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SANS  TITRE


La tendance de Kandinsky à délaisser les formes expressives au profit d’éléments géométriques s’accentue dans les aquarelles des années 1922-1923

L’emploi de plus en plus fréquent de la règle donne des lignes plus droites et plus incisives

Cette aquarelle est une œuvre dénuée de toute référence à l’objet. Se mêlent une forme ovoïdale d’un noir profond, une lignes serpentine et des lignes droites qui s’entrecoupent

Construite sur des éléments directionnels multiples et opposés cette œuvre de petit format annonce la géométrisation croissante qui caractérise les tableaux de la période du Bauhaus (1922-1933)





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SUR  BLANC  II


Toile peinte vers la fin de sa première année à Weimar

Kandinsky peint un croisement de diagonales en accentuant les angles

Trois lignes droites épaisses soulignent la diagonale aigüe dirigée vers l’angle inférieur droit

Sous l’impact de forces centrifuges les formes géométriques aux angles aigus volent en éclat. Ce mouvement est assorti à droite par une forme en demi-cercle, portant un des échiquiers, qui se retourne vers le centre

Tout est tracé au tire-ligne sauf une triple ligne fine en haut à gauche et les formes courbes tachetées en bas

Cette œuvre avec ses aplats nets, avec ses formes triangulaires et trapézoïdales suspendues sur un fond blanc, avec ses éclats qui s’éloignent du centre est proche des œuvres de Malevitch entre 1915 et 1919






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ORANGE


Lithographie en couleurs

Kandinsky avait une  pension ardente pour son métier de graveur

Kandinsky « La lithographie est l’invention la plus récente dans le domaine de l’art graphique. Elle offre une souplesse et une liberté incomparables dans l’exécution

Le support presque indestructible d’une part, la rapidité de production d’autre part, correspondent parfaitement à la mentalité de notre époque

La souplesse pendant le travail sur la pierre, la facilité de la mise en couleurs, … les possibilités presque illimitées de correction, surtout la possibilité d’effacer les fautes, … cette technique correspond au plus haut degré à la nécessité actuelle »

Il appréciait le caractére démocratique de la lithographie

Entre 1922 et 1923 Kandinsky réalise de nombreuses gravures et lithographies qui expriment une nouvelle volonté de codification d’éléments formels

On retrouve le grand triangle noir, l’échiquier, la courbe semi-circulaire interrompue par une ligne transversale et la grande surface colorée servant de fond aux éléments graphiques

La netteté géométrique des formes est mise en valeur par le fond clair

Le procédé lithographique rend avec précision l’effet de semi-transparence des éléments superposés






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COMPOSITION  VIII


Le vocabulaire géométrique est réduit à quelques éléments relativement peu nombreux comme des cercles, des angles, des rectangles et des lignes

Les images ne sont pas soumises aux règles de la logique. Les éléments ne se « répondent » pas les uns aux autres. On ne voit pas de continuité organique

Les couleurs sont peu nombreuses : bleu, noir, rouge, jaune

Mais les tonalités sont différentes et aucune couleur n’est semblable à une autre

Les formes géométriques  apparaissent comme des phénomènes à part entière

Les éléments du tableau peuvent ête comparés à ceux de la physique nucléaire qui ne fait pas non plus partie du monde objectif

Niels Bohr « Nous ne devons pas oublier que le langage de la physique nucléaire ne peut ête utilisé que de la manière dont il est employé en poésie où le but n’est pas de décrire avec précision des faits donnés, mais de créer plutôt des images et d’inspirer des pensées dans l’esprit de l’auditeur »

Dans Composition VIII Kandinsky reprend plusieurs thèmes présents dans ses gravures. Kandinsky considérait cette œuvre comme le point culminant de son art dans les années d’après-guerre

Nombreux éléments graphiques linéaires et semi-circulaires

Les délicates nuances jaunes et bleutées sur le fond blanc s’harmonisent  avec les différentes colorations des petits éléments disséminés dans la composition

La forme dominante est le grand cercle noir au noyau violet dans la partie gauche de la toile

L’auréole rosée qui l’entoure fait la transition entre la forme circulaire et le fond blanc

Le petit cercle rouge derrière le grand anneau noir semble pousser ce dernier vers l’avant en direction du spectateur

Le centre violet provoque l’effet inverse, ancrant la forme dans le fond

Ce rapport visuel obtenu grâce aux points de couleur circulaires constitue une sorte de contrepoint à l’armature linéaire de la composition à laquelle il confère de l’uniformité

Ayant quitté la Russie pour s’établir à Berlin en 1921, Kandinsky va enseigner au Bauhaus entre 1922 et 1933, d’abord à Weimar puis à Dessau et enfin à Berlin où l’école sera fermée sous la pression des nazis

Durant la période du Bauhaus Kandinsky combine ses tâches pédagogiques, sa pratique artistique et son travail d’écriture

Dominée par des éléments géométriques et abstraits et par des lignes noires, cette œuvre structurée est un des moments forts de sa période d’après la 1ère guerre mondiale

Les formes triangulaires (qui pourraient évoquer des montagnes) sont un procédé formel destiné à apporter harmonie et sérénité à la composition

La composition est parsemée de cercles flottants colorés. Le cercle combine le concentrique et l’excentrique dans une forme unique et en équilibre

Le cercle a remplacé le cheval comme motif favori de l’artiste. Il prendra plus d’importance encore dans sa production ultérieure



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DANS  LE  CARRE  NOIR


Professeur au Bauhaus, Kandinsky côtoie Paul Klee qui enseigne la théorie de la forme picturale et approfondit ses recherches sur les moyens formels d’expression

Il a pris ses distances avec ses collègues russes qui s’opposent à ses idées intuitives. Il ne retournera jamais plus en Russie

Le Bauhaus avec les multiples disciplines qui y sont enseignées lui offre un environnement idéal. Il porte un intérêt profond à l’idée de Gesamtkunstwerk de Richard Wagner, notion d’œuvre d’art totale mêlant la peinture, la musique, la danse et le théâtre

Dans le Carré noir il réunit des influences russes : le trapézoïde blanc rappelle Malevitch et des éléments graphiques qui continuent d’évoquer des images de paysages

Pour les suprématistes le trapézoïde est un motif de prédilection

Cette forme sans bords parallèles ni angles droits et qui se présente comme une surface rectangulaire considérée depuis un point de vue particulier était utilisée depuis le début des années 1910 par Malevitch

Kandinsky reprend ce motif sous la forme d’une surface blanche qu’il insère dans un carré noir

A l’intérieur du trapèze on retrouve des éléments géométriques : le triangle, le cercle, le demi-cercle, et des lignes droites ou courbes

Sur un fond blanc tamisé de nuances bleutées et rosées, les surfaces cernées ou non sont traitées avec une grande délicatesse par aplats ou par mouchetage

Ces procédés picturaux mettent cette œuvre en opposition avec les compositions picturales très sévères des Suprématistes






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ANGLES  ACCENTUES


Cette composition s’inscrit dans un carré parfait et s’organise autour de deux masses diagonales dont le croisement accentue les angles de la surface

Les formes géométriques associées, triangles, quadrilatères, cercles, demi-cercles, lignes droites, participent à l’équilibre général de la construction

A droite une triple ligne ondulée soutient poissons et bateaux

Une forme centrifuge crée un mouvement amorti par la présence de cercles et de demi-cercles

Le fond blanc est un lieu neutre sur lequel explosent les surfaces colorées







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DANS  LE  CERCLE   NOIR


Au milieu des années 1920 le cercle va devenir omniprésent dans les tableaux de Kandinsky jusqu’à devenir pour certains le motif principal

Kandinsky «  Le cercle constitue une liaison avec le cosmique … Le cercle me captive car il est :

- La forme la plus modeste mais qui s’impose sans scrupule

- Précis et inépuisablement variable

- Stable et instable en même temps

- Silencieux et sonore en même temps

- Une tension qui porte en elle d’innombrables tensions

Les formes colorées sont incluses au cercle qui s’inscrit lui-même dans un carré parfait

En soulignant plus fortement sur la gauche la bordure noire, le peintre évite l’effet décoratif qui guette parfois les œuvres en cercle







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REGARD  SUR  LE  PASSE  -  RUCKBLICK


Kandinsky réalisa « Regard sur le passé », œuvre romantique, en vertu de son intérêt pour le passé car il voulait que sa femme Nina puisse imaginer un tablea qu’il aimait particulièrement « Kleine Freuden » (Petites joies) exécuté en 1913

En 1917 il avait déjà conçu une version sur le même sujet intitulée L’Arc bleu

Des différences majeures avec le tableau de 1913 : tumulte émotionnel et couleurs chaudes d’une part, froideur et réserve d’autre part. Ce jeu de similarités et de contrastes est un trait caractéristique de l’art de Kandinsky

Ce tableau doit être également rapproché de « Improvisation XXI ». Certains motifs sont identiques comme la montagne couronnée d’un Kremlin où interviennet les Petites joies

Le thème du bateau figure dans les deux tableaux : dans le coin gauche inférieur on peut identifier un bateau avec des rames et un voilier à droite de la montagne représente une nouvelle sorte de plaisir nautique

Les deux versions sont de nature gaie. L’élément légèrement menaçant est placé dans le coin supérieur droit de chacune des deux versions








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JAUNE  -  ROUGE  -  BLEU


La première phase du Bauhaus, celle de Weimar s’achève  le 1er avril 1925. Trois mois plus tard les maîtres s’installent à Dessau dans des logements provisoires

En novembre 1925 Kandinky termine la rédaction de « Point-Ligne-Plan »

Cette toile est composée autour de deux centres d’un poids très inégal qui s’inscrivent sur un fond blanc, légèrement voilé de bleu ciel, violet et vert-jaune

La partie gauche où le jaune domine est claire, rayonnante dans son graphisme agressif

Les éléments de la partie droite, suivant une ligne oblique montante, déploient leur poids sombre

Le chevauchement des formes dominé par un grand cercle bleu, produit un effet dramatique souligné par une ligne courbe épaisse

Le bleu s’inscrit sur cette toile dans un cercle parfait quelque peu perturbé par une agglomération de formes plus libres qui occupent la partie médiane de la surface où sourd un rouge indistinct, hésitant

Opposition du jaune et du bleu

Selon Kandinsky les couleurs en peinture doivent être limitées aux trois couleurs primaires et aux trois non-couleurs : blanc, noir et gris sans mélange ni surperposition

Cette toile témoigne des travaux que réalise Kandinky en 1925 en étudiant les  rapports entre les couleurs primaires

« Gelb, rot, blau » est le tableau le plus important de l’époque du Bauhaus

Le titre énonce la thématique des couleurs fondamentales qui constituait un élément majeur de ses cours au Bauhaus, c'est-à-dire l’analyse des trois couleurs fondamentales jaune,  rouge et bleue ainsi que leur correspondance avec les grandes formes fondamentales géométrique que sont le triangle, le carré et le cercle

La grande surface jaune à gauche est ramenée à une forme triangulaire ouverte par la mise en diagonale d’une ligne noire

En partant du centre de l’image vers la droite le rouge constitue la couleur principale de deux éléments rectangualaires qui se croisent

Le grand cercle bleu-violet,  par un mouvement ascendant, ferme la composition dans l’angle supérieur droit

Les éléments principaux sont accompagnés d’une multitude d’autres formes comme de petites structures en damiers et des lignes noires

Les couleurs primaires sont complétées par leurs couleurs secondaires : le vert, l’orange et le violet

Des bruns profonds dans la partie jaune de l’image

Dans le champ jaune on pourrait songer à un profil humain du fait de la structure des lignes et des cercles

L’entrelac des formes rouges et bleues avec la diagonale noire rappelle l’ancienne thématique du combat de Saint Georges ave le dragon






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PETIT  REVE  EN  ROUGE  -  KLEINER  TRAUM  IN  ROT


Ce petit tableau intime fut offert par Kandinsky à sa femme

Kandinsky « Le cercle que j’utilise si fréquemment ne peut être autrement défini qu’en le qualifiant de romantique. Et le romantisme futur sera sûrement profond, beau, plein de sens, de bonheur »

Kandinsky avait une prédilection pour ce petit tablea qui fut le seul illustrant son  livre « Point-ligne-plan » en 1926







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DANS  LE  BLEU


Kandinsky étudie l’effet uniformément créé par un fond de caractère intense

Tandis que le bleu tend visuellement à reculer, le grand cercle rouge au centre du tableau se projette vers le spectateur comme s’il était en relief

La composition entière est organisée sur un système de semi-transparences employé pour suggérer la dislocation des formes dans l’espace, comme si ce dernier avait de la profondeur

La luminosité différente des éléments et la pluralité des tons générée par les multiples combinaisons de superpositions contribuent à donner une forte impression de dynamisme

L’impression de dynamisme est accentuée par le choix d’une tonalité froide et uniforme pour le rond

Kandinsky donne à son tableau un caractère « dramatique » grâce à la diagonale du grand triangle noir

Le mouvement de cette forme vers le bas à droite et équilibré par de nombreux éléments aux nuances jaunes dirigés vers le haut

Kandinsky constate que la vocation du bleu à la profondeur est si forte qu’elle devient d’autant plus intense que ses tonalités sont profondes « Plus le bleu est profond, plus il évoque l’idée d’infini, suscitant la nostalgie de la pureté et du surnaturel »

En bas à droite une vache passe devant le moulin à vent

Si Kandinsky insiste sur la nécessité de refuser tout repère naturaliste il démontre ici à quel point l’importance donnée au rapport entre les formes et les couleurs peut rendre difficile la lectue du sujet le plus prosaïque au point de le rendre presque invisible







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SILENCE  BRUN


Certains ont vu dans l’oeuve de Kandinsky la représentation d’une image du monde purement mathématique

Kandinsky « Pourquoi une peinture où se reconnaissent des formes géométriques est-elle dite géométrique, alors qu’une peinture où se reconnaissent des formes végétales n’est pas dite botanique ? »

Kandinsky « A mon avis une limite dite géométrique laisse à la couleur une possibilité plus grande de provoquer une vibration pure que les limites d’un objet quelconque qui parle toujours plus fortement en provoquant une vibration propre à lui (cheval, oie, nuage, …)

Silence brun est construit à partir de formes géométriques simples qui se juxtaposent

La multitude des éléments et la vibration puissante du fond brun libèrent le tableau de tout schématisme







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A  NINA  POUR  NOEL


Le vocabulaire formel de ce tableau est limité à un nombre d’éléments réduits : treize cercles, deux triangles, cinq rectgangles longs comme des règles et deux croissants

Peu de couleurs : des tons de vert, de bleu et de jaune et des traces de rouge

Les deux structures principales paraissent dotées d’une solidité inhabituelle, presque aussi tangible que des objets réels

Ils font penser à des accessoires émaillés servant à un culte religieux, en particulier celui de droite qui par sa forme de double croix orné d’un disque solaire au centre rappelle un ostensoir

L’émail opaque apparaît rehaussé  par une translucidité de nature totalement incorporelle

La magie de ce petit tableau lumineux est accentuée par les cercles suspendus au-dessus d’un noir profond

Kandinsky songeait peut-être à deux aspects de Noël lorqu’il offrit ce tableau à  Nina

La croix est une allusion au sens spirituel

Les joyeuses boules qui se balance autour d’une forme verticale forment l’image abstraite du côté joyeux de Noël

Le titre du tableau n’exclut pas cette interprétation








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QUELQUES  CERCLES


Au cours des années 1920 Kandinsky commence à épurer ses compositions. Il peint plusieurs oeuves caractérisées par un petit nombre d’éléments mais chargées d’une forte intensité émotionnelle

Dans son essai « Point et ligne sur plan » il parle de réduire la composition à un seul élément originel et il se demande s’il suffit d’un point pour créer une œuvre. Le point au centre d’un cercle dans un carré est l’image la plus simple qui lui vient à l’esprit

Dans ce tableau Kandinsky multiplie et varie les dimensions des cercles

« Le cercle ne peut parfois être appelé autrement que romantique … il est rempli de contenu, porteur de bonheur, c’est comme un bloc de glace dans lequel brûle une flamme »

Le cercle est pour Kandinsky la synthèse des contrastes : il réunit les tensions centrifuges et centripèdes et les retient dans un état d’équilibre

Le cercle dans sa concision et son autonomie se situe ente le réel et le rien, il est le « seul lien entre le silence et la parole »

Kandinsky utilise un fond noir dramatique pour faire briller une constellation de cercles colorés. La structure du grand cercle dans lequel est inséré un énorme point noir en position excentrique sert de pôle d’attraction à de nombreux autres cercles de couleur

Le point noir paraît se détacher du fond bleu, instaurant un dialogue avec l’ensemble de la composition

Le regard du spectateur s’arrête sur l’alternance instable entre l’espace proche et lointain, créé par le jeu des couleurs qui semblent scintiller dans le noir

Les formes sont situées pour la plupart dans le triangle supérieur gauche de la toile, le long de la diagonale, mais cela ne crée pourtant pas de déséquilibre, car le point noir emprisonné dans le cercle bleu ne peut poursuivre sa dérive vers le haut

Le contour blanc qui fait ressortir le cercle bleu souligne cette impression de frein

Les autres cercles servent de contrepoint en amorçant un mouvement descendant, si bien que la toile provoque une sensation d’équilibre et de tranquilité

Ce mélange de formes géométriques est une œuvre remplie de constellations multicolores qui nous parle d’un ordre cosmique harmonieux

Dans son ouvrage « Point et ligne sur plan », paru en 1926 Kandinsky analyse les éléments géométriques de la peinture et exprime son intérêt pour les phénomènes scientifiques

Kandinsky aime associer les couleurs à des formes géométriques, comme le jaune au triangle, le rouge au carré et le bleu au cercle

Kandinsky dit du cercle qu’il est :

- La forme la plus modeste mais qui s’impose sans scrupule

- Précis mais inépuisablement variable

- Stable et instable en même temps

Kandinsky se sert du cercle comme d’un procédé formel, une forme parfaite capable d’engendrer des structures et des possibilités spatiales infinies et permettant le croisement de plans aux tons vifs et aux couleurs transparentes

Il utilise souvent le cercle dans ses toiles de la fin des années 1920 et des années 1930






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ETUDE  POUR  « PETITS  MONDES  IV »


Dans cette aquarelle les couleurs se réduisent essentiellement au jaune, rouge, bleu et au noir

Kandinsky se sert de motifs d’échiquier, de faisceaux de lignes et de poutres parallèles qui témoignent de l’évolution de son style vers une géométrisation plus sévère

Kandinsky tente d’établir une sorte de grammaire des formes picturales

Pour Kandinsky ce « microcosme » autonome est un organisme, un être vivant





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TRAME  NOIRE


Le retour de Kandinsky en Allemagne, d’abord à Berlin, de déroula dans des conditions difficiles. La scène artistique berlinoise était dominée par des courants artistiques en opposition à la peinture abstraite (l’Expressionnisme et le mouvement Dada)

En mars 1922 Kandinsky rencontre à Berlin le directeur du Bauhaus de Weimar, Walter Gropius, qui lui propose un poste d’enseignant dans une institution fondée en 1919 et considérée comme révolutionnaire. Parmi les professeurs figure Paul Klee

Le Bauhaus se propose de fusionner différents domaines artistiques dépassant ainsi le cloisonnement en vigueur dans les écoles traditionnelles

« Trame noire » est l’un des cinq tableaux peints par Kandinsky lors de son séjour à Weimar.

Au centre la trame noire sur fond blanc au quadrillage dissymétrique renvoie au motif de l’échiquier

Autour de ce motif central gravitent des formes dans lesquelles on peut reconnaître des poissons, des bateaux flottant sur l’eau à gauche, un ensemble de taches de couleur nimbées de lumière ainsi que des éléments purement géométriques

La matière picturale est déposée sois en aplats francs (jaune, rouge, carmin, bleu, noir et blanc), soit dans un dégradé de nuances subtiles et délicates qui confèrent à l’œuvre une certaine légèreté

La profondeur de l’espace se lit dans la  superposition des différents plans colorés

Ce tableau fut exposé en 1923 lors de l’exposition du Bauhaus à Weimar



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UN  CENTRE


Le cercle noir devient le centre chaud du tableau, placé au milieu de tons froids

L’oeuve est comme un tourbillon d’éléments de nature hétérogène

Entraînées par une puissante force centrifuge, les formes sont comme rejetées vers les bords du tableau

La forme circulaire est reliée à la ligne sinueuse  qui est la trace du point en mouvement

Kandinsky renforce l’expression du tableau en posant sur la toile des plages floconneuse à côté de plages lisses

S’interpénétrant les formes se détachent avec froideur sur le fond de la toile qui à certains endroits apparaît comme brumeuse









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CERCLE  BLEU  N° 2


Pour Kandinsky le cercle est l’immanence de tout ce qui existe, le symbole du cosmos

Il représente le mouvement circulaire de la vie

Kandinsky associe le cercle au bleu, « couleur typiquement céleste » qui « développe très profondément l’élément du calme » et « attire l’homme vers l’infini et éveille en lui la nostalgie du Pur et de l’ultime suprasensible »

L’auréole flamboyante du cercle cerné de noir présente un dégradé subtil allant du rouge au rose clair moucheté de blanc








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TROIS  SONS


Kandinsky utilise constamment dans ses écrits le terme de « son », métaphore musicale qui lui sert à indiquer la tension de la forme et les effets tant visuels qu’émotionnels qu’elle génère

Pour Kandinsky le contenu d’une œuvre picturale ne se situe pas dans les formes extérieures mais dans les « forces-tensions » qui vivent dans ces formes

Le tableau est construit sur des rapports formels et chromatiques d’une complexité raffinée

Le titre ferait référence aux trois triangles centraux. Toute la peinture est organisée sur la relation d’éléments présentés en triades

Les trois flèches et les trois triangles jaunes, à gauche, forment une sorte d’écho au motif triangulaire central

Le motif central affiche les trois couleus primaires

Les pointes des flèches et les triangles plus petits montrent une gamme de couleurs dérivées comme l’orange, le brun et le vert olive

Partant de l’angle supérieur gauche, l’œil de l’observateur suit le faisceau de lumière jaune qui frappe la surface blanche en se dédoublant dans une sorte de prisme. Il se dirige ensuite vers le bas, le long de la grande flèche, avant de se déplacer vers la droite, attiré par l’intensification des tonalités chaudes du quadrilatère jaune et par la progression vers le bleu des triangles aux tons rougeâtres

Enfin arrivé au sommet des petits triangles superposés, l’œil remonte vers la droite pour se fixer sur l’intersection entre le cercle rouge et la surface jaune, qui est le point vers lequel convergent également les trois triangles du centre. Cette convergence est soulignée par les lignes courbes qui l’embrassent latéralement. Le fait que tous les éléments aboutissent à ce point unique génère une sensation d’harmonie



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FERMEMENT  ENTOURE


Kandinsky « J’aime aujourd’hui le cercle comme autrefois j’ai par exemple aimé le cheval … Peut-ête davantage encore … J’ai dans mes tableaux beaucoup raconté sur le cercle mais en dépit de tous mes efforts je ne puis en dire que fort peu de choses »

La rigueur du dessin exécuté au compas est compensée par le dégradé subtil du fond

Kandinsky « Lorsqu’il s’éclaircit ou fonce, le vert garde son caractére original d’indifférence et de calme … Musicalement, je serais tenté de comparer le vert absolu aux tons calmes, amples et de gravité moyenne du violon »




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En 1926, pour son 60ème anniversaire qu’il fête au Bauhaus de Dessau, Kandinsky a droit aux honneurs. Le premier numéro de la revue Bauhaus lui est consacré

Mais un critique, Einstein, affirme que la peinture n’est pour Kandinsky qu’un moyen d’isolement intellectuel, qu’il ne crée que par rapport à lui-même et qu’il rend impossible toute communication. Ces critiques ne surprennent pas Kandinsky qui continuent à peindre des tableaux dans lesquels le cercle joue un rôle primordial

Dans Calme le cercle est en  confrontation directe avec le triangle qui l’interpénètre

Le cercle rose au contour flou rappelle une fleur avec des tiges

Le cercle bleu avec son point rouge est défini avec rigueur mais sa géométrie est « paralysée » par la variété des nuances et la facture laiteuse du fond gris-vert




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KANDINSKY

TABLEAUX  DE  1922  A  1926

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