1822   CHATEAU DE DOUVRES   

Dans cette aquarelle Turner célèbre l’avènement de la vapeur. A l’entré du port de Douvres, divers bateaux de pêches éprouvent des difficultés pour rentrer au port à cause du vent d’ouest dominant. Sur la jetée plusieurs personnes manifestent avec de grands gestes leur excitation devant cette nouvelle forme de transport.

Juste derrière lui se trouve un brick naufragé et cette juxtaposition valide la substitution du vent par la vapeur comme moyen de propulsion. La première traversée de la Manche par un navire à vapeur a été réussie par le Majestic en 1816 mais ce n’est qu’à partir de 1821 que furent assurés des passages réguliers. Au premier plan à droite une barre et un safran de gouvernail en partie immergé.

Turner souligne l’esprit d’invention et la science maritime britannique par rapport à la médiocrité des étrangers en ce domaine.

Le bateau de gauche est en difficulté car occupé à pêcher son équipage n’a pas serré les voiles et le pont est encombré de toile. L’homme de barre est coincé entre la toile et une potence destinée à supporter le mât de misaine quand on l’abat. Il n’a pas la place de pousser la barre à tribord, ce qu’il lui faudrait faire pour que le bateau vire à gauche et ne heurte pas le bateau qui croise sa route par-devant. Ses camarades sont affolés par ce qui se passe mais il ne peut pas faire grand-chose et la collision paraît inéluctable.

Les mouvements de la mer et les reflets qui jouent à sa surface sont représentés avec talent.


1823   MARGATE VU DE LA MER, LEVER DE SOLEIL : PÊCHE AU MERLAN  

Au début des années 1820 Turner se consacra à la réalisation d’une série d’aquarelles de grandes dimensions représentant des sujets marins ou côtiers.

Turner exprime toute la virtuosité technique de sa maturité

Cette œuvre parut sous forme de mezzo-tinto en 1825

Le mezzo-tinto ( manière noire ) est un procédé de gravure en taille douce. La manière noire permet une grande variété de teintes. C’est le premier procédé d’impression qui permit d’obtenir des niveaux de gris sans recourir aux hachures ou au pointillés. ( La taille-douce est un procédé de gravure en creux sur une plaque de métal )


1823   RYE, SUSSEX  

Cette aquarelle a été exécutée pour être gravée dans la série de vues topographiques de Turner, quarante pièces entre 1811 et 1825, et intitulées « Vues pittoresques des côtes sud de l’Angleterre »

Pendant les guerres napoléonniennes on craignait que les basses terres de l’ouest soient, en raison de la proximité de la France, envahies par l’ennemi. Entre 1804 et 1809 un système défensif considérable fut construit à travers la région.

Nous voyons les fortifications vers Rye. La rivière Rye traverse la scène à mi-distance. Une forte marée vient de remonter la rivière et de submerger un barrage de bois édifié pour faciliter le travail de construction sur un bras du canal en bas à droite.

Sur la route le conducteur d’une charrette presse ses chevaux tandis que des hommes s’enfuient dans la direction opposée. Au premier plan des ouvriers se cramponnent au coffrage de bois du barrage démoli pour ne pas être emportés par la marée soudaine

Avec sa tendance coutumière à l’exagération Turner représente Rye plus grande qu’elle n’est.

Le ciel et la rivière sont parcourus par un foisonnement de lignes donnant une impression d’énergie contenue. L’enchevêtrement chaotique de ces lignes évoque aussi la panique qui s’empare des hommes lorsqu’ils luttent pour la vie.


1823   LA TEMPETE, NAUFRAGE

Cette aquarelle a été exécutée en vue d’une série de gravures intitulées « Vues marines »

Le fait que les titres soient très généraux indique que Turner a représenté une tempête et un naufrage imaginaires.

C’est la mer la plus furieuse peinte à l’aquarelle par Turner. Il est difficile d’imaginer que quelqu’un puisse survivre à une pareille tempête

Le déchaînement de la mer, la furie du ciel, les couleurs vives, le dynamisme des lignes, tout cela donne l’impression d’un monde bouillonnant, fou d’énergie, dans lequel une humanité-jouet lutte pathétiquement pour survivre


1823  LA BAIE DE BAIAE AVEC APOLLON ET LA SIBYLLE  


Turner réaffirme sa longue fascination pour l’idéal italien du Lorrain à la lumière de ses récentes expériences depuis qu’il avait eu l’occasion de voir l’Italie par lui-même.

Il célèbre les splendeurs de la côte napolitaine mais l’esprit de l’œuvre n’avait rien de documentaire et dans le catalogue il cite en légende le vers d’Horace « Emmène-moi vers la rive ensoleillée de Baiae ». Il évoque une Italie classique mythique  où l’allusion à  Apollon et à la Sibylle rehausse l’atmosphère de lente décrépitude que Byron trouvait si belle.

A sa demande le dieu promit à la sibylle qu’elle vivrait autant d’années qu’elle pourrait tenir de grains de sable dans sa main, mais quand elle rejeta ses avances il maintint sa promesse mais lui refusa la jeunesse et l’immortalité.



1824  LA BATAILLE DE TRAFALGAR


C’est le plus grand tableau de Turner et sa seule commande de la Royal Academy. L’œuvre fut commandée par le roi George IV qui voulait l’accrocher à St James Palace pour compléter d’autres scènes de bataille dont celle de Waterloo

Pour se procurer une documentation exacte sur les bateaux qui avaient participé à la bataille Turner emprunta ses croquis au peintre de marine Schetky, bien qu’il posséda déjà des études du vaisseau amiral de Nelson, le Victory. Turner fut critiqué pour avoir fait des erreurs dans le gréement des navires.

Nous assistons à des évènements qui en réalité eurent lieu à plusieurs heures d’intervalle comme :

le célèbre message télégraphique de Nelson « L’Angleterre attend de chaque homme qu’il fasse son devoir » qui fut hissé vers midi

la chute du mât de perroquet du Victory qui se produisit à treize heures

l’Achille en feu au-delà du Victory, tard dans l’après-midi

le naufrage du Redoutable devant le Victory qui se produisit dans la nuit et en outre le navire alla couler ailleurs

Ces libertés ne furent pas appréciées par les spectateurs qui ne voulaient que « des faits, des faits, rien que des faits »

Turner en réponse aurait pu citer Michel-Ange répliquant à un critique qui disait que le portrait ne ressemblait pas à la personne représentée « Vous savez, dans mille ans, personne ne verra la différence »

La plupart des spectateurs appartenant à la Marine, le carnage du premier plan suscitant des sentiments antimilitaristes ne fut pas apprécié

Le point de vue de l’observateur placé très bas fait que le vaisseau est en surplomb et que ses immenses voiles gonflées expriment les forces titanesques libérées par la guerre


1825  LA COLLINE ET LE PONT DE RICHMOND

 

Ruskin, à propos de cette aquarelle « Elle possède presque toutes les caractéristiques de Turner, et surtout les gaies silhouettes » 

En 1825 le krach économique n’épargna pratiquement personne. La famille Fawkes elle-même semble en avoir souffert et l’on dit que Turner leur prêta beaucoup d’argent pour les tirer d’une situation difficile. Il s’était rendu à Farnley en 1824 mais ne put s’y résoudre à y retourner après la mort de Walter Fawkes, le 25 octobre 1825


1825   PORTSMOUTH  


Dans la lumière de l’aurore un vaisseau se prépare à appareiller et il domine le port et la ville, personnification de la grandeur navale. Turner représenta le navire bien plus gros qu’il devait l’être en réalité et ses dimensions sont accentuées par la petitesse des bateaux placés devant lui qui par contraste accroissent encore son échelle

La flamme du commandant sur le vaisseau, ses voiles gonflées, les voiles du bateau sur la droite, révèlent qu’une bonne brise souffle, ce qui explique le mouvement haché de la mer tandis que la rondeur d’une bouée proche accompagne le glissement de la vague sur la gauche

Sur la tour de droite se trouve le sémaphore de l’Amirauté qui comportait un système de signalisation qui lui permettait d’entrer en communication avec l’Amirauté de Londres en trois minutes au moyen de sémaphores de relais. Le système s’était révélé très utile pendant les guerres napoléonniennes.

Devant le sémaphore se tient un marin dont le chapeau de paille est pointé vers lui. Ce marin qui envoie des signaux au navire de guerre personnifie les communications navales.


1825   VUE DE SAUMUR  

A partir d’un dessin il réalisa cette aquarelle de Saumur sur la Loire

Extraite de la série « Vue de la Loire »



1825  CHATEAU DE PRUDHOE, NORTHUMBERLAND


Cette aquarelle a été réalisée pour être gravée dans la série topographique « Vues pittoresques d’Angleterre et du Pays de Galles »

Le château de Prudhoe est juché sur une petite colline près de la Tyne à dix miles (seize kilomètres) environ de Newcastle, distance indiquée par l’X placé sur une borne en bas à gauche.

Turner revenait d’un voyage sur les bords du Rhin et l’influence des pays rhénans explique peut-être pourquoi il a perché le château en surplomb près de la Tyne au lieu de le représenter dans la situation plus modeste qu’il occupe en réalité

Nette influence de Claude Lorrain. Les arbres sur la droite forment un nécessaire contraste de tonalité avec l’éclat des landes lointaines.

Trois triangles entremêlés avec subtilité structurent la composition, l’un d’eux formant la route sur la droite et les autres divisant le cours d’eau en deux branches, celle de droite suivant le cours normal de la Tyne et celle de guche le cours de la rivière en période de crue

En 1826 Turner vendit la maison de Richmond, Sandycombe, ce qui déplut à son père qui s’occupait de la galerie, introduisait les visiteurs et parfois préparait le dîner.

A Londres il habitait au 47 Queen Ann Street où il avait ouvert sa nouvelle galerie en 1822

Turner désirait à la fois vendre ses œuvres et les garder ; il voulait faire connaître ses idées par tous les moyens possibles mais il souhaitait aussi conserver précieusement un ensemble pour les présenter ensuite « en totalité » à la nation


1826  LA TERRASSE DE MORTLAKE


La lumière du soir se reflète sur le parapet et son éclat est intensifié par la silhouette noire d’un chien. Turner aurait découpé le chien de papier pour le coller sur la toile et le peindre ensuite, procédé qu’il a utilisé en d’autres occasions.

Sur le fleuve vogue une embarcation royale. Le roi et d’autre membres de la famille royale empruntaient la Tamise entre Londres et Windsor, car c’était une voie commode pour se rendre d’un lieu à l’autre

Les platanes de ce tableau représentent les formes végétales idéales de Turner. Chaque sinuosité de leurs troncs et de leurs branches révèle leur dynamisme caché


1826   MORTLAKE  TOT LE MATIN


Evocation de l’Angleterre idyllique et plus particulièrement de cette partie de l’Angleterre où à ses yeux étaient concentrées toute la beauté de la campagne et la prospérité de son économie, la Tamise étant la grande artère nationale

Ici la Tamise, bordée d’arbres, sert de cadre à une vie familiale tranquille, ce qu’évoque la pelouse entretenue par un jardinier équipé d’une brouette et d’une faux et la conversation détendue entre des membres de la famille qui profitent de la chaude lumière dorée d’un matin d’été

1826   LE PHARE DE SHIELDS

Mezzo-tinto (gravure en taille douce) exécuté par Turner lui-même. Le pur camaïeu de noir et blanc devient un langage visuel expressif



1827   AU TOUR DU PEINTRE, PASSAGERS MONTANT A BORD  

Tableau exécuté à la manière des peintres hollandais de marines qui dans la décennie suivante allaient devenir une source d’inspiration encore plus importante


1828   ITALY

Le banquier, collectionneur et poète demanda à Turner la nouvelle édition de son poème Italy




1828   LE PARC DE PETWORTH

L’ÉGLISE DE TILLINGTON DANS LE LOINTAIN   


Le comte d’Egremont, propriétaire de Petworth House était un tory de la vieille école, paternaliste, bon et excentrique. L’élasticité de ses principes moraux lui permettait d’avoir de nombreuses maîtresses et d’innombrables enfants illégitimes. Il possédait aussi neuf chiens familiers.

Turner peignit plusieurs vues du parc pour le gentilhomme.

Lord Egremont est en promenade avec ses neufs chiens qui sont ses compagnons permanents. Le fait qu’Egremont se dirige vers le couchant est symbolique car Turner fait un rapprochement entre la tombée de la nuit et la mort.

La vie d’Egremont, déjà âgé, jetait alors ses derniers feux et son crépuscule devait approcher.

Turner fréquenta Perworth plus assidûment qu’auparavant à la mort de son père qui le laissa seul  et désespéré. Il fut accueilli par Lord Egrement qui mit un atelier à sa disposition. Il passa des semaines entières à se promener dans le parc qu’il aimait peindre. Il pêchait, il dessinait, il faisait de petites aquarelles intimistes en prenant pour modèle les invités de Lord Egremont.

Il peignit pour Lord Egremont ce tableau où tout semble fuir devant le spectateur. Ce tableau violait tous les principes admis de la composition, une peinture dessinée sur la base d’une édllipse qui correspond à l’ellipse de la vision réelle. Turner place le spectateur à l’intérieur de l’ovale formé par la terrasse et par le ciel, le faisant entrer dans le paysage par la diagonale formée des chiens courant vers leur maître. Mais cette vision ne plût pas à Lord Egremont et Turner fit un second tableau basé sur une série de plans parallèles.

Il y a quelque chose d’émouvant dans un personnage seul qui se découpe sur le soleil disparaissant à l’horizon. L’image de la mort vient à l’esprit. Mais sous ce ciel resplendissant nous l’acceptons sereinement. Ce parc paisible durera plus longtemps que le vieil homme qui rentre chez lui à la tombée de la nuit. Les chiens courant à la rencontre de leur maître font paraître plus grande l’immobilité des cerfs dont les ombres s’allongent sur la terrasse vide.

Lord Egremont mourut en 1837. Dans sa vision du parc Turner avait pressenti la dissolution d’une amitié qui lui avait fait connaître un bonheur qu’il n’éprouva que très rarement dans sa vie.



1828   BOCCACE RACONTANT L’HISTOIRE DE LA CAGE A OISEAUX    

Œuvre de fantaisie inspirée de l’architecture médialisante du château d’East Cowes. En fait il n’existe aucune histoire de cage à oiseaux dans le Decameron.

A cette époque Turner s’inspire fortement de Watteau. Les élégantes Fêtes champêtres de Watteau avec leurs groupes de personnages costumés représentaient pour Turner la quintessence d’un idéal aristocratique qu’il n’approcherait jamais que d’assez loin, même s’il en avait parfois des aperçus et en savourait l’existence quand il y était reçu



1828   LE CHATEAU D’EAST COWES, RESIDENCE DE M.NASH ; BATEAUX EN REGATE  

Nash, un éminent architecte, avait de grandes responsabilités dans le Londres de la Régence. Le château apparaît avec une présence spectrale dans le lointain, servant de toile de fond aux nombreux régatiers et au déroulement de la régate. La visite du peintre à l’été 1827 fut marquée par l’excitation suscitée par la régate.


1828   LE PHARE DE MARSEILLE VU DU LARGE  

Pour son deuxième voyage à Rome, Turner passa par la côte sud de la France et trouva que « toute la côte de Nice à la Spezzia est remarquablement accidentée et splendide»

« Dans le sud de la France j’ai failli succomber de chaleur, en particulier à Nîmes et Avignon ; avant de me plonger dans la mer à Marseille, je me sentais si faible que seuls les changements du paysage m’incitaient à poursuivre vers ma lointaine destination »

Il s’agit d’une aquarelle et d’une gouache sur papier bleu. Turner a adopté ce medium comme un hommage à la lumière et à la chaleur du Midi.

A Rome il déplore que le Jugement dernier a beaucoup souffert de grattages et nettoyages


1829  ULYSSE RAILLANT POLYPHEME

L’ODYSSEE D’HOMERE   


Dans le livre IX de l’Odyssée, Ulysse est gardé prisonnier avec douze compagnons dans la caverne du Cyclope, le géant à l’œil unique qui dévore deux hommes chaque matin et chaque soir. Après avoir enivré le géant, Ulysse et ses compagnons survivants aveuglent le Cyclope à l’aube en lui crevant l’œil avec un pieu aiguisé et chauffé au rouge puis s’échappent de la caverne accrochés à la toison des brebis et des béliers du troupeau du géant.

En haut à gauche le Cyclope furieux. Ulysse, près de l’artimon de son navire, le nargue. Au grand mât du vaisseau flotte un pavillon portant le nom d’Ulysse en grec et un autre représentant le cheval de Troie.

A gauche du navire se trouve une caverne embrasée associant le Cyclope aux forces souterraines primitives.

La proue du navire des néréides phosphorescentes brandissent des étoiles. Phosphoros est le fils d’Aurore et donc la personnification de l’étoile du matin. Cette zone de luminescence montre que Turner se passionnait pour tous les genres de phénomènes visuels. Son intérêt pour la lumière réfléchie se marque dans les somptueuses couleurs du côté du vaisseau plongé dans l’ombre.

Les grandes arches rocheuses au large sont une allusion aux  blocs que Polyphème fait rouler dans la mer quand Ulysse s’échappe.

Avec ce sujet mythologique Turner célèbre un monde primitif et grandiose où règnent le bien et le mal, la couleur et la lumière

Ce tableau constitue le point culminant de ses expériences avec la couleur pure. Après cette date il sera plus soucieux du rendu de l’atmosphère que de la substance du paysage

Turner avait des ambitions intellectuelles et s’intéressait beaucoup à la littérature. Il était fasciné par l’Odyssée au point de vouloir la lire dans le texte. Il se mit d’accord avec un ecclésiastique pour échanger des leçons de peinture contre des leçons de grec. L’ecclésiastique fit des progrès, Turner aucun. Il abandonna ses études de grec.

Le sujet est adapté à la recherche du sublime que Turner s’était fixée. Ulysse vient d’échapper à une nuit de terreur dans la grotte du géant Polyphème qu’il a rendu aveugle et dont on aperçoit la silhouette au somment du promontoire sicilien au-dessus de la petite voile. Le héros debout à la proue de son navire tient une  torche au-dessus de sa tête, accablant de sarcasmes son ennemi. Ses partisans de haut de la mâture regardent joyeusement leur victime qui agonise. Sur la droite du tableau le reste de la flotte grecque encadre la scène.

Les Néréides nagent gaiement autour du navire d’Ulysse. Leur pâleur suggère la phosphorescence qui entoure les bateaux en mer, surtout dans les mers chaudes.

Les belles couleurs du ciel ont résisté au temps. Turner avait appris en Italie le moyen d’exprimer cette richesse de tons qui en comparaison fait paraître ternes ses premiers tableaux.

Alternance de tons chauds et de tons froids : le bleu de la mer est opposé à l’or des bateaux. Opposition qui se répète plus modérément dans  le soleil, les nuages et le ciel.

Selon Ruskin « on doit considérer ce tableau comme le tableau central de la carrière de Turner


1829   MESSIEURS LES VOYAGEURS A LEUR RETOUR D’ITALIE PRIS DANS UNE TEMPÊTE DE NEIGE SUR LE MONT  TARRAR LE 22 JANVIER 1829       

« Aucun pauvre diable ne connaîtra jamais semblable voyage de retour… il fallut marcher … je me suis retrouvé trempé jusqu’aux os … la diligence a plongé dans un fossé ; il fallut six bœufs qu’on alla chercher à 5 kilomètres en arrière, pour la sortir … de Foligno à 32 kilomètres de Paris, je n’ai jamais vu la route, seulement la neige »

On le voit recroquevillé devant le feu, le chapeau haut de forme bien enfoncé sur le crâne. Il observe la scène comme s’il préparait déjà mentalement une esquisse.


1830   PILATE SE LAVANT LES MAINS  


Vers 1830 Turner s’attela à une série de sujets bibliques. Il oriente alors son art vers le récit et la romance. Il prit exemple sur le succès des contemporains séduit par le nouveau marché des classes moyennes qui s’était ouvert après les guerres napoléoniennes. Le tableau s’inspire de façon évidente de Rembrandt


1830   CONCERT AU CHATEAU D’EAST COWES


Allusions à Watteau dans les costumes fantaisistes des personnages de cette étude d’ambiance. L’œuvre se fonde sur des soirées auxquelles auraient assisté Turner. Madame Nash, pianiste elle-même, organisait des concerts pour ses invités.


1830   BEAUGENCY  

L’artiste peignit cette aquarelle pour illustrer le  « Voyage annuel de Turner, les rivières de France (1833)

Ce livre est consacré à la vallée de la Loire

Il peignit une série d’aquarelles aux couleurs transparentes sur du papier bleu (devenu gris avec le temps) créant ainsi une atmosphère calme

Il ajouta un peu de couleur pour les reflets et un peu de gouache pour les rehauts

Il dessina à l’encre rouge certains détails et les contours



1830  LE CHATEAU DE COCKERMOUTH


Une étude à la couleur exécutée en vue d’une œuvre qui ne fut jamais réalisée. Des formes vagues se dégagent des lavis généralisés


1826  FORUM ROMANUM

Turner visita l’Italie en 1819.

Nous contemplons la scène à la lumière de l’après-midi. Sur la gauche, devant le Palatin, est l’arc de Titus, datant de 81, à travers lequel on aperçoit les trois colonnes du temple de Castor et Pollux. Turner profita de la licence poétique pour ajouter un grand nombre de monuments visibles à travers l’arc.

Sur la droite la basilique de Constantin et, plus loin, la rangée de constructions qui bordent la Via Sacra et s’étendent au-delà du Capitole. La voûte qui barre le haut du tableau et qui fait tant pour unifier sa structure est une invention complète.

Sous l’arc de Titus une jeune fille est agenouillée en prière, devant un moine. Au loin des moines tenant des bannières religieuses suivent l’Eucharistie portée sous un dais vers l’église de San Lorenzo de Miranda.

Devant les moines, proches de personnages agenouillés, une cariole à deux roues fait penser à un tombereau, allusion peut-être au martyre des premiers chrétiens ou plus généralement évocation des idées de mort dans ce quartier de Rome, lui-même éteint.

Turner exprime la beauté nostalgique du Forum romain et manifeste sa tristesse devant cette désolation. La jeune fille solitaire au premier plan, tête appuyée sur la main, semble personnifier cet abattement, car sa pose est celle qu’utilise habituellement Turner pour exprimer le chagrin. De l’autre main elle égrène avec nonchalance quelques notes sur un luth posé par terre.


1823    SHIELDS SUR LA RIVIERE TYNES

Tableau exécuté pour l’ouvrage « Rivières d’Angleterre ». Scène nocturne de déchargement de charbon qu’il reprendra plus tard pour un tableau « Mariniers déchargeant du charbon la nuit »

1826   COLOGNE, L’ARRIVEE DU BATEAU LE SOIR  

Turner aimait le thème de la navigation côtière. Il montre le quai de Cologne sur le Rhin, comme lieu de transit. Le moment de la journée est précisé pour souligner l’idée d’un voyage qui touche à sa fin, d’un port gagné. Pour Turner le voyage est une métaphore de l’existence humaine.

Constable « Turner a des visions dorées, glorieuses, d’une grande beauté ; ce ne sont que des visions, mais elles constituent l’art, et l’on pourrait vivre et mourir avec de tels tableaux »

Des deux côtés du tableau on avait accroché des portraits peints par Lawrence. « Le ciel de Turner, extrêmement lumineux, avait un effet des plus injurieux sur la couleur des deux portraits. Lawrence en fut naturellement mortifié. Le matin de l’ouverture un ami de Turner qui avait vu le tableau dans toute sa splendeur, voulut le montrer à un groupe de critiques. Il recula, consterné : le ciel doré avait pris une teinte brun grisâtre. L’ami courut vers Turner « Qu’avez-vous fait de votre tableau ? – Oh, marmonna Turner à voix basse « Ce pauvre Lawrence était si malheureux ! Ce n’est que du noir de fumée. Tout partira après l’exposition »




1821 – 1830

Au début des années 1820 Sarah Danby ne jouait presque plus aucun rôle dans la vie de Turner. C’était sa nièce, Hannah, 35 ans en 1820, qui accueillait les visiteurs. Turner hérita de deux petits cottages qu’il convertit en pub à Wapping au bord de la Tamise et prit l’habitude de s’y rendre régulièrement pour collecter les loyers. La rumeur vit ces déplacements comme de furtives aventures galantes dans les maisons de tolérance des environs. Lors de ces séjours clandestins il dessinait des études érotiques « grossièrement obscènes » qui ont été détruites en 1858 par le directeur de la National Gallery « dans l’intérêt de la réputation de Turner »

Turner oscillait entre Londres et Twickenham, entre le travail en ville et la détente à la campagne. Il aimait le site de Twickenham parce qu’il donnait sur la colline de Richmond où avait vécu Reynolds, peintre qu’il admirait

Turner vivait avec son père. Le vieil homme s’était fait de son propre chef l’esclave de son fils. Il tendait les toiles et secondait son fils.



CIEL ROSE    1825

Turner cherchait des combinaisons de couleurs sensuelles

L’élément concret est relégué au second plan dans ces harmonies chromatiques

Turner cherchait avant tout de nouvelles harmonies et pour ce faire il peignit différents fonds avec différentes combinaisons de couleurs

Ces aquarelles sont des études de lumière et de couleur

Les « essais de couleur » étaient les gammes de Turner car, comme le remarque Delacroix, les peintres eux aussi ont besoin d’étudier constamment


1827   LE MONT SAINT-MICHEL  

En 1826 Turner voyagea dans le nord-est de la France

Aquarelle exécutée presque entièrement en camaïeu, où domine l’usage d’un noir riche

Turner a fait des expériences avec les mezzo-tinto et l’absence de couleur devient pour lui un puissant outil chromatique et il réduit ses moyens picturaux au minimum

Il raconte l’histoire de l’arrestation de contrebandiers par les douaniers français pendant que la mer monte à une vitesse mortelle dans la baie du Mont Saint-Michel




1828   VOICI L’HEURE SEREINE

Idyllique scène de rivière le soir





ETUDE DE POISSON     1830

Cette aquarelle est une étude de carrelet et de saint-pierre

Ruskin admirait « les effets de brillant et de couleur »

Le saint-pierre qui occupe le centre de l’aquarelle avait frappé l’imagination de Turner.

1830   LES FUNERAILLE  DE SIR THOMAS LAWRENCE  

Scène prise spontanément à la sortie de la cathédrale Saint Paul le 7 janvier 1830

Turner écrivit à un ami «  Il est consolant de savoir que tant de gens, hier, ont rendu hommage au talent en piétinant jusqu’aux genoux dans la neige et la boue pour voir le faste de funérailles où se pressaient les équipages des grands »

Turner avait de l’affection pour son collègue mais aussi pour l’Académie dont Lawrence avait été le président


WILLIAM  TURNER


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