Van Gogh   ARLES

CAFE     CHAISE     NUIT

La Charcuterie – fév mars 88


En arrivant à Arles le lundi 20 février 1888 Van Gogh prit pension au restaurant Carrel. Il y resta jusqu’au commencement de mai

Il neigeait à son arrivée « au moins 60 cm de neige de tombée et il en tombe toujours »

Il peint cette boutique (Reboul (Char)cuterie) dans la salle d’entrée du restaurant Carrel

Il combine dans la composition une vue interieur-extérieur

Il évite les diagonales et s’approche de la fenêtre qu’il utilise comme un cadre perspectif

Composition simple et frontale

Facture peu élaborée (il s’agit presque d’un dessin colorié)

Deux paires de couleurs complémentaires sur la façade de la charcuterie : rouge et vert, bleu et orange

Première étude faite à Arles pour montrer son métier aux Carrel

Le café de nuit – coll part Suisse – août 88


Van Gogh s’installa au café de la Gare dirigé par Joseph Ginoux et sa femme Marie au début de mai et y prit une chambre jusqu’à la mi-septembre quand il s’installa dans la Maison Jaune

Le 6 août à Théo «  Aujourd’hui je commence l’intérieur du café où je suis installé. Je travaille le soir à la lumière du gaz.

C’est ce qu’ils appellent un café de nuit restant ouvert toute la nuit. Ils sont assez courants ici. Les vagabonds peuvent y prendre refuge quand ils sont sans le sou ou quand ils sont trop saouls pour rentrer chez eux »

Il s’est installé pour travailler trois nuits sans interruption, dormant le jour

« J’ai tenté d’exprimer les terribles passions de l’humanité par le rouge et le vert. La salle est rouge sang et jaune sombre avec au milieu une table de billard verte. Il y a quatre lampes jaune citron avec un halo de lumière orange. »

Il y a un vif contraste entre les rouges et les verts et les figures violettes et bleues des gens endormis dans cette sinistre pièce vide.

Le rouge sang et le vert jaunâtre de la table de billard contrastent avec le vert doux du billard ;

La veste blanche du patron devient jaune citron

La Maison Jaune – Otterlo – sept 88


Ce tableau montre la maison que Vincent avait louée place Lamartine

Le peintre habitait la partie droite de la maison peinte en jaune au milieu du tableau. Vincent s’installe début septembre dans cette maison. Il l’avait louée dès le mois de mai mais il ne peut la meubler que début septembre après un don substantiel de son frère

A partir de cet instant toute sa production ne sera régie que par un seul objectif : décorer de tableaux sa maison d’artiste

Le tableau est un exemple extrême des couleurs lumineuses qui l’avaient tant frappé à Arles «  Tout et partout la coupole du ciel et d’un bleu admirable, le soleil a un rayonnement de soufre pâle et c’est doux et charmant comme la combinaison des bleus célestes et des jaunes dans les Vermeer … Le motif de la maison en plein soleil était d’un « dur » mais justement je veux le vaincre. Car c’est terrible ces maisons jaunes dans le soleil, et puis l’incomparable fraîcheur du bleu. Tout le terrain est jaune aussi … La maison à gauche est rose à volets verts, celle qui est ombragée par un arbre. C’est là le restaurant où je vais dîner tous les jours. Mon ami le facteur reste au fond de la rue à gauche, entre les deux ponts du chemin de fer »

« Vermeer avait trouvé cette technique excessivement solide qui n’a pas été surpassée »

C’est peut-être aussi « La Ruelle » de Vermeer qui pousse Van Gogh à donner à son œuvre le tire « La rue »

Le café de nuit – sept 88


Van Gogh avait peint ce tableau pour son propriétaire en paiement du loyer

La rudesse du graphisme, la concentration sur les objets évoquent la période hollandaise

Van Gogh a rapproché ce tableau des « Mangeurs de pommes de terre » que rappelle la lumière de la lampe

« J’ai cherché à exprimer que le café est un endroit où on peut se ruiner, devenir fou, commettre des crimes … tout cela dans une atmosphère de fournaise infernale, de soufre pâle. Et toutefois sous une apparence de gaité japonaise et la bonhomie de Tartarin »

Lignes convergentes vers la porte lointaine dont l’ouverture est semblable à la silhouette debout

A la ruée de ces lignes convergentes s’oppose la large bande horizontale de rouge, pleine d’objets disséminés : les lampes avec leurs grands halos de touches concentriques, la pendule verte qui marque minuit et le bouquet de fleurs peint avec des taches épaisses contre le mur lisse, au-dessus du tas de bouteilles

Les personnages sont relégués sur les bords et paraissent refermés surs eux-mêmes

La démultiplication des espaces à travers la porte du fond et le miroir de droite rappelle la peinture flamande du 17ème sièce

L’ambiance des cafés était un des sujets de prédilection des impressionnistes

La Maison Jaune – aquarelle – sept 88


Dès l’achèvement de la peinture il envoya à son frère cette aquarelle pour lui donner « une idée de la couleur »

A chaque nouvelle étape de sa conquête de la couleur il avait envoyé une aquarelle à Théo. C’est la preuve de l’importance de la toile


Van Gogh occupe l’aile droite du bâtiment, non meublée et en mauvais état. Au mois de juin il fit repeindre l’intérieur et l’extérieur

Il utilise la maison comme atelier : c’est là que posent le Zouave, la Mousmé et Roulin, et comme galerie où il accrochait ses tableaux


Pour Van Gogh la Maison Jaune symbolise une sécurité psychologique mais en plus c’est un atelier, l’atelier du Midi, qu’il veut partager avec d’autres artistes

Il veut que Gauguin quitte la Bretagne pour le rejoindre

Gauguin arrive le 23 octobre 88

La nuit étoilée – sept 88


« Je veux maintenant absolument peindre un ciel étoilé. Souvent il me semble que la  nuit est encore plus richement colorée que le jour, colorée des violets, des bleus et des verts les plus intenses … certaines étoiles sont citronnées »

Au-delà des apparences Van Gogh veut traduire quelque chose de transcendant que la voûte céleste est chargée d’exprimer

« Le ciel est bleu vert, l’eau est bleue de roi … la grande ourse a une pâleur discrète qui contraste avec l’or brutal du gaz. Deux figures colorées d’amoureux à l’avant-plan. »

De sa touche directionnelle il construit les plans ambigus de la terre, de l’eau et du ciel, que la nuit a presque mêlés.

« Toujours la vue des étoiles me fait rêver, aussi simplement que me donne à rêver les points noirs représentant sur la carte géographique villes et villages »

La chambre à coucher – Amsterdam 1/3 - oct 88


Le tableau représente une chambre bien rangée,  «un intérieur sans rien»

De ce tableau il dira «  Ce qui me semblait le mieux c’était la chambre à coucher ». Chambre rendue dans son intimité presque familiale. Alternance inventive de multiples plans de couleurs

Vincent se félicitait de la facture « mâle et simple. Pas de pointillés, pas de hachures, rien, des teintes plates qui s’harmonisent »

Utilisation des complémentaires. Aux rouge/vert, jaune/violet, bleu/orange s’ajoutent le noir et le blanc qu’il considérait comme la quatrième paire

Van Gogh voulait créer dans cette chambre une impression de sécurité familiale. Il a dit de son double lit en bois qu’il donnait à la chambre « un aspect de solidité, de durée, de calme et si cela prend un peu plus de literie, c’est tant pis »

Van Gogh, avide d’affection, sans compagne avait voulu peindre dans la chambre un enfant au berceau

« La vue du tableau doit reposer la tête ou plutôt l’imagination … La carrure des meubles doit maintenant encore exprimer le repos inébranlable »

La vue du tableau représentait pour Vincent une amélioration par rapport à ses précédents logis, « les cafés ou les auberges mauvaises » où il avait « perdu la notion de l’ordre et de la simplicité »

Van Gogh recourt au procédé de synthèse des formes qu’il avait appris des estampes japonaises

L’accord principal d’ocre et d’azur a un effet rassurant

Couleur étendue en couche mince sans touches pâteuses et nerveuses

Les objets personnels ( tableaux, serviette accrochée, vêtements suspendus, couverture rouge, broc sur la table) donnent l’impression d’une demeure paisible comme Van Gogh en a si peu trouvé dans sa vie

Terrasse de café la nuit – Otterlo – sept 88


Vision d’un spectateur détendu qui savoure sans aucun propos moral le charme de ce qui l’entoure

« La nuit est plus vivante et plus richement colorée que le jour »

Scène d’extérieur vue avec détachement

La couleur est largement prodiguée

Formes irrégulières ajustées en dents de scie

Le jaune du café joue sur le bleu noir de l’extrémité de la rue et le violet de la portes à l’avant plan

L’angle obtu de l’auvent touche la partie la plus distante du ciel bleu

Importance de la dimension verticale

Double illumination et contraste du ciel étoilé  et du café éclairé

Les disques des étoiles font pendant aux plateaux des tables

La couleur du café passe du jaune à l’orange et au vert

Le premier plan est ouvert vers le spectateur qui a la sensation de cheminer dans la rue pavée de galets arrondis

Le contraste de jaune et de bleu des édifices revient dans le ciel étoilé

Van Gogh peint ton sur ton la lanterne jaune sur le fond du café

Image joyeusement animée par les personnages qui bavardent dans la rue ou aux tables des cafés

La chambre à coucher – Chicago – 2/3 – sept 89


Le premier tableau (Amsterdam) ayant été abîmé par l’humidité il fit une copie avant de tenter une intervention risquée

Van Gogh a gardé le miroir tout à fait blanc dans cette copie car il considérait (Grammaire des Arts du dessin de Charles Blanc) que le blanc pouvait atténuer agréablement les effets trop violents d’un usage très poussé de la couleur.

Le miroir blanc est un point de repos pour l’œil

La chambre à coucher – Orsay – 3/3 – sept 89


Vincent fit une nouvelle copie un peu plus petite, destinée à sa mère et à sa sœur à qui il tenait à offrir de petites copies de ses meilleures œuvres

Les arènes d’Arles


Le centre d’Arles est dominé par un imposant amphithéâtre où se déroulent toujours des corridas

Van Gogh assista à une corrida et fut impressionné par le spectacle

Une des très rares scènes de foule peinte par l’artiste

On aperçoit à peine le torero et les animaux

L’attention du peintre se concentre sur les gradins vus en plongée où se presse la foule

L’artiste ne décrit pas individuellement les personnages

Il rend l’impression de la foule bruyante, fondue dans une tonalité dominante

Le tableau a été réalisé en décembre quand Van Gogh vivait avec Gauguin dont l’influence est perceptible dans cette œuvre

Gauguin proposait un type de peinture qualifié de cloisonnisme ou de synthétisme : tout détail en était banni, l’artiste devant se concentrer sur le rendu abrégé des masses principales, traitées en aplats de couleur carrés de contour noir

Van Gogh s’était rapproché de Gauguin en se débarrassant de sa palette « hurlante » au profit d’une quasi monochromie fractionnée par les contours noirs qui déterminent les figures

Le tableau de Gauguin « Vision après le sermon » de 1888 offre une conception analogue (angle vu en plongée et Bretonnes représentées dans un style synthétisé)

La chaise de Van Gogh – dec 88 / janvier 89


En même temps que sa chaise Van Gogh a peint le fauteuil de Gauguin avec une bougie allumée et deux livres

Sur sa chaise à lui il a placé sa pipe et sa blague à tabac

Les objets symbolisent les êtres humains auxquels ils appartenaient comme les attributs des saints dans les tableaux anciens

La chaise a été transposée sur la toile avec beaucoup de ferveur.

Van Gogh a bien rendu sa forme, sa rigidité, son poids, sa matière

Enchevêtrement instable des pieds et des barreaux de la chaise avec les joints du carrelage

La position oblique de la chaise la libère de ce qui l’entoure et suggère la liberté de l’être humain dans ce monde de géométrie rigide

Van Gogh a introduit des continuités : l’angle droit tracé en jaune sur la porte s’ajuste précisément au pied de la chaise

Sous le barreau du bas une ligne en zigzag réunit les deux pieds

Le jaune richement varié, renforcé par le mur blanc, prend place entre le rouge orangé du carrelage et le vert froid de la porte

Le bleu vert de la porte réapparaît dans le contour des barreaux et des pieds jaunes

Quelques tournesols dans une caisse posée à terre

Van Gogh a signé « Vincent »

Le fauteuil de Paul Gauguin – dec88 / jan89


Ce tableau est le pendant de la chaise de Van Gogh

Accord chromatique totalement différent

Pour Gauguin il utilise des tons sombres et puissants

Les couleurs froides dominent : le vert et le bleu à peine adoucis par le jaune des livres et de la lampe et  par les touches qui animent le sol

Le marron du fauteuil contribue à la tonalité sombre de l’ensemble

Fauteuil avec une assise large et deux bras

Une lampe à pétrole éclaire la scène

De cinq ans plus jeune que Gauguin Vincent se sentait inférieur à lui

Gauguin doué d’un orgueil immense s’était proclamé chef de l’école de Pont-Aven

Malgré les désappointements de leur cohabitation Van Gogh proclamera qu’il avait appris beaucoup de lui

Van Gogh n’était pas naïf. A Théo avant l’arrivée de Gauguin « Instinctivement je sens que c’est un calculateur »

« Je le crois entraîné par l’imagination, par de l’orgueil peut-être, mais assez irresponsable »

En se rendant à Arles Gauguin voulait se rapprocher indirectement de Théo sur qui il comptait pour vendre ses tableaux

L’hôpital d’Arles – avril 89


Le tableau représente l’intérieur de l’hospice d’Arles

Ce dortoir était passablement déprimant

Van Gogh avait été admis après l’automutilation du 23 décembre 88 et de nouveau interné fin février 89 à la demande de ses voisins jugeant son comportement dangereux pour la société

A Wil le 30 avril 89 «  Une salle, une très longue salle avec des rangées de lits à rideaux blancs, où se meuvent quelques figures de malades. Les murs, le plafond aux grandes poutres, tout est blanc, d’un blanc lilas ou d’un blanc vert »

Cette toile traduit l’état d’abandon où étaient laissés les pensionnaires de l’établissement, ici rassemblés autour d’un poêle

Pourtant l’ambiance ne paraît pas triste : chacun d’eux ou presque vaque à une activité solitaire

La vaste salle est assez lumineuse et la couleur vert pâle des murs, du plafond et des rideaux qui entourent les lits confère à l’ensemble une certaine sérénité

Les formes sont définies de façon claire et synthétique, enfermée dans des contours noirs

L’hôpital d’Arles – avril 89


Le tableau représente l’intérieur de l’hospice d’Arles

Ce dortoir était passablement déprimant

Van Gogh avait été admis après l’automutilation du 23 décembre 88 et de nouveau interné fin février 89 à la demande de ses voisins jugeant son comportement dangereux pour la société

A Wil le 30 avril 89 «  Une salle, une très longue salle avec des rangées de lits à rideaux blancs, où se meuvent quelques figures de malades. Les murs, le plafond aux grandes poutres, tout est blanc, d’un blanc lilas ou d’un blanc vert »

Cette toile traduit l’état d’abandon où étaient laissés les pensionnaires de l’établissement, ici rassemblés autour d’un poêle

Pourtant l’ambiance ne paraît pas triste : chacun d’eux ou presque vaque à une activité solitaire

La vaste salle est assez lumineuse et la couleur vert pâle des murs, du plafond et des rideaux qui entourent les lits confère à l’ensemble une certaine sérénité

Les formes sont définies de façon claire et synthétique, enfermée dans des contours noirs

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