Van Gogh   PARIS

AUTOPORTRAITS


Van Gogh peignit au moins 25 autoportraits au cours de son séjour à Paris

Le motif est vu de près et ne montre que les épaules et la tête tournée de trois quarts dans une attitude qui allait par la suite dominer dans ses autoportraits


Ce tableau se situe dans la tradition romantico-réaliste

La couleur sombre est allégée par la lumière qui vient éclairer la partie supérieure droite du visage et par le contraste de l'orangé de la barbe et du bleu autour du cou


Van Gogh a voulu se présenter sous un aspect respectable et avec un naturalisme conforme aux exigences du portrait académique


Il voulait montrer les progrès accomplis dans la représentation de la figure humaine grâce à ses études à l'Académie d'Anvers

Il voulait aussi attirer d'éventuelles commandes qui ne vinrent pas

Vincent est coiffé d'un chapeau élégant qui lui confère une certaine respectabilité bourgeoise


Van Gogh porte un veston à revers


Tableau peint avec des touches rapides et légères


Un des rares autoportraits où il présente son visage de face bien que son regard biaise et ne regarde pas directement le spectateur

Ces dessins sont le seuls autoportraits que nous ayons de Van Gogh


Ces autoportraits sont des études exploratoires ainsi qu'en témoignent en haut à droite les esquisses du nez, de la bouche et de l'oeil


Vincent a travaillé en se regardant dans un miroir : nous voyons donc le côté droit de son visage comme s'il s'agissait de son côté gauche


La plus grande des têtes réunies sur cette feuille est d'une expression très intense qui peut donner l'impression d'une agressivité

Vincent choisit de se représenter vêtu d'une "cotte bleue de zingueur"


Paul Signac a expliqué que Vincent explorait les environs de Paris aux abords d'Asnières à la recherche de paysages à sa convenance habillé de cette cotte bleue sur les manches de laquelle il avait peint des petits points de couleur


Le large bord du chapeau protégeait du soleil son teint de nordique

Par sa couleur jaune-orangé semblable à celle de sa barbe il crée un contraste de couleurs complémentaires avec la veste bleue


La maturation du style de Van Gogh pendant l'été 1887 se traduit par l'utilisation de touches hachurées dans le modelé du visage


Il utilise la technique picturale des impressionnistes pour le buste et les zones du fond du tableau


Par suite d'un échange entre les deux peintres ce tableau devint la propriété de son ami Emile Bernard

Cet autoportrait est de tous le plus orthodoxe selon la technique néo impressionniste

Le visage est traité de façon naturaliste contrastant sur un fond de couleurs complémentaires


Son ami Bernard a donné une description de l'aspect physique

de Vincent "Roux de poil (barbiche de bouc, moustache rude, toque capillaire rase), le regard d'aigle et la bouche incisive comme pour parler ..."


Van Gogh qui a échangé des portraits avec Gauguin et Bernard regrettait de ne pas en avoir de Seurat "Je voudrais bien que nous eussions le portrait de Seurat par lui-même"

Cet autoportrait peut être perçu comme un hommage de Van Gogh à l'art de Seurat et Signac


Van Gogh était attaché à Signac par une profonde amitié


Points de couleurs pures très rapprochés les uns des autres

Le jeu des points multicolores se poursuit sur la texture d'étoffe des vêtements et sur le fond

Portrait peint sur carton montrant l'artiste avec une veste rouge fonçé agrémentée de bleu au col


Dans une première phase les contours de base du visage et du corps avaient été remplis d'une première couche de couleur avant que soient réalisées les couches complexes de points qui forment le corps et le fond


"Vus de tout près, les meilleurs tableaux et justement les plus complets du point de vue de la technique, sont faits de touches de couleurs posées tout près l'une de l'autre; ils ne font effet qu'à une certaine distance"

Vincent se représente en tenue de travail, debout face à un chevalet, sa palette à la main


On notera le formalisme de sa tenue : la blouse, la cravate, le chapeau en feutre sombre n'ont plus rien à voir avec les vêtements sales qui, par le passé lui avaient value moqueries et critiques


Vincent conscient de ses "erreurs" décida d'améliorer son aspect physique : il acheta de nouveaux vêtements, tailla sa barbe et se rendit chez le dentiste.


Ce changement reflète un regain de confiance en sa capacité " à produire et à être quelqu'un"


Ce tableau a pour modèle l'autoportrait de Rembrandt au chevalet qui avait tant marqué Vincent lors de son premier séjour parisien douze ans plus tôt

L'intention qu'avait Van Gogh d'imprégner d'un sentiment assez sombre ce portrait exécuté à Paris en janvier 1888 ressort d'une lettre qu'il écrivit plus tard à sa soeur dans laquelle il décrit les rides de son front et "autour de la bouche tout d'une pièce, une barbe très rouge, passablement désordonnée et triste"

Dans d'autres lettres on trouve l'expression de l'humeur sombre des derniers mois passés à Paris "J'étais sûrement sur le droit chemin d'attraper une paralysie quand j'ai quitté Paris"

A Gauguin il dira "J'ai quitté Paris bien navré, assez malade et presque alcoolique"

Bien que les rides de son visage soient à peine perceptibles le peintre donne sur le portrait une impression sinistre

Sur le fond d'un mur clair se détache la tête volumétrique aux cheveux roux, la veste bleue et le chevalet

La composition ferme s'inspire de Cézanne ce qui indique sa volonté de réaliser quelque chose d'exceptionnel

Utilisation du vert complémentaire dans le rouge du visage  ce qui à quelque distance suggère avec efficacité une ombre grise

La partie gauche du visage, dans l'ombre, se contracte anxieusement sur la toile en train

La partie droite s'ouvre en pleine lumière au-delà de la palette solidement tenue sur laquelle sont rangées les couleurs pures du spectre : vermillon, vert Véronèse et bleu de cobalt

La structure de ce portrait est créée par des points, des pointillés, de petites hachures et de petits coups de pinceau en virgules


Contraste entre la lumière naturelle créant une barre d'ombre à la hauteur des sourcils et la lumière d'atelier créant sur la gauche du visage une ligne séparant l'ombre de la lumière


Utilisation des couleurs complémentaires : contraste entre le jaune orangé doré du visage et du chapeau et le bleu lavande de la veste

Effet de halo autour du visage


Le chapeau de paille indique l'admiration de Van Gogh pour Monticelli

Dans une lettre à sa soeur il confie son attention  de "flâner sur la Cannebière habillé exactement comme Monticelli tel qu'il l'a vu sur son portrait avec un énorme chapeau jaune, une veste de velours sombre, des gants jaunes et une canne de bambou"


Le tableau est coupé sur les bords par le cadre du tableau ce qui crée une tension qu'exprime aussi le calme concentré du visage

Ce tableau est une tentative de Vincent de se présenter en tant que peintre de plein air

On sent aussi que depuis qu'il est à Paris il ressent le changement de son statut personnel

Il éprouve le désir de se voir lui-même comme les autres le voient


Ce tableau est aussi une prise de conscience croissante de sa place par rapport à l'avant garde parisienne

En effet l'un des objectifs de Van Gogh en venant à Paris était de rencontrer d'autres artistes

Au moment où il quitte la ville début 1888 son cercle d'amis et de connaissances au sein de l'avant garde montante ainsi que parmi les chefs de file du mouvement impressionniste est considérable

Il est l'ami d'Emile Bernard et a échangé des oeuvres avec Pissarro et Gauguin

Cet étranger maladroit en société a réussi à identifier d'une manière infaillible les artistes de talent de sa génération

Il faut souligner aussi que Théo chez Goupil joue un rôle de plus en plus actif dans la promotion de l'art moderne


Vincent impressionne ceux qui le rencontre par la véhémence de son propos, l'éventail de ses références et son profond engagement envers ses ambitions artistiques

A Paris Vincent se prépara à la carrière de portraitiste

Les commandes de portraits devaient mettre fin à sa dépendance financière


Les photographes de portrait faisaient de bonnes affaires mais Vincent ne décelait aucune vie dans leurs photos

"Les portraits peints ont une vie propre qui vient radicalement de l'âme du peintre et à laquelle la machine n'a pas accès"


Pour s'exercer au portrait l'autoportrait était la solution la plus simple et surtout la plus économique car il ne pouvait s'offrir de modèles professionnels


Dans ce tableau ordonnance rythmique très stricte des traits de pinceau

Il a emprunté aux néo-impressionnistes la trouvaille de l'auréole


Le statut social du modèle reste vague. Sans cravate et avec son feutre léger et soyeux Van Gogh semble vouloir s'afficher en artiste citadin

De tels chapeaux n'apparaissaient guère sur les photos de cette époque et lorsqu'on en voit ils donnent toujours l'impression que leur porteur appartient aux milieux artistiques

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