ALFRED SISLEY 2/2
1878 -
Le thème de la neige a attiré les impressionnistes car il leur permettait d'étudier les effets des variations de la lumière. Les touches de couleurs fragmentées donnent un fond uniformément blanc, mais diapré et aux reflets bleutés.
Comme pour Courbet la campagne d'hiver a toujours exercé un charme particulier sur Sisley car le silence était plus près du tempérament de l'artiste que les paysages ensoleillés si chers à Renoir
Influence de Courbet qui exprime un goût pour la neige et les effets plastiques qu’elle pemet
La neige vient de tomber, elle est encore d’une pureté immaculée, non souillée par les pas de l’homme, tout est ouaté, feutré
La route s’enfonce droit vers l’horizon
La colline du fond s’estompe jusqu’à une ligne de grands arbres dont le blanc-
Le monde est enseveli dans un grand silence blanc
Mais à la neige blanche compacte, propre ou sale, de Courbet Sisley substitue une neige moins dense et animée d’ombres colorées
Des bleus d’intensité variables renforcent l’aspect glacé de la représentation
Afin d’être accepté par le Jury Sisley recourt à une palette moins heurtée, presque monochrome, et à une touche plus souple qu’il n’hésite pas à allonger et à tordre, conférant à l’ensemble une dynamique
1878 – La Seine à Grenelle
Sisley installa son chevalet durant l’été 1878 à proximité du pont de Grenelle
La partie gauche représente le quai animé par diverses constructions et les silhouettes des passants et des manutentionnaires
Cette partie gauche déborde largement sur le premier plan jusqu’à occuper toute la surface de la partie inférieure
La présence d’une rambarde basse et sombre souligne ce décrochement qui rompt un
agencement qui sinon serait sans surprise, toutes les lignes de fuite convergeant
vers un point placé presque au centre d’une ligne située un peu au-
Gamme colorée restreinte sous un ciel qui évoque l’automne
Les panaches de fumée qui s’élèvent des bateaux à vapeur établissent par l’arabesque de leurs formes blanches un lien entre l’eau et le ciel
1877/78 – La Côte du Cœur-
Le calme et le silence baignent cette représentation et le silhouettes à peine esquissées qui s’y déplacent
La surface de la neige lui offre la possibilité de multiples variations sur la lumière et les couleurs avec toute une gamme de tons variant du beige au brun foncé
Composition décentrée avec une grande diagonale qui traverse la moitié intérieure de la toile s’élevant de la droite vers la gauche à laquelle succède un mur qui lui répond en sens inverse, semblant s’élever vers le bord droit de la toile
Mur peint dans une dominante bleu-
Ciel au douces tonalités d’azur parcourues de quelques nuages blancs
La vivacité de la touche et le coloris brillant de ce tableau délivrent un message de paisible bonheur
1878 – Paysage à Sèvres
Sisley aime les arbres
Avec ce tableau il nous offre une harmonie d’arbres dans la nature
Quand il exécute ce tableau empreint de sérénité Sisley se débattait dans de graves difficultés financières
Il fut aidé par le pâtissier Murer chez qui il déjeunait chaque mercredi avec sa famille
L’éditeur Charpentier ne lui refusait jamais un prêt d’argent pour le sauver des mains de créanciers impatients
Il écrivait « Je suis fatigué de végéter comme je le fais depuis si longtemps »
1878/79 – Chemin montant
Le motif du chemin ascendant est fréquent dans l’œuvre de Sisley à cette époque
Le chemin cahoteux est flanqué d’un côté d’un talus herbeux et de l’autre d’une clôture en bois rustique
Profondeur de champ qui attire l’attention sur la petite maison blanchie à la chaux qui apparaît au loin
Peinture appliquée grossièrement par touches amples de couleur vive pour faire ressortir le contraste entre le chemin et l’herbe et le feuillage
Deux figures esquissées apparaissent à mi-
Atmosphère mélancolique de ce tableau : des ombres mauves modifient le bleu pâle du ciel
Le chemin ocre en plein soleil et l’ombre profonde du premier plan où Sisley a installé son chevalet signalent une chaude journée d’été mais l’apparence menaçante du ciel indique que le temps ne va pas tarder à se gâter
1879 – La station de Sèvres
Cette vue en contre-
L’intrusion du monde moderne est ignorée : on ne voit qu’un bâtiment anodin et une barrière intégrée à l’ensemble du paysage verdoyant
Sisley préfère cultiver la poésie d’une vie liée à la nature encore toute proche
Il a placé son chevalet face à une aire ensoleillée, ponctuée de personnages qui semblent occupés à divers travaux
Le tapis herbeux est construit à longs coups de brosse juxtaposés
Une végétation touffue et plusieurs arbres en chandelle composent à droite une zone aux tonalités plus variées, allant du jaune au brun, de la lumière à l’ombre
Les touches vives de la partie droite du tableau lui confèrent une animation particulière
Le regard est mené directement vers le pavillon de la gare qui occupe une place centrale
Un large ciel limpide domine l’ensemble
1879 -
Toile exécutée dans un vallon verdoyant près de Saint Cloud où Sisley s'installa en 1879.
Sisley a placé son verger sous un ciel couvert de printemps.
Des groupes de petits cumulus animent le ciel au même titre que les bouquets de fleurs blanches dans le paysage
Une légère brise semble souffler dans les branches et secouer les fleurs
La toile rend bien la douceur du printemps dans la région parisienne
1879 -
En 1879 Sisley prit la décision de se présenter au Salon pour essayer de se faire connaître et tenter de nouveaux débouchés mais le jury refusa ses tableaux. L'artiste se remit au travail, brossant inlassablement les paysages de Sèvres où il venait de s'installer. Dans cette toile il reprend le thème de la route tournante cher aux impressionnistes
1880 – Bords de la Seine à By
Palette d’une somptueuse variété pour une composition plus touffue qu’à l’ordinaire
Le ciel se trouve relégué à l’arrière plan en partie dissimulé par plusieurs groupes d’arbres
Ciel d’un bleu limpide à gauche et voilé par quelques amas nuageux à droite
Le chemin central, le talus verdoyant et la Seine convergent vers un point de fuite placé relativement bas
A ces lignes qui s’enfoncent s’opposent les verticales du premier plan
Un bosquet d’arbres dénudés au-
Le personnage féminin en robe bleue et chapeau jaune qui vient à la rencontre du spectateur possède un rôle dynamique rare dans les tableaux de Sisley
La ligne presque noire de l’ombre des arbres à gauche est un des rares repères horizontaux de cette toile
1880 -
Plus que les paysages ensoleillés, Sisley appréciait les ciels estompés des demi-
1880 -
L'année 1880 fut une année de grands changements dans l'oeuvre du peintre. A cette époque Sisley a souvent brossé les berges du Loing, un petit affluent de la Seine. La structure du tableau est originale, le peintre a choisi une anse du fleuve d'où il pouvait voir la berge opposée à travers les peupliers. Plus tard Sisley écrira au critique Tavernier "Je commence toujours une toile par le ciel"
1880 – Paysage – Vent et soleil
Tableau centré sur la représentation en léger surplomb des ruines d’une briqueterie
Influence de Camille Corot par la simplicité, la clarté de l’expression et la quasi abstraction des formes
Manière identique à Corot d’installer le sujet monumental dans un paysage panoramique
Une diagonale rompt l’aspect statique d’une composition à la géométrie rigoureuse : la palissade de l’angle inférieur droit et son retour en équerre qui rejoint le bâtiment abandonné
Touches mouvantes où prédominent les couleurs froides
L’arbre au feuillage généreux installé au bord droit du tableau est une constante des tableaux de Sisley qui deviendra de plus en plus fréquente
1881 -
Peut-
En 1880 il s'installa dans le petit village de Veneux-
En 1882 il s'installa à Moret même où il demeura jusqu'à sa mort en 1899 y peignant des vues de la ville, des villages et des paysages environnants
Le hameau de By où vivait Rosa Bonheur est à deux kilomètres au nord de Veneux-
Sisley a réduit la présence de l'homme à quelques bâtiments
Les collines descendent en pente douce jusqu'au fleuve
La toile est divisée en deux moitiés par une diagonale, l'une consacrée à la terre, l'autre au ciel
1881 – Le chemin de By au bois des Roches-
Paysage dénudé aux couleurs de l’automne qui baigne dans une lumière claire, presque printanière
Gamme colorée où dominent les bruns, les roux et les orange
La végétation abondante à gauche de la toile est moins touffue à proximité de l’eau, chaque branche se projetant indépendamment dans l’espace
Ces arbustes abritent un chemin parallèle au bord gauche du tableau, chemin qui s’élève légèrement avant de disparaître sous les frondaisons, jusqu’à la ligne qui marque l’horizon, au tiers de la hauteur de la toile
Le cours diagonal de la rivière est limité par la présence d’une berge peu élevée au bord droit
Berge construite rapidement au moyen de larges touches horizontales
Le premier plan de la rivière est indiqué par des touches irrégulières
L’horizon lointain, largement indistinct établit la coupure avec un ciel dégagé où se lit le travail d’une brosse rapide
Tonalités variées qui donnent une notion de profondeur : des gris sourds de l’horizon au bleu de cobalt en haut et en bas de la toile
1881 – Le pont de Saint Mammès
Construction rigoureuse en bandes superposées que vient interrompre à gauche le pont vu en diagonale
La rivière se couvre des nombreuses nuances du vert de la végétation environnante et des tonalités de beige des berges et des piles du pont
Le soleil qui baigne la scène est voilé par une couche de nuages
Le ciel traité à longs traits de pinceau incurvés semble couvert
Grande subtilité chromatique et ombres transparentes et légères
Le ciel couvert laisse tomber une lumière tamisée
1882 -
Après avoir été refusé au Salon et harcelé par la misère, Sisley dut trouver une
demeure moins coûteuse et c'est à Veneux-
1882 – Le Loing à Mammès
Premier plan semi-
La lumière vient de la partie arrière droite de la toile
L’ensemble est dominé par un ciel bleu et clair avec quelques traînées de nuages
Lien entre la terre et le ciel établit par des verticales qui naissent dans le miroitement de l’eau avant de se projet dans le ciel et par des arbres et des poteaux à droite et les facettes des maisons et leurs cheminées à gauche
Cette composition évoque les paysages flamands et hollandais du 17ème siècle, la richesse du coloris en plus
1882 – Moret – Le chantier naval à Matrat
Le pan gauche de la toile se subdivise en deux éléments : la partie inférieure est occupée par une zone de terrain dégagée et la partie supérieure par une masse d’arbres
Un peuplier se dégage de l’ensemble et surgit dans l’axe vertical de la composition
Les bâtiments de planche sont à peine visibles au pied d’un arbre
Division de la partie droite en trois zones :
-
-
-
1883 -
C'est en petites touches juxtaposées sous un ciel presque flamand que l'on entrevoit à travers un arbre aux feuilles roussissantes, que Sisley a su rendre le charme et la poésie de la douce France chantée par Du Bellay
1884 -
L'artiste venait de s'installer à Sèvres lorsqu'il brossa ce tableau. Sisley ne recherchait
pas les motifs rares ou les horizons exceptionnels, la composition de ses toiles
se limite à fort peu de choses : une simple cour de ferme en terre battue et le ciel
au-
1885 – Une cour aux Sablons
L’artiste a volontairement limité son sujet à une cour de ferme cernée de murs sur trois côtés
Les différents bâtiments qui entourent cette cour de ferme ont des rôles bien distincts
A gauche une construction haute percée régulièrement de portes, mais sans fenêtres, une étable dont les parties hautes sont couvertes d’un treillage à l’assaut duquel grimpent des plantes
C’est le seul élément à ne pas recevoir de lumière
Au centre le lieu de résidence des fermiers mais aussi des petits abris divers sont traités comme les bâtiments de droite à longs coups de brosse et les façades sont baignées de lumière
Quelques arbres au changement d’axe de l’architecture et donc de la composition
Quelques tas de foin au bord inférieur du tableau ajoutent leur gamme colorée rouge orangée qui réchauffe une dominante froide
Ciel d’un bleu presque pur en certains endroits
Ces tas de foin égaient de leurs formes arrondies l’aspect trop rigoureux des lignes de construction de cette toile
1885 – Bords du Loing
Le recours à un chemin ou à une rivière placés en diagonale partant de l’angle inférieur gauche de la toile et s’élevant vers la droite est un procédé traditionnel pour représenter un paysage
De nombreux exemples dans la peinture flamande et hollandaise du 17ème siècle que Sisley dut connaître lors de ses visites au Louvre
De part et d’autre de la rivière dont les berges vont se rapprochant vers l’horizon et qui semblent butter sur quelques constructions d’un village se dressent de nombreux arbres
Les arbres de droite paraissent se lancer à l’assaut du ciel
Juxtaposition de la représentation de la rivière et du chemin qui se dirigent conjointement vers la ville à l’horizon, renforçant l’effet de perspective
Gamme de teintes limitée, seules les constructions apportent des notes colorées
1885 – Le canal du Loing à Saint Mammes
Sisley a fait d’un éclat magnifique le ciel clair, infini, son reflet dans l’eau, des maisons basses et des arbres que le miroir mouvant répète
1888 -
Sisley a étudié à fond les oeuvres de Corot et des peintres de Barbizon, ainsi que les paysagistes hollandais du 17ème siècle. En suivant l'exemple de Ruysdaël, qui réservait une grande partie du tableau au ciel, Sisley accentue ici son importance
1888 -
Vers 1888 la petite ville de Moret avec ses portes, ses beffrois, ses ruelles et ses petites maisons dominées par le clocher de l'église devint l'un des thèmes préférés de Sisley
Dans ce paysage d'été l'artiste a représenté le Loing reflétant en profondeur et en surface le moulin Provencher et le pont de Moret aux arches de pierre
1888 – Le pont de Moret
Durant 1888 Sisley reprend inlassablement le motif du pont de Moret
Un premier plan où coule, tranquille, le Loing
Une partie intermédiaire où réside toute l’animation de sa peinture à travers la représentation des arches du pont et les facettes des principaux monuments
En ciel d’Île de France tout en nuances délicates
La juxtaposition de courts traits de pinceau horizontaux permet au peintre d’enregistrer les variations lumineuses et d’accrocher les effets de l’environnement au premier plan de son tableau
Des aplats de riches variations chromatiques lui permettent de mettre en place les facettes géométriques des constructions
Subtilité des touches courtes dans le ciel
1888 – Un soir à Moret – Fin d’octobre
Gamme de couleurs variée et chatoyante
Composition rigoureuse où s’opposent les horizontales de la partie gauche aux verticales du bord droit de la toile
L’irruption oblique de la berge au milieu et en bas du tableau rompt la superposition des horizontales du fleuve , des maisons et du ciel et dissimule en partie la rivière avant de s’élever vers les lavoirs flottants installés sur l’autre berge du Loing
Cette levée de terre devient le support des quatre peupliers de droite, seuls éléments à se projeter sur toute la hauteur de la toile
Cette levée de terre est aussi le support de la série d’arbres dans le lointain qui conservent une auréole de feuilles jaunes et succèdent aux bâtiments de l’extrémité du village pour fermer la composition
Ciel aux tonalités diverses posées à longs coups de brosse
Le ciel occupe plus de la moitié de la surface de la toile
Sous le ciel les différents éléments sont traités au moyen de brefs coups de pinceau qui juxtaposent des touches de couleurs souvent franches pour animer ce paysage qui semble assoupi sous une lumière froide
Animation colorée des touches évoquant les herbes
Traits de pinceau sages et horizontaux de la rivière qui coule
1888 – Une rue à Moret
Les vues du village de Moret représenté sans son cours d’eau sont rares
L’artiste a installé au premier plan une zone pavée sur laquelle il peut faire jouer la lumière au moyen de petites touches
Composition ouverte vers l’arrière plan grâce à la rue qui s’éloigne et se dirige vers l’entrée caractéristique du pont
Cette ouverture sépare deux portions du village : un groupe de maisons en façade à droite et derrière le mur de gauche la tour et la nef de l’église
Hormis les routes et les murs, pans de couleur de tonalités presque uniformes
Le ciel paraît menaçant au-
1889 – Autour de la forêt – Matinée juillet
Selon un principe de la peinture de paysage de l’Ecole de Barbizon les arbres occupent une partie importante de la toile
Dans ce tableau la végétation couvre la moitié de la surface peinte opposant ses couleurs sombres à la partie droite de la toile où se développent des ciels très clairs
Seul le petit chemin qui part de l’angle inférieur gauche et se glisse entre les troncs et les bosquets introduit un effet tridimensionnel
Les rapides coups de brosse caractéristiques des peintures de Sisley dans les années
1880 opposent à droite différentes tonalités de vert aux branches brun-
La lumière qui vient de la gauche éclaire le champ couvert d’herbes qui se courbent gracieusement vers la droite sous l’effet du vent
Aucune présence humaine dans cette toile qui se présente tel un matin originel propice à tous les devenirs
1889 – Moret sur Loing – L’Hiver
Vue du village de Moret où seule l’église apparaît parfaitement individualisée alors que les maisons environnantes ne sont que des facettes de couleur
L’originalité de cette toile tient au motif de la branche dénudée qui jaillit de l’angle inférieur droit et projette ses ramifications sur presque la moitié de la surface de la toile (principe de composition emprunté aux estampes japonaises)
Ce tableau évoque une crue du Loing : berges détrempée, saules longilignes à gauche les pieds dans l’eau et les barques amarrées loin du bord
Couleurs peu nombreuses et éclaircies donnant une subtile impression de brume ou de brouillard
1889 – Pruniers et Noyers au printemps
Dépouillement du sujet : quelques arbres lançant leurs branches dans le vaste ciel, disposés régulièrement sur un terrain légèrement en pente
Traitement maîtrisé de la lumière et de la couleur
La lumière intense venant de la droite illumine une grande partie du tronc clair et des branches du plus haut des arbres, le noyer, qui occupe le premier plan de la partie droite de la composition
C’est le seul à l’éclosion tardive qui fasse encore briller au bout de ses branches quelques feuilles et quelques mousses orangées par l’automne précédent
La même lumière accroche des reflets roses et violets aux troncs et au branches des arbres suivants, les pruniers, bien plus précoces gagnés par l’éclosion printanière des fleurs éphémères
Champ dominé par de délicates nuances de rose et d’orange au-
Vaste ciel léger à peine parcouru de quelques nuages
1891 – Moret sur Loing
Nappe d’eau tranquille de la rivière traitée en de multiples touches éclatées
Sisley a écrit « Est-
1892 – Le pont de Moret sur Loing au soleil
Sisley a représenté le bonheur de la petite cité comme endormie
Peu de nuages dans le ciel d’été mais les moulins et la porte se reflètent dans le Loing
1892 – Sur le Loing
Nous sommes au bord du Loing avec au fond quelques maisons et le viaduc du village de Saint Mammès
Composition organisée autour d’une ligne d’horizon placée très bas laissant ainsi une large place au ciel clair
Deux zones distinctes se répartissent la surface du tableau
A droite une allée formée de plusieurs rangées de peupliers aux troncs graciles et aux feuillages abondants traités au moyen de petites touches juxtaposées où dominent les tons de jaune et de vert
Entre les arbres une maison joue le rôle de fond pour cette partie de la toile
La partie gauche du tableau, construite par rapport à l’oblique du Loing, présente des arbres plus touffus réunis en une masse plus compacte dont l’échelonnement dessine une diagonale qui mène l’œil vers le viaduc
Tonalités moins nombreuses et plus sombres que celles utilisées dans la partie droite du tableau
1892 -
Cette vue de Moret a été souvent reprise par Sisley à des moments différents de la journée, ou au fur et à mesure que la lumière et la saison changeaient. Ce sujet constitue une "série" véritable où le pont sur le Loing et le moulin Provencher ont toujours une place importante
1893 -
Toutes les curiosités de la ville mentionnées dans les guides de voyage apparaissent sur ce tableau : le pont, le moulin et l'église
Le pont est le principal centre d'intérêt, c'est le point stratégique de la circulation entre les deux rives du Loing
Les grands moulins au milieu du pont : le Moulin de Graciot et le Moulin Provencher
sont mis en valeur aux dépens de l'église et de la porte médiévale dont on voit le
toit incliné à quatre pans s'élever au-
Monumentalité de cette vue du pont
Vue rapprochée adoptée par Sisley où l’on distingue nettement les six premières arches du pont et le moulin qui en masque l’extrémité à l’entrée du village
Lignes géométriques nettes
Ligne incurvée qui part de l’angle inférieur gauche et se dirige vers le milieu de la toile
Les toits rouges, la végétation verte, le ciel vif et les reflets dans l’eau font oublier tout ce que l’ensemble pourrait avoir de statique
La précision de la représentation avec les bâtisses des deux moulins est tempérée par l’animation familière de la charrette et de quelques silhouettes
Les masses des maisons et des arbres s’inscrivent nettes dans l’air pur
Un ciel calme que pas un souffle ne pousse
Le Loing, clair et transparent, sans une ride, largement épandu réfléchit les pierres et les verdures, les nuages et les roseaux
1892 -
C'est de la petite ville médiévale de Moret que Sisley nous a laissé ses tableaux
les plus vibrants de l'émotion que lui-
1893 -
C'est une des nombreuses toiles sur le même sujet qui fut offerte au Musée du Luxembourg en 1899 grâce au don des amis de l'artiste organisé par Monet.
La structure de cette composition est originale et la perspective rappelle les effets obtenus avec le thème de la route tournante se perdant à l'horizon
1893 -
Dans les "séries" brossées par Sisley une place spéciale revient à une quinzaine
de tableaux que l'artiste a peint pendant les années allant de 1893 à 1895, d'après
l'église de Moret, presque toujours vue sans perspective et dont la masse imposante
occupe les trois-
1893 – L’église de Moret – Temps pluvieux – Le matin
A partir de 1893 Sisley abandonne les vues panoramiques du quartier de l’église et se concentre sur ce seul monument
L’église fut construite entre les 13ème et 15ème siècle
Il en fit 6 toiles en 1893 et 8 en 1894
Les toiles sont peintes à divers moments de la journée, selon des lumières et des conditions météorologiques différentes ( série de la Cathédrale de Rouen de Monet )
Il présente la rue qui passe devant le portail ouest et le transept sud longé par un marché couvert
Cette version en largeur offre une des visions les plus panoramiques du monument et de son environnement
Le pâle soleil matinal tente de percer un ciel bleu mais encore nuageux
Les ombres des différents ressauts architecturaux soulignent de traits bruns réguliers les structures de l’édifice
Le toit emprunte la couleur de certaines de ses nuances au ciel
La base du monument semble contaminée par le beige rosé du premier plan, délavé par la pluie
Le format en largeur, l’insistance apportée aux éléments horizontaux de la composition et l’utilisation de couleurs assombries donnent à la représentation de l’église de Moret un effet massif
1894 -
En été 1894 Sisley fit un séjour en Normandie où il était l'hôte de l'industriel
François Depeaux dans sa maison de Mesnil-
1894 -
Souvent les tableaux de Sisley possèdent une composition au même rythme et nous retrouvons le recours à une rivière placée en diagonale partant de l’angle inférieur gauche et s’élevant vers la droite
Mais dans cette toile la perspective est atténuée car il n’y a pas de chemin le long de la rive
1894 – L’église de Moret – Ciel couvert
Les tonalités de brun servent à rendre la pérennité du monument en soulignant les éléments architectoniques de son origine gothique
Les variations de bleu qui habillent les surfaces non décorées du bâtiment soulignent son caractère vivant, changeant selon les moments
Un personnage de taille imposante se présente de dos au premier plan au centre de l’axe de la rue
Le bas de son vêtement attire l’œil vers cette partie moins essentielle de la composition qui apparaîtrait sans cela comme un triangle vide déstabilisant l’ensemble et il met en place une verticale supplémentaire venant répondre à toutes celles qui se succèdent depuis le bord droit du tableau
1894 – L’église de Moret – Le Soir
Cette version se trouve amputée de la partie droite de l’église, au-
Le ciel dégagé d’un bleu profond laisse passer les rayons du soleil qui viennent réchauffer la pierre du bâtiment et l’animer de teintes chaudes
La base où s’imprime l’ombre des bâtiments en face est couverte de touches de bleu et de brun qui ancrent la composition
La partie inférieure de la toile est peinte avec peu de matière
Matière abondante dans la partie haute destinée à accrocher la lumière et à faire vibrer l’image dans l’œil du spectateur
La couleur se fait de plus en plus claire et chaude
Fidélité aux premiers principes impressionnistes
1894 – L’église de Moret sous la pluie
Unique vue de l’église de Moret où n’apparaissent pas la façade ni le portail principal
Bas-
Au bord droit un angle du bâtiment de l’hospice
Quelques figures traitées en quelques rapides coups de pinceau animent ce paysage d’architectures imbriquées
Représentation dominée par les nombreuses lignes verticales de l’église qui renforcent le fort aspect ascendant de ce tableau au format vertical
La tour s’élève au-
Ciel gris de ce gris après l’averse qui petit à petit va s’éclaircir
Les couleurs des murs réchauffées de quelques nuances de jaune disent l’embellie nouvelle qui fait suite à l’averse
Avec la verrière du transept la couleur se fait plus chaleureuse
1895 -
On a souvent rapproché les séries des églises de Sisley des Cathédrales de Rouen maintes fois brossées par Monet, une comparaison qui est loin d'être sans fondement, les deux amis s'étant proposé d'étudier, chacun de son côté, les variations de la lumière sur les façades des vieilles églises
1895 – Autour de la forêt – Une clairière
Harmonie de gaité forte qui traduit la poésie de la nature en fête
A gauche un chemin s’enfonce sous la forêt
A droite dans le champ qu’on a fauché les paysans ont construit des meules
Au premier plan un arbre se dresse dont les branches aux feuilles jaunes s’illuminent de soleil
Le soleil inonde le chemin, le champ, l’air et le ciel bleu
Le peintre abandonne la juxtaposition de longs coups de brosse pour recourir à une manière plus délicate
Il effleure la toile du pinceau afin de produire une peinture plus lisse sans laquelle les tonalités se heurtent plutôt que de fondre en de subtiles gradations
Les meules ont moins intéressé le peintre que l’arbre à droite dont le feuillage sous le soleil se teinte d’un jaune éblouissant tandis que les parties dans l’ombre conservent une tonalité vert sombre
Afin de pallier le déséquilibre de cette composition asymétrique Sisley a installé comme élément de stabilité la masse brune et verte des arbres à gauche
Sisley a représenté la fin d’une belle après midi d’été, un moment d’élection pour lui qui a été malade en juin et qui se débat comme toujours dans de graves soucis financiers
1895 – Pont en construction
Au cours des années qu’il passa à Saint Mammès, Sisley peignit souvent les petits ateliers de construction et de réparation de bateaux qui bordent le Loing
Composition rigoureuse et dominée par des éléments frontaux : en effet la structure en bois et les embarcations qui occupent la moitié inférieure du tableau s’inscrivent dans une perspective presque frontale car le peintre avait installé son chevalet sur la berge opposée
Les piliers de soutènement sur la gauche sont représentés obliquement comme s’ils convergeaient
Aspect de relatif inachèvement car les couleurs ne sont que partiellement appliquées
Le bas du tableau ou le ciel sont simplement esquissés
Les touches obliques dans la partie inférieure et horizontales pour le ciel ne couvrent qu’en partie la surface de la toile, laissant entrevoir sa préparation
Le fait que Sisley ait apposé sa signature indique qu’il jugeait l’œuvre terminée : il exprimait en un minimum de touches une longue et intense réflexion
1896 – Bateaux du Berry sur le Loing
Toile animée par la présence de ces longs chalands couverts de bâches, regroupés parallèlement aux deux berges, et qui permettent un jeu de facettes claires et sombres, en écho, de part et d’autre de l’eau
La petite embarcation qui traverse la rivière à la hauteur de son coude est une intrusion horizontale qui brise le jeu des diagonales superposées
Des silhouettes sombres sur la berge occupent et scandent l’espace sur lequel l’artiste a concentré la lumière comme une réponse à la clarté du ciel
1896 – Un tournant du Loing
Sisley était à cette époque le seul peintre impressionniste qui connaissait des soucis financiers quotidiens
Leurs amis avaient remis en cause les principes impressionnistes
Cette toile répond aux préceptes techniques de la peinture impressionniste tels que les exprimait Pissarro en 1896 :
« Il faut regarder le motif plus pour la forme et la couleur que pour le dessin
Le dessin précis et sec nuit à l’impression d’ensemble, il détruit toutes les sensations
Ne pas arrêter le contour des choses, c’est la tache juste de couleur qui doit donner le dessin
En peignant, il faut choisir un sujet, voir ce qui est à droite et à gauche, travailler à tout simultanément. Ne pas faire morceau par morceau, faire tout ensemble en observant ce qu’il y a à côté
Il faut travailler par petites touches et fixer ses impressions immédiatement
L’œil ne doit pas se concentrer sur un point particulier, mais tout voir et en même temps observer le reflet des couleurs sur ce qui les entoure »
Les différents éléments sont construits et mis en place au moyen de la couleur et des différentes relations chromatiques qu’ils entretiennent entre eux.
La rivière paisible et limpide qui se resserre et fait un coude accroche à sa couleur naturelle l’image des nuages diaphanes et le vert touffu des futaies qui la bordent
Touche fondue et délicate
1897 – Tournant du Loing
Ordonnancement rigoureux de la toile avec deux diagonales fortement soulignées : celle du quai désert au premier plan et celle en sens inverse couverte d’arbres au milieu à gauche de la toile
La brume semble s’étendre : les troncs et les branches des arbres à droite sont moins individualisés
Pour humaniser cette composition Sisley a disposé un petit personnage qui vient interrompre de sa silhouette la diagonale inférieure et il a représenté une charrette attelée qui occupe l’angle inférieur gauche et stabilise la composition
1897 – La falaise de Penarth – Temps orageux
Sisley réalisa 17 paysages de bord de mer durant son séjour sur les côtes du pays de Galles de juillet à septembre 1897
La touche est ferme et sinueuse, posée d’un pinceau chargé pour représenter la falaise, à droite, dominant la plage et la mer, et dont la végétation paraît agitée par un vent violent
Le ciel qui occupe le tiers supérieur de la composition est peint d’une matière lisse et tout en nuances
Une variété de tons de bleu et de violet permet à Sisley d’indiquer les ombres de cette fin de journée sur la plage découverte par les flots
Le 5 août 1877 il se maria à Cardiff avec Eugénie Lescouezec
1897 – Penarth
Cette peinture montre la falaise de Penarth, adossée au bord gauche de la toile, et la plage qu’elle domine, formant un triangle qui rejoint l’angle inférieur opposé du tableau
La partie qui correspond à la végétation touffue envahissant la falaise et s’accrochant à elle reçoit la lumière du soleil couchant qui joue sur les herbes et les feuillages bousculés par le vent
La plage à découvert se trouve dans l’ombre et donne au peintre l’occasion d’un concerto
de bleu-
Le reste de la toile ne permettrait pas de distinguer l’eau du ciel si un bateau à vapeur et quelques barques de pêche ne venaient indiquer la limite entre les éléments
1897 – Lady’s Cove, Langland Bay – Le Matin
Opposition entre un monde de pierres à l’assaut duquel se lancent sans arrêt les vagues et une mer environnante plus ou moins agitée
Dans la bande horizontale à la base de la composition se succèdent plusieurs éléments : l’angle inférieur gauche d’une pâte sombre et épaisse précède la dune de sable clair animée de baigneurs
Sur la plage où la falaise imprime l’ombre de sa masse sombre apparaissent deux petites cabines indispensables pour se changer
La mer en longues vagues d’écume vient mourir à l’ombre des roches effondrées
A l’assaut des éboulis l’écume individualise les blocs
Au-
1897 – Lady’s Cove
Le collectionneur rouennais, François Depeaux développa une passion pour Sisley et particulièrement pour ses vues tardives du pays de Galles
C’est lui qui finança le séjour de Sisley en Angleterre en échange de toiles
A droite la rive rocheuse avec un énorme bloc avancé dans la mer qui l’assaille
A gauche la libre étendue de l’eau et au fond un rivage distribué en lotissements par des haies d’un vert fonçé
La gamme sourde des couleurs et matière épaisse largement posée apparaissent dans une lumière étale qui confère un aspect implacable au travail des vagues
Seul le vallon cultivé dont les parcelles inégales sont cernées de haies sombres paraît un refuge ou l’humain a dompté la nature
1897 – Storr’s Rock, Langland Bay – Le Matin
L’énorme rocher dénommé Storr’s Rock a été traité à plusieurs reprises par Sisley
Le rocher est décentré vers la droite et de détache uniquement sur la mer
Les aspérités de l’énorme bloc accrochent différemment la lumière créant toute une combinaison de multiples facettes imbriquées
La source lumineuse éclaire plus particulièrement le côté gauche traité à coups de brosse nettement distincts
La lumière se répand aussi sur la crête du rocher où la présence de jaune illumine l’ensemble
La base et la partie arrière droite sont traitées en brun et en noir, cernées par l’écume blanche des vagues
La plage est rendue au moyen d’une infinité de petits coups de pinceau où le beige est mêlé de rose et de bleu
De larges et longs coups de brosse ondulants évoquent l’écume
Dans le ciel clair la matière se fait limpide
1897 -
Au cours de son séjour à Pernath Sisley peignit plusieurs marines dont les sujets sont proches les uns des autres. Dans ce tableau cet énorme bloc de pierre sur lequel viennent se briser les vagues a permis à l'artiste d'étudier les vibrations lumineuses de la mer
ALFRED SISLEY 2/2