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L’ARC  BLEU  (CRETE)


De 1915 à 1917 Kandinsky est en proie à des incertitudes personnelles et à de longues errances stériles.

L’artiste oscille entre le réalisme et l’abstraction

Il peint de petits paysages urbains comme au début des années 1900 et des compositions abstraites comme cette toile

On y retrouve le thème de la ville sur le mont mais l’image est dissoute en un fouillis de formes éclatées

Prises dans un lent mais puissant mouvement tourbillonnant les formes sont comme rejetées vers l’extérieur

L’arc bleu au-dessus de la ville pourrait être la marque du malaise de l’artiste face aux bouleversements politiques et idéologiques qui secouent alors la Russie






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OBSCURCI


Ce tableau illustre la période que Kandinsky qualifie de dramatique « C’est dans le trouble que les choses se tiennent. Et tout commence par là … »

Le peintre accumule sur la toile une multitude de formes individuelles qui se déplacent en rotation ou en suspension

On peut reconnaître des représentations schématiques du soleil en haut à gauche, des visages dans la tache rouge du centre ( ?) et un canot avec des rames en bas à gauche ( ?)






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SAINT  GEORGES  IV


La guerre éclate en août 1914

Kandinsky, sujet du tsar, est contraint de quitter immédiatement le territoire allemand

Il se réfugie en Suisse avec Gabrielle Münter et commence la rédaction de « Point et ligne sur plan » publié en 1926

Le 20 novembre 1914 il regagne seul son pays via Odessa et s’installe en décembre à Moscou

L’image de Saint Georges le Victorieux incarne pour Kandinsky le combat entre les forces du Bien et du Mal

Le peintre représente le saint au moment de son combat avec le dragon

A droite la princesse enchaînée qui doit être livrée à la bête monstrueuse

Style naïf qui rappelle les « dessins coloriés » que Kandinsky peignait à ses débuts

Toute la période russe (1914-1921) oscillera entre le réalisme et l’abstraction







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AU  SUD


Le 11 février 1917 Kandinsky épouse Nina Andreevskya de 28 ans sa cadette

« Nous tombâmes amoureux l’un de l’autre au premier regard et nous ne nous sommes de ce fait jamais séparés un seul jour »

Voyage de noce en Finlande puis l’été à Moscou. Leur fils Vsevdod naît en septembre mais décède à trois ans en 1920

Kandinsky se voit confisqués tous ses biens et doit vivre uniquement de la vente de ses tableaux. Mais la Révolution offrit aux créateurs de grandes possibilités

Après s’être consacré au dessin, à l’aquarelle et à de petites œuvres Kandinsky revient à la peinture

Au Sud reflète des impressions de voyages dans la région de la Mer Noire, à Odessa et en Crimée en 1915 et 1916

Les lignes tantôt brisées, tantôt serpentines évoquent des vagues dans lesquelles les formes abstraites se meuvent comme des poissons   






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Beaucoup de peintures de 1919/1920 ont disparu

En juillet 1919 après un an et demi d’interruption Kandinsky a recommencé à travailler

Tableau troublant dans son exubérance, né sans doute dans un état de recherche

Il combine un paysage abstrait de collines accumulées, de formes allongées qui flottent sur un fond complexe caractérisé par une teinte grise peu épaisse

On peut associer ce tableau à un paysage où les états solides, liquides et gazeux se combineraient

Paysages imbriqués les uns dans les autres avec leurs rameaux morts, leurs pics pointus, dessins sans haut ni bas qui tournent sur eux-mêmes

En haut à gauche une planète rouge avec un arc noir

Structure grouillante

Image composée de petits éléments vaguement biomorphes.

Kandinsky ajoute sur le fond de larges formes géométriques qui donnent de l’ordre et de la cohérene visuelle

Kandinsky « Cette toile (En gris) est la conclusion de ma période « dramatique » c'est-à-dire de l’accumulation dense de tant de formes

Cette oeuve russe de Kandinsky réunit un paysage abstrait de collines abruptes provenant de son époque munichoise et de formes à la géométrisation naissante

Ces formes amoncelées sont comme suspendues et tournent selon une inclinaison complexe alors que l’environnement est fourni par un arrière-plan gris constitué de touches légères

Le motif de la barque et du  rameur est devenu hiéroglyphique

Au centre des formes biomorphiques

Les grandes formes abstraites basées sur des formes plus petites confèrent au tableau une plus grande portée visuelle

Le pêle-mêle de ces formes s’interpénétrant est le dernier effort de Kandinsky à poursuivre la complexité riche et mystérieuse qu’il avait développée pendant ses dernières années munichoises

Kandinsky « Ce tableau se trouve être le point final de ma période « dramatique » c'est-à-dire du très épais amoncellement de formes si nombreuses

Kandinsky se consacrera davantage dans les époques ultérieures aux formes géométriques et à la consolidation de la surface






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Presque toutes les formes sont étroites et pointues, soulignées par un bord noir qui rappelle le tracé fin à l’encre de Chine

La dynamique est centrifuge : les éléments semblent glisser vers l’extérieur en suivant les trois pointes d’un triangle isocèle.

Les tons froids mettent en valeur le ruban de couleur rouge qui traverse la zone supérieure du tableau








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Motifs tourbillonnant autour d’un noyau central souligné par une forme graphique ovale cernée d’un large trait noir à l’intérieur de laquelle se trouvent de petites unités de couleurs différentes (vert, bleu, rouge et rose)

Composition tumultueuse qui semble n’avoir ni haut ni bas où les formes pleines de vie s’entremêlent et se juxtaposent

L’ovale blanc dans la partie supérieure droite « sonne comme un silence »

Il constitue un contraste avec les taches noires placées sur la mêmem diagonale en bas à gauche, à égale distance du centre

En juillet 1919 après une interruption de près d’un an et demi le peintre s’était remis à travailler







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COIN  VIOLET


Kandinsky a souvent formulé des correspondances entre les divers genres artistiques, convaincu qu’ « un art doit apprendre d’un autre comment il utilise ses moyens afin d’utiliser ensuites ses « propres » moyens »

La musique lui semble apporter le plus riche des enseignements car « elle est totalement émancipée de la nature »

Dans Coin Violet Kandinsky semble avoir joué avec son pinceau comme un chef d’orchestre le ferait avec sa baguette

L’espace est animé d’éléments colorés concentrés dans la partie gauche soulignés par des lignes très nerveuses

Au centre la courbe ondulée évoque la table d’un violoncelle

Le triangle renversé en haut à droite d’un violet profond apporte une sonorité profonde et une tension dramatique à l’ensemble de la composition







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A partir de1918 Kandinsky s’implique dans les nouvelles structures politiques

Il collabore à une des sections du « Commissariat du peuple à l’instruction »

Kandinsky dirige la section théâtre et cinéma. Il obtient une chaire de professeur aux ateliers nationaux libres

En 1919 il est chargé de l’organisation et de la direction de l’Institut de culture artistique à Moscou

Il est chargé de restructurer les musées existants et d’en créer de nouveaux dans les provinces russes

Entre 1919 et 1921, 22 musées voient le joursous sa responsabilité

Dans ce tableau les formes abstraites apparaissent sur un fond noir et ne sont plus de libres constellations mais sont contenues dans un espace délimité par une bordure rouge rehaussée de blanc et de bleu

Cette délimitation annonce les œuvres ultérieures dans lesquelles on verra apparaître un encadrement








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OVALE  BLANC


Au cours des années 1919-1920 les oeuves de Kandinsky sont caractérisées par une géométrisation croissante des formes et par l’apparition d’un cadre

Dans Ovale Blanc l’encadrement intervient comme un moyen de composition pour détacher le motif pictural intérieur et dissoudre la rigueur rectangulaire de la toile

L’ovale blanc au contour irrégulier est en suspension sur le fond noir

Un mouvement de rotation est suggéré par les éléments directionnels opposés dans le tableau

Les formes sont devenues plus pointues

Les triangles soulignent la diagonale très fréquente chez Kandinsky


La clé de l’oeuve réside dans l’opposition du blanc et du noir qui est « le symbole d’un monde où toutes les couleurs, en tant que propriétés matérielles et substances, auraient disparu »






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En 1920 le style de Kandinsky a évolué

Les couleurs ne sont plus aussi vives et éclatantes

Les formes commencent à se consolider en devenant des éléments plus tangibles

La passion est remplacée par la réserve et les idées apocalyptiques par un esprit géométrique et serein

Un rectangle suspendu dans un champ carré uni

Le motif d’un bateau avec une rame rappelle des motifs figurant dans des tableaux d’avant-guerre

Certains ont dit que Kandinsky s’était laissé influencer par Malevitch et les constructivistes

Mais Kandinsky a critiqué ces artistes qui cherchent «  des constructions calculées » et veulent supprimer le sentiment chez le spectateur pour le libérer de la psychologie bourgeoise et pour en faire « un homme de l’actualité »





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TRAITS  NOIRS


Cette œuvre est exposée à Moscou en 1920

Le contexte n’est plus aussi porteur. Il n’y a plus de collectionneurs. Le seul acheteur est l’Etat. Kandinsky n’est plus une  personnalité incontestée de la peinture

D’autres peintres exposent des œuvres plus propagandistes et condamnent à court terme la peinture de chevalet telle que la pratique encore Kandinsky

Ce tableau présente des gris et des taches de couleurs estompées, des formes organiques tout en courbes

C’est une oeuve charnière

Plus tard dominera le vocabulaire géométrique constructiviste







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SUR  LE  BLANC  1


Pour Kandinsky le blanc est « un néant d’avant le commencement, d’avant la naissance »

Des formes souples plus ou moins arrondies sont associées à des éléments purement géométriques tels des carrés disposés en damier







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CERCLE   MULTICOLORE


Après la guerre Kandinsky et Klee connurent une période de quiétude

Vers 1920 Picasso comme Kandinsky entrèrent dans une phase de froideur néo-classique qui par la transparence de la composition se retrouve dans ce tableau

Kandinsky commence la conquête de nouvelles valeurs formelles. Ce tableau représente « le rêve d’un monde dans lequel aucune loi psychologique ou mécanique ne semble valable »

Les  premiers tableaux abstraits de Kandinsky gardaient encore une sorte de structure spatiale

Le « nouvel espace » manque de tout élément tangible : il n’y a plus d’espace tridimensionnel. Devant un fond inexistant les formes géométriques présentent une vie qui leur est propre

Pour créer ce nouvel espace Kandkinsky emploie une méthode spéciale du traitement du support

Il n’utilise pas le blanc d’origine de la toile mais la recouve de coups de pinceau, la transformant ainsi en une surface blanche qui respire








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TACHE  ROUGE  2


Kandinsky abandonne totalement la métaphore du paysage

Cette toile de grande taille (rare durant sa période moscovite) est composée d’éléments réduits au maximum

Cette toile reprend la grande surface trilobée qui se situe sur le côté droit de « En gris » pour en faire le centre moteur de la composition

Le titre fait allusion à « Tableau avec tache rouge » dans laquelle il avait utilisé l’arc reliant les différentes taches de couleur

L’arc devient ici un élément autonome dont le rapport avec les autres figures est défini par les changements chromatiques des parties superposées

L’important est la structure géométrique du fond, basée sur le contraste entre la surface quadrangulaire uniforme sur laquelle se détachent les figures colorées au centre et les angles variés qui l’entourent

L’idée d’une structure géométrique uniformisante placée directement sous les éléments  les plus petits dérive du recours progressif de l’artiste à de larges formes colorées en arrière plan

Les angles du quadrilatère blanc sont extérieurs à la toile, suggérant une continuité de l’espace hors de la surfac

Ce tableau marque par le changement fondamental des formes expressives le commencement d’une nouvelle phase dans son œuvre

Sans le contact avec le constructivisme russe (Malevitch), la précision des surfaces, le caractère géométrique des éléments picturaux et la charge lissée des couleurs seraient incompréhensibles

La puissance expressive des tableaux d’avant la guerre a fait place à un froid schéma de composition, apparemment rationnel, de formes individuelles pures

Kandinsky a cependant toujours conservé ses distances avec l’art « mécanique » des constructivistes

Il utilise comme eux des formes géométriques comme des cercles, des triangles, des courbes et des lignes nettes, mais souvent en adoucissant leur délimitation et en utilisant des configurations irrégulières

Ce qui est frappant est le modelage de la grande tache rouge qui pulse tel un « cœur » légèrement décentré sur le trapèze blanc et ouvert devant un élément en forme de corne colorée à l’effet également plastique

Elle est soulignée par des courbes de couleur assez plates et par trois cercles supendus qui évoluent de façon autonome dans l’espace

Le petit point vert à l’extrémité gauche est le dernier témoin de ce que Kandinsky appelle « l’image originelle de l’expression picturale »








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Au centre du tableau une tache blanche au contour mal défini et sur laquelle se superpose par transparence une suite de triangles jaunes et une forme pointue bleue est frappée par un grand éclair jaune

Venant de la gauche une pointe noire extrêmement affilée et acérée vient effleurer une ligne courbe qui circonscrit un espace à l’intérieur duquel de nombreuses formes se juxtaposent

Un petit triangle isocèle noir s’appuie sur la partie inférieure de la ligne brisée et le sommet d’une forme bleutée

Les bandes  parallèles noires qui constituent un triangle dans le bas de la partie gauche du tableau établissent un mouvement vers le centre blanc de l’image

Les couleurs mouchetées contrastent avec la netteté des bandes parallèles

Des formes rigoureusement géométriques s’affrontent à des éléments non mathématiques







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Pour Kandinsky la couleur noire est « un silence éternel sans avenir ni espoir »

C’est la couleur qui manque le plus  totalement de sonorité sur laquelle toute autre couleur sonne plus forte et plus précise

Sur la large bande noire conique « qui tombe comme un rayon » sur un fond blanc-rose, les couleurs se détachent très fortement

Surgissant de la partie inférieure du tableau, trois bandes légèrememt courbes, bleu, verte et jaune forment comme le début d’un arc en ciel

Des cercles, demi-cercles et quart de cercles de couleur blanche se chevauchent tandis que des formes découpées en scie, des petites cornes entourées d’une nuée de points multicolores évoluent dans l’espace

La simplicité des formes, leur dynamisme puissant, le noir et le blanc annoncent le style géométrique de la période du Bauhaus (1922-1933)

Cette toile est l’une des dernières peintures que Kandinsky peint avant son départ pour l’Allemagne




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MAQUETTE  POUR  UNE  EXPOSITION


A partire de juin 1922 Kandinsky est enseignant au Bauhaus.

Décor mural exécuté en collaboration avec ses élèves

Cette réalisation est le premier travail collectif de l’atelier de peinture murale. L’objectif était depuis peu l’abandon de la peinture de chevalet au profit d’une peinture intégrée dans l’ensemble architectural

Un étudiant du Bauhaus « Le cours reposait sur des exercices pour la peinture murale à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments… Le travail pratique était complété par des discussions sur la nature de la couleur et se rapports avec la forme … Les idées de Kandinsky sur la psychologie des couleurs déclenchaient des discussions particulièrment vives »







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SIMPLE


Une sorte de calligraphie abstraite

Une pratique des dessins de Kandinsky permet de deviner dans zigzags de la partie droite des vestiges de crêtes de collines et dans les traits plus petits des vestiges d’arbustes desséchés

Peu de taches, peut de traits. La sobriété dans les moyens donne de la vivacité à cette toile

Kandinsky « La ligne se courbe, se casse, court dans toutes les directions et peut se transformer. Aucun outil ne va aussi vite qu’elle … Le plus léger frémissement d’émotion artistique se refléchira dans la ligne fine et inflexible »


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MOSCOU  1


Dans ce tableau les images semblent flotter autour du centre du tableau

L’élément déterminant est l’attachement à un lieu, la capitale russe, avec ses édifices modernes entrecoupés d’églises orthodoxes aux coupoles dorées

Les deux personnages sont représentés de dos, tournés vers le spectacle multicolore qui se déploie devant eux

Le coucher de soleil moscovite représente pour lui un idéal de fusion cosmique depuis sa jeunesse

Kandinsky « Le rose, le lilas, le jaune, le blanc, le bleu, le vert pistache, le rouge flamboyant des maisons et des églises y chantent leur partition … Rendre ce moment me semblait le bonheur le plus grand qui puisse arriver à un artiste »

Kandinsky écrit le 4 juin 1916, après une promenade du soir au Kremlin qu’il a retrouvé sa force de création « Enfin je l’ai retrouvée .. J’aimerais faire un grand paysage de Moscou. Prendre des éléments de partout et les réunir dans une image, mélanger le tout, tel que le monde est composé de parties diverses. Cela doit être comme un orchestre … Je suis allé au Kremlin  pour voir les églises du point de vue dont j’ai besoin pour mon tableau. Et de nouveaux trésors se sont déployés devant mes yeux. »

Il est préoccupé par la création de l’effet de profondeur sur les différentes strates spatiales

Il compose un tout chatoyant. Il saisit l’âme d’une ville dans des compositions colorées bleues

Comme dans un kaléidoscope où le panorama se déploie depuis le sommet arrondi de la montagne centrale

Couronnée de tours et d’édifices, s’étendent entre de vastes surfaces les rangées de maisons et de coupoles à bulbe

La  vision de Moscou est comme suspendue en apesanteur se déploie sur le sommet central devant un petit couple vêtu du costume traditionnel bavarois

Cette toile est sans doute la réalisation d’un vieux rêve : peindre Moscou à l’heure où le soleil « la réduit à une tache qui, telle une trompe en folie, met tout l’intérieur, toute l’âme en vibration »

Kandinky « Je voudrais faire un grand paysage de Moscou, prendre des éléments partout et réunir dans un tableau des morceaux faibles et forts, tout mêler ensemble, comme le monde est mêlé, des éléments différents. Ça doit être comme un orchestre »

Le peintre a rassemblé sur la toile les célèbres monuments historiques de l’architecture moscovite sans tenir compte de leur emplacement réel

Au  centre de la composition deux personnages, un homme et une femme vêtus d’habits folkloriques rappelant le couple typique de l’imagerie populaire, semblent tomber en arrêt devant la splendeur architecturale du Kremlin

Une rotation se forme autour du tableau. Les constructions s’inclinent vers la gauche ou vers la droite

Kandinsky se souvient de l’impression de rotation dans l’intérieur d’une isba des environs de la Vologda aux murs couverts d’images populaires



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CROIX  BLANCHE


En juin 1922, enrichi par les expériences récentes de son séjour à Moscou (entre 1915 et 1921) et par l’influence de certains membres de l’avant-garde russe comme Malevitch, Kandinsky s’installe à Weimar pour enseigner au Bauhaus

Weimar fut le centr de la vie intellectuelle et littéraire au 18ème siècle et la ville de Schiller et de Goethe, dont la thérorie des couleurs influença Kandinsky

Au Bauhaus il est respecté pour ses talents de pédagogue et son engagement dans son travail

Il adopte progressivement un vocabulaire artistique géométrique qui accorde une grande place au processus intuitif

Le Bauhaus entend, par la pratique de tous les arts, contribuer à l’avénement d’une société plus égalitaire

Le Bauhaus fut pour lui une période fructueuse : il enseigne, expose et rédige des écrits théoriques sur la couleur et la forme

La toile se caractérise par :

- des  croissants organiques flottants et des formes colorées douces qui rappellent l’imagerie des cavaliers et des montagnes

- par des plans en diagonale qui se chevauchent, des cercles, des grilles et des trames en  noir et blanc qui reviendront souvent dans ses œuvres ultérieures

La croix blanche évoquée dans le titre se mélange imperceptiblement au motif à damier. Elle peut faire penser à une forme purement géométrique (par référence aux formes de Malevitch) aussi bien qu’à un symbole religieux

Le chiffre 3 renversé qui apparaît deux fois sur la gauche est une allusion à un poème paru dans son recueil Klänge (Sonorités) où l’artiste évoque un 3 qui regardait toujours vers la gauche







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KANDINSKY

TABLEAUX  DE  1916  A  1922