Van Gogh  ARLES  PORTRAITS

La vieille arlésienne – février 88


L’identité de cette vieille arlésienne demeure inconnue

Portrait réalisé peu après l’arrivée de Van Gogh à Arles, fin février 88, sans doute dans le restaurant Carrel

Composition en plan rapproché et frontale mais ni centralisée ni symétrique

Pendant quatre mois (jusqu’au zouave) Van Gogh ne peindra pas de portrait

Le Zouave – Amsterdam – juin 88


Ce portrait du zouave fut exécuté dans l’atelier de la Maison Jaune pendant les quatre journées de pluie torrentielle du 20 au 23 juin 88

Le 21 juin il écrit à Théo « J’ai enfin un modèle, un zouave, c’est un garçon à petite figure, à cou de taureau, à l’œil de tigre … le buste que j’ai peint de lui était … en uniforme du bleu des casseroles émaillées bleues, à passementerie d’un rouge orangé fané, avec deux étoiles citron sur la poitrine, un bleu commun et bien dur à faire. La tête féline très bronzée coiffée d’un bonnet garance que j’ai plaquée contre une porte peinte en vert et les briques orangées d’un mur. C’est donc une combinaison brutales de tons disparates »

« Je voudrais toujours travailler à des portraits vulgaires et même criards »

Ces portraits annoncent les portraits fauves et expressionnistes du début du 20ème siècle

La Mousmé – juillet 88


Van Gogh combine les tons nuancés par l’atmosphère et les larges et puissants contrastes

Modelé subtil du visage aux touches menues

Les transitions douces et la pâleur donnent une impression de féminité

Intense présence des rayures et des pois bleus et rouges

Couleur apaisante et neutre des arceaux du fauteuil

La partie supérieure du corps est reliée à la partie inférieure par les rayures alternées et courbes du corsage

Van Gogh à Théo « Une mousmé est une jeune fille japonaise – provençale dans ce cas – âgée de douze à quatorze ans »

Le Zouave – New York – juin 88


Le zouave était un étranger. Le metier faisait de la France son pays, mais il restait en dehors

Expression d’attente naïve et de confiance de l’arabe.

Raideur de l’homme du peuple qui pose

Une attitude native de l’indigène a été surprise dans les jambes largement écartées sur le siège bas

Flamboiement du pantalon évasé

Partie supérieur froide, peu remplie avec le modèle contracté, stable, symétrique

Détails lisibles contre un mur froid, plâtreux

La moitié inférieure est dominée par le pantalon vermillon, sans forme, au-dessus d’un sol rougeâtre rendu encore plus instable par le réseau des briques et des  points

L’immense déploiement de la culotte crée une perspective qui fait transition entre le contraste du haut et du bas du tableau

Par leur divergence les pieds ajoutent à la structure complexe du sol

Toile originale par la couleur et la construction ingénieuse de symétries

Vieux paysan – Patience Escalier – août 88


Ce paysan méditerranéen est pétri de soleil aussi bien que de terre. Son sarrau bleu et le fond orange brûlé sont le ciel et la terre renversés de Provence

L’homme nous parle par ses yeux et exprime sa force par ses mains magistralement dessinées

Le portrait est centré sur le visage dont chaque trait est un univers avec sa forme et sa couleur

Gravité de ce vieux paysan fixé dans une attention soutenue

Luminosité des yeux cernés de rouge

Hérissement coloré de la barbe

Blouse bleue complémentaire du fond et reliée par ses nombreux plis aux rayures de la barbe

Trois taches rouges de la cravate et des manches dans un dessin qui enserre les mains

Portrait de Paul Eugène Milliet - ...


Van Gogh et Paul Eugène Milliet, sous-lieutenant dans le 3ème régiment d’infanterie de zouaves, se lient d’amitié du mois de juin jusqu’au 1ernovembre 88, date du départ de Milliet pour l’Algérie

Les deux amis visitent ensemble Montmajour et les bordels. Ils s’intéressent à Balzac et à Maupassant

Allant en congé dans le nord, Milliet apporte à Théo 36 toiles de Vincent et lui rapporte des estampes japonaises

« Il est beau garçon, bien dégagé avec beaucoup de laisser-aller dans l’allure »

« J’ai terminé son portrait au képi rouge sur un fond vert émeraude ; on voit à l’arrière-plan les insignes de son régiment : le croissant et l’étoile à cinq branches »

Milliet a 25 ans et porte la médaille commémorative de l’expédition française au Tonkin

Portrait de Roulin – Winterthur – juillet 88


Joseph Roulin était né à Lambesc en avril 1841. Il arrive à Arles en 1881

Van Gogh et Roulin se sont rencontrés chez les Ginoux au café de la Gare

Le 31 juillet il écrit à sa sœur Wil : « Je suis en train de faire le portrait d’un facteur en uniforme bleu fonçé avec du jaune. Une tête un peu comme celle de Socrate, presque pas de nez, un grand front, le crâne chauve, de petits yeux gris, des joues pleines, hautes en couleur, une grande barbe poivre et sel, de grandes oreilles. L’homme est un terrible républicain et socialiste ; il raisonne très bien et sait beaucoup de choses. Sa femme a accouché aujourd’hui et il n’est pas peu fier ; il rayonne de satisfaction »

A Théo « Roulin, tout en n’étant pas assez âgé pour être pour moi comme un père, toutefois il a pour moi des gravités silencieuses et des tendresses comme serait d’un vieux soldat pour un jeune »

Toile de 15  (65*54)

Les formes sont aplanies, simplifiées et anguleuses ; la surface peinte est lisse et plate

Des exagérations de pâte

L’éclairage assez brutal et les ombres vertes du visage et de la barbe sont provoqués par la lumière au gaz de l’atelier de la Maison Jaune

Roulin a 47 ans

Il meurt à Marseille en septembre 1903 à l’âge de 62 ans

Le poète, portrait d’Eugène Boch – Orsay – sept 88


L’artiste belge Eugène Boch (1855-1941) venait souvent rendre visite à Van Gogh dans la Maison Jaune et à son tour Van Gogh allait le voir à Fontvieille

« C’est un garçon dont l’extérieur me plaît beaucoup, figure en lame de rasoir, yeux verts avec de la distinction »

« Ce Boch a un peu la tête d’un gentilhomme flamand … Cela ne m’étonnerait pas qu’il fût bon »

Le 11 août il écrit « Je voudrais faire le portrait d’un ami artiste, qui rêve de grands rêves, qui travaille comme un rossignol chante … Derrière la tête au lieu de peindre le mur banal du mesquin appartement je peins l’infini, je fais un fond simple du bleu le plus riche, le plus intense que je puisse confectionner et … la tête blonde, éclairée sur ce fond bleu riche, obtient un effet mystérieux comme l’étoile dans l’azur profond »

Le 2 septembre Van Gogh passe un dimanche avec Boch à Arles. Ils assistèrent à une course de taureaux aux arènes

Boch pose pour Van Gogh « Sa tête fine au regard vert se détache dans mon portrait sur un ciel étoilé outremer profond, le vêtement est un petit veston jaune, un col de toile écrue, une cravate bigarrée. Il m’a donné deux séances dans une seule journée »

Portrait de Joseph Roulin – Boston - 31 juillet / 6 août 88


La volonté de réaliser ses ambitions de portraitiste n’avait pas quitté Van Gogh à Arles

Mais « Je veux être établi d’une façon qu’on puisse recevoir les gens à l’atelier »

Joseph Roulin gérait la poste de la gare locale en tant qu’ « entrepreneur des postes »

En neuf mois Van Gogh va peindre six portrait de Roulin

Cette toile est le premier portrait. Avec cette toile un peu naïve il renoue avec son ambition de La Haye de représenter des types populaires

Van Gogh admirait Frans Hals qui voulait atteindre « la peinture de l’humanité, de toute une république … par le simple moyen du portrait »

Roulin : fier père de famille et habitué des cafés où il claironnait ses opinions politiques républicaines

Nombreuses nuances du beau bleu égayé de points jaunes

Van Gogh voulait démontrer sa maîtrise dans l’expression des tonalités d’une même couleur. Les mains ont été peintes d’un seul élan sans corrections ultérieures

Le visage fixé sur nous est sans la moindre stylisation

Profusion de jaune et de brun dans la large barbe

Rigidité de la tête tempérée par les tons variés de la chair

Main gauche puissante et naturelle

L’uniforme bleu contraste avec le bleu clair du fond

Contours tracés en vigoureuses lignes droites

Justesse du triangle blanc au-dessus de la barbe

Portrait de Joseph Roulin – Ford - 1 et 2 août 88


Van Gogh réalisa un second portrait de Roulin, considérant  que la pose du premier était trop raide

Tableau peint en une seule séance de pose

Van Gogh exclut la chaise et peint Roulin dans une simple pose frontale sans montrer ses bras et ses mains. Il concentre son attention sur la tête

Il peint minutieusement « ses petits yeux gris et ses joues tachetées de rouge vif »

La lumière vient de la droite mais la division verticale de la tête entre ombre et lumière est exprimée par la couleur

Quelques changements dans la casquette, la barbe et les oreilles

Portrait d’Armand Roulin – Essen - ………..


Armand Roulin est le fils aîné de Joseph Roulin, le postier

C’est le plus immédiatement charmant, avec des yeux clairs, un regard candide, une pose détendue et une tonalité lumineuse

Le jaune mimosa de la veste et le vert du fond contrastent avec le bleu du chapeau, de la veste et du bouton

« quelques tons abrupts, quelques lignes noires mais il a la distinction d’un vrai Manet »

Armand est né à Lambesc le 9 mai 1871 (donc 17 ans) et mort le 25 novembre 1945

Au moment du portrait il était apprenti forgeron à Lambesc

Il deviendra officier de paix en Tunisie

Portrait d’Armand Roulin – Rotterdam - ……….


Ce second portrait est différent de la première version

Au lieu d’une franche et ouverte confrontation nous avons une rêverie introspective

Au lieu d’un étalement aisé des formes nous avons un placement des épaules en diagonale avec la tête dans la même direction plutôt que tournée vers le spectateur

Au lieu de tons lumineux nous avons des couleurs noires contre le fond émeraude, quelques empâtements dans le col et dans l’ombre du chapeau

Madame Roulin et son bébé – fin nov / deb dec 88


C’est le portrait d’un bébé de quatre mois tenu par sa mère qui est une figure aplatie et subsidiaire

Son traitement brutal et trépidant, avec le couteau à palette et la brosse, est dû au sujet

La difficulté de la pose demandait en effet une exécution des plus rapides

L’élision des formes, les contours discontinus et les distorsions anatomiques en font une image expressionniste

Madame Roulin est née Augustine-Alix Pellicot à Lambesc en 1851 et morte en 1930

Elle avait dix ans de moins que Joseph

Le bébé, Marcelle, est née le 31 juillet 88

L’Arlésienne – Orsay – nov 88


Portrait de Madame Ginoux

Au commencement de novembre, une quinzaine de jours après l’arrivée de Gauguin, Vincent annonce « J’ai enfin une Arlésienne, une figure sabrée dans une heure, fond citron pâle, le visage gris, l’habillement noir, noir, noir, du bleu de prusse tout cru. Elle s’appuie sur une table verte et est assise dans un fauteuil de bois orangé »

Jusqu’alors Van Gogh n’avait guère eu de chance à Arles lorsqu’il s’agissait de convaincre des femmes de poser pour lui. Il y était parvenu grâce à Gauguin plus à l’aise en société.

Marie Ginoux est quadragénaire

Elle est l’épouse du propriétaire du Café de la Gare où Van Gogh prenait tous les jours ses repas

Portrait réalisé dans un format 30 (93*74)

Van Gogh était captivé par l’aspect coloré et pittoresque du vêtement mais aussi par son caractère immuable. Le costume de l’époque soumis aux modes ne  permettait pas de donner à ses figures une dimension universelle

Il pensait que la beauté des arlésiennes résidait dans leur costume

«  Je ne dis pas que leurs formes ne soient pas belles, mais ce n’est pas là le charme local. C’est les grandes lignes du costume coloré bien porté et c’est le ton de la chair plutôt que la forme »

Il fait ressortir la toile blanche sous le corsage noir et les cheveux relevés en chignon et noués par le sombre bandeau tombant

L’Arlésienne – Portrait de Madame Ginoux – New York – nov 88


Ce portrait est la seconde version réalisée pour payer les services de Madame Ginoux au moyen d’une toile, pratique courante chez les peintres désargentés

Les oppositions de couleurs sont plus dures

Le parasol et les gants ont été remplacés par des livres

Pour Van Gogh les romans français étaient les symboles par excellence des temps modernes et il a voulu confronter les valeurs ancestrales représentées par une arlésienne typique aux témoignages de son siècle

Il cherchait toujours « une rencontre étrange et heureuse des antiquités fort lointaines avec la crue modernité »

Le Zouave – dessin - New York – juin/juillet 88


Dessin dédié à « son copain », Emile Bernard

En copiant le portrait peint Van Gogh simplifie le fond vert et orange du mur de briques en un simple vert vif

Force des complémentaires vert-rouge et bleu-orange mais plus faiblement jaune-violet

Immédiateté et fraîcheur car le visage et le cou ne sont pas touchés par le crayon

L’effet d’ensemble est moins sévère que dans la peinture

Le bébé Marcelle Roulin – août 88


Vincent écrit à sa sœur Wil : « Je ferai l’un de ces jours un bébé dans son berceau. Le père n’a pas voulu qu’on baptise l’enfant. C’est un révolutionnaire révolu ; quand la famille a fait la moue, probablement à cause du repas du baptême, il a dit que le repas aurait lieu quand même »

La femme de Théo, Johanna écrit à Vincent le 5 juillet 89 «  De ma place à table je vois les grands yeux bleus et les jolies petites mains et les joues ronde de l’enfant et j’aime à me figurer que le nôtre sera aussi fort, aussi bien portant et aussi beau que celui-là et que son oncle voudra bien lui faire son portrait »

Marcelle Roulin est morte le 22 janvier 1980 à l’âge de 91 ans

Portrait de Camille Roulin – décembre 88


Camille a onze ans

Van Gogh introduit la chaise ce qui lui permet de fixer la pose et justifie la main déployée de l’enfant en avant

Dans le fond deux bandes séparées d’orange et de rouge

Passage rapide du pinceau dicté par l’anticipation de la mobilité de l’enfant

Camille Roulin est né à Lambesc en 1877 et est mort en 1822

Il fut employé au service des messageries maritimes

La Berceuse – Otterlo – decembre 88 / janvier 89


Van Gogh fit cinq versions du portrait de Madame Roulin

Cette version (Otterlo) est la première : les fleurs du papier peint y sont les plus naturalistes

Dans toutes les versions les mains sont plus blanches que le visage

Cette première version entamée en décembre 88 avant sa première attaque évoque ses « souvenirs les plus primitifs » de l’époque où rien d’autre n’existait que « la mère et moi »

Il avait lu dans « Pêcheur d’Islande de Pierre Loti et entendu de Gauguin, marin, que les marins pêchant dans les plus âpres conditions avaient besoin de réconfort

Van Gogh voulait que par ce tableau ils éprouvent un sentiment de bercement leur rappelant leur propre chant de nourrice

Van Gogh éprouvait envers ces pêcheurs solitaires les mêmes sentiments qu’envers ses tisserands brabançons

Van Gogh considérait que le portrait était mal peint, qu’il ressemblait à une « chromophotographie de bazar »

Van Gogh dans une lettre « … Peut-être dans La Berceuse il y a un essai de petite musique de couleur d’ici »

Par sa manière stylisée Van Gogh obéissait aux préceptes théoriques énoncés par Gauguin

Le portrait vaut par ses contours puissants : les nuances de lumière et d’ombre sont pratiquement absentes

Van Gogh utilise comme à son habitude des couleurs complémentaires

Plus tard il prit ses distances vis-à-vis de cette forme d’abstraction et s’opposa aux conceptions de Bernard et de Gauguin « Je me suis laissé allé à une abstraction dans La Berceuse »

La Berceuse – Boston – janvier/mars 89


Il y a cinq versions de La Berceuse qui diffèrent surtout par des détails de l’ornementation et par d’infimes aspects du dessin

Formes simples compactes soulignées en noir, des morceaux de couleur en aplats, découpés et ajustés ensemble presque sur un seul plan

Ce degré de simplification est exceptionnel dans son art

Forte constitution de la moitié inférieure riche en angles et différente d’atmosphère de la partie supérieure qui est plus poétique et d’une plus grande fantaisie avec ses nombreuses formes arrondies et ses petits motifs

Van Gogh « Une femme vêtue de vert, à cheveux orangés, se détache contre un fond vert

Madame Roulin inspirait Van Goh qui avait beaucoup lu Michelet qui dit dans « La Femme » que l’artiste est inspiré par la femme

Pour Michelet, l’homme « est relatif. Il doit adorer, respecter la femme, qui fait l’homme, le plaisir de l’homme, qui par l’aiguillon de l’éternel désir a tiré de lui, d’âge en âge, ces jets de flammes qu’on appelle des arts, des civilisations »

Dans ce portrait de Madame Roulin tenant la corde du berceau Van Gogh voulait proposer une image religieuse de la femme et de la mère en général. Il veut traduire par son tableau le texte de Michelet : « La femme au cœur prosaïque, celle qui n’est pas une poésie vivante, une harmonie pour relever l’homme, éléver l’enfant, sanctifier constamment et ennoblir la famille, a manqué sa mission »

Portrait du docteur Félix Rey – janvier 89


Le docteur Félix Rey était le jeune interne de l’hôpital Hôtel Dieu qui s’occupa de Van Gogh du 24 décembre 88 au 7 janvier 89 et pendant ses crises de février et mars 89

Né à Arles en juin 1865 il fit ses études de médecine à Montpellier. Sa thèse « De l’antisepsie des voies urinaires » fut acceptée le 28 juin 1890

Le docteur Rey a rencontré Théo pendant son bref séjour à Arles

Quand il quitte l’hôpital le 7 janvier Van Gogh écrit « M. Rey est venu voir la peinture avec deux de ses amis médecins et eux comprennent au moins bigrement vite ce que c’est que des complémentaires »

Le portrait a été peint dans le bureau de l’interne. Le papier peint à décoration florale correspond au mur du bureau

Van Gogh a donné au Dr Rey son portrait en souvenir

Le Dr Rey est mort en 1932

Portrait de Josep Roulin – Coll privée – avril 89


Utilisation d’un fond décoratif

Roulin a quitté Arles pour prendre un nouveau poste à Marseille mais il revenait occasionnellement à Arles pour visiter sa famille qui ne le rejoignit pas à Marseille avant la fin de l’année

Ce portrait fut réalisé durant une visite en avril 89

Vincent avait un complexe d'infériorité vis à vis de Gauguin à qui il dédia ce tableau "Je trouve excessivement communes mes conceptions artistiques en comparaison des vôtres. J'ai toujours des appétits grossiers de bête. J'oublie tout pour la beauté extérieure des choses que je ne sais pas rendre, car je la rends laide dans mon tableau et grossière alors que la nature me semble parfaite"

"J'ai un portrait de moi tout cendré. La couleur cendrée qui résulte du mélange du véronèse avec la mine orangée sur fond véronèse pâle, tout uni à vêtement brun rouge"


Dans cet autoportrait qu'il a voulu austère Vincent accentue les traits de son visage en se figurant avec des cheveux très courts et une barbe qu'il avait laissé repousser après l'avoir complètement rasée

Intensité du visage et expression déterminée


L'artiste a obliqué un peu les yeux à la japonaise et le regard semble fixer quelque chose dans le lointain

Le personnage du bonze japonais canalisait de nombreux phantasmes de Vincent : l'idéal wagnérien de répandre l'art du futur en se regroupant tels les "disciples d'une nouvelle religion; la croyance selon laquelle seule la vie monastique permettait de se concentrer sur tout ce qui était nécessaire à une saine créativité; l'idée selon laquelle les peintres japonais travaillaient en communauté et échangeaient eux aussi leurs tableaux.

Van Gogh a européanisé l'autoportrait dédié à Gauguin : les cheveux sont plus longs même s'ils sont très finement peignés


Le cou est moins exposé


Au lieu d'une tête excessivement ovoïde il a introduit des formes abruptes et angulaires et un froncement de sourcil déterminé


Il a peint le fond vert avec de fins coups de pinceau en diagonale ce qui retire le fort effet de halo de l'image du "bonze"


Ce tableau est dédié à Paul Laval qui avait accompagné Gauguin à  la Martinique en 1887

C'est probablement peu après sa sortie de l'hôpital début janvier 1889 que Van Gogh fit ce portrait

Il obtient avec des moyens particulièrement restreints un résultat optimal

Ce tableau est une démonstration de sa foi en l'usage des couleurs complémentaires : bleu et orange, vert et rouge

Le manteau vert est placé contre un fond rouge et la toque de fourrure bleue contre un fond orange

Le jaune est introduit dans la fumée montante de la pipe et le haut du fond orange

Le placement des yeux coïncide avec la division horizontale des deux fonds colorés

La pipe intensifie l'impression de calme intérieur et de stoïque résolution


Van Gogh s'était blessé à l'oreille gauche mais son portrait le montre avec l'oreille droite bandée. Cette inversion indique que le peintre a utilisé un miroir. Il avait acheté cet accessoire au milieu du mois de septembre spécialement pour faire des autoportraits "car si j'arrive à pouvoir peindre la coloration de ma propre tête, ce qui n'est pas sans présenter quelque difficulté, je pourrai bien aussi peindre les têtes des autres bonshommes et bonnes femmes"

Van Gogh était fort attaché à cet objet car lorsqu'il s'installa en mai 1890 à Auvers il pria Ginoux d'envoyer à Paris, soigneusement emballé, le miroir qui lui avait manqué

Après le tragique épisode de l'automutilation et deux semaines d'hôpital Vincent resta cloîtré dans sa chambre et peignit ce tableau qui joue sur un accord de couleurs froides


Vincent s'est représenté de trois quarts en mettant l'accent sur le pansement très visible

Son regard particulièrement abattu fuit le contact avec l'observateur


La touche est fragmentée en petits traits verticaux. La psychologie scientifique de l'époque qui étudiait la traduction figurative des états d'âme associait la sensation de tristesse aux lignes verticales


Un mur vert pâle sert de fond à la scène duquel se détachent le haut d'un chevalet et une des estampes japonaises qu'il avait commencé à collectionner à Anvers et qui avaient été une de ses sources d'inspiration à Arles


Le visage est amaigri et la touche a un parcours accidenté comme si elle s'attardait à suivre la structure osseuse

La veste boutonnée et le bonnet fourré enfoncé sur la tête contribuent à fermer l'image et introduisent un sentiment de distance


Van Gogh se rendait compte qu'il faisait désormais peur aux gens

Parlant avec son frère des projets de Gauguin pour un nouveau voyage exotique il écrivait "Moi je suis trop vieux et (surtout si je me faisais mettre une oreille en papier mâché) trop en carton pour y aller"

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