Nous allons redécouvrir l'oeuvre de Auguste RENOIR
À partir
De 112 tableaux commentés
1857 -
Renoir a montré très jeune une vivacité exceptionnelle pour voir et observer
Les blancs, bien qu'en pleine pâte, ont été exécutés avec souplesse et ont une transparence et une fluidité que nous retrouvons dans la robe de la grande "Lise" en 1867
Importance du regard aigu à l'éclat sombre
Jeune (16 ans), Renoir peint une femme vieillisante
A mesure que les années lui viennent il passera vers des modèles toujours plus jeunes aux formes toujours plus plantureuses
1862 -
Le 1er avril 1862 Renoir est reçu sur concours à l'Ecole Impériale des Beaux Arts
C'est l'époque où domine le prima du dessin avec Ingres
Après son stage pratique dans la porcelaine et l'atmosphère plutôt libre de l'atelier Gleyre, Renoir, 21 ans, n'oublie la leçon du colorisme de Rubens qu'il copie au Louvre ni l'atmosphère resplendissante de lumière de ses peintres favoris du 18ème siècle.
On retrouve dans ce tableau le souvenir de Watteau.
Le titre évoque "L'embarquement pour Cythère"
Les empâtements denses et le ciel ouvert trahissent l'influence de Boudin qui initia Monet et à travers lui les premiers impressionnistes à un plein air médité sur l'exemple des marines hollandaises du 18ème siècle
Touche légère et vibrante qui clive les petites figures et produit un effet miroitant
1864 -
Extrême concentration de l'enfant qui sous ses airs de petite infante bourgeoise semble plongée dans quelque réflexion
Romaine, neuf ans, est la fille d'un fabricant de poteries de terre
Elle périra le 8 mars 1918 avec son mari et sa fille, victimes d'un bombardement aérien
La fillette est resplendissante dans la claire lumière qui l'auréole
Elle fixe le spectateur avec intensité et franchise; yeux vifs au regard direct
Robe de mousseline de soie serrée à la taille par une ceinture
Blouse légèrement de travers
Doigts à peine noués posés sur un coussin de fleurs
Pose pleine de simplicité
Harmonie entre la toilette, le visage et le fond
Le gris aux modulations atténuées de la robe évoque une Infante de Velasquez
Modelé délicat du visage
Construction spatiale imprécise : ce qui semble un bouquet de fleurs derrière la fillette hésite entre la chaise et le papier peint à motifs qui se prolonge derrière la draperie blanche
Il parvient à rendre le sous-
Il réussit à rendre la chair du bras droit à travers la manche de soie
Tableau d'une grande luminosité
Influence de Degas qui au début des années 1860 a fait avec Renoir des copies au Louvre
1866 -
On vient de terminer un repas
Assiettes et tasses précairement empilées
Une serveuse dessert la table
Un grand barbu debout roule une cigarette
Comme l'homme au visage glabre il écoute l'autre homme barbu coiffé d'un feutre
Sur le mur des caricatures
La poutre en bas à droite laisse deviner le plafond bas et le caractère rustique du lieu
Renoir dira "Je me rappellerait toujours l'excellente mère Antony et son auberge de Marlotte, la vraie auberge de village"
La mère Antony est la vielle femme, de dos à droite, coiffée d'une marmotte
La servante c'est Nana
Le caniche blanc c'est Toto
L'homme qui roule une cigarette est le riche architecte de 34 ans devenu peintre, Jules Le Coeur, qui en avril 1865 avait acheté une maison et un atelier à Marlotte, village de 500 habitants au sud de la forêt de Fontainebleau
L'homme assis avec le chapeau est Alfred Sisley
L'homme assis de face est un peintre hollandais, paysagiste et animalier : Bos
Déploiement de noirs, de gris et de bruns
Suppression des demi-
Blancs diaprés du tablier, de la nappe empesée, des tasses de porcelaine et du journal froissé
Le cabaret baigne dans une lumière uniforme qui évoque le milieu du jour
Les artistes passaient les jours d'été à l'extérieur, emportant quelque collation
Goncourt écrit "Le dîner était la grande récréation de la journée"
"Une grosse joie de jeunesse, une joie de réfectoire de grands enfants, partait de tous ces appétits d'hommes avivés par l'air creusant de toute une journée en forêt"
Le journal posé près de Sisley est "L'évènement" dont le titre rappelle le journal républicain fondé en août 1848 par Victor Hugo
C'est le journal des gens de lettres et de théâtre
Fondé en octobre 1865 par Hippolyte de Villemassant, rédacteur en chef du Figaro, il disparaît un an plus tard
On peut y lire les premières critiques d'un jeune homme de 26 ans : Emile Zola
Zola devra démissionner du journal après son article sur Manet, dont le jury du Salon avait rejeté les deux envois
En intégrant le journal dans son tableau Renoir exprime sa solidarité
1867 -
L'oeuvre à laquelle Bazille travaille est "Nature morte au héron" réalisée en novembre
1867 dans un atelier rue Visconti qu'il quittera pour un atelier beaucoup plus grand
où il peindra "L'atelier de la rue Condamine"
Monet avait confié à Bazille la garde
de tableaux de paysages enneigés (Paysage de neige de Monet réalisé à Honfleur en
février 1867)
Bazille hébergeait gracieusement Renoir dans l'atelier de la rue Visconti
depuis juillet 1866
Renoir le représente négligemment vêtu d'une blouse gris-
Bazille
a 26 ans. Il est grand, mince et porte une barbe légère
La palette automnale avec
des gris, des roses, des bruns et des ocres exprime l'influence de Manet
Le gris chaud
du costume joue avec le gris bleuté du fond
Le lien rouge qui relie les pantoufles
rehausse l'harmonie sobre de l'ensemble
Par rapport au Cabaret, peint un an avant,
Renoir a assoupli ses formes
Un esprit de corps lie Renoir, Bazille, Sisley et Monet
Manet
sera propriétaire de ce tableau jusqu'en 1876 et le fera inclure dans la deuxième
exposition impressionniste en 1876
Le tableau trahit cet inconfort que Bazille éprouve
dans cet atelier trop petit de la rue Visconti. Impression de claustrophobie
Bazille
apparaît comme un ouvrier de la peinture qui ne craint pas de se salir les mains
Renoir
donne à l'élégant Bazille -
La
composition de Renoir est d'une grande rigueur : les formes géométrique s'imbriquent
les unes dans les autres. Elles compriment l''espace et donnent à l'atelier un aspect
étouffant
Bazille vouait à Monet une admiration frisant l'idolâtrie mais Monet exigeait
de ses amis dévouement et aide financière et supportait pas la contradiction
Avec
Renoir qu'il tutoie Bazille a des relations plus simples
Monet conservera toujours
le vouvoiement
Durant l'été 1867 Monet avait adressé à Bazille des demandes d'argent
de plus en plus désespérées peu avant que Camille, la femme de Monet, ne donne naissance
à leur premier enfant
En août 1867, Renoir écrivit à Bazille "Tu peux être tranquille
quant à moi, vu que je n'ai ni femme ni enfant"
Ce ton donne une idée de la franchise,
de la jovialité et de l'indépendance qui caractérise leur amitié
Vingt ans avant l'échange
de portrait entre Van Gogh et Gauguin, Bazille a peint Renoir perché sur une chaise,
fringant sans son veston et sa cravate
Renoir conserva toute sa vie son portrait par
Bazille
Entre 1865 et 1870 Bazille et Renoir partagent souvent le même atelier utilisé
aussi par Monet et Sisley
Manet qui n'était pas spécialement attiré par Renoir apprécia
l'extrême économie de moyen de ce tableau qu'il céda en 1876 lors de la seconde exposition
impressionniste au père de Bazille qui avait vu avec émotion ce portrait de son fils
disparu
1867 -
C'est pour des raisons de convenance que la femme plantureuse est devenue une Diane
"Je
ne voulais rien faire de plus qu'une étude du nu, mais le tableau était considéré
comme assez inconvenant, aussi ai-
Tableau refusé au Salon de 1867
Renoir s'est
servi du couteau ce qui est rare
A cette époque l'artiste admirait le travail en pleine
pâte et le réalisme de Courbet
C'est une oeuvre d'atelier : l'éclairage du modèle
est dur et la pose artificielle
Tons froids bleu argent : Renoir peint de manière
froide au début de sa carrière pour aller plus tard aux tons chauds
Sens prononcé
des textures variées : ciel doux uni, chair radieuse, rochers vigoureusement peints
et large mouchetage épais du feuillage
Les tons froids s'échelonnent de l'angle supérieur
gauche à l'angle droit tandis que les tons chauds forment l'axe opposé
La bande de
peau destinée à atténuer la nudité s'inscrit dans l'axe chaud mais ses lignes suivent
la direction froide
Ce tableau appartient à la peinture réaliste du 19ème siècle
1867 -
Renoir "je n'ai jamais supporté le froid aussi tout mon bagage "d'effets d'hiver"
se borne-
D'autres peintres du groupe impressionniste,
Monet en tête, avaient de l'intérêt pour ce genre de motif
Ces silhouettes de contemporains
joyeusement animées rappellent certaines scènes de plage de Monet et par analogie
l'art de Boudin et Jongkind
Choix d'un point de vue légèrement en surplomb
Dominante
grise et brune mais quelques notations de couleurs vivent s'imposent à l'oeil
Organisation
de l'espace lisible grâce à la réduction progressive de l'échelle des personnages
Transcription
alerte d'une scène observée avec amusement
Dans le guide de Paris rédigé à l'occasion
de l'Exposition Universelle de 1867 il est écrit "en hiver, et grâce au Bois de Boulogne,
on a des paysages de Sibérie; le givre change en arabesque d'argent le branchage
délicat des bouleaux et la neige couvre d'un voile blanc le sombre feuillage des
sapins"
1868 -
La jeune femme dans un geste un rien comédien s'accroche tendrement au bras du jeune
homme, muni d'un haut de forme incongru à la campagne, et qui s'incline vers elle
Elle
paraît guette le signal du photographe
Le décor de verdure un peu cotonneux évoque
la toile de fond employée à cette époque par les photographes
Double portrait de l'ami
de Renoir, le peintre Alfred Sisley et de sa compagne
La compagne de Sisley, fille
d'un officier d'infanterie tué en duel, était devenue modèle après la ruine de sa
famille
Sisley né à Paris de parents anglais conserva toute sa vie sa nationalité
britannique.
Il avait fait la connaissance de Renoir dans l'atelier de Gleyre avant
1864
Alfred fut le compagnon de travail de Renoir à Marlotte
Influence de Courbet et
de Bazille
Importance donnée à la robe de la femme
Surface un peu cassante de l'étoffe
et éclat vif du bolero
Composition où les corps s'inscrivent dans un vaste losange
orienté de biais
Le gris du panier (jupe) et du pantalon rehaussent l'éclat des tissus
Le
blanc de la chemise et du gilet atténue l'insistance du noir
La position des corps
établit des lignes brisées croisées en diagonales
Vert clair en haut, sombre à droite
et uniforme sur le gazon
Expression de tendresse sur le visage de l'homme
1869 -
La "Grenouillère", à la fois guinguette et établissement de bains se trouvait sur
la rive de la Seine, non loin de Bougival, sur l'île de Croissy
C'était un endroit
à la mode, le Trouville des bords de Seine
"Sur une vieille péniche bien goudronnée,
solidement amarrée, on a construit un baraquement en bois ... On arrive à la maison
flottante au moyen d'une série de ponts fort pittoresques mais tout à fait primitifs.
L'un part de l'île et s'appuie sur un petit îlot qui n'a guère plus d'une dizaine
de mètres de superficie et au milieu duquel se dresse un arbre unique
De' l'îlot un
autre pont conduit à l'établissement. Les bords de l'île sont garnis de canots amarrés"
Le
26 juillet 1869 Napoléon III et Eugénie y firent une visite
La foule est élégante,
choisie, artistique et aristocratique
Mais Maupassant, quinze ans plus tard il est
vrai, parle de "la cohue furieuse et hurlante" "qui sue la bêtise, pue la canaillerie
et la galanterie de bazar"
Dans la version de Moscou, Renoir a peint les promeneurs
sur la berge
L'invention conjointe par Monet et Renoir d'un "style sténographique
de pinceau" pour rendre les effets du soleil sur l'eau inaugure le langage pictural
de l'impressionnisme classique
La toile de Moscou montre la rive telle qu'elle se
présente à l'arrivée.
Des couples vêtus à la dernière mode de l'été sont à l'ombre
des sols pleureurs
En bas à droite la forme indistincte d'un serveur sur le pont,
portant un plateau
Les femmes dans l'eau portent le bonnet blanc et le costume noir
réglementaire
Une voile blanche à l'arrière-
Les femmes sont vêtues de belles robes
et portent des ombrelles
1869 -
Dans la version de Stockholm, Renoir a peint l'îlot et la passerelle qui le relie
à l'établissement proprement dit
Monet a négligé la rive de l'île pour peindre la
passerelle qui conduit à l'îlot et l'îlot lui-
Renoir adopte un point plus rapproché
dans la version de Stockholm pour donner une plus grande profondeur de champ aux
figures
Il note rapidement à droite la silhouette de la jeune femme qui se dirige
vers l'établissement principal
A gauche les baigneurs sont confondus avec les mouvements
de l'eau
On a l'impression d'un décor sans profondeur où le plan d'eau et la végétation
du fond qui suggère la berge de la rive opposée sont traitées de manière presque
continue
Le tableau de Monet est plus structuré : l'îlot est le centre de lignes convergentes
L'échelle
des personnages par rapport au paysage et bien marquée ainsi que la progression des
barques du premier plan jusqu'à l'arrière-
Dans la version de Stocholm
Renoir a placé son chevalet légèrement en hauteur et présente l'îlot central surnommé
"le camenbert" ou "le pot de fleurs"
Renoir décrit les costumes des visiteurs du "pot
de fleurs", leurs attitudes, le chien blanc endormi, la parisienne élégante sur la
passerelle, une ombrelle à la main
Renoir évite les symétries
La touche est légère
et duveteuse
Composition harmonieuse aux tons francs
1870 -
Ce tableau se situe par son sujet dans la lignée des "Fiancés"
Mais meilleure intégration
au paysage : la branche feuillue à gauche suggère un plan entre le spectateur et
la jeune femme en robe blanche
Le traitement des étoffes est de la même virtuosité
que le rendu du feuillage et du sol dans une gamme de couleurs limitée
Le jeune homme
qui porte un chapeau de paille aide son élégante compagne à escalader un sentier
La
parisienne vêtue d'une robe blanche immaculée semble occupée à détacher sa jupe des
ronces
Renoir traduit l'effet de la lumière directe et de la lumière tamisée
Petites
touches brèves et rapides du chapeau fleuri de la jeune femme
Touches posées avec
légèreté du sous-
Fusion fluide
entre les figures et le décor
Toile peinte au début de l'été avant la déclaration
de guerre à la Prusse le 19 juillet
Le geste de l'homme vers l'abri discret d'un sous-
La jeune femme
est Lise Tréhot (1849-
L'homme est le jeune frère de Renoir, Victor-
Au début de l'été 1870 Lise était enceinte du deuxième enfant de Renoir,
le premier était mort en bas âge, qui naîtra le 21 juillet 1870 (Jeanne Marguerite
1870-
Rien ne permet sur le tableau de remarquer la grossesse de Lise
1872 -
INTERIEUR DE HAREM A MONTMARTRE
Libre transpositon des "Femmes d'Alger" de Delacroix du musée du Louvre
De ce tableau
il a dit "Quand on a fait cela on peut dormir tranquille"
C'est une des dernières
oeuvres pour laquelle a posé Lise Tréhot avant sa rupture avec Renoi et son mariage
avec l'architecte Georges Brière de l'Isle
Tout en jouant des effets que lui offre
la peinture des mousselines et tapis Renoir paraît vouloir restreindre les accents
de sa palette: les chairs sont peu colorées et les tons beiges du fond et du sol
atténuent l'éclat de l'ensemble
Composition organisée suivant la diagonale
En s'inspirant
de l'orientalisme de Delacroix Renoir semblait résister au courant plus moderne venu
du Japon
Signac qui aimait peu ce tableau car il manquait selon lui d'équilibre et
de rigueur a cependant écrit "Tout le charme un peu nerveux des femmes de Renoir
se manifeste dèja. On sent qu'il aime les fesses, les tétons et les chairs qui apparaissent
à travers la gaze"
1872 -
Renoir domine depuis la rive droite le Pont Neuf
A gauche les immeubles du quai de
l'Horloge sur l'île de la Cité ont peu changé
A droite la statue d'Henri IV et au
premier plan à droite un établissement de bains
Edmond, le frère de Renoir :
"Nous
avions établi notre quartier général dans l'entrepôt d'un petit café. Pour le prix
de nos deux cafés, à dix centimes pièce, nous pouvions rester là des heures. Mon
frère me demandait d'aller sur le pont et de parler aux passants pour les faire s'arrêter
un instant, en leur demandant l'heure par exemple"
La vivacité des notations prouve
l'observation directe
L'harmonie claire, bleu et or, de l'ensemble est soutenue par
les courtes ombres postées grises
Après la Commune ce tableau marque le retour à la
normalité dans la capitale
Becs de gaz, circulation intense de piétons et de fiacres
Le
Pont construit de 1577 (Henri III) à 1603 (Henri IV) venait d'être restauré par Haussmann
Les
échoppes qui se trouvaient dans les lunettes semi-
Le
pont voyait passer 18.000 véhicules par jour
A gauche une file de piétons précédée
par deux militaires attend l'autobus
Au premier plan un homme coiffé d'un canotier
avec une canne et un petit chien est plongé dans sa lecture
A droite une mère et sa
petite fille
Un officier de police avec un képi discute avec une petite bonne portant
une coiffe blanche
Au milieu deux gamins inspectent les marchandises d'un vendeur
ambulant
Un commis emporte sur son dos un lourd ballot de légumes dont on voit dépasser
les tiges vertes
A gauche une élégante portant une ombrelle noire se dirige peut-
Monet a aussi représenté cette vue qui montre
une journée éventée et pluvieuse
Le tableau se divise en trois zones:
A droite les éléments plus larges du pont et de l'eau avec de fortes diagonales dirigées vers l'angle extrême en bas à droite
Les sol est plus blanc que le ciel inondé de soleil
Renoir peint un des premiers contre-
Il crée de la chaleur avec des tons froids
1872 -
Monet et Renoir s'étaient liés chez Gleyre
Leur amitié et estime réciproque dura autant
que leur vie
Portrait calme d'un ami fixé dans une attitude familière
La touche est
très apparente
Les couleurs sont intenses
Des notations comme l'orangé qui ponctuent
la barbe du modèle ou la fumée bleue de la pipe indisposaient les critiques traditionnels
1872 -
Renoir séjournait fréquemment chez Monet à Argenteuil
Un jour Manet qui les avait
rejoint travaillait à un portrait de Madame Monet. Renoir avait aussi dressé son
chevalet
Manet prit Monet à part et lui dit "Vous qui êtes très bien avec Renoir vous
devriez lui conseiller de prendre un autre métier. La peinture ce n'est pas son affaire"
Renoir
admirait Manet pour son élégante clarté et son rejet de l'ombre
Ce tableau révèle
la tentative de réduire la peinture à ce qui est saisissable dans un coup d'oeil
furtif
Madame Monet nonchalamment étendue sur le divan lève un instant les yeux de
sa lecture. L'artiste note les principales formes et zones de couleur
Presque pas
de modelé, des contrastes de couleur établissent les traits, la chevelure, les détails
du costume
La silhouette coupe la toile en diagonale
La moitié supérieure représente
succinctement des coussins et un mur
L'autre contient des détails esquissés et une
couleur plus affirmée
1873 -
La surface un peu lisse du coloris se rattache à Courbet
Renoir se révèle par la physionomie
de la femme dont les yeux remplissent l'espace et dont les traits jeunes ont cette
forme que nous retrouverons chez tant de baigneuses et de femmes de mode
La cavalière
est Madame Darsas, femme du capitaine de Renoir
Le tableau a été refusé au Salon de
1873
Son capitaine disait à Renoir "Vous pouvez m'en croire; des chevaux bleus cela
ne s'est jamais vu"
Le capitaine Darras avait mis à la disposition de Renoir le manège
de l'Ecole Militaire pour qu'il puisse étudier le galop du cheval et il avait mis
à sa disposition comme grand atelier une des salles de réception non utilisée
La femme
de Darras, fille d'un fabricant de plâtre de la banlieue de Dijon ne fréquentait
pas le beau monde au début de la 3ème République
Le jeune qui l'accompagne est Joseph
Le Coeur, fils de l'architecte Charles Le Coeur
Grande toile de 2.61 * 2.26 m
Oeuvre
présentée au Salon des Refusés en mai/juin 1873 en fait "exposition des oeuvres non
classées"
Renoir veut être reconnu comme peintre de figures
Remarques de certains critiques
de l'époque :
"Renoir traduit la béatitude de se sentir emporté"
"La fine carnation
de l'amazone qui fleurit tendrement sous son léger voile bleu"
"Les chevaux sont d'un
mouvement étonnant, l'amazone pleine de grâce, le fond est ravissant"
D'autres soulignent
que Renoir s'écarte de l'impressionnisme avec cette oeuvre académique, réaliste et
prétentieuse
Renoir prend pour sujet la vie mondaine des privilégiés et joue sur la
mode et sur un certain snobisme
Madame Darras monte en amazone dans l'un des sentiers
du Bois de Boulogne réservés aux cavaliers
Traces de sabot visibles sous les pas du
cheval
Entre 1825 et 1858 l'ancienne forêt royale fut transformée par la plantation
de 400.000 arbres; la création de deux lacs artificiels, l'aménagement de pistes
de courses à Longchamp et d'un parc au Pré Catelan
Dans les années 1860 le Bois était
le principal jardin d'agrément de Paris
La promenade matinale au Bois était une des
activités préférées de l'aristocratie
La bonne société se rend au Bois seulement le
matin
Les modèles jouent le rôle de personnes fictives. Le supérieur de Darras soulignait
"qu'il ne pouvait se payer un cheval à la mesure de ses talents équestres
Quand Renoir
entreprend ce tableau, Zola publie la Curée qui fait du Bois un lieu d'intrique et
de marivaudage, mais la toile de Renoir ne contient pas la moindre allusion aux jeux
de la séduction
1873 -
Cette toile évoque l'amitié et l'identité de recherches de Renoir et de Monet au
début des années 1870
Renoir a représenté Monet dans le jardin de sa maison à Argenteuil
en train de peindre en plein air une haie de dahlias multicolores
On reconnaît Monet
à son inséparable chapeau rond
Monet utilisait un matériel léger susceptible d'être
aisément transporté sur le motif
Organisation stricte de la composition : l'arrière-
La ligne générale oblique correspondant au sommet de la haie conduit
l'oeil à la silhouette du peintre devant son chevalet
Renoir joue de l'accumulation
de nombreuses petites touches nerveuses pour conférer à la matière picturale une
richesse scintillante
Cette toile est proche ce celles de Monet et de Pissaro
Ce tableau
illustre le principe essentiel de l'impressionnisme : l'artiste devant la nature
transcrit spontanément tout ce qu'il voit
En 1880 Monet dira "Mon atelier, mais je
n'ai jamais eu d'atelier moi et je ne comprends pas qu'on s'enferme dans une chambre.
Pour dessiner, oui, pour peindre, non"
A 15 minutes de la gare Saint Lazare le village
d'Argenteuil, 8000 habitants, est un port de plaisance très fréquenté par les parisiens
La
boîte de couleurs et le parasol sont posés sur le sol à ses pieds
La palette carrée
est placée en équilibre sur son bras gauche
Toile de format paysage recouverte d'un
apprêt blanc
Les rehauts orange animent la surface des buissons en fleurs
Renoir rend
à la fois l'exubérance de la nature et l'impression d'étouffement créée par les maisons
massées les unes contre les autres
Affinités de cette toile avec celle de Monet de
1873 "Le jardin de Monet à Argenteuil"
Plus fidèle à la réalité Renoir n'ignore pas
le manque d'intimité qui caractérise les banlieues. Son tableau souligne le caractère
artificiel du jardin clos et l'exiguïté de la propriété
Le tableau de Monet comporte
une part de mise en scène : Monet est équipé pour une journée à la campagne plutôt
que pour une simple sortie dans le jardin
1873 -
Paysage d'été : au milieu d'un champ trois hommes coiffés
d'un chapeau coupent les blés mûrs
A droite le paysan est enfoui jusqu'à la taille
au milieu des épis
Un autre penché en avant nous montre son postérieur
Le troisième
se tourne vers les deux femmes qui arrivent avec un panier de provisions
Des gerbes
de blé sont alignées en bon ordre à droite du sentier
L'oeil est conduit vers la ligne
d'horizon où la terre et le ciel se rejoignent
Le fond beige saumon est utilisé au
premier plan moucheté de rouge
Le ciel de midi parsemé de nuages est peint de manière
fine
Bonne évocation de la profondeur du champ qui s'étend à perte de vue
Caractère
d'instantanéité bien rendu
Avec sa vive lumière et sa perspective dynamique ce tableau
évoquait Turner pour les spectateurs les plus éclairés
Affinités avec des scènes de
moisson de Pissarro
1874 -
Composition avec de grandes subtilités de tons qui doit beaucoup à la technique de
Manet
La femme est Camille, l'épouse de Monet
Renoir a laissé les traits de la figure
centrale dans un flou délicat
Harmonie d'ensemble obtenue par le contraste des tons
sombres et des tons clairs modelés en fines couches superposées
Renoir fait passer
le sentiment d'une relation humaine dans un coin de campagne baigné de lumière
Femme
à demi allongée et placée en diagonale et occupant presque toute la surface du tableau
Elle
fait face au spectateur mais son regard s'en détourne légèrement
Sa robe blanche concentre
la lumière du soleil
La femme se fond dans le paysage tout en conservant un brin d'élégance
à la mode
Le jeune enfant part explorer le monde
La jeune femme est sereine dans l'environnement
naturel
Renoir montre souvent des images de femmes en accord avec la nature
Les ombres
bleutées de la robe blanche et les petits souliers qui dépassent rappellent Manet.
1874 -
Edmond Renoir, le frère de l'artiste est un modèle
La femme est Nini, dite Gueule
de raie, horrible prénom pour cette figure charmante
L'idée rappelle Degas mais à
l'époque le théâtre était une source d'inspiration fréquente pour les artistes
La
jeune femme se laisse admirer tandis que son compagnon lorgne vers le public des
loges voisines
Le modelé des chairs se colore par le contraste avec le rendu des étoffes
et des fleurs
Ce tableau est un hymne à la beauté de la femme
"La beauté, dit Stendhal,
est la promesse du bonheur"
Pour Renoir "Le noir est la reine des couleurs"
Ici, il
joue le rôle d'un trait d'union entre l'homme et la femme
Les rayures alternées coulent
du visage et du sein de la femme comme des radiations de la chair
Correspondances
de deux à deux :
Les diagonales forment un mouvement majeur vers le haut
La perfection du visage de
poupée est renforcée par les mèches folles des cheveux qui évitent toute fadeur
1874 -
Sujet traité également par Monet
Renoir se rapproche de Monet en fragmentant plus
qu'à l'ordinaire les touches destinées à rendre les reflets colorés sur l'eau
La facture
plus floue de Renoir rend les ombres chatoyantes alors que Monet joue d'effets d'opposition
plus tranchés
Monet réside à Argenteuil depuis décembre 1971 et Renoir est venu peindre
à ses côtés
Les mains dans les poches, l'homme coiffé d'un chapeau et portant une
veste semble minuscule à côté du foc triangulaire
Il semble en conversation avec le
marin du voilier
Le foc fasseye doucement
A droite un deuxième bateau, les voiles ferlées
On
voit peu de monde sauf les canards du premier plan
La scène de Renoir est plus spontanée,
voire chaotique, que celle de Monet, manifestation précoce de son credo de l'irrégularité
En
faisant voir une rivière étincelante de mouvements et de reflets du soleil, Renoir
semble vouloir faire encore plus Monet que Monet
Nous n'assistons pas à une régate
car l'été le vent était insuffisant
Ce tableau fut acheté 100 francs par Durand-
1874 -
Le quai Malaquais est en face du Louvre entre les quais Conti et Voltaire
C'est le
quartier de l'Institut avec son Dôme
Ici, l'Institut est dans le dos du peintre qui
regarde en direction de l'ouest
Le tableau est structuré le long de deux diagonales
divergentes, l'une bordée d'immeubles sur la gauche et d'une ligne d'arbres encore
jeunes sur la droite, une amélioration urbaine due à l'administration d'Haussmann
Derrière
les arbres on aperçoit le pont du Carrousel
Dans le lointain la ville se fond dans
la brume
Scène animée avec allées et venues de parisiens, de militaires et des hommes
en chapeau occupés à fouiller dans les caisses des bouquinistes
Des calèches roulent
au milieu de la foule
Sont ici réunis tous les aspects de la vie parisienne qu'aimait
Renoir : fleuve, beaux bâtiments anciens, arbres verts et animation des rues
Style
rapide plein d'improvisation, proche d'une esquisse, avec des taches de couleur qui
évoquent des formes, selon une économie de moyens visant à un effet instantané
1874 -
Renoir travaillant sur une toile aperçut son modèle au repos dans un coin ensoleillé
de l'atelier et saisi par l'éclat du visage en lumière réfléchie s'empara d'une autre
toile
Elle avait "une peau qui prend la lumière"
La lumière renvoyée par le livre rend
les ombres du visage transparentes
Variété de teintes fraîches
La tête rayonne comme
éclairée de l'intérieur
L'aisance naturelle de la pose rappelle la meilleure peinture
du 18ème siècle
Des touches rapides font flamboyer l'or de la chevelure qui se répète
sur le livre
Le thème majeur de l'oeuvre est celui de l'insouciance
1875 -
Rude autoportrait : le peintre regarde au-
Renoir
considérant ce portrait comme une esquisse l'avait jeté dans la poubelle. Mr Chocquet
lui demanda de la lui laisser prendre. Quelques jours après il lui apporte 1.000
francs car un amateur s'était emballé pour cette toile
Audace de la touche (un critique
a écrit "tacheté comme un jaguar") et intransigeance de l'expression
Mise en page
élégante
Une photographie de la même année authentifie le portrait : front dégarni
sous les cheveux, barbe et moustache hérissées, taillées à la hâte, col amidonné
et costume de bonne coupe
Cravate lavallière qu'il portera jusque dans sa vieillesse
Un
biographe qui a connu Renoir dans les années 1870 parle de "son visage sérieux, sillonné
de rides, sa barbe courte et rude qui le faisait paraître un peu plus que son âge"
Edmond,
son jeune frère, évoquera en 1879 "l'air pensif, songeur, sombre, l'oeil perdu" de
son aîné
1875 -
Au fond d'une prairie luxuriante un homme se tient seul debout dans l'herbe qui lui
monte jusqu'aux genoux
Il n'a pas de veste et son canotier est posé sur sa tête
Il
porte des fleurs sur le bras droit
Bien que la scène soit baignée de soleil on ne
voit pas de ciel
Nous avons l'impression d'être placé en hauteur sous l'arbre dont
on voit l'ombre au premier plan
Le premier plan est riche en fleurs sauvages rendues
par de petites touches de rouge, de blanc et de bleu
La scène est ancrée par les troncs
minces des arbres à gauche et à droite
Paysage délicat traité de façon complètement
impressionniste
Des dépôts de pigment blanc animent la composition
Les ombres sont
traitées à la manière coloriste
Renoir obtient une informalité certaine avec cette
composition soigneusement cadrée, le pré d'herbe douce et la lumière chatoyante du
soleil
1875 -
Bien que situant la scène en plein air Renoir conserve une certaine modération dans
la représentation du jeu de la lumière sur les figures
La jeune femme est l'actrice
Henriette Henriot qui a souvent posé pour Renoir à cette époque
Par rapport à "La
Promenade" l'insertion de figures humaines dans le dialogue entre la lumière et les
couleurs d'un paysage est traitée dans des tons adoucis et plus flous
A remarquer
la gracieuse nature morte d'épis de blé et de fleurs des champs du premier plan à
droite
1875 -
A propos de ce tableau le critique du Figaro écrivait "Essayez donc d'expliquer à
M. Renoir que le torse d'une femme n'est pas un amas de chairs en décomposition avec
des taches vertes violacées qui dénotent l'état de complète putréfaction dans un
cadavre"
L'audace du cadrage, légèrement décentré, de la figure sur un fond par endroits
tout à fait abstrait souligne la liberté du rendu des taches de lumière filtrant
à travers une frondaison sur la peau nue du modèle
Le visage aux traits flous accentue
la deshumanisation du modèle traité comme un objet
Le modèle est Anna, 19 ans. Elle
mourra à 23 ans
Le thème du tableau est la rondeur : masses sphériques des hanches
et du ventre, des seins, des épaules, de la tête et des rondeurs des bras et du cou
Pour
éviter toute diversion à cette plénitude Renoir a éliminé les surfaces marquantes
: les bouts des seins et le nombril
La jeune fille fait partie de la nature : seuls
le bracelet et la bague apportent une note de vanité féminine
1875 -
Le baron Haussmann a transformé Paris en perçant de larges avenues bordées d'arbres
et propices à la flânerie
On pense qu'il s'agit du boulevard des Italiens
C'est le
printemps : la ville fourmille d'activité : des voitures descendent l'avenue, des
femmes et des enfants flânent, des hommes conversent
Les arbres récemment plantés
se couvrent de feuilles
Le tableau de Renoir présente le nouveau Paris sous un aspect
vif et attachant
Renoir veut produire des impressions fugitives plutôt qu'un instant
figé dans le temps
Les taches de pigment et les couleurs vives sont les caractéristiques
de la peinture impressionniste
Ce tableau montre la ville moderne qui émerge mais
l'impression subjective et poétique de l'artiste domine sur la toile
1875 -
Deux jeunes femmes assises dans un canot orange partagent les joies d'un après-
Contraste vif des couleurs complémentaires : rouge orangé
et bleu cobalt
Diversité et énergie des coups de pinceau pour rendre les courants
dans l'eau
Jeu complexe des reflets projetés sur l'eau par le canot et ses occupantes
La
couleur énergique des roseaux verts du premier plan est reprise dans l'ensemble du
paysage
Les couleurs du premier plan sont redéployées sur la toile comme le rouge
orangé du canot et la robe blanche de la jeune femme qui réapparaissent sur le voilier
de l'angle supérieur gauche
La composition repose sur une série de formes résolument
horizontales incluant le canot et le rivage avec le mur blanc
L'oeuvre est ouverte
car rien, ni à gauche ni à droite, ne limite notre regard
1875 -
Renoir immortalisera plus tard le restaurant "Chez Fournaise" dans "Le Déjeuner des
Canotiers"
Les figures sont assises au premier plan, encadrées par les montants d'une
tonnelle
L'attitude et la tenue vestimentaire donnent une impression de convivialité
Touche
légère et aérienne en harmonie avec l'atmosphère de la scène
L'homme à droite est
rendu par des tons bleus resplendissants avec des notes de rouge
Le procédé pictural
de la jeune femme qui tourne le dos est assez inhabituel chez Renoir
Le paysage est
moins un décor naturel qu'un moderne jardin d'Eden où hommes et femmes viennent se
reposer le dimanche laissant derrière eux la bousculade de Paris
A l'arrière plan
une yole et deux canots
Contraste avec le déploiement d'énergie à l'arrière plan et
l'attitude nonchalante des figures du premier plan
La tonnelle laisse entrer la lumière
et s'ouvre à nos regards comme un rideau de théâtre sur le monde extérieur
Le motif
du treillage permet à Renoir d'unir l'espace du premier plan à la petite scène secondaire
que constituent canots et canotiers sur le fleuve
1876 -
Vision aérienne d'une personnalité tout en conservant sa présence, sa chaleur et
son humanité
Gamme atmosphérique diffuse, opalescente
Renoir donne de la fluidité à
la légèreté bleuie de l'ensemble
La lumière culmine au niveau de la tête
La masse nettement
sombre des cheveux et l'éclat scintillant des yeux assurent la prédominance du visage
La
délicieuse couleur de porcelaine, sans ombre, de la peau et l'importance frappante
des yeux confèrent à l'expression du visage une harmonie sereine
Le modèle est Madame
Henriot, actrice de la Comédie Française qui posa souvent pour Renoir à l'époque
Elle
connut un succès modeste comme vedette de vaudeville
Sa fille Jeanne périra asphyxiée
à 21 ans dans l'incendie qui ravagea la Comédie Française en mars 1900
Grande adresse
dans le traitement de la soie et de la gaze
L'artiste décrit avec volupté les yeux
bleus foncés et les lèvres rouges de son modèle
Des aplats de pâte dans le blanc du
corsage recréent les effets de la lumière ambiante
Renoir peint avec une économie
de moyens : des blancs sur blanc
Il dira à Vollard "C'est joliment difficile mais
rien n'est plus excitant à peindre ni d'un plus joli effet"
1876 -
Un Renoir juvénile faisant moins que ses 35 ans se tourne pour jeter au spectateur
un regard timide et quasi triste
Renoir a travaillé les contours de sa figure au moyen
de généreuses touches de gris, de garance et de bleu de cobalt
Petit chapeau rendu
par un riche accord de bleus et de noirs
Les traits sont quelque peu idéalisé : le
visage est plus doux, plus plein
Cet autoportrait laisse deviner la réticence de l'artiste
: il était réservé, timide, ayant horreur instinctive de tout ce qui pouvait le mettre
en évidence
Toutefois l'immersion dans le travail a le don de lui faire perdre toute
timidité
Si on voulait voir son visage s'illuminer ou l'entendre chantonner il fallait
le surprendre en train de travailler
1876 -
Le divisionnisme de la touche éparpille les apparence que ne contraignent plus les
notions de contour et de surface
Technique fluide et légère sans empâtements comme
un pastel
Un critique a écrit "Les effets de soleil sont combinés d'une façon si bizarre
qu'ils produisent exactement l'effet de taches de graisse sur les habits des personnages"
Publiée
en 1878 le roman de Zola "Une page d'amour" décrit son héroïne "Montée debout sur
la planchette, les bras élargis et se tenant aux cordes ... elle portait une robe
grise garnie de noeuds mauves ... Ce jour-
1876 -
Renoir dira "Le monde savait rire à cette époque ! Le machinisme n'avait pas absorbé
toute la vie : on avait le loisir de se distraire et personne ne s'en trouvait plus
mal"
La toile célèbre le triomphe de la jeunesse
Les personnages s'animent dans une
étonnante variété de poses et d'actions, toutes gracieuses et naturelles
Armature
légère et chatoyante du décor
La composition est étudiée : le groupe triangulaire
au premier plan correspond au groupe contre les arbres
A gauche large ouverture de
l'espace au-
Verticalité des danseurs
accentuée par des contrastes de couleurs
Le thème des verticales est repris à l'arrière-
La lumière papillote à travers la scène
Ayant obtenu
une commande royalement payée, Renoir loua à Montmartre une maison entourée d'un
grand jardin
Renoir "J'avais eu la chance d'y trouver des fillettes qui ne demandaient
pas mieux que de poser, comme les deux qui sont au premier plan de mon tableau. L'une
d'elle m'écrivait sur du papier doré sur tranches. Et c'était la même que je rencontrais
portant des pots de lait dans Montmartre"
Les amants, plus ou moins de coeur, étaient
aussi de "bien bons bougres". Ils acceptaient de venir poser
Renoir n'a jamais peint
une composition avec autant de personnages
Certains sont de véritables portraits,
les autres sont traités en silhouettes
1876 -
Tableau réalisé par Renoir alors qu'il séjournait à Champrosay invité par Alphonse
Daudet pour faire le portrait de sa femme
La vue du fleuve par grand vent est rendue
par les couleurs automnales du feuillage et les bleus profonds du ciel et de l'eau
Au
premier plan longs traits minces des herbes hautes
L'alternance des roux et des bleus
donne une profondeur et montre les effets du vent qui souffle le long des berges
Le
milieu du fleuve est figuré par des traits sans grand relief qui reflètent les couleurs
du ciel et donnent une impression de calme
Le ciel plus agité et rendu par des traînées
de pigment larges qui expriment un tumulte atmosphérique répondant aux remous des
herbes hautes
1876 -
En 1875 Renoir loue un second atelier rue de Cortot, dans une maison entourée d'un
grand jardin, au coeur de Montmartre
Il venait de recevoir 1.200 francs pour le portrait
d'une dame, qui couvrait le loyer d'une année entière
Le grand jardin ressemblait
à un beau parc abandonné
La profusion de roses, de pavots et d'iris envahit le jardin
et divise la composition en deux secteurs selon une diagonale fléchie vers la droite
Au
premier rang un écran de fleurs vibrant d'énergie
Une élégante parisienne s'abrite
sous une ombrelle blanche
A ses côtés un homme coiffé d'un chapeau de paille se penche
sur ses plantations
L'espace du jardin est construit avec soin : à droite des massifs
de fleurs, au centre et à gauche une pelouse et des haies touffues à l'arrière-
On
n'aperçoit que de petites plages de ciel mais la lumière baigne toute la toile
1876 -
Le titre fait allusion à l'école parisienne d'art
dramatique et lyrique
Tableau commencé en octobre 1876 devant la porte de l'artiste,
rue Cortot, à Montmartre
Les modèles sont de jeunes ouvrières du quartier
Renoir était
patient pour convaincre les jeunes filles et leur mère de poser pour lui
L'épisode
suggéré d'amicale galanterie est traité sur un ton léger
Renoir évoque un monde petit
bourgeois, plébéien
Renoir ne précise pas le lieu de l'action; il supprime l'accessoire
ce qui le libère de l'anecdote
Par sa gamme froide de gris, de beige et de bleu cette
scène annonce "Les Parapluies"
La simplicité de la gamme de couleurs volontairement
restreinte confère monumentalité et force aux figures tout en faisant ressortir la
fraîcheur des chairs
Cette toile fut acquise par le compositeur Emmanuel Chabrier
qui était un ami de Renoir
1876 -
Obscur employé des douanes, Victor Chocquet, était
un amateur passionné de l'art d'avant-
Assailli de problèmes financiers Renoir
avait douloureusement besoin d'un amateur
Tonalité délicate, lumineuse et légèreté
de la touche caractérisent ce portrait parfaitement détendu
Cézanne aussi a peint
Chocquet mais sa facture est plus rude et il se préoccupe de la structure des os
sous la chair
Renoir veut exprimer le rayonnement spirituel de l'homme
L'amour du naturel
de Renoir se voit dans le rendu spontané, presque négligé, de la chemise et de la
chevelure
Exécution libre et délicate des doigts
Chocquet constitua une éblouissante
collection des oeuvres des impressionnistes avant qu'ils fussent appréciés du grand
public
1876 -
Renoir a saisi l'ardente vitalité, la fraîcheur aux grands
yeux ouverts de cette enfant gracieuse
Elle est vêtue dans ses atours du dimanche,
un bouquet de fleurs à la main, fascinée par son entrée dans la vie joyeuse de Paris
Renoir
concentre sur elle l'intérêt et peint en touches rapides le reste de la scène
La courbe
de la cloison répète le contour de la ligne du dos
Séparation abrupte entre le premier
plan et le lointain mais la cloison les rapproche car elle est peinte dans la technique
et les couleurs de l'arrière-
1877 -
Jeanne Samary fut aussi célèbre en son temps que Sarah Bernhardt
Elle excelle dans
les rôles de servantes et de soubrettes
Elle épouse le fils d'un agent de change dont
les parents n'apparaissent pas à la cérémonie
Elle meurt à 33 ans d'une fièvre typhoïde
En
1877, sur ce tableau, elle a 20 ans
Le menton dans la paume, le coude sur une table
à peine visible, l'actrice pose dans une robe du soir décolletée, le teint fait d'une
pâte de rose et les lèvres d'un rouge sanglant
Certains critiques s'étonnent des hachures
croisées qui modèlent les épaules de vert
Un autre considère que "le portrait rend
si bien une jolie physionomie de soubrette éveillée"
1877 -
Dans ce sous-
Pas de figure humaine
Echeveau de couleurs mouchetées,
déposées en petits points pour représenter les feuilles
A part les grands troncs d'arbre
à droite rien ne suggère d'objets tangibles dans la nature
La toile danse de milliers
de touches de pigment désincarnés
Côté droit composé de tons verts et bleu sombre
Pigments
rouges dans le bas
Eclats dorés dans l'angle supérieur gauche
Ces tons dominants se
fondent au centre de la toile pour créer une brume pastel et la route disparaît en
s'enfonçant dans les bois
Sensation d'espace car le regard, attiré par la route, essaie
de suivre le sentier vers la source de lumière qui enveloppe le tout
Seul Monet ira
plus loin dans la dissolution des formes dans les paysages de son jardin de Giverny
1878 -
Georges Charpentier est un éditeur qui à
lui seul est à l'époque "Galligrasseuil"
Renoir fréquente leur célèbre salon de la
rue de Grenelle
Marguerite Charpentier usera de son influence considérable pour que
son portrait d'elle et ses enfants soit parfaitement exposé au Salon de 1879
L'appui
de Marguerite Charpentie établira Renoir comme portraitiste à succès
Dans ce salon
Charpentier Renoir tentera vainement d'obtenir une fonction de conservateur de musée
de province
Entre 1877 et 1879 Gambetta et Ferry sont fidèles aux "Vendredis" des
Charpentier
Charpentier était l'éditeur de Zola, Flaubert et Edmond de Goncourt
Renoir
réalise le portrait de Madame Charpentier et de ses enfants Georgette et Paul en
septembre 1878
Le tableau occupe la place d'honneur au Salon de 1879 et la presse
lui réserve un accueil enthousiaste
Renoir dira que Madame Charpentier "voulait être
en bonne situation et connaissait les membres du jury qu'elle secoua vigoureusement"
Sur
un sofa de tapisserie à fleurs, Marguerite Charpentier, 30 ans, étend son bras protecteur
au-
Robe noire à traîne
de velours et dentelle blanche
Georgette est assise sur le bonasse terreneuve
A droite
une chaise et une table à thé en vannerie. Sur la table un compotier rempli de raisins
et un service à vins de dessert
Au fond un paravent japonais
Les Charpentier sont d'avides
japonistes
Renoir dira "C'est peut-
Dans ce portrait de groupe le chic de la robe
de Marguerite et le mobilier à la mode cèdent le pas au charme du sujet : une mère
et ses enfants
Georgette se marie trois fois. Elle a seize ans lors de son premier
mariage
Paul mourra à vingt ans d'une péritonite
Marguerite consacrera les dernières
années de sa vie à échapper à la neurasthénie en s'occupant activement d'une institution
"La Pouponnière" créée pour aider les jeunes mères sans ressources
L'idée d'une garderie
destinée aux enfants d'ouvrières lui était venue de Renoir qui dans les années 1870
avait tenté en vain d'obtenir son mécénat pour aider les jeunes mères de Montmartre
Proust
évoque le tableau dans "Le temps retrouvé". Il considère que le modèle est "une petite
bourgeoise ridicule" mais s'émerveille du tableau "morceau de peinture comparable
aux plus beaux Titien"
Il écrit "La poésie d'un élégant foyer et des belles toilettes
de notre temps ne se trouvera-
1879 -
Portrait peint à Wargemont à l'été 1879
La petite fille de cinq ans à la chevelure
indisciplinée et aux immenses prunelles s'est immobilisée le temps que l'artiste
capte ses traits mais on sent qu'elle va s'échapper à la première occasion
Application
dans le rendu des traits du visage et des cheveux brun roux
Saisissante instantanéité
du portrait
L'enfant porte le tablier blanc du travail en classe
Renoir avait croisé
Margot pleurant dans l'escalier et pour la consoler avait voulu faire son portrait
avec les traits d'une petite fille réjouie. Renoir transmet la sensation d'une accalmie
après l'orage
Margot vivra jusqu'en 1966 (92 ans)
A la fin de la seconde guerre mondiale
elle faisait tous les jours 20km en vélo pour aller soigner les blessés à l'hôpital
de Dieppe
Renoir a fait en "quelques instants" le portrait de Margot pour laquelle
il éprouvait une profonde affection
1879 -
Vue réalisée aux environs de la station balnéaire de Berneval en Normandie
Vue de
vagues qui viennent s'écraser sur la grève au milieu d'une mer turbulente et houleuse
Tableau
de composition abstraite avec de délicates tonalités lavande ponctuées d'éclats de
blanc et de cobalt
Renoir recrée les éclats d'écume que projettent les vagues quand
elles s'écrasent sur la grève
Ciel pluvieux peint avec délicatesse d'une touche plus
fine
C'est la première fois depuis dix ans que Renoir revoit la mer. Il nous transmet
la splendeur visuelle et émotionnelle que lui inspire la vue de l'océan
Maupassant
écrira dans "Une vie" : "La Méditerranée ? ... l'eau bleue d'un baquet de lessive.
Regarde donc celle-
1879 -
Durant l'été 1879 Renoir se rend pour la première fois en Normandie chez Paul Berar,
diplomate et banquier, dans son château de Wargemont près de Dieppe
Il y passe deux
mois
Renoir cherche à saisir les éléments principaux du paysage sans insister sur
les détails
Unité d'ensemble dans des tons sourds
Falaises de craie qui dominent la
plage et la mer
La ligne de falaises ondule dans la partie droite de la toile
Les fioritures
de cette ligne graphique contrastent avec l'étendue vaste et calme de la mer et du
ciel
En bas une ligne de vagues écumantes rencontre la grève où flânent quelques minuscules
figures
Au premier plan un jeune homme assis dans l'herbe jouit de la vue, son canotier
fièrement posé sur sa tête
1879 -
Image d'un couple en conversation sur une terrasse, sans doute la terrasse du restaurant
Fournaise
Renoir nous fait regarder un monde brillamment éclairé à partir d'un porche
couvert qui protège le spectateur du soleil
Un fort contraste ente l'ombre et la lumière
sépare l'espace intime du monde extérieur
Effet obtenu par le déploiement de tonalités
distinctes et par l'ajout au sommet de la toile d'une ligne horizontale sombre qui
bloque la vue du ciel et du monde extérieur
Personnages rendus par un pigment épais,
brisé en petits coups de pinceaux
Vue kaléidoscopique du monde, dans laquelle tout
semble simplifié en éléments chromatiques
Le monde naturel semble décrit comme une
sensation à la fois optique et physique
1879 -
Renoir est revenu à l'un de ses coins favoris sur les bords de la Seine pour y explorer
à nouveau les beautés de l'eau miroitante
Il suggère par sa touche la "sensation"
de l'herbe, de l'eau et du ciel plein de nuages et de vent
La présence des quatre
personnages esquissés en bas à gauche rappelle que Renoir aime inclure ses amis dans
ses toiles
Le groupe a aussi pour fonction d'immobiliser la diagonale du bateau qui
contrebalance la fuite du fleuve et de ses rives vers le lointain en haut à gauche
Les
verticales des figures servent de repère aux éléments horizontaux des bateaux
Les
rives délimitent et amplifient le flot des eaux larges et miroitantes
Rôle important
des rouges dans la conciliation de l'espace et de la surface. La gamme des rouges
va de l'écarlate aux roses pâles
Renoir nous présente un monde au coeur léger qu'embrase
une chatoyante lumière d'été
1880 -
Ce qui frappe avant tout est le bleu vif de la robe de cette jeune femme rendu plus
intense encore par le rouge du fauteuil sur lequel le modèle est assis, isolé dans
un espace indéterminé
Le modèle est Angèle, une gamine de Montmartre délurée, parlant
argot qui gardait l'illusion d'être une petite fille bien sage parce qu'elle habitait
chez sa mère même si elle découchait plusieurs fois par semaine
On est surpris par
le chapeau incongru qui coiffe la dormeuse et les bas rayés de paysanne qui jurent
avec le fauteuil crapaud très bourgeois
Les amis de Renoir avait sollicité par l'intermédiaire
de Cezanne un article de Zola qui publia un texte sans passion pour ce tableau d'inspiration
pourtant naturaliste
1880 -
La fille est jeune nette et fraîche
C'est une créature complètement naturelle et sa
rêverie est libre de tout conflit intérieur
Le corps assume une posture détendue et
spontanée en tournant simplement sur son axe
Chaque forme est délicatement atténuée
Douceur
de la courbe du cou
Sauf la surface de la tête le modelé n'est que légèrement suggéré
par une gamme restreinte de teintes pâles alternant entre des roses chauds et des
roses délavés
Visage haut en couleur avec des accents de rouge orangé dans la petite
bouche pincée et les joues épanouies
La surface légèrement brossée de vert de l'arrière-
Le
jaune aigu et le rose sourd du fond donnent une certaine profondeur lumineuse au
traitement plat de la composition
1881 -
Renoir peint ce tableau à Chatou au début d'avril 1881 à son retour d'Algérie
Le restaurant
Fournaise se fait discret
La terrasse plus exigüe que dans le Déjeuner des Canotiers
est bordée d'une balustrade en fer forgé différente
Les deux soeurs regardent dans
des directions opposées, indifférentes au spectateur qui ignore ce qui attire leur
attention
La cadette a posé un tablier blanc par-
L'aînée coiffée
d'un chapeau à large bord piqué d'une fleur rouge porte la robe de flanelle bleu
foncé des canotières
Nous sommes au coeur du pays des canotiers : deux rameurs manoeuvrent
au milieu de la Seine
Renoir crée tout à la fois une impression de confinement et
d'ouverture
Il enferme ses personnages coupés aux genoux dans l'espace étroit de la
terrasse diagonale mais en même temps au-
Les jeunes filles sont vues d'en-
Fini satiné du visage et des mains
Empâtements des pelotes de laine
au premier plan
Touches de blanc décrivant les fleurs à gauche
Luminosité remarquable
: Renoir a presque supprimé les ombres et les reflets
Il s'en tient aux couleurs primaires
rehaussées de blanc, son apprêt de prédilection dans les années 1880
Les verticales
et les diagonales de la terrasse, des bateaux et des arbres créent un réseau dynamique
sur lequel les broussailles et le feuillage s'estompent graduellement
Contre les touches
brèves des fleurs des feuilles et de l'eau viennent s'ancrer les formes plus lourdes
des deux jeunes filles et du tonneau transformé en pot de fleurs
La plus âgée est
Jeanne Darlaud, future étoile du théâtre du Gymnase. Elle a 18ans. Elle était très
riche ayant pour protecteur le fabricant de chocolat Gaston Meunier qui lui offrira
un somptueux hôtel, avenue de Friedland
Elle meurt à 51 ans en 1914
Un critique écrira
"Elle a un regard de Joconde moderne qui sait l'amour, la séduisante effronterie
d'une oeillade"
1881 -
Tableau de 1.30 * 1.73 m
Le tableau a été commencé en été 1880 et remanié au cours
de l'hiver suivant
Renoir "Je fais un tableau de Canotiers qui me démangeait depuis
longtemps ... Il faut de temps en temps tenter des choses au-
Zola
avait lancé aux impressionnistes un défi, leur enjoignant de peindre des sujets de
la vie moderne, plutôt que de se contenter d'esquisses
La touche et les couleurs sont
variées et servent à individualiser les traits au lieu de tout noyer dans une atmosphère
colorée dominant l'ensemble
La structure générale de la composition est claire : elle
est encadrée de chaque côté par des figures de premier plan
La profondeur est exprimée
par une légère diagonale
Les jeux de lumière colorée se limitent aux formes individuelles
La
nappe blanche et les maillots des deux hommes assurent par leur valeur claire la
solidité de l'ensemble de la composition en se détachant sur les couleurs lumineuses
qui les entourent
Contraste de tonalités chaudes et froides, de valeurs claires et
foncées
Le tableau a été peint par additions successives, les différents modèles posant
lorsqu'ils avaient la possibilité d'aller à Chatou
Au premier plan, à gauche, Aline
Charigot que Renoir épousera
Debout, derrière elle, Alphonse Fournaise, fils du patron
du restaurant où la scène est située
Au milieu, de dos, avec un chapeau, le baron
Barbie, ex officier de cavalerie, ami de Renoir et intime de Maupassant
Au fond, avec
un chapeau haut de forme, le banquier Ephrussi
Juste devant lui, Angèle, un modèle,
est en train de boire
Alphonsine Fournaise est accoudée à la balustrade
A droite le
journaliste Maggiolo se penche sur Angèle qui apparaît une seconde fois
Au premier
plan, à droite, Gustave Caillebote
La scène se déroule sur la terrasse en haut de
l'escalier du restaurant Fournaise, sur une île de la Seine à Chatou
Renoir s'est
appliqué à éviter que son tableau soit interprété en termes anecdotiques : les gestes
et expressions des personnages sont amicaux mais imprécis : on ne nous souffle pas
le contenu des paroles qu'ils échangent
Renoir a voulu évoquer une atmosphère plutôt
que raconter une histoire
Ce tableau est peut-
Dans le tableau de Véronèse
le groupe en bas à gauche est aussi une image de la festivité contemporaine
Renoir
aimait les compositions complexes et détestait les espaces vides dans les tableaux
Avant-
La perspective du balcon conduit
l'oeil vers le haut à droite mais la plongée visuelle vers le lointain offre une
attraction opposée
1881 -
La fête arabe est le seul tableau que Renoir a rapporté d'Algérie qui représente
une scène de la vie locale au lieu de paysages ou de personnages
Le point de vue élevé
d'où le regard plonge est un cliché de la composition picturale impressionniste
L'attention
de la foule est attirée par un groupe d'acteurs ambulants
Les acteurs se trouvent
au centre de la composition et le spectateur du tableau est si éloigné que le sujet
principal devient les rangs tourbillonnants de l'auditoire, une mer ce couleurs éblouissantes
dans laquelle se noie le spectacle
Renoir considérait qu'en Algérie la lumière du
soleil transformait les mendiants les plus humbles en êtres de légende
"En Algérie
j'ai découvert le blanc. Tout est blanc, les burnous, les murs, les minarets, la
route"
Renoir dira plus tard "Lorsque je livrai cette toile à Durand-
Tôt dans sa carrière Renoir avait songé à compenser ce qu'il craignait le plus
en peinture, la modification que subissent les couleurs à l'huile
Imagerie orientaliste
s'inspirant des tableaux d'Eugène Delacroix des années 1830 et 1840
Le spectacle se
déroule parmi les ruines des remparts situés derrière la ville d'Alger
Renoir emprunte
à la palette brillante de Delacroix, opposant des rouges et des blancs intenses au
bleu de la Méditerranée
Prédominance de petites touches de couleur vive
AUGUSTE RENOIR
AUGUSTE RENOIR