EVOCATION DE L’OEUVRE DE CIMABUE
C’est à la fin du 13ème siècle que la peinture occidentale commence à prendre ses traits particuliers
Elle passe d’un état collectif et statique à une conception individualiste
Le Christ du musée de Pise ( fin du 12ème )
Les byzantins représentaient le Christ détaché des souffrances de la croix
Les affres de la mort n’y sont guère visibles
Les yeux ouverts, le corps droit il triomphe de la mort
Le Christ du Musée de Pise début du 13ème
Les peintres deviennent influencés par la doctrine de saint François qui insiste sur la souffrance du Christ
C’est le premier Christ souffrant connu
C’est un homme en proie à la douleur
La souffrance marque son front, son corps s’affaisse
Cimabue (tête de bœuf), est né à Florence en 1240
En 1270 il réalise le crucifix d’Arezzo
On découvre un homme qui souffre sa passion
Cimabue par un jeu de lumière et d’ombre donne un volume au corps du Christ
Malgré la schématisation byzantine des traits du visage il a obtenu une violente expression de douleur
Le crucifix de Santa Croce vers 1288
Ce crucifix a beaucoup souffert des inondations de l’Arno en 1966
Le peintre quitte le langage iconique pour une expression simple et compréhensible par tous à la façon du message de saint François
Il présente un homme dans la douleur de la passion, revêtu du masque de la mort qui offre son corps épuisé
Représentation de la Vierge et de l’Enfant
La tradition byzantine imposait de représenter avec respect une Madone austère et lointaine
Vers 1240 le Maître du Bigallo a présenté
la Vierge et l’Enfant en majesté
La Vierge se tient assise avec raideur, regardant fièrement devant elle et présentant son enfant divin qu’il faut adorer
Mais l’artiste a fait un effort pour donner à cette figure une ébauche de structure physique et communiquer un sentiment de contact direct avec le spectateur
Un artiste byzantin n’aurait pas introduit un détail aussi terrestre que les pois sur la robe de la Madone
Vers 1260, Margaritone, un des premiers peintres à signer ses œuvres, suivit l’exemple du maître du Bigallo dans sa
Vierge et l’Enfant en majesté
Cimabue a exécuté en 1288
la Vierge sur le trône
pour l’église Santa Maria Trinita à Florence
Cimabue dessine la majestueuse image de la Vierge sur un large trône en bois
L’icône de Marie est flanquée de quatre couples d’anges présentés dans une sinueuse linéarité
L’imposante structure du trône crée un climat architectural mais la Vierge nous apparaît plus humaine et plus proche
En petit, au pied du trône, quatre prophètes
Basilique inférieur d’Assise,
Madone en gloire
Cimabue a réalisé une fresque, la Madone en gloire vue dans sa monumentalité traditionnelle et hiératique
Il présente saint François dans une dimension comparable à celle de la Vierge, beaucoup plus grand que les prophètes au pied du trône de la Madone de Santa Trinita
Dans la partie supérieure de son corps
sa stature se spiritualise : les mains sont croisées et les épaules arrondies en un rythme de douceur et d’humilité.
C’est comme si la forme humaine était illuminée de l’intérieur
Cimabue, fresques d’Assise
chœur de l’église inférieure
Crucifixion de Saint Pierre
Cette fresque fait partie d’un cycle consacré à saint Pierre
Vue de Rome et de saint Marc
Reproduction fidèle pour l’époque de plusieurs édifices de la ville : château Saint Ange ; saint Pierre, le Panthéon, le Capitole
La grande Crucifixion
Caractère monumental de la composition
Nombre important des personnages
Forte charge émotionnelle
La silhouette imposante du crucifié domine de haut les personnages éplorés rassemblés en deux blocs compacts de figure qui conservent une certaine distance par rapport à la croix pour laisser place aux gestes expressifs des protagonistes les plus intimement touchés par la scène
Sur le fond vide se détache nettement la silhouette du centurion qui semble presque invoquer le Christ et celle mince et fragile de Marie Madeleine qui tend de désespoir ses deux mains vers Jésus
A la violence des ces gestes expressifs sont opposés l’intériorité des sentiments de la Vierge et de saint Jean tournés l’un vers l’autre dans une douleur muette
Piété intense de la petite silhouette de saint François adorant humblement le sang du Christ
Pathos du groupe des anges qui virevoltent autour de la croix en de violents battements d’ailes
Des anges recueillent le sang s’écoulant des mains du Christ et de sa plaie au côté
Rigidité de la composition et spontanéité des sentiments, là réside la nouveauté des fresques de Cimabue
Giotto
Crucifix de Santa Maria Novella
Jeune homme au corps vigoureux et au visage humain très éloigné des stéréotypes du Christ triomphant ou du Christ souffrant
Giotto a voulu rendre lisible et humaine l’image qu’il réalisait
Giotto ajoute à la base de la croix un triangle pour représenter le Golgotha et le crâne d’Adam
Le drap rappelle les tissus en soie réalisés dans le monde arabe
Deux panneaux représentent la Vierge et saint Jean
Isaac repoussant Esaü
La qualité de cette fresque se manifeste par la structure de l’espace, la disposition des figures et le traitement des drapés
Esaü s’approche de son père aveugle pour lui tendre le repas demandé
Le vieillard Isaac qui a reconnu son erreur au son de la voix d’Esaü se recule effrayé tandis qu’à l’arrière plan une servante suit la scène avec intérêt
Clarté de l’agencement de l’espace pictural et représentation subtile et frappante des instants de l’action
La Vierge en gloire
La Madone d’Ognissanti
Giotto a passé son enfance dans un milieu des plus modestes
Son ascension sociale a été remarquable. Grâce à un travail assidu et au placement
prudent de son argent il était devenu riche et même intransigeant vis-
Il louait à un taux usuraire des métiers à tisser à des artisans à domicile
Comme ses contemporains, il n’était pas troublé par la théorie de la fraternité de saint François
Seule la congrégation des « humbles frères » mue par le désir d’aider les pauvres avait créé une coopérative d’élevage des moutons et une école d’apprentissage
Grâce aux bénéfices cette congrégation avait fait construire l’église Ognissanti, de tous les saints et demandé à Giotto de la décorer
La Vierge tenant l’enfant dans ses bras est assise sur son trône entourée d’anges
La madone de Giotto n’est ni belle ni séduisante ; elle est taillée dans un moule aussi brut et massif que celui de Cimabue
Deux anges agenouillés tiennent à la main des vases remplis de fleurs
Deux autres sont debout, portant une couronne et le vase rempli d’huile d’onction
Ce qui est nouveau c’est la grâce et l’élégance de ces quatre personnages
En ajoutant des marches au trône de la madone et en allégeant les côtés pour que les visages des saints soient visibles Giotto donne au trône tout son relief
Pour la première fois dans la peinture italienne la madone est dépeinte comme une femme
Les contours de ses jambes sont soulignés par la retombée des plis de son voile, forme que le poids de l’enfant Jésus assis sur sa cuisse ne fait qu’accentuer
Le tissu de sa tunique adopte la forme de sa poitrine rebondie
En campant la madone sur toute la largeur du trône Giotto donne à son personnage une présence physique incontestable.
Voûte de la chapelle supérieure d’Assise
Le Christ est représenté sur la voûte, bénissant en majesté
Les quatre docteurs de l’Eglise
Ambroise – Jérôme – Grégoire – Augustin
Chaque docteur est accompagné d’un clerc ou d’un moine avec au centre un pupître
Pour ne pas concurrencer les Pères par leur taille les clercs sont figurés plus petits
Chapelle Peruzzi – Santa Croce
La nouvelle basilique Santa Croce fut construite par les franciscains de 1295 à 1312 et l’architecte fut Arnolfo di Cambio
Les Peruzzi, grands banquiers, prêtèrent au roi d’Angleterre la somme de 600.000 florins
Une des plus puissantes familles de Florence au 13ème et 14ème siècle
La chapelle Peruzzi est dédiée aux saints Jean Baptiste et Jean l’Evangéliste
Mur nord
Annonce faite à Zacharie
Confirmation du nom et naissance de Jean Baptiste
Banquet d’Hérode
Mur sud
Vision de l’Apocalypse à Patmos
Résurrection de Drusiana à Ephèse
Ascension de l’Evangéliste
Chapelle Bardi – Santa Croce
Les Bardi financèrent la décoration de cette chapelle qui est dans un état de piètre conservation
A la différence de la chapelle Peruzzi pas de sculpturale profusion des drapés puissamment modelés par de forts contrastes de lumière et d’ombre
Mur nord
Renoncement de saint François
Apparition au chapitre d’Arles
Mort de saint François
Mur d’entrée
Fresque de saint François recevant les stigmates