25 – 1908 – F104 – 69*49 – CERCLE SUP 4


DEVANT LA VILLE


Etude à l’huile montrant les abords de Munich entourés de champs

La couleur est appliquée en touches épaisses sur un carton coloré

La séparation entre les vastes plages de couleur est renforcée par quelques lignes noires tracées au pinceau, qui soulignent les contours des édifices, du gra nd nuage blanc de l’arrière-plan et et du groupe de personnages au premier plan à gauche

Cette ligne de contour employée pour mettre en valeur certaines figures est empruntée à Gauguin et à Matisse. Elle représente un virage important par rapport à la technique du fond sombre sur lequel le peintre appliquait auparavant ses couleurs

L’intensité chromatique des couleurs dérive de leur effet réciproque

Kandinsky utilise des teintes acides comme certains tons de vert et de jaune qui font ressortir le bleu saturé du ciel






26 – 1908 - M61 -  32*41 – DSC 0307


ETUDE POUR UN PAYSAGE DE MONTAGNE AVEC VILLAGE II


A Murnau qui devient le cenre de ralliement des membres qui formeront plus tard le groupe du Blau Reiter (Cavalier bleu) Kandinsky travaille sur le motif essayant de reproduire le « chœur des couleurs  … qui s’engouffra de la nature vers l’âme »

Le peintre à recours à la stratification des couches colorées

Progressivement son inspiration va se distancer du réel, ce qui donnera à ses œuvres une résonance plus intérieure que visuelle

Un jour il s’arrête, fasciné par une peinture « La peinture ne possédait pas de sujet, elle ne représentait aucun objet identifiable, elle était uniquement composée de taches lumineuses de couleur … Je m’approchai et vis que c’était ma propre toile posée de côté sur le chevalet … Une chose alors me fut parfaitement claire : l’objectivité, la description des objets n’avaient aucune place dans mes toiles et elles leur était même nuisibles »

Kandinsky va mettre en place ce qui deviendra son unique thème : la métamorphose de la vie et l’infini de l’espace






27 - 1908 – M64 – 33*47 – DSC 0311


MURNAU – MAISONS


Dans cette petite huile exécutée durant l’été 1908 Kandinsky applique les couleurs en touches rapprochées avec des coups de pinceaux allant dans des directions différentes

Au bleu violet répond un jaune tandis que le blanc est utilisé comme une couleur à part entière

Même si le paysage sert de prétexte à l’œuvre peinte le thème du tableau est davantage la puissance de la couleur, de ses interactions et de son rayonnement suggestif sur le spectateur

Pour le peintre, l’art n’a besoin d’aucun motif figuratif







28 – 1908 – M66 – 65*50 – DSC 0310


MURNAU – MAISONS DANS LE OBERMARKT


Ce tableau illustre les innovations stylistiques de Kandinsky

Les couleurs pures et lumineuses sont exaltées jusqu’à saturation et disposées en larges touches rectangulaires plus ou moins longues

On reconnaît la virulence chromatique et l’intensité des plages de couleurs propres aux Fauves que Kandinsky avait découvert au Salon d’Automne de 1906 lors de son séjour parisien

A Murnau la recherche d’expression va l’emporter sur toute considération naturaliste

Libérées de leur fonction descriptive, les couleurs sont posées pour leur pouvoir d’action sur le spectateur et leur capacité d’interaction entre elles

Cette autonomie expressive de la couleur aménera progressivement Kandinsky sur le chemin de l’abstraction






29 – 1908 – M62 – 33*44 – DSC 0309


MURNAU – COUR DU CHATEAU 1


En 1908, à l’invitation de Jawlensky, Kandinsky et Gabrielle Münter passent l’été à Murnau dans la région pittoresque des Alpes bavaroises, près du lac Stoffel

Séduits par le paysage ils décident de s’installer dans une villa que Gabrielle Münter acquiert l’année suivante. Les indigènes la baptiseront « Das Russen haus » (La maison des russes)

Kandinsky abandonne les « dessins coloriés » et les petites études à l’huile au  profit de paysages qu’il peint sur des cartons plus grands non plus à l’aide du couteau mais d’un large pinceau aux soies courtes

Kandinsky s’éloigne de plus en plus de la réalité. Il découvre « la force surnaturelle de la couleur ». Il pose en larges touches vigoureuses des couleurs pures qui contrastent avec le noir des contours épais qui rappellent Gauguin mais aussi Matisse et les Fauves








30 – 1908 – PPV85 – 74*99 – DSC 1017.


PAYSAGE A LA TOUR


Assaut sauvage des couleurs sur cette surface peinte aux larges touches multidirectionnelles laissant apparaître par endroits le support

Pas de troisième dimension

Jaune chaleureux

Bleu de nuit profond

Noir qui engloutit

Une configuration de paysage avec colline, arbres, bâtiments, nuages et ciel

Ecart entre ce tableau et les paysages pos-impressionnistes et sages que Kandinsky peignait entre 1902 et 1908

Ce tableau illustre la volonté de Kandinsky de se détacher de l’habituel. La couleur est pratiquement libérée de sa fonction descriptive. Les couleurs sont posées pour leur force d’attraction sur le spectateur. Elles expriment l’énergie à l’œuvre dans la nature

La pratique du paysage mène Kandinsky à la découverte d’une peinture libérée de la figuration, une peinture qui devient son propre objet

La composition de ce paysage d’été part d’une petite esquisse sur carton commes les paysages post-impressionnistes que Kandinsky exécutait au cours de ses voyages de 1902-1907 avant son installation définitive à Munich

Il s’attarde sur une bâtisse industrielle et pittoresque dans les environs de Murnau

La tour anime le paysage et saille sur le bleu du ciel. Le ciel bleu serait une réminiscence des cieux labourés de Van Gogh au-dessus d’Auvers sur Oise

Ce tableau est montré lors de la 1ère exposition de la Neue Künster Vereinigung (NKV), nouveau groupement d’artistes animé par Kandinsk, à la  galerie Thanhaüser à Munich en 1909-1910


31 – 1909 – CV32 – 44*32 – NNN 9459


CIMETIERE ET PRESBYTERE A KOCHEL


Kandinsky “L’art n’est pas une vaine création d’objets qui se perdent dans le vide, mais une puissance qui a un but … Il est le langage qui parle à l’âme, dans la forme qui lui est propre »

En 1909 Kandinsky trouve dans la maison de Gabrielle Münter à Murnau le calme pour réfléchir sur une nouvelle peinture

En 19012 il publie « Du spirituel dans l’art »

Après une phase passagère influencée par les impressionnistes il dépasse le tableau de paysage sur le plan des couleurs et de la composition. Il a découvert à Paris au Salon d’Automne 1905 la peinture des Fauves.

Son but est de dissoudre le superficiel figuratif au profit des sonorités de couleur

Rue riante sous le  clair soleil hivernal. Les façades des maisons d’un jaune intense créent un contraste avec les surfaces enneigées ombrées de bleu et les buissons à droite. Des surfaces fermées à gauche et des taches à droite

L’aspect fermé de la composition dû aux façades et aux toits est rompu par le torrent de couleur fauviste qui se déverse comme une cascade bleue

Cézanne (exposition posthume en 1906) a imposé à la nouvelle génération l’union du monde des objets et de la peinture. Cézanne voulait surmonter le caractère aléatoire des apparences et retrouver une structure picturale solide

Mais Kandinsky admire surtout Matisse et les Fauvess et leur transgression des couleurs

A Murnau entre 1908 et 1910 Kandinsky cherche à s’échapper du monde de motifs paysagers. Il veut remplacer les motifs figuratifs par des couleurs et des formes libres







33 – 1909 - M76 – 107*159 – DSC 0876-2


IMPROVISATION 4


Kandinsky s’éloigne d’une description mimétique de la nature et commence à introduire des « signes extérieurs » d’abstraction

L’espace est écrasé, les formes ornées d’un trait noir sont extrêmement simplifiées

La réalité se laisse envahir par une palette chromatique arbitraire

La stabilité du paysage est ébranlée par la confusion des plans qui se juxtaposent et s’interpénètrent. Mais Kandinsky ne dissout pas complètement l’objet et maintient dans le tableau une tension entre figuratif et abstrait

On peut identifier clairement l’arbre au centre de la composition









34 – 1909 – F124 – 85*116 – DSC 1003-2


COUPOLES


Un critique a parlé d’un « morceau de Kremlin  projeté dans la campagne bavaroise »

Kandinsky a inséré un élément de mystère dans ce qui semble être un dialogue entre un homme et une femme tenant un enfant das ses bras

Dans plusieurs de ses œuvres Kandinsky emprunte les particularités du langage des icônes russes. Dans Coupoles les mouvements des personnages, leur pose figée, le paysage imaginaire dans lequel ils se trouvent et l’image de la ville sur un mont sont issus de cet art

Dans les années 1908-1910 Kandinsky traite à plusieurs reprises le thème du jardin d’Eden. C’est le paradis où évoluent Adam et Eve avant le péché, un couple dans un jardin

Le sujet empreint de religion est relégué au second plan pour ce qui est du contenu. Kandinsky se concentre sur la disposition graphique colorée







36 – 1909 – M68 – 96*129 – DSC 0659


CRINOLINES


Crinolines est une oeuvre insolite par :

- l’horizontalité de sa composition et sa symétrie, rare chez Kandinsky

- parce qu’elle s’essaie à la dissolution des contours non seulement des formes de la nature mais aussi des personnages qui se tiennent sur un fond d’architecture classique

Les tonalités de vert dominent

Les  petites taches de jaune, de rouge, de rose et d’orangé, séparées les unes des autres animent la surface et contribuent à lui donner un aspect chatoyant et vibrant

Cette toile fut exposée lors de la première exposition organisée à Munich par la « Neue Kunslervereinigung München » (NKV), Nouvelle association des artistes de Munich fondée en 1909 avec Jawlendy et Gabrielle Münter







35 – 1909 – M70 – 98*71 – DSC 0491


DETAIL DE L’IMPROVISATION 2 – (MARCHE FUNEBRE)


L’année 1909 est une période de transition : à côté des paysages apparaissent des compositions où l’état de dissolution de la figuration est plus avancé

L’artiste se sert essentiellement de couleurs primaires, rouge, jaune et bleu, légèrement modulées avec du blanc comme élément de contraste destiné à augmenter l’intensité des couleurs

Les figures sont conçues d’une façon purement plane et ne reposent plus sur la stricte observation de la nature mais sur des correspondances formelles

Le sous-titre Marche funéraire indique une atmosphère générale plutôt qu’une action spécifique

La femme et l’enfant au premier plan, les sapins émergeant au centre, à gauche et à droite sont à l’origine des formes qui seront dissolues dans la version définitive

Variété dans le traitement des couleurs :

- application rapide et mince dans la partie supérieure gauche

- coups de pinceau épais dans la partie centrale

- petites touches multiples et juxtaposées dans la partie inférieure du tableau

Dans la version définitive l’artiste apporte de nombreuses modifications







37 - 1909 – M66 – 34*45 – DSC 0843 2


MURNAU – PAYSAGE D’ETE


On peut relever dans les études de Kandinsky à Murnau des analogies avec Cézanne qui voulait ne  pas rester à la surface des choses et ne pas se contenter de saisir des atmosphères aléatoires mais porter son regard derrière les choses

Pour Cézanne il faut s’asseoir en pleine nature et « regarder comme un chien » sans but et sans parti pris jusqu’à « pénétrer ce qu’on a devant soi »

Dans ses paysages de Murnau Kandinsky s’éloigne de plus en plus d’une description mimétique de la nature en introduisant des signes d’abstraction :

- écrasement de l’espace

- schématisation des formes

- emploi non descriptif de la couleur

Il rejoint Cézanne pour qui «  la couleur est le lieu où notre cerveau et l’univers se rencontrent »






38 - 1909 – F112 – 109*109 – DSC 0561


MONTAGNE


En 1909 Kandinsky est à la recherche d’un langage pictural doté d’une dimension spirituelle et symbolique qu’il théorisera en  1911 dans « Du spirituel dans l’art »

Montagne reprend le thème de la Montagne bleue en le portant à un niveau d’abstraction inédit

Le rouge et le jaune qui accompagnent la masse bleue du mont forment de larges bandes juxtaposées qui amplifient son profil

L’image de la montagne remplit la toile mais sa présence imposante est dissimulée par la large bande blanche et les notes de vert qui recouvrent son versant au centre

La structure faite d’éléments blancs et jaunes près du sommet a été interprétée comme une bourgade aux coupoles dorées accrochée à son flanc

L’image des figures humaines au premier plan est floue et indéterminée, définie par un petit nombre de touches noires sur le fond blanc

Quelques taches de couleurs intenses, l’habit rouge du cavalier, la touche jaune sur l’épaule de la figure de droite, attirent l’attention sur les deux silhouettes dont les formes se confondent rapidement avec l’espace blanc alentour

Cette dissolution de la forme dans le fond reflète la signification que Kandinsky attribue aux couleurs : le vert indique l’immobilité et le calme absolus, tandis que le blanc symbolise un monde où toutes les couleurs conçues comme substances physiques ont disparu. Un monde supérieur tellement élevé que les humains ne l’entendent pas. Ils n’entendent qu’un « immense silence ».

Kandinsky propose un parcours émotif jouant sur le contraste entre le rouge et le bleu, traversant la quiétude du vert et débouchant sur l’immobilité absolue du blanc au centre de la composition, englobant les figures du premier plan dans une atmosphère de simplicité solennelle

Tableau largement abstrait

Les formes figuratives sont estompées au point d’en être méconnaissables. Il préfigure l’abstraction expressive de l’époque qui précède le déclenchement de la 1ère guerre mondiale.

Le spectateur distingue à peine les deux figures schématiques multicolores et parsemées de blanc posées devant une montagne conique

La pente verte de la montagne présente au premier plan une déchirure blanche. Son cône est délimité par un bleu dominant auquel sur l’extérieur se rajoute une zone d’énergie rouge

Dans la partie inférieure un cavalier monté sur un cheval blanc et une figure tournée vers lui

Ils sont encadrés d’une ligne dentelée à gauche et d’une forme sombre sur le côté droit

Sur le cône de la montagne on remarque une résonance formelle de la ville du Kremlin disposée de manière semblable à celle qui s’élève sur la colline du tableau « La vie mélangée » de 1907

L’aspect de la montagne bleue peut renvoyer à une impression d’un paysage de Murnau dans les Préalpes de Bavière de 1907

Les genres  traités dans son oeuve jusqu’ici de façon séparée (par exemple Dessins colorés) renvoyant aux motifs de le vieille Russie sont réunis dans de grandes toiles

Kandinsky commence une  percée vers de nouveaux moyens d’expression annoncés dans sa théorie

Ce tableau annonce se imposantes « Improvisations » comme des « impressions de la nature intérieure »

Le motif de la montagne qui remplit l’espace pictural comprend deux figures stylisées au pied du cône représentant la montagne

Au somment l’écho d’un détail figuratif (une ville russe aux nombreuses coupoles ?) dont le caractère indéfini indique le passage vers la dissolution de la figuration

Le paysage a été réduit à se simples formes. La montagne a la forme d’un cône peint en bleu, couleur de la spiritualité.

La montagne s’élève comme une apparition fantomatique entourée d’auréoles de diverses couleurs

Le bleu est pour Kandinsky la couleur du  ciel qui attire l’homme vers l’infini

Le rouge est « un son fort, obstiné et insolent »

Le blanc « est comme un grand silence, absolu », il est un néant « d’avant le commencement »

Ce tableau est le premier sur lequel le figuratif et le paysage fusionnent









39 – 1909 – F111 – 32*45 – NNN 9464


ETUDE DE MURNAU  III


Les paysages réalisés par Kandinsky entre 1908 et 1909 sont influencés par les recherches parallèles entreprises par Alexei von Jawlensky et Gabrielle Münter

Kandinsky s’intéresse à la simplification des formes et à la simplification des rapports chromatiques

Dans cette étude l’extrême économie des traits fait ressortir les amples surfaces

La ligne sert à définir les formes créées par de larges champs de couleur qui se succèdent dans un contraste continu de tonalités chaudes et froides, sombres et lumineuses

Vers 1909 Kandinsky commence à considérer ces études de couleur comme les bases d’un nouveau langage







40 - 1909 – F104 – 33*45 – DSC 550


GRUNGASSE A MURNAU


Kandinsky adopte une nouvelle organisationdes rapports chromatiques qu’il théorisera dans son essai « Du spirituel dans l’art »

La même couleur est présente dans des tonalités froides et chaudes juxtaposées comme sur le pavé ensoleillé de la rue ou les marches de la maison adjacente, définies par une simple variation de la tonalité du jaune

Cette juxtaposition chromatique des surfaces simplifie le rendu bidimensionnel de ses paysages









41 – 1909 – NEF7 – 36*49 – NNN 9408


TRAIN A MURNAU


Après son retour à Munich en 1908 Kandinsky passa six semaines en été à Murnau avec Gabrielle Münter et Jawlensky

Murnau est un petit bourg situé sur un site de terrasse naturelle dominant le marais de Murnau face aux Alpes Bavaroises

En 1909 Gabrielle Münter y acheta une petite maison où Kandinsky passa plusieurs étés jusqu’en 1914

A Murnau on faisait de la peinture sur verre. Kandinsky appréciait la  naïveté et la simplicité de leurs formes, quelques surfaces planes aux couleurs de base intenses et aux contours noirs. Cette peinture a confirmé Kandinsky dans son intention de surmonter sa technique quasi impressionniste pour développer une forme d’expression plus directe

Il transforme la scène qu’il voyait tous les jours en regardant par la fenêtre de la maison

A l’est il voyait le village dominé par l’église paroissiale et les vestiges d’un château médiéval

La tranchée du chemin de fer passait au fond de son jardin

Les taches de couleur qui donnent au tableau sa profondeur dans l’espace donnent le dessin qui en soi est banal

Les couleurs fauves et le style sauvage justifient sa classification dans sa « période fauve » inspirée par Jawlensky

L’humour, rare dans un tableau, s’exprime dans la forme et non dans la situation dépeinte

La locomotive ressemble à un dragon de conte de fées rampant hors de sa cave sombre pour aller dans une zone de chaleur éclatante

La lumière peu réaliste du soleil se glisse en-dessous des roues. Le train a l’air de flotter plutôt que de rouler sur les rails. Les deux poteaux télégraphiques semblent bouger avec le train



42 – 1909 – NEF8 – 177*147 – DSC 0157


TABLEAU AVEC ARCHER


L’archer à cheval est un des thèmes favoris de Kandinsky. L’archer regarde en arrière et vise quelque chose d’inconnu.

On peut voir deux personnages au premier plan à gauche et, au-dessus d’eux, prise entre deux rochers une structure architecturale

Quelques arbres et des formes dans des tons de vert indiquent un paysage

Une énorme pierre monolithique qui ressemble par sa forme à un menhir domine le centre du tableau

La cause de la fuite de l’archer est indéterminée et il n’y a pas de relation entre lui et les deux personnages qui descendent de la structure inhabitée

Nous ignorons la nature du caractère dramatique de l’évènement

Des personnages s’insèrent sur l’arrière-plan d’un paysage montagneux

Sur la droite un archer à cheval décoche une flèche vers un point extérieur au tableau tandis qu’à gauche un groupe de femmes semble se diriger vers lui

Les variations tonales des larges couches créent un puissant contraste entre les zones d’ombre et de lumière

La petite église accrochée à la montagne se transforme en une bourgade russe coiffée de coupoles multicolores

Un cavalier bondit au grand galop vers la gauche, son arc planté vers la droite sur une cible inconnue, à travers un paysage largement abstrait aux couleurs féériques

Les tons de bleu, de vert, de jaune et de rouge se fondent dans la forme rocheuse évoquant un menhir et dans la tache noire

Dans ses textes de cette époque Kandinsky a parlé d’une « ébullition intérieure de la forme »

Au premier plan, en bas, à gauche, les silhouettes colorées, probablement des figures de la vieille Russie, sont coupées par la marge du tableau

En raison de sa dynamique et du pathos de la couleur ce tableau exprime le glissement de Kandinsky vers l’abstraction








22 – 1907 – M52 – 45*53 – DSC301


ESQUISSE POUR UNE AFFICHE POUR UNE BRASSERIE FRANCAISE


Cette étude présente des similitudes avec l’imaginerie populaire par :

- la bidemensionnalité

- la différence d’échelle entre les personnages

- la couleur posée en aplat

- la narration immédiatement lisible

Vêtue d’une longue robe blanche, la jeune femme à la silhouette longiline, vue de profil, occupe le premier plan de la composition et toute la hauteur de la toile

De petits personnages fourmillent à ses pieds

A sa gauche, le motif de l’amazone sur son cheval blanc que Kandinsky reprendra souvent

Deux mondes s’opposent : à gauche celui d’une société où les hommes coiffés de chapeaux hauts de forme boivent et s’amusent, à droite celui de l’art où un artiste peintre contemple son œuvre dans la plus grande solitude



23 – 1907 – NEF5 – 32*16 – DSC864


LE MIROIR


Les gravures sur bois de Kandinsky constituent peut-être le groupe d’œuvres le plus important de sa période pré-expressionniste

La signification de la gravure n’est pas évidente. Elle ne représente pas l’objet  nécessaire à la toilette dont la fonction est de renvoyer une image. Il faut exclure l’hypothèse d’une allégorie de la vanité.

Ou la dame est une représentation de Vénus. Dans ce  cas elle est dépourvue de beauté féminine et trop vêtue ;

Ou la dame est une allégorie de la prudence, personnification classique de la sagesse qui tient un miroir comme symbole de vérité. Dans ce cas elle semble trop passionnée pour être prudente

Cette gravure pourrait représenter la belle-mère qui apparaît dans le conte allemand Blanche-Neige

Le miroir lui dit la vérité, c'est-à-dire qu’elle n’est pas la plus belle femme du royaume. L’air dédaigneux de la belle rend plausible cette hypothèse

Le personnage légendaire qui a le plus vraissemblablement  inspiré Kandinsky est celui de la Reine des Neiges de Andersen à qui le diable avait donné un miroir qui avait le pouvoir de ne pas renvoyer l’image de tout ce qui était bon et beau et en revanche de refléter ce qui était méchant en accentuant encore la réalité



24 – 1907 – NEF6 – 130*163 – DSC962


LA VIE MELANGEE – BUNTES LEBEN


Kandinsky avait l’intention de peindre une représentation de tous les aspects de la vie en Russie, vie matérielle et spirituelle  et vie passée et présente

Grande dimension de la toile (130*163) et richesse des motifs et des dessins

La scène se passe  à l’orée d’une ville très peuplée

Fête populaire au printems

Au premier plan, des gens dans la foule rient et pleurent

Une mère d’origine noble berce son enfant

Un pèlerin à la barbe blanche semble porter toutes ses affaires sur son dos

Un prêtre russe orthodoxe est salué avec respect

Un couple illustre l’idée chère à Kandinsky de la camaraderie entre paysan et étudiant

Au centre un groupe d’hommes âgés discute

Un archer semble viser un écureuil

Un chevalier sur sa monture galope vers la droite

Un couple noble est engagé dans un dialogue tendre et profond

Un jeune homme joue du pipeau pour sa compagne

A l’arrière-plan à droite il y a un cimetière entouré d’un mur devant lequel se déroule une procession funèbre. A gauche, à la même hauteur, un garçon court après une fille. Ainsi la vie mélangée est prise entre l’amour et la mort

Près de ce couple un moine russe dont la capuche est entourée de crâne et d’os

Tandis que ses voisins se battent en duel, un homme s’amuse à ramer paisiblement sur son bateau

Les plaisirs s’opposent à des évènements graves

Une colline est couronnée d’un Kremlin

Kandinsky a écrit « Dans la Vie mélangée où la gageure principale était de peindre un mélange de masses, de taches et de lignes, j’ai appliqué la perspective à vol d’oiseau afin de me permettre de placer mes personnages les uns sur les autres »


Ce tableau constitue avec Couple à cheval le point final des peintures de l’œuvre précoce de Kandinsky de 1902 à 1907

Ces « dessins colorés », comme il les désigne, montrent des scènes empreintes de nostalgie, transposées dans un passé éloigné et intégrant des peintures de la Vieille Russie ou de la Vieille Allemagne

Le regard glisse avec légèreté sur un panorama de la vie humaine aux multiples facettes, une époque révolue de l’existence russe librement imaginée.

Il est composé de taches lumineuses et colorées sur un fond sombre

Il semble qu’en faisant l’amalgame entre la figure et le fond l’artiste s’exerce déjà à des visions presque abstraites

Le caractère révolu du passé lui donne la liberté de se détacher des modèles réalistes

« Dans la Vie Mélangée où l’enjeu principal était de restituer le désordre entre les masses, les taches et les lignes, j’ai utilisé une perspective aérienne afin de pouvoir superposer les figures »

Les figures ici rassemblées (le cavalier, le couple amoureux, le couple sacré des frères enlacés au milieu, le rameur sur le fleuve tranquille du fond ou la citadelle du Kremlin qui se déploie sur l’immense colline avec ses tours et ses coupoles colorées) se retrouvent sous de multiples formes codées dans l’œuvre de Kandkinsky


Au cours des premières années passées à Munich, Kandinsky étudie les motifs de sa Russie natale

Il réalise trois séries de gravures sur bois : « Poèmes sans mots », « Xylographies » et « Sonorités » (Klänge). Dans ces cycles de gravures sur bois il cherche à associer le mot, l’image et le son

Une assemblée disparate de personnages multicolores en train de déambuler dans un paysage automnal. C’est le quotidien russe tout autant qu’un conte de fées ?

Il veut représenter la vie de la Vieille Russie en montrant ses aspects religieux mais aussi les petites joies du quotidien

La texture de la surface presque homogène et les points de couleur épars se détachant de la représentation figurative révèlent une volonté d’abstraction prononcée

« La tâche principale était d’entremêler les masses, les taches et les lignes …J’ai utilisé la « vue à vol d’oiseau » qui me permettait de placer les figures l’une au-dessus de l’autre »

Il s’exerce à représenter et à voir une image abstraite. Sa manière d’isoler et de différencier les personnages contribue à abolir la composition traditionnelle


32 – 1909 – M74 – 94*130 – DSC 0983


IMPROVISATION 3


Kandinsky aimait les chevaux. Ils peuplent ses tableaux folkloriques de jeunesse

A partir des années 1909-1910 les œuvres de Kandinsky s’articulent autour de trois types :

- une impression directe de la nature extérieure (les Impressions)

- des expressions principalement inconscientes (les Improvisations)

- des expressions se formant lentement en moi et que je reprends d’une manière presque pédante (les Compositions)







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KANDINSKY

TABLEAUX  DE  1907  A  1909