Portrait de la femme dite « La Schiavona »
Le portrait de cette femme d’une certaine corpulence est titré « La Schiavona » selon l’usage vénitien car il s’agit d’une personne d’origine slave
Cette femme est représentée à la fois de face et de profil grâce à l’insertion d’un
bas-
Titien participe à la polémique sur l’excellence des arts qui agitait alors les artistes et les intellectuels, les uns défendant la sculpture, les autres la peinture
Léonard de Vinci défendait la peinture et Michel Ange la sculpture
Aux sculpteurs qui défendaient la primauté de leur art car il permet de voir l’entièreté alors que la peinture n’autoriserait qu’un seul point de vue, Titien avait répondu avec une œuvre aujourd’hui disparue qui représentait un guerrier retirant son armure près d’un ruisseau dont les reflets sur l’eau en multipliaient l’image produisant ainsi cette circularité appréciée dans la sculpture
Le Concert
Ce tableau fut d'abord attribué à Giorgione avant d'être considéré comme une oeuvre de Titien réalisée vers 1512
Le thème du concert permettait aux peintres d'introduire des références symboliques et des allusions érudites à la culture et aux théories musicales des humanistes vénitiens, à un moment où l'éducation musicale faisait partie intégrante de la formation du gentilhomme
Dans la culture néoplatonicienne de l'époque, seuls les instruments à cordes et la voix humaine étaient élevés au rang de musique noble, alors que les vents et les percussions relevaient de la musique populaire, campagnarde et désordonnée
Le Concert célèbre l'harmonie et l'ordre de la musique "citadine" représentée par l'épinette, dont joue le personnage au centre de la scène, et par la viole de gambe que tient le religieux sur la droite
Certains ont interprété le geste du clerc interrompant le concert dans un sens symbolique : au sein du temps circulaire, idéal et parfait de l'harmonie musicale intervient le temps réel, devant être consacré à la dévotion institutionnalisée
LE MARI JALOUX
Entre avril et décembre 1511 Titien réalise trois peintures murales pour un cycle de fresques à Padoue
Sur chaque fresque il représente un miracle de saint Antoine
Ce tableau représente une femme, considérée à tort comme infidèle par son mari jaloux,
est poignardée par celui-
Le miracle se produit au fond à droite : l'homme fait pénitence en s'agenouillant devant le saint qui a ramené sa femme à la vie
Les histoires représentées dans les trois fresques de Padoue renvoient à la paix conclue entre Padoue et Venise après les événements de 1509
Cette année 1509 la Sérénissime avait traversé une crise militaire et politique profonde : excommunication par le pape Jules II le 27 avril, conquête de Padoue le 5 juin par la ligue de Cambrai
La ville fut néanmoins reprise par l'armée vénitienne le 17 juillet
LE CONCERT CHAMPÊTRE
Ce tableau du Louvre entra dans la collection de Louis XIV en 1671
Avant d'être attribué à Titien il fut longtemps considéré comme une oeuvre de Giorgione
Ce tableau illustre la théorie musicale et la culture humaniste néoplatonicienne du début du XVIème siècle à Venise
Le thème représenté est celui du parfait accord entre le luth, instrument noble et distingué, joué par un jeune citadin élégant, et la flûte, instrument rustique mais anobli par son interprète, une femme nue, probablement une Muse, image allégorique évoquant la dimension supérieure de l'harmonie musicale
Sur la gauche, le rite de purification évoqué par la Muse versant de l'eau dans une fontaine renvoie à la fusion des sons de l'accord musical et aux correspondances néoplatoniciennes entre musique mondaine et musique céleste, entre harmonie musicale et harmonie universelle
Le concert est interrompu par l'intrusion d'un berger ébouriffé qui surgit d'un bosquet représenté à l'arrière plan, où l'on aperçoit également son troupeau et un autre berger
Les deux nobles musiciens se tournent pour regarder celui qui, inférieur par son rang et sa culture, a troublé leur sublime harmonie
Le tableau condamne la contamination des genres musicaux nobles par des éléments populaires et représente, par le contraste entre ville et campagne, le conflit entre classes sociales
L'agencement et l'atmosphère du paysage sont influencés par la poésie pastorale alors très en vogue
LA VIERGE A L’ENFANT ( LA BOHEMIENNE)
La structure de cette peinture a été rapprochée de celles de Giovanni Bellini réalisées à la même époque ou peu de temps auparavant (vers 1511)
Le rideau se trouvant derrière la Vierge et l’Enfant qui se tient debout sur un parapet de marbre est une citation directe
Importance conférée à la figure de la Vierge par rapport à l’espace de la composition
Le surnom de « Bohémienne » est lié aux cheveux bruns de la Vierge
Saint Marc entouré de saint Côme et saint Damien, saint Roch et saint Sébastien
Ce retable fut transféré en 1656 à Santa Maria della Salute
Il fut commandé par la Sérénissime pour invoquer la fin de l'épidémie de peste de 1509, très meurtrière
A droite au premier plan apparaissent les saints Roch et Sébastien, protecteurs de la peste
À gauche les saints médecins Côme et Damien, patrons des Médicis
Ils sont représentés sous les traits de deux contemporains ayant probablement soutenu les Vénitiens
Aux valeurs de la foi sont associées celles de la science et de la solidarité
La place centrale est accordée à Saint Marc, symbole de la République
Il est assis sur un trône décoré d'un tapis d'honneur, dans une attitude généralement réservée à la Vierge et à l'Enfant
Cet emplacement sert à mettre en avant le rôle primordial que joua le patron de Venise,
et donc la Sérénissime elle-
Les figures qui composent cette conversation sont disposées dans un espace défini par le sol à carreaux et les colonnes sur la droite
L'agencement est rendu dynamique par le traitement de la lumière qui tombe de façon latérale pour illuminer le corps de saint Sébastien, seul personnage à être tourné vers le spectateur
Le visage de saint Marc est laissé dans l'ombre afin d'évoquer peut-
Le réalisme des visages les apparente à de véritables portraits
LA VIE ET L’OEUVRE de Tiziano Vecellio
dit TITIEN 1/4
Nous allons vous présenter brièvement
la vie de TITIEN
Et nous commenterons
103 tableaux
Vie de TITIEN
Titien est né en 1490 à Pieve di Cadore sur les contrefors des Dolomites de la Haute Vénétie. Cette ville se trouvait dans une position stratégique pour le contrôle de la « route d’Allemagne » et devait sa prospérité à l’exploitation de vastes forêts dont une partie du bois était réservée aux chantiers navals de Venise et en particulier à la fabrication des rames. Plus tard, Titien détiendra d’importants intérêts dans les scieries et le commerce du bois. Son grand père avait reçu plusieurs charges officielles et son père avait été capitaine de la milice territoriale et membre de l’administration publique
Titien avait trois sœurs et un frère, Francesco, son aîné de deux ans qui fut aussi peintre mais avec un moindre succès
1499-
1508-
1510-
1513-
Il abandonne la manière de Giorgione au sens d’une monumentalité sereine de figures inscrites dans des paysages
1516-
1520-
A la cour de Mantoue il fit la connaissance de l’Arétin avec lequel il se liera d’une solide amitié, le poète se transformant en véritable « attaché de presse » du peintre qu’il mettra en relation avec de grandes personnalités européennes
En 1523 sa future épouse, Cecilia Soldano donne naissance à un fils, Pomponio. En 1523 Andrea Gritti élu doge l’associe à son projet de donner une nouvelle image à Venise
En 1525 Titien épouse Cecilia Soldano qui donne le jour à leur deuxième fils, Orazio
En 1527 Jacopo Sansovino émigre de Rome à Venise et formera avec Titien et l’Arétin une triade dominant la culture vénitienne au milieu du 16ème siècle
En 1530 Cecia son épouse meurt en donnant le jour à leur fille Lavinia, disparition dont le peintre ne se remettra jamais. Orsola, la sœur de Titien s’occupera des enfants
Le 25 février 1530 Titien assiste à Bologne au couronnement de Charles Quint par le pape Clément VII de Medicis. Un rapport mutuel d’estime se nouera entre l’artiste et l’empereur. Titien reçoit le titre de Chevalier de l’Eperon d’or qui lui donne accès à la cour
A partir de 1532 il travaille pour le duc d’Urbino ce qui entraîne un ralentissement des travaux destinés à Venise et donc un certain mécontentement
En 1534 son père meurt à Pieve di Cadore
En 1538 il peint la Vénus d’Urbino pour les Della Rovere et en raison de retards dans la livraison d’œuvres Titien est suspendu du bénéfice octroyé par l’Etat mais Titien redresse la situation et retrouve son statut de peintre de prédilection de l’aristocratie et des cours européennes
Entre 1538 et 1539 plusieurs de ses commanditaires meurent
En 1544 en compétition avec les Turcs, Venise perd d’importants comptoirs en mer Egée
Titien est confronté avec le maniérisme et observe les développements de l’art toscano-
En 1545-
Il ressent la nécessité de se rendre à Rome, décision motivée par la fortune grandissante des Farnèse : un membre de cette famille est élu pape et prend le nom de Paul III
En septembre 1545 il découvre à Rome avec le cardinal Bembo et Vasari les trésors
antiques et modernes et il rencontre Michel-
Fin mai 1546, rentrant de Rome il s’arrête un mois à Florence où il est reçu à la cour par Cosme de Medicis
En janvier 1548, appelé par Charles Quint il se rend à Augsbourg en passant par Trente. Il réalise un grand nombre de portraits des acteurs du Concile de Trente et de la Diète d’Augsbourg
Durant son absence la notoriété de Tintorer augmente et Véronèse commence à se faire connaître
Il éprouve des difficultés à se faire payer par la cour d’Espagne
En novembre 1550 il retourne à Augsbourg où il restera jusqu’à l’été 1551. Désormais il quittera peu Venise
Durant les années 1550 il multiplie les compositions sur des thèmes sacrés ou mythologiques qu’il classe sous l’appellation de « poésies » dont la plupart sont destinées à Philippe II.
Charles Quint abdique en 1555
Titien essaie d’obtenir un bénéfice ecclésiastique pour son fils Pomponio mais ce fils n’a aucune vocation
En octobre 1556 l’Arétin meurt brutalement et en septembre 1557 Charles Quint disparaît à son tour
La solitude de l’artiste va s’accroître après la mort de son frère Francesco en 1559. Son fils préféré Orazio est grièvement blessé d’un coup de poignard
Les années 1560 seront celles d’un retrait progressif de Titien alors septuagénaire
Sa fille Lavinia meurt en couches en 1561
Michel-
En 1566 il lui est demandé pour la première fois une déclaration de revenus mais il réussit à dissimuler sa grande prospérité
Dans les années 1566-
Des marchands qui ne peuvent obtenir un tableau de sa main font courir le bruit que sa vue se détériore et que sa main tremble
Il obtient que le revenu de la taxe sur le sel et sa pension versée par la cour d’Espagne soient transférés à son fils Orazio
Jacopo Sansovino meurt en novembre 1570
Le 7 octobre 1571 la flotte chrétienne remporte la bataille de Lépante contre les Ottomans
La Pietà qu’il aurait voulu faire disposer au-
Titien meurt le 25 août 1576, sans doute de la peste, alors que son fils Orazio est transporté au lazaret où il va mourir.
Son corps est transporté dans la basilique des Frari
JUDITH
Giorgione avait peint la façade du Fondaco dei Tedeschi sur le Grand Canal à Venise
Le jeune Vecellio était son élève
Tous les amis de Giorgione le félicitaient, lui disant que c’était ce qu’il avait fait de meilleur depuis longtemps. Giorgione fut très mécontent
Titien a su utiliser les demi-
Judith lève le bras droit muni de l’épée et avec le gauche se retient au bloc de marbre pour fouler aux pieds la tête d’Holopherne
Judith personnifie la Justice. En 1508 la République de Venise est menacée par les grands états européens et particulièrement par l’empereur Maximilien qui avait des appétits territoriaux précis dans le cadre de la ligue de Cambrai
LE REPOS PENDANT LA FUITE EN EGYPTE
Le naturel s’accorde avec l’intimité de la scène. La Vierge serre contre elle l’Enfant qui se réfugie dans la sécurité de l’étreinte maternelle tandis que saint Joseph, l’esprit occupé d’une pensée secrète s’écarte
Personnages au premier plan et à droite une colline escarpée dominée par la tour ronde
Le paysage exprime les subtiles variations de la lumière
LE PORTEMENT DE CROIX
Vasari « Pour l’église San Rocco Titien fit un Christ portant sa croix, une corde au cou tirée par un juif … il a recueilli en aumônes plus d’écus que, durant toute leur vie, Titien et Giorgione réunis »
Plénitude du dialogue humain de Titien qui mise sur l’intensité dramatique du contraste des âmes entre le malfaiteur qui fixe le Christ avec arrogance et le visage de ce dernier qui nous regarde avec un réalisme pathétique
Le visage du Christ est rendu avec une grande précision linéaire en particulier les sourcils et le nez. Cette précision explique que le tableau a été attribué à Titien et non à Giorgione dont le style est plus tendre
Portrait d’homme, dit Portrait de l’Arioste
L’identité de ce personnage demeure inconnue
Il s’agit sans doute du portrait d’un membre de la famille Barbarigo
« … Au début il commença par suivre la manière de Giorgione, alors qu’il n’avait pas plus de 18 ans, et fit le portrait d’un gentilhomme de la famille Barbarigo, qui était de ses amis, lequel fut considéré comme étant très beau en raison de la ressemblance parfaite du teint, des cheveux si bien différenciés qu’on pouvait les compter … Ce portrait fut considéré comme si bien fait qu’on l’aurait tenu pour une œuvre de Giorgione »
Passé en 1639 sur le marché à Amsterdam il fut apprécié de Rubens avant d’être acquis par Van Dyck
Jacopo Pesaro présenté à Saint Pierre par le pape Alexandre VI
Le tableau représente Jacopo Pesaro, évêque de Paphos, à genoux devant saint Pierre. Il porte la tenue des chevaliers de Malte et tient l'étendard des Borgia
L'Evangile dans la main gauche et la main droite levée dans un geste de bénédiction, le saint est assis sur un trône posé sur un socle décoré de reliefs à l'antique
Sur ce socle reposent les clés de l'Eglise, son attribut
A ses côtés le pape Alexandre VI Borgia, paré d'une somptueuse chape verte et coiffé de la tiare papale. Il est représenté debout dans une attitude d'intercession.
Le tableau fut commandé pour célébrer la victoire remportée sur les Turcs en août 1502, à Santa Maura, par les flottes alliées espagnoles, vénitiennes et pontificales
La victoire navale, dont l'évêque de Paphos aurait été le principal artisan est évoquée
à l'arrière-
L'oeuvre fut achevée vers 1513 : cette date témoigne de la réussite précoce de l'artiste qui parvint à obtenir à 23 ans une commande décisive pour sa reconnaissance dans les milieux artistiques et politiques
C'est Jacopo Pesaro qui commandera le célèbre retable exposé dans l'église des Frari
Le tableau fut exécuté sur une période de cinq années ce qui explique les variations stylistiques qu'on peut y rencontrer
La figure archaïsante du pontife évoque le style de Gentile Bellini, celle de Saint Pierre celui de Giovanni Bellini
Le portrait de Pesaro caractérisé par un réalisme vigoureux témoigne du tournant que l'artiste sut imposer à sa peinture sur une brève période
Influence du naturalisme flamand et allemand
Les Trois Âges de la vie
Ce tableau exploite le rapport entre musique et amour, un thème au coeur des réflexions développées à Venise par les cercles humanistes néoplatoniciens de cette période
Les humanistes associent en effet le "bon amour" correspondant au désir de beauté "divine et immortelle" aux "nobles" instruments à cordes, symboles d'une musique ordonnée, distinguée et citadine
A celui-
Le thème des Trois Ages c'est aussi :
la douce innocence de l'enfance représentée à droite par les deux enfants endormis, veillés et protégés par Cupidon
sur la gauche, deux jeunes gens, un jeune homme dénudé et une jeune fille tenant deux flûtes à bec. Ils représentent le deuxième âge, la jeunesse, dominé par l'amour charnel auquel le couple s'abandonne
sur la pente de la colline à l'arrière plan, l'allégorie de la vieillesse : un homme d'âge avancé repose dans une attitude de profonde méditation
Il tient dans ses mains les deux crânes des jeunes amoureux, symbole de l'aspect illusoire et éphémère de leur amour sensuel
Noli me tangere
La scène se réfère à la première apparition du Christ après la Résurrection au moment ou Marie Madeleine le confond avec le jardinier
Les fabriques situées sur la droite sont reprises par Titien dans plusieurs de ses tableaux
Jésus reprend « Cesse de me tenir, je ne suis pas encore monté vers le Père »
Dicit ei Jesus « Jam noli me tenere, nondum enim ascendi ad Patrem »
La Vierge et l’Enfant avec sainte Catherine, saint Dominique et le donateur
Circulation libre des masses colorées qui se détachent à gauche sur un arrière plan plongé dans l’ombre et s’élèvent à droite contre des pans ouverts de nature
Les personnages avancés au premier plan prennent possession de l’espace et se présentent au spectateur dans un ensemble lié de poses et de gestes qui reflètent la valeur affective de l’événement
Le donateur est saisi dans la ferveur de l’adoration et se tend tout entier vers la Vierge avec autant de passion que saint Dominique, garant de sa dévotion
La Vierge, retenant l’Enfant distrait par un événement extérieur au tableau, a un mouvement contorsionné du buste pour répondre à l’acte de prière confiant du fidèle adorateur
Comprimée à l’extrême gauche sainte Catherine est le témoin attentif de la sainte entrevue
La « mise en page » se déroule large et monumentale
Ardente beauté de sainte Catherine malgré l’aspect massif du corps
L'Amour sacré et l'Amour profane
Le tableau, qui représente deux femmes, l'une vêtue, l'autre nue, assises au bord d'une fontaine en compagnie de Cupidon, a trait aux thèmes de l'amour et de la conciliation entre la vie et la mort (la fontaine est en réalité un sarcophage décoré de reliefs à l'antique)
Il évoque aussi l'opposition, adoucie par l'intermédiaire de Cupidon, entre deux figures féminines
Celle qui est nue peut être identifiée à Vénus; celle qui est vêtue à Proserpine.
Le tableau fut peint pour célébrer le mariage de Niccolo Aurelio, un important homme politique vénitien, avec Laura Bagarotto, fille du juriste padouan Bertuccio, condamné à mort pour trahison par le Conseil des Dix en 1509, au moment même où Niccolo était secrétaire du Conseil
Les bas-
Vierge à l’Enfant avec saint Georges, saint Zacharie et le petit saint Jean, dite « Vierge aux cerises »
Pour affermir ses rapports avec les commanditaires issus de l’aristocratie, Titien s’oriente vers une nouvelle manière dans le domaine technique et chromatique, comme dans celui de la composition
Tableau réalisé en 1516, année de la mort de Giovanni Bellini
A partir de cette date sa primauté absolue dans l’école vénitienne ne lui sera plus contestée
Titien a suivi un parcours sous l’influence de Giorgione : les saintes Conversations,
les grandes toiles allégoriques et profanes, les portraits de femmes représentées
à mi-
Cette Vierge s’insère dans la phase de transition entre l’activité des jeunes années de l’artiste et l’activité de la maturité qui trouvera une première expression dans « L’Assomption »
L’Assomption
Ce tableau fut commandé à Titien en 1516 pour le maître-
Son installation loirs d’une cérémonie solennelle en mai 1518 a marqué l’entrée de Titien dans la sphère des grandes commandes religieuses
Titien abandonne les références à la mort, à la lamentation funèbre et à la sépulture de la Madone. Il représente dans le registre supérieur l’événement miraculeux de l’ascension au paradis et du couronnement de la Vierge comme reine du ciel. Dans la partie médiane, l’émerveillement joyeux des anges. Dans la partie inférieure le trouble des apôtres
Il exprime les orientations théologiques des Franciscains relatives au dogme de l’Assomption et au culte de l’Immaculée Conception
L’année 1516 est celle du traité de Noyon qui mit fin à la crise vénitienne résultant de la création en 1508 de la ligue de Cambrai
Les éléments contrastent avec « les choses mortes et froides » des Bellini et des Vivarini
Usage inédit de la couleur : les lueurs éclatantes et les contrastes accentuent l’intensité dramatique de la scène et lui confèrent une grande unité
Flore
Cette toile (vers 1515) est un des chefs-
L’identité de la jeune femme est discutée : elle tient dans sa main droite une poignée de fleurs printanières fait penser à la Flore d’Ovide, déesse du printemps et de la végétation mais certains pensent qu’il s’agit du portrait d’une courtisane ou de l maîtresse de Titien (Violante, la fille de Palma le Vieux)
Il peut s’agir d’une allégorie nuptiale jouant sur le rapport entre pudicita et voluptas, suggéré par le contraste entre le sein caché et l’autre découvert par la chemise légère qui glisse sur l’épaule
La jeune femme s’inscrit de manière dynamique dans l’espace et non selon un schéma rigoureusement frontal
Son corps épanoui se déploie harmonieusement suivant un mouvement circulaire, dessiné par le geste de la main droite qui offre les fleurs, par celui de la gauche posée sous le sein et par la position de la tête légèrement inclinée
L’harmonie de la scène est mise en valeur par l’orchestration de couleurs douces
Bacchanales pour Alphonse Ier d’Este, duc de Ferrare
Offrande à Vénus
Le cycle des Bacchanales peint pour le prince Alphonse d’Este est le triomphe de la peinture d’inspiration mythologique de Titien
Ce travail sera exécuté avec beaucoup de retard, Titien étant connu pour ne pas respecter les délais prévus
Le sujet est emprunté à un poème du poète grec Philostrate qui décrit en détail les peintures qui décoraient une villa située près de Naples au Ier siècle après JC
La peinture antique représentait des cupidons occupés à cueillir des pommes dans un verger à proximité d’un autel de Vénus
Bacchanales pour Alphonse Ier d’Este, duc de Ferrare
Les Andriens
Ce tableau a été offert au roi d’Espagne Philippe IV
Titien veut décrire l’arrivée de Dionysos sur l’île d’Andros, événement perçu comme l’occasion de se libérer des soucis du monde, ce qu’Alphonse allait précisément chercher dans l’espace privé de son camerino (cabinet de travail)
Lors du festin l’eau de la rivière se transforme en vin et les habitants d’Andros
s’abandonnent aux plaisirs du vin, de la danse, de la musique pastorale et de l’érotisme,
incarné sur la droite par la nymphe-
Sur la page de musique au centre du tableau il est écrit « Qui boit et ne reboit, il ne sait ce que boire est »
Titien introduit un élément moralisant dans cette exaltation de l’abandon orgiaque
: au sommet de la colline, à l’arrière-
Bacchanales pour Alphonse Ier d’Este, duc de Ferrare
Bacchus et Ariane
Les œuvres du studiolo sont pour Titien l’occasion d’aborder le thème du rapport entre l’amour et la musique, un sujet au cœur de certaines œuvres de jeunesse (Le Concert champêtre et les Trois âges)
Titien exalte la dimension dionysiaque entendue comme une libération par rapport aux vicissitudes du monde
Il représente Bacchus avec sa suite dansante et exotique, composée de ménades et de satyres, d’un char traîné par deux léopards et de Lacoon entouré de serpents
Bacchanales pour Alphonse Ier d’Este, duc de Ferrare
Le festin des dieux
Ce tableau fut commencé par Bellini et repeint par Titien
Titien a voulu rajeunir le paysage de Bellini en ajoutant le ruisseau, la montagne escarpée et les arbres agités par le vent
Thème inspiré par les Métamorphoses d’Ovide selon lequel les convives témoins de la tentative de viol de Lotis par Priape étaient de simples mortels
Lotis était une naïade qui dort tranquillement à droite tandis que Priape s’approche avec certaines intentions
Mais l’âne se met à braire, réveillant Lotis endormie qui s’échappe avec force cris ce qui met en alerte d’autres dieux qui tournent Priape en dérision
La Naissance de Vénus
Née de l’écume des flots, Vénus fut ramenée par la mer, portée par une conque, sur le rivage de Chypre
Titien a tenté de recréer une célèbre œuvre d’art de l’antiquité, une Vénus anadyomène (sortie des eaux) peinte par Apelle, puis ramenée à Rome depuis la Grèce, dont l’unique description connue nous est fournie par Pline l’Ancien
Vierge avec saint François, saint Blaise et le donateur Alvise Gozzi, dit Retable Gozzi
L’évolution de Titien se marque par l’épanouissement des couleurs, l’éloquence des gestes, la liberté de la composition
Commandé pour l’église San Francesco à Ancône par un marchand établi à Raguse (Dubrovnik) que l’on voit représenté près du saint protecteur de cette ville, ce retable montre à l’arrière plan une vue de Venise. Ainsi se trouvent réunies en une même composition les trois plus importantes cités de l’Adriatique
Dans les années 1520, au moment où Titient peignit ce retable, le pape avait rendu à Venise le droit de contrôle et de maîtrise de l’Adriatique
Ce tableau célèbre le succès diplomatique remporté par Venise, ce que signifie la
place dominante de la Vierge au-
Dans le bas du tableau les saints François, à gauche, et Blaise, à droite, symbolisent les villes d’Ancône et de Raguse qui rendent hommage à Venise
Polyptyque Averoldi
La forme du polyptique fut sans doute imposée par le commanditaire Averoldi, légat du pape à Venise
Toutes les figures convergent en direction de la grande scène centrale de la résurrection.
Traitement dynamique de la lumière, riche en clairs-
Grande unité de la composition dont le centre de gravité est la scène de la Résurrection
Le Christ ressuscité brandit devant l’assistance stupéfaite l’étendard représentant la victoire sur la mort
Sur le volet de gauche les saints patrons saint Nazaire et saint Celse ont comme Averoldi perdu l’aspect figé qui caractérisait les images du même type
Sur le panneau de droite la figure de saint Sébastien par son anatomie vigoureuse
et son énergie contenue exprime le goût renaissant mêlant la statuaire antique et
les Esclaves de Michel-
Une lumière dorée surgie de la nuit unifie les deux panneaux supérieurs, éclairant l’ange dans le dos et le visage de la Vierge. Tous deux recueillis sont enveloppés dans une atmosphère de lyrisme et de paix
La Mise au tombeau 1525
La Mise au tombeau, la Déposition et la Pieta sont des thèmes obsessionnels pour Titien qui reviendront jusqu’aux dernières années de sa carrière (cette toile est la version du Louvre)
La composition est rythmée est saccadée mais aussi logique comme un bas-
Théophile Gautier a écrit de Titien « Il est le seul artiste entièrement sain qui est paru depuis l’Antiquité. Il a la sérénité puissante et forte de Phidias »
Le Bravo vers 1520
« Rien ne charmait tant ses soldats (de Marius) que sa droiture dans les jugements…
Il avait parmi ses officiers un neveu Caïus Lucius qui aimait un jeune homme de sa
compagnie Trebonius et l’avait déjà sollicité plusieurs fois inutilement. Une nuit
il le fait appeler. Le jeune homme se rend à ses ordres. Dès qu’il est entré dans
la tente de Lucius cet officier voulut lui faire violence. Trebonius tire son épée
et le tue. Marius était absent. A son retour il fit citer Trebonius à son tribunal
où il se présenta contre lui beaucoup d’accusateurs. Le jeune homme avec confiance
exposa ce qui s’était passé, il nomma plusieurs témoins de ses refus persévérants
aux sollicitations fréquentes de Lucius… Marius, ravi d’admiration fit apporter une
couronne qui récompensait les grands traits de courage et la mit lui-
« Qui ne voit la simplicité de ce jeune frappé de crainte
Portrait d’un gentilhomme (Tommaso Mosti)
Le jeune homme est vêtu d’une chemise blanche dont on aperçoit le col et sur laquelle se superpose un manteau de pelisse
Le premier plan est occupé par une simple manche doublée de fourrure. Le visage du jeune homme est tourné vers le spectateur avec lequel il engage le dialogue par son regard intense
Tommaso aurait été peint en 1520 avant son accession au sacerdoce. Il est membre d’une puissante famille liée au duc de Ferrare, Alphonse d’Este
La qualité picturale et la modernité de la composition rapprochent ce portrait de « L’homme au gant » réalisé également aux alentours de 1520
LA VIE ET L’OEUVRE de Tiziano Vecellio
dit TITIEN 1/4