La Mise au tombeau   1565

Le Christ fut déposé selon le rite hébraïque à l’intérieur d’une cavité, dont l’accès fut ensuite recouvert d’une pierre mais Titien préféra, selon la tradition romaine, imaginer la sépulture à l’intérieur d’un sépulcre de marbre

Cette toile est la version du Prado

La pose des personnages exprime une forte tension émotive

Le tableau a été réduit sur le côté gauche de la toile comme le démontrent de nombreuses copies

La spiritualité de la scène correspond bien aux dernières années d’activité de l’artiste qui participe à l’événement en se représentant habillé en Joseph d’Arimathie


Vénus et Adonis   1565

Titien a réalisé de nombreux tableaux sur le thème de Vénus et Adonis qui était très populaire

Dans cette version (Moma) le paysage est réduit (il y a moins de hauteur et de lumière dans le ciel)

Cupidon est éveillé, une colombe à la main

Adonis est représenté avec deux chiens au lieu de trois

« Il n’est aucun homme doué d’un jugement si juste qui la voyant, ne la croit vivante; nul homme, endurci par l’âge et fermé aux émotions, ne saurait manquer de sentir dans ses veines son sang s’échauffer, s’attendrir et s’émouvoir »


Vénus bandant les yeux de l’Amour    vers 1565

Toile peinte par Titien lors d’un séjour dans sa région natale : les montagnes de Cadore apparaissent à l’arrière-plan

Le Cupidon qui voit, s’appuyant avec un air mélancolique contre l’épaule de Vénus, incarnerait l’Amour céleste élevant l’âme humaine à la contemplation de Dieu, alors que celui aux yeux bandés renverrait à  l’Amour terrestre

Les deux nymphes seraient les allégories de l’amour conjugal et de la chasteté

L’œuvre exprime la sensation de fatalité inhérente au sentiment amoureux. Attitude décidée, et en même temps presque indifférente, de Vénus qui oriente son regard au-delà des autres personnages et de l’observateur lui-même

Tristesse de l’Amour voyant

L’arc de la nymphe est plus aux dimensions d’Apollon que de Cupidon

Les tonalités incandescentes du ciel et du coucher du soleil contrastent avec les teintes bleues du manteau de Vénus

Saint Jacques apôtre   vers 1550

Saint Jacques est le patron de la corporation des chapeliers qui possédait son autel dans l’église San Lio à Venise

Ce tableau a été modifié en étant agrandie et la figure se trouve un peu noyée dans le paysage

Un critique « … un coup de pinceau qui saisit dans le même temps la réalité de l’âme, les yeux étincelants de larmes perdus dans le crépuscule et dans la vision de l’au-delà  des choses qui n’est concédée qu’à lui seul »

La Transfiguration du Christ   1565

Cette œuvre avait pour fonction de couvrir, les jours de semaine, la pala d’argent située au-dessus du maître autel de l’église San Salvador

Le Christ transfiguré est montré en compagnie des prophètes Moïse et Elie, avec ses trois disciples allongés au sol,


La Madeleine pénitente    vers 1565

Titien a peint plusieurs versions de ce sujet

Il garda ce tableau jusqu’à sa mort chez lui en 1576

La sainte pénitente est placée dans un paysage ombrageux décrit de façon naturaliste au moment du crépuscule

Au premier plan on distingue un crâne à la surface lisse et blanche sur lequel est posé le livre ouvert. Sur la gauche un calice en verre.

Madeleine, les cheveux longs et dénoués,  est vêtue d’une robe blanche légère et d’une étole de soie. L’attitude du personnage, elle lève la tête et fixe le ciel de ses yeux remplis de larmes, les bras pressés sur sa poitrine, est inspirée d’une statue antique

Avec un réalisme vivant le peintre décrit la consistance matérielle de chaque détail : les étoffes, la carnation, les cheveux délicats, le visage rougi baigné de larmes  

Allégorie de la Prudence      vers 1570

La peinture porte en haut l’inscription  « Du passé le présent agit prudemment pour  ne pas gâter l’action future »

Les trois divisions du temps sont subordonnées au mouvement moral et inhibiteur de la Prudence qui elle-même résulte de la mémoire, de l’intelligence et de la providence

Un jeune homme, un homme mûr et un vieillard

Un monstre à trois têtes : le loup qui dévore (le passé), le lion qui agit (le présent) et le chien (caressant, qui attire, le futur)

L’image de gauche, le passé, semble sombrer dans la pénombre et celle de droite, le futur, resplendit dans la lumière

Lorsqu’il peint ce tableau Titien est préoccupé de pourvoir à l’avenir économique du clan familial et la peinture pourrait être perçue comme témoignage et promesse de cet engagement


L’Annonciation    1565

La toile représente l’accomplissement de l’Annonciation

L’ange ne tient pas à la main le lys habituel, symbole de pureté; il a les bras croisés sur sa poitrine, un geste généralement réservé à la Vierge

La Madone n’est pas une jeune fille effarouchée mais une femme sereine et posée. Son attitude exprime l’acquiescement complet à l’événement miraculeux. Elle tient le voile de son visage non pour le cacher mais pour le dévoiler et laisser la lumière divine l’inonder

Cette lumière émane de la partie supérieure de la toile où, au milieu d’une foule d’anges en liesse, apparaît la colombe du Saint-Esprit

En bas, à droite, un vase contient des fleurs rouges, allusion à la virginité de Marie, éternelle et incorruptible comme le feu

Les contemporains furent déconcertés par la façon dont Titien étalait des couleurs crépitantes et par le traitement de la lumière, tout en lueurs incandescentes


Portrait de Jacopo Strada     1568

Jacopo Strada était un collectionneur et un antiquaire au service des Habsbourg. L’artiste entretenait avec lui des rapports assez étroits. C’est par son intermédiaire qu’il offrit à l’empereur Maximilien II certains de ses tableaux mythologiques

Le personnage se trouve dans une chambre où figurent des objets rappelant sa profession prestigieuse et raffinée : la petite sculpture de Vénus dans ses mains, les livres disposés sur un meuble et les pièces répandues sur la table. Les bijoux, l’épée et les vêtements somptueux confirment ce statut social d’exception.

C’est un portrait en action : Jacopo Strada est peint dans une attitude chargée de vigueur : il tourne énergiquement son visage arrêtant au loin un regard résolu et fier, indifférent au spectateur

La couleur est utilisée comme moyen d’expression : elle est étalée de façon sommaire par touches rapides, parfois esquissée dans un style « impressionniste » qui demande à être comparé aux chefs-d’œuvre futurs de Rembrandt

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LA VIE ET L’OEUVRE de Tiziano Vecellio  

dit TITIEN  4/4

Le couronnement d’épines   1570

C’est le deuxième tableau abordant le thème du couronnement

Le cadre architectural ne comporte plus de références érudites à l’architecture et à la statuaire antique. Un simple arc qui s’ouvre sur un ciel sombre traversé de nuages. En haut à droite un lustre éclaire la pièce

La couleur vibrante est étalée de façon rapide, presque esquissée, posée en larges touches et réduite à la gamme des bruns dorés

Cette technique se prête à l’accentuation des éléments dramatiques et des réflexions amères et pessimistes du vieux maître

Saint Sébastien   vers 1570

Cette toile représente le martyr de saint Sébastien percé de flèches

Le corps semble surgir dans sa nudité héroïque des ténèbres d’un lieu indéfini

Des lueurs traversent le ciel noir et la braise du foyer frémit sur la gauche

Touches rapides et souples qui esquissent un décor où les détails du monde réel disparaissent comme si « la terre, l’eau et l’air retournaient à l’état de chaos originel »

Les touches enlevées et souples accentuent la dimension dramatique et visent à créer l’émotion du spectateur

La Religion secourue par l’Espagne   1574

Cette toile célèbre sous forme d’allégorie la victoire navale remportée par la sainte Ligue contre les Turcs à Lépante le 7 octobre 1571. Rassemblant l’Espagne, Venise et le Saint Siège, la flotte était commandée par don Juan d’Autriche, demi-frère du roi espagnon Philippe II

Chargé par le Conseil des Dix de réaliser un tableau commémoratif Titien faisant attendre vit la commande confiée au Tintoret. Mais il peignit cette toile pour Philippe II

Titien pour cette toile réutilise et transforme un ancien tableau mythologique figurant le triomphe de Vertu sur le Vice

A droite, Vénus dans la toile d’origine, maintenant la Religion Chrétienne accablée par la menace turque. La croix est à terre derrière elle

A gauche, Minerve, devenue l’Espagne, accourt l’étendard à la main tandis qu’à ses pieds figurent des armures, symboles du triomphe militaire

A l’arrière-plan on distingue la silhouette d’un turc qui sombre dans les flots

Pietà   1575

Titien voulait réaliser cette toile pour l’église des Frari où il avait obtenu l’autorisation d’être enterré

Il mourut le 27 août 1576 en pleine épidémie de peste et les funérailles furent célébrées à la hâte sous le patronage de la République

Titien conçut la toile comme une sorte de gigantesque exvoto destiné à conjurer la peste. À gauche la sculpture de Moïse préfigure le Christ et à gauche la sibylle rappelle l’annonce de la Crucifixion et de la Résurrection. Les deux piédestaux à tête de lion font allusion à Saint Marc

La Vierge tient sur ses genoux le corps livide du Christ mort

Madeleine est en proie à la douleur et au désespoir

Les traits du vieillard prostré et nu révèlent un autoportrait de Titien. L’artiste s’est représenté sollicitant  l’intercession divine

En bas à droite, Titien et son fils Orazio implorent la Vierge de les préserver de la peste

Le peintre éprouve l’angoisse de l’approche de la mort

Le Portement de Croix    vers 1570

Des insinuations malveillantes circulaient sur le  tremblement de la main de Titien et la faiblesse de sa vue. Les dernières œuvres de Titien sont différentes mais Vasari a écrit :

« Sa façon de peindre est différente de celle de sa jeunesse : ses premières œuvres réalisées avec minutie sont destinées à être regardées de près comme de loin alors que les dernières sont peintes par touches largement brossées si bien qu’il faut s’éloigner pour les voir dans leur perfection…  Ce style est judicieux et d’une étonnante beauté car il donne la vie aux peintures et leur confère la grandeur de l’art sans trace du labeur »

Jésus nous observe avec un regard pénétrant de récrimination et de complicité

Simon de Cyrène n’est pas représenté comme un simple paysan : son visage noble et l’anneau qu’il porte au pouce droit indiquent qu’il s’agit d’une personne de haut rang

Les mouvements rapides et amples du pinceau caractérisent les dernières œuvres de Titien


Tarquin et Lucrèce    1570

Titien s’intéressa à plusieurs reprises à l’épisode du prince étrusque Tarquin agressant la jeune Lucrèce, épouse de Collatin

La toile se concentre sur les aspects psychologiques et émotifs

Les deux figures de Tarquin et de Lucrèce sont placées sur un fond neutre et uniforme dénué de repères spatiaux et elles sont décrites d’un point de vue rapproché

Lucrèce est habillé par opposition à la plupart des représentations peintes dans la même période

Le prince étrusque se jette violemment sur la jeune femme, bloquant son bras droit d’une main et brandissant un poignard de l’autre. Lucrèce tente de repousser son agresseur par une vive torsion qui la fait pencher du côté de l’observateur

Couleur étalée par touches amples, riches et enlevées

Tableau conçu dans le style impressionniste et non finito de la production ultime de Titien

Judith   vers 1570

« Judith » est le seul tableau que Titien ait consacré à ce sujet

Différence de style entre les parties supérieure et inférieure de la composition, et plus particulièrement entre l’exécution des traits du visage de Judith et ceux de la tête d’Holopherne

Les « coups de pinceau » heurtés et déliés de la tête d’Holopherne sont caractéristiques des dernières compositions de Titien

L’intensité dramatique de la tête d’Holopherne ne contraste pas seulement avec la figure féminine mais accroît aussi la force de l’ensemble de la composition


Le Doge  Antonio Grimani agenouillé devant la foi   1575

Cette œuvre est la seule des peintures réalisées par Titien pour le doge qui échappa aux incendies du palais en 1574 et 1577

Le tableau fut commandé après la mort du doge pour honorer sa mémoire et fut placé dans la salle des Quatre Portes après la mort de Titien

Avant de devenir doge Antonio Grimani avait assumé la charge de capitaine général de la marine ce qui lui avait valu d’amères déceptions (défaite contre les turcs en 1499, procès et humiliations) avant d’être réhabilité et d’être élu doge

C’est pourquoi Titien a représenté Grimani non en doge mais en armure pour souligner son rôle de défenseur de la Foi

Il veut donner du doge l’image d’un homme humble et profondément dévot (bras ouverts comme saint François recevant les stigmates). Il met l’accent sur l’intensité du dialogue entre Grimani et la personnification de la Foi qui enveloppée de lumière et entourée d’anges tient ses attributs symboliques, la croix et le calice

A gauche saint Marc, les yeux levés en direction de l’apparition divine et dans le fond une vue lumineuse de Venise et de son port pour malgré le souvenir de la défaite célébrer la puissance navale de la Sérénissime

Saint Jérôme    vers 1575

Titien a simplifié la composition par rapport à des œuvres antérieures sur le même thème en éliminant le crâne et en atténuant la verticalité

La terre, le cie, les arbres se confondent en un tourbillon d’ombre et de lumière

La figure du saint apparaît absorbée par la nature qui l’entoure

Saint Jérôme    vers 1575

Titien a simplifié la composition par rapport à des œuvres antérieures sur le même thème en éliminant le crâne et en atténuant la verticalité

La terre, le cie, les arbres se confondent en un tourbillon d’ombre et de lumière

La figure du saint apparaît absorbée par la nature qui l’entoure

Enfant entre deux chiens   1570

Dans ses dernières années Titien se montre capable d’utiliser une riche matière picturale avec une grande énergie

Cette peinture est peut-être un fragment d’une composition plus vaste

Un tout jeune garçon seulement vêtu d’une courte chemise se tient à l’orée d’une forêt avec un gros chien qui semble le protéger prés d’une chienne allaitant ses petits tandis qu’au fond un incendie menace

Le supplice de Marsyas    1576

Titien étale par larges traits la couleur incandescente typique de son ultime production

Le tableau représente le satyre Marsyas écorché vif par Apollon suite à sa défaite lors d’un concours musical qui opposait la flûte de Marsyas à la lyre d’Apollon

Sur la droite, dans une attitude triste et pensive, le roi Midas aux oreilles d’âne, symbole de la punition infligée par Apollon car il n’avait pas reconnu la victoire du dieu lors d’un concours musical avec Pan

Titien aurait voulu peindre la fin du monde naturel et primitif, symbolisé par Marsyas, et l’avènement de la civilisation et de l’harmonie rationnelle représenté par Apollon

Mélancolie douloureuse de Midas qui assiste impuissant à la scène et dans lequel on reconnaît un autoportrait de Titien dont l’attitude exprime la conscience du caractère tragique et inéluctable de l’histoire humaine


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