EDOUARD MANET 2/2
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Manet resté seul dans Paris assiégé a fermé son atelier et déménagé les toiles qu'il juge les plus importantes dans la cave de son ami Druet
Pendant le siège, Edouard, grâce aux ballons qui s'envolent de Montmartre fait parvenir des nouvelles de ses frères à sa famille "Paris dans ce moment a un aspect militaire étonnant. On fait de l'exercice dans toutes les rues"
Edouard et son frère vont s'armer pour leur propre survie "Nous voudrions bien nous
payer chacun un bon revolver; car c'est l'arme essentielle en cas de surprise ...
Je vais faire confectionner pour chacun de nous un pare-
La situation alimentaire est difficile
Aucune mesurer de restriction alimentaire ne fut prise pendant les premiers mois du siège de Paris par les prussiens
Le troisième mois la disette apparaît et les parisiens découvrent la nourriture en conserve qu'ils dédaignaient
"Le tour des chevaux est venu. L'âne est maintenant un mets de prince"
Les bouchers n'ouvrent plus que trois fois par semaine et l'on fait queue à leur porte depuis 4 heures du matin.
Manet souvent "ne se met à table que par la force de l'habitude"
Manet apprend avec un certain soulagement la capitulation de Paris
"C'est fini ... on mourrait de faim ici ... il faut vraiment avoir passé par là pour savoir ce que c'est"
Le 21 mai 1871 les troupes de Versailles entrent dans la capitale et 20.000 parisiens sont tués en représailles durant la semaine sanglante
Absent de Paris pendant la Commune il reprend pour figurer la barricade la disposition de l'exécution de Maximilien
A la suite de la guerre Manet sombre dans une dépression nerveuse pour laquelle il se fait soigner
Il se remettra au travail au printemps 1872
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En février 1871 Manet quitte Paris et rejoint sa famille dans le sud ouest de la France
Il est déprimé et meurt de faim
A Bordeaux, du premier étage d'un café sur le quai des Chartrons il peint le pont avec en arrière plan la cathédrale Saint André et l'église Saint Michel
Il peint sommairement la forêt de mâts que prolongent les tours de la cathédrale
Les personnes sur le port tournent le dos et ne semblent être là que pour donner une échelle de mesure des bateaux amarrés et pour ne pas bloquer l'attention du spectateur qui doit se diriger vers les bateaux
Gambetta fut enthousiasmé par ce tableau qui lui rappelait les heures de la Défense Nationale à Bordeaux
Il dit à Manet qui voulait lui offrir le tableau "Je ne suis pas assez riche pour l'acheter et je ne puis l'accepter comme un cadeau"
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La lumière vient fortement éclairer une partie du visage
Paul Valery s'émerveilla de ce portrait de femme qui vous dévisage sans chercher à séduire ou à narguer
Dans l'échancrure un bouquet de violettes
En janvier 1875 elle écrira de Eugène Manet qu'elle a épousé en décembre 1874 "J'ai trouvé un honnête et excellent garçon et qui, je crois, m'aime sincèrement. Je suis entrée dans le positif de la vie après avoir vécu bien longtemps de chimères"
Renoir dira que Berthe Morisot attirait les gens à la façon d'un aimant et qu'elle savait être conciliante "Même Degas se montrait plus aimable avec elle"
Rare portrait de Manet présenté en plan rapproché, concentré entièrement sur le visage
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Ce tableau est un message d'amitié à Berthe Morisot
Il annonce les petites natures mortes de ses dernières années qu'il offrait souvent à ses proches
Ce tableau a été peint à la suite du portrait de Berthe Morisot qui porte à son corsage le même bouquet de violettes
L'éventail dont la tranche de laque rouge contraste avec le bleu tendre des fleurs est associé à presque tous les portraits de Berthe qui en joue même pour cacher son visage
Le rapprochement des trois objets : lettre, bouquet, éventail évoque le raffinement élégant et la distinction de Berthe Morisot
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Manet prend modèle sur les gravures anglaises alors très en vogue
Les jockeys de Manet sont assis sur leur selle, car c'est en effet plus tard que les jockeys monteront dressés sur les étrières raccourcies
Les chevaux sont représentés au "galop volant" et il faudra attendre les instantanés du major Muybridge pour mettre en évidence cette erreur d'observation
Manet utilise un cadrage photographique dans sa composition
Au premier plan Manet introduit des personnages coupés aux épaules
L'un des cavaliers est coupé par le bord du tableau
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D'un geste gracieux Berthe Morisot déploie un éventail devant son visage et fixe le spectateur à travers ses tiges
Vêtue de noir avec des manches de tulle transparent et les jambes croisées, elle tend sont pied droit vers la grille de la bouche du chauffage
Attribut féminin l'éventail permet à Manet de souligner l'élégance des longues mains artistes de Morisot
Avec une ironie empreinte d'une tendresse espiègle, Berthe élégamment vêtue d'une longue robe noire et chaussée d'escarpins clairs, joue avec le peintre en déployant un éventail devant son visage, empêchant ainsi son ami de faire un véritable portrait
Ses yeux vifs sont cependant visibles entre les branches de l'éventail
Le panache de l'objet semble couronner la jeune femme
La figure de Berthe enveloppée d'étoffes noires se détache sur le mur de fond monochrome
Le rouge affecte la carnation de la jeune femme dotée d'une luminosité chaude
Berthe est assise en diagonale de sorte que le regard du spectateur parcourt la totalité de son corps
Manet a laissé vide l'espace situé à droite de son amie
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Une femme fixe le spectateur. Elle est assise sur le muret d'une balustrade, un livre à la main et un chiot endormi sur ses genoux
A sa gauche, une fillette, de dos, regarde au loin
Derrière elle une grille occupe toute la hauteur et la largeur de la composition, laissant entrevoir un curieux paysage
Les rails à peine esquissés et un nuage de fumée sous entendent la présence d'un train invisible
Une grappe de raisin posée sur le muret à droite fixe la représentation à une journée de septembre
La scène se passe à proximité de la gare Saint Lazare
Aspect inachevé des mains de la petite fille
Couleur répartie en couches fines sur la robe blanche de la fillette
Epaisse couche de matière pour le sobre bleu du modèle
Le rendu de la vapeur est semi-
Epaisseur du pinceau pour la grille
Manet modulait son pinceau en fonction du résultat souhaité
Le regard de la femme tourné vers le spectateur dérange le visiteur du Salon comme le plan de l'oeuvre jugé trop rapproché
Les deux personnages regardent dans des directions différentes et on ne sait pas ce qu'ils regardent
Michel Foucault "C'est la première fois que la peinture nous montre quelque chose d'invisible"
L'avènement du train à vapeur représente l'un des évènements les plus marquants de la révolution industrielle
Victorine Meurent qui vient de rentrer des Etats-
L'enfant est la fille d'un ami de Manet, Alphonse Hirsch, dont l'atelier donne sur la gare Saint Lazare
Un caricaturiste écrira "Deux folles atteintes de monomanie incurable regardent passer les wagons à travers les barreaux de leur cabanon"
On ne voit ni train, ni passagers inquiets, ni mécanicien héroïque
On admire le noeud bleu de la petite fille
Mais Philippe Bunty écrit "Nous tenons compte à M. Manet de son désir de toucher juste, sans appeler à son aide aucune ressource de pittoresque artificiel ... et de son application à peindre réellement en plein air"
Victorine Meurent revenue des Etats-
Burty "Tout donne l'impression de la nature mais de la nature saisie par un délicat, et traduite par un raffiné"
Mais Cham "Ces malheureuses se voyant peintes de la sorte ont voulu fuir ! mais lui, prévoyant, a placé une grille qui leur a coupé toute retraite"
Claretie "M. Manet est de ceux qui prétendent qu'on doit se contenter de l'impression ... car voilà tout le secret de ces impressionnalistes, ils se contentent d'indications rapides qui suppriment le travail et le style"
Manet allait chaque jour en train à Versailles suivre le procès de Bazaine
Reprenant le motif du Balcon Manet représente une grille de fer dont les barreaux rythment toute la surface de l'oeuvre
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Avec cette toile présentée au Salon de 1873 Manet connaît son premier succès depuis le Chanteur espagnol de 1861
On voit le typographe Emile Bellot assis à une table du Café Guerbois, buvant et fumant la pipe avec un contentement manifeste
En raison de ce succès Manet refuse de participer à l'exposition des Indépendants de 1874 où ses amis gagnent leur appellation "d'impressionnistes"
Trogne enluminée par le plaisir
Bedaine débordant du gilet
Mouchoir blanc en guise de foulard
Fumée qui sort de la pipe
Les jeunes collègues de Manet considèrent ce tableau comme un compromis avec les goûts du jury et du public conservateur
Manet a admiré les tableaux de Frans Hals à Harlem
80 séances de pose pour ce portrait
Cette image simple et forte apparaît comme le symbole de "l'éternelle sérénité" dans ces temps politiquement troublés
Succès car on y entrevoit "un type, un gros bonhomme ... aux moeurs simples, tranquille et philosophe"
Manet aime chez Hals l'immédiateté expressive alliée à une utilisation du noir
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Oeuvre réalisée à Beck sur mer, petit village de pêcheurs, proche de Boulogne
Sa femme Suzanne et son frère Eugène qui devait épouser Berthe l'année suivante
La toile a été peinte en plein air
Les personnages sont placés au centre d'un espace restreint et le champ raccourci de la vision semble les plaquer directement contre la surface de la toile
Manet se concentre sur les personnages et leur rendu monumental
La disposition frontale renforce la bidimensionnalité
Les touches de noir ou de gris-
Sensation de repos, d'abandon, de loisir
Eugène est dans la position qu'il avait dans le Déjeuner sur l'herbe
Cadrage serré qui coupe le ciel pour n'en montrer qu'une mince bande au-
Le choix d'une ligne d'horizon haute joint à la présentation des personnages de profil qui leur donne des allures de silhouettes triangulaires plates rapproche ce tableau de certaines estampes japonaises
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Le célèbre Bal masqué avait lieu chaque année à Paris à l'Opéra, rue Le Pelletier
De minuit à cinq heures du matin on pouvait se perdre entre les salles et le foyer en quête d'intrigues et d'excitation
Souvent les femmes les plus audacieuses cachaient sous un domino (grand manteau) des costumes succincts et osés
On respirait un air lourd de sensualité affichée
Ce bal devait être le dernier car le théâtre allait disparaître dans un incendie
Grâce aux chapeaux hauts de forme le rythme de la composition est marqué par des intervalles rapprochés qui font aller le regard de la gauche vers la droite et inversement
L'espace est comprimé, presque interdit au spectateur
Les figures sont projetées en avant
La disposition frontale fait du tableau une sorte de scène
Monet s'est inspiré d'une scène de bal masqué tirée d'une pièce des frères Goncourt, "Henriette Maréchal"
Le deuxième personnage à droite du tableau est Manet, reconnaissable à sa barbe blonde
Comme dans la Musique aux Tuileries la composition est frontale et horizontale
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En 1863 Manet avait épousé Suzanne Leenhoff, professeur de piano hollandaise qu'il connaissait depuis 1849 et avec laquelle il vivait depuis1860
Son épouse est vêtue d'une robe légère et vaporeuse en mousseline blanche
Elle est assise sur un coin de canapé de même couleur
Les rideaux de la fenêtre sont tout aussi blancs et transparents
A droite, en arrière plan, lisant, Léon Leenhoff, né en 1852 et qui appellera toujours Manet son "parrain"
La figure de Léon équilibre sur fond noir à droite la plante sur fond blanc qui se trouve à gauche du tableau
Visage construit avec une attention minutieuse
Le volume de la tête rendu par le clair-
Scène au caractère intimiste
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Nina de Callias est une figure clé de la vie de bohème des années 1870
Anatole France, Paul Verlaine, Stéphane Mallarmé étaient des habitués du salon de la célèbre pianiste
Manet la représente dans ses vêtements hispano-
Le fond multiplie à l'infini l'éventail
Nina abusait de l'alcool ce qui causera sa mort prématurée
Les touches rapides et distinctes de Manet rendent le sujet vibrant et plein de savoureuses incertitudes
Nina de Callias était un personnage baudelairien, une femme douée et généreuse, d'un tempérament névrotique qui la rendait tantôt euphorique, tantôt neurasthénique
Alcoolique elle mourut à l'âge de 39 ans après avoir perdu la raison
Elle tenait un salon littéraire des plus exotiques et des plus brillants de Paris
Elle écrivait des vers, était une excellente musicienne, pianiste et compositeur
Née Marie-
Pour recevoir elle aimait porter un de ses costumes "à l'algérienne"
Manet la représente dans une sorte d'écrin ouvert, joyau noir se détachant sur le fond clair du canapé et du mur de son atelier décoré en style japonisant
Le papier peint et les éventails japonais étaient à la mode à Paris depuis 10 ans
Pose familière et abandonnée choisie par Manet qui l'a représentée allongée, le coude gauche appuyé sur des coussins
Nina paraît absorbée et lasse
L'esquisse d'un sourire ne réussit pas à masque la mélancolie
Le peintre néglige les détails pour rendre l'impression d'ensemble
Le costume de Nina fait triompher le noir lumineux caractéristique de Manet
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Manet a refusé de participer à l'exposition indépendante des impressionnistes au printemps 1874
Mais il continue à passer pour leur chef de file aux yeux du public
Il soutiendra financièrement Monet
Monet ayant des difficultés à régler son loyer il lui trouve une nouvelle maison à Argenteuil
L'été 1874 il séjourne dans sa maison familiale à Gennevilliers sur la rive opposée de la Seine et travaille en plein air avec Monet
Sa palette se fait plus vive
Monet choisit de peindre le fleuve et ses berges mais Manet s'attache avant tout à la figure humaine
Monet, sans argent, crie à l'aide
A Manet "Me voilà de nouveau sans le sou ... je suis entre les pattes d'un huissier qui peut me faire bien du tort. Il m'a donné jusqu'à midi"
Dans son atelier Manet mettait en bonne lumière les toiles de ses amis
Monet travaillait dans ce vieux bateau qu'il avait acheté d'occasion. Il s'arrêtait où le motif l'inspirait. Sa femme y faisait une cuisine simplifiée
Camille est assise sur le seuil de la cabine
Au loin les cheminées des usines d'Argenteuil
Influence de Monet dans le traitement de l'eau
Les touches sont juxtaposés, les tons lumineux
En main1874 les impressionnistes avaient choisi d'exposer dans l'atelier du photographe Nadar
Manet "J'entre au Salon par la grande porte et lutte avec vous"
L'idée de l'atelier flottant était de Daubigny, célèbre peintre de l'école de Barbizon
Le bateau est le personnage principal du tableau
Monet représenté de profil travaille à un tableau qui est encore à l'état d'ébauche
Son épouse Camille le regarde peintre à distance respectueuse
Tableau clair et lumineux, dominé par les tons bleus du ciel, de la cabine du bateau et surtout de l'eau
Touche mobile et vibrante analogue à celle que Monet appliquait systématiquement dans ses travaux de la même période
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Un canotier et sa compagne assis sur un ponton d'amarrage
Sur l'autre rive de la Seine très bleue on aperçoit les maisons et une petite usine d'Argenteuil
Rigueur de la composition organisée autour de verticales et d'horizontales
Le canotier est Rudolph Leenhoff, le beau-
Tableau le plus ensoleillé de Manet
L'oeuvre a pour cadre le Petit Gennevilliers qui était alors devant Argenteuil le
rendez-
Les verticales et horizontales se répondent :
-
-
-
Alors que les jeunes artistes tendent par des touches contrastées et rapides de fondre personnages et atmosphère, Manet accuse la forme par l'intensité accrue de la couleur
Les contours sont estompés et irréguliers, une caractéristique récemment expérimentée par le peintre qui avait l'habitude d'entourer les figures d'un fin trait noir
L'homme s'intéresse visiblement à sa compagne alors que celle-
Manet renonce aux contraste de clair-
Vibration de la touche dans la robe de la jeune femme où les tons influent les uns sur les autres
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En cet été 1874 Manet apprenait beaucoup de la part de ses amis Monet et Renoir
Manet avait entrepris de faire un tableau de la famille Monet. Renoir arrive et plante aussi son chevalet
Camille Monet est assise sous un arbre, son fils paresseusement allongé près d'elle, tandis que Claude Monet s'occupe du jardin
A la chemise bleue de Claude Monet répond le pantalon de son fils Jean
Manet souffle à l'oreille de Monet en désignant Renoir
"Vous qui êtes son ami dites lui donc de renoncer à la peinture ... Il n'a aucun talent ce garçon là ! "
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Dans le bas de la toile Manet coupe brusquement la composition et ne laisse aucune place à une esquisse d'horizon
Le peintre crée un effet d'aplatissement en réduisant la profondeur de champ, ce qui établit une corrélation avec les estampes japonaises
La femme est représentée dans une attitude qui n'a rien de naturel et rigoureusement de profil, expédient emprunté aux estampes japonaises
L'ensoleillement de la journée se traduit par les reflets sur les visages et sur les habits blancs du canotier
Le modèle est le frère de Suzanne Leenhoff
Dans les estampes japonaises les personnages et les objets sont fréquemment coupés par les limites même du tableau
L'oeuvre s'articule autour du contraste entre l'étendu bleue de l'eau, le marron de la barque et les deux personnages
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Premier pastel réalisé par Manet qui utilisera cette technique pour une belle série de portraits féminins de 1879 à sa mort
Suzanne Manet, étendue sur un canapé, est saisie dans un moment de repos au retour d'une promenade comme le suggèrent la présence de la veste, des souliers élégants et du chapeau aux brides justes défaites
Manet exploite l'effet "velouté" du pastel
Traitement par grandes surfaces chromatiques opposées
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En septembre 1875 Manet se rend à Venise avec le peintre James Tissot
De préférence il recherchait les coins peu connus
Manet traduit l'intensité des couleurs vénitiennes par une variété de touches rigoureuses
Ici, la Salute à travers les pieux bleus et blancs
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Ce tableau aurait été peint de mémoire car les bâtiments du fond à gauche n'ont pas un caractère vénitien
Un critique a souligné que les lointains sont à leur place et que les formes ont une aération naturelle qui donne l'illusion d'une photographie prise sur nature
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Desboutin était peintre, graveur, illustrateur et poète
Surtout un dillettante
Manet lui a donné un air rêveur entre réalité et poésie
L'homme avance vers nous en bourrant sa pipe alors que son chien essaie de boire dans un verre trop étroit pour sa gueule
C'était un ardent partisan du comte de Chambord
Il rencontra Manet au café de la Nouvelle Athènes devenu le rendez-
Manet représente son modèle en pied sur un fond neutre
Il abandonne la gamme des gris en faveur de tonalités marron et d'une luminosité chaude
Le chien est peint à l'aide d'une touche nerveuse et d'un jus de clair obscur qui donne une vie frémissante à cet animal
Tableau refusé par le jury du Salon de 1876
Manet organisera une contre exposition personnelle dans son atelier
Les invitations portaient la devise "Faire vrai et laisser dire"
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Mallarmé est arrivé à Paris en1873 et Manet a fait sa connaissance dans le salon de Nina de Callias
Les deux hommes qui habitent dans le même quartier des Batignolles nouent une solide amitié
Après la mort de Manet, Mallarmé écrira "J'ai dix ans vu tous les jours mon cher Manet dont l'absence me paraît aujourd'hui invraissemblable"
Au fond tenture japonaise dont il s'est déja servi pour Nina de Callias
Attitude familière de Mallarmé dont l'un des plaisirs consiste à discuter avec Manet tout en fumant le cigare
Les deux hommes admirent Baudelaire, se plaisent en compagnie des femmes et aiment à se vêtir avec élégance
Manet a illustré de cinq grands dessins le poème le Corbeau d'Allan Poe que vient de traduire Mallarmé
Manet produira quatre dessins pour illustrer le poème de Mallarmé "Prélude à l'après-
En 1874 et 1876 Mallarmé à consacré deux longs articles à Manet
En 1874 Mallarmé écrit "La foule à qui l'on ne cèle rien, vu que tout émane d'elle, se reconnaîtra dans l'oeuvre accumulée et survivante et son détachement des choses passées n'en sera cette fois que plus absolu"
Antonin Proust a décrit Mallarmé "L'oeil était grand, le nez se dessinait droit au-
Mallarmé a 34 ans lors de ce portrait
Le poète est renversé, le torse obligatoirement incliné dans un fauteuil. Manet le montre le regard ambigu sous les sourcils écarté, les cheveux dans un désordre voulu
Manet à Mallarmé "Mon cher ami, merci. Si j'avais quelques défenseurs comme vous, je me f... absolument du jury"
Mallarmé rendait visite à Manet tous les jours. En sortant du lycée Fontane où il enseignait l'anglais il passait dans l'atelier du peintre. C'est là qu'il rencontra Zola, Monet, Berthe Morisot qui à la veille de sa mort confiera sa fille au poète
Il y rencontra aussi celle qui allait devenir son grand amour: Merry Laurent
Mallarmé de Manet "Le seul homme qui ait tenté d'ouvrir à la peinture une voie nouvelle"
Manet renonça pour la circonstance à ses exténuantes séances de pose ce qui lui permit d'obtenir un effet de grande immédiateté
La rapidité abrégée de la touche et la position déséquilibrée du poète confèrent à cette oeuvre une atmosphère de communion intellectuelle
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Le modèle est Henriette Hauser, une actrice mais aussi une demi-
Sa beauté était célèbre et célébrée
Elle fut la maîtresse du prince d'Orange, fils du roi de Hollande Guillaume III
A propos de ce tableau Manet déclara à un journaliste "Le corset de satin, c'est
peut-
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Le personnage de Nana apparaît à la fin de l'Assommoir, roman de Zola publié à l'automne 1877
Zola publiera en 1880 le roman Nana
Manet présente Nana au début de sa vie galante alors qu'elle "sentait bon la jeunesse, le nu de l'enfant et de la femme"
Parfaitement maîtresse de la situation elle exige toute l'attention du spectateur vers qui elle se tourne comme pour le prendre à témoin du charme qu'elle exerce et du plaisir qu'elle éprouve à faire attendre son "protecteur"
Le fait que celui-
Henriette Hauser, jeune actrice populaire pose pour Manet devant un tissu japonais qui fait partie du décor de son atelier
Refusé par le Salon pour atteinte aux bonnes moeurs, le tableau fut exposé dans la vitrine d'un magasin du boulevard des Capucines où il provoqua presque des émeutes attirant du matin au soir des foules de curieux
Nana, intelligente et arriviste, choisit de devenir une prostituée de luxe pour faire son chemin dans la vie
A 15 ans "dès le matin elle s'habillait, restait des heures en chemise devant le
morceau de glace accroché au-
Nana cesse un instant de retoucher son maquillage pour regarder franchement le spectateur
Le tableau fortement marqué par les blancs et les bleus respire une atmosphère de gaité
L'insertion du personnage en frac, coupé à droite, apporte une note ironique de stupidité satisfaite
Cambrée dans un corset de satin bleu, les jambes dans des bas gris-
Sur la tenture lumineuse une grue à la japonaise déambule sur le sable
Oeuvre d'un réalisme cru mais sans grossièreté
Si Zola a inspiré Manet, Manet aussi inspira Zola par l'évocation de cette symphonie de bruns et de bleus à la gloire de la femme
Le thème de la cocotte qui aspire à s'élever socialement en se servant de son corps comme moyen d'ascension est l'un de ceux dont les artistes et les hommes de lettres débitaient souvent à cette époque
Apprenant le refus du Salon Manet aurait dit " Une belle nymphe qui s'offre à un satyre, on l'accepte. Une belle femme en déshabillé, c'est interdit
Les nus sans l'artifice du mythe ou de la scène allégorique choquaient les bien-
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Les ravages de l'absinthe et de l'alcoolisme sont bien connus au 19ème siècle
Le tableau semble inspiré par une scène observée à Nouvelle Athènes
Légèreté de la touche et palette délicate
Le personnage semble encadré dans un jeu de lignes verticales et horizontales
Le marbre de la table est rendu avec une attention particulière
La coupe avec une prune à l'alcool donne son nom au tableau
La main gauche qui tient la cigarette est peinte avec de grandes délicatesses
La couleur subtile demeure dans le rose mauve
Manet peint la tristesse du découragement, tout le vague à l'âme de la femme esseulée et dégoûtée
La femme est rêveuse et a oublié d'allumer sa cigarette mais son état n'est nullement dépendant de la prune à l'eau de vie qui se trouve devant elle
Si elle fait commerce de ses charmes elle n'a rien de la femme déchue
Il s'agit sans doute d'une jeune femme issue de la classe ouvrière qui s'habille
au-
Cadrage de type photographique qui serre le personnage de près
Manet s'était procuré une table à plateau en marbre
Mélancolie suggérée par les teintes claires du premier plan qui font de la jeune femme une sorte de nuage rose et rêveur, sur un fond plus sombre qui la ramène dans la réalité
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Jean-
En 1868 il a joué 58 fois Hamlet d'Ambroise Thomas
En 1875 à 45 ans il se retire de la scène et commande son portrait à Manet
Faure avait insisté pour être immortalisé dans le rôle d'Hamlet
Le personnage semble surgir du fond comme d'un rêve
Faure n'aime pas le tableau et refuse de l'acheter, influencé par les critiques qui accusaient le peintre de ne pas avoir donné d'épaisseur ni de vie au portrait en pied
Faure possédait 68 oeuvres de Manet dont : Le Bal masqué à l'Opéra, le Fifre, Le Bon Bock, Le Chemin de fer, ...
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La jeune femme est Henriettes Hauser que son amant le prince d'Orange avait surnommée "citron"
Elle avait posé pour Nana
Elle est vêtue d'une élégante jaquette brodée, d'une robe apparemment légère et de l'inévitable paire de gants qui est l'attribut obligatoire de toute élégance chez Manet
Avec une touche vive et nerveuse l'artiste traduit l'atmosphère légère de la soirée, remplissant la toile d'une foule animée
Il s'attarde sur le gandin bravache qui occupe à lui seul le centre de la patinoire
Manet orchestre une véritable "symphonie en noir majeur"
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Les fenêtres de l'atelier de Manet donnaient sur la rue Mossier
Manet doit quitter son atelier car les autres locataires de l'immeuble se plaignent des visites incessantes des amis de l'artiste
Avant de quitter son atelier il multiplie les toiles de la rue qu'il voit depuis ses fenêtres. Des ouvriers sont arrivés un matin pour achever le pavage de la rue à la veille de la fête nationale du 30 juin
Tableau brossé par touches rapides et couleurs vives
Manet dépeint les ouvriers sans compatir à leur dur labeur
On peut voir les becs de gaz nouvellement installés. Derrière le fiacre à droite une scène de déménagement
Si l'on en croit Zola dans son roman Nana la rue Mossier a de "belles maisons, aux petits appartements étroits, peuplés de dames". Les fiacres noirs seraient en train d'attendre les messieurs en visite
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Tableau peint dans l'atelier prêté à Manet par le peintre suédois Rosen
Le modèle s'appelait Marguerite
Elle est aussi le modèle du "Nu au tube"
Splendide nacré de la peau sur fond vert clair
Ruissellement de lumière sur une femme blanche et rose
Ce tableau de Manet est aussi un défi à son jeune collègue Renoir devenu célèbre grâce à la férocité de la critique
Touche rapide et sûre, marquant légèrement les contours extérieurs de la figure au moyen d'un liséré sombre
Le fini soigné de la carnation contraste avec le déshabillé rapidement esquissé, la chevelure en désordre et le chapeau jaune, orné de quelques fleurs, à peine ébauché
Le fond vert-
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Pour Manet la rue est la représentation d'une tranche de vie
L'échelle peinte au premier plan renforce l'impression de hasard auquel Manet accordait toujours une attention particulière, invitant l'observateur à imaginer une action qui n'est pas représentée
Le véritable protagoniste du tableau est l'invalide qui avance sans bruit de sa démarche laborieuse, allusion aux mutilés de la guerre de 1870 dont on commençait à oublier la défaite
Manet a voulu immortaliser la vue qu'il avait de l'atelier où il a vécu des moments de bonheur et d'intense activité artistique
La rue Mossier est devenue la rue de Berne
Le gouvernement avait décidé de pavoiser pour la fête de l'Exposition universelle le 30 juin 1878
De grands plans lumineux dans lesquels l'animation de la rue est donnée par la touche bleue du béquillard, le fiacre et les drapeaux tricolores
Il peignit la scène de son atelier, 4,rue de Saint Petersbourg (rue Leningrad) au matin du jour décrété fête nationale
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Le tableau propose un éventail de différentes classes sociales. Un homme en habit élégant et à l'allure distinguée est assis à côté d'une jeune femme d'aspect plus modeste
Derrière eux une serveuse boite distraitement une chope de bière : chacun regarde dans une direction différente
Le tableau évoque l'inégalité sociale comme s'il n'y avait aucune relation possible entre les acteurs de la scène
Tons larges et dorés dont la bière dans les chopes semble donner le ton
Dans la glace on voit la chanteuse qui est sur la scène
Les mains sont peintes avec élégance sans trop de fini
Les bleus et les blondeurs font chanter les noirs
Manet aimait beaucoup l'atmosphère des cafés et des brasseries; il venait s'y délasser après le travail
Il s'agit de la brasserie Reichshoffen, célèbre café-
A la fois théâtre et café, le " caf conc' " accueillait des chansonniers, des humoristes et des acrobates
Personne ne prête attention à la chanteuse
Reléguée à l'arrière-
Aucun échange n'a lieu entre les divers personnages
Au café les gens se mêlent mais ne se lient pas
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Manet représente une table, une femme assise et vue de dos, les coudes appuyés sur la table, un homme corpulent figuré de profil et un mur percé d'une fenêtre
Au premier plan une bouteille et un verre qui paraissent appuyés contre le bord du tableau donnant au spectateur l'illusion qu'il se trouve dans l'estaminet
Curieuse présence d'un tronc d'arbre qui traverse la surface du tableau à droite, masquant une autre bouteille et la fenêtre située derrière
Une lumière centrale (le dos blanc de la cliente) entre la zone grise proche de notre regard et le mur rougeâtre du fond
La bouteille et le verre du premier plan reviennent inversés sur la table du deuxième plan, séparés par la ligne verticale du tronc d'arbre
La masse arrondie de la figure centrale est équilibrée par le personnage massif du fond dont la veste bleue sert de contrepoint au chapeau noir
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Une femme de condition bourgeoise comme en témoigne son élégance vestimentaire
A l'aise dans ce décor, un bock de bière à portée de la main elle lit une revue empruntée au café
L'arrière-
Petites touches rapides et vibrantes pour mieux faire ressortir le caractère à la fois plaisant et fugitif de l'image
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Georges Moore était un anglo-
Il se tourna finalement vers la critique d'art
Il devint un habitué du café de la Nouvelle Athènes où il rencontra Zola et Manet
Ses manières étaient amusantes et son français des plus drôles
Moore n'approuva pas son portrait
Manet "Est-
La critique baptisa le portrait : "Le noyé repêché"
Ce pastel est l'un des rares visages en gros plan que Manet ait peint
Moore finit par devenir un des maîtres de la littérature anglaise de son temps
La tonalité de la chevelure traduit l'origine irlandaise
Moore à Paris vécut dans l'intimité de Rimbaud, de Verlaine, de Zola et de Mallarmé
Portrait fait à grands coups de crayon donnés au pastel comme au bout d'un fleuret
L'attitude, la couleur et le regard sont vivants
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La jeune femme regarde le spectateur avec une douceur languide, consciente de son regard qui ne la gêne pas
Elle est saisie dans l'instantanéité du moment
Le modèle est Mery Laurent, une jeune femme d'une beauté exceptionnelle avec qui Manet entretient un longue correspondance et qui jouera un rôle important dans les dernières années de sa vie
Jeu des diagonales et des horizontales dans la composition
Fond décoré qui donne du relief au nu
Le thème de la femme à la toilette était la cause d'une rivalité entre Manet et Degas
On pense que pour créer cette scène d'un grand naturel Manet a demandé à la jeune femme de se figer dans une attitude qu'il aurait surprise par hasard
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La femme, Madame Guillemet, est d'une jeunesse éclatante
L'homme, M. Guillemet, semble le gros bourdon au poil déja usé
Les blanc jaunis du col et du chapeau sont encadrés de roses
Elle était une américaine réputée pour son goût
Les Guillemet s'occupaient de mode et de haute couture
Théodore de Banville a écrit "On s'attend à voir causer la dame en robe grise et le monsieur à barbe fauve"
La construction de l'espace est soignée
La rigueur géométrique des barreaux et des lattes de la banquette noire est équilibrée
par l'exubérance des plantes de la serre à l'arrière-
Alternant avec les personnages les plantes rythment la perception horizontale de l'espace et leur masse de verdure rehausse le jaune des accessoires du costume de Mme Guillemet
La proximité des mains introduit une dimension d'intimité pudique
La serre était devenue une pièce à la mode sous le Second Empire
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"Le père Lathuille" était un restaurant du quartier des Batignolles dans les environs du café Guerbois
Les personnages sont le fils Lathuille et l'actrice Melle Franck qui a succédé à Ellen André, amie du peintre
Contrairement à sa froideur accoutumée envers ses personnages, le peintre accorde ici une attention manifeste à la psychologie du couple
La femme, plus âgée, a une attitude un peu raide et compassée, le dos bien détaché du dossier, les lèvres pincées et les yeux baissés
Le jeune homme est plus entreprenant : penché sur sa compagne, les yeux fixés sur
son visage, il allonge familièrement le bras gauche sur le dossier de la chaise de
celle-
Par le choix des couleurs, Manet souligne aussi la réticence de la femme vêtue de couleur sombre et la chaleur du jeune homme énamouré habillé des couleurs du soleil que rehausse le foulard noir
Vaste vue du restaurant avec ses tables dressées dans un agréable jardin intérieur
Un serveur s'est arrêté un instant pour observer la scène
Melle Franck, une cousine d'Offenbach, a posé, succédant à Ellen André
Au début le jeune homme qui faisait son volontariat dans un régiment de dragons devait poser en militaire
Manet dépendait du modèle dont il ne pouvait se passe
Il disait "Quand je commence un tableau j'ai toujours peur que le modèle puisse s'absenter, peur de ne pas le voir aussi souvent que je le voudrais et dans les conditions que je souhaite. Ils viennent, ils posent, puis ils s'en vont en se disant : il le finira tout seul. Eh bien, non, on ne fait rien tout seul"
La critique juge le sujet vulgaire et choquant
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Un soir de l'hiver 1878 Manet s'effondre, victime d'un grave malaise
Il s'agit des premiers effets des complications de la syphilis que la médecine ne sait pas encore enrayer
Manet va alors réaliser cet autoportrait
Tonalité presque incolore allant de l'ocre au noir
Hardiesse dans l'accentuation de l'oeil qui est en lumière
Esquisse de la main qui tient le pinceau et qui prise dans le ton ocre du veston est à peine rehaussée de quelques pointes de vermillon
Manet n'a pas renversé ce que lui a donné la glace où il se reflétait de sorte que la peinture le montre peignant de la main gauche
Il était plus rieur, plus charmant, en réalité que dans ses portraits
Il avait des amis, on l'aimait mais on l'admirait peu
On croyait peu en lui
Seuls Monet et Renoir l'admiraient
Manet était chauve. Au nouvel Opéra de l'architecte Garnier, regardant les immenses glaces du foyer il dit mélancoliquement "Ah ! Ce Garnier, on voit bien qu'il avait des cheveux, lui !"
Zola "Edouard Manet ... le yeux étroits et profonds ont une vivacité et une flamme juvéniles .. le visage entier annonce le mépris de la sottise et de la banalité ... un homme d'une amabilité et d'une politesse exquises, d'allure distinguée et d'apparence sympathique"
A l'époque de cet autoportrait il a 47 ans
L'artiste s'est présenté palette et pinceau en main
Le peintre est habillé d'une veste et coiffé d'un chapeau melon
Il s'agit d'une représentation construite où le peintre est soucieux de se montrer en dandy selon les canons baudelairiens
Fond neutre de tonalité marron sur lequel ressort l'ocre de la veste repris dans les pinceaux signifiant que sa réalisation en tant qu'être humain passait par son travail
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Le champ de vision réduit comprime les personnages contre la surface de la toile
La serveuse semble se retourner brusquement comme si quelque chose en dehors de la toile avait capté son attention
L'ouvrier en combinaison bleue regarde vers la loge que le spectateur ne peut pas voirf
Manet avait proposé à cette serveuse de venir poser dans son atelier
Craignant une proposition malhonnête, elle avait imposé à l'artiste la présence de son ami
On le reconnaît ici dans son sarrau bleu, une pipe de terre à la main
L'artiste applique le cadrage qui permet de couper les objets et les personnes par les limites naturelles de la toile
Le procédé est utilisé sur les quatre côtés du tableau :
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Le spectateur à l'impression de participer physiquement à la scène
La surface du fond est partagée physiquement en deux :
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Le visage de la serveuse est réalisé selon une technique traditionnelle par des blocs chromatiques
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Edouard Manet et Antonin Proust se connaissaient depuis l'enfance
Ils fréquentèrent ensemble le collège Rodin puis restèrent très proches tout au long de leur vie
Proust fut journaliste, critique puis politicien auréolé de succès
Pendant la guerre franco-
En 1880 il est ministre des Beaux-
Il obtint la Légion d'Honneur pour Manet
Antonin Proust pose en habit élégant, haut-
Il émane de ce portrait une dignité qui sied à la fonction publique du personnage
Admirateur de son ami il fut l'un des organisateurs de l'exposition posthume consacrée à Manet
Proust était devenu le secrétaire de Gambetta le 4 septembre lors de la chute de l'Empire
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Manet a rencontré Clémenceau par l'intermédiaire de son frère Gustave qui était conseiller municipal de Paris
La tribune est celle du Luxembourg ou se tenait le Conseil municipal de Paris, l'Hôtel de Ville ayant été incendié pendant la Commune
Clémenceau avait peu de temps pour poser et les séances se passaient souvent en bavardages "J'avais tant de plaisir à causer avec Manet ! Il était si spirituel !"
Portrait non complètement terminé ce qui se voit dans la redingote et le visage aux traits un peu hésitants
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C'est un des rares portraits "dessinés" de Manet
Clémenceau est là, devant nous, décidé, volontaire, autoritaire, prêt à faire front
En 1880 il était député de Montmartre
Il avait alors 39 ans
Manet a eu des difficultés à faire pose le modèle
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Charles Ephrusi avait acheté à Monet le tableau "Botte d'asperges" pour
1.000 francs alors que Manet n'en demandait que 800
Il peignit et envoya cette asperge à Ephrusi avec ce mot " Il en manquait une à votre botte "
S'il n'était pas un grand dessinateur, Manet était un "toucheur" de première force
Les tons froids du fond bleuté s'opposent aux tons chauds de l'asperge, aux verts et aux violets de la pointe
Le plan de la table occupe toute la hauteur de l'espace disponible
Raffinement de la palette chromatique
Variation ton sur ton : la matière de la table évoque la teinte ivoire de l'asperge et les veinures de marbre reprennent subtilement le violet, le rose et le vert de la pointe de l'asperge
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Le repos obligatoire contraint Manet à réduire les grandes compositions pour revenir aux natures mortes de petites dimensions
Avec ce Citron, Manet rend hommage à la peinture hollandaise dont il s'inspira fortement
Cette étude trouve sa justification dans la phrase de défi de son ami Alfred Stevens "Tout peintre qui ne sait pas enlever un citron sur une assiette du Japon n'est pas un coloriste délicat"
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Henri Rochefort, fondateur du journal La Lanterne, avait été déporté en Nouvelle Calédonie pour avoir pris position en faveur de la Commune en 1873
Il s'échappa dans la nuit du 19 au 20 mars 1874, avec cinq autres
Manet représente les six hommes dans l'embarcation avec laquelle ils tentent de gagner
un trois-
Rentré en France en 1880 et amnistié il créa l'Intransigeant dans lequel il attaquait la politique coloniale de Jules Ferry
Manet a rencontré Rochefort dans le Salon de Nina de Callias et par l'intermédiaire du peintre Marcel Desboutin
En fait l'évasion eut lieu de nuit et le navire qui les recueillit se trouvait dans les eaux calme du port
En montrant la pleine mer Manet voulait exprimer la précarité du sort des évadés
Manet a fait porter dans son jardin une embarcation
S'il peut encore travailler, il est malade quand il réalise ce tableau
Intellectuel libéral, Rochefort est devenu célèbre sous le Second Empire par la pugnacité mordante de ses pamphlets contre Napoléon III
Manet a romancé l'évènement de l'évasion pour le charger d'héroïsme spectaculaire : Rochefort n'avait pas tenu le gouvernail de la baleinière
La petite embarcation de bois est au centre de la toile, totalement entourée d'eaux tumultueuses qui occupent tout l'espace interrompu seulement par une ligne d'horizon qui montre un ciel nocturne et deux embarcations lointaines
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Fatigué, Manet se consacre de plus en plus souvent à l'exécution au pastel de portraits féminins
L'artiste demandait à ses amies de revêtir leurs tenues les plus élégantes, souvent couronnées par de grands chapeaux
Irma Brunner est figurée de profil, pose qui met en relief la régularité de ses traits évoquant les dames de la Renaissance italienne
La masse noire du chapeau et des cheveux fait ressortir la blancheur de la partie avant du visage
Pour équilibrer ce noir Manet oppose le rose du vêtement moulant qui modèle les formes du corps de la jeune femme
Le fond neutre d'un gris lumineux complète l'harmonie chromatique, rehaussée par le vermillon des lèvres
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Mery Laurent (Anne Rose Louviot de son vrai nom) était l'égérie de Mallarmé et deviendra l'un des modèles d'Odette de Crécy dans La Recherche de Proust
Elle était une amie attentive de Manet
Elle avait posé pour ce tableau qui devait s'appeler l'Automne à cause de la pelisse qu'elle possédait, pelisse qui avait charmé Manet
Mery est représentée de trois quarts en contre-
La couleur foncée de la pelisse contraste avec le bleu brillant et lumineux du fond, ponctué de petites fleurs aux tons vifs
Mery, âgée de 32 ans, était célèbre pour le rose délicat de sa carnation, célébré
par Mallarmé dans un quatrain qu'elle avait fait graver au-
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En peignant ce tableau, Manet dut en raison de l'aggravation de son état de santé interrompre les séances
Il utilisait les pauses pour réfléchir à ce qui apparaissait progressivement sur sa toile
Un témoin a écrit "Manet peignait en regardant le modèle, pourtant il ne copiait pas du tout la nature; je me rendais compte de ses extraordinaires simplifications ... les tons étaient plus clairs, ... les couleurs plus vives"
Le modèle, l'anglaise Suzon, est une véritable serveuse des Folies-
Elle est représentée derrière le comptoir d'un des bars situé au second étage de l'établissement
Le regard dans le vide semble tourner vers l'homme qui est devant elle mais dont nous ne voyons que le reflet dans le miroir
Sur le comptoir de marbre quelques bouteilles de champagne et de bière soulignent la diversité d'appartenance sociale des habitués de l'établissement
A droite un compotier débordant de mandarines et un verre avec des fleurs
Le grand miroir reflète le spectacle qui se déroule dans la salle
On voit en haut à gauche les jambes d'une trapéziste suspendue à une balançoire
La femme en blanc à gauche est Mery Laurent
Le miroir reflète le "désir", véritable protagoniste du tableau
Le spectateur placé devant le tableau finit par s'identifier avec le mystérieux "homme du miroir"
Dans la coupe de fruits Manet à lâché le citron pour la mandarine
Manet a passé au cou de la fille le collier de velours qu'il affectionne
Dans le grand miroir au cadre doré qui se trouve derrière la serveuse se reflète la foule assise dans la galerie circulaire sous le grand lustre
Anomalie dans les reflets représentés : la serveuse que nous voyons de face et en
léger retrait semble dans le miroir très proche de l'homme en haut-
Manet nous donne une image caractéristique d'une scène de la vie urbaine
On retrouve dans cette toile de nombreux éléments caractéristiques de l'évolution du peintre :
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Manet crée un dialogue entre celui qui regarde et celui qui est regardé
Le client au huit-
Pour Manet la réalité n'est pas ce qui est visible : la jeune fille qui paraît attentive quand on la regarde de dos est en réalité absente
Les Folies-
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Fatigué, Manet se résout à prendre du repos et s'installe à Rueil dans une villa avec jardin
Mais il se sent "en pénitence" loin de Paris
Il occupe ses journées à peindre le jardin
Suzanne cueillait les fleurs car lui-
Un médecin lui prescrivit du seigle ergoté mais le remède se révéla pire que le mal
Manet fit son testament, désignant Théodore Duret comme exécuteur testamentaire
Il était inquiet de voir se disperser l'ensemble de ses oeuvres
"Je ne veux pas pénétrer dans les musées par morceaux. J'y veux arriver tout entier ou pas"
Le peintre qui rend de manière charmante la maison de style restauration n'aimait pas la campagne
Pour lui elle n'avait "de charme que pour ceux qui ne sont pas forcés d'y rester"
Assis à l'ombre d'un arbre il peint la façade de la maison qui donne sur le jardin
Aucun personnage même si le banc et la fenêtre ouverte laissent supposer que la demeure est habitée
Oeuvre de facture impressionniste exécutée par touches très variées et avec un fort contraste lumineux
Schéma de composition clairement définit par les horizontales de la maison et la verticale de l'arbre
Au cours des mois suivants Manet ne pourra guère plus peindre que des fleurs
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Dans un vase de verre à pied carré Manet a peint un petit bouquet de fleurs toutes simples de jardin
Il a planté telles quelles dans le vase les tiges liées sans aucun souci d'arrangement et de mise en scène en faisant valoir le rose des oeillets de chine sur un fond gris bleu
L'harmonie subtile est tonifiée par la clématite violette
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Ne pouvant se mouvoir il peint ce qu'on peut lui apporter sur sa table dans la salle à manger
Un mieux lui ayant permis de rentrer à Paris c'est rue d'Amsterdam qu'il peignit ce tableau
Mery Laurent, son ancien modèle, venait lui apporter des fleurs
Bouquet de fraîcheur, on dirait que la peinture a été faite à l'instant
Dans le vase les reflets captent toute la lumière brillante
Le lilas en s'étalant semble dessiner la forme du crucifix
Ce sont les dernières touches de Manet
Le 20 avril 1883 il subit une opération de la jambe gauche
Il meurt le 30 avril 1883
EDOUARD MANET 2/2