Portrait de Francesco Maria della Rovere   1537

Francesco, duc d’Urbino, est capitaine général à la solde de la république de Venise

Le duc avait prêté une armure à Titien pour qu’il la reproduise dans le portrait. Le duc était occupé par des campagnes militaires et seul le visage fut probablement exécuté en présence de Francesco Maria. L’armure fut portée par un mannequin et peinte sans hâte

Titien ne se pressant pas de rendre l’armure, le duc les réclama « Quant aux armes que détient Titien, elles me sont particulièrement chères, et je ne voudrais pas qu’il les endommage … Je demande qu’elles me soient retournées et que le sergent ne parte pas sans elles »

Fier et décidé le duc est entouré par des éléments qui résument sa carrière de condotierre : l’armure animée de vives lueurs, l’épée et le bâton de commandement dans la main droite

Francesco avait reçu le généralat de Florence  et de l’Eglise

Sa brillante carrière militaire sera bientôt interrompue par la mort

La Vénus d’Urbino   1538

Ce tableau a été commandé par le fils de Francesco Maria della Rovere et d’Eléonore de Gonzague, Guidobaldo della Rovere

A la beauté idéale, source de contemplation et de sérénité (Vénus de Giorgione en partie repeinte par Titien) se substitue une image chargée de sensualité : la déesse de l’amour n’est plus endormie dans une nature paisible; étendue sur un lit défait, les cheveux dénoués, elle pose un regard séducteur sur celui qui la contemple

Atmosphère d’intimité créée par des détails réalistes : le petit chien pelotonné sur le lit et les servantes qui retirent des robes du coffre nuptial

Ce tableau veut souligner l’importance de la dimension érotique du mariage : Guidobaldo avait épousé en 1534 pour des raisons politiques une jeune fille de dix ans seulement et l’œuvre de Titien était sans doute destinée à susciter chez l’épouse devenue adolescente (14 ans) un intérêt amoureux pour son mari

Saint Jean Baptiste

Ce saint Jean sculptural, à moitié nu et accompagné de l’agneau, son attribut habituel, est représenté debout au milieu d’un paysage de montagne lumineux, traversé par un cours d’eau limpide, qui rappelle la mission du Baptiste

Œuvre réalisée vers 1540

La plastique du saint Jean, sa précision anatomique et sa pose éloquente montrent que Titien médita les exemples de la statuaire classique comme l’art de Michel-Ange

Certains critiquèrent l’œuvre jugée « lourde » de « cette figure musclée qui est de toute évidence en train de poser ». Mais la toile est une synthèse entre un académisme conscient et une orchestration chromatique riche et originale

Un débat artistique animait Venise à cette époque. Titien veut prouver qu’il est possible de concilier le « dessin » toscan et le « coloris » vénitien

Isabelle d’Este    1536

Isabelle d’Este, fille d’Ercole Ier, duc de Ferrare, et d’Eléonore d’Aragon (fille du roi de Naples Ferdinand) et épouse du marquis de Mantoue, Francesco II Gonzague

Elle a en 1536 soixante ans mais Titien fait un portrait jeune

Titien se concentre sur les éléments caractérisant le statut social et la personnalité du sujet : il rend hommage à la collectionneuse d’œuvres d’art antiques et à la bienfaitrice de la culture qui a fait de Mantoue une cour raffinée

Son goût se manifestait dans le soin de sa personne et la reine de France demanda un mannequin habillé de ses vêtements

Somptueux turban et une robe aux manches ornées de broderies d’or et d’argent

Titien célèbre sa beauté fraîche et juvénile alors que l’Arétin la décrivait « archi malhonnêtement fardée » et « des dents d’ébène »

L’Homme au gant

Ce tableau représente un jeune homme en buste, légèrement de biais. Il est situé dans un espace clos à  l’arrière plan sombre

Ce portrait de Titien, un des plus célèbres, aurait appartenu à la collection des Gonzague et fut vendu à Louis XIV en 1671

A la diffférence de Giorgione, Titien élimine toute forme de barrière créant un dialogue direct entre l’observateur et le personnage

Il s’agirait de Malatesta, le chargé d’affaires de la cour de Mantoue à Venise ou de Ferrante Gonzague peint à l’âge de seize ans en 1523

Le tableau repose sur le contraste marqué entre une zone d’ombre (vêtement et fond sombre) et des détails éclairés par une lumière vive et dorée

Le jeune homme a le visage délicat et son regard inquiet évite l’observateur. Elégance aristocratique ( chaîne en or,  bague en or et gants de peau)

Les positions variées des mains, la droite tient un pan du vêtement et la gauche est mollement abandonnée, dénotent le caractère à la fois vigoureux et doux du personnage

La famille Pesaro présentée à la Vierge par saint Pierre et saint François (Retable Pesaro)

Retable destiné à l’autel  latéral des Frari à Venise

A gauche Jacopo à genoux est présenté à la Vierge par saint Pierre. Deux prisonniers turcs et un guerrier portant l’étendard avec les armes des Pesaro et des Borgia

A droite les frères de Jacopo et le jeune Leonardo, fils d’Antonio, héritier et garant de la lignée familiale

La Vierge est assise sur un trône surélevé derrière lequel s’élèvent deux gigantesques colonnes qui percent les nuages : allusion à l’Immaculée conception dont le culte avait été promu par les franciscains (sur la droite saint François et saint Antoine)

L’Enfant Jésus se tourne vers François et regarde les bras ouverts montrant les stigmates, préfiguration de la croix

La croix apparaît dans la partie supérieure sur un nuage sombre

Originalité de la composition : la Vierge n’est pas au centre du tableau   

La Vierge et l’Enfant entre deux anges

Soutenus par des nuées blanches, deux anges en prière convergent vers l’Enfant

Titien reprendra dans d’autres œuvres la pose de trois-quarts de celui de droite

Celui de gauche apporte à l’Enfant la robe rouge symbolique

Son attitude de profil est rare dans les œuvres de Titien

Cette fresque orne une lunette du Palais ducal à Venise


Portrait de Frédéric II Gonzague, duc de Mantoue

Pose franche et désinvolte de ce gentilhomme qui fixe le spectateur tout en caressant un petit chien aux longs poils blancs

Raffinement caractéristique de la cour de Mantoue : élégance du vêtement du vigoureux marquis, équilibre entre la coupe, la couleur, le tissu précieux et les broderies d’or

Les Gonzague ont toujours porté une attention particulière à la mode : ils avaient offert à Titien un pourpoint brodé

Il écrivit à Frédéric II une lettre empreinte d’une grande courtisanerie car il espérait obtenir pour son fils Pomponio un bénéfice ecclésiastique

« Si réellement , ma main tenant le pinceau, avait répondu aux grandes pensées que j’avais à l’esprit, je croirais avoir pu satisfaire au désir qui est le mien de servir Votre Excellence, mais, à cela, je ne suis guère parvenu »

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Portrait d’Eléonore de Gonzague  1537

Eléonore était la femme de Francesco Maria della Rovere, duc d’Urbino. Portrait réalisé fin 1536 lors du séjour d’Eléonore à Venise

Les détails physiques rendus avec précision traduisent le presstige et le rang du modèle. Profusion de bijoux, robe en tissu épais égayé de nœuds dorés qui rappellent les couleurs du blason de Montefeltre, duché dont son mari avait hérité de son oncle Guidobaldon qui l’avait adopté en 1504

Le petit chien, symbole de fidélité conjugale confère à la scène réalisme et intimité

La fenêtre donne sur un paysage lumineux

L’horloge finement ciselée symbolise le passage du temps et l’aspect éphémère de la vie humaine

Symbole aussi de tempérance en raison de la régularité de son battement

Les ducs d’Urbino furent des collectionneurs d’horloges passionnés et Titien leur servit d’intermédiaire auprès d’un maître horloger d’Augsbourg

Portrait de Pietro Bembo   1539

Pietro Bembo (1470-1547) était un humaniste ami de Titien

Il acquit une notoriété en tant qu’homme de lettres avec la parution en 1505 des Asolani, dialogue sur l’amour dédié à Lucrèce Borgia

Il devint le secrétaire du pape Léon X . Il fut un collectionneur de peintures et d’antiquités. En 1539 il venait d’être nommé cardinal et quitta Venise pour Rome

La figure du prélat se détache sur un fond sombre indéfini, revêtu de la cape et couvert de la coiffe écarlate

Le visage sévère a été idéalisé par le peintre afin de souligné l’acuité de l’intelligence du modèle

Front haut, nez fin et aquilin, joues creuses et bouche mince

Il est représenté comme s’il allait exposer ses théories littéraires et linguistiques

La position du bras et de la main qui suit le mouvement de la cape confère au tableau la vigueur plastique d’un buste sculpté

Saint Jean faisant l’aumône   1550

Lors de son séjour à Rome en 1545-1546 Titien rencontra le maniérisme et son style évolua

La composition est dominée par le personnage de saint Jean faisant l’aumône. Le patriarche d’Alexandrie est assis de biais; il tient un grand livre ouvert dans la main gauche et tend la droite pour offrir quelques piècés à un pauvre

Les trois figures du saint, du mendiant et du jeune garçon sont reliées par les correspondances entre les gestes et les profils qui suivent les lignes obliques

L’attitude du vigoureux mendiant est chargée d’énergie

Richesse des couleurs enveloppées dans une atmosphère voilée. Ciel d’un bleu intense sillonné de nuages. Les touches picturales forment des contrastes d’ombre et de lumière

La silhouette de Jean est vivement éclairée, dominée par les tons violacés et bruns de la cape, qui tranchent avec le blanc changé en gris du surplis

L’application sommaire des couleurs et la recherche d’expressivité et de force dramatique reflètent les préoccupations qui animent désormais Titien

L’Annonciation    1540

La date proposée est 1540 mais la sobriété et le caractère épuré de la composition relèvent de la première Renaissance de même que l’attitude de la Vierge, son visage de profil et ses mains effilées

Un sentiment de calme et de tranquillité domine la scène.

Espace architectural classicisant construit en perspective et ouvert sur un paysage lumineux

Détails : l’étoffe de la balustrade, la corbeille à ouvrage et la pintade qui sont les attributs de la Vierge dans les Annonciations du Quattrocento

Sensation d’intimité et de quotidienneté

L’ange auréolé de lumière, saisi dans un mouvement aérien, contraste avec la sobriété classique de l’ensemble

Alfonso d’Avalos,  haranguant ses troupes   1541

Nous sommes en 1530 durant la guerre contre l’armée turque de Soliman II. Son fils Ferrante se tient à ses côtés.

La scène est dominée par la figure du condotierre en armure, le bâton de commandement dans la main gauche, tandis que la droite est levée dans un geste d’allocutio propre aux consuls et aux empereurs romains. Personnage inspiré par l’Allocution de Trajan sur l’arc de Constantin à Rome et par l’Allocution de Constantin peinte par Romano au Vatican. Au début des années 1540 Titien fut stimulé par les artistes de l’Italie centrale arrivés en grand nombre à Venise

Ces influences sont mêlées à la sensibilité pour la couleur propre à la tradition vénitienne

Le Couronnement d’épines   1542

Vaste composition de 303*180 cm dans un couvent de Milan

Influence de Giulio Romano dans la torsion du corps des hommes qui supplicient le Christ et dans la massive muraille à bossage rustique

Le Christ peut être mis en rapport avec la copie en plâtre du Lacoon que Titien conservait dans son atelier

Le buste de Tibère est une citation de modèles antiques

Influence du maniérisme de l’Italie centrale avec le legs de l’Antiquité

Titien reprendra ce sujet trente ans plus tard ce qui atteste l’importance qu’il attribuait à son retable de Milan

Portrait de Benedetto Varchi   1543

Benedetto Varchi (1503-1565) fut un historien et humaniste florentin de renom. On lui doit des contributions à la langue toscane et à l’histoire de Florence. Son patrimoine lui permit de mener une vie aristocratique entièrement vouée aux lettres … et aussi de faire faire son portrait par Titien

De 1536 à 1540 il s’établit à Venise et se chargea de l’éducation des fils de Filippo Strozzi. Il rencontra alors Titien et  noua amitié avec lui

L’érudit dans une attitude détendue et élégante se présente de trois-quarts; il appuie le bras gauche sur le socle de la colonne à droite et tourne légèrement du même côté sa tête et ses yeux tandis que dans la main droite, tombant nonchalamment le long du corps, il tient un petit livre simplement relié

Un col garni de fourrure et des manchettes rouges sont à peine visibles. L’atmosphère est créée par la colonne et une draperie sombre dans le fond à gauche

La main détendue accentue l’allure raffinée du personnage. Seul le petit livre indique que nous sommes en présence d’un lettré. Cette présentation pleine de retenue et la rareté des indices du grand monde où vit le personnage ont fait de ce tableau un modèle de l’art du portrait aristocratique des siècles suivants

Portrait de Ranuccio Farnèse    1542

Ranuccio Farnèse est le fils du commandant de l’armée pontificale et neveu du pape

Agé de douze ans le jeune garçon se trouvait à Padoue où il suivait des études classique

Cette toile fut la première d’une série réalisée pour la dynastie des Farnèse qui devint son plus important commanditaire après les Habsbourg

Pour concentre toute l’attention sur la psychologie du jeune garçon le peintre emploie une gamme de couleurs réduite à l’essentiel qui se résume aux tons sombres du fond du manteau orné de la croix blanche des chevaliers de Malte, à ceux de la carnation  et aux tonalité rouges du somptueux vêtement

Titien joue sur le contraste entre d’un côté le corps menu, les traits juvéniles et le regard timide  et de l’autre le manteau lourd posé sur ses épaules, symbole de son pouvoir et de son haut rang

Le regard presque affectueux porté sur l’enfant joua sans doute un rôle dans la faveur que Titien obtint de la grande famille, faveur qu’il recherchait depuis longtemps

Clarissa Strozzi   1542

L’enfant est la fille des florentins Roberto Strozzi et Maddalena de Medicis, alors  exilés à Venise de 1540 à 1542

Clarissa a deux ans. Elle semble un peu effrayée et regarde ce qui se passe à l’extérieur. Elle s’accroche à son petit chien ce qui un mouvement

Les putti du bas relief accentuent la vitalité enfantine

Ce portrait à influencé van Dyck


La Cène   1544

Tout en exploitant le format vertical, Titien organise la composition transversalement, selon la diagonale crée par la table à laquelle sont assis les apôtres et le Christ, qui est en train d’annoncer la trahison de Judas

Asymétrie complète de la composition

Architectures inondées de lumière : on voit l’église ronde qui est le Saint Sépulcre et une pyramide égyptienne qui est peut-être la pyramide de Cestius à Rome

Fraîcheur délicate des notes de couleurs

Demie ombre de l’atmosphère recueillie autour du blanc éclatant de la nappe

Sur la nappe chaque objet est individualisé dans sa qualité matérielle unique

Portrait de Daniele Barbaro     vers 1545

Daniele Barbaro naquit à Venise en 1514 au sein d’une importante famille noble. Il étudia la philosophie, les mathématiques, les sciences naturelles, la médecine et l’optique

Il fut ambassadeur à Londres de 1549 à 1551 et devint patriarche d’Aquileia. Il participa au concile de Trente

Il pose de trois-quarts et tient dans sa main gauche un livre. Son regard se perd dans le lointain et ses lèvres serrées dénotent une tension évidente. La lumière tombant sur son front et sa main immobile mettent en relief la finesse et la subtilité de sa personnalité intellectuelle


Portrait de l’Arétin   1545

L’Arétin était un écrivain et polémiste toscan arrivé à Venise en 1527 après le sac de Rome. Titien noua avec lui un lien étroit et durable tant dans sa vie personnelle que professionnelle

« Il respire, son pouls bat, l’esprit se meut de la même manière que je le fais dans la vie »

La figure de l’Arétin se détache avec une monumentalité plastique sur un fond sombre dans une attitude chargée d’énergie contenue.

Son corps massif est couvert d’un sompteux manteau rouge  orné de la chaîne offerte par François Ier.  Il tourne la tête, encadrée par de larges épaules, avec une vigueur proche de la colère. Sérieux et courroucé il évite le spectateur du regard et fixe un point situé à droite du tableau. Titien transcrit son caractère cynique et violent.

Le portrait privilégie la couleur comme moyen d’expression. Elle est étalée par touches larges et rapides ce qui produit un effet de non finito. L’Arétin lui-même reprochait à Titien que son portrait soit « plutôt esquissé qu’achevé »

LA VIE ET L’OEUVRE de Tiziano Vecellio  

dit TITIEN  2/4

Saint Christophe

Cette fresque a été commandée par le doge Andrea Gritti (1523-1538) au lendemain de son élection

En septembre 1523 les troupes françaises avaient pris position près de Milan. Titien veut exprimer la volonté de repousser par la force toute menace militaire qui serait manifestée contre la république.

Andrea Gritti avait été nommé capitaine général après la défaite de la République  contre la ligue de Cambrai lors de la bataille d’Agnadel. Il dirigera les négociations avec François Ier en 1512

Titien réalise la fresque en trois jours seulement. Il recourt à un dessin préparatoire rapide gravé sur l’enduit encore frais

Vierge à l’Enfant dite « Vierge au lapin »

Un voile de mélancolie recouvre l’ensemble des œuvres réalisées par Titien en 1530 et dans les années qui suivirent. La raison en est la mort de sa femme, Cecilia, survenue peu après avoir donné le jour à Lavinia, leur troisième enfant

L’ambassadeur des Gonzague à Venise écrit le 6 juin 1530 :

« Notre maître Titien demeure profondément affligé par la mort de sa femme, qui a été inhumée hier. Il m’a confié que la tristesse dans laquelle l’a plongé cette disparition l’a empêché de travailler’

Le lapin est symbole de fertilité

Quant à la Vierge confiant son fils à une autre femme, on peut aussi y voir une allusion à Lavinia confiée à Orsa, sœur de Titien

Le berger à droite pourrait être un autoportrait

Portrait de l’empereur Charles Quint avec son chien  1533

Affligé du prognatisme (mâchoire en avant) des Habsbourg, de petite stature, maigre et souvent malade, Charles Quint était laid mais homme d’esprit et il ironisait sur ce sujet

Mais il aimait se faire peindre jugeant que ces représentations étaient si peu flatteuses que ses sujets le voyant en vrai étaient favorablement impressionnés. Titien ne l’a pas flatté

Lien fort entre Titien et l’empereur durant 25 ans (légende de Charles Quint s’agenouillant pour ramasser un pinceau)

Il présente l’empereur en pied ce qui est nouveau

Dans cette figure en pied le souverain domine le spectateur ce qui marque la distance physique et symbolique entre le portrait officiel et les sujets de l’empereur

La Vierge et l’Enfant avec saint Jean-Baptiste et sainte Catherine     vers 1535

Une Madone vêtue de bleu turquin avec l’Enfant qui joue les bras levés avec une femme agenouillée, qui l’embrasse, et saint Jean enfant sur sa droite auquel la Madone tend une fleur

Thème cher à la tradition vénitienne

Richesse et vivacité de la couleur répandue par coulées

Les attitudes des personnages sont emplies de chaleur humaine

Intensité de l’évocation du paysage : une nature calme et sereine

Belle association du jaune et du bleu des vêtements des deux saintes

La Vierge tend le bras vers Jean mais sans détacher son regard de Jésus

 Joie de Catherine qui se penche vers Jésus

La présentation de Marie au temple   1538

Unique exemple de toile à caractère narratif peinte par Titien. Le genre avait été pratiqué par Gentile Bellini et Carpaccio

Composition grandiose encadrée par une architecture de style classique : quand Titien peint ce tableau l’architecte Sansovino réaménage la piazza et la piazetta de Saint-Marc créant une succession ininterrompue d’édifices classicisants

Le doge Andra Gritti voulait faire de Venise la nouvelle capitale d’un empire grandiose héritier de la Rome orientale, Constantinople, prise par les turcs en 1453 comme de la Rome des papes dévastée en 1527

Éblouissante palette de couleurs

Sur la gauche les membres de la Scuola Grande  de Santa Maria della Carita assiste à la scène

Le tableau est toujours au même endroit, aujourd’hui devenu la Galerie de l’Académie

Marie à l’âge de trois ans monte sans jamais se retourner les quinze marches du temple suscitant l’admiration émue du grand prêtre et la mélancolie de ses parents

Antonio di Porcia et Brugnera    1538

L’artiste accentue les aspects héroïques et idéaux de chaque individualité : il veut synthétiser leur apparence physique et leur réalité historique

Le tableau a subi les outrages du temps mais se détache l’or jaune du lourd collier et la blancheur de la chemise ainsi que la couleur chaude du visage et de la main nonchalamment posée

Portrait d’homme, dit « L’homme aux yeux glauques »   1540

Portrait nommé aussi « Le jeune anglais » en raison de ses yeux bleus et des reflets blond roux de sa barbe

La réduction de la palette de Titien est d’une grande efficacité

Un critique « Il n’étendait sur sa palette que des couleurs simples et en petit nombre; mais il savait choisir celles qu’une plus grande variété distingue et détache entre elles; et connaître les degrés et saisir les moments les plus favorables à leur opposition. C’est pour cela qu’on n’y est choqué par rien de violent. La variété des couleurs qui figurent les unes auprès des autres semble un accident naturel, et elle est l’effet le plus habile »

Portrait du pape Paul III    1543

En avril 1543 Titien avait suivi à Ferrare et à Bologne la cour pontificale accompagnant Paul III lors de sa rencontre les 21-25 juin avec Charles Quint

L’Arétin «  … tant il semble vivant, tant il semble lui-même, tant il semble vrai … »

Paul III Farnèse, intronisé en 1534 fut le commanditaire du Jugement de la Chapelle Sixtine de Michel-Ange

Ce portrait est le premier de ceux qu’exécuta Titien pour le pape.

L’aisance de l’articulation spatiale de la figure, provient essentiellement du cadrage en diagonale

Vibration de petites touches rapides rehaussant le camail

Les traits sont  captés avec acuité et fixés avec rigueur : le visage penché en avant, effilé et rugueux, l’extrême mobilité du regard, les mains maigres mais encore vigoureuses

Il se dégage « une puissante charge d’énergie qui saisit comme un poing toute la  personne du vieillard osseux »

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