Vie de Johan Barthold Jongkind


Il naquit le 3 juin 1819 en Hollande près de la frontière allemande

Son père était percepteur

Pour gagner sa vie il travailla comme clerc de notaire bien qu'il rêvât de devenir peintre


Son premier maître Andreas Schelfhout, paysagiste de plein air, lui suggère l'étude de la nature et apprend à ses élèves qu'un carnet de croquis est une source inépuisable pour les compositions de peintures à l'huile réalisées en atelier

Il emmène ses élèves en promenade dans les faubourgs de La Haye avec leurs polders, leurs canaux, leurs dunes et leurs plages


Jongkind partageait l'opinion de son maître et n'était pas un peintre de plein air


Son talent ayant été remarqué, Guillaume d'Orange qui deviendra le roi Guillaume III, devint son mécène


En 1846 (il a 27 ans) il rencontre le peintre français Isabey, peintre de marines, qui remarque son exceptionnel talent et le ramène à Paris

En été 1850 il parcourt avec Isabey la côte normande


Jongkind à Paris se retrouve dans le cercle des peintres de Barbizon

Il rencontre Troyon, Daubigny, Rousseau


Eugène Martin, marchand dans la rue Mogador le soutient


Il aime les quais proches de l'île Saint Louis et de l'île de la Cité

Il témoigne de la vie quotidienne à l'imitation des peintres flamands

Ses toiles sont souvent des souvenirs faits d'après des dessins et des aquarelles

Il ne fait que rarement des toiles sur le motif

Jongkind se distingue par l'observation directe de la réalité, non pas lisse ou fignolée mais spontanée à tendance réaliste, tout imprégnée d'un sens de l'instantanéité

Il considérait l'étude d'après nature comme le vrai bien pour le peintre

Il voulait éviter tout ce qui pouvait être considéré comme "pittoresque"

Il ne peint pas les estivants des plages de Normandie. Il aime peindre la mer avec ses reflets, ses abords sans citadins animés par des pêcheurs au travail


Il fréquenta des écrivains (Baudelaire) et des artistes (Courbet, la personnification du réalisme)

L'alcool devint une habitude qui mina sa santé et ses finances


De  novembre 1855 à avril 1860 il séjourne en Hollande

Il renoue avec la tradition des peintres hollandais du 17ème siècle : vues de ponts et de canaux bordés de moulins

En Hollande il ne se sentait pas en affinité avec les peintres de son temps


Martin, son marchant parisien le soutenait par une pension mensuelle

Dans ses vues de ville et ses scènes d'hiver il utilise les couleurs librement et les touches de couleur dominent par rapport au dessin

Il voulut revenir en France mais n'avait pas d'argent


Le 7 avril 1860 une vente est organisée par ses amis parisiens pour financer son retour à Paris (22.000 euros)

On alla le chercher à Rotterdam pour qu'il ne s'arrête pas dans tous les cafés croisés en route

De retour en France il trouve la stabilité affective en son "ange gardien", Joséphine Fersen

Ils furent inséparables jusqu'à sa mort


"Je trouve Honfleur le pays le plus admirable, aussi comme vivre que j'aime beaucoup le cidre et le bon pain de Normandie"


Il passait l'été à Honfleur dans une maison recommandée par Boudin, un ancien ami de Jongkind

Boudin à propos de Jongkind " C'est fait avec rien et pourtant la fluidité et la densité du ciel et des nuages y sont traduites avec une précision inimaginable"

Boudin se passionnait pour des scènes de plage estivales avec des baigneurs élégants à Trouville et à Dieppe

A Honfleur Jongkind préfère les voies en bordure du port ou les paquebots avec leurs gréements dégréés attendant comme de géants insectes fantomatiques







En 1862 Jongkind a 43 ans

Il rencontre Monet en 1862 lors d'un dîner à Honfleur dans le jardin de l'auberge de la Ferme Saint Siméon où officiait la mère Toutain

Claude Monet disait de Jongkind " Jongkind se fit montrer mes esquisses, m'invita à venir travailler avec lui, m'expliqua le pourquoi et le comment de sa manière et complétant par là l'enseignement que j'avais reçu de Boudin, il fut à partir de ce moment mon véritable maître.

C'est à lui que je dois l'éducation de mon oeil"

Les paysages de la côte que Monet peignait aux alentours du Havre sous l'influence de Jongkind furent remarqués


Jongkind se sentait toujours un étranger et refusait de se ranger derrière une bannière en participant à une manifestation de groupe

Il refusa de participer au Salon de 1873 où Monet exposa "Impression, soleil levant"


Il vient à Paris en 1875 aux obsèques de Corot qu'il admirait profondément


Il vécu beaucoup dans le Dauphiné où il habitait une propriété acquise en 1878 par le fils de Madame Fersen. Il compose de nombreuses aquarelles et des paysages du Dauphiné


A partir de 1880 il demeure moins à Paris et peignit Narbonne et Marseille.

Il voyage l'été en Suisse et dans le Midi


Des désordres psychiques perturbent la fin de sa vie

Il mourut le 9 février 1891 entouré des soins de Madame Fersen qui mourut peu après


Son  oeuvre montre de la virtuosité dans le scintillement de la lumière, de l'air et de l'eau.

Johan Barthold JONGKIND  

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Nous allons redécouvrir

l'oeuvre

De JONGKIND


À partir de tableaux commentés


La note ci-dessous vous présente un résumé de sa vie

Notre-Dame vue du quai de Montebello - 1849


Les bâtiments de l'archevêché cachent en partie le chevet

Viollet le Duc n'a pas encore restitué la flèche à la croisée du transept

Au fond de la perspective les bâtiments de l'ancien Hôtel Dieu, de part et d'autre de la Seine sont reliés par une passerelle en arrière du pont au Double

Les bateaux-lavoirs sont amarrés aux berges de la Seine. Les laveuses sont au travail et le linge sèche sur le toit

Il souligne certains détails du tableau par des taches colorées, vives, éparpillées tout au long de la composition


La Seine à Paris - 1852


Les arches du Pont Marie, empiétant sur le quai rive droite

Sur la rive gauche la silhouette des hôtels du quai d'Anjou, dans l'île Saint Louis

Amarrés aux quais les bateaux-lavoirs forment d'importants convois

Ce n'est qu'à la fin du siècle qu'ils cédèrent la place aux blanchisseries installées en ville

Lumière évoquant Corot

Intérêt documentaire sans tomber dans un pittoresque excessif


Le Pont Royal vu du quai d'Orsay - 1852


Rive gauche, le pavillon de Flore marque l'angle de la galerie du Louvre et du palais des Tuileries

Le Pont Royal bâti sous Louis XIV a été rénové de 1839 à 1844

A droite le palais d'Orsay est achevé en 1838

Il est sensible à l'évocation de l'activité humaine du quai : les péniches sont déchargées à l'aide de grues

Les charrettes à chevaux sont destinées au transport des matériaux lourds

Durant la Commune les Tuileries brûleront ainsi que le palais d'Orsay

Sur les ruines d'Orsay sera édifiée la gare d'Orsay inaugurée le 14 juillet 1900

Le quai de la Tournelle - 1852


" On dirait des ébauches jetées en quelques heures, par crainte de laisser échapper l'impression première "

Le quartier Notre-Dame fut un des sujets favoris de Jongkind de 1848 à 1864

En 1852 Viollet le Duc commence les travaux de remise en état de Notre-Dame consacrée le 31 mai 1864

Le port situé au premier plan était l'ancien port aux tuiles : bois et pierres y sont amassés

Le pont de l'Estacade - 1853


Le pont de l'Estacade reliait le pont de Béthune sur l'île Saint Louis au quai Henri IV rive droite et fut construit en 1851

Il représente le pont inachevé

Cette passerelle en métal et ciment armé, à croisillons sur pilotis, soutenue par de fortes piles en pierre, incarne la "modernité" chère aux impressionnistes

Passerelle éclairée par des réverbères, autre symbole du monde moderne

Jongkind laisse toujours dans ses paysages une place signifiante mais non prépondérante à la figure humaine, pêcheurs à la ligne ou en barques


Environs de Delft - 1856


En 1855, déçu par l'indifférence rencontrée lors de l'exposition de 1855, le peintre décide de revenir dans son pays

Son retour n'est pas un succès car sa famille se désintéresse de cet artiste alcoolique et déprimé

Il se résout à peindre des paysages typiques : canaux et ciels immenses

Sa peinture évolue progressivement vers une fluidité propre à traduire la mobilité de la lumière et la présence de l'eau

Peinture d'atmosphère plus que de motifs indentifiables


Un canal en Hollande - 1857


De 1855 à 1860 Jongkind vit en Hollande, dépité par l'absence de récompense au Salon et poursuivi par ses créanciers parisiens

Pendant ces cinq années il vend presque exclusivement à Paris sa production hollandaise

Il reçoit en moyenne 7.200 F (740 euros) par toile

Jongkind s'inscrit dans la tradition de la peinture hollandaise héritée du 17ème siècle :

- grande importance du ciel

- diagonale du canal

- touche lisse et "porcelainée"

- atmosphère limpide et sereine

La Seine à Argenteuil - juillet 1864


Martin, son fidèle marchand, lui fait découvrir la campagne d'Argenteuil

Les impressionnistes rendirent ce lieu célèbre en peignant le pont et les loisirs au bord de l'eau

Composition en diagonale qui laisse les trois quarts de l'espace au ciel

Quelques arbres cassent le rythme horizontal

Selon son habitude Jongkind intègre la figure humaine dans son paysage

Honfleur, la chapelle Notre Dame de Grâce - 1864


A Honfleur Jongkind retrouve en août 1864 Boudin, Bazille et Monet

Courbet est à Deauville

Monet apprécie la présence de Boudin et Jongkind, ses deux "maîtres" et trouve qu'en leur compagnie "il y a bien à apprendre"

Ceux-ci n'ont pas la prétention de lui imposer un style

La chapelle construite en 1600/1615 est le havre de prière des marins

Le 14 septembre 1864 Jongkind et Monet plantent leur chevalet côte à côte devant la chapelle

Entrée du port de Honfleur - 1864


Panorama de Honfleur vu de l'estuaire

Tableau composé d'après des aquarelles faites sur nature

Le panorama embrasse la ville située entre ses deux collines

Le grand voilier, les petites barques à rames et les barques de pêche rappellent les activités du port de Honfleur

Activité florissante du port due à :

- la pêche locale

- le commerce avec l'Angleterre et le Nord (houille, bois)

- le transport des produits du pays d'Auge


Entrée du port de Honfleur - 1864


Dans cette aquarelle le peintre saisit l'entrée du port de Honfleur par :

- notations rapides au crayon délimitant le sujet et les volumes

- pinceau peu chargé de couleurs


Pour accentuer le volume et les contrastes il souligne certains détails :

- la digue noire

- la coque des bateaux

- un toit

- une cheminée


Les nuages blancs et les points lumineux sont traités en réserve, le  papier de l'aquarelle étant laissé vierge

La marée basse laisse à découvert un banc de vase, éternel problème de Honfleur

La construction navale de Honfleur s'éteint au profit du Havre

Honfleur, vue de la ville et de l'avant-port - septembre 1864


" Je trouve Honfleur le pays le plus admirable, aussi comme vue et que j'aime beaucoup le cidre et le bon pain de Normandie "

Loin de la foule des estivants il préfère les abords du port

Le jeu subtil de la lumière devient l'élément central de ses huiles et de ses aquarelles

Honfleur, l'entrée du port - 1865


Jongkind peint la jetée et son phare, le voilier et quelques petites barques sur un horizon bas placé sous un ciel immense

Les trois barques ponctuent l'espace et assurent l'unité en creusant la profondeur

Dans le ciel la fumée oblique donne la direction du vent, se cache derrières les voiles puis s'éclaircit en montant pour atteindre les nuages blancs

Jongkind ne séduit pas par des couleurs vives mais par une subtile atmosphère

Il ne représente pas la pleine mer mais la présence et l'activité de l'homme


Honfleur, vue générale de l'estuaire - 1865


Le panorama de Honfleur est une sorte de toile de fond que Jongkind a utilisé maintes fois pour réaliser ses peintures

Il a noté au bas de la feuille les monuments de la ville

A droite, l'auberge du Cheval Blanc qui hébergea quantité d'artistes

" Le temps était magnifique de façon que j'ai déjà fait beaucoup de croquis, de dessins et d'aquarelles "


Honfleur, le port au chemin de fer - 1865


Avec cette vue du port au chemin de fer Jongkind ne montre que des bateaux à voiles et peuple le décor de petits sujets en action : charrette, pêcheurs examinant leurs filets ...


La Schie près de Rotterdam - 1868


Nombre de peintres pré-impressionnistes et impressionnistes furent séduits par les paysages aux moulins, thème développé par les peintre hollandais du 17ème siècle

Horizon bas

Diagonale du canal

Lumière limpide

Petits personnages

La division de la toile est toujours d'un tiers pour la terre et deux tiers pour le ciel

La diagonale montante de la Schie de gauche à droite est reprise par la fumée du vapeur et sur la droite se heurte aux arbres verticaux qui rétablissent l'équilibre du tableau

Le ciel clair, traité légèrement, traversé par la fumée noire, trouve son complément dans le sol sombre éclairé par les touches fractionnées et empâtées de l'eau argentée et de la berge dorée

La Meuse - 1868


Les marines sont un de ses thèmes préférés

Il fait plusieurs retours en Hollande dont il rapporte des dizaines de dessins et d'aquarelles destinées à inspirer des tableaux

Le ciel occupe les trois quarts de l'espace

Trois grandes obliques montantes et parallèles traversent la composition de gauche à droite

- les nuages sombres

- une ligne reliant le sommet des barques et des voiliers

- l'extrémité de la digue à droite


Une légère brise fait clapoter la Meuse

La lumière éclate par endroits dans le ciel, reflétée par l'eau


Environs de Dordrecht - 1879


Jongkind n'est pas retourné en Hollande depuis 1869, soit dix ans, mais il peint des "souvenirs" de Hollande

Présence envahissante (trois quarts de l'espace) mais légère du ciel qui attire le regard

Composition marquée par les verticales des barques et des arbres prolongées par leurs reflets dans l'eau

La courbe que suit la rive forme un ovale où se mire au centre le soleil

Touche nerveuse et courte

A gauche quelques points blancs évoquent des troupeaux au pré et à droite des touches claires suggèrent un laveuse au travail

Cette oeuvre faite d'après des souvenirs et des dessins garde la spontanéité du travail sur nature

Le port de Marseille et Notre Dame de la Garde - 1881


Vers 1865 Jongkind commence à recueillir les fruits financiers de son travail

Ce tableau atteint en 1882 le prix de 1.732 francs (6.400 euros)

Cette peinture de 1881 est faite d'après des croquis de son voyage dans le midi en 1880

Trois triangles de différentes hauteurs placés à des profondeurs successives

- en arrière plan, un pyramide large et aplatie, dominée par Notre Dame de la Garde

- au premier plan, deux autres pyramides plus étroites et plus hautes formées

- à gauche par les mâts des navires et les charrettes

- à droite par les voiliers

Ces deux pyramides encadrent la scène comme un rideau de théâtre ouvert

Le premier plan plus sombre accentue l'aspect vaporeux de l'arrière plan

La ligne de démarcation entre le quai et l'eau disparaît dans les reflets ensoleillés

Les petites touches donnent l'illusion du mouvement  

L'Isère à Grenoble - 1885


A cette époque de sa vie Jongkind peint peu et les aquarelles gouachées sont l'essentiel de sa production

Oeuvre limpide et claire

L'arrière-plan enneigé, mauve et vaporeux, contraste avec les bords de l'Isère plus sombres mais scintillants de lumière

Les couleurs bleues, vertes et jaunes sont posées en touches longues et fines dans l'eau et en touches courtes sur la berge

La lumière transparente du matin est reflétée par la neige et renvoyée dans l'eau


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