Turner croqué durant l’un de ses cours à l’Académie royale
1810 COURS TRANSFIGURATION DE RAPHAEL
Turner se fondait sur la Transfiguration pour illustrer les principes géométriques inhérents à toute composition picturale « Le rapport des proportions des silhouettes entre elles se définit en divisant le triangle en trois parties égales suivant la diagonale d’un carré »
1811 INTERIEUR D’UNE PRISON
Sobre schéma géométrique
1811 INTERIEUR DE MAUSOLEE A BROCKLESBY
Le dessin associe une perspective architecturale complexe à un effet de clair-
1811 SOMER-
Ce tableau fut commandé par William Woodgate qui hérita à la mort de son père de
Somer-
Turner composant avec l’eau, les arbres et les prairies compose une image que l’œil perçoit d’un seul coup. La lumière enveloppante est un trait marquant de Turner dès ses débuts.
Turner confia à un ami qu’il passait des heures à regarder les nuages pour les graver à tout jamais dans sa mémoire.
Cependant Turner ne dédaignait pas l’artifice. Quand il commença à peindre il trouvait que le lac était trop loin de la maison et il décida de le rapprocher.
Il voulait que le manoir se reflète dans la pièce d’eau et bien qu’environ quatre cents mètres de prairie séparent le lac du manoir il s’y reflète bien.
Turner nous offre l’image poétique d’un domaine campagnard, la vision d’une maison et d’un parc qui pourrait s’évanouir d’un instant à l’autre comme un rêve de tranquillité et de bonheur.
En été 1812 Turner supervise la construction de sa maison de Twickenham, Solus Lodge, rebaptisée par la suite Sandycombe Lodge
1812 LA TAMISE PRES DE WALTON BRIDGE
Huile exécutée par Turner d’après nature. Turner peignit rarement en plein air. Généralement il faisait un dessin au crayon à partir duquel il travaillait dans son atelier. Turner n’était pas un artiste de plein air, il préférait l’atelier.
Ce paysage qu’il découvrait en bateau sur la Tamise était exécuté sur place. Turner
voulait se prouver à lui-
Turner utilise des couleurs plutôt ternes qui ne lui permettent pas d’obtenir cette fraîcheur qui rend l’œuvre de son rival si enchanteresse.
Turner était souvent superficiel dans le dessin mais il avait le don de combiner les éléments si bien que même ses ébauches de paysage sont toujours bien équilibrées et bien composées.
1812 HANNIBAL ET SON ARMEE TRAVERSANT LES ALPES
L’œuvre exposée en 1812 fut accompagnée dans le catalogue par les vers suivants :
« Sur chaque défilé aride, ensanglanté par les morts,
Par les morceaux de roc, déferle la destruction.
Reste dans les plaines fertiles de Campanie, pensait-
Mais le vent gémissait « Prends garde aux délices de Capoue ! »
Ces vers sont les premiers vers de Turner.
Hannibal presse l’allure, espérant battre l’hiver de vitesse et atteindre le Sud où il pourra vaincre les Romains, malgré la mise en garde des vents qui lui conseillent de se méfier des « délices de Capoue ». Ces délices causeront sa perte car les quinze ans qu’il va passe à Capoue dans le luxe saperont sa capacité de battre Rome et donneront le temps aux Romains de reprendre assez de force pour l’écraser. Le tableau illustre l’ironie des efforts inutiles d’Hannibal et la vanité des conquêtes territoriales. Dans le contexte de la guerre contre Napoléon qui se déroulait pendant qu’il peignait cette toile, Turner visait l’expansionnisme français de l’époque.
Sur la droite une avalanche de neige s’abat sur le défilé. Dans le ciel le soleil est masqué par les nuages, effet métaphorique, car les « orages de la guerre » voilent le soleil de la paix.
Turner écrivit deux vers pour accompagner ce tableau :
« Tandis que l’ardent archer de l’année qui finit
Souille de tempêtes la barrière blanche de l’Italie »
Le Sagittaire, l’archer, correspond au mois de novembre. La traversée des Alpes eut lieu au mois d’octobre, en avril 218 av JC. Une énorme tempête balaie les montagnes. Hannibal tout petit est assis sur un éléphant au second plan, au centre du tableau. Au premier plan la scène représente le pillage, le viol et le meurtre. Pour Turner ils font partie des horreurs de la guerre.
Turner renouvelle la composition d’un tableau. Le dessin n’est plus fondé sur les horizontales, les verticales et les diagonales mais sur des arcs réguliers qui s’entrecroisent. Un tourbillon de nuages et de brume semble aspirer l’œil vers l’horizon jusqu’à ce qu’il se pose sur les plaines ensoleillées italiennes, destination des Carthaginois.
Ces gerbes de lumière et d’ombre seront toujours présentes dans l’œuvre de Turner.
La tempête est le résultat d’une expérience vécue.
Dans l’esprit de Turner ce tableau voulait être un avertissement pour l’Angleterre car il craignait la défaite des anglais dans les guerres napoléoniennes. Heureusement pour l’Angleterre, Napoléon n’était pas Scipion l’Africain et les sombres présages de Turner ne se réalisèrent jamais.
En recourant à de grands coups de pinceau pour suggérer le chaos visuel d’une tempête de neige, Turner développe les techniques qu’il avait expérimentées dans son Avalanche dans les Grisons
1813 VUE DE PLIMOUTH DANS LE LOINTAIN
Pour réaliser une série de Vues pittoresques de la côte sud de l’Angleterre Turner
voyagea dans les comtés du sud-
Il réalisa cette esquisse à l’huile sur papier qui témoigne de son aisance quand il travaille détendu en présence d’amis
1813 SOLEIL SUR LA TAMAR
Turner qui fut quelque temps professeur à Oxford avait une mauvaise opinion de ses collègues. Il écrivit à un ami « Je viens juste de faire empaqueter les Cochons au soleil (Soleil sur la Tamar) pour l’Ecole – l’Université a un goût particulier pour les cochons – je me demande s’ils aimeront ceux de Turner »
Ruskin était agacé par l’importance donnée aux cochons au premier plan. Il écrivit « Cela montre déjà l’un des traits de caractère tout à fait anglais (en mauvaise part) de Turner … il était capable de peindre des cochons mieux qu’aucun autre animal. Il y a aussi déjà la marque des éléments constants de l’œuvre de Turner. Soleil et rivières, et douces collines ; oui, et qui peut les voir et les aimer ? – Seulement les cochons »
Beauté des réflexions dans l’eau et des vibrations du soleil qui sont rendues avec
délicatesse et un coup de pinceau si léger qu’un critique écrit que Turner « semble
prendre la lumière elle-
Soleil sur la Tamar est le genre d’aquarelle qui se vendait le plus facilement
1815 FAISAN MORT
Les natures mortes révèlent la maîtrise technique d’un artiste. Leur beauté repose sur la combinaison des couleurs, les effets de texture, de volume et de dessin
Turner chassa souvent dans les landes du Yorkshire mais il maniait la canne à pêche mieux que le fusil. C’était un pêcheur passionné. Il emportait toujours sa ligne avec lui, même dans ses expéditions de travail et pêchait aussi bien en mer qu’en lac et en rivière
1815 TRAVERSEE DU RUISSEAU
Ce tableau marque l’apogée de la première moitié de la carrière de Turner. Cette toile a toutes les caractéristiques du paysage anglais avec quelques traits empruntés à Claude Lorrain, comme les zones sombres au premier plan, encadrées par des arbres, la pente au second plan suivie d’un grand espace ouvert. On pense que la jeune fille qui est en train de passer à gué le ruisseau est Evelina Danby, la fille de Turner.
La modulation des couleurs modèle la perspective aérienne. Un critique lui a reproché
que dans ses paysages toutes les formes dans le lointain se fondent en un voile gris-
Quand ses tableaux revenaient dans son atelier Turner n’aimait pas les regarder car
selon lui « la réalisation était toujours au-
Turner associe un sujet pastoral anglais à la manière du Lorrain. Ses deux filles, Evelina et Georgiana servirent de modèles pour le tableau
1815 DIDON CONSTRUISANT CARTHAGE OU LA NAISSANCE DE L’EMPIRE CARTHAGINOIS
Turner considérait ce tableau comme son chef d’œuvre et voulut un temps se faire enterrer avec lui. Il le céda à la National Gallery à condition qu’il soit accroché à côté d’un tableau de Claude Lorrain représentant un port de mer.
Didon a quitté Tyr en emportant la dépouille de son époux Sicharbas assassiné par
son jeune frère et elle fonde une nouvelle cité sur les côtes de l’Afrique. Sur la
droite est le tombeau de l’époux. Près de la tombe un arbre mort d’où jaillit une
pousse vivace, symbole de la croissance de Carthage à partir de la mort de Sicharbas.
Au-
Sous la tombe est un cloaca, canal d’écoulement des eaux. Dans l’Antiquité ces égouts symbolisaient la grandeur future et la longévité d’une cité.
Sur la gauche Didon et sa suite d’architectes, d’entrepreneurs et de maçons font des projets pour la nouvelle ville qui s’élève derrière eux. Devant la reine, vêtu d’un manteau noir et coiffé d’un casque, un homme seul Enée, le prince troyen qui visite la nouvelle ville de Carthage mais n’a pas encore rencontré la reine. Deux mâts dominent le port comme Didon et Enée dominent par leur rang les autres personnes présentes.
Devant ce petit groupe quelques garçons jouent avec des bateaux observés par deux fillettes. Ces garçons et ces filles symbolisent la puissance et la fécondité car les petits garçons joueurs armeront bientôt les vaisseaux qui manifesteront la puissance carthaginoise en Méditerranée et les fillettes leur donneront des enfants qui plus tard assureront cette puissance.
Sur la ville qui se construit le soleil se lève. Composition sous-
Sur la gauche tout frémit de vie et d’énergie ; sur la droite tout est calme et désert et cette antithèse accuse l’effet dramatique de l’œuvre
Un des plus célèbres tableaux de Turner qu’il légua à la National Gallery à condition qu’il soit accroché à côté du Port de mer de Claude Lorrain en qui il reconnaissait son unique rival.
On dit que Turner était avare mais il refusa 5.000 guinées que lui offrait « un
groupe de personnes désireuses de l’acheter pour l’offrir à la National Gallery ».
Son orgueil était plus fort que sa soif d’argent. Il voulait offrir lui-
1816 LEEDS
Turner présente la ville industrielle de Leeds alors en plein essor, avec une grande richesse de détails : les terrasses entourées par un paysage de landes, les cheminées fumantes rivalisant avec les vieux clochers d’église, les ouvriers portant leurs balles de toile. Sur le champ à gauche les toiles en cours de fabrication sont tendues humides sur des cadres rectangulaires
1817 LE DECLIN DE L’EMPIRE CARTHAGINOIS
Turner décrit ici la période séparant la Deuxième de la Troisième Guerre punique où les Carthaginois, affaiblis par cinquante ans de paix, ne possédaient plus ni la volonté ni les armes pour se dresser contre les Romains et à la place livrèrent trois cents de leurs enfants en otages. Des mères en larmes animent la scène. Des marchandises de luxe jonchent le premier plan, allusion au matérialisme des Carthaginois, cause de leur avilissement.
Turner écrivit ces vers :
« Au sourire trompeur de l’espoir
La sécurité du chef, la fierté maternelle
Se résignent à l’insidieuse emprise du conquérant
Tandis qu’au-
Dans la brume qui monte l’orage se lève
Et menace, sinistre.
La composition structurale s’accorde avec la sensibilité dramatique de l’œuvre car
au lieu de lignes droites nous voyons un grand nombre de cercles, de demi-
Au loin le soleil se couche sur la puissance carthaginoise.
1817 RUDENSHEIM
A l’automne 1817 Turner voyagea sur le continent. Il rapporta cinquante dessins achetés par son ami Fawkes. Ce sont des études exécutées librement sur lesquelles il se fonda plus tard pour réaliser des œuvres plus importantes. Cette aquarelle offre une bonne illustration de la liberté qui caractérise la série de dessins. Les nuages sont onduleux et les distances discrètement suggérées. Pour Turner c’était exceptionnel de se séparer de telles études
1818 UN VAISSEAU DE PREMIER RANG
A l’époque de Turner les vaisseaux de guerre étaient classés selon le nombre de canons qu’ils portaient : un vaisseau de premier rang était un vaisseau de ligne équipé de plus de cent dix canons
Un matin, son protecteur et ami, Walter Fawkes, lui dit « Je désire que vous me fassiez un dessin de dimension ordinaire qui donnerait l’idée de la taille d’un vaisseau de ligne. Le fils de Fawkes, quinze ans, a décrit la façon dont Turner travaillait : « Il commença par saturer le papier de peinture très liquide, puis il lacéra, gratta, frotta, dans une espèce de frénésie et tout était chaos mais peu à peu, comme par magie, le superbe navire avec tous ses détails, vint à la vie et, à l’heure du déjeuner, le dessin fut détaché en triomphe »
Turner a placé le vaisseau en position dominante, simplement en ne nous montrant qu’une partie du navire et en adoptant un angle de vue très bas.
Il a aussi accru la taille du vaisseau car si l’on juge par les matelots que l’on voit se pencher au niveau de la batterie basse, les sabords devaient avoir trois mètres de hauteur. En réalité ils étaient le plus petit possible pour empêcher les projectiles ennemis de pénétrer dans le navire. (Le sabord est un terme d’architecture navale désignant une ouverture dans le flanc d’un navire, par laquelle passent les fûts de canon)
Les dimensions des sabords diminuent fortement au fur et à mesure qu’ils montent et cette accentuation de la perspective renforce l’impression générale d’échelle, accrue également par le contraste avec la petitesse des bateaux proches, dont l’un arbore le pavillon hollandais.
Au loin sont esquissées les silhouettes de deux autres vaisseaux de ligne dont l’un étincelle dans l’air humide.
Les lumières sont aussi rehaussées à la gouache ou grattées avec l’ongle
1818 LA CASCADE DE REICHENBACH
Aquarelle peinte à partir de dessins suisses de 1812
Turner a éliminé presque tous les éléments ne laissant que quelques petits animaux dans le lointain et une petite fille et un chien minuscules au premier plan qui nous permettent d’apprécier l’immensité de la montagne
Les chutes d’eau attiraient Turner
Très vieux, Turner allait souvent rencontrer un ami pour qu’il lui décrive les chutes du Niagara qu’il considérait comme la plus grande merveille du monde
1818 LE PAQUEBOT DORT ARRIVANT DE ROTTERDAM
L’impact de ce tableau fut extraordinaire. On n’avait jamais vu une marine aux couleurs
si vives. Un critique : « Le tableau était tellement brillant qu’il nous aveuglait
presque ». Nous sommes habitués maintenant à des couleurs beaucoup plus intenses,
Turner lui-
Le Dort est parvenu jusqu’à nous dans un parfait état de conservation ce qui n’est pas le cas de toutes les toiles de Turner.
Dans le Dort la technique est sans faille. Turner n’a pas comme il avait l’habitude de le faire, peint sur les pigments encore humides. Il a laissé sécher les couleurs avant d’en ajouter d’autres. La vente immédiate du tableau l’a sauvé du fléau qu’était la maison de Turner, très humide et pleine d’infiltrations d’eau.
Ce tableau apporte l’éclat et la tranquillité d’un soir d’été par le ciel immense resplendissant de clarté, les magnifiques réflexions dans l’eau et l’atmosphère lumineuse créée par la gradation parfaite des couleurs.
Ce tableau fut acheté par son ami Fawkes à Farnley chez qui il séjournait régulièrement tous les ans
1818 LE CHATEAU DE RABY – RESIDENCE DU COMTE DE DARLINGTON
Cette vue est à la fois une célébration des étendues époustouflantes déployées par
le paysage de Durham et aussi un « portrait » du château lui-
1819 ANGLETERRE : LE JOUR ANNIVERSAIRE DU REGENT
Ce tableau représente une garden party donnée le mardi 12 août 1817 dans une propriété
privée de Richmond Hill pour l’anniversaire du Régent. Le Prince Régent assista à
la réception ainsi que le Lord-
George qui sera le roi George IV fut, du fait de la maladie mentale de son père,
le roi George III, prince-
Un violoncelle évoque les arts.
De nombreuses femmes sont montrées de dos et leurs longs cous rappellent des formes analogues dans des tableaux de Watteau.
Watteau avait souvent représenté un univers idéal que Turner imite.
Les arbres paraissent particulièrement idéalisés.
1819 VENISE VUE VERS SAN PIETRO
La première expérience de Turner de l’Italie, à l’âge de 44 ans était celle d’un étudiant désireux de s’informer. Il consigna une somme considérable de références dans vingt carnets.
Délicate esquisse à l’aquarelle
1819 NAJPLES VUE DE CAPODIMONTE
Evocation vivifiante de la lumière et de l’air méditerranéen dans une page du carnet de Turner
Les grands espaces de la baie de Naples
1819 MONT GENNARO PRES DE ROME
Dans les aquarelles de Turner, même les formes concrètes sont parfois mystérieuses.
Que représente cette espèce de tache au milieu du paysage ? Ce pourrait être aussi bien la femme de Loth transformée en statue de sel et abandonnée par sa famille dans la fuite qu’un fragment de temple
Mais cet accent vertical est indispensable à la composition : si on le fait disparaître le paysage devient vide comme un paysage de carte postale
Turner choisissait de façon arbitraire les éléments à insérer dans ses tableaux. Il travaillait de mémoire en s’aidant de dessins au crayon faits sur place
Turner disait « La chose n’est utile que pour rappeler l’impression qui l’a fait naître »
1820 ROME VUE DU VATICAN
Raphaël accompagné de la Fornarina prépare ses tableaux pour la décoration de la Loggia
Le seul tableau à l’huile que Turner exécuta tout de suite après son retour d’Italie est un manifeste pour la place de l’artiste dans la société. Il fait allusion à tous les éléments de l’art italien, architecture et paysage, qu’il avait étudié avec soin.
Il rend hommage au grand maître de la Renaissance tout en établissant un parallèle implicite avec lui
1820 LES LOGES DE GARDE
Turner, jeune, travailla dans un atelier d’architectes
Quand il devint célèbre comme peintre il abandonna l’architecture, mais l’envie de faire quelque chose dans ce domaine resta
En 1820 il créa une galerie qui le rendit indépendant de l’Académie. Il faisait fonction d’architecte et de constructeur de travaux et notait dans ses carnets de croquis toutes ses dépenses. Il fut tellement absorbé par ces travaux qu’il n’envoya rien à l’Académie en 1821
Le projet architectural le plus important réalisé par Turner fut sa maison de Twickenham et les deux loges de garde présentées par cette aquarelle
Chaque loge comprenait une grande pièce carrée ornée d’une cheminée. Les proportions sont parfaites
1820 MARXBOURG et BRUGBERG sur le RHIN
On aperçoit dans le lointain le château de Marxbourg et au pied du château la petite ville de Brugberg, à une dizaine de kilomètres au sud de Coblence. Turner avait vu l’endroit pendant son voyage sur les bords du Rhin en 1817
L’artiste est à l’apogée de sa période idéaliste et nous voyons la scène à la lumière du soir. Une jeune fille porte un boisseau de blé sur la tête. Une autre jeune fille porte un panier vide et un jeune homme étanche sa soif. Au loin coule le Rhin.
Turner a modifié le paysage en transformant les collines en montagnes et en ajoutant
d’autres montagnes derrière de façon a figurer une chaîne alpine. Sur la gauche l’ondulation
d’une colline dont le sommet est coupé par le bord de l’aquarelle est devenue une
paroi rocheuse abrupte et cette extension de l’image au-
Si l’on en juge par la taille des personnages du premier plan les troncs des arbres, du sol à leurs branches basses, mesurent de sept à huit mètres ce qui leur donne une hauteur considérable.
Mais Turner ne s’intéresse pas au réel. Il laisse libre cours à son imagination, dotant les arbres d’une puissance intérieure.
1820 LA SERRE
Turner exécuta pour un ami ce projet qui ne fut jamais réalisé
L’idée de construire une serre toute en verre était originale pour l’époque comme l’idée du vitrail au fond de la serre
Turner pensait que la luminosité de la fenêtre rehausserait l’éclat des fleurs.
Quel que fut le travail qu’il entreprit, Turner était toujours à la recherche de nouvelles harmonies chromatiques
1820 TEMPETE DE NEIGE, MONT CENIS
Turner fut un voyageur infatigable. Un jeune anglais qu’il rencontra au cours d’un voyage en Italie le décrit « J’ai eu la chance de faire la connaissance d’un petit homme d’un certain âge, gai et drôle… Il a toujours le nez dehors pour dessiner tout ce qu’il voit… Il ne parle que quelques mots d’italien et quelques mots de français qu’il mélange d’une façon très drôle … D’après ce qu’il dit j’ai l’impression qu’il est proche du monde des arts »
Des chutes de neige ayant interrompu le trafic régulier entre l’Italie et la Savoie, Turner, insouciant du danger, loua avec quelques autres voyageurs impatients comme lui une diligence. Au col du mont Cenis la voiture se renversa. Les portières étant gelées, les voyageurs durent sortir par les fenêtres et rentrer à pied.
De retour en Angleterre Turner peignit la scène de mémoire juste avant que la diligence ne capote
L’immobilité des montagnes couvertes de glace contraste avec le tumulte de la tempête
L’agitation des chevaux ruant dans les brancards fait de cette aquarelle une des plus dramatiques peintes par Turner
1813 MATIN DE GEL
Le catalogue précisait « La dure gelée fond sous ses rayons ». Ainsi même ce sujet hivernal célèbre la puissance du soleil. Ce Gel était une des œuvres préférées de Turner. Il disait qu’il l’avait croqué en route lors d’un voyage en diligence dans le Yorkshire. C’est un exemple d’une toile directement inspirée d’une expérience de voyage.
VESUVE EN ERUPTION 1817
Turner vit le Vésuve en éruption en automne 1819
Cette aquarelle fut peinte deux ans avant à partir d’une gravure ou d’un dessin d’un autre peintre
La réalité aurait sans doute limité son pouvoir d’invention
La puissance dramatique est le fruit de l’imagination de l’artiste.
La transformation de la nature en art dépend du talent et Turner nous a montré que son talent peut s’exprimer à travers l’expérience, à travers les œuvres d’art d’autrui et à travers l’imagination
1810 EGLISE SAINT GEORGES A BLOOMSBURY
Pour illustrer ses cours Turner utilisa des dessins de plusieurs édifices modernes dont ce clocher qui pose de sérieux défis au dessinateur avec son toit à gradins fondé sur le mausolée d’Halicarnasse
1817 COUDE DE LA LUNE
A environ six kilomètres en amont de Lancaster, la rivière Lune fait une boucle que nous voyons ici à la lumière du soir. Notre attention est attirée sur le lointain château qui nous fait face et qui est aligné à la verticale avec le troupeau paissant en dessous, avec l’homme qui chevauche sur la route et avec le carrier au premier plan qui manie sa pioche.
Les diagonales opposées parallèles à la rive renforcent notre perception de la courbure de la rivière. Au premier plan l’horizontalité de la scène est brisée par de jeunes arbres dont les formes élégantes traduisent la vitalité. Cette subtile architecture accroît la beauté du paysage.
WILLIAM TURNER
Page 3 / 6
WILLIAM TURNER
Page 3 / 6