Extraits de Sermons de Bossuet

SERMON DU MAUVAIS RICHE

- Une espérance présomptueuse de corriger à la mort ce qui manquerait à la vie

- Par une chute insensible, on tombe d'une vie licencieuse à une mort désespérée

- Divin Esprit, sans lequel toutes nos pensées sont sans force et toutes nos paroles sans poids

- La mort n'est autre chose qu'une vie qui s'achève

- Ce qui se passe en la vie porte coup au point de la mort

- La mort, qui s'avançait pas à pas, arrive, imprévue et inopinée

- C'est une fausse imagination que la possession des biens de la terre rend l'âme plus libre et plus dégagée

- Le riche à qui tout abonde n'est pas moins impatient dans ses pertes que le pauvre à qui tout manque

- Un homme qui s'est damné dans les choses permises, parce qu'il s'y est donné tout entier

- A quelque bien que le coeur s'attache, s'il s'y donne tout entier, il n'est plus à Dieu

- Notre esprit n'est pas fait de sorte qu'il puisse facilement se donner des bornes

- Cette terrible pensée de n'avoir rien qui nous contraigne

- On compte parmi ses vertus tous les vices dont on s'abstient

- L'impunité fait tout oser

- C'est le naturel du coeur humain de redoubler ses efforts pour retenir le bien qu'on lui ôte

- La grande affaire du salut, qui est toujours celle qu'on remet, ne manque jamais de tomber toute entière au temps de la mort

- Notre inquiétude, c'est à dire l'impatience d'une humeur active et remuante, est si féconde en occupations, que la mort nous trouve encore empressés dans une infinité de soins superflus

- Ô hommes du monde, ... jamais vous ne cesserez de prétendre ... Tous les présents de la fortune vous sont un engagement pour vous abandonner tout à fait à des prétentions infinies

- Le monde, pauvre en effets, est toujours magnifique en promesses

- Est-il un homme qui soit plus aisé à mener bien loin qu'un qui espère parce qu'il aide lui-même à se tromper ?

- La longue habitude d'attendre toujours fait que l'on vit toujours en attente

- La vie est dans l'action

- Ils s'imaginent jouir d'un certain air de liberté et de paix en promenant deça delà leurs désirs vagues et incertains

- C'est à l'affaire de l'éternité que doivent céder tous les emplois

- Non seulement le superflu, mais l'excés même leur est nécessaire

- L'aise, la joie, l'abondance remplissent l'âme de telle sorte qu'elles en éteignent tout le sentiment de la misère des autres, et mettent à sec, si l'on n'y prend garde, la source de la compassion

- Dieu est juste et équitable

- Quoiqu'il ait fait largesse en mourant des biens qu'il ne pouvait plus retenir, le ciel est de fer à ses prières

- Si l'on n'aide pas le prochain selon son pouvoir, on est coupable de sa mort

SERMON SUR LA PROVIDENCE

- Le hasard et l'occasion dominent partout

- La sagesse ne consiste pas à faire toujours les choses promptement mais à les faire dans le temps qu'il faut

- L'épreuve produit l'espérance

- Jamais il ne désespère parcequ'il n'est jamais sans ressource

SERMON SUR L'AMBITION

- La fortune n'est rien ... elle est toujours méprisable

- La félicité demande deux choses : pouvoir ce qu'on veut, vouloir ce qu'il faut

- Il est également nécessaire de désirer ce qu'il faut, que de pouvoir exécuter ce qu'on veut

- La plus grande puissance du monde ne peut s'étendre plus loin que d'ôter la vie à un homme ?

- Si c'est une grande puissance de pouvoir exécuter ses desseins, la grande et la véritable c'est de régner sur ses volontés

- On se lasse de vouloir toujours l'impossible ... de n'avoir que la malice du crime

- La puissance est le principe le plus ordinaire de l'égarement

- La puissance est semblable à un vin fumeux qui fait sentir sa force aux plus sobres

- La vertu ordinairement n'est pas assez souple pour ménager la faveur des hommes

- Les biens que nous recevons de la fortune ne sont pas tant des présents qu'elle nous fait que des gages que nous lui donnons pour être éternellement ses captifs

- Au lieu de mépriser la fortune toujours changeante, la persuasion de son inconstance fait qu'on se donne tout à fait à elle pour trouver des appuis contre elle-même

SERMON SUR LA MORT

- C'est une étrange faiblesse de l'esprits humain que jamais la mort ne lui soit présente

- Les mortels n'ont pas moins de soin d'ensevelir les pensées de la mort que d'enterrer les morts mêmes

- Chacun est jaloux de ce qu'il est et on aime mieux être aveugle que de connaître son faible

- Tout nous appelle à la mort : la nature, presque envieuse du bien qu'elle nous a fait, nous déclare souvent et nous fait signifier qu'elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu'elle nous prête

- Il y a quelque chose en nous qui ne meure pas, puisque Dieu nous a fait capable de trouver du bonheur, même dans la mort

- Ô âme, console-toi : si ce divin architecte, qui a entrepris de te réparer, laisse tomber pièce à pièce ce vieux bâtiment de ton corps, c'est qu'il veut te le rendre en meilleur état, c'est qu'il veut le rebâtir dans un meilleur ordre; il entrera pour un peu de temps dans l'empire de la mort, mais il ne laissera rien entre ses mains, si ce n'est la mortalité