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VAN  DER  WEIDEN

Van der Weiden


Rogier de la Pasture naquit en 1400 à Tournai où son père était coutelier. Il apparaît en 1427 dans les registres de la gilde de saint Luc comme l’élève de Robert Campin

A partir de 1436 il est établi à Bruxelles où il exerce les fonctions de « peintre de la ville »

Il passe le reste de sa vie à Bruxelles où il se fait connaître sous la traduction flamande de son nom Van der Weiden

Son atelier devint entre 1435 et 1464 une florissante entreprise

On suppose que Memmlinc travailla comme assistant dans son atelier

On pense qu’il a séjourné en Italie lors de l’année sainte 1450

Il a mené la vie d’un bourgeois aisé et respecté

A partir de 1462 Rogier et sa femme, Elisabeth Goffart, adhèrent à la Confrérie de la Sainte-Croix où était représentée l’élite de la société bruxelloise.

Il mourut le 18 juin 1464


La nativité


Ce triptyque présente la naissance du Christ flanquée de deux visions prémonitoires

A gauche, le sybille de Tibur montre à l’empereur romain Octave la Vierge à l’enfant qui se dresse sur un autel et lui indique qu’il s’agit du véritable souverain du monde. L’empereur sacrifie aussitôt l’encens.

A droite, les rois mages en prière sur une montagne aperçoivent une étoile ayant la forme d’un petit enfant et se mettent à la suivre jusqu’à Bethléem

Ainsi l’enfant reçoit l’hommage du monde entier, l’empire romain et l’orient

Les trois champs picturaux ne sont pas réunis par les lieux mais par les figures qui sont toutes à la même échelle et semblent s’enchaîner sur les trois panneaux

Sur les volets un demi-cercle ouvert vers l’intérieur et au centre ouvert vers l’extérieur créant ainsi une ligne ondulée


Panneaux unis par une répartition des couleurs : rouge du vêtement du mage et de saint Joseph, brocart d’or d’Octave et du deuxième mage

Sur le panneau central les harmonies de rouge, de blanc et de noir paraissent élégantes et sévères

Le blanc symbolise la virginité et le noir du vêtement rappelle la couleur en vogue dans les milieux aristocratiques

La diversité des couleurs donne une grande harmonie sans accents forts

Chaque panneau comporte trois grandes figures

Le groupe qui entoure l’enfant forme un triangle dont la pointe se trouve en haut et qui est contrebalancé par les fondations de la ruine et les deux tours


Rogier délimite la scène sur laquelle se trouvent les personnages par le mur en ruine, celui de la pièce d’Octave et la colline derrière les rois mages

La Vierge est presque placée sur l’axe médian du tableau ; le plus souvent elle est près de l’enfant mais sur le côté

La muraille sombre sert de baldaquin pour Marie

Le donateur sous les traits d’un berger en adoration ; il est maintenu à distance de la Vierge car ses contours ne recouvrent qu’à peine les objets du premier plan

Le donateur s’inscrit dans une bande verticale renforcée par son  vêtement noir et dans laquelle se trouve la ville qui est le cadre habituel de son activité


A gauche la couronne en forme de globe et la pourpre de la chasuble désignent l’homme comme l’empereur représenté à un âge avancé ce qui lui donne plus de dignité

Les aigles sur les vitres étaient des symboles impériaux au moyen-âge

La sibylle de Tibur vêtue de vert indique la vision qu’elle attendait

Les courtisans semblent étonnés


A droite les trois rois mages représentent les trois âges de l’homme


La descente de croix


Seul le grand panneau central du retable a été conservé (220*262)

Il a été exécuté pour la gilde des arbalétriers de Louvain (arbalètes sur les ornements gothiques des angles)

Une œuvre impressionnante : 10 figures se détachent sur un fond doré


Nicodème et Joseph d’Arimathie tiennent le corps du Christ qui vient d’être détaché de la croix

A gauche, Marie Cleophas et Marie Salomé, l’une d’elle aide l’apôtre Jean à soutenir la Vierge évanouie

Aux pieds du Christ, Marie-Madeleine est accablée de douleur ; à côté d’elle un homme porte une jarre d’onguent

Chaque personnage exprime la douleur à sa manière, sous une forme intense mais contenue, et présente un visage éploré mais jamais grimaçant

Cette maîtrise des émotions fut admirée par les contemporains italiens «  La dignité est conservée au milieu d’un flot de larmes »


L’unité de la scène est obtenue par la fermeture de la composition et par un ensemble de courbes qui relient les figures l’une à l’autre

A chaque courbe répond en effet une autre courbe. Les contours de Marie-Madeleine et de Jean, qui encadrent la composition, dessinent la forme de deux arcs symétriques

La courbe gracieuse de la dépouille du Christ est répétée par la silhouette de la Vierge, effondrée sans connaissance, ce qui manifeste sa mission corédemptrice

Les motifs décoratifs entretiennent la dimension pathétique de la scène comme le mouvement imprimé au vêtement de l’apôtre Jean


Dans la partie inférieure il y a de l’espace pour les personnages et la croix alors que dans la partie supérieure l’espace semble rétréci

Le fond doré donne l’impression de repousser les personnages vers l’avant

Ils semblent manquer d’espace pour achever leurs gestes et il en résulte une peinture hors du temps


Ce retable était placé sur un autel : lors de la célébration l’hostie montrée par le prêtre se trouvait derrière le corps peint

Resplendissant, ce corps qui ne présente aucune trace de flagellation présente des formes  presque arrondies

Le sang qui sort de la plaie dessine l’arrondi du ventre

Marie s’effondre comme si elle venait de rendre le dernier soupir ; elle participe à la Rédemption par le Christ

Profond décolleté de la pécheresse Marie-Madeleine

Belle courbe du linceul blanc

Les effets de volume sont modulés : les courbes du bas du manteau de Nicodème donnent du volume à ce personnage mais l’épaule gauche semble être tout à fait plate. Mais sa tête est restituée avec un remarquable modelé

Les visages sont particulièrement vivants, chaque acteur est isolé dans sa douleur

Les mains sont utilisées pour exprimer l’émotion : main droite du Christ et main gauche de sa mère

Les étoffes et les matières sont rendues avec une grande précision



Portrait de jeune femme


Les vêtements en laine assez souples de cette femme permettent de voir en elle une bourgeoise

Le regard direct qui exprime une certaine intimité semblerait indiquer que cette femme était une relation ou une parente de Rogier



Portrait de dame


Cette femme appartient à une classe sociale élevée, ce que l’on remarque grâce à des détails comme la riche boucle de la ceinture et les vêtements luxueux

Elle faisait sans doute partie de la noblesse


Huit portraits d’hommes


On a l’impression que les personnages représentés appartiennent tous à une même famille aristocratique

Toujours la même atmosphère de civilisation, de piété et de dignité

Cette stylisation agit aux dépens de l’individualité des personnages. Rogier fut très demandé par la haute société. Tous voulaient fixer leur visage embelli par l’idéal du peintre


Les mains sont presque toujours jointes de telle sorte que la tâche claire qu’elles forment soit suffisamment discrète pour ne pas détacher l’attention du visage

L’impression de sérénité donnée par l’image des mains jointes est renforcée par l’éclairage uniforme des visages

Les visages sont montrés de trois-quarts, les yeux fuient le regard du spectateur


Ci-dessous de  1  à  8


1  Antoine de bourgogne

Il porte le collier de la toison d’or qu’il reçut en 1456

La grande flèche évoque la gloire au combat

Elle forme une diagonale importante qui coupe le tableau en deux


2  Francesco d’Este

Il quitta en 1444 Ferrare pour la cour de Bourgogne où il grandit avec Charles le Téméraire

Il porte une côte de mailles au col doré sous ses vêtements

L’anneau et le marteau font allusion à la charge d’arbitre de tournoi


3 Philippe de Croy

Chambellan de Philippe le Bon. Sur ce portrait il aurait 25 ans


4 Laurent Froimont

Le visage est modelé avec délicatesse


5 Charles le Téméraire

Porte le collier de la toison d’or décerné à sa naissance. Tient à la main le pommeau d’une épée


6 Philippe le Bon

Philippe le Bon vers 1450, alors quinquagénaire porte l’ordre de la toison d’or dont les chaînons représentent des briquets


7 Jean de Gros

Secrétaire de Philippe le Bon il passa au service de son fils Charles en 14656

Collecteur d’impôts aussi puissant que haï il fut jeté en prison à la mort de Charles


8 Portrait d’homme d’âge mûr

Cet homme n’a pas pu être identifié

L’annonciation


Ce triptyque présente le donateur sur le volet gauche et une visitation sur le volet droit

L’annonciation se déroule dans un décor luxueux.

Les lys blancs et la carafe en verre sont des symboles de la pureté de la vierge

La cheminée dont on ne se sert plus le 25 mars est fermée par un écran de bois.

Gabriel est vêtu comme un écclésiastique s’apprêtant à célébrer un office avec sa chape taillée dans un précieux brocart d’or, passée par-dessus l’aube, et son étole en brocart rouge et or

L’énorme agrafe quadrilobée qui retient la chape est ornée d’un motif architectural


Le retable de la Vierge dit de Miraflores


Retable exécuté vers 1435 peu après « La descente de croix »

Il se compose de trois panneaux de même taille

Les personnages sont placés à l’intérieur d’un décor d’architecture peint composé d’arcs cintrés décorés de figures imitant des sculptures

Les portails ouvrent sur des espaces voûtés dont l’arrière plan ests clôturé sur le panneau de gauche et prolongé par un paysage sur les deux autres panneaux


Les trois scènes illustrent de gauche à droite :

La sainte famille, la Pieta, l’apparition du Christ à sa mère


De chacune des clés de voûte descend un ange portant une couronne et un phylactère qui proclame le thème du retable : le partage de la rédemption de la Vierge et du Sauveur

Les inscriptions latines rappellent que Marie recevra la couronne de vie pour ses trois vertus spécifiques : la pureté, la compassion et la persévérance

Le blanc de la pureté dans la sainte famille

Le rouge de la compassion, sang des martyrs, dans la Pieta

Le bleu de la persévérance dans l’apparition du Christ à sa mère


Evocation saisissante des sentiments :

Dans la sainte famille, la vierge est seule avec l’enfant car saint Joseph s’est endormi

Dans la déploration elle embrasse pour la dernière fois son fils mort ; on la voit encore seule malgré les gestes de réconfort de Jean et de Joseph d’Arimathie


La similitude de la vierge et du Christ dans les deux scènes indique que la mère pressentait  dès la naissance le destin de son fils : le nouveau né repose sur ses genoux comme le fils mort de la Pieta


Dans l’apparition les gestes seuls suffisent à traduire les émotions. Le Christ esquisse le geste du « noli me tangere » alors que Marie manifeste un mélange d’étonnement, de respect et de joie


C’est Rogier qui introduit dans l’art des Pays-Bas le thème de la Pieta que lui et son atelier exploitent à différentes reprises


La composition particulière du retable de la Vierge fut reprise plus tard dans le retable de Saint Jean Baptiste de Berlin


Retable de Sainte Colombe


Ces trois scènes décrivent la venue du Christ sur la terre, sa reconnaissance comme maître du monde par les trois souverains de ce monde et comme le Messie promis par le pieux Siméon et la prophétesse Anne

Marie est particulièrement mise en valeur par le bleu uniforme de sa robe, couleur toujours rehaussée par un rouge intense

Grâce à la minceur des personnages leurs mouvements semblent encore plus graciles que dans les autres tableaux


Panneau de Gauche  Annonciation

L’ange est entrée par la porte fermée dans la chambre de Marie et lui adressent des mots en latin qui sortent en lettres d’or de sa bouche

La chambre avec son carrelage élégant, les fenêtres aux verres de couleur et le lit orné d’un brocart d’or très précieux semble convenir davantage à un palais qu’à une modeste demeure


Panneau de Droite  Présentation au Temple

Simon, un pieux vieillard, reconnut en l’Enfant le Sauveur « Maintenant tu peux laisser ton serviteur mourir en paix »

Anne reconnaît également le Christ

Derrière Marie, une servante tient deux colombes destinées à la cérémonie de purification


Panneau Central  Adoration des Mages

Les trois rois mages sont venus de très loin avec une suite importante et s’agenouillent maintenant, chacun à un stade différent de ce mouvement, devant l’Enfant

Ils représentent les trois âges de l’homme : le jeune homme, l’homme d’âge mûr et le vieillard

Le petit crucifix anachronique rappelle la rédemption, but de la venue de Jésus sur la terre

Tout à gauche, le donateur séparé par un muret, un chapelet dans les mains


La crucifixion   L’Escorial


Ce tableau monumental (325*192) est une œuvre tardive

Composition d’une grande simplicité : les détails narratifs sont éliminés et les variations de couleur réduites à l’essentiel

Au centre le Christ en croix se détache sur le fond rouge d’une tenture déployée

Revêtus d’un vêtement gris blanc saint Jean et la Vierge sont représentés de part et d’autre de la croix

Habituellement saint Jean est vêtu de rouge et Marie de bleu

Rogier a dérogé à l’usage pour rendre hommage à la robe blanche des chartreux

L’œuvre évoque une sculpture : dans les églises il n’est pas rare de trouver des crucifix ainsi placés devant une tenture

Les émotions sont montrées avec une extrême réserve. La vierge et Jean, séparés par la croix endurent leur souffrance chacun pour soi

Cette séparation de la vierge et de saint Jean est inhabituelle ; d’ordinaire, dans l’atelier de Van der Weiden le motif de la vierge soutenue par saint Jean concentre le caractère pathétique du drame de la passion

Chez Van der Weiden pas de scène de crucifixion à caractère narratif avec les deux larrons, le centurion romain et les soldats partageant le manteau

Le drap d’honneur montre les plis d’un linge qui vient de sortir d’une armoire ; ces  plis donnent une structure géométrique à la grande surface rouge et confèrent une certaine impression d’éphémère à ce tableau sculptural


Crucifixion   Philadelphie


Les personnages prennent place devant un mur placé dans un lieu irréel


Triptyque de crucifixion   Vienne


Le motif de Marie embrassant la croix est très rarement représenté : cette violente réaction est habituellement le fait de Marie-Madeleine

Or, celle-ci joue un rôle diamétralement opposé. Elle se tient à gauche et semble étrangère à la scène.

Sainte Véronique, également isolée, à l’apparence d’une Marie-Madeleine avec son visage jeune et son cou découvert

Les figures sont plus abstraites ; les jeux d’ombre et de lumière sont atténués. Le paysage donne une impression de vide.


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