La Crucifixion

Ce tableau grouillant de monde est composé en cercles concentriques

Premier arc de cercle :

Marie soutenue par saint Jean s'effondre et détourne la tête du supplice tandis que quatre soldats indifférents  jouent aux dés la tunique du Christ. Soldat de droite appuyé sur sa pertuisane

Deuxième arc de cercle :

Les responsables du supplice, de gauche à droite, Ponce Pilate de face, à cheval, un lancier, une tresse dans le dos, le porte-éponge (l'hysope avec du vinaigre), et le porte-lance, Longin, également de dos, le sacrificateur avec son hermine, Caïphe et le second sacrificateur

Le Christ est représenté les yeux ouverts

Hormis les acteurs du premier plan tous les autres ont le visage tourné vers les suppliciés

Dans le lointain apparaît une Jérusalem imaginaire

Fouquet a habillé ses acteurs selon la mode de sa propre époque

Jésus mort sur les genoux de sa mère

Le corps du Christ d'une grandeur démesurée est posé sur les genoux de sa mère

Sa poitrine est très gonflée, ses bras et ses jambes d'une maigreur squelettique

La Vierge lève ses bras dans un geste de désespoir pathétique et exagéré, à la manière des Vierges de certains peintres toscans

Derrière saint Jean qui prie

Nicodème serre sa ceinture de ses deux mains et semble pris d'un malaise car un compagnon le soutient et un autre lui tend un petit flacon pour le réconforter

A droite une sainte femme de face baisse ses yeux en prière

Marie Madeleine occupe une place privilégiée aux pieds du Christ

Elle est nu-tête, le front dégagé par la coiffure à la mode qui faisait raser les fronts et porte un manteau rouge d'une belle allure

Le paysage du fond semble une vue de Paris

En bas deux anges gardent le sépulcre

Sur la dalle les trente deniers payés à Judas

Sur la paroi de la tombe la robe du Christ

Jésus au prétoire devant Pilate

Jésus est conduit nu-pieds et les mains liées devant Ponce Pilate, le procurateur romain, brute rusée qui finira par se poignarder en prison à Rome

Des soldats à l'antique ornent le prétoire

Sur les murs sont accrochés des boucliers avec la devise SPQR (Senatus Populus Que Romanus)

Jésus a revêtu la robe violette sans coutures

Embarrassé et tendu Pilate questionne "Es-tu le roi des Juifs ?"

Coiffé d'une mitre d'évêque le grand prêtre Caïphe le désigne du doigt à Pilate

Il est flanqué des deux sacrificateurs en vêtement d'apparat; celui de gauche, gras, porte un collet d'hermine blanche sur les épaules

A sa gauche les silhouettes des deux gardes ont une allure très florentine

Reportage sur les costumes et les armures du temps (vers 1450)

Dans un  registre inférieur deux charpentiers s'affairent à préparer la croix et on libère Barabbas, en chemise, les pieds nus, les mains et les coudes encore liés

L'un des gardiens porte les clés de la geôle dans le dos

Fouquet donne une monumentalité à ces robustes silhouettes

Le Portement de croix

Le cortège monte au calvaire en un mouvement circulaire, tournant et montant

Jésus plie sous la croix tandis que Simon le Cyrénéen s'apprête à l'aider à l'injonction et sous la menace du bâton brandi par un garde en armure

A gauche Marie, Jean et les saintes femmes sont représentés sous une vue de Paris dominée par la Sainte-Chapelle qui conservait de précieuses reliques de la Passion

Véronique attend le passage du Christ pour essuyer la sueur de son visage

Elle déploie le voile où s'est imprimée la sainte Face

Judas s'est pendu à un arbre et un diable s'envole avec son âme tandis que ses intestins pendent de son ventre éclaté

Au registre inférieur Hédroit s'est substituée à son mari forgeron pour qui fabriquer les clous qu'il a refusé de livrer

A gauche un soldat examine les deux premiers clous

Les funérailles de la Vierge

Le Seigneur dit aux apôtres "Portez le corps de la Vierge-Mère dans la vallée de Josaphat et renfermez-le dans un sépulcre neuf que vous y trouverez"

La Vierge redoutait que les Juifs ne jettent son corps au feu comme ils en avaient émis la menace

Le cortège est disposé dans une boucle, un virage du chemin, ce qui permettait  à Fouquet de donner de la profondeur à sa perspective et de montrer ses personnages de face, de profil et de dos

Jean devance la bière couverte d'un tissu et soutenue à l'avant par Pierre et Paul

Il tient la palme apportée du ciel par l'ange

Une foule hostile veut s'emparer du corps pour le brûler et "le prince des prêtres leva les mains vers le lit funèbre pour le renverser. Mais aussitôt ses mains se desséchèrent et s'attachèrent au brancard... Le reste du peuple fut frappé d'aveuglement par les anges"

Le prince des prêtres implora saint Pierre de le secourir et après avoir professé sa foi en Jésus il fut guéri

Il est revêtu d'une superbe armure du temps et est représenté chancelant en arrière

A droite les apôtres portent des torches car le Seigneur avait enveloppé le cortège d'un nuage en sorte qu'on ne voyait rien

Ils accentuent le mouvement circulaire de la perspective

L'Assomption

Jésus aurait accepté de répondre à la demande des apôtres de ressusciter sa mère pour l'éternité " ... l'âme de Marie s'approcha de son corps qui sortit glorieux du tombeau avant d'avoir subi la moindre altération ... elle fut enlevée au palais céleste dans la compagnie d'une multitude d'anges"

Dans une mandorle d'anges la Vierge quitte ce monde en présence des apôtres

Dans la nuée des patriarches fléchissent le genou au passage de la Vierge qui vient à peine de quitter son tombeau

Montré de dos Jean tient toujours la palme céleste apportée par l'ange de la seconde Annonciation

Le Couronnement de la Vierge

Le Christ a quitté son siège pour couronner sa mère agenouillée à ses pieds

A gauche, le Christ a laissé au coin de son siège le globe que tiennent en main, assis, Dieu  le Père et le Saint-Esprit qui bénissent de la main droite

Tous trois portent la robe blanche de rigueur, sans coutures

De part et d'autre du triple trône, la muraille du choeur des anges, des séraphins et des chérubins, répartis sur trois registres fait de cette scène une sorte de huis-clos

Tout est marqué du rythme ternaire :

La Trinité, les trois marches de l'estrade, la mosaïque du sol (3*3 disques), les trois registres du choeur des anges et au-dessus du trône six puttis (2*3)

Fouquet dispose savamment les plis du manteau de la Vierge et son sens de l'équilibre et de la monumentalité

L'Arrestation de Jésus au jardin des oliviers

Fouquet représente simultanément les épisodes, de droite à gauche :

Saint Pierre rengaine son épée après avoir coupé l'oreille de Malchus, Jésus replace l'oreille de Malchus, (à Pierre Jésus a dit "Remets ton épée dans son fourreau car quiconque usera de l'épée périra par l'épée")

Jésus embrassé par Judas qui serre contre lui sa bourse aux trente deniers

Un soldat qui se tourne vers la femme qui tient une lanterne pour se faire confirmer l'identité de Jésus

Cette femme, Hedroit, était l'épouse du forgeron qui avait refusé de confectionner les clous de la Passion et elle s'était substitué à son mari dans la forge pour forger les clous

A gauche un soldat s'efforce de retenir un jeune homme qui s'enfuit en chemise (Saint Jean ?)

La lumière glauque participe au climat d'angoisse de cette tragédie

ACCUEIL KERDONIS


VOYAGES


PEINTRES


ECRIVAINS


CURIOSITES


HISTOIRE


MINIATURES

DE JEAN FOUQUET

2/4

Précédent (gauche) Suivant (droite)

La Descente de croix

Les deux larrons ont déjà été descendus de leur croix en T

Joseph d'Arimathie, un notable du conseil, homme bon et juste et aussi un homme riche et disciple de Jésus a obtenu de Pilate qu'on lui remette le cadavre

Vêtu d'un manteau doré il soutient le corps du Christ au haut de l'échelle de gauche. Il le mit dans un tombeau neuf qu'il s'était fait tailler dans le rocher

Nicodème, de profil à droite, apporte un mélange trente kilos de myrrhe et d'aloés

Près de Jean se  tiennent Marie, sa soeur Salomé, Marie-Madeleine et Marie de Clopas

A sol les instruments et les outils de la passion auprès d'un crâne

Les hommes sont regroupés à droite

A l'arrière-plan une Jérusalem de fantaisie

Les édifices pseudo-orientaux à coupoles sont conformes aux représentations du Saint-Sépulcre de l'époque

Descente de croix réaliste d'un supplicié dans une atmosphè théâtrale

L'embaumement du corps de Jésus

Étrange fosse auprès d'une treille et de maisons (à gauche) et près du monticule (à droite) abritant le caveau que Joseph d'Arimathie se destinait

Au-dessus du mur du fond une Jérusalem de fantaisie avec les coutumières coupoles coiffées de bulbes

Un vieillard verse de l'onguent sur la poitrine du Christ

Madeleine lui embrasse la main gauche

Joseph d'Arimathie  lui soulève la tête

Il est vêtu d'une somptueuse robe en soie orientale avec des galons brodés

Très digne, les yeux clos, la Vierge se tient en retrait

Etienne Chevalier est représenté en prière agenouillé aux pieds du Christ

La Pentecôte

La Vierge assise sur un splendide fauteuil préside l'assemblée des onze apôtres (Judas est absent)

Chapelle lambrissée de pilastres dont l'abside est ornée d'une coquille

La chapelle est voûtée en un berceau surbaissé de s

Au somment la colombe symbolisant le Saint Esprit émet des rayons de feu frappant chaque apôtre

L'apôtre assis à droite au premier plan avec un gros livre vert semble moins ému que les autres

L'action miraculeuse est accentuée par l'apparition du ciel bleu derrière la colombe qui vient tel un projectile percer avec les rayons divins la voûte de bois pour projeter son triple faisceau au-dessus de la Vierge et des deux rangées d'apôtres

La fontaine des apôtres

Les onze apôtres (Judas a été exclu) font cercle autour d'une fontaine, debout, avec à leurs pieds des catéchumènes agenouillés et arrosés par l'eau de la fontaine

Au-dessus dans l'air lumineux la boule incandescente du Saint Esprit irradie ses rayons sur les têtes des apôtres

Sur la corniche de l'édifice antique deux paires de putti présentent des écus fleuris au chiffre d'Etienne Chevalier

C'est après avoir reçu le Saint Esprit que les apôtres furent habilités à donner le baptême

C'est une représentation de l'hymne  Veni Creator Spiritus "Venez Esprit Créateur, qui êtes le don du Dieu très haut, le feu sacré de la charité et l'onction spirituelle de nos âmes ..."

Cette fontaine est une interprétation symbolique du coup de lance porté au flanc du Christ "Un des soldats perça le côté de Jésus, déjà mort, avec sa lance, et aussitôt sortirent du sang et de l'eau"

Fouquet rend visible une idée abstraite par le jet continu de la fontaine et la descente des rayons du Saint Esprit

La colonne pilier de style gothique est de section hexagonale, comme le bassin qui traditionnellement servait de cuve

La descente du Saint Esprit

La scène est située à Paris sur la terrasse de l'Hotel de Nesle

C'est la vue topographique la plus ancienne de Paris

On voit Notre Dame et le pont Saint Michel qui était un pont couvet et derrière ce pont le petit Châtelet

Des démons voltigent dans le ciel mais l'apparition des rayons de feu du Saint Esprit libère l'Eglise de ce fléau

"Si c'est par l'Esprit de Dieu que je chasse les démons, le royaume de Dieu est donc venu jusqu'à chez vous"

Paisible rivage verdoyant où scintille l'eau de la Seine

"... ce fleuve est la grâce du Saint Esprit qui purifie et ne tarit pas : la cité de Dieu c'est l'Eglise de Dieu et par ce fleuve le Très-Haut a sanctifié son tabernacle"

Allusion à la libération de la capitale des influences anglaises et bourguignonnes, donc flatterie à l'égard de Charles VII

ACCUEIL KERDONIS


VOYAGES


PEINTRES


ECRIVAINS


CURIOSITES


MINIATURES

DE JEAN FOUQUET

2/4

Précédent (gauche)

HISTOIRE


Suivant (droite)