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IMPROVISATION AUX CHEVAUX


Durant la période munichoise le thème du cavalier apparaît sous de nombreuses variantes

Kandinsky ne figure jamais le cheval sans son cavalier : c’est le cavalier qui l’intéresse car il symbolise la maîtrise de l’esprit sur la matière

La figue du cavalier est devenue « un symbole débarrassé de tous les accidents naturalistes, de toutes les incidences relatives à un cavalier légendaire »





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IMPROVISATION XIX


Une forme explosive d’origine inconnue semble ouvrir son chemin dans ce tableau séparant les personnages en deux groupes et laissant intact un décor architectural blanc orné de coupoles

Les motifs sur le bord gauche et le bord droit sont des abstractions de figures humaines

Le groupe des grands personnages à droite semble sortir du tableau contrastant avec les lignes pointues à gauche, et les contours lourds et noirs à droite donnant l’impression d’un exode tragique

Mais Kandinsky a dit « Plus il y a de possibilités d’interprétations imaginaires, mieux c’est »

La couleur bleue est étalée sur de grandes surfaces de la toile. Elle passe des tons de violet et de bleu vert jusqu’au bleu profond. Ce bleu est de nature immatérielle. Il ne représente ni le ciel ni la mer.

Kandinsky aimait le bleu « Le bleu est la véritable couleur céleste. Il crée une atmosphère de calme, non pas comme le vert qui représente une tranquilité terrestre complaisante

Le bleu crée une profondeur solennelle surnaturelle

Quand il tend vers le noir il résonne comme une tristesse surhumaine

Pour parle en termes musicaux, le bleu clair est comme une flûte, le bleu foncé comme un violoncelle, encore plus sombre c’est comme les sons merveilleux d’une contrebasse et dans un ton profond et solennel la sonorité bleue ressemble à la sonorité d’un orgue »

Avant la 1ère guerre mondiale Kandinsky s’était intensément penché sur les idées mystiques. Il s’intéressait aux questions surnaturelles et aux phénomènes de parapsychologie. Il voulait mettre en œuvre sa quête d’ « expression de l’immatériel »

Sur cette grande toile un rituel inconnu semble se dérouler : une sorte de cérémonie où l’illumination des personnages doit se comprendre comme une initiation

Les figures transparentes désignées par leur seul contour noir structurent l’image

A gauche un cortège de figures plus petites progresse de l’arrière vers le devant de la scène sur un fond coloré

La majeure partie du tableau est cependant habitée par un bleu surnaturel et merveilleux qui transparaît également à travers le grand groupe de figures orientées de profil qui semblent se mouvoir vers un lieu situé en dehors de la toile

L’impression de spiritualité qui se dégage de ces figures allongées, entièrement dématérialisées, résulte de l’unité de la  hauteur des têtes, comme nous le trouvons dans les représentations de saints byzantins

Tout en haut une grande forme oblongue se glisse dans l’image. Ses couleurs diaphanes sont délimitées par un puissant contour noir et symbolisent une aura de formes à la fois spirituelles et sensuelles

Kandinsky veut exprimer la recherche messianique du salut par les moyens de la peinture

Kandinsky voulait libérer l’art de sa croûte matérielle (figurative) pour mettre au jour un nouveau message véritablement spirituel

Afin de symboliser la lutte ente l’esprit et la matière il substitue aux motifs figuratifs un vocabulaire formel et chromatique pur

Sur un arrière plan en tons bleus se dresse à droite un groupe de figures dont les contours noirs remplissent presque l’espace pictural

A gauche un autre groupê contraste avec l’arrière plan jaune et rouge

Une grande ligne courbe semblable à un nuage ferme la scène dans la partie supérieure

Les « géants » à droite semblent sortire du tableau. Attitude prudente du groupe de gauche dont le geste d’une des figures indique quelque chose

Les tonalités intenses et criardes s’éteignent dans des tons de bleu spirituels avant de s’en aller dans la zone supérieure

Kandinsy veut-il représenter le passage de l’état matériel à un état supérieur spirituel ?






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Ce qui est donné à voir ce sont des éléments purement formel et chromatiques

Une forme circulaire au contour grossier et irrégulier, inscrite dans un carré tache de persister dans son ête précaire malgré des perturbations provoquées par des tourbillons à l’intérieur des limites tracées

Exécutée avec rapidité à l’encre de chine et à la plume sur une feuille de papier couleur brun sepia






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LYRIQUE


Ce tableau est plus proche d’un dessin en couleurs que d’une peinture. Les coups de pinceau semblent avoir la sensibilité et la concision d’une calligraphie chinoise

Les orbes du premier plan ou celui du fond à droite montrent la virtuosité de l’artiste

La caractéristique du cheval est réduite à quelques lignes qui par leur largeur, leur force et leur direction créent l’impression de vitesse et de mouvement

Le paysage et le ciel ont une forme telle que le cheval à l’air de galoper dans un espace vide et blanc qui lui appartient

Le tableau n’est pas la représentation rigoureuse d’un cavalier à cheval mais le cavalier semble être un jockey professionnel

Par sa notation abrégée ce tableau ressemble à une affiche. Il fut présenté comme le symbole de l’avant-garde du 20ème siècle






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COMPOSITION V


Tableau purement abstrait et non figuratif

L’espace au sens traditionnel lui manque

Il n’y a ni volumes, ni interstices, ni indication d’un premier plan s’opposant au fond

Aucun indice de la présence de la lumière ou de l’atmosphère

Il n’y a pas de description d’objets existants ou de matériaux concrets

Pas d’illustration d’idées ou d’évènements

Le tableau n’est pas fondé sur l’observation des choses de la nature

Kandinsky n’a pas représenté un espace mesurable selon les règles de la perspective. La qualité spatiale s’exprime par les propriétés inhérentes aux couleurs dont certaines ont un pouvoir de rapprochement, d’autres d’éloignement

L’espace chez Kandinsky signifie également la continuité et, ne représentant qu’une partie du tout, il implique l’infini

Puisqu’on abolit la distance évidente (celle qu’on peut voir de sa fenêtre) l’emploi de la perspective devient superflu pour créer l’image de la nature

Dans les tableaux abstraits de Kandinsky quelque chose de nouveau a été « affranchi de la tradition » et « libéré »

Selon certains commentateurs « Composition V » serait une variante  du Jugement Dernier et la courbe dominante serait l’abréviation de l’ange Gabriel, l’archange prophétique de la Naissance et de la Mort






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IMPROVISATION 21A


Dans cette version à l’huile de « Avec Soleil » Kandinsky s’applique à revêtir le contenu de formes beaucoup plus froides. Il diminue la netteté des couleurs en les atténuant en surface et en laissant entrevoir leur pureté comme à travers un verre opaque








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IMPRESSION III  -  CONCERT


La partie gauche du tableau représenterait le public et la grande forme noire évoquerait un piano à queue

Fort contraste entre le noir et le jaune

La couleur jaune manque totalement de profondeur mais possède une force intense

Le noir est comme le néant après le coucher du soleil, comme un silence éternel, sans avenir et sans espoir

Le jaune vif, par contraste avec le noir a un tel effet qu’il semble se libérer de l’arrière plan, planer dans l’air et sauter aux yeux

Kandinsky a peint ce tableau le lendemain d’un concert d’Arnold Schönberg qu’il avait écouté le 2 janvier 1911 à Munich et qui l’avait impressionné

Ce tableau montre que les « impressions de nature extérieure » qui sont à la base de ses « Impressions » peuvent non seulement être de natue optique mais aussi acoustique

Ceci est un exemple de la synesthésie dans l’art, des relations entre la musique et la peinture qui étaient au début du 20ème siècle également recherchées par d’autres artistes

Dans un mouvement dynamique une vague colorée jaune déferle de la gauche vers la droite à travers le tableau

Au-dessus un noir rempli d’énergie s’étend en diagonale

Dans son livre « Du spirituel dans l’art » Kandinsky s’est exprimé sur les correspondances entre les couleurs et certains instruments de musique

Il s’est néammoins défendu contre certaines critiques qui affirmaient qu’il peignait la musique. « Une telle peinture serait fondamenalement impossible »

Pour lui l’analogie entre la peinture et la musique reposait sur les lois de la composition abstraite, ce à quoi aspirait la nouvelle peinture non figurative

Kandinsky « La peinture a rattrapé la musique et les deux ont une tendance croissante à créer des œuvres « objectives » qui naissent d’ellles-mêmes en tant qu’êtres autonomes »

Les « Impressions » marient les impressions visuelles et les expériences du monde intérieur

Kandinsky a peint ce tableau après avoir assisté avec Franz Marc à un concert le 2 janvier 1911. On y jouait un quatuor à cordes de Schönberg (op10) et du piano (op11). Kandinsky impressionné par les  nouveautés audacieuses de la musique de Schönberg avec qui il commence une correspondance active

Kandinsky suggère un « son jaune ». Le jaune se disperse de tous côtés, va vers le spectateur rayonnant de joie, de chaleur spirituelle

La tache noire (le piano à queue) génère un contraste dur mais elle rejoint le mouvement ascensionnel des autres taches et formes (les spectateurs en diagonale)

L’orientation de toutes les formes donne au tableau un puissant mouvement ascendant à droite

Le spectateur perçoit la diagonale comme joyeuse et optimiste

La déferlante jaune développe une dynamique entraînante que renforcent les formes noires éparpillées

Le jaune contraste vivement avec le noir mais il attire surtout le regard en tant que jaune clair

Quelques associations iconographiques demeurent : la surface noire trapézoïdale évoque la silhouette d’un piano à queue, les taches de couleur devant le noir « incarnent » les dos courbés des auditeurs

La puissance de la musique est visualisée à l’aide de moyens uniquement picturaux




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TOUSSAINT  1


Dans “Toussaint 1” Kandinsky a transposé certains éléments déjà bien définis dans une peinture sur verre du même nom :

- la silhouette de l’ange jouant de la trompe à gauche

- le fondateur de l’église russe, saint Vladimir, les bras levés en croix et l’effigie d’une église dans les mains

- saint Georges sur un cheval blanc

- deux figures enlacées, peut-être les deux martyrs russes Boris et Gleb ou les saints Cosme et Damien et un second ange à droite

En bas au centre la silhouette jaune et verte d’une femme que certains ont identifié avec sainte Walburge, protectrice de la Bavière

Il emprunte d’autres éléments à des toiles et à des peintures sur verre consacrées au Jugement Dernier








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TOUSSAINT  2


Par rapport à “Toussaint 1” Kandinsky a ajouté un second ange à droite vêtu de rouge. La silhouette jaune et verte de la femme en bas est devenue plus lisible

L’artiste insère des allusions à l’Ancien Testament : le char céleste du prophète Elie, et à l’Apocalypse : l’homme décapité qui se dresse à l’image du phénix à gauche

Le char d’Elie en haut à gauche peut être considéré comme une allusion au char du dieu Tonnerre. Ceci selon la conception de la « double foi » qui réunit les cultes chrétiens et païens

Les saints forment une chaîne inscrite dans un cercle défini par l’élégante ligne noire  en bas du tableau et celle de l’arbre au tronc sinueux sur la droite

L’image devient ainsi un élément rythmique et décoratif

Un critique a suggéré comme clé d’interprétation de l’œuvre la « double foi » c'est-à-dire le syncrétisme entre les cultes chrétiens et païens. Les deux figures enlacées seraient un symbole de la réconciliation entre l’église orthodoxe et les croyances populaires russes, selon un projet soutenu par les intellectuels russes de la fin du 19ème siècle, auquel Kandinsky adhérait lui-même









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TABLEAU AVEC BORDURE BLANCHE


Ce tableau est une nouvelle interprétation par Kandinsky du combat entre le chevalier sur sa monture et le dragon

Au centre du tableau la silhouette d’un cavalier à cheval armé d’une longue lance blanche avec laquelle il perce la gueule d’un monstre aux allures de dragon

Kandinsky donne à ce tableau le sous-titre de « Moscou ». Moscou suscitait en lui  une confrontation dramatique d’éléments opposés

Kandinsky « J’ai mis très longtemps à me décider pour la bordure blanche … Au bout de cinq mois environ alors que je regardais à nouveau ma deuxième grande esquisse, à l’heure du crépuscule, je vis soudain ce qui manquait avec clarté : c’était la bordure blanche »

Kandinsky « Pour ce tableau j’ai fait beaucoup de croquis, esquisses et dessins »

L’œuvre ser réfère à une impression de sa ville natale

Composition abstraite, suggestive et dynamique

Kandinsky « Le motif de la troïka que j’avais depuis longtemps en moi et que j’ai utilisé dans différents dessins, demeurait en haut à gauche … J’appelle troïka les trois lignes conjointes aux variations diverses qui se recourbent vers le haut. Je suis arrivé à cette forme par les trois lignes dorsales des cheveaux de la voiture russe à trois chevaux »

Ce qui frappe le spectateur est la courbe blanche qui apparaît au centre sous la forme d’un rayon blanc orienté en une diagonale puissante vers la gauche

Il s’agirait du reflet d’un saint Georges cavalier traversant la composition avec sa lance blanche

Kandinsky « La bordure blanche je l’ai faite de manière aussi capricieuse qu’elle me venait : en bas, à gauche, un précipice, une vague blanche qui en émerge et qui retombe brusquement, puis le côté droit de l’image baigné de formes serpentant parresseusement, formant en haut, à droite, un étang (là où naît l’ébullition noire) et et disparaissant vers l’angle gauche du haut, pour réapparaître dans l’image en forme dentelée »







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JUGEMENT DERNIER


La technique de la peinture sous verre, presque entièrement consacrée à la représentation de sujets religieux était restée vivante au sein de l’art populaire allemand jusqu’au début du 20ème siècle

Kandinsky, Marc et Klee aimaient l’exubérance joyeuse des couleurs vives, rustiques, la naïveté d’expression et la simplification des formes observées dans la nature

Entre 1909 et 19013 Kandinsky peint 33 pièces

Les œuvres, fragiles, furent souvent assorties de cadres peints à la main ou de cadres dorés rehaussés de peinture à l’huile

Les effets techniques qui peuvent être obtenus sur une surface de verre lisse ou ondulé avec une peinture à l’eau, à l’huile, ou un mélange des deux ont enrichi la manière du peitnre sur d’autres supports.

Les effets obtenus sont la translucidité, le miroitement et l’effet de moiré






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L’ARC NOIR


Le thème central de cette composition est celui de la confrontation et de la lutte

La surface picturale est dominée par trois masses colorées aux contours peu définis qui semblent prêtes à s’entrechoquer

En bas à gauche une forme bleue comme en expansion est traversée de traits impétueux et de zones blanchâtres et noires

A droite la forme à la pointe rouge vermillon part à l’assaut du centre du tableau

Au-dessus s’élève une forme d’un violet profond et un petit disque rouge

Les deux formes inférieures sont ancrées dans le bas de la toile

Les formes du haut flottent dans l’espace

L’arc noir domine l’ensemble et joue le rôle d’une ligne de force structurante

On peut voir dans l’arc une référence au joug traditionnellement utilisé pour le harnachement des chevaux dans les campagnes russes

Œuvre de grande dimension (189*198) que l’artiste a exposé lors de la rétrospective qui lui était consacrée dans la galerie Sturm à Berlin

Il voulait en faire un manifeste de sa nouvelle recherche picturale

Dans ce tableau les éléments qui renvoient à la réalité naturelle sont désormais méconnaissables

La tension visuelle est obtenue grâce au renforcement des des formes linéaires et à leur contraste avec des taches de couleur

La composition joue sur le rapport entre trois grosses taches reliées entre elles par un arc à angle droit

La zone bleue bariolée de vert et de rouge en bas à gauche du tableau est en relation par l’arc noir avec celle du haut marron violacé

Kandinsky établit ainsi une tension circulaire basée sur des rapports à la fois chromatiques et linéaires

De nombreux éléments graphiques de moindre dimension dynamisent la composition suggérant un grouillement instable en surface

L’arc noir est un signe lié à une pièce de l’harnachement du cheval, faite de bois d’orme : la douga

Le format surprend car Kandinsky n’adopte que rarement des formats carrés aussi grands (189*198). Il choisit de préférence des supports rectangulaires

Après la guerre ce tableau devient le chef d’œuvre emblèmatique de la collection de Nina Kandinsky qui accepte de s’en séparer en 1976 en faveur du Centre Pompidou

Sur un plan abstrait se déploie le combat entre l’esprit et la matière, la matérialité et l’idéalité, entre la sensualité et la spiritualité

Il y a trois formes :

- une forme fermée composée surtout de violet ( ? ) avec des angles arrondis

- une forme rouge (avec des nuances de vert) créant un triangle pointé vers la forme violette.

- une forme indéfinie  composée majoritairement de bleu

Les deux formes du bas pointent vers le haut et l’arc noir renforce cette idée de convergence

Les traits noirs entre la forme rouge et violette font penser à des cicatrices et donnent une impression de violence

La tâche rouge à gauche fait penser à une goutte de sang

Pour Kandinsky le noir est le symbole du silence, de l’arrêt définitif. Mais en ayant une forme d’arc il devient mouvement et c’est lui qui fait interagir les blocs

L’arc noir serait une lance rallongée, pointée contre la forme rouge qui s’avance progressivement vers le haut

Selon Kandinsky le rouge produit l’effet d’une couleur très vivante, fougueuse, qui dégage l’impression d’une force immense qui semble aller droit au but

Equilibre bien calculé d’éléments variés et complexes en dépit de toutes les énigmes

L’œuvre traduit la guerre et non la paix

Une forme rouge en dent de scie ressemblant à une pieuvre dangereuse et menaçante se trouve aux prises avec une structure bleue quelque peu amorphe, semblable à un tronc

Les deux structures inférieures ont  une sorte de similiarité

Le soleil rouge, en haut à gauche, sans avoir une qualité lumineuse, plane comme une force magnétique entre les deux forces combattantes du tablea

Le motif majeur, l’arc noir, semble diriger et surmonter tout le reste







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COUVERTURE POUR L’ALMANACH DU BLAUE REITER


Kandinsky et Franz Marc, créateurs de l’Almanach du Blaue Reiter, avaient l’intention de divulguer par cette publication leurs conceptions sur la qualité de l’art qu’ils voulaient indépendant de la race, de l’époque, de la nationalité

Ils s’employèrent à révéler leur idée d’une synthèse des arts en plubliant de nombreuses œuvres d’artistes et de compositeurs

Un mécène berlinois donna 3.000 marks afin de persuader l’éditeur d’accepter le manuscrit

En plus des illustrations de certaines œuvres l’Almanach présentait des reproductions de sculptueres médiévales, de tableaux de Greco, Cézanne, Gauguin, Van Gogh, Matisse, Rousseau et Delaunay

Un article de Marc faisant l’apologie passionnée pour une conception de l’art

Un article de Arnold Schönberg sur les mouvements musicaux modernes

Kandinsky écrit un essai « Sur le problème de la forme »

La gravure semble représenter saint Georges à cheval. Les traits du cavalier sont à juste titre une allusion à Franz Marc.

Dans le coin inférieur droit une représentation de la princesse royale Cleodolinde, attachée par des liens

Elle devait être la proie du dragon mais fut libérée par saint Georges. Il reste peu de chose du dragon dans la gravure

Le motif du premier plan sous la jambe droite du cavalier représenterait le dragon

Sur le bord gauche une ligne brisée verticale évoquerait la guerre du dragon

L’omission de la lance symbolise la mutation du guerrier chrétien en combattant idéalisé







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IMPROVISATION 2 6  -  EN RAMANT


La barque à rames est un motif qui apparaît dans de nombreux tableaux de Kandinsky au début des années 1910

Kandinsky s’est inspiré de la toile « Le lac » (Promenade en barque) qui montre plusieurs barques remplies de canotiers dans un paysage alpin

L’image est résumée en un tout petit nombre de traits et marche vers l’abstraction. La courbe inférieure suggère la coque, les lignes parallèles indiquent les rames, les quatre profils bilobés représentent l’équipage

L’image de la barque n’est plus associée à la suggestion d’une forme tridimensionnelle  et d’une masse solide plongée dans l’eau

La coque devient une simple ligne semi-circulaire coupée en plusieurs endroits par les diagonales noires des rames. Elle est dessinée par un trait de couleur pure que l’on retrouve dans le profil des collines de l’arrière-plan et dans une tache latérale

Il n’indique plus les volumes pleins par un bord noir ou par une teinte remplissant la surface entière de l’objet mais seulement par un enchevêtrement de lignes et de formes géométriques

Il suggère la profondeur par la zone de couleur bleue qui s’éloigne de l’observateur alors que le jaune se projette vers l’avant








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TACHE NOIRE 1


La tache noire est intégrée dans une composition dont le degré d’abstraction est très avancé

L’évocation d’une église à coupoles au sommet d’une montagne dans la partie inférieure gauche du tableau est la seule indication figurative. Avec la troïka dans le coin supérieur gauche ( ?)

La tache noire en forme de rein est légèrement décalée vers la droite par rapport au centre. Avec l’arc bleu-noir sur sa gauche et la forme circulaire jaune évoquant un soleil au-dessus d’elle, cette tache détermine un mouvement directionnel diagonal et maintient avec les lignes noires serpentines la composition dans un équilibre tendu

La tache noire n’est pas une surface monochrome. Elle est modulée au moyen de petits traits blancs disposés sur tout son pourtour

Cette toile précède de quelques semaines « Tableau avec tache noire ». Il révèle la volonté de Kandinsky de prendre ses distances avec ses travaux des années précédentes

La composition se raréfie tandis que certains éléments primaires définis par le noir émergent du fond : un arc, un jeu de lignes, une tache

L’utilisation de grosses taches met en relief l’autonomie de l’élément chromatique de la composition

L’artiste renforce l’emploi de la couleur noire jusqu’alors appliquée avec  parcimonie

Les formes noires et les taches colorées deviennent les pôles d’un dialogue qui remplace la perspective et qui construit l’espace comme un rapport entre des surfaces graphiques et chromatiques







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IMPROVISATION  28    2ème version


En 1911 Kandinsky achève un traité fondateur « Du spirituel dans l’art et dans la peinture en particulier » dans lequel il exposes ses idées philosophiques, artistiques et spirituelles et définit un langage de formes et de couleurs qui interagissent entre elles

En 1912 Kandinsky dirige avec Franz Marc la publication de Der Blaue Reiter (l’Almanach du Blaue Reiter) et termine Klänge (Sonorités), volume qui réunit des poèmes lyriques en prose et des bois gravés

Pour Kandinsky les Improvisations sont l’expression d’évènements d’ordre profondément spirituel.

Avec Improvisation 28 son style prend un caractère plus abstrait et presque schématique dans sa spontanéité

Durant les années qui précèdent la 1ère guerre mondiale les recherches de Kandinsky et d’autres artistes sur les possibilités de l’abstraction sont motivés par un intérêt pour la question du devenir de l’âme et de la vie après la mort

Les courbes et les lignes ondoyantes du tableau semblent évoquer des évènements apocalyptiques à gauche, et à droite des symboles d’espoir et de rédemption, notamment avec ce qui ressemble à une église ou à une tour dans l’angle supérieur droit de la toile









83 – 1913 – NEF20 – 110*120 – NNN9442


PETITES JOIES  KLEINE FREUDEN


Ce tableau est inspiré par une peinture sur verre. Kandinsky a dit que la douceur des couleurs de la peinture sur verre lui avait donné envie de transcrire ces particularités sur une toile

Kandinsky explique que le centre du tableau est composé de deux parties : une grande surface s’oppose à un motif multicolore placé au-dessus. Au centre de l’œuvre se trouve une montagne couronnée d’un édifice ressemblant à un Kremlin

Les quatres coins du tableau sont tous différents et mis en évidence. Il a peint minutieusement des lignes très fines avec un pinceau très fin

Les petites joies consistent à s’aimer, à se promener, à faire du cheval. Mais le motif du coin supérieur droit indique que des nuages noirs peuvent surgir à l’horizon

Kandinsky aimait cette toile. Plus de dix ans après il peignit pour Nina, sa jeune femme, « Regard sur le passé » qui est un rappel de « Petites joies »

Kandinsky redécouvre des motifs et des thèmes de ses débuts

Kandinsky « Le tableau entier me rappelle des gouttes tombant dans l’eau avec un  son clair et distinct … Mon but était de me laisser aller et d’asperger la toile d’une multitude de petites joies »

Sur une montagne s’élève une ville, réminiscence du Kremlin des tableaux féériques de la première période

Au-dessus des suggestions de paysage, des cavaliers sautant et des silhouettes schématiques

Au pied de la montagne une étendue d’eau avec une barque et trois rames

Kandinsky a décrit le tableau comme un système d’axes autour d’un centre, la montagne couronnée d’une ville :

1- en haut à gauche, formes répandues

2- en bas à gauche, grandes surfaces et lignes assemblées

3- en haut à droite, grandes masses modulées

4- en bas à droite, grandes masses plates

Une spirale en biais vers le haut contribue à donner un aspect dynamique

Cette ligne « courbe-librement modulée » agit comme un ressort qui catapulte la montagne et sa couronne vers des flots agités

La palette est claire, un peu floue comme l’aquarelle, multicolore et gaie comme « des gouttes tombant dans l’eau »

Kandinsky s’est inspiré d’un de ses petits vitraux de 1911

Le tableau Improvisation 21a de 1911 présente déjà les éléments picturaux de ce tableau de 1913

Au centre deux collines couronnées de tours à bulbes russes

En bas à gauche un couple allongé

Au-dessus trois cavaliers bondissant sur les collines

Tout en haut le soleil

Au premier plan à droite se trouvent deux grandes formes courbées qui se dressent telles des tentacules et dont émane une vie mystérieuse

Au-dessus une barque aux rames déployées dans des vagues houleuses

Couleurs bigarrées et lumineuses

En haut apparaît un nuage sombre

Conflit des deux moitiés de l’image dans la confrontation du soleil et des ténèbres

Rendu des couleurs atmosphérique

L’artiste n’entend plus suggérer une émotion liée au thème du tableau mais créer une situation d’équilibre entre les différents éléments

Son but était « de se laisser aller et de distribuer une quantité de petits plaisirs sur la toile »

Tout y reste au niveau de simples éléments agréables sans assumer de sous-entendus douloureux





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ESQUISSE 2  POUR  COMPOSITION VII


Kandinsky veut « rendre possible la restitution des expériences infinies du vécu spirituel dans les choses matérielles et abstraites »

Agglomération complexe de formes

Le tourbillon des couleurs et des formes semble à priori chaotique

Réalisation en quatre jours du 25 au 28 novembre 1913 d’un travail préparatoire de 21 aquarelles, dessins et esquisses

Brouillage et désintégration des formes et des motifs

Les couleurs de consistance et de profondeur variées flottent les unes devant les autres, s’amoncellent ou sont recouvertes de faisceaux de lignes colorées ou noires

Le vide mat de la partie inférieure contribue à une certaine déstabilisation

On remarque certains signes eschatologiques :

- les petites barques à rames

- les lignes courbées de l’ascension d’Eli

- les anges aux trompettes du Jugement Dernier qui traversent l’image tel un flux souterrain

Au centre deux cercles concentriques








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ARABES  III  -  A LA CRUCHE


Kandinsky voulait poursuivre « l’exploitation du réel au-delà des formes périssables »

Dans ce tableau on peut voir la libre utilisation des couleurs sans la contrainte de la perspective ainsi que la dissolution des formes

Dématérialisation du motif du cavalier sur son cheval qui apparaît comme une silhouette blanche fantomatique

Le thème général serait celui de « la spiritualité des arabes »



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PAYSAGE D’AUTOMNE


L’impression de la nature extérieure reste encore visible

Présente dans de nombreuses œuvres, la montagne qui peut être interprétée comme le symbole de l’élan de l’homme vers l’au-delà est représentée par un simple triangle

Quelques lignes noires suggèrent les toits et les pans de murs d’habitations

Les taches de couleur semblent en suspension dans l’espace

Le paysage se dissout en nuages de couleur et les habitations se dressent  comme les ultimes « reliques » visibles de l’objet



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NU


Le peintre condense la signification du corps féminin en recherchant les lignes essentielles et exclut tout détail anatomique superficiel qui pourrait faire obstacle à l’effet des couleurs

Kandinsky « Le jaune sonne comme le son d’une fanfare 




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KANDINSKY

TABLEAUX  DE  1911  A  1913