Van Gogh ARLES
FLEURS TOURNESOLS JARDINS
Tige fleurie d'amandier
En février 1888 Van Gogh part pour le Midi de la France "le pays des tons bleus et des couleurs gaies où il y a plus de couleur, plus de soleil"
Ce modeste rameau est un hommage à la fragilité du renouveau, loin des vases de fleurs solennels et débordants de couleurs exécutés à Paris. Les pétales éclos semblent diffuser la lumière du printemps
Vincent crée un jeu de pleins et de vides.
Rameau décentré par rapport à l'axe principal de la composition.
Vigueur de la tige, délicatesse des bourgeons et des corolles épanouies. Délicatesse de touche des fleurs blanches
Ombre bleutée du verre
La table et le mur sont traités sommairement
Table ébauchée au moyen de touches rapides et lumineuses
La surface du mur est mieux finie et traitée en aplats avec une différence de tons qui partage le plan en deux secteurs inégaux séparés par une large bande du même rouge que la signature
La perspective en contre-
Evoquant le Midi il écrit "Le pays me paraît aussi beau que le Japon pour la limpidité de l'atmosphère et les effets de couleur gaie"
En mai 1888 il peint cette nature morte qui marque un nouveau départ stylistique, une orientation qui n'est plus du tout tributaire de l'impressionnisme
Au lieu des stries brisées et des effets de halo qui ont caractérisé ses dernières natures mortes parisiennes la couleur est ici appliquée à plat et de manière lisse
Les objets dont les formes sont nette et fermes apportent un intérêt décoratif
Ce changement s'explique en partie par le souvenir que Van Gogh garde des récentes natures mortes cloisonnistes de son ami Emile Bernard
Nature morte avec cafetière – mai 88
Le 20 mai il écrit à Théo « J’ai fait une cafetière en émail bleu, une tasse d’un bleu royal sur la gauche, un pot à lait en carrés bleus et blancs et sur la droite une tasse avec un dessin bleu et orange, un plateau en grès jaune et un pot de terre avec des dessins rouge et marron
Deux oranges et trois citrons. La table est couverte d’une nappe bleue. Le fond est jaune »
Cet exercice de couleur est peint avec beaucoup de fini
Van Gogh célèbre aussi la possession de cette vaisselle qu’il vient d’acheter pour la Maison Jaune
La cafetière et les coupes des Mangeurs de pommes de terres ont été transférées dans un intérieur silencieux et désert et deviennent comme les instruments d’une présence religieuse
Lauriers roses – août 88
A gauche des lauriers roses Van Gogh a posé deux livres jaunes dont "La joie de vivre" de Zola qu'il avait déjà utilisé en 1885 en opposition à la bible familiale ouverte
Van Gogh peignait sans doute les lauriers roses comme une détente après les tournesols
Il utilise le format horizontal pour faciliter l'étalement des tiges
Au lieu de peindre jaune sur jaune il choisit de peindre un mélange de vert et rouge-
On retrouve le célèbre jaune des tournesols dans les deux livres
Van Gogh est fasciné par ces fleurs roses sensuelles émergeant de feuilles en forme de poignard
Les fleurs se dressent et s’étendent dans la largeur de la toile
Lourdes et généreuses ces fleurs sont peintes en coups de pinceau enveloppant en contraste avec les feuilles vertes pointues
En opposition à ces rouges et ces verts les accords jaunes des livres et violets
de l’ombre de la table devant un fond vert-
Les tons roses des fleurs sont proches de la couleur de la table et leurs tons blancs de la tranche du livre
Le vert des feuilles se retrouve à la base du vase
Traitement de la table joyeux par la variété des couleurs et de touches
« La Joie de vivre » de Zola exprime son amour pour les fleurs
Une paire de chaussures – août 88
A Paris Van Gogh a souvent peint des toiles montrant ses chaussures
Cette toile est la seule sur ce motif réalisée à Arles
Dans ses lettres il évoque le « tranquille bonheur d’une vieille paire de chaussures »
Le plancher s’élève presque verticalement ce qui crée un effet spatial ambigu
La diligence de Tarascon – oct 88
Cette toile était destinée à la décoration de la Maison Jaune
Van Gogh était un admirateur de « Tartarin de Tarascon » parue en 1872
Dans ce roman Alphonse Daudet met en scène une diligence originaire de Tarascon, douée de parole et qui se plaint de son exil en Algérie
A Théo « Te rappelles-
Le tableau représente la diligence en plein soleil, gaiement colorée
« Premier plan simple de sable gris, fond aussi simple, murailles jaunes avec fenêtres à persiennes vertes, coin de ciel bleu. Les deux voitures très colorées, vert, rouge, roues jaunes »
Toile dans le style empâté de Monticelli
Presque brutal le coup de pinceau est partout direct et plein de vie
Composition très contrastée où les véhicules multicolores sont encastrés entre un
premier plan presque vide et un arrière-
Un ciel vert, des rouges vifs, des bleus et des jaunes éclatants illustrent son désir de "outrer la couleur davantage" pour arriver à de nouvelles harmonies
Le trait aussi est violent : touches vives et rapides pour le sol, empâtements pour la bâche du chariot, les ombres et les personnages rapidement esquissés
Cette toile révèle la liberté que Vincent a pris désormais avec les couleurs
Souvenir de jardin à Etten – mi novembre 88
Van Gogh à Théo « Un souvenir de notre jardin à Etten avec des choux, des cyprès, des dahlias et des figures … Gauguin m’a donné le courage d’imaginer les choses et, venant de l’imagination, certaines choses prennent un caractère mystérieux »
Il écrit à sa sœur Wil le 15 novembre « … La plus jeune des deux femmes en promenade porte un châle écossais avec des taches oranges et vertes et un parapluie rouge. La plus âgée a un châle violet, presque noir. Mais une branche de dahlias jaune citron et d’autres roses et blanches sont comme une explosion de couleur sur une masse sombre. Derrière elles un cèdre et un cyprès et des choux avec une bordure de feuilles blanches. Le sentier de sable est orange. Le bord très vert de deux planches de géraniums. Une servante vêtue de bleu orange, une profusion de fleurs blanches, roses, jaunes et rouges »
Suppose que les deux femmes en promenade soient notre mère et toi … le violet sombre et le violet jaune citron des dahlias me rappellent notre mère.
Barges à sable – août 88
Le 31 juillet il écrit à Théo « J’ai vu un très grand bateau chargé de charbon sur le Rhône amarré au quai. Vu d’en haut … c’était de l’Hokusaï pur »
Le bateau représenté ne porte pas du charbon mais du sable
Point de vue inhabituel : des barges vues d’un quai assez élevé
Combinaison empruntée à Velasquez et rare chez Van Gogh de gris, violet et vert
La salle de danse -
Peinture d’imagination faite avec les encouragements de Gauguin
Les motifs plats et décoratifs sont redevables aux gravures japonaises mais aussi aux œuvres d’Emile Bernard
Sévère compression spatiale
Trois paires de complémentaires : rouge et vert, jaune et violet, jaune et orange
On reconnaît Madame Roulin dans la figure de droite
Femmes bretonnes et enfants -
Scène inspirée d’un tableau d’Emile Bernard qui travailla longtemps en Bretagne à côté de Gauguin
Détails réduits à l’essentiel
Surfaces traitées en aplats entourés de la ligne noire des contours
Le but était de peindre sans modèle afin que la peinture soit fondée sur la mémoire et sur l’idée
Van Gogh ne poursuivra pas dans cette voie et se remit à peindre d’après nature ce qui était pour lui la garantie d’une peinture authentique
Van Gogh ne voulait pas s’intégrer aux mouvements picturaux de son temps. Il voulait « se retremper dans la réalité … sans partis pris parisiens »
Vincent critiqua la peinture de son ami Bernard « … Je ne veux pas me creuser la
tête avec ces choses-
Mais Bernard aida Théo à monter une rétrospective après la mort de Vincent
Harengs fumé sur un morceau de papier jaune – janvier 89
Van Gogh quitte l’hôpital le 7 janvier 89 et veut peindre dès le lendemain en commençant par « faire une nature morte pour retrouver l’habitude de peindre »
Cette nature morte de harengs fumés dans leur emballage de papier jaune, sur une assiette posée sur le siège en jonc d’une chaise, est un de ses premiers exercices
Simplicité de la composition et palette limitée
Essentiellement un contraste des couleurs complémentaires jaune et violet
Le 23 mars Paul Signac rend visite à Van Gogh qui a été enfermé un mois en cellule isolée. Quand ils rentrent ils constatent que la Maison Jaune a été fermée par la police et la serrure détruite
Signac « a été bien brave et bien droit et bien simple lorsque la difficulté se manifestait d’ouvrir ou non de force la porte close par la police qui avait démoli la serrure.
Je lui ai donné une nature morte qui avait exaspéré les gendarmes puisque cela représentait deux harengs qu’on nomme gendarmes comme tus sais »
Nature morte aux oignons – janvier 89
Après sa sortie de l’hôpital Van Gogh se remet à peindre
Grande sûreté de la composition : sur tout le pourtour de la toile des objets sont coupés par les bords
Ces coupures éveillent l’impression d’un ensemble plus grand
Le chandelier dépassant le bord de la table suscite le désir de le placer à un endroit moins dangereux
Le regroupement des objets suscite une impression intime et suggère que l’on vient d’écrire une lettre scellée avec la cire qui se trouve au pied du chandelier
Toile personnelle par son contenu : nous voyons les choses qui ont soutenu Van Gogh dans les moments difficiles qui suivirent le départ dramatique de Gauguin : le vin, le café, le tabac et la correspondance avec son frère
C’est à l’Annuaire de la Santé du Dr Raspail qu’il avait emprunté son remède contre les insomnies : du camphre dans son matelas et son oreiller
L'originalité de Vincent fut de peindre le tournesol différemment : d'ordinaire les fleurs étaient toujours représentées sous leur meilleur jour mais il se mit à peindre la phase postérieure à la floraison montrant des fleurs commençant à se faner
Il exposa ses tournesols dans le restaurant du Chatelet, boulevard de Clichy et ils attirèrent l'attention de Paul Gauguin et les deux artistes procédèrent à un échange Vincent, humble face à Gauguin, donna deux tableaux et reçut un.
En août 1888 recevant son "ami" Gauguin à Arles, Vincent décora son atelier avec "rien que des grands tournesols" sachant que Gauguin appréciait ce motif.
Vincent commença par représenter minutieusement trois fleurs, deux en pleine floraison et une à un stade plus avancé
Il adopte une composition conventionnelle avec un pot en céramique avec une glaçure verte complète à l'exception du bord inférieur
Les tiges sont courtes ce qui est conforme à la réalité car les fleurs sont lourdes et avec de longues tiges le vase risquerait de se renverser
Dans ce tableau de plus grandes dimensions son pinceau privilégia "rien que la touche variée"
L'accentuation du contraste des couleurs fit place à la recherche d'un effet "clair sur clair"
Il choisit le bleu et le jaune comme couleurs principales mais il n'applique pratiquement
pas de contraste clair-
La composition est ambitieuse car il y a quatorze fleurs dans un vase
Elles sont représentées sous plusieurs angles : de face, de côté et même en vue arrière
Certains tournesols sont en fleur et d'autres fanés
Dans cette nature morte il rend la composition plus légère que dans l'oeuvre précédente où les grandes fleurs fanées étaient comme agglomérées : il place trois exemplaires dans le bas et trois exemplaires dans le haut du tableau et laisse le fond jouer à travers le bouquet
En optant pour des fleurs fanées comme élément de couronnement l'aspect d'étiolement apparut plus accentué que dans les oeuvres précédentes
Les tiges de tournesols, joyeusement sinueuses, sont clairement visibles, surtout dans les spécimens du dessous
Minces aplats dans le vase au premier plan
Il améliore l'effet clair sur clair en réduisant le contraste clair-
Il fait moins ressortir le coeur brun rougeâtre des fleurs et ne peint plus les feuilles en vert foncé mais en vert clair
Pour le fond il préfère le jaune pâle d'une grande luminosité naturelle ce qui est un bon choix pour peindre clair sur clair
Les tiges sont longues ce qui indique que le bouquet n'a pas été peint d'après nature mais composé en atelier
Vincent était un réaliste mais il disait "J'exagère, je change parfois le motif mais enfin je n'invente pas tout le tableau"
Barges à charbon – coll priv – août 88
Fin août Van Gogh revit le bateau à charbon avec des ouvriers qui déchargent et qu’il avait représenté avec le tableau « Barges à sable »
Le peintre représente ici un coucher de soleil mais abandonne la perspective inhabituelle due à un point de vue élevé
Le peintre a fixé la scène rapidement et avec sûreté un moment avant que le soleil ne disparaisse à l’horizon
Surprenante palette de couleurs
Le quartier de Tronquetaille est vu au-
Le traitement du dessin et la couleur font de Van Gogh un précurseur du fauvisme et de l’expressionnisme
Cette toile est une réplique libre du tableau précédent
Il pousse plus avant la schématisation des formes tout en cherchant à améliorer encore l'effet clair sur clair
L'original a un fond jaune pâle recouvert d'un jaune-
L'oeuvre a été peinte sur un support de toile de jute grossière
Dans cette réplique destinée comme la précédente à décorer la chambre de Gauguin il poussa plus loin la schématisation des formes des fleurs, changea la couleur de la partie inférieure du vase en un ton violet et opta pour de nouveaux accents colorés, notamment du bleu et de l'orange
Ces deux dernières oeuvres représentaient aux yeux de Van Gogh un sommet de sa carrière
"Pour être chauffé suffisamment pour fondre ces ors là, et ces tons de fleurs -
Vincent voyait en cette toile qui est une réplique (destinée à décorer la chambre de Gauguin) son premier essai réussi de peinture "clair sur clair"
Van Gogh réunit avec un sens du contraste deux styles différents : "le travail de la brosse et un style décoratif inspiré d'effets de vitraux d'église gothique"
La paroi du fond possède une structure en hachure tandis que le plan sur lequel est posé le vase reste lisse
Pour donner aux coeurs des fleurs un aspect plus vibrant il utilise la technique du tamponnement de la couleur tandis que les feuilles et les tiges sont rendues par une touche plus picturale