que j'ai cherché c'est le "presque souriant"
Par ce détail Van Gogh fait référence à Eugène Delacroix, le peintre qui avait un soleil dans la tête et un orage dans le coeur " qui serait mort " presqu'en souriant " et auquel Vincent s'identifiait très intimement
Vue de l'église de Saint Paul de Mausole -
Cette vue est unique dans l'oeuvre de Van Gogh à Saint Rémy
C'est la seule oeuvre qui donne un aperçu de la tour romane du 12ème siècle du monastère
On voit aussi une partie du mur de l'asile si souvent peint par Van Gogh dans ses tableaux de champ de blé
C'est une scène d'automne
Paysage avec champs labourés -
Paysage comportant deux centres :
-
Coups de pinceau torrentiels de couleurs contrastées dans le champ
-
Ces traits jaunes et orangé sont complémentaires des tons violets de l'autre partie
et des bleus des montagnes au-
Un sentie irrégulier traverse en diagonale le champ, coupant les principaux sillons et devançant dans le premier plan de l'observateur les rythmes des ombres et des collines lointaines
Ces longues formes onduleuses s'opposent aux lignes droites du mur d'enceinte
Magie colorée du soleil levant
Dans le ciel, au sein de la luminosité dominante, le jaune cède la place, sur les côtés, à des tons plus froids
Partout la couleur est une interaction perpétuelle de menus contrastes
Les particules colorées se meuvent dans une seule direction en variant d'un objet à l'autre, d'une région à l'autre de l'espace