29  La Cène


Le Christ et ses disciples sont ici représentés en train de célébrer la fête de la Pâque dans une salle située à l'étage supérieur d'une maison de Jérusalem.


Cet épisode comporte deux éléments essentiels dont l'un est l'institution du sacrement de l'Eucharistie et la première communion des apôtres, ainsi qu'en témoignent les Évangiles

Cette fresque, qui ouvre le registre inférieur du cycle, est la plus proche de l'autel d'où le prêtre accomplit le rituel central de la messe avec son symbolisme eucharistique.


L'autre élément essentiel de ce récit est de nature historique. C'est en effet au cours de la Cène que le Christ annonce que l'un de ses apôtres va le trahir: «Quelqu'un qui a plongé avec moi la main dans le plat, voilà celui qui va me livrer!». Judas, vêtu de la robe jaune qu'il portait sur la fresque précédente, plonge sa main dans le plat en sachant qu'il va bientôt trahir le Christ.



30  Le Lavement des pieds

Quand le dernier repas fut pris, Jésus se leva, se saisit d'un linge qu'il mit autour de sa taille et commença de laver les pieds de ses disciples. Quand ce fut au tour de Pierre, comme ici, celui-ci protesta contre ce qu'il considérait être un acte humiliant pour le Christ.


Hormis la table à tréteaux, le décor de cette fresque est rigoureusement identique à celui de La Cène. Le mur se trouvant derrière les apôtres était initialement orné de décorations géométriques, mais celles-ci ont pour la plupart disparu.

31  Le Baiser de Judas

Judas devait désigner Jésus par un baiser, transformant ainsi en trahison un geste d'amitié. Giotto s'est ici attaché à peindre non tant le moment du baiser que l'instant qui suivit la trahison.

Les soldats ont en effet déjà pris position autour du Christ, et l'anneau sombre de leurs casques de fer se resserre autour de lui. Dans un accès de rage, Pierre tranche d'un coup de glaive l'oreille de Malchus, serviteur du Grand Prêtre.

À gauche du tableau, les apôtres tentent de fuir: un ennemi dont il ne nous est pas donné de voir le visage tente de retenir l'un d'eux par la robe.

Parmi la foule massée à l'extrême droite de l'image, on reconnaît le prêtre qui figurait dans "Les Marchands chassés du temple".

Au centre de ce tourbillon humain, comme dans le calme qui règne au coeur d'un ouragan, le Christ et Judas se tiennent face à face. Le corps du Christ est presque entièrement dissimulé par le vêtement jaune de Judas.

Les visages du traître et du trahi constituent le centre attractif du récit. Conscient pour la première fois de la portée de son geste, Judas recule avec effroi alors que ses yeux rencontrent le regard fixe et averti du Christ.


Cet échange, qui ne pouvait être observé que dans l'instant qui suivit le baiser de Judas, permet à Giotto de réexaminer les éléments humains les plus complexes du drame.


32  Le Christ devant Caïphe

Suite à la trahison de Judas, le Christ fut arrêté, puis conduit devant le grand prêtre Caïphe pour être interrogé. Celui-ci lui dit: «Je t'adjure par le Dieu vivant de nous dire si tu es le Christ, le Fils de Dieu».


À cela, Jésus répondit: « Tu l'as dit. D'ailleurs, je vous le déclare: désormais vous verrez le Fils de l'homme siéger à droite de la Puissance et venir sur les nuées du ciel». Sur ce, Caïphe accusa le Christ d'avoir blasphémé. Puis, il déchira ses vêtements et le condamna à mort pour avoir osé proclamer qu'il était le Messie.


La scène se déroule dans une petite pièce obscure aux fenêtres masquées par des volets. Le Christ est à la merci de ses ennemis, qui l'entourent. Les couleurs des robes sont plus sombres sur cette fresque que sur les précédentes, et la gamme chromatique est restreinte de façon à traduire comme il se doit les terribles événements décrits.


Caïphe vient d'annoncer son verdict et un soldat s'apprête à frapper le Christ.


Il accepte son destin, mais le côté humain de sa nature appréhende les souffrances à venir.



33  La Flagellation du Christ

A près avoir été condamné par Caïphe, Jésus est raillé, battu et fouetté. Ici, dans la cour d'une pièce aux fenêtres grillées, un Christ massif mais à bout de force est harcelé par un groupe d'hommes particulièrement laids et méchants.


Pour se moquer de lui en tant que roi des juifs, ils l'ont revêtu d'une resplendissante robe couleur d'or et coiffé d'une couronne d'épines, puis ils ont placé un sceptre en roseau entre ses mains. Faussement respectueux, l'un d'eux s'agenouille devant lui, tandis que les autres lui tirent les cheveux et le molestent.

Contrairement aux artistes de son temps, Giotto souligne la nature mortelle du Christ en le montrant effondré et quasi inconscient face à ses tortionnaires.


L'homme noir qui agite une canne au-dessus de sa tête sert de transition entre le groupe assemblé autour du Christ et le groupe situé à droite de l'image. Dans ce dernier, il se peut que l'homme vêtu de rouge avec un bandeau dans les cheveux soit Ponce Pilate, gouverneur romain de la Judée.

Le Christ lui fut amené, car Caïphe ne disposait pas du pouvoir légal pour le condamner à mort. Pilate estimait qu'une telle condamnation ne se justifiait pas, mais, par crainte de mécontenter le peuple, il se lava les mains devant la foule, puis livra le Christ afin qu'il soit crucifié après avoir dit: «Je ne suis pas responsable de ce sang; à vous devoir! ».



34  La Montée au Calvaire

Sur cette composition en frise, Jésus et ses geôliers marchent en tête d'un cortège qui occupe toute la largeur de l'image.

La figure nimbée à l'extrême gauche représente Marie, vêtue d'une robe dont la peinture bleue s'est écaillée; une main la retient et l'empêche de suivre le Christ. La porte que vient de franchir le cortège est la troisième de ce type dans la chapelle Scrovegni: les deux autres figuraient dans La Rencontre à la Porte d'Or et dans L'Entrée à Jérusalem.

La première fresque montre Joachim et l'un de ses bergers arrivant à Jérusalem par la gauche et se déplaçant vers la droite. Le même mouvement se retrouve dans L'Entrée à Jérusalem. La porte se trouve du côté droit de l'image, dans les deux compositions.

Il en va différemment ici où le Christ conduit une procession qui sort de la ville par une porte située à gauche de l'image. Cette porte se révèle être en outre l'exact reflet de celle par où le Christ est entré au commencement de sa Passion. Le fait qu'elle change ainsi de place et soit perçue autrement confère une certaine symétrie aux épisodes éprouvants qui se sont déroulés dans la ville, et annonce la fin de la Passion du Christ.

Cette fresque est aujourd'hui très abîmée. La peinture s'est écaillée sur presque toute la surface, notamment en sa partie supérieure. Le bleu du ciel était à l'origine strié de diagonales formées par une seconde croix à droite du Christ et par cinq longues lances de soldats désormais à peine visibles.


35  La Crucifixion

Le Christ crucifié, dont la tête affaissée sur la poitrine trahit la mort, domine la foule des vivants.


La croix sépare les bons des méchants. À la droite du Christ, c'est-à-dire du bon côté, se tient le petit groupe formé par la Vierge, saint Jean l'Évangéliste et plusieurs autres saintes femmes. Agenouillée au pied de la croix, Marie-Madeleine essuie le sang des pieds de Jésus - ces mêmes pieds qu'elle avait arrosés de ses larmes, puis séchés avec ses cheveux lors du souper chez Simon le Pharisien).

Accablée par la mort de son fils, la Vierge s'évanouit dans les bras des disciples du Christ: là encore, Giotto ne souligne pas tant la nature divine que la nature humaine d'une figure sainte.

À gauche du Christ, c'est-à-dire du côté «sinistre», les soldats se disputent sa robe. Seul le soldat nimbé, Longin, qui plus tard subira le martyre avant d'être révéré comme un saint, reconnaît la divinité du Christ.

Les anges volent autour de la croix.

Trois autres anges recueillent le sang du Christ dans des calices. Le pouvoir rédempteur de ce sang et le pouvoir du Christ à sauver l'humanité du péché originel sont soulignés avec force par la présence du crâne d'Adam sous la croix.


27  Les Marchands chassés du temple

Devant le portique du temple, le Christ chassa à coups de fouet les changeurs, marchands et vendeurs d'animaux qui profanaient ce lieu saint en y faisant leur commerce. Les animaux étaient vendus pour les sacrifices dans le temple

Cette fresque est sérieusement endommagée par suite de la disparition d'une grande partie du pigment appliqué à sec. Le bleu de la robe du Christ s'est détaché du mur, laissant désormais voir la sinopia.

Le geste violent du Christ, son visage sévère, les chèvres qui se cabrent et les marchands qui s'enfuient sont autant d'éléments qui se conjuguent pour créer un effet de mouvement très prononcé vers la droite


Les pieds et les traverses de la table de comptes renversée devant le Christ sont très abîmés, mais ils accentuaient la forte impression de mouvement horizontal qui domine dans cette partie de la fresque.

Giotto après avoir terminé le personnage de saint Pierre, que l'on voit debout à gauche du Christ décida d'ajouter la figure d'un garçonnet, peut-être pour que celle de Pierre semblât moins isolée. À mi-hauteur de la figure du saint, il découpa donc un fragment de fresque, appliqua une nouvelle couche d'enduit et peignit la tête de l'enfant. Le corps de ce dernier, à l'instar du bleu de la robe du Christ, fut peint a secco et a désormais disparu; non seulement voit-on maintenant le fond jaune sur lequel il fut peint, mais l'harmonie chromatique initiale de la fresque s'en trouve perturbée.



28  La Trahison de Judas

0utre les temples que l'on retrouve dans plusieurs des fresques de la chapelle, Giotto fait réapparaître certains personnages importants au long du cycle. C'est le cas avec ce tableau situé sur l'arc de voûte de l'autel où les trois prêtres figurant à l'extrême droite du tableau des Marchands chassés du temple sont de nouveau mis en scène.


Deux d'entre eux discutent la perfidie de Judas, tandis que le troisième complote avec l'apôtre guidé par la poigne du démon.


24  Les Noces de Cana

Le Christ et la Vierge furent invités à des noces dans la ville galiléenne de Cana (selon plusieurs légendes anciennes, Jean l'Évangéliste était le garçon d'honneur de ce mariage).

Au cours des festivités, le vin manqua aux invités et la Vierge pria Jésus de leur venir en aide. Celui-ci ordonna donc de remplir d'eau six jarres, puis changea miraculeusement cette eau en vin. Ce fut là son premier miracle et un signe annonciateur de la transsubstantiation de son sang en vin eucharistique.

Le miracle n'est pas d'emblée évident pour tous: le maître du repas, par exemple, dont la silhouette ventripotente rappelle avec humour celle des jarres, en est encore à goûter le vin que tous reconnaîtront ensuite comme le meilleur qu'ils aient jamais bu.


Selon la coutume du XIV° siècle, les invités n'occupent qu'un côté de la table de façon que les serviteurs puissent leur présenter de face la nourriture et les boissons.


Le médaillon placé en regard de cette fresque représente "Moise faisant jaillir l'eau du rocher". Ce miracle qu'il accomplit pour apaiser la soif de son peuple dans le désert, est ici interprété comme un présage du miracle de la transformation de l'eau en vin.



25  La Résurrection de Lazare

Marie-Madeleine et Marthe firent dire à leur ami Jésus de venir à Béthanie afin de guérir leur frère Lazare. Jésus ne répondit pas tout de suite à leur appel et, lorsqu'il arriva, Lazare était mort depuis quatre jours. Les soeurs le supplièrent de le ramener à la vie.


Le Christ dit à Marthe que son frère ressusciterait. Ses paroles furent: «Je suis la Résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra; et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais».


La scène gravite autour de la main du Christ qui accomplit le miracle. Celle-ci se détache sur le vide qui sépare les disciples de Jésus des hommes groupés autour de Lazare, dont certains se protègent le nez contre l'odeur putride du corps.


De cette main, l'étincelle divine de la Résurrection semble courir le long du bras tendu de l'homme en vert, puis traverser le corps de l'homme qui soutient Lazare. Mais tout cela se produit si vite que Marie et Marthe ne sont pas encore conscientes de la résurrection de leur frère et continuent d'implorer le Christ pour qu'il agisse en sa faveur.


Les arbres en fleurs et le lis représentés sur la montagne aride symbolisent le pouvoir régénérateur de Dieu, lequel permettra la résurrection du Christ lui-même.


26  L'Entrée à Jérusalem

La composition de cette scène, qui constitue le premier épisode de la Passion du Christ, rappelle celle de La Fuite en Égypte, mais les deux histoires diffèrent grandement par leur signification.

En fuyant vers l'Égypte, Jésus et sa famille voulaient échapper à la mort; ici, en entrant dans Jérusalem, le Christ s'engage avec stoïcisme sur une voie qui va le conduire inexorablement à être arrêté, humilié, puis finalement crucifié.


S'annonçant par un geste très semblable à celui qu'on le voit faire dans La Résurrection de Lazare, Jésus se dirige vers la Porte d'Or, où les fidèles continuent de s'assembler pour l'accueillir. La foule désordonnée qui débouche de la porte étroite de la ville - laquelle est une variante architecturale de celle représentée dans La Rencontre à la Porte d'Or - contraste vivement avec le groupe calme et ordonné des disciples du Christ.


Notons également l'action séquentielle, voire quasi cinématographique, des trois hommes figurant au premier plan à droite: le premier entreprend de retirer sa robe, le second a relevé sa robe par-dessus sa tête, le troisième place sa robe sous les sabots de l'âne du Christ.

L'homme grimpant dans l'arbre pour apercevoir le célèbre prêcheur et faiseur de miracles ajoute à I'animation de la scène. Un autre homme coupe des palmes, symbole du martyre; le garçon debout devant l'âne du Christ en tient une à la main.



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23  Le Baptême du Christ

Le Christ fut baptisé par Jean-Baptiste dans les eaux du Jourdain devant une grande foule.


Au cours du baptême, le Christ «vit les cieux se déchirer et l'Esprit comme une colombe descendre sur lui; et des cieux vint une voix: "Tu es mon Fils bien-aimé, tu as toute ma faveur"» (Marc, 1, 10- 11).


Juste au-dessus du Christ, dans un éclat de lumière divine qui semble écarter les montagnes, apparaît la figure de Dieu vue en raccourci. L'acte baptismal, Jean Baptiste verse l'eau sur la tête du Christ, captive toute l'attention des disciples du Christ et des anges magnifiques qui tiennent ses vêtements.


Rarement dans l'histoire de l'art a-t-on fait de cette scène sans grande action un drame aussi fort.


Ici, comme dans de nombreuses autres fresques de la chapelle, certaines des auréoles, dont celles des figures situées au premier plan, ont été obtenues avec un enduit enrichi que l'artiste a strié avant de le recouvrir d'un mélange de cuivre, d'argent, d'or et de plomb. Dans certains tableaux, cet amalgame s'est oxydé et les nimbes ont pris une teinte noirâtre, ce qui n'est pas le cas pour la présente composition où les auréoles ont conservé leur couleur d'origine.



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