1902 -
Pissarro pour ne pas fatiguer ses yeux malade choisit avec soin son lieu de séjour de manière à pouvoir travailler dans sa chambre d’hôtel
1903 -
Même dans les derniers mois de sa vie Pissarro recherchait de nouveaux motifs
En 1903 il fit 18 tableaux du Havre, de la jetée et des quais
Il a peint la jetée par un matin gris et brumeux
Les nuages filaient dans le ciel et une foule regardait sortir les voiliers
Fin septembre il écrivait à Lucien " Je ne suis pas du tou assiégé par les acheteurs de tableaux ! Je vois que nous sommes loin d'être compris, bien loin, même par nos amis "
1903 -
En mars 1903 Pissarro loua une chambre à l'hôtel du quai Voltaire
Les coloris sont plus doux, plus proches des tons pastels
Les touches de pinceau plus larges et plus grasses se fondent facilement produisant une texture rugueuse
Surface épaisse et riche de nuances
Vitalité d'un homme toujours prêt à développer de nouvelles techniques
Difficile de penser qu'il peignit ce tableau quelques mois avant sa mort
Il a saisi la fraîcheur et la légèreté d'un jour de début de printemps
Il a habilement équilibré le poids des trois piles du pont par le flot large de la Seine
Pissarro mourut de septicémie en novembre 1903
1903 -
Pissarro avait 72 ans quand il peignit son 4ème et dernier autoportrait
Il nous regarde avec une attention intense derrière ses lunettes
Habillé tout de noir avec sa barbe grise il est si physiquement présent à la surface de la toile qu'il semble, comme un pont, relier l'espace du spectateur à l'espace qui est derrière lui
Toujours fasciné par les formes structurées il a soigneusement placé sa tête et son chapeau entre les solides bandes verticales du mur, de la fenêtre et de la vue extérieure
Ces verticales compensées par le solide rebord horizontal de son chapeau
En septembre il chuta sur les marches de sa maison et après une douloureuse maladie mourut le 13 novembre 1903. Il avait 73 ans.
1901 -
A la fin de sa vie un modeste succès lui donna une certaine aisance et il put se consacrer à son travail sans trop de soucis
En été 1901 il s'installa à Dieppe face à la vieille église Saint Jacques dont le
terre-
Il appréciait que la pluie jette un voile d'humidité sur la ville adoucissant les contrastes et offrant à l'oeil des surfaces mouillées et brillantes
Un ciel livide se reflète sur le pavé tandis que quelques accents rouges sur la droite répondent à la masse solide de l'église
Les effets atmosphériques sont étudiés par le seul moyen des couleurs et sans qu'en souffrent ni la forme ni les détail pittoresques
1901 -
En janvier 1899 Pissarro loua un appartement rue de Rivoli où il pouvait se consacrer à une nouvelle série de "paysages" parisiens : les jardins des Tuileries et la place du Carrousel
En été 1900 il s'installa place Dauphine d'où il avait une vue incomparable sur le pont des Arts et la façade du Louvre
Jamais l'artiste n'avait eu à sa portée un choix aussi varié de motifs séduisants : il existe trente toile de la Seine et de la perspective du Louvre entre 1900 et 1903
" on l'apercevait du matin au soir, car il travaillait sans cesse et avec joie, naturellement comme on respire ... un béret sur la tête, le regard agile et calme "
1901-
En vieillissant Pissarro était sans repos, toujours à la recherche de nouveaux motifs
Auparavant les personnages paysans qu'il peignait étaient intégrés dans leur environnement naturel
Dans ce tableau il les place au premier plan : le tableau est plus une composition de personnages qu'un paysage
Les cinq femmes sont soigneusement placées
Les femmes penchées sont entre les femmes dressées créant un rythme sur la surface du tableau
On regarde d'abord la femme qui nous tourne le dos à droite : son coude commence une ligne qui joint les bras et les épaules des autres faneuses jusqu'à la jointure des mains sur la gauche
Ce tableau est une vue idéalisée d'un monde rural harmonieux
1901 -
Pissarro passa les étés 1901 et 1902 à Dieppe
Il peignit d'une fenêtre pour protéger ses yeux du vent
Pissarro souligne le contraste entre la solidité de l'édifice architectural et les délicates constructions sur la droite dans la courbe de la rue Saint Jacques
1898 -
Un homme de près de 70 ans se regarde dans un miroir
Blouse brune et béret bleu qui contraste vivement avec les murs rouges de l'atelier
Ses yeux jettent un regard perçant au-
Une grande barbe blanche flotte sur sa poitrine
Il trace à larges coups le visage qui se reflète dans la glace
Il peint avec une dextérité vigoureuse qui semble faire mentir le poids des années
"Son magnifique regard noir où passaient des lueurs de finesse amusée s'accordait à merveille avec la tranquille poésie de sa peinture"
1899 -
En janvier 1899 Camille et Julie prirent un appartement rue de Rivoli avec une superbe vue sur le jardin des Tuileries
Le temps était exécrable
" Nous avons des vents à décorner les boeufs. Ils balaient ce grand espace ouvert et font un bruit assourdissant "
Sisley mourut à la fin du mois de janvier
C'était un grand ami de Pissarro qui ressentit profondément sa perte
Il fit ce tableau pour une vente aux enchères au profit des enfants de Sisley
1898 -
Il veut capturer les différentes variations de la lumière et de l’amosphère à différentes heures du jour
Après le divisionnisme il est revenu au réalisme des débuts de l’impressionnisme
L’uniforme application des couleurs met en évidence l’intense luminosité du ciel
1898 -
Vers la fin de 1897 après la mort de son jeune fils Félix, Pissarro traversa des jours pénibles. Seul le travail pouvait lui procurer quelque apaisement. Il était aussi affecté par l'affaire Dreyfus et son atmosphère de préjugés et de haine
Il s'installe au Grand Hôtel du Louvre "J'ai une vue superbe de l'avenue de l'Opéra et du coin de la place du Palais Royal ... Ces rues de Paris sont si argentées, si lumineuses et si vivantes"
Pissarro acceptait toutes les conditions atmosphériques : pluie, neige, soleil, matin
ou après-
Les personnages se protègent de la pluie sous leur parapluie
Pissarro insiste sur l'aspect statique plutôt que sur le mouvement de la rue
A l'approche de l'Opéra les voitures sont soigneusement alignées en deux rangées
Les lignes des deux corniches des bâtiments de droite ont été harmonisées pour ne sembler former qu'un seul édifice : les deux balustrades supérieures semblent se continuer
Pissarro commande aux horizontales et aux verticales pour accentuer l'effet statique de l'espace
1898 -
En septembre et octobre 1898 Pissarro séjourna à Rouen
Il fit trois tableaux de la rue de l'Epicerie, à peu près du même point de vue
Ce tableau est le seul montrant le marché qui se tenait chaque vendredi
L'effet de mouvement est renforcé par le patchwork des murs, des fenêtres et des toits des édifices conduisant à la cathédrale
1898 -
En août 1898 Pissarro séjourna deux mois à Rouen
Il consacra trois toiles à la vielle rue de l'Epicerie menant vers la cathédrale dont les tours gothique dominaient l'enchevêtrement des toits d'innombrables petites maisons
Cette rue a été détruite au cours de la dernière guerre
Il utilise des couleurs vives : toits rouges et bleus, murs banc ou jaunâtres, boutiques sombres avec des auvents vifs et même un groupe d'affiches multicolores
Il traite par des accords ou des oppositions de couleurs un sujet composé de lignes et de volumes
Il intègre dans la composition les éléments de détail comme les lucarnes, la lanterne et les cheminées
Il obtient l'unité de la composition sans sacrifier les détails
" Je ne vois que des taches. Lorsque je commence un tableau, la première chose que je cherche à fixer, c'est l'accord. ... Ce qui m'intéresse de moins en moins dans mon art, c'est le côté matériel de la peinture (les lignes). Le grand problème à résoudre, c'est de ramener tout, même les plus petits détails du tableau, à l'harmonie de l'ensemble, c'est à dire à l'accord"
1898 -
Il met en évidence le contraste entre la vie tranquille de la campagne et les rythmes frénétiques de la capitale
En raison de son caractère bourru et sauvage il ne s’est jamais senti à l’aise dans les milieux bourgeois de Paris et n’a jamais recherché les collectionneurs
Ses idées politiques anarchistes l’empêcheront d’accéder au succès commercial
De janvier à avril 1898 Pissarro s'installe à l'Hôtel du Louvre "J'ai deux grandes pièces et de bonnes grandes fenêtres d'où je vois l'avenue de l'Opéra. Le motif est très beau, très peintre ... Je fais un peu de la place du Théâtre Français. C'est un motif superbe; cela ne marche pas mal"
Large espace de la place qui s'ouvre sur l'avenue de l'Opéra dont le motif se laisse à peine deviner
Composition fermée à droite par la façade du théâtre
L'absence totale de ciel et d'horizon, la perspective particulière adoptée par l'artiste selon laquelle l'arrière plan semble se relever sous nos yeux ont suscité des rapprochements avec la mise en page des estampes japonaises
1897 -
Souffrant d'une affection des yeux il était contraint d'abandonner le travail en plein air et d'adopter un point de vue surélevé derrière une fenêtre d'hôtel (Grand Hôtel de Russie détruit en 1927 pour agrandir le boulevard Haussmann)
En mars 1897 Pissarro écrit à son fils Lucien " Le Mardi-
La scène est baignée d'une douce lumière
Multiplication des petites touches pour suggérer la densité de la foule
Dans les années 1888-
1897 -
Sa vue déficiente qui l’empêche de peindre en plein air oblige Pissarro à s’installer à Paris
De la fenêtre de sa chambre au Grand Hôtel de Russie où il séjourne entre février et avril 1897 il exécute un grand nombre de croquis du Boulevard Montmartre
Il s’en servira pour réaliser une série de vues urbaines
1897 -
Une des rares compositions que le peintre ait faite de nuit, tous les artistes impressionnistes étant épris de lumière diurne
Pissarro a réussi une féerie lumineuse avec le scintillement des réverbères, des devantures de magasins et des lanternes de voitures
Les touches jaunes d'or illuminent la composition, éclairant les petites silhouettes des passants
La chaussée est traitée comme une eau miroitante
Le ciel s'élève comme un grand dôme de silence
1897 -
Après sa série de Rouen Pissarro résolut l'année suivante d'explorer le tohu-
Pissarro veut davantage rendre les conditions atmosphériques que la scène elle-
Ici c'est la société parisienne et le mouvement de la foule prend le pas sur les éléments statiques du paysage urbain
Il commença une série de vues prises des fenêtres de différents hôtels
Lorsqu'il travaillait à ce tableau il expliqua à un jeune peintre ses conceptions parfaitement illustrées par la réalisation de ce tableau :
" Il faut observer le motif plus pour la forme et la couleur que pour le dessin. Le dessin précis et sec nuit à l'impression d'ensemble; il détruit toutes les sensations. Ne pas arrêter le contour des choses; c'est la tache juste de couleur qui doit donne le dessin. Dans une masse ce qu'il y a de plus difficile, ce n'est pas de détailler le contour, mais de faire ce qu'il y a dedans. Ne pas faire morceau par morceau; faire tout ensemble ... L'oeil ne doit pas se concentrer sur un point particulier mais tout voir... Ne pas procéder d'après des règles et des principes mais peindre ce que l'on observe et ce que l'on sent "
1896 -
Pissarro écrivant à son fils Lucien a commenté ce tableau
" Figure toi : tout le vieux Rouen vu par dessus les toits avec la cathédrale et des fantaisies de toitures, de tourelles vraiment étonnantes
... Mon Vieux Rouen avec sa cathédrale au fond et fait par temps gris... cela me plaisait de la voir se profiler grise et ferme sur un ciel uniforme de temps humide "
1896 -
Pissarro séjourne à Rouen en 1883, 1896 et 1898
A la différence de Monet il préfère peindre les nouveaux quartiers industriels, l’animation du port et les ponts de la Seine
A son fils il écrit « Elle est belle comme Venise, mon cher, elle est extraordinaire et elle est vraiment belle !
Elle est art véritable et correspond à ma façon se sentir »
1896 -
Composition dépouillée de tous les objets secondaires de telle sorte que l'attention est concentrée sur la jeune fille qui se tient timidement dans l'encadrement d'une porte
Le rythme des verticales ininterrompues et des surfaces planes rehausse l'importance du personnage solitaire
L'intérieur devient une pièce pratiquement vide
Mais ce vide est meublé par des plans qui s'entrecoupent, par une enfilade de pièces et une source de lumière dans le fond ce qui crée l'illusion de la profondeur
Ainsi en dépit des grandes surfaces qui entourent le modèle l'espace est animée et la figure s'y intègre parfaitement
L'espace est si réel que nous avons l'impression de pouvoir traverser la pièce pas à pas
Une couleur verte sur la fenêtre suggère un jardin à l'extérieur ce qui accroît la profondeur
Gustave Geffroy écrit " Il n'a nul besoin d'aller très loin pour trouver le décor du bonheur. Il sait que partout la lumière vient visiter toutes choses ... les révéler vivantes à notre vue et à notre esprit "
1896 -
En janvier 1896 son fils Lucien et sa femme Esther étaient retournés à Londres après un séjour à Eragny avec leur bébé Orovida et Pissarro était un peu cafardeux
Il partit pour Rouen fin janvier
Une infection de l'oeil l'obligea à travailler derrière des fenêtres
Il aimait Rouen et travaillait de sa chambre d'hôtel
A son fils Lucien il écrit " Ce qui m'intéresse particulièrement est un motif du pont de fer par un temps mouillé, avec tout un grand trafic de voitures, piétons, travailleurs sur les quais, bateaux, fumée, brume dans le lointain, très vivant et très mouvementé ... J'ai voulu rendre l'agitation de cette ruche qu'est Rouen sur les quais "
" Un tas de cheminées, d'énormes et de toutes petites avec leur panache "
" C'est le matin par un fin soleil brumeux ... C'est beau comme Venise "
1895 -
Pissarro se sentait seul et s'ennuyait à Eragny
Il écrit à son fils Lucien :
" J'ai vraiment envie d'aller à Paris pour voir ce qui s'y passe ..."
" Ce qui me fait le plus de peine est de voir toute la famille se disperser, petit
à petit ... Nous imagines-
Avec ce tableau Pissarro fait une expérience de couleur et de dessin
La forme de corsage est proche de celle de la nappe couvrant la table derrière elle
Il a choisi de différencier les deux sortes d'étoffe en peignant une sombre avec des rayures claires et une claire avec des rayures sombres
1895 -
Pissarro n'a peint que fort peu de nus. Sa femme n'aimait pas le voir travailler d'après des nus
Tableau peint d'imagination à partir de deux études : une jeune paysanne se lavant les pieds dans un ruisseau et s'essuyant la jambe gauche avec une serviette et une jeune femme habillée mettant ses bas, sa jupe retroussée sur un genou
Les petites touches forment une couche épaisse et produisent une surface rugueuse, indiquant un pénible effort de l'artiste qui eut du mal à peindre sans pouvoir observer ce qu'il représentait
1896 -
Pissarro s'est attaché à restituer l'aspect animé du port de Rouen qu'il voyait depuis sa fenêtre
Au premier plan des grues déchargent des bateaux
Plusieurs embarcations se trouvent sur la Seine
Au-
1892 -
Le 23 janvier 1892 Durand-
Pissarro était très inquiet avant l'ouverture
L'exposition fut un grand succès et un tournant dans sa carrière (il avait 62 ans)
Après l'exposition il souffrit des yeux. Le vent aggravait le mal et il dut travailler en atelier. Il appréciait la paix de l'atelier et la possibilité de retravailler les peintures qu'il avait commencé à l'extérieur
Dans ce tableau il s'est concentré sur les deux figures plutôt que sur le paysage
Les deux jeunes filles sont sur la surface de la toile
Malgré la proximité il ne décrit pas leurs personnalités mais la solidité de leurs formes par rapport au délicat paysage en arrière plan
Il étudie aussi le contraste entre les deux figures : une est debout, l'autre assise; une a la tête couverte, l'autre la tête nue
1893 -
En février 1893 Pissarro s'installait à l'hôtel Garnier, près de la gare Saint Lazare d'où il découvrait la capitale
Bel aperçu de la place du Havre avec ses façades ensoleillées et la chaussée encombrée de voitures et de piétons
L'artiste est sensible aux jeux de la lumière et à l'atmosphère de Paris
1888 -
Pissarro pensait que la technique pointilliste lui permettrait d'obtenir une plus grande luminosité et un contrôle plus précis de la couleur
A une certaine distance l'oeil fusionne les minuscules points de peinture pour former une couleur solide
Monet n'aimait pas cette méthode scientifique
Renoir récusait toute théorie a priori
Julie ne comprenait qu'au moment où il commençait à être respecté dans le monde de l'art il veuille jouer les révolutionnaires
Pissarro persista un temps et réalisa plusieurs toiles pointillistes
Un homme croche une branche de l'arbre pour faire tomber les pommes qui sont ramassées par deux femmes penchées
La juxtaposition de points de couleur pure crée l'effet d'une chaude après-
CAMILLE PISSARRO page 4 / 4