17  La Nativité

La précision et le caractère intime du récit des Méditations sur la vie du Christ, principale source textuelle de Giotto pour ce tableau, influencèrent la vision qu'il avait de l'épisode ici dépeint:

"Le dimanche à minuit, lorsque vint l'heure d'enfanter, la Vierge se leva et s'adossa contre une colonne qui se trouvait là.

Cependant Joseph demeura assis, découragé peut-être de ne pouvoir préparer ce qui était nécessaire.

Puis il se leva et, prenant foin dans la mangeoire, il le déposa aux pieds de la Vierge et se détourna. Le Fils du Dieu éternel sortit des entrailles de la mère sans murmure ni blessure, en un instant; tel Il avait été dans son sein, tel Il se trouvait maintenant au-dehors, sur la paille aux pieds de Sa mère.


Dans un moment d'abandon, la mère se baissa pour Le prendre. L'embrassa tendrement et, guidée par l'Esprit-Saint, Le déposa sur son giron et entreprit de Le laver avec le lait de ses seins gonflés par le ciel.


Lorsque cela fut fait, elle L'emmaillota dans le voile qui couvrait sa tête et Le coucha dans la mangeoire. Le boeuf et I'âne s'agenouillèrent de façon à placer leur mufle au-dessus de la mangeoire, puis soufflèrent sur le nourrisson, comme s'ils étaient doués de raison et savaient que l'Enfant était si pauvrement couvert qu'il fallait Le réchauffer en cette froide saison".


18  L'Adoration des mages

Cette fresque, l'une des plus belles et des plus joyeuses de tout le cycle de la chapelle Scrovegni, présente les trois mages en adoration devant le Christ.


Ces hommes étaient des astrologues qui virent dans le ciel des signes annonciateurs de la naissance du Christ. Tandis qu'une étoile embrasée luit au-dessus d'eux, les mages contemplent l'Enfant Jésus avec une admiration respectueuse.


Le plus ancien des trois s'agenouille et embrasse tendrement les pieds de l'Enfant sous le regard d'un ange qui tient dans ses mains l'un des cadeaux en or apportés par les mages. Le fait que ce présent ressemble à un ostensoir met en évidence le parallèle entre l'offrande des mages et la présentation de l'Enfant Jésus aux mages.


L'origine exotique de ces derniers est signalée par la présence des deux dromadaires aux yeux bleus dont s'occupent attentivement les serviteurs des mages.


Giotto a utilisé pour cette fresque beaucoup de couleurs claires et lumineuses, rehaussées ici et là de touches de rouge qui contribuent à créer l'esprit rayonnant de cet épisode.


Les figures humaines et animales sont tout particulièrement bien conservées; seul le bleu du manteau de la Vierge s'est écaillé et laisse désormais voir une sinopia assez vague.


19  La Présentation du Christ


Conformément à la loi de Moïse, Jésus fut conduit au temple pour être présenté à Dieu.

On apporta aussi un couple de tourterelles - ici tenues par Joseph, qui se trouve derrière la Vierge - en vue de procéder au rite de la purification de la mère après l'accouchement.


Il y avait là, portant l'enfant, le vieux prêtre Syméon à qui le Saint-Esprit avait révélé qu'il ne mourrait pas avant d'avoir vu le Messie. Quand il vit le Christ, il s'exclama: «Maintenant, ô Maître, tu peux, selon ta parole, laisser ton serviteur s'en aller en paix; car mes yeux ont vu ton salut, que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations et gloire de ton peuple Israël.» (Luc, 11, 29-32).


Là encore, l'importance accordée à la rédemption se comprend en tant que référence à la fonction sépulcrale de la chapelle. À l'extrême droite de la composition, la vieille prophétesse Anne désigne l'enfant comme étant le Sauveur.


La nappe brodée, qui figurait déjà sur l'autel dans La Remise des verges et dans La Prière pour la floraison des verges, réapparaît ici.


La représentation du Christ sous les traits d'un enfant apeuré qui tend les bras vers sa mère traduit chez Giotto une vision particulièrement tendre et humaine.


20  La Fuite en Égypte

Un ange apparaît en songe à Joseph et lui dit de s'enfuir en Égypte avec sa famille. Ainsi échappera-t-il aux hommes d'Hérode qui veulent tuer le Christ.


Sur cette fresque, le petit groupe formé par la Vierge, l'Enfant Jésus, Joseph et quatre serviteurs est guidé par un ange.

Le thème de cette scène étant la fuite, Giotto a imprégné sa composition d'un sentiment d'urgence.


Au-delà des figures représentées au premier plan, la colline, dont la forme triangulaire rappelle celle de la mère et de l'enfant chevauchant l'âne, semble elle-même se déplacer vers la droite, dans la direction où se pressent les personnages.


L'impression de mouvement est en outre soulignée par la procession des pieds et des sabots, qui évoque la marche scandée des fuyards le long de l'étroite corniche.


Joseph, en tête du groupe, se retourne comme pour inciter ses compagnons à presser le pas. L'équilibre chromatique de cette peinture est très perturbé du fait de la disparition du bleu du manteau de la Vierge au centre même de la composition.



21  Le Massacre des Innocents

Apprenant par les mages que le Christ deviendrait roi des juifs, Hérode Ascalon, tétrarque de Galilée, envoie ses soldats tuer tous les enfants de Bethléem âgés de moins de deux ans.

Deux bâtiments représentés à l'arrière-plan de cette fresque. Celui de gauche est un bâtiment communal, peut-être un siège du municipe avec un balcon pour les discours; celui de gauche est un baptistère, construit à part, comme cela était souvent le cas. La présence du baptistère met sur le même plan le baptême par l’eau et le baptême par le sang du martyre.

Devant le baptistère, symbolisant ici l'entrée des enfants dans l'église, les mères s'efforcent en vain de sauver leurs bébés. Du balcon de l'édifice voisin, symbole, lui, de l'État, Hérode exhorte ses troupes à la tuerie.

Les meurtriers ont un faciès bestial: la foi inébranlable de Giotto en la bonté de l'être humain ne lui permet pas de montrer des hommes d'apparence ordinaire s'acquittant d'une aussi vile besogne.

Cette foi l'autorise en revanche à réinterpréter avec audace le rôle des soldats debout à l'extrême gauche. Au lieu de prendre aveuglément part au massacre, ceux-ci s'en montrent horrifiés.


L'amoncellement des petits corps jetés pêle-mêle sur le sol évoque de façon troublante certaines images de notre temps.



22  Le Christ parmi les docteurs

Alors qu'il se trouve à Jérusalem pour la fête de la Pâque, Jésus, alors âgé de douze ans, se rend au temple de Salomon à l'insu de ses parents.


Là, il engage une conversation si docte que les anciens du temple sont stupéfaits de son intelligence.


Rongés par l'inquiétude, la Vierge et Joseph finissent par le découvrir au milieu des docteurs et l'implorent de rentrer à Bethléem.


La fresque du Christ parmi les docteurs est aujourd'hui très abîmée; elle fut de plus repeinte, sans doute au XIX° siècle. Cela est d'autant plus regrettable qu'il s'agit de l'un des tableaux les plus ambitieux de la chapelle Scrovegni.


Aucun autre ne présente en effet un décor architectural aussi grandiose et aussi élaboré. L'assemblée des docteurs assis en demi-cercle autour du Christ crée par ailleurs un effet de profondeur spatiale peu commun.



14  L'Ange Gabriel

L'Incarnation du Christ se produit lorsque l'ange Gabriel dit à la Vierge: «Rassure-toi, Marie; car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras et enfanteras un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus...».


Ce premier acte vers la rédemption du genre humain revêt une telle importance que la fête de l'Annonciation, célébrée le 25 mars (soit précisément neuf mois avant la naissance du Christ), marquait alors le commencement d'une nouvelle année dans beaucoup de communes italiennes.

15  La Vierge

L'Annonciation était de plus extrêmement pertinente en ce lieu de sépulture pour les membres de la famille Scrovegni, les quels ne pouvaient que trouver apaisement dans le pouvoir rédempteur de l'Incarnation exprimé par l'ange Gabriel.


Les deux salles servant de décor à la scène de l'Annonciation sont chacune l'exact reflet de l'autre, et le message de l'ange semble passer de l'une à l'autre en suivant la courbe de l'arc.


Une aura de lumière divine enveloppe chacune des deux grandes et belles figures représentées ici.



16  La Visitation

Debout sur le seuil d'un porche (procédé fréquemment utilisé par Giotto pour signaler un événement transitionnel important), sainte Élisabeth salue la venue de sa cousine Marie.

Toutes deux sont enceintes: la Vierge de jésus, Élisabeth de saint Jean Baptiste.

Comme Anne, mère de Marie, Élisabeth était une femme déjà vieille et stérile lorsque l'ange Gabriel annonça à son époux, Zacharie, la naissance miraculeuse d'un fils.

Que cette fresque se trouve placée juste au dessous de celle de la Vierge de l'Annonciation ne fait qu'accroître l'importance de l'Annonciation pour la chapelle Scrovegni.

Bien que la Vierge soit la plus jeune des deux femmes, Élisabeth s'incline respectueusement devant elle par égard envers sa sainteté.


Les couleurs de cette fresque - vert pâle, rouge, jaune moutarde et bleu - sont magnifiquement agencées sur l'image.

Presque tout le bleu initialement appliqué à sec (a secco) sur la robe de la servante qui se tient debout derrière Élisabeth s'est écaillé, révélant la sinopia tracée sur le mur



10  La Prière pour la floraison des verges

Dans le même temple que précédemment, les verges, dont celle que Joseph a déposée à contre- coeur parmi les autres, ont été placées sur l'autel face auquel prétendants et prêtres attendent la floraison miraculeuse.


Toutes les figures sont concentrées dans le tiers inférieur de l'image, les jeunes prétendants se tenant serrés les uns contre les autres dans le gauche.


Là encore, la réticence de Joseph est soulignée par le fait que seule la moitié de sa tête auréolée apparaît à l'extrême gauche de la composition.

La concentration des personnages et leur attitude figée dans l'attente communiquent un sentiment très fort d'anticipation et d'espoir.

Giotto a choisi de traduire le moment de tension dramatique qui précède la floraison miraculeuse de la verge de Joseph plutôt que cet événement lui-même. Ce dernier est souvent interprété comme un symbole de la Résurrection.



11  Le Mariage de la Vierge

Le mariage de la Vierge et de Joseph se déroule dans le temple déjà représenté précédemment.

Une disposition en frise des personnages fait que la scène occupe toute la largeur du panneau.

À gauche se tiennent les prétendants déçus, dont l'un exprime sa frustration en brisant sa verge contre son genou.

Plus au centre de la fresque, un homme arborant un sourire s'apprête à féliciter Joseph d'une tape amicale sur l'épaule.

À l'intérieur du temple les figures de Marie, de Joseph et du grand prêtre, ainsi que celles des témoins de la scène, sont toutes blotties à l'intérieur de l'abside dont l'arrondi du dôme répond aux courbes des corps légèrement inclinés.


Joseph tient dans sa main la verge en fleurs, symbole de la bénédiction de Dieu, sur laquelle la colombe représentant le Saint-Esprit est venue se poser.

Le lis qui fleurit sur la branche sert souvent comme symbole de la pureté de Marie.


12  Le Cortège nuptial

Il s'agit du retour de la Vierge au temple après son mariage; la Vierge se rendant à son nouveau domicile avec Joseph.


Le Cortège nuptial est remarquable pour ses magnifiques figures élancées, dont la disposition en frise évoque la marche cadencée.


La procession prend ici l'allure d'une danse qui s'accorderait parfaitement avec les sons délicats que l'on imagine sortir des instruments des musiciens.


La branche garnie de feuilles qui dépasse du balcon surplombant le cortège est très probablement une allusion à la grossesse future de la Vierge.


13  Dieu le Père envoyant l'ange Gabriel

 

Une grande partie de la moitié supérieure de la fresque est aujourd'hui sérieusement abîmée. Avec un manque total de considération, une grille en bois a été fixée à droite du tableau, détruisant une quantité importante de peinture.


8  La Présentation de la Vierge

Lorsqu'elle eut trois ans, la Vierge fut amenée au temple.


À l'étonnement général, elle gravit seule les quinze marches de l'édifice (Giotto, qui modifie souvent les détails d'un récit, ne représente que dix marches).


Le temple lui-même est celui déjà utilisé dans Joachim chassé du temple, mais, il semble cette fois que l'artiste nous le montre de face, le tabernacle et la chaire avec son escalier étant vus sous un angle opposé.


Ce lieu antérieurement associé au rejet spirituel et physique de Joachim sert maintenant de décor à une scène émouvante de bienvenue et d'acceptation.


Marie semble flotter entre les bras maternels qui la soutiennent et ceux du grand prêtre qui se tendent vers elle en signe de bienvenue.


Le personnage nimbé que l'on voit à gauche de l'image est sans doute Joseph, le futur époux de Marie.



9  La Remise des verges

Dans sa quatorzième année, la Vierge quitta le temple pour être mariée.

Les juifs anciens priaient pour qu'on les conseille en la matière.


Lorsque Zacharie se rendit au temple pour prier, une voix lui dit qu'il fallait «que tous ceux de la maison de David qui, étant disposés à se marier, ne l'étaient pas encore apportassent chacun une verge à l'autel».


Le prétendant dont la verge donnerait des feuilles devrait se marier avec la Vierge.

Le vieux Joseph faisait partie de ces hommes, mais «jugeant hors de convenance qu'un homme d'un âge avancé comme lui épousât une femme si jeune, il cacha, lui tout seul, sa verge, quand chacun avait apporté la sienne».

Debout à l'extrême gauche de l'image, le réticent Joseph regarde les jeunes hommes impatients présenter leurs verges au grand prêtre.

Il s'agit là d'un nouveau temple dont une vue en coupe nous donne à voir la nef, l'autel et les bas-côtés.

Son architecture est assez semblable à celle d'une église typique de l'époque de Giotto.



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