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Une marche funèbre d’une gravité prémonitoire

Un art discipliné, austère, économe de couleurs et de matière, rigoureux de forme et de composition, géométrique de dessin, un peu sec, professoral et majestueux

Dans un espace brun,ponctué par deux cercles, se superposent des plans rectangulaires allongés laissant apparaître au centre une ouverture vers un monde autre signifié par le précaire équilibre d’une superposition de triangles multicolores, stabilisés par des agrafes en forme d’arcs de cercle

Ouverture vers l’espoir ou rétrécissement inéluctable de cette meurtrière qui permettait encore la croyance en un monde autre ?

Eléments formels très simples : rectangle, cercle, arc de cercle et triangle inscrits avec légèreté sur une surface plane

L’effet produit est celui d’un espace vaste mais fini

Grande toile peinte en brun avec, au milieu, une ouverture en clair comme l’espoir, qui donne une grande force à ce tableau et fait rêver à l’infini

En octobre 1932 Kandinsky quitte Dessau pour Berlin où le Bauhaus se transporte plutôt mal que bien dans une ancienne usine

Kandinsky est accaparé par les évènements politiques et les mises en demeure qu’il reçoit de toutes parts. Il ne dispose que de peut de temps pour peindre. Entre la dissolution de l’école en juillet 1933  et son propre déménagement à Paris fin décembre il  ne termine que cette seule toile

Les traits sont maigres, la touche est imperceptible, les couleurs diluées couvrent à l’économie

La composition est fondée sur l’opposition de deux grosses masses brunes entre lesquelles s’élargit au centre une meurtrière blanche où sur un fond lumineux oscillent, en équilibre précaire, de fragiles triangles empilés les uns sur les autres

Cette disposition sera reprise par Kandinsky neuf ans plus tard dans « Accord réciproque »

Ce tablau exécuté à Berlin en août 1933 juste après la fermeture du Bauhaus sur ordre de Goering clôt le séjour de Kandinsky en Allemagne

Sur un fond camaïeu ponctué de deux cercles se superposent des plans rectangulaires alllongés et inclinés dans des nuances de brun sombre

Telles des portes coulissantes ces hauts panneux s’ouvrent au cente pour laisser entrevoir une zone claire et lumineuse dans laquelle se superposent des triangles multicolores maintenus dans leur équilibre précaire par des formes  noires en arc de cercle

Cette « ouverture sur un monde autre » peut être le symbole de l’espoir ou signifier le rétrécissement de tout l’espace de liberté dans une Allemagne que Kandinsky s’apprête à quitter



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CERCLES  SERRES


Lorsqu’il s’installe à Paris en 1933 Kandinky est persuadé que son séjour sera de courte durée, qu’il pourra facilement exposer et trouver des collectionneurs

Mais il a conte lui :

- Son origine russe

- Sa nationalité allemande

- Son désintérêt pour la politique

- Sa position de peintre abstrait

La bourgeoisie française encourageait alors les peintres à revenir à un art figuratif

Cette œuvre est jugée comme répétitive, froide, cérébrale et mathématique

Kandinsky défend la peinture abstraite « Les esprits qui à la vue de quelques triangles sur un tableau … sont incapables de voir la peinture sont les mêmes esprits qui sur toute figure masculine de l’Antiquité firent mette une feuille de vigne »






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RELATIONS


Kandinsky en 1938 « On a affirmé que les moyens d’expression de la peinture abstraite étaient si limités et si vite épuisés qu’elle se condamnerait à mort elle-même sans tarder … Dans chaque nouvelle œuvre d’art authentique un monde nouveau, inexistant jusqu’alors, est exprimé … Toute œuvre authentique est une nouvelle découverte.

Dans toutes les œuvres plus ou moins naturalistes « l’objet suit un procédé » par le dessin ou la peinture

L’art abstrait se dispense des objetset de leur processus : il crée ses propres formes d’expression

Dans le processus de création  le sentiment (intuition) et l’esprit (calcul)se contrôlent mutuellement

« Je préfère ne pas penser pendant que je travaille »

« Malheur à l’artiste qui, pendant son travail laisse son cerveau s’interposer dans son « diktat intérieur »

A côté du monde réel, l’art abstrait forge un nouveau monde qui n’a rien à voir en apparence avec « la réalité »






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MONDE BLEU


Dans cette toile on sent transpirer la joie de vivre et la jeunesse

Elle rappella aussi au point de vue des tons et de la répartition des masses colorées certaines grandes peintures chinoises

Kandinsky a, par sa famille, des affinités avec l’Extrême-Orient

Dès son installation à Neuilly Kandinsky abandonne l’intransigeance et l’orthodoxie de la règle et du compas. Il s’aventure dans l’informe

Rectangles et cases diverses compartimentent un décor sur un fond bleuâtre

La matière des rectangles est dense, opaque, faite d’un mortier coloré rugueux sans brillance obtenu par un mélange de pigments et de sable

Des formes curieuses, molles, mi-animalicules, mi-fantastiques dansent ou flottent au premier plan

Kandinsky a échafaudé sa composition sur un papier avec des annotations qui indiquent les couleurs : elles sont en russe

S’il titre ses toiles en français dès son installation à Neuilly il retourne à sa langue maternelle pour peindre

A partir de 1940 son environnement se limite à son épouse Nina et à son neveu Kojève







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RAYE


La composition repose sur le contraste du fond en bandes verticales alternées d’éléments découpés juxtaposés. Elle est réalisée à la peinture mêlée de sable, technique qui caractérise la nouvelle manièe de Kandinsky à Paris

Il peint entre 1934 et 1942 cinquante cinq peintures importantes



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La peinture au sable est une innovation technique que Kandinsky tente dès son arrivée à Paris en 1934 et dont il épuise les possibilités avant l’automne 1936

Pour manifester sa nouvelle manière parisienne Kandinsky montre des œuvres épaisses et fragiles de leur technique mêlée

« J’ai utilisé la technique au sable de manière plus ou moins diffuse, mais en général je n’ai pas l’habitude de tellement distinguer entre les traditionnelles peintures à l’huile, les gouaches, les détrempes, les aquarelles et j’emploie les divers procédé d’exécution souvent ensemble dans la même œuvre »

« L’essentiel pour moi est de pouvoir dire ce que je veux, de raconter mon rêve. Je considère la technique et la forme elle-même comme de simples instruments pour m’expliquer et, du reste, ce que je raconte n’a pas de caractère narratif ni historique, mais est de nature purement picturale »






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CONTRASTE  ACCOMPAGNE


La nouveauté de cette toile est l’emploi de sable mélangé à la couleur

Ce procédé permet à l’artiste de donner davantage de complexité au rapport entre la forme et la couleur

Il ne colle pas le sable sur la toile comme un objet autonome dans la tradition du collage cubiste mais il l’utilise pour donner du corpset de l’épaisseur à sa couleur

La maîtrise de cette technique va de pair avec son intérêt croissant pour des formes qui s’éloignent de la rigueur géométrique des travaux du Bauhaus

Des superpositions en transparence de figures rectangulaires mais les lignes sont souples et la gamme des couleurs chaude

Le système de liaison entre les éléments de la composition est novateur : les deux figures centrales sont unies par des bandes colorées auxquelles trois rubans verticaux et plusieurs formes quadrangulaires, plus petites, dans la zone inférieure servent de contrepoids

Les bandes horizontales, les quadrilatères aux extrémités inférieures des grandes formes, les amas de poudre pigmentée forment un système


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MOUVEMENT  1


Les cercles colorés qui constituent le fond de la toile sont devenus de gros ballons dégonflés au contour incertain

Au-dessus se superposent de grands rubans irrégulies et des structures géométriques complexes qui tournoient au sein de constellations de points lumineux dans un vide stellaire

A une offensive pour imposer ce qui deviendra le réalisme socialiste « L’art devrait se rendre limpide pour que s’y glisse le regard de la multitude ». Kandinsky répond « Si un homme simple dit «  je ne comprends rien à cet art mais je me sens comme dans une église », il prouve par là que sa tête n’est pas bouleversée. Il ne comprend pas mais il sent »








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FIXE


A leur arrivée à Paris en décembre 1933 Kandinsky et son épouse s’installent sur les conseils de Marcel Duchamp à Neuilly dans un appartement moderne proche du bois de Boulogne

Kandinsky y mène une vie tranquille et retirée

Entre 1934 et 1944 Kandinsky exécutera 144 tableaux

A la sévère construction géométrique caractérisant les dernières années du Bauhaus à Dessau se superpose un vocabulaire de formes stylisées et biomorphes qui semblent empreintées au domaine de la biologie moléculaire

Dans « Fixé » une forme organique souple et ondulée au contour noir plus ou moins épais s’oppose à la rigueur géométrique du fond constitué par l’imbrication de rectangles de dimensions et de couleurs différentes

A l’intérieur de cette forme qui s’élève dans l’espace comme une bulle, une multitude de petits cercles en suspension éveillent le sentiment de constellations cosmiques soumises aux lois d’une harmonie intérieure





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SUCCESSION


Un chef d’œuvre d’équilibre

Seule la grille horizontale gris clair semble pouvoir canaliser l’agitation frénétique de petites formes biomorphes de couleurs vives qui dévoilent le plaisir de Kandinsky à inventer sans cesse de nouveaux êtres hybrides et bouffons

Ces liens horizontaux font d’autant plus d’effet qu’aucune ligne diagonale ne sépare les motifs les uns des autres

Ces êtres mystérieux qui défilent et paradent joyeusement devant nous sont accompagnés de signesd de ponctuation tels que des points et des virgules

Kandinsky « Après ma période froid, mon désir est aujourd’hui « Plus large ! Plus large ! »







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NOIR  BIGARRE


Dès son installation à Paris Kandinsky commence à titrer ses oeuves nouvelles en français

« Noir bigarré » est constitué d’éléments disparates sur un fond noir dont le contour est très découpé

Aux formes biomorphiques et à la fine ligne blanche sinueuse se mêlent des éléments purement géométiques déclinés en différentes dimensions et couleurs ou encore répétés sous forme de série (points, arcs de cercle, bandes parallèles, cercles)







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VIOLET  ORANGE


Pour Kandinsky l’orange et le violet sont deux couleurs « d’un équilibre précaire ». Ces deux couleurs résultent du mélange du rouge avec du jaune ou avec du bleu

L’orange naît « d’un rapprochement du rouge vers l’homme »

Le violet procède « d’un recul du rouge provoqué par le bleu ; il a tendance à s’éloigner de l’homme »








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ACCENTS  DELICATS


Dans son atelier de Neuilly Kandinsky développe sa prédilection pour une trame picturale rigouseuse

Avec Accents Délicats il reprend le principe d’une partition de l’espace qu’il avait déjà expérimenté

A première vue les formes apparaissent librement suspendues dans l’espace mais en fait elles entretiennent des rapports subtils avec le fond divisé en damier

Des bandes colorées verticales se superposent  tandis que des formations en arabesques semblent pouvoir être développées et déclinées à l’infini

La légèreté de la matière picturale et du graphisme donnent à cette toile une grande délicatesse










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COMPOSITION  IX


Kandinsky revient au terme de « composition »

Il en peignit 7 entre 1910 et 1914 puis une en 1923 au Bauhaus de Weimar puis deux à Paris (trois furent détruites pendant la 2ème guerre mondiale)

Tableau de grande dimension également sous-titré « L’un et l’autre »

Opposition entre la rigueur formelle du fond divisé en larges bandes diagonales colorées et la diversité des motifs picturaux sans le moindre lien

L’effet directionnel généré par les diagonales est renforcé par l’emploi de couleurs contrastées, proches des couleurs primaires sur la gauche, tandis que sur la droite apparaissent les couleurs résulant de leur mélange

La forme organique qui ressemble à un cœur est entourée de multiples configurations peintes dans des tons pastels

Aux échiquiers, rectangles et cercles se mêlent des assemblages d’éléments embryonnaires

Kandinsky désigne par « Composition » une catégorie exceptionnelle d’œuvres  qui résultent « d’expressions qui se forment d’une manière semblable, mais qui lentement élaborées, ont été reprises, examinées et longuement travaillées à partir des premières ébauches … L’intelligence, le conscient, l’intention lucide, le but précis jouent un rôle capital …mais c’est toujours l’intuition qui l’emporte »

Les trois premières « Compositions » ont été détruites durant la 2ème guerre mondiale

Les grandes diagonales colorées qui découpent le fond sont exceptionnelles dans le travail de Kandinsky

Désaccord entre l’affirmation hardie des diagonales colorées et les décalcomanies qui flottent à  la surface

Toile difficile à percevoir tant il y a divorce entre les bandes en diagonales qui en constituent le fond platement géométrique et les formes molles en surcharge

Pour obtenir que le Musée du Jeu de Paume organise une exposition rétrospective de son œuvre il a cédé ce tableau au Musée pour un prix raisonnable

Le plan originel est la surface matérielle qui porte l’œuvre

Il est limité par deux lignes horizontales et deux lignes verticales et il parvient ainsi au statut d’un être autonome dans son propre entourage

La sonorité principale du plan originel consiste en deux éléments de calme chaud et deux éléments de calme froid

La prédominance des lignes horizontales fait prévaloir le froid, la prédominance des lignes verticales fait prévaloir le chaud

Dès le commencement chaque élément doit être implanté dans un environnement froid ou chaud

La forme la plus objective de plan originel est le carré : froid et chaud sont relativement équilibrés parce que les deux groupes de lignes limitant le carré ont le même poids

Le plan originel se distingue aussi par un haut et un bas qui peuvent être comparés à la terre et au ciel

La zone supérieure provoque une sensation de légèreté, de souplesse, de libération, de liberté

La zone inférieure présente des caractéristiques opposées : densité, pesanteur, contrainte

La direction vers la gauche est associée avec un mouvement vers le lointain

Les formes qui sont dirigées vers la gauche ont un côté aventureux et leur mouvement gagne de plus en plus d’intensité et de vitesse au fur et à mesure qu’elles se rapprochent du bord

La direction vers la droite suggère un mouvement vers la maison

Plus les mouvements se rapprochent de la droite, plus ils se ralentissent et plus ils s’affaiblissent

L’artiste reprend le langage des grandes « Compositions » qu’il avait abandonné en 1923 après « Composition VIII »

La grosse courbe noire au centre de Composition IX reprend un motif utilisé dans plusieurs œuvres au début des années 1910 comme dans « Composition V »

Plusieurs autres éléments tels que le motif à damier qui se répète au centre et le groupe de petits cercles superposés à droite étaient présents dans les œuvres des années 1920

Le fond est traité de façon nouvelle

Il est divisé en quatre larges bandes diagonales de couleurs différentes auxquelles s’ajoutent deux zones triangulaires aux extrémités. Le rythme régulier des quatre bandes crée un effet général d’ordre et de cohérence

Les couleurs du fond mettent en valeur les formes irrégulières souvent blanches ou de tonalité lactée et délicate






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COURBE  DOMINANTE


Dans « Courbe dominante » les surfaces nébuleuses et les formes géométriques prennent peu à peu du corps sur le fond blanchâtre

L’ensemble est pris dans un tourbillon qui aboutit au centre de la toile

Le rectangle noir près du bord supérieur gauche semble s’enfoncer par rapport à la masse tourbillonnante

La complexité de la structure correspond à la volonté de « polyphonie » exprimée par Kandinsky à cette époque

Durant les dernières années de sa carrière le style de Kandinsky va évoluer par l’introduction dans ses œuvres d’une grande diversité de motifs organiques et enjoués inspirés par l’imagerie biologique et zoologique d’ouvrages scientifiques

Au Bauhaus déjà Kandinsky sélectionnait des reproductions dans des ouvrages techniques et des encyclopédies pour s’en servir dans ses cours. Il est inspiré aussi par des formes qu’utilisent Paul Klee et Joan Miro

Ses dernières toiles contiennent toujours ses éléments géométriques favoris comme le cercle et la grille mais ces formes évoquent désormais des idées de transformation et de renaissance

« Courbe dominante » frappe par l’étonnante légèreté de sa touche

L’impression énigmatique est renforcée par les marches que l’on remarque à droite, marches qui ne mènent nulle part mais qui sont peut-être emblèmatiques d’une ascension vers un plan spirituel supérieur

Pour Kandinsky cette toile était l’une des plus importantes de cette période parisienne








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TOUS  DEUX  RAYES


Ce tableau (technique mixte sur carton) fai partie d’une série de tableaux prétendant à la gaité, à l’humour et au jeu d’esprit entre 1929 et 1932

Deux ovales rayés de dimensions différentes et prolongés par un petit triangle, pointe en bas, suggèrent des poissons exotiques, sans pour autant n’être autre chose que des formes géométriques

Kandinsky traverse alors une période heureuse

Il est proche de ses étudiants et va volontiers voir au cinéma des films comiques en particulier ceux de Buster Keaton





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INCLINATION


Kandinsky n’a jamais donné d’indications concrètes sur sa manière de  peindre. Il a laissé plane le doute sur les moyens techniques utilisés et la manière dont il peignait

On constate que dans ses œuvres le peintre mélange les techniques (peinture à l’huile, aquarelle, …) pour obtenir des effets matière différents et donner aux surfaces colorées un aspect mat ou brillant, opaque ou transparent

Dans Inclination exécuté à la fin de l’année 1931 la surface de la texture, l’aspect mat des couleurs (dû à la tempera), les formes curvilignes bigarrées qui flottent dans l’espace comme des parachutes et les motifs annonncent déjà la période parisiennne de Kandinsky


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ROSE  DECISIF


L’approfondissement des problèmes graphiques permet à Kandinsky de développer progressivement de nouvelles modalités de composition

Les figures qui se coupaient souvent les unes les autres auparavant acquièrent une plus grande autonomie

Au lieu de les superposer l’artiste leur donne un ordre à l’intérieur du tableau comme s’il organisait une procession de petites figures placées sur des grilles

Il n’y a pas de véritable grille linéaire mais les figures géométriques se distribuent de manière uniforme et s’alignent perpendiculairement

De petits conglomérats de formes triangulaires déterminent parfois de minuscules tensions visuelles : la pointe d’un triangle bifurque vers la droite et les courbes en demi-cercles semblent s’éloigner vers la droite. Mais il s’agit de mouvements imperceptibles dans un ensemble uniforme et fortement équilibré

« Rose décisif » joue sur le contraste entre le fond jaune et le noir des figures. Mais Kandinsky commence également à travailler avec des tons pastel. Il entoure les figures d’une auréole jaune-ocre, plus sombre que le fond

L’objet principal, pivot de l’équilibre visuel de la composition est le carré rose. Il introduit de la profondeur dans la toile, suggérant l’existence de plusieurs plans

Le plan intermédiaire donne une plus grande unité à la composition qui sans lui serait apparu plus hétéroclite en raison du contraste abrupt entre le jaune et le noir



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KANDINSKY

TABLEAUX  DE  1931  A  1936


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FORMES  MULTIPLES


Dès son installation à Neuilly Kandinsky abandonne « l’intransigeance et l’orthodoxie de la règle et du compas »

Kandinsky recherche une pleine liberté plastique

Il sature ses toiles de formes géométriques et organiques aux couleurs raffinées et de linéaments qu’il suspend librement dans l’espace dans un équilibre très savant










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LA  LIGNE  BLANCHE


Un coloris qui fleure les délicatesses de l’art nouveau

En déposant quelques taches de couleur sur un papier préparé ou teinté dans la masse la feuille vibre de filaments phosphorécents

Kandinsky tente rarement d’utilise le fond sur une toile. Il réserve ce procédé aux œuvres « en mineur », les gouaches

Cette gouache est délivrée de toute arrière-pensée de composition picturale

Une des premières œuvres abstraites à pénétrer dans un musée français











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NŒUD  ROUGE


Jean Arp avait introduit dès les années 30 dans ses sculptures des formes biomorphiques

Kandinsky aimait consulter des ouvrages encyclopédiques ou des manuels de biologie. Il s’intéressait aux invertébrés marins, aux êtres vivants microscopiques et aux formes zoologiques primitives

Les points et les virgules ont probablement été empruntés au vocabulaire formel de Paul Klee

Les couleurs de ces nouveaux motifs se détachent fortement sur le fond noir

Au centre la ligne rouge sinueuse très aérienne s’oppose aux masses des formes biomorphiques qui sont comme plaquées sur les plans rectangulaires

Le rouge clair chaud donne une impression de force, d’énergie, de fougue, de décision, de joie, de triomphe

Musicalement le rouge rappelle le son des fanfares avec tuba, un son fort, obstiné, insolent








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